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Ce soir dans "Têtes à Clash", Franck Tanguy reçoit Gérard Bardy, Alain Baron, Hilaire de Crémiers et Thomas Whyte.

Au programme des débats :
1) La conférence de presse du président de la République
2) Le nouveau gouvernement de Gabriel Attal
3) Quid de l'Europe en cas de victoire de D. Trump à la présidentielle ?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:11 Bonjour à tous, nouvelle émission de Tête à Clash.
00:14 Alors, 3 sujets, 4 invités, dont de nouveaux.
00:18 Alors je vais commencer par les invités.
00:19 Premier invité, Gérard Bardi.
00:22 Je vais revenir sur vous Gérard parce que vous avez un bouquin
00:24 dont on va dire quelque chose brièvement.
00:27 Alain Barron, bonjour, vous êtes nouveau aussi.
00:29 Il est air de Crémiers, c'est de l'institution.
00:34 Et Thomas White, bonjour Thomas.
00:37 – Bonjour Franck.
00:37 – Je reviens sur vous Gérard.
00:39 Gérard, vous êtes un auteur prolix, prolifique.
00:43 Vous en avez écrit des livres, une douzaine c'est ça ?
00:45 – Oui, 12.
00:46 – 6 sur le général de Gaulle ?
00:48 – Oui.
00:49 – Ok, donc vous êtes un des spécialistes du général de Gaulle.
00:52 – Oui, et membre de la fondation Charles de Gaulle.
00:54 J'appartiens même à la convention de la fondation Charles de Gaulle.
00:57 – Excellent, très bien.
00:59 J'ai visité la boisserie il n'y a pas si longtemps,
01:01 c'était très intéressant.
01:03 Mais je ne suis pas là pour parler de moi,
01:05 je suis là aussi pour parler de Gérard Bardi
01:07 qui a écrit un bouquin qui s'appelle "Les combattantes de l'info"
01:10 qui est sur cette nouvelle génération de journalistes qui sont des femmes
01:15 et qui posent leur voix de manière un petit peu différente.
01:17 Jean Cid Certen, Eugénie Bastier, Charlotte Dornelas,
01:23 Christine Kelly, Elisabeth Lévy, Sonia Mabrouk, Natacha Polony,
01:28 il y en a, j'en ai oublié.
01:30 Voilà, merci d'être là et je vous dis ça, c'est au-dessus de l'édition Télémac.
01:35 Allez, on commence sur l'émission.
01:37 L'émission, c'est trois sujets.
01:39 Un premier sujet, c'est Emmanuel Macron a pris la parole hier,
01:44 événement exceptionnel à travers une conférence de presse
01:48 de deux heures sur laquelle on va revenir.
01:50 Deuxième sujet, le nouvel gouvernement, Gabriel Attal,
01:54 premier ministre si jeune, issu de la gauche.
01:59 Là aussi, on a beaucoup de choses à dire.
02:01 Et le troisième sujet, on passe à l'étranger et on parle de Trump
02:05 et du fait qu'il risque d'être élu, les choses se précisent
02:10 et on va voir quelles sont les conséquences pour l'Europe
02:12 et quelles pourraient être les mesures prises par l'Europe
02:16 pour défendre sa cause, vous défendre ?
02:19 Allez, on se retrouve dans quelques secondes pour le premier sujet.
02:22 [Sonnerie de cloche]
02:25 Premier sujet, la conférence de presse d'Emmanuel Macron.
02:29 Alors, les chiffres, c'est deux heures et quart d'intervention,
02:33 26 minutes, j'ai chronométré, d'intervention, d'introduction préliminaire.
02:38 Et puis ensuite, de nombreuses questions posées par les journalistes.
02:43 Je voulais qu'on parle de cette conférence de presse
02:45 parce qu'elle me semble dire beaucoup de choses sur le programme, sur l'homme.
02:50 À qui est-ce que je passe la parole en premier ?
02:54 – Oui, si vous voulez, ça me permettra de dire
02:56 la conférence de presse de Macron, vaste programme.
03:01 Vous savez, je vais rester… – Qui citez-vous donc ?
03:07 – Écoutez, c'est une longue dissertation d'un esprit intelligent
03:15 qui s'exprime avec aisance mais qui a la pensée creuse.
03:20 Et il n'y avait rien, mais rien de rien.
03:23 On ne peut pas dire aujourd'hui que telle ou telle mesure d'importance,
03:27 capable d'influencer la politique de la France, nous ait été annoncée hier.
03:31 Il nous dit "ah, on va apprendre la marseillaise dès le primaire".
03:36 C'est une mesure qui a été prise et promulguée par Jean-Michel Blanquer,
03:42 sous Macron, et il ne le savait même pas.
03:45 Tout est à peu près à l'avenant, donc c'est très décevant
03:49 qu'on attendait un président qui s'attache aux régaliens,
03:53 qui nous parle de la dette, qui nous parle de l'immigration,
03:57 qui nous parle des dangers de l'islam.
04:00 Il ne faut quand même pas oublier tout ce qui se passe aujourd'hui
04:02 dans tous les départements et même dans toutes les communes de France,
04:07 ou à peu près, et là-dessus il n'y avait rien.
04:11 Donc c'est un coup pour rien.
04:13 – Vous êtes déçu ?
04:14 – Je suis déçu mais je n'en attendais pas grand-chose,
04:17 donc finalement je ne suis pas si déçu que ça.
04:20 – Il a recueilli.
04:21 – Je partage le même point de vue,
04:23 sauf que je pense qu'il y a quelque chose de presque institutionnel dans cette affaire.
04:28 Le lendemain, tout le monde parlait de droitisation du président.
04:33 À mon avis, il n'y a pas eu du tout de droitisation,
04:36 il y a tout simplement ce qu'on appelle en République l'opportunisme.
04:40 Et c'est l'opportunisme de la troisième République, de la quatrième,
04:44 et la cinquième finit dans le même genre,
04:47 c'est-à-dire on est censé sortir de l'alternative ou de l'alternance droite-gauche
04:55 et en réalité on fait une espèce de mixage
04:58 et on prétend de cette façon-là entraîner toute la France derrière soi.
05:04 – Mais il est à vous penser que c'est l'aboutissement dû en même temps ?
05:07 C'est ça que vous êtes en train de dire ?
05:08 – C'est absolument l'aboutissement dû en même temps.
05:10 Il a pris le soin hier, je l'ai écouté très attentivement,
05:15 il a pris le soin de répéter à plusieurs reprises ce slogan qui est le sien
05:20 et dont il veut montrer la prévalence.
05:22 Il est plus intelligent que les autres parce qu'il réussit
05:26 ce que les autres n'ont pas réussi.
05:28 Et ce qui avait de caractéristique hier dans les propos qu'il a tenus,
05:33 c'était que si ça se passait mal, c'était dû à ce qui s'était passé avant
05:38 et que pour le moment si ça ne se passait pas bien ou très bien,
05:41 c'était parce que les mesures qu'il avait prises depuis l'origine
05:45 n'avaient pas encore donné leur résultat.
05:47 C'était ça sa démonstration au cours de toute son intervention.
05:53 – Mais est-ce que ça ce n'est pas l'ancienne d'à peu près tous les dirigeants ?
05:56 – Voilà c'est ce que je vous dis, c'est de l'opportunisme.
05:58 En réalité il retombe lui aussi en prétendant sortir des institutions,
06:04 il retombe dans le long fleuve de l'opportunisme républicain.
06:11 Donc à chaque fois on essaye de sortir.
06:15 Et c'est vrai que le problème de la France c'est qu'elle est en crise permanente
06:19 parce qu'à chaque fois qu'on fait un effort pour sortir de cet opportunisme
06:24 et qu'on essaye d'avoir une vraie vision pour la France,
06:27 à chaque fois on retombe dans le même…
06:30 – Je vais vous faire faire un exercice mais on va faire le tour.
06:35 Puis après je vais vous mettre dans les chaussures de Macron.
06:38 Pensez-y parce que je vais vous demander trois choses qui vous ont manqué.
06:42 – Alors je vais vous dire franchement,
06:43 si je n'avais pas su que je viendrais participer à votre émission,
06:47 je ne l'aurais pas regardée, à la conférence de presse,
06:49 parce que je savais que ça allait être une grosse déception.
06:52 Donc je n'ai pas été déçu puisque je ne m'attendais à rien, on a été servi.
06:57 Vraiment ce n'est pas du niveau du chef de l'État.
06:59 Quand il annonce le congé naissance,
07:03 est-ce que c'est à lui d'annoncer ça ? Je ne crois pas.
07:06 On l'attendait sur le référendum, la question a été posée.
07:09 Je ne sais pas si vous avez compris la réponse sur le référendum.
07:12 Moi je n'ai pas compris.
07:13 Moi j'interprète ça en pensant à la chanson de Dany Cordy,
07:18 "Je voudrais bien mais je peux point",
07:20 sur le référendum qui est un sujet capital.
07:22 Donc franchement c'est un exercice,
07:24 je ne pense pas que les Français soient convaincus par cet exercice.
07:28 C'est beaucoup trop long, beaucoup trop verbeux.
07:31 – Néanmoins la forme est assez impressionnante, non ?
07:36 On voit un homme qui est très en maîtrise des sujets,
07:40 qui connaît les détails.
07:42 – Il a des conseillers,
07:44 il a des conseillers qui ont bien préparé ses fiches.
07:46 Il est doué à l'oral, personne ne va le nier.
07:49 Il est très bon à l'oral même.
07:51 Il a tenu 2h30 ou 2h20, je ne sais pas.
07:54 Il faut le faire, c'est une performance.
07:55 Mais sur le fond, c'est quand même désespérant.
07:59 – D'accord. Thomas ?
08:01 – Oui, je suis d'accord avec les trois autres intervenants,
08:04 déjà sur le fond et sur la forme en particulier.
08:07 Il se trouve que j'ai eu l'occasion de revoir assez récemment,
08:09 en intégralité, une conférence de presse,
08:11 dans la même salle exactement, du général de Gaulle,
08:14 sur les archives de l'INA.
08:15 – Excellent.
08:16 – C'était d'ailleurs la célèbre conférence où notamment il parlait,
08:19 c'était suite à l'affaire israélienne cet automne,
08:22 que ça avait été en particulier remis en avant,
08:24 il parlait d'Israël comme un peuple fier et dominateur, etc.
08:27 C'était celle-ci.
08:28 Mais j'ai vu l'intégrale où il parlait de plein d'autres sujets,
08:29 il parlait du Québec, il parlait des relations internationales,
08:32 de la guerre froide à l'époque, etc.
08:34 La conférence dure moins d'une heure.
08:37 Et c'était autrement opératif.
08:40 Là on a eu 2h30, je crois, à peu près.
08:43 – Oui, 2h15.
08:44 – 2h15, donc deux fois et demi plus long quasiment,
08:47 avec effectivement un moulin à paroles creux,
08:52 marquété si je puis dire, c'est-à-dire qu'effectivement,
08:54 c'est un bon parleur, c'est un beau parleur.
08:57 D'ailleurs, on se souvient de ces propos quand Macron avait émergé,
09:00 il y avait ce banquier d'affaires, je ne sais plus de quel banc il était,
09:03 qui avait parlé de lui, c'était beaucoup passé médiatiquement,
09:05 qui disait, tout le bien qu'il en pensait,
09:08 il disait "c'est quelqu'un qui sait raconter des histoires",
09:09 puis il se reprenait "une histoire".
09:11 Eh bien, c'est un raconteur, effectivement,
09:13 c'est quelqu'un qui est un embobineur depuis longtemps, un communicant,
09:17 mais il n'y a pas de contenu, il n'y a pas de substance.
09:19 Et c'est ça qui fait la grande différence,
09:20 particulièrement quand on repense, parce que c'était la même salle,
09:22 moi j'ai été frappé par le fait que c'était la même salle
09:24 que celle du général de Gaulle, c'était en couleur,
09:26 c'était plus en noir et blanc, mais on retrouvait le même décorum,
09:28 la même estrade, un petit peu au centre,
09:30 Macron tout seul au milieu, les journalistes autour, en face.
09:33 – Et le gouvernement présent.
09:34 – Et le gouvernement présent, absolument,
09:36 qui était aussi grande tradition gaullienne,
09:37 effectivement, on voyait Malraux qui se tenait de travers, etc.
09:40 Et sauf qu'avec de Gaulle, à chaque fois qu'on lui posait une question,
09:45 il faisait un petit topo synthétique de la situation sur laquelle on l'interrogeait,
09:49 et ensuite il faisait un resitu…
09:51 ensuite il donnait quelques mesures que le gouvernement avait prises,
09:53 évidemment, pour expliquer, et il resituait systématiquement ça
09:57 dans le temps long, dans l'histoire longue,
09:59 dans une dimension à la fois géographique, géopolitique, mondiale,
10:02 souvent, quand il parlait en tout cas de l'international,
10:04 mais aussi sur le temps long historique, il parle du Québec,
10:06 il retrace l'histoire du Québec, il vous parle d'Israël,
10:10 il retrace l'histoire d'Israël, voire même l'histoire du peuple juif, etc.
10:12 Et on voit qu'on a une profondeur historique,
10:14 quelqu'un qui a conscience que les événements du temps présent
10:17 vont s'inscrire dans le futur et, bien entendu,
10:20 sont entièrement conditionnés et nécessitent de connaître et de comprendre le passé.
10:23 On n'a absolument pas ça avec Macron, on a un étalage de mesures
10:29 qui relèverait d'ailleurs pour beaucoup plutôt du Premier ministre,
10:32 ou voire du ministre, comme le disaient les autres intervenants tout à l'heure,
10:38 annoncer l'uniforme à l'école par exemple,
10:41 je crois qu'Atal l'avait déjà dit il y a quelques mois,
10:44 c'était plus du niveau du ministre de l'Éducation nationale,
10:47 donc vide, creux, exercice de communicant.
10:50 – Ok, Gérard Bardi, est-ce que ça ne parle pas,
10:54 j'aime beaucoup cette comparaison avec le général de Gaulle,
10:57 ça tombe bien, vous êtes là,
10:58 mais est-ce que ça ne parle pas aussi de l'effacement de la France
11:03 au niveau international ou tout simplement d'une nouvelle génération ?
11:07 Parce qu'entre le général de Gaulle et Macron, il y a au moins deux générations,
11:12 autrement dit d'hommes très différents ayant élevé
11:15 et ayant été élevés, l'un naît au 19ème siècle,
11:19 pas oublié le général de Gaulle, donc avec ce passé-là,
11:23 et Macron, il n'est pas né au 21ème, mais ce n'est pas loin.
11:29 – Vous avez raison, mais moi je vois une différence essentielle,
11:33 c'est que l'un a le sens de la France, a le sens de l'histoire,
11:40 de Gaulle quand il parlait de la France, c'était la France dans l'Europe,
11:43 c'était la France dans le monde, c'était les relations avec le reste du monde,
11:47 c'était l'image que nous devions donner de nous,
11:50 c'était le sens de l'effort pour construire, surtout dans l'après-guerre,
11:56 un pays fort, un pays fidèle à son passé,
12:00 alors que là, on a un boutiquier qui nous dit
12:04 "re-regardez tout ce que j'ai fait de beau
12:06 et tout ce que je suis en train de préparer de beau",
12:09 mais ce n'est pas son rôle, il n'est pas dans son rôle,
12:13 ça manque de dignité, ça manque de force, donc ça manque de crédibilité,
12:18 on n'a pas envie de s'engager derrière quelqu'un qui vous dit
12:21 "ah ben on va faire chanter la Marseillaise aux gosses",
12:24 surtout quand ça a déjà été annoncé 4 ans plus tôt, entre parenthèses,
12:28 c'est pas crédible tout ça, on a besoin d'un guide,
12:31 on a besoin d'un homme en qui on a confiance et qui montre le cap,
12:35 et Macron c'est l'homme des zigzags,
12:38 c'est l'homme qui finalement nous raconte des histoires,
12:42 effectivement c'est un conteur, pas un fabuleux conteur
12:45 parce qu'il n'a jamais de référence,
12:47 il ne parle que de lui et de ce qu'il fait,
12:50 jamais il ne restitue son action dans un cadre plus général,
12:55 donc ça manque quand même de crédibilité,
12:59 non, moi je vois quelqu'un qui nous amuse pour laisser passer les années
13:05 au détriment de la France, de son avenir et de l'avenir de son peuple,
13:09 c'est ça qui est gravissime.
13:11 – Ce que vous dites…
13:13 – C'est l'homme dans la mondialisation, c'est le…
13:16 – Est-ce que ça ce n'est pas une des choses qui a changé ?
13:18 En fait avant la France se tenait toute seule debout
13:23 parce qu'elle avait un leader qui avait été celui qui l'avait sauvée
13:27 pendant la seconde guerre mondiale, on peut le dire comme ça,
13:29 je suis sûr que d'autres pourraient le dire très différemment,
13:32 et maintenant on est un pays au milieu d'autres,
13:37 dans des échanges qui se sont multipliés,
13:39 et finalement avec une relative position du pays,
13:45 Alain vous en pensez quoi ?
13:46 – Je pense qu'il estime que la France est trop petite pour lui
13:50 et qu'il se verra bien après, après donc après 2027,
13:55 soit dans une institution européenne,
13:56 soit dans une organisation mondiale,
13:59 il aura selon lui fait le job, puisqu'il parle comme ça,
14:03 il aura fait le job en France, la "start-up nation" comme il dit,
14:08 et puis lui il est très content de ce qu'il a fait,
14:10 il le vante régulièrement, comme lors de la conférence de presse,
14:15 et puis maintenant il va faire autre chose, la France ce n'est qu'une étape.
14:19 – Vous pensez, c'est assez intéressant parce que moi aussi c'est drôle,
14:22 je pense ça, du coup ça me fait dire que je ne suis pas très original,
14:26 ni vous non plus, mais c'est que finalement Macron
14:29 est déjà en train de penser à l'après pour lui-même,
14:33 et il se voit à la Banque mondiale, à l'ONU, à la direction de l'Europe.
14:39 – Peut-être, peut-être, il s'est expliqué sur le sujet au Forum de Davos en 2018,
14:47 il s'est expliqué.
14:49 – Ça m'a échappé, allez-y.
14:50 – C'est très important, il y a trois parties dans son intervention
14:55 qu'il a faites en grande partie d'ailleurs en anglais,
14:58 alors que tous les autres chefs d'État s'exprimaient dans leur langue,
15:01 il était le seul à avoir renoncé au français, sauf dans la dernière partie,
15:06 et donc il a fait un exposé en trois parties,
15:08 la première partie c'était pour dire "je suis le vainqueur de l'hydre",
15:12 c'était à peu près ça, c'est moi qui ai vaincu ce qui pourrait rester de nationalisme,
15:18 et particulièrement en France,
15:20 "regardez comme je suis grand et comme je suis beau, comme je suis fort".
15:23 – Ça c'est la première partie ?
15:23 – Ça c'est la première partie, la deuxième partie,
15:25 "je prends cinq ans pour régler ce problème définitivement en France",
15:29 il a employé ces mots, définitivement en France,
15:33 "ensuite je me placerai sur le plan européen pour régler le problème sur le plan européen",
15:38 et il s'est donné également cinq ans, et ensuite il s'est projeté dans le monde,
15:44 alors là il a fait la leçon à tous les hommes d'État
15:48 et puis les grands hommes, les grands dirigeants du monde,
15:55 et en citant Kant qui est son philosophe de référence,
16:00 comme par hasard un philosophe allemand,
16:02 et il a expliqué que maintenant il fallait comprendre
16:07 que ce qu'il faisait c'était tellement intelligent,
16:10 c'est extraordinaire cette façon dont il a terminé,
16:15 c'est tellement intelligent qu'il faut que vous compreniez
16:18 qu'il faut que vous, de votre côté,
16:20 vous acceptiez un certain nombre de restrictions dans vos ambitions
16:26 pour pouvoir arriver à cet équilibre mondial que moi je peux réaliser,
16:31 parce que c'était entièrement personnel,
16:33 et j'ajouterai quelque chose sur ce qui a été dit précédemment,
16:36 c'est qu'il est narcissique,
16:38 et hier soir, pratiquement c'était tout le temps,
16:40 "je, moi, je, j'ai fait, je,
16:44 il ne faut pas m'imputer ce qui appartient aux autres
16:47 parce que ce qui m'appartient à moi ce n'est que bien".
16:50 – D'accord, merci, ce que vous avez dit là,
16:54 vous tous, me fait penser à une citation,
16:56 alors je vais certainement mal la reproduire,
17:00 mais il y a "homme politique et homme d'État",
17:04 je me demande si ce n'était pas Gaspéry qui a dit ça,
17:06 il y a un homme politique qui se préoccupe du court terme,
17:09 et l'homme d'État lui, il voit très loin,
17:13 et il se préoccupe de, on va dire,
17:17 je crois que Gaspéry l'avait dit comme ça,
17:18 l'homme politique se préoccupe des élections,
17:21 l'homme d'État se préoccupe de la génération qui vient.
17:27 – Très juste comme formule.
17:28 – Et c'est assez juste il me semble.
17:30 – C'est très juste.
17:31 – Le temps court et le temps long.
17:32 – Le temps court et le temps long, c'est ça.
17:33 Et il me semble que, si je synthétise un petit peu,
17:37 c'est ce que vous dites, c'est ce que vous reprochez à Macron,
17:41 c'est d'être tombé dans la politique.
17:42 – Bien sûr, quand le général de Gaulle réaffirmait la place de la France,
17:47 c'était dans un contexte international
17:49 qui était autrement plus compliqué que ce que nous connaissons aujourd'hui.
17:53 On était avec les blocs, on était avec de la diplomatie
18:02 qui se faisait finement, qui se faisait en se montrant digne
18:07 d'être l'interlocuteur des autres, en ayant une épaisseur historique.
18:11 Ce qui manque à Macron, ce n'est pas une histoire de génération,
18:16 c'est une histoire de culture historique.
18:18 L'histoire ne l'intéresse pas.
18:20 Alors, il ne faut pas s'accrocher à l'histoire au point de ne plus voir le futur,
18:24 on est bien d'accord, c'est bien le futur qui nous intéresse.
18:27 – C'est un peu ce qu'on reprochait au général de Gaulle quand même,
18:29 d'être situé très loin dans le passé.
18:32 Pardon, je ne veux pas vous lancer là-dessus mais…
18:34 – Non, ça pourrait nous conduire à ne pas être d'accord,
18:37 et ce n'est pas ce que je recherche.
18:39 – Mais c'est vrai quand même que, même s'il faisait référence aux racines,
18:47 à l'histoire, le général de Gaulle a quand même préparé
18:50 la France des Trente Glorieuses, et il ne l'a pas fait pour ceux d'hier,
18:54 il l'a fait pour ceux qui étaient ses enfants et ses petits-enfants.
18:57 C'est bien ces deux générations-là qui en ont profité.
19:00 Donc, non, il faut simplement avoir de la modestie,
19:06 avoir de l'humilité quand on est au pouvoir,
19:10 et c'est ce qui manque au président actuel.
19:14 – Vous vous souvenez de l'exist… pardon, Thomas, un petit mot.
19:16 – Le général de Gaulle, lui, connaissait aussi son propre peuple,
19:19 et pas seulement un certain milieu sociologique,
19:20 alors que Macron, non seulement est enfermé
19:23 dans une méconnaissance historique profonde sur le temps long,
19:26 mais également, probablement, dans un certain milieu sociologique
19:29 et idéologique qu'il fréquente, et qu'il ne connaît pas,
19:33 on l'a vu au moment de l'épisode des Gilets jaunes,
19:34 où je crois que toute une partie de l'élite que représente Macron,
19:37 une certaine partie de l'élite française, était complètement déphasée,
19:40 ne comprenait pas ces gens-là, c'était un autre monde.
19:43 Donc, le besoin d'enracinement fondamental de la majorité de la population,
19:47 de la majorité de la population française,
19:48 mais de la majorité des peuples en général,
19:50 qui ont besoin d'une identité profonde, d'un enracinement,
19:52 qu'ils ne sont pas dans une société liquide
19:56 où on peut voyager d'aéroport en aéroport comme M. Attali,
19:59 et d'une part, et d'autre part…
20:01 – Oui, mais c'est parce que… excusez-moi Thomas,
20:02 mais moi qui ai écouté, comme vous, l'interview,
20:06 il n'empêche que le Président a beaucoup parlé de ça,
20:08 des racines, des fondamentaux de la France,
20:11 des particularités de la France, de réancrer la France, de la réarmer.
20:16 – Mais il en a parlé…
20:17 – Peut-être comme s'il avait conscience de ce moment.
20:19 – Non, justement, il en a parlé comme un communiquant,
20:21 il en a parlé comme quelqu'un à qui des spécialistes en communication
20:24 lui ont dit "il faut parler de ça",
20:25 et qu'il ne le comprend pas en réalité sur le fond,
20:27 qu'il comprend juste que c'est un argument cosmétique
20:29 pour faire passer, ou pour apaiser, si vous voulez,
20:32 ce peuple qui s'était révolté en 2018,
20:34 finalement, il faut bien leur donner quelques miettes.
20:36 Ah, mes communiquants me disent qu'il faut faire ça,
20:38 mais qu'il ne comprend absolument pas le fond profond de ça.
20:41 Pour lui, il y a une incompréhension,
20:42 il est mentalement dans un autre monde, dans un autre univers,
20:45 dans un enfermement mental, d'une certaine idéologie mondialiste,
20:49 on va dire, pas ultra-libérale, parce que ce n'est pas du tout ça,
20:52 l'État, la France, avec le niveau d'imposition qu'on a,
20:54 on n'est pas dans un système libéral, mais en tout cas,
20:55 une idéologie d'une société mondialisée liquide,
21:00 qui lui paraît d'autant plus…
21:03 dont il lui paraît d'autant plus impossible de penser autrement,
21:06 que justement, il est un président post-guerre froide,
21:09 et qu'il n'y a pas eu, à l'époque de Gaulle,
21:10 il y avait au moins l'affrontement de deux systèmes,
21:12 on pouvait, rien que dans cette dialectique de deux systèmes
21:14 qui s'opposaient, trouver une forme de stimulation intellectuelle
21:19 que lui n'a même pas connue, je pense, et n'a pas cherché à acquérir.
21:22 – Merci, je vais…
21:23 Vous vous souvenez, tout à l'heure, je vous ai lancé un défi,
21:25 je vous ai demandé de réfléchir à,
21:27 si vous aviez été à la place de Macron,
21:30 qu'est-ce que vous auriez…
21:32 quels sujets, quels trois grands sujets,
21:35 ça peut être deux, ça peut être un, mais…
21:38 voilà, est-ce que…
21:40 M. Bardi, dites-moi, qu'est-ce que vous auriez abordé,
21:44 vous, qui vous a manqué hier dans la conférence de presse ?
21:47 – J'aurais insisté sur le sens de l'effort,
21:52 en disant la vérité,
21:54 nous ne pouvons pas nous endormir avec autant de dettes
21:59 et avec autant de problèmes,
22:01 sans en appeler à la responsabilité du peuple.
22:07 Deuxièmement, j'aurais obligatoirement annoncé un référendum,
22:12 parce que, on vient de parler du général de Gaulle,
22:16 il y a eu, au total, dix référendums en France
22:19 depuis la création sous de Gaulle du référendum.
22:22 Cinq sous de Gaulle et cinq depuis de Gaulle.
22:28 Le dernier, il y aura dix ans l'année prochaine, pour le bafouer.
22:34 Donc, le président Macron a peur du peuple, comme ses prédécesseurs.
22:41 Donc moi, j'aurais voulu un référendum,
22:46 et puis aussi pour ce qui est de la famille,
22:50 parce que la dénatalité,
22:52 grand sujet d'ailleurs du général de Gaulle et de Michel Debray,
22:55 c'est un sujet majeur pour demain.
22:57 – Abordé hier dans la conférence de presse.
22:59 – Si vite, pour dire qu'on allait transformer le congé maternité
23:04 et le ramener à six mois.
23:06 Je ne pense pas qu'on fasse des enfants
23:08 pour avoir six mois de congé indemnisé.
23:13 Je pense qu'on fait des enfants dans un autre esprit,
23:18 dans une autre forme de responsabilité.
23:21 Donc, parler de la famille, de sa responsabilité actuelle
23:26 dans la mauvaise éducation des enfants,
23:28 parce que c'est bien gentil de critiquer l'école,
23:30 et il y a des raisons de la critiquer,
23:32 mais enfin il y a aussi les familles.
23:36 Donc voilà, les trois points que j'aurais.
23:40 – Allez, bon.
23:41 – L'école, l'école c'est absolument essentiel.
23:44 Il faudrait reprendre le contrôle de l'école
23:46 et le contrôle de la transmission des savoirs.
23:50 Alors on dit que M. Attal avait plein de bonnes idées,
23:54 très bien, il avait plein de bonnes idées.
23:55 – Sauf qu'il ne restait que quelques mois.
23:56 – Il ne restait que quelques mois.
23:57 – Donc pour vous ça manquait ?
23:59 – Oui, oui.
23:59 – Ou en tout cas ça n'était pas forcément assez tracé.
24:02 – Il faut vraiment faire un travail en profondeur,
24:04 ça ne passe pas uniquement par la revalorisation
24:07 des salaires des enseignants.
24:09 Je pense qu'il y a le goût de l'effort effectivement,
24:12 mais il faut que l'éducation nationale serve à quelque chose,
24:16 à instruire nos enfants.
24:17 – Mais un des sujets qui a été abordé,
24:19 c'était le contrôle des écrans.
24:22 Pour dire qu'il y avait une commission spécialisée
24:24 qui allait rendre une sorte de verdict,
24:26 est-ce que ça ne vous a pas semblé pertinent ?
24:28 – Ça peut être pertinent parce qu'on sait très bien
24:30 que les enfants qui sont confrontés trop jeunes aux écrans,
24:34 ça peut avoir des effets destructeurs
24:36 et des effets très nocifs.
24:37 En revanche, il y a une petite phrase qu'il a employée
24:39 sur le contrôle de certains contenus.
24:42 Ça, ça peut être très dangereux.
24:44 Parce que s'il envisage le contrôle de certains contenus,
24:49 le fait d'interdire certains sites ou certains propos…
24:54 – Je pense qu'il peut en penser surtout à la pornographie
24:56 qui est accessible très facilement.
24:59 Il suffit de dire qu'on a plus de 18 ans.
25:01 – Bien sûr, et ça c'est d'abord le rôle des parents.
25:04 Si l'État peut aider, bien sûr qu'il faut le faire,
25:06 personne ne va…
25:08 Bien sûr, il faut protéger nos enfants.
25:09 – Donc, école, je vous prêche.
25:11 – École et immigration, bien sûr, immigration.
25:13 Ça me semble…
25:14 – Mais qu'est-ce que vous l'auriez pu ou dû dire à ce sujet ?
25:18 – On a fait une petite loi sur l'immigration,
25:22 une petite, parce qu'elle est loin de tout régler.
25:25 Moi, je me rappelle, avant la dernière présidentielle,
25:29 il y avait une primaire à droite,
25:31 il y avait un candidat, Michel Barnier,
25:33 qui n'était pas, à mon avis, un ultra-droite,
25:38 Michel Barnier.
25:40 Il avait proposé une mesure simple,
25:41 c'est de faire un moratoire sur l'immigration pendant 5 ans.
25:45 Et il avait dit, on fait un moratoire,
25:47 c'est-à-dire qu'on bloque tout et on regarde ce qui se passe
25:50 sur l'emploi, sur l'économie, etc.
25:54 Cette proposition, il l'a retirée au bout de quelques semaines
25:56 parce qu'il a subi des pressions.
25:58 Mais c'est quelque chose comme ça qu'il faudrait faire
26:00 parce que la petite loi qui a été adoptée il y a un mois,
26:03 elle s'attaque un petit peu à l'immigration glantestine,
26:07 mais elle ne s'attaque pas au flux.
26:09 – Je vous prête, deux sujets, merci.
26:12 Il y a deux crémiers.
26:13 Vous êtes à la place du Président de la République,
26:15 vous trouvez son intervention brillante et creuse,
26:19 ou même pas brillante, ou moins creuse.
26:21 Ok, donc vous êtes Président de la République,
26:23 vous avez trois sujets qu'il faut aborder
26:26 dans un laps de temps beaucoup plus court.
26:27 L'heure du Général De Gaulle.
26:29 – Eh bien je pense qu'il faut commencer d'une manière spirituelle,
26:33 c'est-à-dire poser la question de ce qu'est la France,
26:37 de ce qu'est son histoire, son passé, son avenir.
26:40 Et que c'est l'objet premier du chef de l'État de la France.
26:45 Il n'est pas Macron qui se sert d'un tremplin
26:48 pour parvenir à une mission encore plus élevée,
26:51 comme il se l'imagine.
26:53 Il est chargé des intérêts de la France et des Français.
26:56 Et la France c'est une histoire,
26:58 et c'est une histoire fondamentalement spirituelle.
27:01 – Si je résume, vous le trouvez trop sur le terrain, trop dans le détail.
27:05 Vous voulez un Président qui s'élève et qui parle de la France,
27:09 la permanence de la France.
27:11 – La permanence de la France, exactement.
27:13 Et la souveraineté de la France.
27:15 – Ça c'est la première chose, c'est presque votre intervention préliminaire.
27:17 – Voilà, exactement.
27:18 – Et ensuite ?
27:19 – Et ensuite la souveraineté.
27:20 – La souveraineté.
27:21 – Reconstruire la souveraineté de la France,
27:23 puisqu'elle est pratiquement perdue.
27:26 Aussi bien sur le plan extérieur que sur le plan intérieur.
27:28 Tout le monde sait que c'est maintenant Ursula von der Leyen
27:31 qui prend les décisions.
27:32 Et les directives sont européennes, ce ne sont plus des lois françaises.
27:36 – Et là ça implique de sortir des traités ?
27:39 – On a parlé tout à l'heure de la fameuse loi immigration.
27:42 Tout le monde sait qu'elle va être rabotée par le Conseil constitutionnel.
27:45 – C'est une otession ça.
27:46 – Et d'ailleurs oui, le chef de l'État ne l'attend que ça, en plus de ça.
27:48 Il fait une loi pour qu'elle soit rabotée, c'est complètement aberrant.
27:53 Et c'est ça aussi sur le plan intérieur, la souveraineté intérieure.
27:56 Qu'est-ce que peut faire le ministre de l'Éducation nationale, Ruud Grenell ?
28:00 Ça fait des années et des années, on se souvient de Robien,
28:03 de même de Bérou, qui ont essayé de sauver quelque chose,
28:07 mais ils ne peuvent rien.
28:08 Qu'est-ce que l'on peut contre Bercy ?
28:10 Qu'est-ce que l'on peut contre l'ensemble de l'administration
28:13 qui est tenue autrement que par le ressort de l'État ?
28:18 C'est terrible, il faut retrouver un État français.
28:21 – D'accord, Thomas ?
28:23 – La France c'est une histoire, mais c'est aussi un peuple.
28:25 Donc effectivement, resituer cette dimension.
28:28 Et aujourd'hui, ce qui menace le plus le peuple,
28:30 c'est évidemment le sujet numéro un d'actualité vitale pour notre peuple,
28:33 c'est évidemment celui que moi j'aurais placé au centre,
28:35 c'est le grand remplacement.
28:37 Et donc derrière, la politique d'immigration,
28:40 arrêter cette politique d'immigration extra-européenne, massive, folle,
28:44 qui nous détruit culturellement, économiquement, démographiquement,
28:48 provoquant une déstructuration de notre tissu social,
28:51 l'arrêter, plus qu'un moratoire, l'arrêter pour au moins cinq ans,
28:55 oui peut-être même davantage, et ensuite régler le problème
28:59 que pose toute celle qui a déjà eu lieu jusqu'à aujourd'hui
29:01 et qui n'est pas assimilée, et pour une partie pas assimilable,
29:04 c'est-à-dire traiter tous ces sujets.
29:06 Ça, ça aurait été un premier grand sujet.
29:07 – Mais Thomas, vous êtes le président de la République,
29:09 le président de la République, c'est aussi,
29:11 même s'il est élu par une fraction de la population,
29:13 il est censé représenter tous les Français.
29:15 Est-ce qu'il n'est pas aussi un vecteur d'unité ?
29:19 Et est-ce qu'en disant ça, vous n'êtes pas un vecteur de dissension ?
29:23 – Pas du tout, puisque justement, l'unité, oui, mais l'unité des Français,
29:27 encore faut-il que ce soit des Français non seulement juridiquement,
29:30 mais aussi dans la culture, dans l'identité profonde.
29:33 On a bien vu avec les émeutes l'été dernier qu'il y a des centaines de milliers,
29:37 probablement au bas mot et probablement derrière,
29:39 des millions en comptant tous ceux qui n'étaient pas,
29:41 pour tout un tas de raisons, dans la rue, mais qui n'en pensaient pas moins,
29:44 de personnes qui ne se retrouvent absolument pas de notre identité.
29:46 C'est ça le drame aujourd'hui.
29:48 C'est ça le drame qui se poursuit avec le grand remplacement.
29:50 – Vous n'êtes pas été nourri par Kadi Macron.
29:52 À parler d'apprentissage de la culture française,
29:54 est-ce que vous ne pensez pas que, d'une certaine manière,
29:57 il y a des tentatives au moins, pour aller dans ce sens-là,
30:00 une réappropriation ?
30:01 – Absolument pas, l'assimilation a été abandonnée depuis longtemps
30:04 et même si elle n'avait pas été abandonnée,
30:05 elle ne peut pas de toute façon fonctionner.
30:07 L'assimilation, ça fonctionne avec des individus,
30:09 ça ne fonctionne pas avec des masses considérables.
30:10 Qui plus est des masses qui ont une culture, une identité extrêmement forte.
30:13 Aujourd'hui, l'un des fédérateurs, c'est l'islam
30:16 et le développement par conséquent d'un islam de plus en plus radical
30:20 et revendicatif face à des valeurs creuses, liquides
30:24 qu'incarne M. Macron, si tant est que valeur il y ait.
30:27 – Ok, merci beaucoup.
30:29 Vous voyez, ce premier sujet sur la conférence de presse
30:33 nous a amenés à faire 30 minutes.
30:37 Les règles de cette émission, c'est trois sujets de 20 minutes.
30:39 Clairement, ça va bouger, mais on se retrouve dans quelques secondes
30:42 pour le deuxième sujet qui est le gouvernement Attal.
30:44 À tout de suite.
30:45 [Sonnerie de cloche]
30:47 Rebonjour, deuxième sujet,
30:49 le gouvernement Attal.
30:51 Donc nouveau Premier ministre, volonté de relancer le quinquennat,
30:58 un jeune Premier ministre, des super-ministres.
31:03 Donc c'est tout ça dont on va parler.
31:04 Et je cède la parole en premier à Hilaire de Crémyer.
31:07 Hilaire.
31:09 – Oui, Attal, nous en parlions tout à l'heure.
31:14 Le discours de politique générale d'Attal a été prononcé hier soir
31:18 pendant deux heures et demie.
31:20 Et Attal, je ne sais plus très bien ce qu'il va devoir dire la semaine prochaine.
31:24 Il est très empêché, il est très gêné.
31:27 Et il n'a été choisi que dans cette intention-là.
31:31 C'est-à-dire qu'on arrive à l'aboutissement de ce qui était prévu du quinquennat.
31:37 C'est-à-dire, le Premier ministre est une personnalité,
31:41 sauf à marquer des différences, comme a essayé de faire Édouard Philippe.
31:45 C'est une… il devient fallo.
31:48 – Vous regrettez Édouard Philippe ?
31:50 – Non, je ne regrette pas Édouard Philippe.
31:52 Je ne regrette pas Édouard Philippe,
31:54 mais simplement je pense qu'on arrive là, à l'ultime degré des conséquences…
32:01 – Vous parlez de l'effacement du Premier ministre.
32:03 – De l'effacement du Premier ministre.
32:05 Et qui, en principe, dans la Constitution,
32:07 est quand même chargé de la conduite du gouvernement.
32:10 Or là, pratiquement, hier soir, jusque dans les détails,
32:13 jusqu'aux uniformes, dans les écoles,
32:16 tout a été complètement cadré par le Président de la République.
32:22 Ça veut dire que pratiquement, il n'a plus aucune marge de manœuvre.
32:26 Et il en aura d'autant moins, à mon avis, que, comme il est très jeune,
32:32 que tout le monde devine qu'il a une ambition absolument forcenée,
32:37 qu'il n'a fait sa carrière que dans cet esprit-là,
32:40 il va avoir des requins autour de lui,
32:43 qui ne vont penser qu'à prendre sa place et qu'à lui tailler des croupières.
32:48 – Excusez-moi, mais vous ne dites rien de nouveau, là, en disant ça.
32:51 Quand on fait de la politique, on a des rivaux,
32:53 les rivaux, ils sont là pour prendre notre place.
32:55 – Les rivaux vont être à l'intérieur de son gouvernement.
32:58 – On ne dit pas qu'il vaut mieux avoir ses ennemis le plus proche possible ?
33:03 – Toute la question est de savoir, en réalité, ce que Macron a prévu pour Attal.
33:08 Si Attal est prévu comme étant son successeur pour la France,
33:12 pendant que lui rebondira sur un plan plus international.
33:16 Et là, en fait, je pense qu'Attal, il est exactement comme un étalon
33:23 qui est en train de jauger le président de la République
33:28 pour voir ce qu'il va être capable de faire.
33:31 Et c'est pour ça qu'il le cadre dès le début.
33:35 Et il lui met en face des personnalités qui, elles aussi, vont s'exprimer.
33:44 – Bien sûr.
33:45 – Avec leurs intentions à elles,
33:47 et qui ne sont pas forcément des intentions tout à fait pures.
33:50 – Alain Barron, vous aussi, vous pensez qu'Attal est le super collaborateur,
33:54 comme Sarkozy avait appelé Fillon ?
33:56 – Le président Macron a voulu faire un coup, le coup de la jeunesse.
34:00 Alors voilà, nous avons Gabriel Attal.
34:03 – Ce n'est pas sûr qu'il réussisse.
34:07 L'air de Crémier disait "qu'est-ce qui va se passer s'il ne réussit pas ?"
34:10 Effectivement, c'est possible.
34:12 Il y a dans son gouvernement des gens qui vont lui savonner la planche.
34:16 Bruno Le Maire, Jean Boult.
34:19 – Oui, qui est le ministre des Finances,
34:22 de l'économie, le plus puissant de l'histoire de la 5e A.
34:26 – Il y a M. Darmanin aussi qui a des ambitions.
34:28 Rachida Dati, on la connaît, c'est une guerrière.
34:31 – Oui, on sait aussi qu'elle n'est pas là pour ça.
34:33 – Elle n'est pas là pour ça, mais bon, on va voir.
34:36 Non, ça ne va pas être très simple pour M. Attal.
34:39 Alors, j'ai souri quand j'ai vu la presse disant "c'est affreux,
34:44 le gouvernement est droitisé".
34:46 Alors c'est formidable, le gouvernement est droitisé.
34:49 Pourquoi ? Parce qu'il y a Rachida Dati qui vient et puis Mme Vautrin.
34:54 – Pas seulement, pas seulement.
34:56 – La plupart des ministres ont été collaborateurs de Nicolas Sarkozy.
35:00 – Ils ont été ministre sous Chirac ou collaborateurs de Nicolas Sarkozy.
35:04 Ça en dit quand même beaucoup pour un gouvernement
35:07 qui à l'origine était plutôt censé être de centre-gauche.
35:11 – Oui, enfin, Bruno Le Maire, ça fait quand même un certain temps
35:13 qu'il a viré sa cutie.
35:15 Darmanin aussi, il y a d'autres, Mme Rohrberger,
35:20 elle a fait une lente évolution vers le centre.
35:22 Bon, ben voilà, un gouvernement droitisé, moi je n'y crois pas.
35:25 Et puis, écoutez, je ne sais pas quoi penser.
35:28 La seule chose en forme de boutade que j'apprécie,
35:32 c'est que maintenant on peut redire à nouveau "Monsieur le Premier ministre".
35:34 Parce que "Premier ministre", moi ça m'écorchait les oreilles.
35:38 – Mais vous êtes un vieux phallocrate, c'est pour ça.
35:40 – C'est ça, ça doit être ça.
35:43 – La différence du ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
35:48 Il parle européen.
35:49 – Vous parliez de Stéphane Séjourné.
35:50 – Oui, il parle européen.
35:51 – Qui a beaucoup dérapé d'un point de vue du langage.
35:55 – Une faute de français par phrase émise.
35:57 Ça paraît beaucoup.
35:59 Thomas Wai.
36:00 – La prétendue faute.
36:01 – Une des choses qui est dite sur la nomination de Gabriel Attal,
36:06 c'est que c'est une arme pour gagner les européennes.
36:09 – Ah, peut-être.
36:10 – Et c'est pour ça que ça a lieu.
36:12 Parce que, logiquement, la logique de la Ve République voudrait que
36:20 on laisse passer les élections européennes,
36:22 on regarde ce qui a eu lieu et on en tire des conclusions politiques.
36:26 Mais là, le président de la République préempte ce résultat
36:30 ou veut s'en prémunir, puisqu'il est plutôt annoncé comme étant
36:36 une victoire annoncée pour le Rassemblement National.
36:39 Voilà, et donc, on dit qu'Attal, c'est une arme anti-Bardella.
36:42 Vous en pensez quoi ?
36:44 – La prétendue droitisation est effectivement grotesque.
36:47 Ça fait grosso modo une quarantaine d'années que la France s'est dirigée par,
36:51 finalement, de mon point de vue, un seul et unique parti,
36:54 qui était soit le centre-gauche incarné par le Parti Socialiste,
36:58 soit le centre-droit incarné par l'URPR, UMP, LR.
37:03 Et quand Macron est arrivé, il s'est contenté de rassembler
37:06 fondamentalement les deux en un seul parti.
37:08 D'ailleurs, à une époque, le Front National, ancêtre du RN,
37:12 dénonçait ce qu'il appelait le système UMPS, pour désigner ce parti unique.
37:16 Et c'est exactement ce que Macron a démontré que c'était vrai,
37:19 en les rassemblant.
37:21 Donc, quand on parle d'ouverture à droite, c'est ouverture au centre-droit,
37:24 ce qui n'est pas très différent du centre-gauche,
37:26 c'est vraiment des variations minimes au sein d'un même marigot idéologique,
37:29 celui de l'enfermement idéologique.
37:31 – Et pourtant, ça fait des remous dans la majorité actuelle.
37:35 – Voilà, dans lequel j'étais.
37:37 Alors, dans lequel…
37:39 C'est cet enfermement idéologique dans lequel ils sont, dans lequel ils sont tous.
37:41 Alors, de facto, aujourd'hui, il y a deux autres blocs idéologiques
37:46 face à ce gros centre, ou extrême centre,
37:48 parce qu'il est très radical à bien des égards,
37:51 c'est le bloc, évidemment, d'extrême-gauche, Mélenchon, etc. à la NUPES,
37:54 et puis c'est le bloc incarné par le Rassemblement National
37:57 et aussi le parti d'Éric Zemmour, Reconquête.
37:59 Et ça, ce sont des vrais blocs, surtout le bloc patriote, on va dire,
38:05 qui représentent une vraie alternative idéologique, une vraie différence.
38:08 – Mais la true partition, ce n'est pas nouveau.
38:11 – Est-ce que cette micro-ouverture au centre-droit,
38:14 ou à des fausses personnalités de droite comme Rachida Dati,
38:17 qui vient du parti LR, qui, je le répète,
38:19 est le parti au pouvoir depuis 30 ou 40 ans,
38:21 qui a systématiquement fait des promesses mirifiques à ses électeurs,
38:26 dont certains les ont cru, comme à l'époque de Sarkozy,
38:28 pour ensuite les trahir systématiquement.
38:30 – Dites pas ça aux dirigeants de LR,
38:31 parce qu'ils ne sont pas du tout contents du passage de Dati dans le gouvernement.
38:35 – LR, ce parti, depuis 30 ou 40 ans, a gouverné la France la moitié du temps
38:40 avant l'arrivée de Macron.
38:40 – LR exclue.
38:41 – A gouverné la France la moitié du temps,
38:43 et a fait à chaque fois de nombreuses promesses.
38:45 Sur le sujet de l'immigration dont je parlais,
38:46 Congrès de Villepinte en 1990, Chirac a fait tout le contraire après.
38:50 Sarkozy, en 2007, se fait élire sur l'identité.
38:52 Il fait exactement le contraire, ouverture à gauche,
38:54 et il ne fait absolument pas ce qu'il avait dit.
38:57 Donc ce parti a systématiquement trahi,
38:59 et je suis étonné qu'il y ait encore des gens pour y croire.
39:01 D'ailleurs, objectivement, le Rassemblement National,
39:03 il a fait 4,5% aux dernières élections présidentielles.
39:06 – Donc vous parlez de LR.
39:07 – Oui, LR, pardon.
39:08 Et c'est un parti moribond.
39:09 Donc aujourd'hui, le vrai parti de droite, et non pas d'extrême droite,
39:13 c'est le Rassemblement National,
39:14 et c'est aussi le parti de reconquête d'Éric Zemmour,
39:17 qu'il ne faut pas oublier parce qu'il a un atout
39:20 par rapport au Rassemblement National,
39:22 c'est que le Rassemblement National a très bien touché
39:23 les classes populaires depuis longtemps,
39:25 mais moins les classes CSP+,
39:28 alors qu'Éric Zemmour les a davantage touchés.
39:30 Et donc cette ouverture à droite,
39:32 c'est sans doute une tentative désespérée de Macron,
39:34 d'espérer ramener une petite partie des électeurs,
39:38 pardon, je ne vais pas…
39:40 – Vous ne pensez pas que c'est une…
39:41 – …des électeurs un peu gogo de du LR ?
39:42 Vous ne pensez pas que c'est une bonne arme
39:44 pour grignoter l'avance du Rassemblement National ?
39:49 – Je pense que ça grignotera au mieux quelques gogos
39:51 qui continuaient à voter LR et encore,
39:54 parce que LR aura sa propre liste.
39:57 – Oui, elle a été annoncée.
39:57 – Mais ça ne fera pas illusion.
39:59 Donc non, je pense que, d'autant plus que Attal
40:03 est à peu près aussi fade de mon point de vue que Macron,
40:05 c'est un Macron avec 10 ans de moins,
40:07 c'est le même scénario que Macron, on est jeune.
40:10 On met en avant la jeunesse d'un brillant communicant,
40:13 parce que lui aussi il est brillant communiquant,
40:14 avec en même temps le côté creux et fade d'un communicant
40:18 qui n'est que un communicant et rien d'autre.
40:21 – Alors Bardi, est-ce qu'il n'y a pas quelque chose
40:23 qui est à même de vous séduire ?
40:25 J'essaye de vous trouver quelques arguments.
40:28 Le gouvernement resserré.
40:30 – Je reconnais là votre bonté.
40:31 – Quel ministre ? Ça ne vous parle pas ? Vous ne vous dites pas ?
40:35 – Je vais vous dire sincèrement, je plains Attal.
40:40 Je le plains réellement.
40:43 Parce que faire de la figuration dans un tel contexte,
40:49 il n'est pas sot, il sait très bien qu'il est une marionnette,
40:54 qu'il n'a aucun pouvoir, que le pouvoir il est à l'Élysée,
40:59 qu'il est redevable de tout au président Macron.
41:02 – Ce qui est la vérité pour presque tous les premiers ministres.
41:04 – Ce n'est pas toujours.
41:05 Quand vous avez eu une profession, quand vous êtes à fond…
41:08 – Pompidou qui avait été le secrétaire de De Gaulle,
41:10 il lui devait tout quand il a été nommé premier ministre.
41:12 – Il avait fait lui aussi un passage en entreprise.
41:14 Même Macron qui n'a pas fait un passage très long en entreprise,
41:17 il s'est quand même frotté aux réalités.
41:20 Là on a affaire à un pur produit du copinage, de la bande,
41:25 de j'irai pas plus loin pour ne pas tomber sous le coup de la loi.
41:29 – C'est un pur politique, vous avez raison.
41:31 – Tout ça est mignon si j'ose dire, mais ça ne va pas très loin.
41:38 Non, franchement je le plains.
41:41 Avec au-dessus un président omniprésent qui joue à la fois les premiers ministres,
41:46 les ministres qui se mêlent de tout et de rien,
41:49 et qui est devenu l'assistant social de la France tout entière
41:53 et de toutes les catégories,
41:56 surtout si elles sont racisées ou en difficulté,
42:01 on voit très bien quand même l'idéologie qui domine.
42:04 Et puis au-dessous, Gabriel Attal va se retrouver
42:08 avec toutes les peaux de bananes dont on a parlé,
42:11 avec des ministres qui ont, eux, un vrai passé politique,
42:15 une expérience politique, une personnalité affirmée,
42:19 et qui ont des ambitions.
42:20 – Oui, on dit que c'est la fin des technos
42:23 qui sont remplacés par des experts en politique.
42:25 Vautrin, élu local, le ministre de l'économie,
42:31 Darmanin, et puis peut-être tous ceux qui vont venir ensuite
42:34 en ministre complémentaire.
42:36 – N'oublions pas, comme cela a été dit tout à l'heure,
42:38 le poids de l'administration partout dans ce pays.
42:43 La technocratie, le gouvernement peut faire figure,
42:47 bonne figure ou mauvaise figure, mais ceux qui dirigent quand même,
42:50 c'est d'une part les administrations qui sont technocratisées,
42:56 si j'ose dire.
42:57 La Commission européenne, alors c'est un cas de figure,
43:01 parce qu'on est là…
43:02 Vous savez, le général de Gaulle, je reviens à lui,
43:05 vous allez dire que c'est obsessionnel, je le reconnais,
43:07 disait "nous sommes européens de fait,
43:11 mais je refuse l'Europe des technocrates et des banquiers",
43:15 et d'ailleurs il disait "je refuse les technocrates, c'est inutile",
43:19 et c'est banquier, c'est écrit,
43:21 parce qu'il voulait faire l'Europe des peuples et des nations.
43:24 C'est à ça qu'il faut s'accrocher.
43:26 Vous voyez le poids du Premier ministre actuel dans ce combat ?
43:31 – Alors certains ont dit que c'est justement cette position de cheval léger
43:37 où finalement un certain nombre de super-ministres
43:40 rapportent directement au président,
43:42 type le ministre de l'économie,
43:46 le ministre des Affaires étrangères, puisque c'est un domaine réservé,
43:49 le cornu aux armées, qui fait partie du domaine réservé,
43:54 ça lui donne la liberté d'être, on va dire, le fou dans la partie des chèques
44:01 et éventuellement de se positionner comme un candidat crédible pour 2027.
44:06 Cette théorie, vous en pensez quoi ?
44:09 – Non, je ne refuse d'y adhérer, on est loin de devoir penser à 2027.
44:16 Il y a du boulot, il y a du pain sur la planche, rien n'est réglé,
44:20 ni le problème de la dette, ni le problème de l'immigration,
44:23 ni le problème des frontières, ni le problème de la souveraineté,
44:26 ni le problème de notre place dans le monde, j'y reviens.
44:31 Regardez comment nous sommes chassés comme des malpropres de toute l'Afrique,
44:35 c'est humiliant, moi je suis un Africain de cœur,
44:38 je connais très très bien l'Afrique, j'ai fait quelques 250 séjours,
44:42 ce qui n'est quand même pas rien.
44:43 Je vous assure que quand je retourne en Afrique maintenant,
44:46 ça m'arrive de loin en loin, je suis sidéré de voir…
44:50 – La perte de l'influence, c'est ça.
44:52 – Oh mais c'est terrible, c'est terrible, et dans un certain nombre de pays…
44:59 – En 6 ans il a pu faire tant de mal que ça, ou 7 ans ?
45:02 – Ne serait-ce que par sa manière de se présenter.
45:04 Les chefs africains ne supportent pas, ils ne connaissent pas l'Afrique,
45:08 mais ils ne connaissent rien à rien en fait, il suffit de l'écouter.
45:11 Ils parlent pour les énarques qui sont devant lui, c'est tout,
45:17 pour leur dire "regardez, je suis le plus brillant d'entre vous", c'est ça.
45:21 – Je pense que Gabriel Attal, qui était probablement du même acabit,
45:25 Gérard Bardi est très humain et très généreux de souffrir pour lui,
45:28 mais je pense que lui ne doit pas surtout souffrir, je pense qu'il voit ça…
45:32 Quelqu'un qui aurait des vraies convictions et une vraie volonté
45:34 d'appliquer un programme et de traiter tous les problèmes,
45:36 à très juste titre qu'a soulevé Gérard Bardi de la France,
45:38 effectivement souffrirait d'être dans une place où il ne peut pas le faire,
45:41 mais je pense que quelqu'un qui n'a pas de convictions,
45:43 qui est juste un carriériste, qui souhaite, comme les précédents,
45:48 faire évoluer son petit bonhomme de chemin,
45:50 il se dit "Occuper Matignon c'est formidable, ça lui donne une exposition",
45:52 comme Chirac avait eu cette exposition dans les années 70,
45:55 ça avait lancé sa carrière, alors qu'avant il était un petit secrétaire d'État inconnu.
46:00 Je pense que Gabriel Attal se dit sans doute la même chose.
46:03 Et si je puis me permettre, sur cette séquence…
46:04 – Ronde de lancement.
46:05 – Sur cette séquence gouvernementale, il y a un autre aspect
46:07 que j'ai trouvé quand même très intéressant,
46:10 c'est l'affaire qu'on a eue avec la nouvelle ministre de l'Éducation nationale,
46:13 parce que j'ai trouvé ça très emblématique…
46:16 – Vous parlez de l'affaire Stanislas, les enfants dans le privé.
46:20 Je resitue, Houdéa Castella a eu trois enfants je crois, trois garçons,
46:25 qu'elle a toutes envoyées au collège Stanislas à Montparnasse,
46:28 qui est un des collèges de l'élite française,
46:30 100% de réussite, 100% de mention.
46:32 – Ce que je trouvais intéressant, c'est que je parlais de ces gens
46:34 qui sont enfermés dans leur monde, mais qui par contre soutiennent des positions
46:39 ou un système, ou en tout cas ne veulent pas le réformer,
46:41 qui de facto fait subir à tous les autres ce qu'ils ne veulent pas subir pour eux-mêmes.
46:46 C'est le fameux "faites ce que je dis mais pas ce que je fais".
46:48 Ils subissaient même de manière obligatoire,
46:50 parce que le gouvernement et sous la présidence Macron,
46:52 on a eu des attaques contre l'école libre,
46:54 pour restreindre la possibilité de créer de nouvelles écoles,
46:58 pour supprimer quasiment de facto la possibilité de faire l'école à la maison,
47:01 donc pour imposer le plus possible aux Français d'être obligés de passer
47:05 pour leurs enfants par l'école publique,
47:07 sauf ceux qui ont les moyens de payer des privés très chers,
47:09 ce qui limite énormément le nombre de gens, sauf nos élites.
47:12 Et là vraiment, on a cette séquence où les trois derniers ministres
47:14 de l'éducation nationale, dont M. Gabriel Attal,
47:17 désormais Premier ministre,
47:18 sont tous les trois extrêmement emblématiques de ça,
47:20 puisque M. Pabdiaye, le précédent, celui jusqu'à l'été dernier,
47:24 avait mis ses enfants à l'école asiatienne, une école privée élitiste.
47:29 Gabriel Attal, le ministre suivant,
47:30 est passé à l'école asiatienne, la même école privée élitiste,
47:34 et maintenant la nouvelle ministre qui a mis ses enfants elle-même
47:37 dans un privé élitiste.
47:39 Vraiment, on n'a pas de symbolique plus forte,
47:42 non pas d'un cas isolé, mais de tout un système d'élite,
47:46 je le disais tout à l'heure, perdus dans leur bulle entre eux,
47:49 où ils ont l'impression qu'ils sont le monde,
47:50 alors qu'ils sont en fait un microcosme,
47:53 un microcosme internationaliste, mais un microcosme quand même,
47:55 mais un microcosme qui tient pour le moment les leviers de pouvoir,
47:57 et c'est un peu le problème.
47:58 – Merci beaucoup, on va clore cette partie,
48:01 vous vous rendez compte à quel point on y a consacré du temps,
48:04 et on va se retrouver pour une 10-15 minutes
48:07 à propos de Trump et du sort de l'Europe.
48:10 [Sonnerie de cloche]
48:13 Bonjour, troisième et dernier sujet,
48:15 Trump vient de remporter les élections,
48:17 le caucus de l'Iowa, tout petit État américain,
48:22 État totalement rural,
48:26 et avec un système de désignation du candidat républicain
48:30 extrêmement particulier, puisque c'est en gros
48:33 des réunions du perroier autour des candidats.
48:36 Mais peu importe, c'est une rampe de lancement pour lui,
48:40 il apparaît comme le candidat crédible pour battre Biden,
48:44 vieux monsieur plombé par sa mauvaise santé.
48:49 Or, Trump annonce un certain nombre de choses qui menacent l'Europe.
48:53 Ne plus soutenir l'Ukraine dans la guerre contre la Russie,
48:57 et deuxièmement, éventuellement, de sortir de l'OTAN.
49:01 Donc la question c'est, est-ce que pour l'Europe,
49:05 c'est le début de la fin, ou est-ce que c'est une manière de s'unir,
49:10 c'est une obligation de s'unir, pour en fait constituer le troisième bloc ?
49:15 On parlait tout à l'heure de blocs du temps du général De Gaulle,
49:21 mais il y a actuellement un bloc états-unien et les affiliés,
49:26 il y a un bloc Chine avec un certain nombre de vassaux,
49:30 et puis il y a l'Europe qui reste une énorme puissance économique,
49:34 mais une puissance politique tout à fait naine.
49:38 – Allez, qui commence ? – Alain.
49:40 – Le problème de l'Europe, c'est qu'il n'y a pas d'Europe de la défense.
49:44 S'il y avait une Europe de la défense, ça se saurait,
49:46 mais les nations européennes se disputent sur les armements,
49:50 sur les futurs avions, il n'y a pas de standard commun.
49:53 Donc c'est vrai que si Trump passe, comme il est très possible que ce soit le cas,
49:59 il y aura un gros problème qui va se poser à l'Europe,
50:03 notamment sur l'aspect défense.
50:04 Moi j'ai voyagé beaucoup en Europe centrale,
50:07 à l'époque où ces pays, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie,
50:10 allaient rentrer en Union européenne.
50:12 Mais le plus important pour eux, ce n'était pas l'Union européenne,
50:15 c'était l'OTAN.
50:16 C'était l'OTAN qu'ils visaient, et ils sont rentrés dans l'OTAN en même temps.
50:19 – Parce qu'ils avaient peur du géant russe,
50:22 de ce qu'ils avaient vécu du temps des communistes.
50:24 – Oui, mais alors maintenant, le vrai problème,
50:28 c'est qu'il n'y a pas d'Europe de la défense.
50:30 Si jamais on avait un front uni, on pourrait peut-être faire quelque chose,
50:33 mais là, ce n'est pas possible.
50:35 – Oui, et pourtant, cette peur de l'ogre communiste
50:39 qui est maintenant remplacé par Poutine,
50:41 est-ce que ce n'est pas justement le ferment
50:43 pour que tous ces pays de la bordure, ces anciens pays de l'Est,
50:48 soient ceux qui soient au boulot pour dire "unissons-nous en Iran".
50:52 – En théorie oui, mais ce n'est pas le cas.
50:54 Puisque regardez les différences entre la Pologne et la Hongrie par exemple,
50:58 sur l'analyse du conflit en Ukraine, c'est très différent.
51:00 Il n'y a pas d'unité.
51:02 – D'accord. Gérard Bardet.
51:03 – Alors, je pense que Trump, pour moi, a de sérieuses chances de l'emporter,
51:09 y compris face à Biden.
51:13 C'est parfait, bien sûr, je ne suis pas Madame Soleil,
51:15 comme on disait jadis, mais il a des chances sérieuses de l'emporter.
51:20 Et que se passera-t-il alors ?
51:22 Très vite, parce que c'est quelqu'un qui fait de la réal politique,
51:26 ce n'est pas un premier prix de littérature grecque,
51:28 ce n'est pas un esprit très fin, Trump, mais c'est un pragmatique.
51:33 C'est quelqu'un qui a prouvé déjà dans sa vie personnelle
51:35 qu'il savait construire, qu'il savait gagner de l'argent,
51:38 ce qui est important pour les Américains,
51:40 ils n'ont pas peur de l'argent comme nous qui avons l'argent honteux.
51:44 Et donc, il va très vite être rattrapé par la réalité
51:49 qui est la place des États-Unis face à la Chine.
51:53 C'est ça le grand problème des États-Unis, c'est ce duel,
51:58 cette rivalité qu'il y a avec la Chine et qui ne peut que s'amplifier,
52:02 voire s'aggraver avec des dossiers comme Taiwan par exemple.
52:05 – C'est ce qu'on appelle le basculement des États-Unis vers l'Asie.
52:08 – Bien sûr.
52:09 – Ce qui d'ailleurs est annoncé, puisque l'abandon de l'Europe
52:12 soutenu par les États-Unis, c'est bien le sujet de la…
52:16 – Tout à fait, c'est pour cette raison que l'Europe doit se concevoir
52:23 de l'Atlantique à l'Oural, comme aurait dit De Gaulle.
52:28 Nous ne pouvons pas rester dans cette situation absurde face à Poutine.
52:35 Poutine a la responsabilité de l'agression de l'Ukraine, c'est entendu.
52:40 Il y a quand même des causes, tout ça n'est pas venu par hasard.
52:43 Il y a quand même eu des exactions contre les populations russophones
52:47 du Donbass et d'autres, une implantation de l'OTAN
52:52 au plus près des frontières russes qui explique cette réaction.
52:57 – Mais comment imaginez-vous une réconciliation avec la Russie ?
53:00 – Que je ne justifie pas, je ne blanchis pas,
53:05 je n'exemple pas Poutine de sa responsabilité, mais c'est un fait.
53:09 Il y a de toute façon, on ne fait toujours la paix qu'avec ses ennemis,
53:12 me semble-t-il, donc il va falloir que l'Europe, l'Europe de l'Ouest,
53:17 l'Union Européenne, trouve un terrain d'entente, de discussion,
53:24 ce ne sera pas directement des négociations de paix avec la Russie.
53:28 Nous n'échapperons pas à cette exigence parce que, au bout d'un moment…
53:33 – Ça c'est pour la fin de la guerre ou c'est le sujet que j'ai amené sur la table,
53:38 c'est-à-dire l'achèvement du basculement des États-Unis vers l'Asie,
53:43 le fait que l'Europe se retrouve toute seule ?
53:46 Qu'est-ce que vous essayez de nous dire là ?
53:48 – J'essaie de vous dire que l'Europe ne peut pas rester aussi divisée…
53:59 – Il doit se réconcilier avec la Russie ?
54:01 – Ah, incontestablement.
54:02 – Pour la détacher de la Chine ?
54:04 – Il faut l'ancrer à l'Europe.
54:06 Alors on ne va pas la faire hanter dans l'Union Européenne,
54:09 il ne s'agit pas de cela, il ne faut pas caricaturer,
54:12 mais sur le plan de la culture, sur le plan de la civilisation,
54:17 tout nous conduit à nous rapprocher sous conditions,
54:22 après des négociations ardues, ambitieuses.
54:27 Bien sûr c'est un vaste chantier, mais je crois qu'il faut l'entreprendre
54:32 et aujourd'hui personne en Europe n'est capable de le faire.
54:36 Les Allemands refusent l'Europe de la défense
54:41 parce qu'ils ne veulent pas être placés sous notre parapluie nucléaire.
54:45 Donc on n'y arrivera jamais.
54:48 C'est pour ça qu'il faut ne pas créer un front à l'Est.
54:54 – C'est quand même la Russie qui a commencé.
54:55 – C'est ce que je vous ai dit et répété.
54:57 – Allez, Hilaire de Crémyer et Thomas.
54:59 – Je suis complètement d'accord, c'est sans issue.
55:02 Non mais c'est terrible parce que c'est sans issue,
55:04 on peut avoir des velléités pour l'Europe.
55:07 – Mais est-ce qu'on ne peut pas l'unir sans la Russie ?
55:09 – Non, l'Europe est une super structure.
55:11 – La Russie a choisi son camp, elle est côté Chine, basta.
55:15 C'est fini.
55:16 – Oui mais non, la Russie, elle restera la Russie éternelle.
55:20 Il ne faut pas se tromper, les peuples restent ce qu'ils sont.
55:23 Et non, ce qu'il y a de grave c'est que l'Europe n'existe pas,
55:26 c'est une super structure.
55:28 C'est une super structure effroyablement contraignante.
55:31 – Mais ce n'est pas l'occasion.
55:32 – Mais ça vient d'être dit, la politique allemande
55:35 est à l'opposé de la politique française.
55:37 Il n'y a plus que Macron qui croit au couple franco-allemand.
55:40 Tout le monde sait, depuis très longtemps,
55:42 les journalistes l'ont écrit, qu'il n'y a pas de couple franco-allemand.
55:45 Que les Allemands ne pensent qu'à une chose,
55:47 c'est à détruire l'appareil industriel français.
55:49 – Sauf que je vais vous donner un scoop qui n'en est pas un,
55:52 mais l'armée allemande, là, est en train de plancher
55:56 sur une troisième guerre mondiale, déclenchée en 2029 par la Russie.
56:01 Et comment on se défend de la Russie ?
56:04 Donc l'Allemagne est en train de prendre conscience de ça ?
56:08 – Non.
56:09 – Vous croyez que c'est du vent ? – Non, c'est du vent.
56:12 Et d'ailleurs, Trump, à mon avis, dans son esprit,
56:15 pour Trump, l'Europe n'existe pas.
56:17 D'ailleurs, pour les Américains, d'une manière générale.
56:19 – Oui, mais ça, c'est leur problème.
56:21 – Non, mais il n'y a que Macron qui s'imagine…
56:23 Ce qu'il y a de terrible, c'est qu'il n'y a que Macron qui s'imagine
56:26 que l'Europe est souveraine, qu'elle décide de tout,
56:29 qu'elle est constituée, que les Allemands vont obéir à ses vues à lui.
56:33 Mais tous les jours, Olaf Scholz répond le monde cambronne à Macron.
56:38 Tout le monde le sait, tous les jours.
56:39 – L'Europe n'impose aux Européens, aux citoyens européens,
56:43 mais dans un autre sens, l'Europe n'impose rien du tout,
56:46 elle ne s'impose pas au monde.
56:47 – Bien sûr, et c'est pour ça que c'est sans issue.
56:50 – Géant économique, nain politique.
56:52 – Oui, c'est sans issue.
56:53 – Thomas, ce sera le mot de la fin, mais il vous reste une minute.
56:56 – Ce qui est ahurissant là-dedans, c'est qu'il faille que les États-Unis d'Amérique
57:02 désignent un président qui ne convient pas aux élites européennes
57:05 pour que celles-ci commencent à se poser la question de notre indépendance.
57:07 Ça c'est complètement ahurissant, ça fait 50 ou 60 ans à peu près,
57:11 il fait 1945 à peu près, que les élites européennes ont accepté,
57:15 plus que ça se sont résignées, plus que se sont résignées même,
57:17 ont adhéré à l'idée que l'Europe, qui est indépendante depuis des milliers d'années,
57:21 qui se défend toute seule depuis des milliers d'années,
57:23 qui vit comme peuple, comme civilisation à travers différents États
57:25 depuis des milliers d'années, accepte d'être désormais
57:29 vassalisée à une autre puissance et qu'il faudrait que…
57:31 – Thomas, merci les Américains.
57:33 – Par le mécanisme de la démocratie d'un autre pays,
57:36 de gens qui votent, pas nous, d'autres votent, on décide de nous assumer même.
57:41 – Est-ce qu'on ne doit pas dire merci ?
57:42 – Non, on ne doit pas dire merci aux Américains,
57:44 on ne doit pas dire merci à nos élites européennes de nous laisser vassaliser
57:51 et d'avoir accepté cette vassalisation, c'est ça qui n'est pas normal.
57:54 Alors bien sûr, ça pourrait être l'occasion, oui,
57:56 mais Trump a déjà été au pouvoir pendant 4 ans,
57:58 ensuite aussitôt qu'il est parti et qu'un démocrate
58:01 qui convenait plus à nos dirigeants européens est revenu,
58:03 nos dirigeants européens se sont empressés de recourir plus que jamais,
58:06 en plus avec l'invasion russe, dans le giron américain.
58:09 Alors que justement, c'est là où il aurait été plus que jamais indispensable
58:12 face à ce conflit déclenché par la Russie, d'avoir une voix européenne
58:16 qui aurait été capable de dire autre chose que la voix des Américains
58:19 et précisément, ça aurait été la condition sine qua non
58:22 pour pouvoir régler cette affaire ukrainienne
58:26 d'une manière qui n'aurait pas fait autant de morts
58:28 et qui aurait permis effectivement de maintenir une Europe indépendante
58:32 et la Russie dans le concert des nations européennes
58:34 parce qu'elle en fait partie depuis des siècles et qu'elle doit y être,
58:35 c'est sa vocation, qu'on le veuille ou non,
58:37 et malgré sa responsabilité actuelle.
58:39 – Donc là il y a une transversale aux deux extrêmes.
58:40 Ok, c'est juste…
58:41 – Commençons par le commencement et faisons la France.
58:44 Commençons par le commencement et faisons la France.
58:47 – Vaste chantier.
58:49 – Et rejoisons l'État français.
58:50 – Vaste tâche, allez, mesdieux, merci beaucoup de votre participation,
58:55 les deux nouveaux, on vous reverra, si vous voulez revenir, on vous reverra.
58:58 – C'est quand vous voulez.
58:59 – Très bien, merci, allez, on se retrouve dans 15 jours, à bientôt.
59:04 [Générique]

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