• il y a 11 mois
TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka ! 


Du lundi au vendredi à 18h45 sur C8.


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Transcription
00:00 Bruno, déjà, comment t'avais... Tu nous avais déjà parlé,
00:02 mais comment t'avais rencontré Xavier Dupont de Ligonnès ?
00:03 - Quand on avait 16 ans, on était en terminale ensemble à Versailles.
00:06 - Ah, c'est ça.
00:06 - Et puis on habitait dans la même rue, on avait la même moto,
00:09 et on aimait les Beach Boys, Elvis, et on est devenus, tu sais,
00:13 c'est comme un coup de foudre d'amour.
00:15 - Vous étiez vraiment potes ?
00:16 - Hein ?
00:16 - Vous étiez vraiment potes ?
00:17 - Ah bah oui, oui. Et puis pendant des années, on s'est vus régulièrement.
00:20 Mes parents étaient à Versailles, les siens aussi.
00:21 Et puis voilà, et puis jusqu'en 2008.
00:26 Je crois que c'est la dernière fois où je les ai vus, c'est quelques années avant les crimes, quoi.
00:30 - Alors, les crimes, oui, et on va...
00:32 - 2011.
00:32 - Exactement, ça, c'est 2011.
00:34 Donc, est-ce que, juste avant qu'on ait les infos de Romain et les tiennes aussi,
00:38 parce qu'il y a des grosses infos ce soir qu'on a apprises, notamment dans le livre,
00:42 juste, il était comment ?
00:43 Est-ce que c'était un garçon normal ?
00:44 Ou est-ce que tu te disais, c'est un mec qui peut faire un truc de fou ?
00:47 - Non, il était aussi sympa que toi.
00:48 - Ah ouais ?
00:48 - Oui.
00:49 - Ça me fait peur, ça.
00:51 - Ah merde.
00:52 - Non, non, sinon, il aurait pas été mon ami.
00:54 - Quoi, vraiment ? Mais genre, oui.
00:55 - C'était un mec normal, enfin, très sympa, avec beaucoup d'humour.
01:00 Enfin, c'était un vrai copain, quoi.
01:01 Tu sais, c'est difficile de...
01:02 Alors, c'est vrai qu'on peut pas savoir la vie mystérieuse.
01:05 Tu sais, le jardin secret ?
01:07 - Bien sûr.
01:07 - Quand tu parles avec les flics, ils te disent, quand ils regardent l'historique,
01:11 Internet, tu vois, des gens ou des gens qui sont accusés, tu découvres des vérités.
01:15 Xavier, il a forcément une part d'ombre que je ne connaissais pas.
01:18 Mais avec moi, la tuerie était géniale, quoi.
01:20 - Alors, justement, il y a vraiment des trucs de fou.
01:23 On va en parler, puisque dans le livre, notamment, on a appris,
01:25 même de cette histoire de trouble, on va en parler dans un instant avec Romain.
01:29 Et c'est vrai que même physiquement, quand on voyait Xavier Dupont de Ligonnès,
01:33 on se disait, c'est notre conseiller financier, quoi.
01:35 C'est un mec...
01:36 - Oui.
01:36 - Voilà, c'est...
01:37 Il était comment avec les filles, avec tout ça, quand tu étais avec lui ?
01:40 - Je peux te dire que le sexe, c'était pas son truc.
01:42 Enfin, parce qu'on lui a donné plein de maîtresses, c'est pas vrai.
01:45 Xavier, c'est quelqu'un qui a été fidèle à Agnès
01:47 jusqu'au jour où il a découvert qu'elle le trompait avec son meilleur ami.
01:50 - Ça m'a appris, il paraît que...
01:51 - Et puis, il a eu une maîtresse qui s'appelait Catherine,
01:53 à qui il a emprunté 50 000 euros.
01:55 Mais il comptait le rendre, il a toujours remboursé ses dettes, Xavier.
01:57 Toujours, ouais, c'était... Voilà.
01:59 - Alors, on va revenir...
02:00 - Mais le sexe, c'était pas son truc, quoi, voilà.
02:01 - C'est...
02:03 Quand...
02:04 Vous le reconnaîriez physiquement ?
02:05 - Ah oui, ah oui, bien sûr.
02:06 - Parce qu'à un moment donné, il a dû faire...
02:08 - Il fait 1m80, là, il est un peu tassé avec les années.
02:11 Mais le regard, la voix...
02:12 Parce qu'en fait, la seule chose qu'on connaît de Xavier, de vivant, c'est sa voix.
02:16 C'est le dernier message qu'il laisse à sa sœur,
02:18 le soir où il devait y avoir les crimes.
02:19 Où il dit "on était au Cinoche, on était au restaurant,
02:21 là, je vais coucher les enfants", il dit ça, c'est horrible.
02:24 Parce qu'on sait que dans 3-4 heures, il va les tuer.
02:26 Et c'est... Mais il n'y a pas de vidéo.
02:28 Donc, les gens le voient partout et nulle part.
02:31 - C'est fou, cette histoire.
02:32 Alors, merci Romain, aussi, d'être avec nous.
02:34 Romain, vous êtes...
02:38 Vous avez nous raconté une scène du livre
02:39 où vous avez l'impression de voir Xavier Dupont de Ligonnès
02:41 à un café en Espagne. C'est quoi, cette histoire ?
02:43 - Alors, ce n'est pas un café, c'est sur la terrasse de chez moi.
02:46 En fait, je vis dans le sud de l'Espagne.
02:48 Et en fait, un matin, sur la terrasse de mon voisin,
02:52 je vois un homme qui ressemble énormément à Xavier Dupont de Ligonnès,
02:54 en peignoir blanc, en train de regarder la mer, en train de boire un café.
02:57 Et c'est quelque chose que j'avais déjà dit plusieurs fois à ma femme,
03:01 c'est-à-dire "ici, c'est parfait".
03:02 En Espagne, il n'est pas connu du tout, la ferme n'est pas connue du tout.
03:05 Il faut savoir qu'hors des frontières françaises,
03:07 ce n'est pas du tout connu.
03:09 Et donc, d'un coup, je vois cette personne.
03:11 Donc, effectivement, mon voisin qui loue sa maison sur Airbnb,
03:15 donc plausible, je commence à inquiéter un peu.
03:18 Finalement, non, ça ne donne rien, ce n'est pas ça.
03:19 Mais le romancier qui est en moi voit tout de suite, en fait, une histoire.
03:24 Je me dis "qu'est-ce qui se passerait si vraiment c'était arrivé ?"
03:27 Et je pars sur cette idée de roman.
03:29 Le roman commence comme ça.
03:31 - C'est en même temps un roman et une enquête.
03:32 - Effectivement, c'est un roman, oui, avec une vraie enquête
03:35 que j'avais faite à partir des années 2011.
03:38 Et j'ai repris, en fait, cette véritable enquête avec de véritables éléments.
03:42 Et je les ai mélangés à ma connaissance de la police aux frontières
03:45 et je les ai mises dans le roman.
03:46 - Il y a des éléments incroyables.
03:46 Alors déjà, dans votre livre, vous relatez le comportement intriguant
03:49 d'un des meilleurs amis que David Dupont de Ligonnès, Michel Rétif.
03:52 C'est un des éléments qui vous intrigue le plus.
03:53 Le 6 avril 2011, alors que Dupont de Ligonnès s'emploie à cacher les corps
03:57 et qu'il a désactivé son téléphone, son ami parvint à le joindre.
03:59 C'est le dernier coup de fil qu'il a eu.
04:01 Alors, c'est quoi cette histoire ?
04:01 Parce que ça, déjà, c'est un truc de fou.
04:03 - Le téléphone est éteint toute la journée.
04:05 Et puis, vous avez, il active le téléphone vers 21h45, je crois.
04:08 Et il y a une conversation de 25 minutes avec cette personne-là, son meilleur ami.
04:14 Et ensuite, il rééteint le téléphone.
04:16 Donc déjà, première circonstance, première coïncidence vraiment énorme.
04:21 Et la deuxième, c'est que quelques jours plus tard, du 13 au 15,
04:25 on va avoir les deux téléphones de ces personnes, donc Xavier et son ami,
04:28 qui vont borner dans la même zone de Rockbrune-sur-Argence.
04:32 C'est-à-dire qu'ils arrivent au même endroit le 13, au même moment,
04:36 et ils repartent le 15, donc Lugonès disparaît,
04:40 et son ami rentre chez lui à ce moment-là.
04:42 Donc là, on a vraiment des indices concordants et graves de pensée
04:46 qu'il y a eu quelque chose.
04:47 - C'est qui Michel Rétif pour lui ? Son meilleur ami ?
04:50 - Oui.
04:51 - C'est quoi ? C'est vraiment son…
04:53 - Oui, c'est son meilleur ami, c'est son "frère", entre guillemets.
04:56 C'est vraiment quelqu'un qui est avec lui.
04:58 - Pourquoi ? Alors, les enquêteurs, c'est ça qui est fou, je vous le dis,
05:00 Inter 58 en direct, c'est que les enquêteurs ont interrogé Michel Rétif,
05:05 et il dit juste "non", en fait ça a duré quelques secondes,
05:08 et ils ont très vite balayé la piste de son meilleur ami,
05:10 alors que là, vous donnez deux éléments extrêmement troublants.
05:12 C'est le dernier mec qu'il a eu au téléphone pendant 25 minutes,
05:14 deux, ils étaient au même endroit au même moment tous les deux,
05:18 et on a l'impression qu'ils ont balayé très vite cette piste.
05:21 Est-ce que vous pouvez nous raconter ça ?
05:22 - Oui, alors c'est assez intriguant.
05:24 Il faut savoir que quand il y a une information judiciaire,
05:26 c'est le juge d'instruction qui donne des ordres,
05:29 des pistes à suivre à la police.
05:31 Le truc, c'est que Michel Rétif a été interrogé comme simple témoin,
05:35 alors est-ce que c'est une stratégie du juge d'instruction
05:37 qui ne veut pas l'affoler, qui l'interroge, il ne dit rien,
05:39 et ensuite on a mis un dispositif de surveillance de la BRI de Montpellier,
05:42 qui n'a rien donné, évidemment.
05:44 Mais dans ce cas-là, je pense qu'il faut donc maintenant le reprendre
05:47 et le mettre sous mise en examen, témoin assisté,
05:50 quelque chose de beaucoup plus coercitif.
05:52 - Ils ont juste demandé genre…
05:55 - Les auditions de témoins, il n'y a pas de moyen coercitif dans la police,
05:58 on ne peut pas… - … aller mettre la pression.
06:00 - Exactement, et je pense qu'il faudrait savoir,
06:03 il faudrait parler avec le juge d'instruction pour savoir
06:05 pourquoi il n'y a pas eu ce moyen coercitif exercé sur cette personne,
06:08 parce qu'on avait vraiment quelque chose…
06:11 Alors je ne dis pas qu'il est 100% coupable,
06:13 je dis qu'on n'a pas été jusqu'au bout pour savoir.
06:16 - Non, Michel Rétif, ce qui est fou aussi,
06:18 c'est qu'il met fin à ses jours le vendredi 2 mars 2019.
06:24 - Il a eu des contacts avec cancer ?
06:25 - Oui. - Et Emmanuel Tönor est mort d'alcoolisme ?
06:31 - Bien sûr. - Ils ont été détruits par cette affaire.
06:34 - Il y a un autre élément, je vais vous raconter,
06:37 vous allez voir, c'est un truc de fou.
06:38 L'un des éléments les plus intriguants de votre livre aussi,
06:41 c'est que vous expliquez que Xavier Dupont de Ligonnès
06:42 aurait pu se rendre en bateau jusqu'au Mexique
06:45 et ainsi accéder au Texas.
06:46 Vous évoquez une information donnée justement par Bruno.
06:48 C'est ça, c'est vous qui avez donné cette information à Bruno.
06:52 C'est quoi l'information ?
06:53 - Non, mais parce que moi, j'ai toujours été persuadé,
06:55 un, qu'il était vivant et deux, qu'il vit aux États-Unis.
06:57 Parce que c'est un pays qu'il connaissait très bien.
06:59 Il a fait 30 voyages avec Michel Rétif, avec Emmanuel Tönor.
07:02 Donc, il connaissait à peu près tous les moyens d'y aller.
07:04 Et je pense que quand la question de sa fuite s'est posée,
07:07 il s'est dit, soit je passe par le Canada,
07:10 soit je prends, moi, je prends, c'est aussi un cargo,
07:12 tu sais, à partir de la Hollande.
07:15 Et puis aussi par le sud, par le Brésil.
07:17 Enfin, à l'époque, il n'y avait pas le contrôle de passeport.
07:20 - La Voie maritime est beaucoup moins sécurisée.
07:22 - Oui, à l'époque, encore plus que la Voie aérienne.
07:25 - Selon vous, Dupont de Ligonnès aurait rencontré
07:27 une propriétaire de ranch appelée Mindy.
07:29 Et Ligonnes y avait passé des jours heureux.
07:32 Tellement heureux qu'il aurait souhaité y terminer sa vie.
07:35 La phrase valait le détour.
07:36 - C'est ce que dit Bruno, justement.
07:38 Exactement, je cite sa phrase dans le roman.
07:41 Effectivement, c'est l'une des pistes les plus plausibles.
07:43 Parce que vous savez, les fugitifs, quand ils partent en cavale,
07:46 eh bien, ils vont généralement chez une ex-petite amie
07:49 qui peut leur fournir un logement,
07:50 qui peut leur fournir l'isolement, l'argent, la nourriture,
07:54 sans qu'ils aient à sortir.
07:55 Le truc, c'est que le fugitif, pendant plusieurs années,
07:57 il doit rester tranquille.
07:58 Il ne peut plus rien faire.
07:59 Donc là, on a vraiment quelqu'un qui peut aller aux États-Unis,
08:02 qui peut rester dans ce ranch de chèvres.
08:05 C'est vraiment un herbage de chèvres qui est au Texas, à Alpine.
08:09 Les États-Unis, il faut dire qu'ils se foutent royalement
08:13 de ce qui se passe en France.
08:14 Donc, aucune idée.
08:15 Et puis, en plus, vous êtes vraiment isolés.
08:17 Donc, il peut rester là-bas très tranquillement.
08:19 Il a quelqu'un qui peut subvenir à ses besoins.
08:21 Voilà.
08:22 Ça, ça n'a pas été fait.
08:24 La coopération internationale est très compliquée.
08:26 On n'est pas dans les séries Netflix
08:27 où les flics se déplacent n'importe comment dans tous les pays.
08:30 – Vous dites que pour vous, c'est impossible qu'il se soit suicidé derrière.
08:33 – Ah oui, alors ça…
08:34 – Pour nos téléspectateurs, parce que ça, vous dites que c'est impossible.
08:37 Pourquoi ?
08:37 – Oui, alors, impossible, attention.
08:39 On n'est jamais sûr de rien à 100% d'accord.
08:42 Mais déjà, les premiers jours à Nantes, avant sa fuite,
08:45 tout est fait chaque jour, c'est-à-dire qu'il reste 6 ou 7 jours
08:48 en faisant des actions qui visent la disparition.
08:53 C'est-à-dire qu'il ne veut pas qu'on retrouve les corps.
08:55 Il est persuadé qu'on ne les retrouvera pas.
08:57 C'est pour ça qu'il ne prend aucune précaution
08:58 quand il descend de Nantes à Roquebrune.
09:01 Ces histoires complotistes qu'on entend,
09:03 oui, il se fait bien voir des caméras,
09:04 oui, il dépense bien de l'argent avec la carte bleue
09:07 pour qu'on voit qu'il est passé par là.
09:08 Non, ça, c'est du cinéma.
09:09 Dans la vraie vie, les mecs qui font ça, c'est qu'ils n'ont aucune idée.
09:12 Il faut savoir qu'on est en 2011.
09:13 Il ne faut pas juger les choses à posteriori.
09:16 À cette époque-là, on n'a pas idée de toutes ces choses-là.
09:18 Maintenant, on sait qu'il ne faut pas se balader
09:20 avec le téléphone portable parce qu'on est géolocalisé.
09:22 Voilà, maintenant, on sait beaucoup de choses.
09:23 À l'époque, non.
09:24 Donc, en fait, il ne pense pas qu'on va retrouver les corps.
09:27 Et il a tout fait pour.
09:30 Je ne vais pas revenir sur les détails de comment il a mis les dalles,
09:33 la chauve-vivre, etc.
09:34 – Vous pouvez nous le dire.
09:36 – Non, en fait, la chauve-vivre qui permet le retardement
09:39 des rétractions, des odeurs et tout ça,
09:41 des chapes de béton, voilà, vraiment clôturer ça
09:44 pour qu'on ne retrouve pas les corps.
09:46 Et puis ensuite, vous avez ce travail méthodique tous les jours
09:50 qui est d'enlever la boîte aux lettres
09:52 pour qu'il n'y ait pas de courrier qui s'empile.
09:54 Donc, les voisins ne vont pas voir qu'ici ne vit plus personne.
09:58 Il a tout lavé, il s'est défait du matériel informatique,
10:02 il a résilié le bail, il a vidé le logement étudiant de son enfant.
10:06 Bon, vous faites ça quand vous allez vous tirer une balle ?
10:08 Non, non.
10:09 – Et puis la lettre.
10:10 – Les paires de famille.
10:11 Alors, la lettre qui est…
10:12 – La lettre où il dit qu'on est exfiltré au FBI par la DEA.
10:15 – Pour ceux qui connaissent un minimum, la police, c'est n'importe quoi.
10:18 – Est-ce que tu peux nous raconter cette histoire de lettre
10:19 parce que tout le monde n'a pas cet élément ?
10:21 – Il dit qu'il fait partie d'un plan de protection de victimes,
10:26 de témoins, qui est par la DEA, qui est en fait les stups,
10:30 on va dire, américains, et qu'il bénéficie de ce plan-là.
10:33 Et donc, on l'exfiltre, c'est-à-dire que Xavier Pion-Ligonnès
10:37 travaille pour les stups américains.
10:39 Bon déjà, chose assez incroyable,
10:42 les américains ne prennent pas des français pour faire du stup.
10:45 En France, ils s'en foutent carrément.
10:47 – Tout ça, ça vous fait…
10:48 – Ça ne tient pas debout.
10:49 – L'hypothèse du suicide, elle est pratiquement…
10:52 – Non, non, et puis en plus, les systèmes de protection,
10:54 vous savez, aux États-Unis, ils ont été inventés pour protéger,
10:57 ça a été fait pour la mafia, c'était le White Sex,
10:59 ça a été fait pour protéger les mafiosos
11:01 qui allaient témoigner contre leurs anciens copains.
11:04 Donc, en fait, 99% des gens qui sont sous cette protection-là
11:09 sont des grands criminels américains.
11:11 Ligonnès n'était pas un grand criminel.
11:13 – Alors, vous dites aussi, il aurait fallu rechercher l'arme du crime.
11:16 On connaît l'histoire, dans votre livre,
11:18 vous émettez l'hypothèse qu'il soit allé dans la forêt de Roquebrune
11:21 pour faire disparaître son arme et non son corps,
11:23 comme les enquêteurs pensaient, puisque les enquêteurs ont dit au départ
11:27 qu'il avait été dans la forêt de Roquebrune justement
11:29 pour mettre fin à ses jours.
11:30 – Bon alors, vous partez du principe qu'il ne va pas du tout suicider,
11:32 il n'y a aucun comportement suicidaire.
11:34 – Vous pouvez nous expliquer, tout à l'heure, il a eu un coup.
11:36 – Effectivement, on le voit disparaître.
11:37 Le dernier témoignage qu'on a, c'est d'une personne
11:39 qui le voit sur la route d'Echatteigny,
11:41 qui est à quelques mètres du parking du Formule 1,
11:43 et qui voit un homme avec une housse à costume,
11:45 vestimentairement, c'est bien lui, et il rentre dans la forêt.
11:49 Et alors là, qu'est-ce qu'il va faire dans la forêt ?
11:51 Pour moi, il n'y a qu'une seule solution,
11:54 il s'est débarrassé de tout, de tout ce qu'il avait dans sa vie,
11:56 les mails, les ordinateurs, les machins, la voiture,
11:58 il vient de l'abandonner sur le parking du Formule 1,
12:01 qu'est-ce qui lui reste ?
12:02 Le truc qui est le plus discriminatoire pour lui,
12:05 c'est le fusil, en fait, c'est l'arme du crime.
12:07 Il ne peut pas s'en débarrasser en zone urbaine.
12:10 Vous mettez ça dans une poubelle, dans cinq minutes,
12:13 il y a quelqu'un qui passe par là, qui ouvre la poubelle,
12:15 qui trouve un fusil avec un silencieux, s'il ne l'a pas enlevé,
12:20 il va tout de suite à la gendarmerie
12:21 parce qu'il ne veut pas être pris avec un fusil,
12:23 tout de suite on se dit "c'est quoi ce fusil ? Ah, il a tiré, tiens, machin".
12:26 On découvre les corps le 21, bon, paf, ça matche exactement.
12:29 Donc, il ne peut pas s'en débarrasser s'il a un minimum intelligent
12:32 et Bruno peut nous le confirmer, il est quand même un intelligent.
12:35 - Il est très intelligent. - Exactement.
12:37 Donc, il ne peut s'en débarrasser qu'en zone non urbaine.
12:41 C'est justement le cas à Roquebrune, vous allez,
12:43 et qu'est-ce que vous avez au bout de ce chemin ?
12:45 C'est-à-dire, la forêt, j'y étais, vous avez quoi ?
12:47 Vous avez un lac, vous avez un petit lac.
12:49 Donc, en fait, moi je pense qu'il y a eu un truc,
12:52 quand on a cherché un corps, qu'on a dépensé des effectifs incroyables
12:56 de police, police judiciaire, gendarmerie, spéléologue, secouriste, etc.
13:01 Hélicoptère avec caméra thermique,
13:03 mais non, il ne fallait pas chercher un corps, il n'est pas parti se suicider là.
13:06 Il fallait chercher un fusil.
13:09 - Il a dû la démonter, la carabine et jeter des pièces.
13:12 - Et s'en débarrasser dans le lac.
13:13 - Il a dû la démonter, la carabine et puis la jeter.
13:16 - C'est assez amusant parce que dans le livre, qui est aussi une fiction,
13:19 vous avez la partie de mon enquête,
13:22 je suis allé là-bas et le lac,
13:24 vous avez toute mon hypothèse, qui jette dans le lac,
13:25 qui regarde le fusil qui s'écoule, tout ça.
13:28 Et puis je vais là-bas, je vais à la commune sur Agence,
13:31 et le lac est asséché.
13:32 Mais bon, ça c'était plus tard.
13:33 À l'époque, en 2011, il y avait encore de l'eau.
13:36 Mais c'est assez amusant.
13:37 Il y a beaucoup d'autodérision dans mon roman.
13:39 Je me moque, attention, je ne dis pas, regardez, c'est moi le super flic.
13:42 Je ne veux pas dire que vous n'avez rien compris, mais ce n'est pas ça.
13:44 - On avait pas et qui sont très importants.
13:46 Qu'est-ce que c'est que cette histoire de troupes ?
13:48 - De troupes ? - Oui, de troupes.
13:49 - Avec qui ? - Avec sa femme.
13:51 - Coupe la croix, tu crois ? - Ah oui, oui, oui.
13:53 - Avec Michel Rétif. - Ah, j'avais jamais entendu troupes.
13:56 - Oui, il y avait quand même.
13:58 - Effectivement, je peux vous le raconter,
14:00 mais ils étaient ensemble, Michel Rétif, Glamier et Agnès.
14:03 - Parce qu'on parlait de son meilleur ami.
14:05 Donc, on parlait de lui il y a un instant.
14:07 C'est fou, parce que c'est quand même un élément important.
14:09 Donc, en fait, c'est quoi l'histoire ?
14:11 Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire depuis le début ?
14:13 C'est-à-dire que son meilleur ami, c'est Michel Rétif.
14:15 Apparemment, il se rend compte que sa femme le trompe avec lui.
14:19 - Oui, c'est ça. - Il reste quand même meilleur ami ?
14:21 - Oui, il ne veut pas divorcer, parce qu'il n'a pas d'argent.
14:23 Il ne veut pas payer une pension alimentaire.
14:25 Donc, pour lui, la meilleure solution, c'est de,
14:27 pour reconquérir sa femme, c'est d'accepter le fait
14:29 qu'elle ait un amant qui est Michel Rétif
14:31 et de faire des plans à trois.
14:33 - C'est incroyable. - Pour moi, c'est le fond du fond.
14:35 - Moi aussi, je pense que c'est quand même un élément très important.
14:39 Après, il est resté ami avec Michel Rétif,
14:41 puisqu'on sait que c'est la dernière personne
14:43 qui l'a eu au téléphone.
14:45 C'est la dernière personne qui l'a peut-être croisé,
14:47 ce que vous dites. Et donc, il y a cette histoire.
14:49 Donc, ils faisaient un couple à trois.
14:51 - Oui, oui. - Oui, bah oui.
14:53 Ça a duré un an, et puis après, ils se sont lassés, quoi.
14:55 - Il y a des lettres qui sont à la tête.
14:57 - Oui, oui. - Des tables Excel.
14:59 - Qu'est-ce qu'elles disent, ces lettres ?
15:01 - La plus connue, elle a été diffusée sur Internet.
15:03 Elle dit "Salut les cochons".
15:05 C'est exactement du pont de Ligonnès qu'il parle.
15:07 - "Je ne vous pardonnerai jamais. Vous m'avez trahi."
15:09 Mais il ne pouvait pas ni divorcer,
15:11 ni quitter Agnès. C'est ça, le problème.
15:13 Et puis, il ne voulait pas se fâcher avec Michel.
15:15 - C'est vrai. - D'où sa décision, en fait.
15:17 - Parce que vous, vous en parlez tous les deux
15:19 comme si de rien n'était.
15:21 Mais les téléspectateurs, à 21h08, se disent
15:23 "Qu'est-ce que c'est que cette histoire, mine de rien ?"
15:25 Parce que c'est quand même un élément très important.
15:27 - Surtout un homme qui s'est suicidé.
15:29 - Exactement. Un homme qui s'est suicidé.
15:31 D'ailleurs, qui était malade.
15:33 Mais le truc, c'est que cette histoire de troupes,
15:35 ce serait quoi, le motif ?
15:37 - Le motif de quoi, exactement ?
15:39 - De cette tuerie. - Du trouble ? Ah non, d'accord.
15:41 - Non, de cette tuerie.
15:43 - Vous avez un homme qui est complètement
15:45 acculé par les dettes.
15:47 Ça, il est endetté de toutes parts.
15:49 Il a pris de l'argent à tout le monde.
15:51 Bruno, tu disais qu'il rendait l'argent.
15:53 Mais je pense qu'il en rende beaucoup, là.
15:55 - Oui, il avait à peu près 120 000 euros de dettes.
15:57 Enfin, entre guillemets.
15:59 C'est une famille. Il y a quand même des biens.
16:01 Il y a quand même des cousins.
16:03 Il y a des gens qui ont de l'argent.
16:05 C'était pas la fin du monde.
16:07 Il n'était pas obligé d'en arriver là.
16:09 - Merci. - C'est vrai.
16:11 - Donc, sa femme au niveau couple, ça va plus.
16:13 Les enfants, apparemment, ils les voient
16:15 plus comme une charge que...
16:17 Non, comme un coût.
16:19 Un coût ajouté à la vie, à tout cet argent.
16:21 Puis, à un moment donné, qu'est-ce qu'on fait ?
16:23 Alors, il y a beaucoup de gens.
16:25 Qu'est-ce qu'ils font ? Ils se suicident eux-mêmes.
16:27 Dans le livre, je dis, il a préféré
16:29 "suicider" les autres,
16:31 qui est une autre solution.
16:33 Et donc, il a tué tout le monde
16:35 pour effacer ce passé.
16:37 Les gens "divorces", se séparent.
16:39 Pour lui, apparemment,
16:41 c'était pas une option.
16:43 Parce qu'il y a toujours peut-être le regard
16:45 de l'autre personne qui vous juge,
16:47 de la personne que vous avez aimée,
16:49 et qui est là. Les enfants sont là.
16:51 Donc, il a préféré éliminer cette vie-là
16:53 et la recommencer ailleurs.
16:55 - Les téléspectateurs demandent beaucoup
16:57 est-ce qu'il l'est vivant pour vous.
16:59 Vous avez du Pont de Ligonnès.
17:01 - En fait, de tous les témoignages
17:03 qui me sont parvenus,
17:05 il y a beaucoup de témoignages bidons,
17:07 des photos qui ne correspondent pas à Xavier.
17:09 La seule piste qui est venue à moi
17:11 de cette famille, c'est une famille de Nantes,
17:13 plutôt catholique, plutôt à droite,
17:15 de notaire,
17:17 qui avait deux maisons à Pornic.
17:19 Et quand Xavier arrive dans les années 2000,
17:21 avant d'aller à Nantes, il habite Pornic.
17:23 Et donc, il loue une maison à cette famille.
17:25 Donc, tous les mois, il payait son loyer,
17:27 parfois en casse. Cette femme, qui s'appelait Catherine,
17:29 elle le connaissait très bien, Xavier,
17:31 elle le connaissait même par cœur.
17:33 Donc, on est dans les années 2000.
17:35 En 2011, il y a les crimes.
17:37 Et en 2015, cette famille décide d'aller
17:39 à San Francisco, puisque le fils aîné,
17:41 qui s'appelle Charles-Axel, travaille pour Uber.
17:43 Et ils sont toute la famille réunis,
17:45 ils sont dans le quartier français de San Francisco.
17:47 Et à un moment, cette Catherine va acheter des pâtisseries.
17:49 Et là, il y a un homme qui est devant elle,
17:51 qui attend dans la queue.
17:53 Et à un moment, elle le bouscule sans faire esprit,
17:55 il se retourne. Et là, c'est ce qu'on m'a raconté,
17:57 donc elle le reconnaît tout de suite.
17:59 Lui, il recule, fait des yeux hallucinés,
18:01 et part en courant. Fin de l'histoire.
18:03 - Ah ouais ?
18:05 - Elle, elle retrouve sa famille, elle dit "Vous savez qui j'ai vu ?
18:07 J'ai vu Xavier." Alors, tout le monde se marre,
18:09 mais c'est des gens qui ne rigolent pas,
18:11 qui ne plaisantent pas. Donc, sur place,
18:13 à San Francisco, c'est pas la peine d'aller voir
18:15 les policiers américains, ils s'en foutent.
18:17 Et puis, ils se sont posé la question de se dire,
18:19 quand on rentre à Nantes, est-ce qu'on va voir la police
18:21 ou la gendarmerie ? Mais les gendarmes auraient dit "Ah bon,
18:23 vous êtes la 50e personne ce mois-ci
18:25 qui me dit que vous avez vu Xavier, vous avez des photos,
18:27 vous avez une preuve." Et en plus, ils étaient malins,
18:29 ils voulaient surtout pas être embêtés par les journalistes.
18:31 Si jamais on donne corps à cette histoire,
18:33 et donc ils n'en ont jamais parlé,
18:35 c'est resté dans le cercle familial.
18:37 - On a appris ça en 2022, là ?
18:39 - Oui, il y a pas longtemps.
18:41 - Alors que ça s'est passé en 2015, on peut plus rien faire.
18:43 - Il y a toujours une enquête, ou l'enquête elle est au point mort,
18:45 c'est un cold case ?
18:47 - Alors oui, vous savez, quand il n'y a pas de nouvelles pistes,
18:49 vraiment une piste fraîche à exploiter,
18:51 qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
18:53 - Il n'y a rien à faire. On attend qu'il commette une erreur.
18:55 On attend une identification de quelqu'un qui soit avéré.
18:57 On attend un passage à l'aéroport.
18:59 Bon, il faudrait qu'il soit vraiment...
19:01 - Ça fait combien de temps, là ?
19:03 Ça fait donc depuis 2011 ?
19:05 - 2011, 13 ans, là.
19:07 - Est-ce qu'il existe une prescription ?
19:09 - 13 ans. Oui, il y a une prescription pour les meurtres.
19:11 - Donc 30 ans, au bout de combien ?
19:13 - 30 ans ?
19:15 - Je crois que c'est suffisant.
19:17 - Est-ce que vous pensez qu'il a modifié son visage ?
19:19 - Non.
19:21 - C'est pas dans sa culture.
19:23 - Il n'a pas besoin.
19:25 Nous, on a fait des travaux sur son visage.
19:27 On a vieilli, on a mis une barbe, on a mis les cheveux courts, chauve.
19:29 En fait, il passe partout, Xavier.
19:31 Il passe partout. Il n'a pas besoin de ça.
19:33 Je pense qu'il est assez malin, assez manipulateur,
19:35 pour séduire une famille.
19:37 Et auquel cas, si un jour, sa famille dit
19:39 "Mais dis donc, tu ressembles beaucoup
19:41 à quelqu'un qui a tué sa famille",
19:43 il dit "Oui, c'était moi, mais ils ont tué toute ma famille.
19:45 Si je reviens en France, ils vont me tuer."
19:47 Enfin, tu vois, il est tout à fait capable de ça.
19:49 - En tout cas, oui, on est d'accord.
19:51 C'est assez romanesque, l'histoire de la chirurgie esthétique.
19:53 On voit très peu ça en vrai.
19:55 On voit ça dans les films, mais dans la réalité,
19:57 les fugitifs sont là.
19:59 - Et puis, il a 63 ans aujourd'hui.
20:01 - Il a 63 ans aujourd'hui ?
20:03 - Oui.
20:05 - On le voit partout, donc il n'a pas besoin de faire de la chirurgie esthétique.
20:07 - La personne qui l'a vue à San Francisco,
20:09 elle a noté qu'il avait changé de visage ou pas du tout ?
20:11 - Écoute, le problème, cette femme, elle est morte d'un cancer
20:13 il y a 3-4 ans.
20:15 - Elle a reconnu tout ça ?
20:17 - Elle a reconnu tout ça, elle a vu son visage,
20:19 pour elle, c'était Xavier.
20:21 Pourquoi ils auraient inventé ça, franchement ?
20:23 - C'est incroyable. Merci Bruno, et merci Romain Poirtolas.
20:25 C'est comment j'ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès.
20:27 Merci d'avoir été avec nous.

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