L'invité de 8h15
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00:00 Jeudi 25 janvier, l'invité de France Bleu, L'Euro-Océan et France 3 paye la Loire ce matin, c'est le premier adjoint à la mairie de Nantes.
00:06 Le socialiste Basset Massé, bonjour.
00:08 Bonjour.
00:09 Si vous êtes avec nous ce matin, c'est pour cette note de 20 pages sur l'immigration que vient de publier la Fondation Jean Jaurès,
00:15 ce groupe de réflexion sur la vie politique dont vous faites partie.
00:18 Note sur l'immigration, alors que le Conseil constitutionnel se prononce aujourd'hui sur la loi immigration,
00:23 plusieurs mesures pourraient être censurées.
00:26 Basset Massé, qu'est-ce que vous espérez du Conseil constitutionnel ?
00:29 Très bonne question. Alors d'abord, je précise que je vous parle en mon nom propre, en tant que citoyen éclairé sur le sujet.
00:35 Le Conseil constitutionnel, j'espère qu'il passera au crible l'ensemble de cette loi et qu'il en retirera un certain nombre de décisions, de mesures.
00:44 Lesquelles ?
00:45 Moi, je pense en particulier à la mesure qui intègre la préférence nationale dans notre système de sécurité sociale,
00:50 que je trouve, c'est juste incroyable que le gouvernement et le président aient pu laisser ça.
00:56 C'est-à-dire qu'en France, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, dans le cadre de notre sécurité sociale,
01:01 on adhère à la sécurité sociale à partir du moment où on cotise à la sécurité sociale.
01:04 Or, cette loi inscrit la préférence nationale qui vient du Rassemblement national dans le cadre de cette mécanique
01:10 et impose qu'on bénéficie de la sécurité sociale qu'au bout de deux ans et demi ou cinq ans,
01:15 au bout d'un certain nombre de mois ou d'années, on verra ce qui en sortira.
01:20 On verra la décision du Conseil constitutionnel pour la fin de l'après-midi.
01:24 J'en viens à cette note qui conclut que la gauche et en particulier les socialistes
01:29 n'ont jamais apporté de réponse claire sur le sujet de l'immigration.
01:33 Et en quelque sorte, c'est ce qui aboutit peut-être à la situation qu'on a aujourd'hui
01:38 où ça génère une forte crispation et on en arrive à une loi beaucoup plus stricte que ce qui était le cas auparavant.
01:45 Moi, ce qui m'inquiète, c'est évidemment la loi qui a été votée par le Parlement avant les fêtes.
01:51 Mais ce qui m'inquiète aussi et surtout, c'est 2027.
01:54 2027, c'est l'élection présidentielle, c'est l'élection législative qui la suit.
01:57 Et il est possible que Marine Le Pen accède au pouvoir.
02:00 Il est possible que l'ensemble des mesures qui sont mises en oeuvre dans ce pays
02:04 depuis des années et des décennies pour l'intégration, pour accueillir les exilés politiques en particulier,
02:09 tout ça peut s'évaporer du jour au lendemain s'il y a l'accès au pouvoir.
02:12 Donc moi, la question à laquelle j'essaie de répondre, moi et le co-auteur avec lequel nous avons écrit cette note,
02:16 ce à quoi on essaie de répondre, c'est cette question de la migration qui se pose aujourd'hui.
02:20 C'est une question à la fois d'immigration mais aussi une question d'intégration.
02:23 - Oui, on va y venir. Sur l'immigration, vous êtes pour une régulation de l'immigration.
02:28 Ça va peut-être faire hurler pas mal de monde à gauche.
02:30 - Oui, oui, ça fera hurler. Bon, c'est pas grave. Je suis pas en politique non plus que pour faire des sourires, recevoir des sourires.
02:36 La réalité, c'est que la gauche, en général, quel que soit le sujet, propose des règles.
02:40 Les règles qui font que c'est pas la loi du plus fort qui s'impose.
02:43 C'est le cas dans beaucoup de domaines. Par exemple, dans le monde économique,
02:45 s'agissant des flux de capitaux, des flux de marchandises.
02:47 Pour la gauche, c'est extrêmement important de réguler ces flux.
02:50 Et bien sûr, la question migratoire, c'est le même principe.
02:53 Dans une logique démocratique, on souhaite, nous, ce qu'on propose, auteurs de cette note,
02:57 c'est qu'il y ait une forme de régulation qui permette de dire
03:00 voilà ceux qui peuvent, celles qui peuvent, arriver à entrer, s'installer dans ce pays
03:04 et voilà les moyens qui doivent être mis en place pour pouvoir les prendre en compte en termes d'intégration.
03:09 - Oui, parce que l'enjeu, il est là aussi, ça m'a sais, et c'est ce que vous mettez en avant dans cette note.
03:12 Régulation, certes, mais surtout une bien meilleure intégration.
03:16 Et là-dessus, la France fait beaucoup moins bien que d'autres pays européens.
03:19 - En tout cas, on met moins de moyens.
03:21 Et quand je vois la loi telle qu'elle sort aujourd'hui,
03:23 elle ne m'explique pas comment j'améliore la capacité d'apprendre le français,
03:26 comment j'améliore la capacité, si j'arrive et que je suis étranger et que je débarque dans ce pays,
03:30 l'apprentissage de français, c'est extrêmement important.
03:32 La formation professionnelle, c'est extrêmement important.
03:34 Et puis également, le fait de rentrer dans une logique des principes républicains,
03:38 je pense, liberté, égalité, fraternité, et un certain nombre d'autres principes qui fondent cette société.
03:42 Et donc ça, ça se fait pas tout seul.
03:44 C'est parce qu'on y met les moyens pour que les nouveaux arrivants puissent intégrer ces principes
03:49 et être intégrés dans cette société.
03:51 - Question de moyens, question de volonté aussi, parce que malheureusement,
03:54 même les immigrés qui parlent bien français, qui sont bien intégrés,
03:58 ils ne sont pas toujours vus d'un bon oeil.
04:00 - Ça, c'est sûr et certain, ça fait partie du problème qu'il faut qu'on arrive à résoudre,
04:04 mais on ne le résoudra pas juste en disant "le problème n'existe pas".
04:07 Quand le problème existe, quand vous avez quand même un électeur sur deux,
04:10 un électeur de gauche sur deux, qui considère qu'il y a trop d'immigrés dans ce pays,
04:13 c'est qu'on a un problème.
04:14 Parce qu'on ne peut pas considérer qu'il y a trop d'immigrés
04:16 dans la mesure où la France est une nation de citoyens,
04:19 et quand on devient français, on est français comme les autres.
04:21 Moi, je suis arrivé en 1990, je suis français comme les autres.
04:24 Donc on a besoin de convaincre, y compris les électeurs de gauche,
04:27 y compris les électeurs de gauche, que cette question est traitée, est prise en compte,
04:30 et le meilleur moyen de le faire, c'est la question de l'intégration.
04:33 - Et donc c'est ce que vous mettez en avant dans cette note,
04:36 qui vient d'être republiée juste avant la décision du Conseil constitutionnel,
04:40 sur cette loi immigration.
04:42 Merci beaucoup Basse-Amassey, donc premier adjoint à la mairie de Nantes,
04:45 et surtout là, aujourd'hui, sur France de l'Eurocéan et France 3 pays de la Loire,
04:48 en tant que co-directeur de l'Observatoire de l'Efficacité de l'Action Publique
04:52 à la Fondation Jean de Jaurès.
04:54 Bonne journée à vous, excusez-moi.