Crise agricole : «La colère vient de partout», prévient Véronique le Floc'h

  • il y a 7 mois

Véronique le Floc'h, présidente du syndicat Coordination rurale, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent aux engagements que le gouvernement doit prendre envers les agriculteurs qui envisagent de se mobiliser une nouvelle fois si rien ne bouge. Emmanuel Macron doit recevoir les syndicats agricoles à quelques jours du Salon de l'Agriculture.

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Transcript
00:00 - Europa, il est 6h42. - Vous circulez bien sur la route ce matin, mais les barrages de tracteurs pourraient bien revenir.
00:07 La crise agricole n'est pas derrière nous et les agriculteurs multiplient les signaux d'alerte ces derniers jours.
00:13 Emmanuel Macron va commencer à recevoir les syndicats agricoles à l'approche du Salon de l'Agriculture.
00:19 Ça commence donc aujourd'hui avec la Confédération Paysanne puis la Coordination Rurale.
00:23 - Votre invitée sur Europa, Alexandre Lemer, c'est Véronique Lefloch, la présidente de la Coordination Rurale.
00:28 Bonjour Véronique Lefloch. - Bonjour.
00:31 - C'est bien la première fois que le président va vous recevoir depuis le début de cette crise.
00:36 Qu'est-ce que vous espérez de votre rendez-vous tout à l'heure cet après-midi avec Emmanuel Macron ?
00:42 - Alors tout à fait. Donc nous y allons pour faire part, comme chaque année avant le Salon de l'Agriculture,
00:48 de la situation qui se dégrade année après année avec une désagriculturation qui s'amplifie.
00:54 Il faut finir dans la rue avec une révolte du terrain mais qui concerne cette fois-ci tous les agriculteurs,
01:00 les syndiqués, les non-syndiqués, quelles que soient les productions de l'agriculture au bio.
01:06 Donc on est vraiment tous touchés et connaître un peu l'état des lieux et savoir s'il a vraiment pris les mesures
01:16 avec son Premier ministre et le ministre de l'Agriculture, sachant qu'on a tous entendu
01:21 qu'il voulait s'assurer que tous les engagements allaient être tenus et le plus rapidement possible.
01:26 Mais ça ne suffit pas.
01:27 - Donc la question ça va être "Et maintenant il se passe quoi ? On a entendu vos annonces,
01:30 maintenant on veut des actes." C'est ce que vous allez demander au président ?
01:33 - Ah bah tout à fait. Ils ont déjà reçu une page recto verso avec de nombreuses questions.
01:38 Il s'agit de détails, de demandes de détails quant aux mesures qui ont été annoncées.
01:43 Et nous voulons avoir la garantie qu'aucune exploitation ne restera sur le bord du chemin.
01:48 On voit déjà des conditions qui pourraient exclure des agriculteurs qui étaient rentrés en procédure collective,
01:56 par exemple des redressements amiables, avant même les crises par lesquelles ils sont touchés.
02:02 Et tout ça ce n'est pas normal. Donc pour nous, il faut vraiment faire le nécessaire et rapidement parce que ça ne tient plus.
02:09 - Alors effectivement, c'est ce que vous nous dites ce matin sur "Repas", Véronique Lefloch,
02:12 ça fait écho à l'issue du rendez-vous entre Gabriel Attal hier et la FNSEA et les jeunes agriculteurs
02:18 qui disent "Bon ça s'est bien passé, on avance sur la simplification, c'est encourageant,
02:23 mais ça mérite encore de maintenir la pression à l'approche du Salon de l'Agriculture
02:27 parce que ça a encore du mal à se traduire tout ce qui a été annoncé, c'est ça en fait ?
02:30 - Oui mais en fait, si l'on regarde la situation, on se dit "D'où vient le problème ?"
02:37 Là on est en train d'essayer de solutionner les conséquences,
02:42 d'intervenir au point de vue de la trésorerie de nos exploitations, la simplification pour nous rendre viable, vivable le métier.
02:50 Mais le malaise est plus profond que ça et il date et plusieurs raisons sont à l'origine de ce mal-être.
02:57 On a d'abord la politique agricole commune qui, avec sa réforme de 92 et qui avait valu la naissance,
03:03 la création de la coordination rurale, nous a envoyé vers un système de prime de l'Europe.
03:08 Les industriels se sont donc dédouanés, n'ont plus eu besoin de nous payer la valeur qu'ils auraient dû suivre.
03:15 Année après année, nous avons nos aides de la PAC qui n'ont pas augmenté alors que nos charges, elles, elles ont augmenté.
03:22 Les industriels, eux, avec cet argent, se délocalisaient.
03:25 Donc il y a un vrai problème de répartition de la valeur.
03:29 - Puisque vous parlez de la PAC, de la politique agricole commune, de la politique européenne, Véronique Leflo,
03:35 qui est comme une avancée sur la scène européenne sur les jachères, vous avez été entendue sur ce point ?
03:39 - Alors c'est un début, c'est vraiment un détail parmi d'autres.
03:45 Ça fait partie de la volonté qu'à la France et chacun des États membres de ne pas poursuivre dans ce déclin agricole.
03:53 - Vous laisserez moins de terres en jachères que prévu, pour être clair, c'est ça qui va se produire.
03:57 - Voilà, tout à fait, avec à la place des couverts végétaux ou des protéagineux.
04:04 Mais dans tous les cas, c'est une condition qui, chaque année, prive les agriculteurs d'une partie de leur production.
04:11 - Est-ce que vous dites ce matin au président de la République, vous allez le voir tout à l'heure,
04:15 que si les choses ne se traduisent pas concrètement très vite, le salon de l'agriculture, dans moins de dix jours maintenant,
04:22 dans dix jours exactement, ça va mal se passer au salon ?
04:25 - Bah écoutez, les débordements, on ne pourra pas les éviter.
04:29 Vous savez très bien que la colère, elle vient de partout, et comme je l'ai dit tout à l'heure,
04:33 de personnes qui peuvent appartenir à une organisation syndicale,
04:38 et qui répondraient à un mouvement qui serait lancé,
04:43 alors même qu'on peut s'attendre à ce que ça puisse partir de n'importe où.
04:47 - C'est-à-dire, vous ne pourrez pas l'empêcher, mais vous n'allez pas lancer d'appel non plus à des nouvelles actions, Véronique Lefloch ?
04:53 - Alors nous, c'est déjà prévu, en fait, on sait déjà ce que l'on compte faire,
04:58 on attend juste le retour de cet après-midi pour voir l'ampleur de la démonstration que l'on pourra faire,
05:07 puisque si c'est le seul moyen pour leur faire comprendre que la situation est dramatique,
05:13 parce que nous, nous visons quand même le renouvellement de nos générations.
05:17 - Alors soyons concrets, si vous n'êtes pas satisfaites au sortir de votre réunion cet après-midi, il se passe quoi ? Qu'est-ce que vous faites ?
05:22 - Ah bah je vais pas vous dire !
05:24 On peut pas vous dire, de toute manière c'est quelque chose que l'on valide demain, nous sommes un comité directeur.
05:30 - Mais des actions en tout cas, des actions coup de poing, de nouvelles actions coup de poing.
05:33 - Alors ça c'est déjà prévu et ça continue toujours sur certains départements de France,
05:40 vous voyez les viticulteurs là dans le Gard, le Gard le 34, avec notre président Jean-François Chaperon,
05:49 ils sont plus de 300 personnes encore mobilisées, la viticulture est tellement atteinte elle aussi,
05:54 que comme je le disais tout à l'heure, c'est toutes les productions qui sont concernées.
05:59 - Et bien on va suivre de très près le résultat de votre entrevue avec le président de la République, merci Véronique Lefloch,
06:05 présidente de la coordination rurale, deuxième syndicat agricole, à quelques heures donc de votre rencontre avec Emmanuel Macron.

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