Réarmement militaire : où en est-on ? Est-on capable de se défendre ?

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Transcript

00:00 - Bonjour Nicolas Bouzou. - Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:04 - Alors après l'agriculture, on parle défense avec vous ce matin,

00:07 à l'heure où Emmanuel Macron appelle à toutes sortes de réarmements.

00:10 Qu'en est-il de nos industries de défense ?

00:13 Est-ce qu'elles produisent suffisamment d'armes et de munitions Nicolas ?

00:16 - Savez-vous combien de temps Dimitri il faut pour produire un avion rafale ?

00:19 - Absolument pas. - 3 ans.

00:20 - 3 ans, c'est un avion très performant, un complexe,

00:23 produit par Dassault Aviation, par une chaîne d'environ 500 entreprises.

00:27 Ce sont des partenaires, des fournisseurs, des sous-traitants.

00:30 Vous connaissez les chars Leclerc évidemment Dimitri,

00:32 notre armée de terre en possède un peu plus de 220.

00:35 Eh bien leur ligne de production a été fermée en 2008,

00:38 faute de commandes suffisantes, on n'en fait plus.

00:40 Si notre armée a besoin de chars, elle devra commander des chars allemands.

00:44 Les fameux canons César, très performants aussi,

00:47 il faut 17 mois pour les produire et encore les cadences viennent d'être accélérées.

00:51 Les obus pour ces canons, il faut 9 mois pour les produire.

00:54 D'après un rapport parlementaire, on pourrait en tirer maximum 9000 par an.

00:58 9000, c'est ce que tire l'Ukraine chaque jour.

01:01 Quand on drone, très présent en Ukraine, on n'en fait pas en France,

01:05 comme on ne produit ni armes légères, ni munitions légères.

01:08 Ces exemples, je les tire du livre absolument remarquable

01:10 du journaliste de l'Opinion Jean-Dominique Merchet,

01:12 ça vient de sortir, ça s'appelle "Sommes-nous prêts pour la guerre ?"

01:15 C'est chez Robert Laffont.

01:16 - Pourtant on dit toujours que notre secteur de la défense, Nicolas,

01:20 est l'un des plus performants au monde.

01:21 - C'est le cas. - La France exporte beaucoup d'armes à l'étranger.

01:24 Nous sommes un très gros exportateur, notamment d'avions-rafales,

01:26 mais Jean-Dominique Merchet parle d'une armée "Banzai",

01:29 c'est-à-dire très évoluée, très moderne, assez complète, mais petite.

01:33 Et c'est là qu'intervient la problématique économique et industrielle.

01:36 Parce qu'imaginez que nous soyons pris dans un combat de haute intensité,

01:39 en Russie ou en Iran.

01:41 Nos capacités pourraient être réduites d'un tiers en quelques semaines,

01:44 mais il nous faudrait des années pour nous rééquiper.

01:47 Et cette problématique industrielle, c'est aussi la raison

01:49 pour laquelle nous sommes très parcimonieux dans notre aide à l'Ukraine.

01:52 Par exemple, en matière de canons, nous avons peu d'équipements

01:55 et nous avons du mal à les produire.

01:57 En fait, au bout du bout, nous souffrons de notre désindustrialisation.

02:01 Nous n'avons plus assez de bases industrielles pour produire assez de munitions

02:05 et nous ne sommes pas capables de faire des chars ou des drones.

02:07 - Et ça, c'est très compliqué, le jour où il faudra, comme l'a dit Emmanuel Macron,

02:11 passer en économie de guerre.

02:12 - Absolument, et nous en sommes loin.

02:14 Alors, la France et l'Union européenne mobilisent de l'argent.

02:17 C'est un vrai changement, notamment pour l'Union européenne, bravo.

02:21 Et le secteur de la défense en France, ce sont de grands groupes.

02:24 Magnifiques, Dassault, Thalès, Airbus, des milliers d'entreprises,

02:28 des dizaines de milliers d'emplois.

02:29 Mais enfin, il faut faire plus et plus vite.

02:31 Nous avons besoin d'une armée, d'une industrie d'armement,

02:34 certes tournée vers l'exportation, mais aussi vers nos besoins en matière de défense.

02:37 Parce que sans industrie forte, pas de puissance.

02:40 Sans puissance, pas de vie en paix.

02:41 Nicolas Bouzou, merci beaucoup.

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