Le mirage de la substitution énergétique : une transition en conte de fées [Gilles Rotillon]

  • il y a 9 mois
C'est LE mot à la mode qui a remplacé le développement durable dans les déclarations publiques. On peut le comprendre de deux façons. L'une correspond au passage d'un état à un autre, sous-entendu de manière graduelle et plus ou moins lente. L'autre est ce que les physiciens désignent par « transition de phase », qui consiste au passage d'un état à un autre, induit par la variation d'un ou plusieurs paramètres. Ce second sens traduit bien ce qui se passe avec le changement climatique, qui rend la planète de plus en plus inhospitalière au fur et à mesure que la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère augmente. [...]

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00:00 C'est le mot à la mode qui a remplacé le développement durable dans les déclarations
00:13 politiques.
00:14 On peut le comprendre de deux façons.
00:16 L'une correspond au passage d'un État à un autre, sous-entendu de manière graduelle
00:22 et plus ou moins lente.
00:23 L'autre est ce que les physiciens désignent par transition de phase, qui consiste au
00:28 passage d'un État à un autre, induit par la variation d'un ou plusieurs paramètres.
00:32 Ce second sens traduit bien ce qui se passe avec le changement climatique, qui rend la
00:38 planète de plus en plus inhospitalière au fur et à mesure que la concentration de gaz
00:43 à effet de serre dans l'atmosphère augmente.
00:45 Ici, la transition de phase représente un son dans l'inconnu qui nécessite une baisse
00:52 urgente des émissions, sachant de toute façon que la concentration actuelle rend déjà
00:58 inaccessible le seuil des 1,5°C acté à la COP de Paris en 2015 pour la fin du siècle,
01:05 et qui devrait être atteint bien avant 2040, au rythme des émissions d'aujourd'hui.
01:10 Les deux sens de la transition ne s'opposent d'ailleurs pas nécessairement.
01:15 La seconde peut être un signal d'alarme de ce qui risque d'arriver si la première
01:20 reste inefficace, risque d'autant plus grand qu'elle serait plus lente.
01:25 Deux types de transition sont mobilisés dans les discours.
01:28 L'une est dite énergétique et l'autre écologique.
01:31 Malheureusement, ni l'une ni l'autre ne sont vraiment entamées.
01:36 La première sous-entend que nous sommes en train de passer d'une forme d'énergie
01:41 à une autre, en l'occurrence des fossiles eau renouvelable, et que ce passage est celui
01:46 même qui a eu lieu tout au long des deux derniers siècles, en faisant se succéder
01:51 le bois, le charbon puis le pétrole.
01:53 Malheureusement, cette belle histoire n'est qu'une légende.
01:57 Il n'y a jamais eu de substitution d'une énergie à une autre, et on consomme de plus
02:02 en plus chacune de ces différentes formes.
02:04 S'y ajoute le fait que l'économie devient aussi de plus en plus matérielle, dépendant
02:10 d'une quantité croissante de ressources naturelles, demandant de plus en plus d'énergie
02:15 pour être disponible.
02:16 Bref, nous sommes en plein compte de fait.
02:19 C'est ce que résume parfaitement l'historien Jean-Baptiste Ophrése Oz quand il écrit
02:23 que "le problème de la transition énergétique, c'est qu'elle projette un passé qui n'existe
02:29 pas sur un futur qui reste fantomatique".
02:31 Quant à la seconde, il suffit de regarder l'évolution des émissions de GES pour
02:37 se rendre compte que la cause physique du changement climatique, et de toutes ses conséquences
02:43 environnementales est loin d'être ne serait-ce qu'un fléchi.
02:46 Cela ne pousse pas à l'optimisme.
02:48 En tout cas, c'est l'avis d'Antonio Gutiérrez, secrétaire général des Nations
02:54 Unies, qui réagissant au rapport du GIEC, dit que nous nous précipitons vers la catastrophe
02:59 les yeux ouverts.
03:00 Dans le même temps, le revenu net de l'industrie des fossiles en 2022 a été de 4000 milliards
03:07 de dollars.
03:08 Pour comprendre pourquoi on suit ce chemin suicidaire, il suffit d'examiner ce qu'impliquerait
03:13 une politique de réduction importante des émissions de GES.
03:18 Pour ne prendre que le secteur des transports, il impacterait le tourisme, l'hôtellerie,
03:24 les loisirs, la santé, les différents modes de transport, et donc l'industrie, les minéraux,
03:30 l'énergie ou l'aménagement du territoire.
03:32 Mais il aurait aussi des effets intersectoriels qui modifieraient la structure des emplois
03:39 et même leur sens.
03:41 L'armement, la publicité, la grande distribution par exemple, s'y ajoutent des enjeux de
03:47 relocalisation et des développements de services publics, de régulation des entreprises et
03:53 d'immigration.
03:54 Une politique gouvernementale efficace aurait donc des effets majeurs et nous dirigeants
04:00 préfèrent parler de transition énergétique et écologique qui n'existent qu'en parole
04:05 et créer des crises énergétiques et écologiques qui ne sont néanmoins pas indemnes de conséquences
04:10 macro-économiques.
04:11 Mais ce ne sont pas les mêmes et elles ne sont pas dues à des politiques environnementales
04:16 conséquentes mais à leur absence.
04:19 [Musique]
04:24 Sous-titrage Société Radio-Canada

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