Football : Les joueurs qui ne courent pas ont-ils une place dans le football moderne ?

  • il y a 8 mois
Suite aux propos de Jorge Sampaoli autorisant certains joueurs à ne pas faire les efforts défensifs, l'After Foot ce demande si le football moderne accepte les footballeurs qui ne courent que très peu au plus haut niveau.

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00:00 Sans Pauli, donc, autre passage intéressant dans l'interview du jour, son utilisation de Dimitri Payet,
00:06 qui était, il le dit, il le répète, son joueur à l'OM, l'homme qui le plus utilisé, parce que rare dans le profil,
00:12 talentueux, créatif, passeur décisif, il assume de l'avoir exempté de travail défensif, il dit
00:17 "Payet, tu ne dis pas de redescendre, il est là, près de la surface adverse, il attend le ballon, ce n'est pas Payet qui doit venir à toi,
00:23 c'est toi qui dois venir à lui, tu ne lui demandes pas de courir 70 mètres dans un sens, puis 70 dans l'autre, ce serait stupide."
00:29 Alors évidemment, un débat qu'on a eu souvent dans l'After, récemment avec Messi ou Bappé,
00:34 faut-il accorder une totale liberté aux joueurs décisifs, et est-ce que les joueurs qui ne courent pas ont-ils une place dans le foot moderne ?
00:40 Kevin, je te laisse, beaucoup connaissent ceux qui nous écoutent, ta théorie là-dessus,
00:44 tout le monde doit participer au jeu, tout le monde doit participer aux efforts défensifs,
00:48 est-ce que tu entends ce que dit Sans Pauli ?
00:49 Bien sûr, je l'entends, après, moi, ce n'est pas ma vision, et je pense que ce n'est pas la vision aujourd'hui de très haut niveau,
00:55 et le très haut niveau aujourd'hui, c'est Pep Guardiola, c'est Jürgen Klopp,
00:58 c'est des joueurs qui sont comme, peu importe leur statut, comme Mohamed Salah, ou à l'époque Mané,
01:04 ou aujourd'hui Darwin Nunes, on aime, on n'aime pas, mais en tout cas, c'est des joueurs qui courent avec et sans le ballon.
01:10 Maintenant, je comprends que Sans Pauli, quand il a un Valdivia en sélection, ce n'est pas pareil,
01:15 en sélection, le réservoir de joueurs est plus limité, quand tu es à Marseille,
01:19 tu as un mec qui prend 500 patates par mois, en l'occurrence Dimitri Payet, qui a du talent,
01:24 tu ne vas pas le mettre en tribune parce que derrière, tu n'as pas du tout ce qu'il faut,
01:27 mais en tout cas, je reste d'avis que pour le plus haut niveau, qu'il soit d'ailleurs en championnat,
01:32 et bien sûr sur le plan européen ou mondial, tu as besoin quand même de joueurs qui courent,
01:37 et après, il y a différents types de joueurs qui courent,
01:40 tu as le joueur de 29 ans, ce n'est pas sa qualité, il va courir, mais à chaque fois qu'il touche le ballon, il se passe un truc,
01:45 et puis tu as le joueur qui était en fin de carrière comme Payet, qui non seulement ne court pas,
01:49 mais en plus, n'est pas décisif à tous les matchs non plus,
01:52 en tout cas, ça a été le cas sur les deux dernières saisons avec Payet, un peu moins avec Sampaoli.
01:56 - Beaucoup moins avec Sampaoli.
01:57 - Voilà, j'entends son argument, mais aujourd'hui, pour moi, c'est un argument qui est obsolète.
02:03 - Simon.
02:04 - C'était Gaël Cantara récemment qui regrettait chez les confrères anglais le fait que les mecs qui, disait-il,
02:11 sont spécials avec le ballon, qui ont un rapport spécial avec le ballon,
02:14 n'aient plus leur place dans le foot actuel, et du coup, de facto, dans les 11 des grandes équipes.
02:20 - Moi, je m'intéresse vraiment parce que... - Je pense que c'est pas le même type de joueur.
02:23 - Non, mais il parlait des numéro 10, il disait pas que les joueurs comme lui étaient...
02:28 Lui, il était numéro 10 jusque dans les équipes de jeunes, et comme beaucoup...
02:31 Je pense qu'il y a plus de numéro 10 qu'on appelle "à l'ancienne" dans les équipes de jeunes,
02:36 et que c'est au niveau professionnel et au top niveau qu'ils ont disparu.
02:39 Kevin a donné quelques pistes, effectivement.
02:42 Guardiola, Messi, Ronaldo, le contre-pressing ont tué les numéro 10 à l'ancienne.
02:48 Et là où moi je suis pas d'accord avec Kevin, mais forcément je finis par heurter un mur,
02:54 tactique notamment, c'est qu'effectivement, moi je déplore la disparition du numéro 10,
02:58 moi je suis un romantique, et effectivement, le 10 à l'ancienne, tête haute,
03:01 qui fait trois tours sur lui-même avant de te lâcher une passe laser dans le dos d'une défense,
03:05 le Ricky Almey, le Platini, le Zidane, moi j'ai envie de poser cette question,
03:10 où le jeune Zinedine Zidane jouerait-il aujourd'hui sur le terrain ?
03:14 A quel entraîneur plairait-il de top niveau ?
03:16 Et est-ce qu'on réussirait à le...
03:18 Bah ouais, mais écoute, moi je pense que c'était quand même un football dans lequel...
03:23 Même dans ce football de meneur de jeu excentré, Nico, on a connu nous les 10 excentrés à Bordeaux,
03:27 tu sais, Mikko et Ben Arbia, c'est quand même...
03:30 D'accord, mais ça n'existe plus, pour X ou X raisons,
03:33 et je déplore le fait que désormais les 10 qu'on a vus ces dix dernières années,
03:38 c'est quoi, c'est des petits Zébulon qui courent partout, qui ont une dynamo incroyable,
03:42 les Montignaux, les Iniesta, les Pablo Heimar qui ont donné un petit peu cette...
03:47 - Je pense qu'on fait deux débats différents, là aujourd'hui, je pense que ce que disait Sam Paoli notamment,
03:52 c'est les joueurs qui te font la différence,
03:55 et tu dois accepter le fait qu'ils ne défendent pas.
03:59 Là, l'histoire des numéros... - Dans un jeu de possession, oui, mais encore une fois !
04:03 - L'histoire des numéros 10, pour moi c'est totalement différent,
04:05 il y a des numéros 10 aujourd'hui qui peuvent travailler sans ballon,
04:08 être dans la continuité du jeu,
04:11 or en fait moi, ce que veut dire Sam Paoli, c'est par exemple ce qu'on est en train de vivre avec Mahrez actuellement à la Coupe d'Afrique...
04:16 - J'allais te parler de Mahrez, j'allais parler de Grelich, mais mec, quoi, il est là !
04:19 - Non mais où on nous dit par exemple,
04:21 "Mahrez, c'est pas grave si tu le vois pas pendant 90 minutes,
04:24 ou si tu y défends pas, parce qu'en un coup de patte, il va te faire gagner le match."
04:30 Moi je pense que c'est ça le débat qu'on est en train de faire ce soir, c'est ce débat-là !
04:33 - C'est pour le raccord, c'est le cas, et c'est le travail défensif.
04:35 - Et moi ce débat-là, j'en en peux plus !
04:38 Je n'en peux plus, parce qu'en fait on est dans un exercice de feignantise d'analyse,
04:45 sur le fait que Mahrez, s'il ne joue pas,
04:48 s'il fait ce qu'il veut sur le terrain, il va forcément être meilleur.
04:51 Sauf que moi je suis pas d'accord avec ça !
04:52 - Avec quoi ? Parce que là c'est pas ce qui s'est passé.
04:55 - Et la même chose pour Mbappé ! Mbappé pour l'instant il fait gagner tous les matchs,
04:58 enfin, au Paris Saint-Germain il y a encore un plafond de verre,
05:01 - En championnat. - En championnat, et avec l'équipe de France,
05:03 donc on a aussi ce débat-là avec Mbappé, Mbappé il peut ne pas défendre, c'est pas très très grave,
05:07 on va essayer d'optimiser sa place, parce que c'est ce que Louis-Sidanic ait fait,
05:10 avec son poste de numéro 9, il veut pas le faire jouer à gauche parce qu'il ne défend pas.
05:14 Mais vous inquiétez pas, il va nous faire gagner les matchs, c'est ce débat-là !
05:17 Et moi ce débat-là il me dérange, c'est pas le débat du numéro 10,
05:20 c'est est-ce qu'aujourd'hui on est obligé de donner les "pleins pouvoirs" à celui qui va te faire gagner ?
05:28 Parce qu'à un moment donné il te fera plus gagner !
05:29 Parce qu'à un moment donné il y aura des matchs où, hormis Lionel Messi,
05:33 qui pour moi, ou Cristiano Ronaldo, grande époque, ils t'ont fait gagner 4-5 ligues des champions,
05:39 donc tu t'affoies et tu te dis "bon bah mon copain c'est le chemin !"
05:43 Mais sauf que des Messi, des Ronaldo, y'en a pas de fil !
05:46 - C'est quand même le débat Walid, parce que le 10 il a disparu,
05:49 et effectivement lorsque tu joues sur un côté comme Mbappé t'es obligé de défendre, y'a plus le choix !
05:53 - C'est pas le 10 qui a disparu.
05:54 - C'est quand même un petit peu le débat, du fait que les créateurs, les mecs,
05:58 qui te faisaient gagner des matchs par une inspiration géniale, une feinte, une talonnade,
06:01 une frappe en lucarne, alors que tu les avais pas vues du match,
06:04 il n'existe plus, il n'y a plus de place sur le terrain pour ces mecs-là !
06:07 - Ils existent, mais c'est pas le numéro 10 qui a disparu, c'est le football qui a changé.
06:14 - Un football où il faut courir désormais !
06:15 - Le 10 il est soit sur un côté, soit dans le cœur du jeu,
06:19 soit en 9-3, c'est la moins pire des places pour lui.
06:22 - De mes meilleurs joueurs, des joueurs que je préfère,
06:24 bon, bien sûr à part Lucas Vondritch, mais y'avait Juan Román Riquelme,
06:28 et un argentin un peu moins connu qui était Andrés D'Alessandro,
06:31 un petit gaucher. - Qui a pas eu la carrière qu'il méritait.
06:35 - Mais qui était plus un excentré, D'Alessandro.
06:37 - C'est un vrai 10, D'Alessandro. - Celui qui avait gagné les Jeux Olympiques, là ?
06:40 - Voilà. Et donc ça, c'est des joueurs qui étaient lents,
06:43 parce que le football était plus lent, donc ils pouvaient jouer dans un football plus lent.
06:47 Mais aujourd'hui, tu le vois à la Cannes, tu le vois en Ligue 1,
06:50 toutes les équipes aujourd'hui sont très bien préparées, peu importe le niveau,
06:54 tu le vois même en Conférence League, où une équipe des Îles Ferroé
06:57 arrive à tenir l'Île sur 90 minutes.
06:59 Avant, ça n'existait pas. Donc y'a eu un nivellement des valeurs,
07:01 parce qu'aujourd'hui tout le monde travaille bien, tout le monde travaille mieux.
07:04 Donc aujourd'hui, le joueur qui était lent, mais qui par sa vision, par sa vista,
07:08 arrivait à faire la diff', y'en a de moins en moins, parce que tout le monde va vite.
07:12 Et c'est ce que j'ai expliqué. - Donc aujourd'hui, un mec comme Riquelme
07:14 n'aurait pas sa place dans une grande équipe européenne.
07:16 - Pierlot, il a été obligé d'inventer le poste de numéro 10 en centième,
07:19 parce qu'il y avait déjà plus de place pour ces mecs-là.
07:21 - C'est pas le débat du soir, on fait un débat. - Un joueur un peu feignant peut toujours jouer au très haut niveau.
07:26 - Moi le débat, c'est est-ce que si tu fais gagner un match, tu as le droit de ne pas défendre ?
07:31 C'est ça le débat du soir ! - Mais regardez !
07:33 - C'est ce que un entraîneur... - De toute façon, c'est simple.
07:37 Je vais aller dans ton sens. Tu peux gagner un match avec un mec qui défend pas
07:40 pour aller chercher un gros titre, c'est très dur. Voilà. C'est simple.
07:43 - Non, mais si tu as la question, y'a pas vraiment de théorie là-dessus,
07:46 c'est de l'individu, en réalité, et ça dépend de l'effectif aussi.
07:49 Si t'as un joueur très au-dessus qui peut te faire gagner un match,
07:52 tu peux effectivement l'exempter de travail défensif ou de repli.
07:55 C'est le cabapé au P.A.G. qui est celui qui peut déclencher.
07:59 - Mais la Ligue des Champions, tu la gagnes pas comme ça ?
08:01 - Non, t'as raison, la Ligue... - Mais tu l'as gagnée avec Messi comme ça,
08:03 tu l'as gagnée avec Ronaldo comme ça, mais avec des gros collectifs aussi.
08:06 - Encore une fois, je pense que ce qui a changé, c'est que c'est de plus en plus difficile à vendre,
08:11 quel que soit le talent du mec, au reste de ton effectif.
08:14 Parce qu'encore une fois, les 10, c'est à l'ancienne, l'Eric Kiel, mais avant ça,
08:17 il y a eu des Enzo Schifo, des mecs qui jouaient à deux à l'heure,
08:21 mais qui éclairaient le jeu. Des génies, tout simplement, du foot.
08:24 Mais c'est des mecs qui jouaient, c'est des toréros, les mecs.
08:27 Mais pour placer des banderilles, il faut que ça coure autour,
08:29 et forcément, je pense que c'est de plus en plus dur.
08:31 Et on le voit, dans les vestiaires, c'est la gueule.
08:33 - Non mais les numéros 10, moi je pense que ça va revenir.
08:35 - Si tout le monde doit faire 2 km de plus par match...
08:37 - Un Odegard est un numéro 10.
08:39 - Mais il a dû reculer, Odegard !
08:41 - Mais oui, mais il joue 8 maintenant, Odegard !
08:43 - Il est 8-10, mais c'est un 10 qui est dans les circuits.
08:46 Un Isco, au Real Betis, ou même à l'époque du Real Madrid, était un numéro 10.
08:50 Un Kevin De Bruyne est un numéro 10 moderne, mais ça reste un numéro 10.
08:55 Tu as des joueurs comme ça, derrière l'attaquant...
08:58 - Un Bernardo Silva...
08:59 - Voilà ! Un Bruno Fernandez est un numéro 10.
09:02 C'est peut-être pas un numéro 10 à l'ancienne, mais c'est un numéro 10.
09:06 Et moi je pense qu'il y a, au contraire, une nouvelle génération,
09:08 notamment les Cheveri, les Henry Praes,
09:11 les mecs de 16-17 ans sur le continent sud-américain qui arrivent très très fort,
09:15 qui eux sont des numéros 10 et qui vont, je pense, moi, sur les prochaines années,
09:19 s'affirmer à ce poste-là.
09:20 Moi je pense qu'il y aura un...
09:22 En plus je voulais en faire un avis tranché...
09:24 - J'espère qu'ils vont s'adonner avec le profil qu'ils ont actuellement,
09:26 pour pas être remodelés il y a plusieurs semaines.
09:28 - En tout cas, Kevin, t'as réveillé tout le tchat sur la chaîne YouTube avec D'Alessandro,
09:33 tout le monde l'adore, évidemment.
09:34 - D'Alessandro, qui ment.
09:35 - C'est des noms les gars romantiques, Pablo Hemar, Rick Helmet, bien sûr.
09:38 - Je le dédicace à un pote à moi qui s'appelle André Sossis, c'est son surnom,
09:41 grâce à D'Alessandro qui avait un sacré pied gauche.
09:43 - Ce qui est marrant c'est que Hemar et Rick Helmet sont toujours comparés l'un à l'autre,
09:46 ils sont de la même génération, et difficile de trancher,
09:49 mais il y a quand même deux échos, c'était pas du tout les mêmes joueurs et pourtant...
09:51 - Il y a bien sûr Saviola aussi d'ailleurs.
09:52 - Bien sûr, Ortega, tout le peu avant...
09:54 - Saviola ça allait vite quand même, ça allait très très vite Saviola.
09:56 [SILENCE]

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