Espace : les enjeux de la mission d'alunissage japonaise "Moon Sniper"

  • il y a 9 mois

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Transcription
00:00 Voilà, ce module spatial japonais va donc essayer de se poser sur la Lune dans quelques instants.
00:05 La descente vers la Lune est largement amorcée avec nous pour vous faire vivre ce moment,
00:10 notre invité Benjamin Peter, chargé d'actualité spatiale à la Cité de l'espace de Toulouse.
00:16 Bonjour et merci d'être avec nous sur France 24 pour nous expliquer tout ce qui est en jeu aujourd'hui,
00:22 notamment pour le Japon.
00:23 Alors, les deux premières tentatives d'alunissage du Japon dans le passé ont mal tourné.
00:27 Aujourd'hui, on espère donc que c'est la bonne.
00:30 Oui, parce que ça permettrait effectivement au Japon d'entrer dans ce club très fermé
00:34 effectivement de ces nations qui ont réussi à poser un atterrisseur sur la Lune,
00:40 à réussir à se poser sur la Lune.
00:42 Donc il y a évidemment les États-Unis, la Russie, la Chine, qui a le programme Chang'e
00:47 qui a vraiment permis de réaliser de magnifiques choses,
00:50 notamment de se poser sur la face cachée de la Lune qui était une première.
00:53 Et puis, il y a également, voilà, en août dernier, l'ISRO, l'agence spatiale indienne,
00:59 qui a réussi à poser son Chandrayaan 3, qui a survécu quelques jours,
01:03 mais qui a suffi, voilà, à permettre à l'Inde de rejoindre ce club.
01:06 Bon, effectivement, le Japon espère ça avec impatience.
01:10 Donc on voit effectivement, en suivant cette infographie que nous fournit l'agence spatiale japonaise,
01:15 que depuis quelques minutes, en fait, la manœuvre de propulsion s'est engagée,
01:22 ce qui a permis donc à Slim de s'élever et puis de se retourner.
01:26 Donc il va peu à peu se retrouver à la verticale au-dessus de la Lune pour faire ses premiers repérages.
01:32 C'est une opération ultra complexe aujourd'hui, qui nécessite énormément de précision.
01:39 Oui, c'est effectivement le moment le plus difficile, d'autant que Slim va être un démonstrateur technologique,
01:46 justement, de cette précision pour se poser.
01:48 C'est-à-dire qu'il embarque un petit ordinateur qui va lui permettre de faire comme une sorte de reconnaissance faciale
01:55 sur le sol lunaire.
01:57 Il va repérer s'il y a des rochers, s'il y a des cratères, s'il y a certaines aspérités qui peuvent être un petit peu dangereuses
02:03 pour menacer la façon dont il va pouvoir se poser.
02:09 Et donc il va faire tout ce repérage, le comparer en fait avec des cartographies qui auront été faites en orbite,
02:17 des cartographies qui sont intégrées dans son système.
02:19 Et donc il va comparer tout ça et trouver le meilleur endroit pour se poser.
02:23 C'est-à-dire que l'idée, c'est ce que dit la JAXA, ce n'est plus de se poser là où on peut,
02:28 mais là où on veut très précisément, à une centaine de mètres près seulement, ce qui est assez révolutionnaire.
02:33 Est-ce que cette mission peut encore échouer à ce stade ?
02:37 Oui, forcément, ça peut toujours échouer.
02:39 On ne le souhaite pas et on croise les doigts parce que ce serait quand même une merveilleuse réussite.
02:43 Mais bien sûr, parce que c'est au moment où ça touche Terre que ça peut poser problème.
02:48 Et on a vu que c'est particulièrement difficile d'atteindre la Lune.
02:52 On en a des exemples récents, c'est-à-dire qu'on a vu Luna 25 il y a quelques mois, qui était la mission russe.
02:59 Rendez-vous compte, c'était la première mission lunaire depuis 1976 pour la Russie,
03:05 qui a fini en crash sur la surface de la Lune, alors qu'il l'avait réussie de nombreuses fois auparavant.
03:13 De la même manière, il y a quelques jours,
03:17 la mission pérégrine qui a été lancée dans le cadre du programme Artemis,
03:23 qui visait à mettre un atterrisseur privé sur le sol de la Lune,
03:28 lui aussi n'a pas réussi à atteindre la Lune.
03:31 Il est rentré dans l'atmosphère il y a quelques heures seulement au large de l'Australie.
03:35 Donc on voit que c'est très compliqué.
03:36 Effectivement, ce sont ces dernières minutes qui peuvent être déterminantes.
03:39 Effectivement, le module spatial japonais est visiblement à 400 mètres de la surface de la Lune.
03:45 À l'unissage, c'est plus difficile que de se poser sur d'autres corps célestes,
03:51 comme des astéroïdes par exemple ?
03:54 C'est différent.
03:56 Ce qui a été fait par l'AJAXA jusqu'à présent,
04:00 ils ont eu une très belle mission d'astéroïdes,
04:03 qui s'appelait Hayabusa 2,
04:05 et qui consistait à faire un retour d'échantillons de quelques grammes.
04:09 On présente d'ailleurs quelques échantillons ici à la cité de l'espace de l'astéroïde Ryugu,
04:15 qui a été visé par Hayabusa 2,
04:17 et qui consistait à faire un petit bond dessus sur l'astéroïde simplement.
04:21 Là, pour la Lune, effectivement, il faut rejoindre l'orbite de la Lune,
04:25 arriver à accéder au point.
04:28 Alors vous voyez, là on est en train d'arriver à une cinquantaine de mètres à peu près de la Lune.
04:33 C'est le moment où il va repérer, comme je vous disais, le sol lunaire
04:36 pour trouver le meilleur endroit pour se poser,
04:39 quitte à faire peut-être un petit pas de côté si c'est nécessaire.
04:42 Donc ça devrait lui faire une sorte de stand-by
04:46 avant de descendre véritablement.
04:48 Là, il est à l'arrêt dans sa descente pour repérer vraiment le meilleur moment.
04:53 Quel est l'objectif scientifique, cette fois, de cette mission japonaise ?
05:00 Alors, l'objectif scientifique, il est d'abord et avant tout ce démonstrateur technologique.
05:05 Parce que finalement, après, une fois qu'il sera posé,
05:08 ça va se faire dans quelques secondes.
05:09 Là, je suis en train de regarder, je regarde en même temps que vous.
05:11 Voilà, on est à 25 mètres et visiblement, le module spatial japonais est en train d'allumer.
05:20 On est donc dans l'attente de la confirmation de la mission japonaise,
05:25 que tout a bien réussi, j'imagine.
05:27 C'est ce que semblent indiquer effectivement les infographières.
05:31 On a bien d'abord la satisfaction des équipes de l'agence spatiale japonaise
05:35 dans quelques instants.
05:39 Et donc là, il vient de se retourner une dernière fois
05:42 pour reposer sur ses pattes qui lui permettent d'amortir en fait.
05:48 Voilà, on attend donc toujours la confirmation de la bonne réussite de cet alunissage.
05:57 En tout cas, l'alunissage vient d'être réalisé.
06:00 Donc pour revenir sur les objectifs scientifiques de cette mission,
06:05 il y a des recherches, notamment sur l'origine de la Lune,
06:08 qui sont au cœur de cette mission.
06:11 Tout à fait, effectivement, ça fait partie de l'instrument qui est embarqué,
06:15 qui va permettre d'analyser un certain nombre de roches
06:18 pour la confronter à cette hypothèse qui est partagée par de nombreux planétologues,
06:23 qui est que la Terre aurait été percutée par une planète de la taille à peu près de Mars
06:30 et que ça aurait créé ces deux corps, la Terre et la Lune,
06:33 et donc il y aurait une similarité entre les roches qu'on peut trouver à la fois sur la Lune
06:37 et les roches qu'on peut trouver sur Terre.
06:39 Donc ça fait partie effectivement de ces missions scientifiques.
06:41 C'est une mission quand même très secondaire.
06:44 Alors au moment où il s'est posé aussi, il faut voir que Slim a envoyé deux petits rovers
06:50 qui s'appellent l'Eve 1 et l'Eve 2,
06:52 qui là aussi sont un peu des démonstrateurs technologiques
06:55 sur la façon dont on peut se déplacer sur le sol de la Lune.
06:58 C'est-à-dire que l'Eve 1, il est tout petit, il fait 2 kilos à peine,
07:02 et lui va se déplacer par banc tout simplement pour avancer sur le sol de la Lune.
07:08 Et puis il y en a un deuxième qui va avancer un peu comme un BB-8 sur Star Wars,
07:12 c'est-à-dire que c'est une boule de 8 cm de diamètre seulement qui va rouler
07:15 et qui va là aussi recueillir quelques informations.
07:18 Mais l'atterrisseur et les deux petits rovers, malgré tout, vont durer que quelques jours,
07:24 ils vont avoir une autonomie très courte, les rovers c'est même quelques heures seulement.
07:28 Donc là on est vraiment dans la démonstration technologique
07:30 et l'Ajaxa, il faut le rappeler, est un des partenaires du programme Artemis,
07:34 qui vise à ramener les astronautes sur la Lune dans les prochaines années,
07:39 les prochaines décennies.
07:41 Donc ce qui se passe aujourd'hui, ce que réussit le Japon en étant la 5e nation à se poser sur la Lune,
07:49 si effectivement l'Ajaxa confirme dans les prochaines secondes cet atterrissage réussi,
07:56 ça va permettre que la NASA s'inspire d'un certain nombre de technologies qui sont utilisées,
08:02 peut-être pour des missions futures, peut-être pour réussir encore mieux,
08:06 mais un alunissage pour les astronautes.
08:09 On se souvient par exemple qu'au moment d'Apollo 11, à 150 mètres d'altitude seulement,
08:15 il a fallu que Armstrong reprenne les commandes,
08:19 parce qu'il avait un ordinateur qui était saturé d'informations,
08:21 qui avait très peu de mémoire vive, du coup il a dû reprendre les commandes lui-même,
08:25 il se trouve que ça s'est très bien passé, qu'il avait réussi un atterrissage parfait,
08:29 mais là le fait qu'il remonte, avec la reconnaissance, avec le sol lunaire,
08:34 un atterrissage parfait à quelques dizaines de mètres près,
08:39 ça va vraiment servir pour les prochaines missions, qu'elles soient habitées ou robotiques.
08:44 Et l'enjeu c'est aussi de faire avancer les recherches sur les ressources en eau de la Lune,
08:49 sur lesquelles on a déjà quelques indications, mais c'est ça aussi l'enjeu ?
08:54 Alors ce n'est pas forcément l'enjeu de la mission SLIM,
08:57 mais c'est effectivement l'enjeu de toutes les missions qui vont arriver dans les prochains mois,
09:04 en tout cas dans le cadre de la mission CLPS,
09:07 c'est-à-dire un programme de la NASA qui est confié au privé,
09:13 un certain nombre d'atterrissages sur la Lune, d'amener du matériel,
09:18 la NASA décide de confier ces missions au privé,
09:22 et donc d'amener un certain nombre de rovers qui vont permettre de prouver qu'il peut y avoir de l'eau.
09:28 Parce que là on est au niveau de la mer du Nectar,
09:30 c'est-à-dire qu'on est à peu près sur la face visible, quasiment au centre de la Lune.
09:37 En revanche, ce qui intéresse beaucoup la NASA,
09:40 et ce qui intéresse beaucoup tous ceux qui s'intéressent au programme Artemis,
09:43 et tous ses partenaires, l'AXA, l'Agence spatiale canadienne,
09:46 c'est le pôle sud de la Lune.
09:48 Le pôle sud, parce que c'est là qu'effectivement différents orbiteurs ont repéré,
09:54 au milieu des années 90 et début 2000, qu'il pouvait y avoir de l'eau.
09:57 C'était complètement fou quand même quand on s'est rendu compte de ça.
10:00 C'est-à-dire qu'il pouvait y avoir de l'eau sous forme de glace,
10:02 au fond des cratères, mélangée un peu au régoli de lunaire,
10:06 donc à la poussière qui se trouve à la surface de la Lune.
10:09 Et donc, oui, il y a des missions là qui vont devoir prouver en quelle quantité on trouve de l'eau sur la Lune.
10:15 Parce que si on trouve de l'eau sur la Lune, si on confirme qu'il y a bien de l'eau sur la Lune sous forme de glace,
10:20 sa taux va permettre évidemment de la boire les astronautes.
10:24 Elle va aussi permettre, par exemple, de faire de l'oxygène pour les astronautes qui vont séjourner,
10:31 éventuellement sur des bases lunaires qui pourraient être installées.
10:34 Elle peut aussi servir à faire de l'oxygène liquide et de l'hydrogène liquide.
10:38 C'est ce dont on a besoin pour faire des fusées.
10:41 Donc ça pourrait nous permettre d'aller au-delà et au-delà, c'est peut-être la conquête martienne.
10:45 Et au-delà des enjeux que vous nous avez très bien expliqués,
10:48 la Lune en tant que symbole fascine toujours autant ?
10:52 Oui, ça nous refascine, si on peut dire.
10:56 C'est-à-dire que depuis les 50 ans d'Apollo, depuis 2019,
11:02 la NASA a donc relancé ce programme Artemis qui vise à aller sur la Lune.
11:07 Pourquoi ? Parce que la Lune va nous servir de laboratoire avant d'aller au-delà.
11:11 On va tester dans notre proche banlieue, à seulement 384 000 kilomètres,
11:15 plein de technologies qui vont peut-être nous servir quand on ira sur Mars.
11:19 Et au-delà, c'est un enjeu géopolitique.
11:22 C'est-à-dire qu'on se rend compte qu'il y a beaucoup de nations
11:25 qui savent que pour être encore dans le jeu, il va falloir en passer par là.
11:30 Et c'est là qu'on se rend compte que les États-Unis ont un compétiteur de taille qui est la Chine,
11:35 qui, comme je vous le disais, fait un programme très important avec l'émission Chang'e.
11:41 Donc ils ont réussi à se poser sur la face visible, ils ont réussi à se poser sur la face cachée,
11:45 ils ont réussi à faire un retour d'échantillons aussi avec Chang'e 5.
11:49 Et en mai prochain, il y a encore une autre mission, cette fois de retour d'échantillons,
11:53 cette fois de la face cachée de la Lune, avec d'ailleurs un instrument français qui sera à bord.
11:57 C'est la cause de coopération avec les Français aussi.
12:00 Et donc, oui, il y a une vraie compétition, ça fascine.
12:03 Et beaucoup de nations savent qu'elles doivent faire partie de cette aventure.
12:08 Les Turcs aussi, par exemple, souhaitent aller sur la Lune.
12:11 Les Indiens souhaitent poser un astronaute indien sur la Lune.
12:16 Donc il y a beaucoup de programmes spatiaux qui passent à un moment donné par la Lune.
12:20 Merci infiniment, Benjamin, à Peter pour toutes ces explications et de nous avoir fait vivre,
12:24 sur France 24, cet alunissage de la mission japonaise Moon Sniper.

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