Après une intensification de la mobilisation des agriculteurs depuis plusieurs jours, ces derniers pourraient passer à l'étape supérieure. Pourquoi le mouvement est-il parti d’Occitanie ? Qui est J.Bayle ? Caroline Baudry fait le point sur cette crise paysanne qui reçoit le soutien quasi-unanime des Français.
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00:00 Mais d'abord on va remonter ce matin à la source de la colère paysanne qui saisit la France depuis une semaine sur ce barrage,
00:05 le premier dressé dans le pays à hauteur de carbone.
00:08 Carbone avec deux N sur l'autoroute A64.
00:11 Bonjour Caroline Baudry.
00:12 Bonjour.
00:13 Envoyée spéciale pour Europe 1 à carbone dans le Volvestre.
00:16 Le Volvestre c'est l'un des nombreux terroirs de cette ancienne province de Gascogne
00:20 qui est aujourd'hui l'Occitanie.
00:22 On est à trois quarts d'heure de route au sud de Toulouse.
00:24 Caroline, pourquoi le mouvement des agriculteurs est-il parti de là et pas d'ailleurs ?
00:28 Parce que c'est une région où les exploitations sont particulièrement petites
00:32 avec des fermes qui font en moyenne 49 hectares contre 69 ailleurs.
00:35 Des agriculteurs qui gagnent en moyenne 1445 euros par mois contre 2991 euros à l'échelle du pays.
00:42 Et naturellement moins une exploitation est rentable Dimitri, plus elle est fragile
00:46 et la moindre difficulté que ce soit la hausse du prix de l'électricité ou du gazole,
00:49 une épidémie devient un problème insurmontable.
00:52 Il faut savoir que l'Occitanie est l'une des régions de France les plus touchées par le dérèglement climatique
00:56 avec des périodes de sécheresse très sévères et des pluies terribles qui sont souvent fatales aux cultures.
01:01 Donc ce n'est pas un hasard si cette crise a commencé ici,
01:04 dans une région par ailleurs où les pouvoirs publics ont beaucoup encouragé la pratique du bio
01:09 qui est en crise depuis plusieurs mois à cause de l'inflation.
01:11 Alors en Occitanie, la colère a un visage Caroline, celui de Jérôme Bayle, 42 ans, éleveur bovin.
01:17 Oui, un barbu, fort en gueule, un ancien rugbyman que personne ne connaissait il y a encore une semaine,
01:22 un colosse qui, comme disent ses amis, parle bien et avec ses tripes.
01:26 Un éleveur dont le père s'est suicidé il y a 10 ans sur l'exploitation familiale
01:30 et dont la maman toucherait 217 euros de retraite par mois.
01:33 Jérôme Bayle n'est pas encarté, c'est quand le président régional de la FNSEU ad Occitanie
01:37 a voulu mettre un terme aux manifestations que le sang de l'agriculteur n'a fait qu'un tour
01:41 et qu'il a pris la tête de l'affronte.
01:42 Moi je crèverais la tête haute, donc on est vraiment parti en bas de la pyramide
01:47 et on a secoué jusqu'en haut, jusqu'à l'Élysée, voilà.
01:49 Il faut le dire aux gens qu'en France aujourd'hui, 2 agriculteurs par jour presque se suicident par an.
01:53 Je sais pas quel corps de métier ou quelle administration accepterait ça.
01:58 Avant l'agriculteur, c'était la mère du village, c'était la personne préférée du village
02:02 parce que c'était l'agriculteur qui faisait bouffer tout le monde.
02:05 Mais ça s'est perdu tout ça.
02:06 Les agriculteurs, on a été sortis de la boucle.
02:08 Moi j'ai demandé aux gens ici d'ouvrir leur ferme,
02:11 même si c'est pas beau comme sang de l'agriculture, même si ça brille pas comme sang de l'agriculture.
02:14 Il faut montrer aux gens que les difficultés qu'on a,
02:18 du simple, du pragmatique et de la vérité.
02:22 Voilà, se f'rant parler, Caroline, on peut dire que ça marche.
02:24 Jérôme Baye, le FEDER.
02:26 Oui, je vous rappelle, les derniers sondages,
02:28 plus de 90% des Français soutiennent ce mouvement des agriculteurs.
02:32 Et ici, la solidarité est incroyable.
02:34 Les tables sont couvertes de victuailles, de dons, de véritables banquets
02:38 où chacun est invité à se servir.
02:40 Les manifestants bien sûr, mais aussi les élus, les voisins comme Gilles.
02:43 C'est un enseignant-chercheur en mathématiques.
02:45 C'est vraiment les seuls où j'irais manifester.
02:48 J'irais jamais dans une manifestation.
02:50 On se bat que pour le fric, mais c'est lamentable, le fric.
02:53 Ici, il en va de la survie, de notre mode de vie.
02:56 On veut vivre à la campagne, avec les animaux, avec les gens,
02:59 avec l'entraide, aller prendre le café chez le voisin.
03:02 On veut continuer à vivre comme on est.
03:03 Si le mouvement dure, moi je viendrai, je continuerai, je viendrai avec eux.
03:07 Sauver un mode de vie en voie de disparition pour tous les manifestants.
03:11 Un modèle de société pour lequel tout le monde ici
03:14 semble prêt à se battre jusqu'au bout.
03:15 - Voilà, Carbone sur le barrage où tout a commencé,
03:18 cette révolte agricole.
03:20 Reportage signé de l'Envoyé spécial d'Europe 1 Haute-Garonne,
03:23 Caroline Baudry. Merci beaucoup Caroline.