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00:00:00 [Musique]
00:00:03 C'est ici, sur Terre, que l'histoire de la vie a commencé, il y a trois milliards et demi d'années.
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00:00:13 Il a fallu des conditions extraordinaires, peut-être uniques dans l'univers,
00:00:17 pour que les premiers êtres vivants voient le jour.
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00:00:30 La vie a colonisé tous les espaces de notre planète, les océans, le ciel et les terres.
00:00:35 [Musique]
00:00:42 Mais une différence de quelques degrés suffit à bouleverser ces équilibres.
00:00:47 [Musique]
00:00:49 La première grande révolution dans l'histoire de la vie date de 450 millions d'années.
00:00:55 [Musique]
00:01:02 Pendant cette période qu'on appelle l'Ordovicien, les continents se concentrent au sud de la planète.
00:01:08 Le climat est plus chaud qu'aujourd'hui d'environ 2 degrés.
00:01:11 Les glaces sont quasi inexistantes et les océans 600 mètres au-dessus du niveau actuel.
00:01:18 C'est un monde bien différent d'une autre.
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00:01:25 En fait, il n'y avait pas de plantes terrestres et donc pas d'animaux terrestres.
00:01:29 Si l'on se promenait sur la terre ferme, à l'Ordovicien, on trouvait des lichens, des champignons, des bactéries, mais pas de plantes.
00:01:38 Aucun écosystème terrestre a proprement parlé.
00:01:42 [Bruit de moteur de voiture]
00:01:47 Dans les terres, il n'y a pas âme qui vive.
00:01:49 Mais dans les mers, après plusieurs milliards d'années de vie sous forme de bactéries, des créatures extraordinaires sont enfin apparues.
00:01:58 Les océans abritent un premier paradis.
00:02:02 [Bruit de moteur de voiture]
00:02:06 La vie explose. Dans les océans, c'est même l'effervescence.
00:02:11 À l'Ordovicien, on trouve des animaux appelés trilobites qui ressemblent à de petits cloportes.
00:02:16 Ils ont des yeux, des pattes, un corps constitué de plusieurs segments et se déplacent sur le fond marin en se nourrissant de matières organiques.
00:02:24 Il y a aussi des coraux, différents de ceux que nous connaissons.
00:02:29 Et enfin, un groupe d'animaux appelés crinoïdes, qui ressemblent à des plantes, mais ce sont bien des animaux.
00:02:37 Ils s'ancrent au fond des océans, ont une longue tige surmontée d'une fleur, qui est en fait le corps de l'animal.
00:02:45 À l'intérieur de ce calice se trouve sa bouche, son estomac et son anus.
00:02:50 Au-dessus, les pétales sont en fait de petits bras qui filtrent le plancton dont ils se nourrissent.
00:02:56 [Bruit de moteur de voiture]
00:03:01 Dans le monde de l'Ordovicien, se déplacer où et quand on veut est un privilège.
00:03:08 Seuls quelques animaux parviennent à décider de leur destination, comme ces poissons qui possèdent déjà une colonne vertébrale.
00:03:16 [Bruit de moteur de voiture]
00:03:21 Ou comme ces conodontes, qui ressemblent à des anguilles miniatures.
00:03:26 [Bruit de moteur de voiture]
00:03:31 Les ancêtres du poulpe et de la pieuvre, les céphalopodes, qui peuvent mesurer jusqu'à 10 mètres de long, se laissent dériver pour capturer leur proie.
00:03:40 [Bruit de moteur de voiture]
00:03:46 "C'était de féroces prédateurs. Imaginez, vous nagez à leur côté et vous vous faites gober.
00:03:52 Cette fois les rôles sont inversés. Ce n'est pas vous qui mangez le calamar, c'est le calamar qui vous mange."
00:03:58 [Musique]
00:04:02 Pendant des millions d'années, la vie foisonne dans les eaux peu profondes autour des continents.
00:04:08 [Bruit de moteur de voiture]
00:04:14 Mais pour une raison encore inconnue, la température des océans chute d'environ 4 degrés.
00:04:19 Un refroidissement qui suffit à bouleverser la planète.
00:04:23 [Bruit de moteur de voiture]
00:04:30 L'eau de mer qui s'évaporait et qui retombait en pluie sur les continents ne s'écoule plus vers les océans.
00:04:37 Elle s'accumule sous forme de glace.
00:04:40 [Musique]
00:04:44 "À mesure que la glace se forme, le niveau des océans baisse.
00:04:49 Et donc, dans un écosystème marin peu profond, les zones abritant les animaux diminuent et il y a risque d'extinction."
00:04:59 [Bruit de moteur de voiture]
00:05:07 "À l'échelle d'une civilisation humaine qui aurait vécu 10 000 ans, rien n'aurait été perceptible.
00:05:13 Pas plus que pour 100 civilisations humaines. Parce que la baisse du niveau de la mer et l'accumulation des glaces sont des processus naturels très lents."
00:05:23 [Bruit de moteur de voiture]
00:05:29 Après cette première vague de froid, les températures se remettent alors à grimper.
00:05:34 Les glaces fondent. Le niveau des eaux remonte.
00:05:38 Les milieux de vie sont à nouveau bouleversés.
00:05:42 Les populations déjà affaiblies sont laminées.
00:05:47 Cette double crise climatique provoque la première extinction de masse de l'histoire de la Terre.
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00:06:02 À la fin de l'Ordovicien, 85% des espèces se sont éteintes, jusqu'à leur dernier individu.
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00:06:23 Au Muséum national d'histoire naturelle à Paris, les collections de fossiles gardent la mémoire de nos mondes disparus.
00:06:31 [Bruit de pas]
00:06:36 Les extinctions de masse sont des périodes dans l'histoire de la Terre où la biodiversité va être quasiment éradiquée.
00:06:43 Et ça, dans un laps de temps relativement court.
00:06:46 À l'échelle géologique, évidemment. On parle ici de centaines de milliers d'années, voire de millions d'années.
00:06:51 [Musique]
00:07:06 Parmi les survivants de l'extinction de l'Ordovicien, il y a les nautiles, que Loïc Villiers étudie.
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00:07:19 Ils n'avaient pas encore leur forme légendaire en spirale.
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00:07:25 Leurs coquilles étaient de forme allongée et ils avaient la capacité de se déplacer.
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00:07:33 Comment ont-ils réussi à survivre alors que leur environnement se transformait ?
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00:07:44 À la fin de l'Ordovicien, quand les espaces de plateaux continentaux se réduisent et que le climat change,
00:07:52 les espèces sont forcées de se déplacer en même temps que le changement des écosystèmes qui leur sont favorables.
00:07:59 Si on prend un nautile, ces animaux de l'Ordovicien, comme les nautiles d'aujourd'hui,
00:08:05 étaient vraisemblablement capables de se déplacer en nageant.
00:08:09 [Musique]
00:08:14 Mais à l'Ordovicien, rares sont les espèces capables de fuir pour trouver des milieux de vie plus accueillants.
00:08:21 Celles qui vivent fixées au sol sont décimées, à l'exception d'une poignée de miraculées.
00:08:28 Ces crinoïdes vivent ancrés, attachés sur le fond de la mer.
00:08:33 À l'état adulte, ils sont incapables de se déplacer.
00:08:37 Comment font-ils ?
00:08:39 Ils utilisent le stade larvaire dans leur mode de déplacement,
00:08:45 où chaque individu va émettre ses gamètes dans l'eau et la reproduction se fera dans le plancton.
00:08:51 Dans le plancton, les larves pourront flotter pendant une semaine, deux semaines, trois semaines,
00:08:55 et se déplacer ainsi au gré des courants.
00:08:58 Quand elles retombent, ou bien elles trouvent un environnement favorable et elles se développent, ou bien elles meurent.
00:09:03 C'est comme ça que ces animaux arrivent à se déplacer et à migrer en même temps que les changements environnementaux.
00:09:10 Les crinoïdes, comme les nautiles, sont deux groupes qui ont survécu à la fin de l'Ordovicien.
00:09:19 La migration des espèces est une course contre la montre.
00:09:28 Aujourd'hui, ce déplacement d'une génération à l'autre est visible sur le flanc de nos montagnes.
00:09:34 Alors que le climat se réchauffe, les plantes à fleurs remontent le long des pentes escarpées,
00:09:44 toujours plus en altitude, vers un air plus frais.
00:09:48 Elles colonisent des endroits où elles sont plus proches de la nature.
00:09:55 Elles colonisent des endroits où elles étaient totalement absentes il y a encore quelques années.
00:10:00 Elles entraînent avec elles les insectes et les petits rongeurs qui s'en nourrissent.
00:10:08 Mais cette migration a ses limites.
00:10:14 Plus on grimpe en altitude, plus les surfaces se réduisent, diminuant d'autant les populations.
00:10:22 Lorsque le climat se dérègle, pouvoir se déplacer devient une question de survie.
00:10:28 Parmi les quelques espèces qui sont parvenues à fuir, il en est une bien particulière, le poisson osseux.
00:10:43 L'extinction de masse de la fin de l'Ordovicien a éliminé 85% des espèces.
00:10:49 Mais ce poisson osseux, lui, va se frayer un chemin singulier dans l'arbre de la vie.
00:10:55 Ses descendants vont se diversifier et donner naissance à tous les vertébrés qui ont existé.
00:11:02 Le poisson osseux est un des plus grands animaux de la planète.
00:11:08 Il est donné naissance à tous les vertébrés qui ont existé.
00:11:12 Sans lui, aucun dinosaure n'aurait foulé le sol terrestre.
00:11:17 Aucun oiseau ne volerait dans le ciel d'aujourd'hui.
00:11:24 Aucun mammifère, aucun serpent n'aurait existé.
00:11:31 Et aucun être humain n'aurait pu raconter l'histoire de la vie.
00:11:36 Entre chaque extinction, la vie évolue dans des milliards de formes différentes.
00:11:41 Chaque famille, chaque groupe, chaque espèce forme un gigantesque arbre foisonnant.
00:11:48 Il y a toujours des gagnants à la loterie des extinctions.
00:11:55 Et ce sont ces survivants qui vont se multiplier et déclencher une nouvelle évolution.
00:12:01 Pour comprendre de façon simple les extinctions de masse, il faut considérer les survivants comme des gagnants.
00:12:08 Leurs descendants sont ceux qui repopleront la Terre à la période suivante.
00:12:13 Après une extinction de masse, un monde ne renaît jamais à l'identique.
00:12:23 Quelques dizaines de millions d'années après l'hécatombe de l'Ordovicien,
00:12:29 les survivants ont engendré une ère nouvelle, le Dévonien.
00:12:35 C'est un monde nouveau avec de nouvelles proies, de nouveaux prédateurs.
00:12:55 Dans les océans, on appelle cette période l'âge des poissons, car les poissons ont évolué, se sont diversifiés.
00:13:02 Et certains sont énormes. L'un des plus grands poissons de tous les temps s'appelle le Dincléostéus.
00:13:09 Le Dincléostéus est le super prédateur de l'âge des poissons au sommet de la chaîne alimentaire.
00:13:24 La plupart des autres animaux peuvent devenir ses proies, tout comme ses propres congénères.
00:13:31 Au muséum d'histoire naturelle de Paris, sa mâchoire est exposée sous la forme d'un moulage grandeur nature.
00:13:53 C'est l'arme d'un prédateur redoutable.
00:13:57 Le paléontologue Gaël Clément étudie les placodermes, la grande famille à laquelle appartient le Dincléostéus.
00:14:08 Cet animal fait partie du groupe des placodermes, c'est-à-dire qu'il a des plaques osseuses épaisses situées sous la peau.
00:14:18 Ici, on a les mâchoires avec des formes pointues qui ne sont pas des dents, parce qu'à l'époque, les dents n'existaient pas.
00:14:25 C'est vraiment l'os de la mâchoire qui présente cette forme de tenaille pour pouvoir écraser et découper les proies dont il se nourrissait.
00:14:33 Nous avons ici cette cuirasse, cette véritable armure sur le crâne, sur le thorax, mais il faut imaginer un animal qui pouvait atteindre 9 à 10 mètres de long.
00:14:44 Nous avons ici un modèle au 1/10 du Dincléostéus.
00:14:48 On retrouve ici le crâne, le thorax et ce corps qui est puissant et musculeux et qui lui permettait de poursuivre ses proies dans les océans du Dévonien.
00:15:05 L'apparition des mâchoires est un événement évolutif très important, puisque pour la première fois, les organismes avaient des possibilités d'avoir différentes sources d'alimentation.
00:15:15 Certains broutaient des algues, souvent de petite taille, d'autres broyaient des mollusques, des arthropodes, et là, les tailles, on peut dire qu'elles étaient intermédiaires.
00:15:25 Et après, on avait des prédateurs, d'autres vertébrés, tels que Dincléostéus, qui est vraiment le summum au niveau de la taille et de la puissance, en tant que méga-prédateur des Placodermes.
00:15:35 Si le Dincléostéus n'existe plus que dans les musées, c'est qu'un nouveau cataclysme a fait vaciller la vie.
00:15:52 Cette fois-ci, c'est sur les terres que le scénario d'une catastrophe s'enclenche.
00:15:57 Alors que jusque-là, seules quelques mousses jonchaient les roches, des fougères et des arbres jaillissent de terre.
00:16:16 Aux Devoniens, on passe de rien à des forêts. C'est donc à cette période qu'on observe enfin un environnement terrestre qui commence à ressembler à ce que nous connaissons.
00:16:26 Mais la transpiration des arbres provoque les premières grandes pluies continentales.
00:16:42 Les torrents emportent les détritus organiques issus de la végétation jusque dans les océans.
00:16:49 Ces nutriments provoquent un appauvrissement de l'oxygène dissous dans l'eau.
00:16:56 Un refroidissement général et un fort volcanisme aggravent encore la crise.
00:17:11 Les ressources alimentaires de tous les animaux marins s'amenuisent.
00:17:15 La chaîne alimentaire est entièrement déréglée jusqu'à son sommet.
00:17:24 Le Dincléostéus, le super prédateur du Devonien, n'a plus rien à croquer.
00:17:31 Une des hypothèses c'est que les placodermes étaient déjà assez diversifiés par rapport à leur écologie, par rapport à leur mode alimentaire.
00:17:40 C'est-à-dire que sans doute ceux qui broyaient les algues étaient adaptés à un certain type d'algues,
00:17:44 ceux qui broyaient les monusques à un certain type de monusques,
00:17:47 et les méga-prédateurs, comme par exemple le Dincléostéus, à un certain type de proies également.
00:17:52 À partir du moment où on change l'environnement, les proies dans toute la chaîne alimentaire se réduisent en quantité,
00:18:00 et quand il n'y a pas de possibilité d'aller s'alimenter sur un autre groupe, il y a de très grandes chances de disparaître suite à ces crises.
00:18:07 [Bruit de vent]
00:18:10 Le dérèglement des chaînes alimentaires est typique des crises écologiques.
00:18:24 Le destin des uns dépend de celui des autres.
00:18:32 Aujourd'hui, la disparition progressive des forêts en Écosse n'est plus la conséquence des coupes de bois par les humains.
00:18:38 C'est un effet indirect lié au dérèglement global d'un écosystème.
00:18:45 Ces cerfs qui semblent sur leur garde n'ont en fait plus à craindre aucun prédateur.
00:18:55 Le dernier loup des forêts écossaises a été abattu en 1680.
00:19:02 Désormais, les cerfs broutent tranquillement chaque nouvelle pousse d'arbre dont ils raffolent.
00:19:08 C'est ainsi que l'éradication du loup par les hommes au XVIIe siècle a pour conséquence la régression des forêts trois siècles plus tard.
00:19:23 [Bruit de vent]
00:19:26 La crise du Devonien a entraîné la disparition de trois quarts des espèces marines.
00:19:37 Mais sur les terres, les forêts sont désormais luxuriantes.
00:19:46 Elles pourraient devenir un garde-manger inépuisable pour ceux qui parviendraient à s'y aventurer.
00:19:53 En fait, vous avez donc toute une variété de poissons qui évoluent en eau peu profonde.
00:20:06 Leurs nageoires ont une forme de lobe et en observant leurs fossiles, on aperçoit des os dans ces nageoires.
00:20:15 Et c'est cette lignée de poissons qui a finalement évolué pour devenir les amphibiens.
00:20:20 Lorsque disparaissent les aliments auxquels on est habitué, changer de menu est une stratégie de survie.
00:20:39 Ce tictalique, un descendant du poisson osseux qui avait survécu à la première grande extinction de l'Ordovicien,
00:20:46 a de nombreux atouts pour s'aventurer sur les terres et profiter de leurs ressources alimentaires.
00:20:52 Il possède des branchies pour respirer dans l'eau, mais également un poumon pour survivre à l'air libre.
00:21:00 Et quatre nageoires robustes qui vont devenir des pattes.
00:21:06 C'est pendant le Devonian que les vertébrés évoluent d'une forme exclusivement marine à une forme terrestre.
00:21:16 En gros ce sont des poissons qui ont appris à marcher sur la terre ferme.
00:21:21 Alors que les océans sont devenus irrespirables, une espèce de poisson va sortir la tête de l'eau.
00:21:33 Les sarcopthérigiens, qui descendent des survivants de la première extinction, résistent à leur tour à la deuxième et s'aventurent sur les terres.
00:21:43 C'est une nouvelle histoire de la vie qui commence.
00:21:58 [Musique]
00:22:16 Au Permien, les grands arbres se développent et grâce à la photosynthèse, l'air se remplit d'oxygène, la vie terrestre s'épanouit.
00:22:26 [Musique]
00:22:29 Au même moment, les continents se rapprochent et forment un supercontinent, la Pangée.
00:22:36 Un immense territoire à explorer s'ouvre aux animaux terrestres.
00:22:42 Mais hors de l'eau, soulever son propre poids demande des efforts considérables.
00:22:53 Et contrairement à la température des océans, celle de l'air peut varier de 40 degrés selon l'heure de la journée.
00:23:01 Pour mieux protéger leur progéniture, les gorgonopsiens pondent les premiers oeufs à coquilles dures.
00:23:09 Tous les premiers animaux terrestres se déplacent à quatre pattes, on les appelle les tétrapodes.
00:23:18 Ce sont les ancêtres des grands reptiles, des dinosaures et des mammifères.
00:23:24 Il y avait des animaux qui ressemblaient à de grands iguanes, avec une très grande voile sur le dos.
00:23:36 C'était en fait une extension de leur vertèbre.
00:23:39 Cette voile servait soit à impressionner le sexe opposé, soit à réguler la température du corps.
00:23:46 En la positionnant par rapport au soleil, elle permettait d'absorber la chaleur ou au contraire de s'en protéger.
00:23:53 Ces pélicosaures qui se pavantent avec leur voile flamboyante côtoient les dix cynodontes dont l'allure est sans égale.
00:24:15 Des tétrapodes pourvus d'un bec.
00:24:18 Leurs deux longues dents leur servent à arracher les racines dont ils se nourrissent.
00:24:26 Ces énormes herbivores peuvent eux-mêmes être les proies des plus grands prédateurs de l'apongée,
00:24:33 comme le titanophonéus ou tueur titanesque.
00:24:37 Des reptiles qui peuvent atteindre cinq mètres de long.
00:24:44 [Cris d'animaux]
00:24:47 Et dans les mers, cent millions d'années après l'asphyxie des océans, une nouvelle faune s'est épanouie.
00:25:08 [Musique]
00:25:11 Nous aurions tous adoré faire de la plongée sous-marine aux Permiens.
00:25:19 Les océans étaient remplis de créatures incroyables.
00:25:22 Il y avait des coraux, des céphalopodes, les poissons étaient devenus plus gros et les premiers requins étaient apparus.
00:25:28 L'un des plus étonnants était un animal appelé hélicoprion.
00:25:36 Il avait une rangée de dents plantées en spirale dans sa mâchoire inférieure.
00:25:39 Et lorsqu'elle se refermait sur sa mâchoire supérieure, elle coulissait comme une scie circulaire.
00:25:44 Quand il attrapait une proie, il la découpait en deux et la dévorait.
00:25:49 La taille des dents fossilisées de l'hélicoprion laisse penser qu'il pouvait atteindre douze mètres de long.
00:25:59 [Musique]
00:26:02 Sur les terres et dans les mers, la biodiversité du Permien est foisonnante comme jamais.
00:26:11 Et pourtant ce monde est condamné à disparaître.
00:26:22 Toutes ces espèces vont être balayées par la catastrophe naturelle la plus dévastatrice que la Terre ait connue à ce jour.
00:26:29 Un cataclysme qui va transformer ce paradis terrestre en enfer pendant des millions d'années.
00:26:48 C'est dans l'actuel Sibérie que tout a basculé il y a 250 millions d'années.
00:26:53 Ces grandes falaises en escalier qu'on appelle les traps ont été formées par des coulées de lave successives sur des dizaines de milliers d'années.
00:27:17 Pour étudier les liens entre le volcanisme et les crises des écosystèmes, le géologue Patrick Deveyvert se rend en Islande,
00:27:24 où le paysage garde encore la marque vive d'un épisode volcanique plus récent.
00:27:30 Alors ici on a des laves cordées. Alors ça s'appelle des laves cordées tout simplement parce que ça ressemble à des cordes.
00:27:40 Ça se fende parce que la lave est très fluide. C'est le genre de volcanisme qu'on trouve aujourd'hui en Islande, à Hawaï,
00:27:47 et que l'on connaît très bien dans les traps de Sibérie. C'était le même type de volcanisme, bien plus violent là-bas,
00:27:52 mais c'est le même type de roche. C'est quand même une roche qui est fondue, donc ça s'écoule à 1 200 degrés.
00:27:59 Alors on imagine qu'outre la température, il y avait des gaz qui accompagnaient cela.
00:28:04 [Musique]
00:28:14 L'Islande est une île entièrement formée à partir des écoulements de lave.
00:28:19 Elle compte aujourd'hui encore des dizaines de volcans actifs.
00:28:30 C'est un laboratoire à ciel ouvert pour les géologues.
00:28:57 Quand il y a une émission de lave, dans la masse, il y a des trous.
00:29:00 Et ces trous correspondent à des gaz, parce qu'en même temps que le magma, sortent des gaz.
00:29:05 Alors il y a différents types de gaz. Il y a de l'eau, il y a des oxydes de soufre, et il y a du gaz carbonique.
00:29:11 L'eau, on sait que c'est un gaz à effet de serre, donc ça a tendance à réchauffer la température.
00:29:18 Le gaz carbonique aussi, ça a tendance à réchauffer la température.
00:29:21 Mais les oxydes de soufre ont un double effet.
00:29:24 D'une part ça donne des pluies acides, et puis ça voile la partie du soleil.
00:29:28 Ça provoque une baisse de température et une quantité de lumière qui diminue,
00:29:33 donc diminution de la photosynthèse.
00:29:35 Donc peut-être moins de plantes en tout cas, voire disparition de quelques plantes.
00:29:39 Mais les animaux se nourrissent de plantes.
00:29:42 Donc moins de plantes, des animaux meurent, ceux qui sont herbivores,
00:29:47 et puis bien sûr ceux qui se nourrissent d'autres animaux, les carnivores eux aussi.
00:29:51 [Musique]
00:30:10 Depuis l'âge des civilisations humaines,
00:30:12 c'est en Islande qu'a eu lieu la plus effroyable éruption volcanique.
00:30:16 [Musique]
00:30:22 Neuf mois d'écoulement de lave ininterrompue ont façonné le paysage.
00:30:27 [Musique]
00:30:31 Ici en Islande, en 1783, il y a eu un volcanisme qui s'est installé.
00:30:37 Ça s'est fait le long d'une fissure.
00:30:39 Il y a 135 volcans qui se sont mis à fonctionner en même temps,
00:30:43 et qui ont émis des laves qui sont du même type que celles des laves que l'on connaît dans les traves de Sibérie.
00:30:49 [Bruit de vent]
00:30:54 Les conséquences directes de cette éruption, c'est qu'il y a eu plus de 50% du cheptel animal,
00:31:00 les vaches et chevaux, etc., qui sont disparus.
00:31:03 Et donc ça en est suivi, bien sûr, une répercussion sur l'homme, et 20% de la population est morte.
00:31:07 Mais il y a eu des répercussions jusqu'en Europe centrale, et même au nord des États-Unis.
00:31:12 [Musique]
00:31:16 En Islande, c'est un volcanisme qui a émis 12 km3 de lave.
00:31:21 Donc 12 km3, c'est 4 km sur 3 km sur 1 km d'épaisseur.
00:31:26 Les traves de Sibérie, c'est 4 millions de km3.
00:31:30 C'est l'équivalent de la surface de la France sur 6 à 7 000 mètres de haut.
00:31:35 [Musique]
00:31:45 Ici, c'était 9 mois, et sur les traves de Sibérie, c'était plutôt de l'ordre de millions d'années.
00:31:50 Donc forcément, ici, on voit qu'il y a des influences sur l'ensemble de l'Europe.
00:31:54 Mais de l'autre côté, il y a eu une influence sur la totalité de la planète.
00:31:58 [Musique]
00:32:19 L'extinction du Permien est la mère de toutes les extinctions.
00:32:23 Beaucoup de nos amis qui ont traversé tout le paléozoïque disparaissent définitivement comme les trilobites.
00:32:31 Et c'est la même chose pour beaucoup d'autres organismes marins qui avaient pourtant survécu aux précédentes extinctions.
00:32:37 Désolé pour vous, les gars.
00:32:40 [Musique]
00:32:53 Et pourtant, si nous sommes là pour raconter la troisième extinction de masse, c'est que la ligne de vie ne s'est pas tout à fait rompue.
00:33:01 [Musique]
00:33:08 C'est en Chine, dans la province de Zhejiang, qu'on trouve la Coupe de Meishan.
00:33:13 Une façade rocheuse formée naturellement qui rend hommage à l'incroyable résistance de la vie.
00:33:19 [Musique]
00:33:23 Les sédiments qui se sont déposés par couches successives au fil du temps racontent l'histoire de l'extinction.
00:33:29 Les couches inférieures datent d'avant la crise et regorgent de fossiles, alors que les couches supérieures se sont formées après.
00:33:38 [Musique]
00:33:40 Et là, la vie semble avoir disparu.
00:33:44 [Musique]
00:33:47 Le professeur Shen, paléontologue à l'université de Nanjing, a contribué à mettre en valeur ce site géologique exceptionnel
00:33:55 pour l'ouvrir aux paléontologues du monde entier, comme Sylvie Kraska.
00:34:00 Depuis dix ans, la chercheuse française y vient régulièrement pour percer le secret des survivants du Permien.
00:34:08 [Musique]
00:34:20 On peut donc voir qu'ici, les roches sont très riches et très abondantes en fossiles.
00:34:30 Ça veut dire que jusqu'à la toute fin du Permien, les animaux marins sont encore en vie.
00:34:37 C'est ce qu'on peut voir ici.
00:34:40 Les animaux et les organismes marins survivent jusqu'ici et soudain, ils disparaissent.
00:34:50 C'est seulement dans les années 1980, après avoir longtemps fouillé les sédiments à la recherche d'une trace de vie,
00:34:58 que les paléontologues ont trouvé les restes de quelques rescapés, des mâchoires de tout petits êtres vivants.
00:35:05 Sur cette limite, nous avons trouvé quelques fossiles, et plus particulièrement de minuscules fossiles de conodontes,
00:35:14 que nous appelons Indéodus parvus.
00:35:18 [Musique]
00:35:27 Indéodus parvus, c'est donc une pièce buccale de conodontes, un vertébré primitif,
00:35:32 et cet Indéodus parvus doit faire en gros un millimètre de longueur,
00:35:36 et qui est ici reproduit au sommet de cette statue, à peu près multiplié 2000 fois par rapport à sa taille réelle.
00:35:46 Il est tellement important dans ce parc qu'on peut le retrouver sur toutes les plaques qui délimitent ici cette barrière et ce passage.
00:35:57 La mâchoire du conodonte, érigée en statue impériale, est devenue le symbole d'un nouveau départ de la vie.
00:36:05 [Musique]
00:36:23 En Chine centrale, sur le site de Thudia, Sylvie Kraskin et sa collègue Marie-Béatrice Forel
00:36:29 partent à l'aventure à la recherche d'autres survivants qu'elles avaient repérés lors d'une précédente expédition.
00:36:36 [Musique]
00:36:41 Mais dix années se sont écoulées, et leurs souvenirs leur jouent des tours.
00:36:47 [Musique]
00:36:51 D'après les données GPS, nous sommes au bon endroit.
00:36:54 La végétation a beaucoup changé.
00:36:57 Depuis le temps qu'il n'y a plus de terrasses.
00:37:00 Ah, j'aperçois des affleurements.
00:37:03 [Musique]
00:37:07 Wow !
00:37:09 Oh, très beau, oui.
00:37:11 Des macrophones, des gastéropodes, des brachiopodes.
00:37:17 [Musique]
00:37:19 Oui, on a de très beaux coraux.
00:37:22 [Musique]
00:37:27 Ah oui, c'est très très beau.
00:37:30 Très diversifié.
00:37:32 Donc là définitivement on est dans le Permien supérieur.
00:37:35 Je pense que le trias doit être juste au-dessus.
00:37:37 Oui, c'est parti.
00:37:40 Les nouveaux prélèvements que souhaitent faire les deux paléontologues doivent s'étaler de part et d'autre de cette limite.
00:37:46 On est dans le Permien.
00:37:50 En comparant les individus d'un même groupe avant et après la crise,
00:37:54 les deux chercheuses pourraient observer la manière dont ils se sont adaptés à un monde asphyxié par des dizaines de milliers d'années de volcanisme.
00:38:04 Je suis aperçue des calcaires.
00:38:07 On va descendre pour aller voir.
00:38:11 Je vais aller voir la partie haute.
00:38:13 [Musique]
00:38:24 Oui, nous sommes toujours dans le Permien, avec plein de fossiles.
00:38:29 Brachiopode, une taille assez importante.
00:38:32 J'ai l'esprit de la coquille.
00:38:35 Ce qui prouve que la vie était bien là, bien présente, bien développée.
00:38:38 [Musique]
00:38:46 On va aller voir ce qui se passe là-haut.
00:38:49 Ici, de belles structures microbiennes, avec ici peut-être un dernier banc de Permien.
00:38:53 Il faudrait casser pour être sûre.
00:38:55 La limite est quelque part par là.
00:38:58 On y est.
00:39:00 [Musique]
00:39:18 Ici, on a toute une série de bivalves, qui sont relativement grands aussi pour l'époque.
00:39:25 Est-ce que vous avez trouvé la limite, Marie ?
00:39:27 Oui, ici le banc pour lequel on avait un doute, c'est déjà du trias, des microbialites.
00:39:33 Donc la limite va se trouver en dessous.
00:39:35 À la base, oui.
00:39:37 [Musique]
00:39:41 On va avoir un changement de faune très brutal, juste entre le Permien et le trias.
00:39:46 C'est-à-dire que toutes ces faunes qu'on trouve ici, qui sont quand même de grande taille,
00:39:50 tous ces bivalves, ces brachiopodes vont brutalement disparaître.
00:39:54 On va passer d'un monde où tout le monde était bien, pouvait se développer,
00:39:58 à quelque chose d'un milieu beaucoup plus stressé, beaucoup plus stressant pour les organismes.
00:40:02 [Bruits de pas]
00:40:08 Échantillon du banc de la base.
00:40:11 Donc le 47 dans le tout premier banc.
00:40:15 Pour que la vie perdure, pour que les groupes puissent se développer
00:40:20 et continuer à passer les événements néfastes, il faut qu'ils aient un potentiel adaptatif absolument phénoménal.
00:40:26 Je pense qu'on voit des choses qui pourraient être des ostracodes, Marie.
00:40:31 Ah bon ?
00:40:33 Les ostracodes en fait sont des petits crustacés absolument magiques
00:40:38 et ils vont avoir cette force d'adaptation en étant capables de s'adapter
00:40:43 à ces milieux les plus négatifs et les plus stressants de l'histoire du globe.
00:40:48 On fait un échantillonnage banc par banc pour l'état qu'il nous provient ?
00:40:52 Oui.
00:40:53 Ce sera plus intéressant ?
00:40:55 C'est le milieu permien.
00:40:57 De toute façon, on devrait pouvoir se raccorder avec ce qu'on a dans d'autres localités.
00:41:01 Et réussir à localiser la limite de façon un peu plus précise ?
00:41:04 Oui, tout à fait.
00:41:06 L'extinction du Permien est sans égale.
00:41:11 La Terre a été entièrement dévastée.
00:41:15 Dans ces conditions, fuir est inutile.
00:41:18 Il n'y a plus ni refuge, ni ressources.
00:41:22 Seule l'adaptation des organismes à ces conditions extrêmes
00:41:26 peut leur permettre de survivre.
00:41:29 De génération en génération, il faut muter.
00:41:44 Prépiat, en Ukraine, est une ville fantôme
00:41:47 abandonnée par ses habitants après l'accident nucléaire
00:41:50 de la centrale de Tchernobyl en 1986.
00:41:54 Pourtant, malgré la radioactivité, la vie s'est redéployée.
00:42:04 Les scientifiques ont constaté que certains arbres ont réagi
00:42:12 en modifiant la chimie de leurs cellules pour protéger leur ADN,
00:42:16 montrant la capacité de la vie à s'adapter aux environnements hostiles.
00:42:38 Comment les ostracodes se sont-ils transformés
00:42:41 pour faire face au cataclysme du Permien ?
00:42:45 C'est dans son laboratoire parisien de Jussieu
00:42:48 que Sylvie Kraskin tente de comprendre leur stratégie d'adaptation.
00:42:53 Je suis en train d'observer des ostracodes
00:42:56 qui sont présents à la toute fin du Permien,
00:42:59 juste avant les événements d'extinction majeure.
00:43:07 Si on prend la longueur maximale de l'individu,
00:43:10 on voit qu'il fait 450 microns, c'est-à-dire 1/2 mm,
00:43:15 ce qui est une taille tout à fait raisonnable
00:43:17 pour un ostracode du Permien terminal.
00:43:34 Ici, on a un spécimen qui est du tout premier banc du trias,
00:43:40 donc vraiment la période de survie.
00:43:43 On voit donc ici qu'on a un spécimen qui est à 250 microns,
00:43:51 donc on a perdu pratiquement la moitié en taille
00:43:53 par rapport à ceux du Permien terminal.
00:43:57 Juste après la crise, les conditions vont être extrêmement stressantes,
00:44:01 donc on peut considérer que les ostracodes vont se mettre
00:44:03 dans un mode économie d'énergie,
00:44:05 c'est-à-dire qu'ils vont réduire au maximum leur métabolisme
00:44:08 pour consommer justement moins d'énergie,
00:44:10 et donc c'est pour ça qu'on va avoir des formes qui vont être plus petites,
00:44:13 avec des œufs qui vont être plus petits également,
00:44:16 et avec des cycles de reproduction qui vont être beaucoup plus courts
00:44:20 que ce qu'on observe en général dans le paléozoïque.
00:44:30 La crise du Permien a balayé plus de 95% des espèces
00:44:35 jusqu'à leurs derniers représentants.
00:44:38 Les quelques survivants sont réduits à un mode de survie élémentaire.
00:44:44 Et pourtant, tant qu'une lignée n'est pas totalement rompue,
00:44:50 il reste une chance qu'elle se régénère,
00:44:53 se diversifie, et donne naissance à de nouvelles espèces.
00:44:57 C'est le cas des oursins, autres miraculés de la 3ème grande extinction.
00:45:03 Les sous-sols du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris
00:45:12 en préservent des centaines de spécimens.
00:45:15 Nous sommes ici devant un échantillon de la diversité des oursins
00:45:23 tel qu'on peut les rencontrer aujourd'hui dans les océans.
00:45:26 On en compte à peu près un millier d'espèces.
00:45:29 Et dans ces milliers d'espèces, il y a une immense diversité
00:45:32 de formes, de comportements, de modes de vie, de lieux de vie,
00:45:35 depuis la côte jusqu'aux abysses.
00:45:37 Et dans cette diversité d'oursins, on se rend compte
00:45:40 que tous partagent un grand nombre de caractères.
00:45:43 Comme les piquants, par exemple, qui s'expriment différemment suivant les cas.
00:45:46 Ici, nous avons des piquants qui sont très gros, robustes.
00:45:49 Ici, nous avons des piquants qui sont longs et fins.
00:45:52 Ces caractères sont hérités d'un ancêtre commun.
00:45:55 Un ancêtre commun que l'on sait aujourd'hui,
00:45:58 daté d'environ à peu près 250 millions d'années,
00:46:01 c'est-à-dire à la charnière entre le Permien et le Trias.
00:46:05 Si on s'intéresse à la morphologie de ces oursins,
00:46:08 et qu'on retire les piquants,
00:46:11 parmi les formes actuelles, on trouve des oursins comme celui-ci.
00:46:14 Cet oursin comme celui-ci ressemble énormément
00:46:17 aux oursins que l'on rencontre dès le Trias.
00:46:20 En fait, ces morphologies-là
00:46:23 sont les morphologies ancestrales des oursins.
00:46:26 Parmi les formes qui ressemblent à celles-ci, on trouve un genre
00:46:29 qui s'appelle Myocidaris, et qui est le seul genre d'oursins
00:46:32 connu avant la crise du Permien-Trias
00:46:35 et après la crise du Permotrias.
00:46:38 En quelque sorte, tous les oursins qu'on voit ici sont les héritiers
00:46:41 de cet ancêtre commun qui est le survivant de la crise Permotrias.
00:46:44 Un seul survivant,
00:46:47 une immense diversité qui a réussi à se rediversifier.
00:46:51 (musique douce)
00:46:54 -Aujourd'hui, 250 millions d'années après la crise
00:47:05 qui a failli les faire disparaître,
00:47:08 il existe 1 000 000 d'espèces d'oursins.
00:47:19 Comment de nouveaux mondes parviennent-ils
00:47:22 à éclore sur les ruines du passé ?
00:47:25 Dans le cas des feux de forêt que nous connaissons aujourd'hui,
00:47:37 les insectes sont parmi les premiers animaux
00:47:40 à repeupler les paysages dévastés.
00:47:48 Ils attirent leurs prédateurs et dispersent des graines
00:47:51 provenant des alentours verdoyants.
00:47:54 En un ou deux siècles,
00:48:01 les forêts redeviennent aussi riches
00:48:04 que celles qui étaient parties en fumée.
00:48:16 Mais les extinctions de masse touchent la globalité de la Terre.
00:48:19 La vie ne peut plus reprendre à l'identique.
00:48:22 De nouvelles espèces doivent se former
00:48:28 et recréer des écosystèmes inédits.
00:48:31 Ni quelques siècles, ni quelques millénaires ne suffisent.
00:48:34 Des millions d'années sont nécessaires
00:48:37 à l'émergence d'un nouveau monde.
00:48:43 Après l'hécatombe du Permien,
00:48:46 c'est une biodiversité totalement différente qui va émerger.
00:48:49 Sur la Terre ferme,
00:49:01 les rares tétrapodes qui ont survécu,
00:49:04 descendant des premiers vertébrés terrestres,
00:49:07 engendreront reptiles, dinosaures et mammifères.
00:49:10 Des millions d'années plus tard,
00:49:13 au début du Trias,
00:49:16 les branches de l'arbre de la vie foisonnent à nouveau.
00:49:19 Le Trias est une période d'une extraordinaire vitesse.
00:49:36 Les écosystèmes de la Terre sont en train de se transformer
00:49:39 dans une période d'une extraordinaire innovation,
00:49:42 car à la fin du Permien, la vie a été balayée.
00:49:45 On repart quasiment de zéro, la vie redémarre de presque rien.
00:49:48 Le Trias est une période incroyable
00:50:00 où tout se diversifie à nouveau,
00:50:03 sous des formes et des aspects très variés.
00:50:06 C'est un arrêt étonnant au Trias.
00:50:09 Dans les océans, des reptiles marins ont fait leur apparition,
00:50:15 comme l'ichthyosaure,
00:50:18 qui parcourt les mers à la recherche de poissons ou de calamars.
00:50:33 Les coraux et les récifs s'épanouissent à nouveau.
00:50:36 Les ammonites prolifèrent,
00:50:41 tout comme les oursins et les étoiles de mer.
00:50:49 Dans les airs,
00:50:52 battent les ailes des premiers ptérosaures,
00:50:55 des reptiles volants.
00:50:58 Et sur les continents,
00:51:01 dans des forêts de guénie,
00:51:04 des animaux qui vivent dans les forêts de guénie.
00:51:07 Les animaux vivent dans les forêts de guénie.
00:51:10 Les animaux vivent dans les forêts de guénie.
00:51:13 Les animaux vivent dans les forêts de guénie.
00:51:16 Et sur les continents,
00:51:19 dans des forêts de conifères,
00:51:22 prospèrent de lourds herbivores à carapace.
00:51:25 Les animaux terrestres du Trias que je préfère
00:51:28 sont les aétosaures.
00:51:31 Ils ressemblent à de gros lézards
00:51:38 et ont la taille d'un crocodile.
00:51:41 Ils possèdent une lourde cuirasse
00:51:44 mais ils ont une bouche et des dents minuscules.
00:51:47 Voilà donc un animal qui a développé toute une armure
00:51:50 juste pour se nourrir de végétation.
00:51:53 Tout ça pour ça.
00:51:56 Cette carapace protectrice
00:51:59 est le signe de la présence de prédateurs redoutables.
00:52:02 Comme l'agile colophysis
00:52:05 qui chassait probablement en meute.
00:52:12 Le colophysis est l'un des tout premiers dinosaures.
00:52:15 Mais ce n'est que des dizaines de millions d'années plus tard
00:52:31 que commencera vraiment leur règne.
00:52:34 Après qu'une nouvelle extinction leur laisse le champ libre.
00:52:40 Il y a 200 millions d'années, l'Europe et l'Afrique
00:52:43 se séparent du continent américain
00:52:46 pour donner naissance à l'océan Atlantique.
00:52:49 La Terre entre à nouveau dans une période de volcanisme.
00:52:55 C'est la quatrième extinction de masse
00:53:06 et l'éradication de 80% des espèces.
00:53:09 Pourtant ces mouvements sont aussi le symbole
00:53:18 de la formidable capacité de la Terre
00:53:21 à faire émerger de nouvelles formes de vie.
00:53:24 Les dinosaures survivent, les mammifères survivent,
00:53:34 les pterosaures survivent.
00:53:37 Toutes ces lignées se retrouvent maintenant là,
00:53:40 sur la Terre ferme, en compétition.
00:53:44 [Musique]
00:53:47 En Afrique du Sud, dans le Free State,
00:54:08 les roches gardent la mémoire de cette renaissance.
00:54:12 Celle d'un monde dominé par les animaux les plus gigantesques
00:54:15 qui n'est jamais existé.
00:54:18 Le paléontologue Jonas Schwanier
00:54:28 et ses étudiants de l'université de Witz de Johannesburg
00:54:31 collectent des fossiles de dinosaures
00:54:34 provenant à la fois du Trias et du Jurassique
00:54:37 pour mieux comprendre la transition entre les deux périodes.
00:54:40 [Musique]
00:54:43 Quand tu creuses à l'intérieur des couches,
00:55:09 tu n'as pas le côté.
00:55:12 Si tu creuses verticalement et que tu tombes sur un fossile,
00:55:15 tu risques de l'écraser.
00:55:18 Donc c'est mieux de creuser latéralement.
00:55:21 Si on remonte vers les couches supérieures,
00:55:24 on se rapproche de nous dans le temps.
00:55:27 Les roches au sommet sont plus jeunes
00:55:30 et les roches au-dessus le sont encore plus.
00:55:33 Ça va être bon. Je pense qu'on est bon.
00:55:36 Pendant que ses étudiants achèvent l'extraction d'un fossile du Trias,
00:55:41 Jonas part à la recherche de sédiments du Jurassique
00:55:44 pour de prochaines fouilles.
00:55:47 [Musique]
00:55:51 [Musique]
00:55:54 Ces roches sont du Jurassique.
00:56:13 Elles ont donc environ 200 millions d'années.
00:56:16 Ici, on peut voir les os d'un dinosaure de type sauropode.
00:56:20 On voit un os de la jambe ici.
00:56:23 Et là, ça rentre tout droit dans la roche.
00:56:26 Ce dinosaure est mort ici.
00:56:29 Il a été recouvert de sable et de sédiments.
00:56:32 On pourrait sûrement trouver tout son squelette.
00:56:37 En dessous de nous, dans les roches du Trias,
00:56:43 on peut voir des animaux de différents types.
00:56:46 Mais durant le Jurassique, les dinosaures deviennent beaucoup plus communs.
00:56:50 Et presque tout ce qu'on retrouve ici, c'est du dinosaure.
00:56:53 Immédiatement après l'extinction, les dinosaures sont petits.
00:56:56 Puis très rapidement, leurs corps deviennent énormes.
00:56:59 En quelques millions d'années, vous avez des animaux
00:57:02 deux fois plus grands que les éléphants d'aujourd'hui.
00:57:05 [Bruit de moteur]
00:57:08 Au Trias, tout le monde a sa chance.
00:57:11 Dans le Jurassique, il est clair que les dinosaures sont les grands gagnants.
00:57:14 [Bruit de moteur]
00:57:17 [Bruit de clavier]
00:57:20 - OK, doucement.
00:57:23 Un, deux, trois.
00:57:26 - C'est bon, les gars ?
00:57:29 - Salut ! - Salut !
00:57:32 - Alors, vous l'avez sorti ? Super ! Il n'est pas abîmé ?
00:57:35 - Non, tout va bien. - Non, on n'a rien cassé.
00:57:38 - C'est une bonne constante, là.
00:57:41 Allez, on en a déjà récupéré un plus gros.
00:57:44 Vous êtes prêts ? - Oui. - À trois.
00:57:47 Faites attention devant vous.
00:57:50 [Musique]
00:57:53 [Musique]
00:57:56 [Musique]
00:57:59 [Bruit de moteur]
00:58:02 C'est à l'université de Wits, à Johannesburg,
00:58:05 qu'on a conservé la plupart des fossiles des collections sud-africaines
00:58:08 depuis une centaine d'années.
00:58:11 La richesse de ces collections
00:58:14 témoigne de la variété des espèces du Jurassique.
00:58:17 - Salut, Timmy. - Salut.
00:58:20 - Tu peux m'aider ?
00:58:23 - Génial.
00:58:26 - Ça vient du site d'Hilbo.
00:58:29 Je t'en avais déjà parlé.
00:58:32 - Oui, c'est ça.
00:58:35 - C'est un site de l'université de Wits.
00:58:38 - C'est un site de l'université de Wits.
00:58:41 - Oui, c'est ça.
00:58:44 - C'est un site de l'université de Wits.
00:58:47 - Oui, c'est ça.
00:58:50 - C'est un site de l'université de Wits.
00:58:53 - Oui, c'est ça.
00:58:56 - C'est un site de l'université de Wits.
00:58:59 - Oui, c'est ça.
00:59:02 - C'est un site de l'université de Wits.
00:59:05 - Oui, c'est ça.
00:59:08 - C'est un site de l'université de Wits.
00:59:11 - Oui, c'est ça.
00:59:14 - C'est un site de l'université de Wits.
00:59:17 - Oui, c'est ça.
00:59:20 - C'est un site de l'université de Wits.
00:59:23 - Oui, c'est ça.
00:59:26 ...
00:59:31 - Les fossiles que vous voyez sont les os de l'Edoumahadie mafoubée,
00:59:35 un dinosaure géant d'Afrique du Sud,
00:59:38 qui a vécu au Jurassique il y a 200 millions d'années.
00:59:41 Et ceci est l'os de son pied.
00:59:44 C'est le seul spécimen connu alors qu'on cherche des dinosaures
00:59:47 en Afrique du Sud depuis plus de 150 ans.
00:59:50 ...
00:59:53 - Dans la langue sissoutou,
00:59:56 l'Edoumahadie signifie "coup de tonnerre géant",
00:59:59 et mafoubée signifie "aube".
01:00:02 Donc, ce nom signifie "coup de tonnerre géant à l'aube".
01:00:05 ...
01:00:08 En étudiant ces os,
01:00:11 on sait que cet animal pesait 12 tonnes.
01:00:14 C'est incroyable.
01:00:17 Les dinosaures ont atteint un détail énorme
01:00:20 et ont des tailles énormes.
01:00:23 ...
01:00:26 On pense qu'il marchait à 4 pattes,
01:00:29 en fait, comme un éléphant moderne,
01:00:32 mais avec une allure bien plus imposante.
01:00:35 Ce dinosaure est un sauropode.
01:00:38 On sait qu'il avait un long cou et de petites têtes,
01:00:41 un corps géant où il stockait la nourriture qu'ils avaient avalée.
01:00:44 ...
01:00:47 ...
01:00:50 ...
01:00:53 - Un dinosaure comme le Lédoumahadie
01:00:56 a dû bénéficier de l'ouverture des espaces laissés vacants
01:00:59 à la fin de l'extinction du Trias.
01:01:02 Les dinosaures ont pu rayonner
01:01:05 il y a environ 200 millions d'années.
01:01:08 Ils ont comblé tous les espaces vides dans l'écosystème.
01:01:11 Depuis, des herbivores géants,
01:01:14 en passant par les dinosaures carnassiers,
01:01:17 ils ont dominé la Terre pendant 150 millions d'années.
01:01:20 ...
01:01:23 ...
01:01:26 ...
01:01:29 Presque anéantie à la fin du Permien,
01:01:32 la vie s'est entièrement renouvelée.
01:01:35 ...
01:01:38 ...
01:01:41 ...
01:01:44 Une végétation d'un nouveau type apparaît,
01:01:47 les plantes à fleurs.
01:01:50 Avec elles, les insectes pollinisateurs se multiplient.
01:01:53 C'est un cercle vertueux
01:01:56 où l'apparition d'une nouvelle espèce
01:01:59 favorise le développement d'une autre.
01:02:02 Les herbivores grandissent et se diversifient
01:02:05 et avec eux, les carnivores qui les dévorent.
01:02:08 ...
01:02:11 ...
01:02:14 ...
01:02:17 ...
01:02:20 ...
01:02:23 ...
01:02:26 ...
01:02:29 Ces gigantesques sauropodes
01:02:32 sont les plus grands animaux que la Terre ait connus.
01:02:35 ...
01:02:38 ...
01:02:41 Certains pouvaient atteindre 30 m de long,
01:02:44 6 m de haut et peser 88 tonnes.
01:02:47 C'était des animaux impressionnants.
01:02:50 ...
01:02:53 Le crétacé est la période de la démesure.
01:02:56 ...
01:02:59 ...
01:03:02 ...
01:03:05 ...
01:03:08 ...
01:03:11 ...
01:03:14 ...
01:03:17 ...
01:03:20 ...
01:03:23 ...
01:03:26 ...
01:03:29 Les animaux des océans
01:03:32 sont tout aussi gigantesques
01:03:35 comme ces plésiosaures de féroces prédateurs.
01:03:38 ...
01:03:41 ...
01:03:44 ...
01:03:47 ...
01:03:50 Ou encore le mosasaure,
01:03:53 un reptile long de 18 m.
01:03:56 ...
01:03:59 ...
01:04:02 ...
01:04:05 ...
01:04:08 Les dinosaures dominèrent le monde
01:04:11 pendant 160 millions d'années.
01:04:14 Deux périodes géologiques, le Jurassique
01:04:17 puis le Crétacé.
01:04:20 ...
01:04:23 ...
01:04:26 ...
01:04:29 ...
01:04:32 Aujourd'hui, leurs seuls descendants sont les oiseaux.
01:04:35 ...
01:04:38 Quelle force de la nature
01:04:41 a mis fin au règne des géants terrestres ?
01:04:44 ...
01:04:47 ...
01:04:50 Après le Crétacé, le monde du Paléocène
01:04:53 commence à ressembler au nôtre.
01:04:56 ...
01:04:59 Mais l'Inde, qui n'est pas encore rattachée
01:05:02 au continent asiatique, subit un épisode volcanique
01:05:05 violent qui rappelle celui de Sibérie.
01:05:08 ...
01:05:11 ...
01:05:14 Les trapses du Décan témoignent
01:05:17 d'éruptions étalées sur plusieurs millénaires.
01:05:20 Elles datent d'environ 65 millions d'années,
01:05:23 une époque qui recouvre
01:05:26 la disparition des dinosaures.
01:05:29 ...
01:05:32 Jusqu'aux années 1980,
01:05:35 la disparition du monde des dinosaures
01:05:38 était généralement imputée à ce nouvel épisode volcanique.
01:05:41 Jusqu'à ce qu'émerge une nouvelle hypothèse.
01:05:44 ...
01:05:47 Une cause extraterrestre.
01:05:50 Un scénario à la démesure des animaux légendaires
01:05:53 qu'elle aurait décimé.
01:05:56 ...
01:05:59 -En 1980, a émergé l'idée folle
01:06:02 qu'un astéroïde avait heurté la planète
01:06:05 et provoqué l'extinction des dinosaures.
01:06:08 On a tous pensé que c'était complètement abracadabra.
01:06:11 Des petits hommes verts auraient tué nos dinosaures,
01:06:14 une attaque d'astéroïdes, n'importe quoi.
01:06:17 On a tous bien rigolé et pensé que c'était une blague.
01:06:20 ...
01:06:23 -Une blague que certains scientifiques ont prise au sérieux.
01:06:26 ...
01:06:29 A l'ouest du Canada, dans les Badlands,
01:06:32 le paléontologue François Thérien du musée royal de Tyrel
01:06:35 fouille depuis plus de 10 ans les sédiments.
01:06:38 ...
01:06:41 ...
01:06:44 Cette vallée creusée par la Red Deer River
01:06:47 a permis aux scientifiques de déterrer
01:06:50 des milliers de squelettes de dinosaures.
01:06:53 Et une couche de sédiments que François Thérien a analysée
01:06:56 raconte une histoire passionnante.
01:06:59 ...
01:07:02 ...
01:07:05 Alors, vous voyez ici
01:07:08 cette couche couleur saumon.
01:07:11 C'est la ligne qui marque la fin de l'ère des dinosaures
01:07:14 et le début de l'ère des mammifères.
01:07:17 ...
01:07:20 Pour les géologues et les paléontologues, cette couche ici
01:07:23 préserve un registre d'un événement catastrophique,
01:07:26 un impact météoritique qui eut lieu voilà 66 millions d'années.
01:07:29 À toute base, on trouve les derniers pollens des dernières plantes
01:07:32 à avoir poussé au Crétacé,
01:07:35 suivi d'iridium, qui est un élément très rare
01:07:38 à la surface de terre, mais très abondant dans les météorites.
01:07:41 Cette couche ici mesure entre 1 et 3 cm d'épaisseur.
01:07:44 Et au-dessus, on trouve
01:07:47 les débris de poussière qui sont déposés hors de l'atmosphère
01:07:50 dans les 10 années qui ont suivi l'impact météoritique.
01:07:53 Donc, pour les paléontologues et les géologues,
01:07:56 cette ligne-ci marque l'extinction des dinosaures.
01:07:59 (musique)
01:08:02 Pourtant, à la fin du XXe siècle,
01:08:05 le scénario extraterrestre
01:08:08 ne convainc pas encore tous les scientifiques.
01:08:11 Il manque à la démonstration la preuve de l'impact,
01:08:14 le cratère creusé par la météorite.
01:08:17 Les scientifiques partent à sa recherche.
01:08:20 Chaque cratère est analysé et daté,
01:08:23 mais aucun d'entre eux
01:08:26 ne coïncide avec l'extinction des dinosaures.
01:08:29 Ce sont finalement 2 géologues
01:08:32 d'une compagnie pétrolière
01:08:35 qui découvrent par hasard, près des côtes mexicaines,
01:08:38 dans la péninsule du Yucatan,
01:08:41 un cratère d'un diamètre de 177 km
01:08:44 et qui date de 66 millions d'années.
01:08:47 (musique)
01:08:50 Le scénario de la plus célèbre des apocalypses
01:08:53 se précise.
01:08:56 - Imaginez, vous êtes sur Terre,
01:09:02 il y a 66 millions d'années.
01:09:05 Vous vous promenez dans une magnifique forêt.
01:09:08 Un triceratops broute juste à côté de vous.
01:09:11 Votre seul souci,
01:09:14 c'est d'éviter de tomber nez à nez avec un tyrannosaure Rex.
01:09:17 Mais pour l'instant, tout va bien, la vie est belle.
01:09:20 Soudain,
01:09:23 l'espace donne un instant, une lumière aveuglante
01:09:26 et vous êtes mort.
01:09:29 (bruit d'un avion)
01:09:32 (bruit d'un avion)
01:09:35 (bruit d'un avion)
01:09:38 L'impact de cet astéroïde a été exceptionnel.
01:09:41 Car contrairement aux extinctions précédentes,
01:09:44 celle-ci a été globale
01:09:47 et instantanée.
01:09:50 En fait, il n'a fallu qu'une ou deux secondes à l'astéroïde
01:09:53 pour traverser l'atmosphère.
01:09:56 (bruit d'un avion)
01:09:59 (bruit d'un avion)
01:10:02 L'astéroïde s'est littéralement vaporisé lors de l'impact.
01:10:05 Il n'en reste que de la roche fondue et fragmentée.
01:10:08 Et tout ça se retrouve propulsé
01:10:11 vers l'orbite basse de la Terre.
01:10:14 Au-dessous, la Terre continue de tourner.
01:10:17 Et tandis que tous ces débris retombent dans l'atmosphère
01:10:20 et sur le sol, la température augmente,
01:10:23 le ciel bouillonne. Toute cette chaleur provoque des incendies.
01:10:26 (bruit d'un avion)
01:10:29 (bruit d'un avion)
01:10:32 Où que vous soyez sur la Terre,
01:10:35 en quelques heures, vous êtes touché.
01:10:38 Si vous êtes en Amérique du Nord,
01:10:41 votre sort a été réglé dès la première explosion.
01:10:44 La fumée se répand partout.
01:10:47 La poussière bloque la lumière du soleil.
01:10:50 Si vous êtes une plante, plus de photosynthèse.
01:10:53 Si vous êtes un grand animal et que vous avez survécu à l'explosion initiale,
01:10:56 vous n'avez plus rien à manger.
01:10:59 Vous ne passerez pas l'hiver.
01:11:02 (bruit d'un avion)
01:11:05 (bruit d'un avion)
01:11:08 (bruit d'un avion)
01:11:11 (bruit d'un avion)
01:11:14 Un tremblement de terre de magnitude 13 se déclenche,
01:11:17 puis un gigantesque tsunami.
01:11:20 Une pluie de roches se disperse sur des centaines de kilomètres.
01:11:23 Les océans aussi sont touchés et leur chimie bouleversée.
01:11:26 Le phytoplankton disparaît pendant des mois.
01:11:29 Le zooplankton est anéanti.
01:11:32 La chaîne alimentaire marine est estimée.
01:11:35 (bruit d'un avion)
01:11:38 (bruit d'un avion)
01:11:41 Au total, les trois quarts des espèces ont disparu.
01:11:44 (bruit d'un avion)
01:11:47 (bruit d'un avion)
01:11:50 Tous les grands dinosaures sont rayés de la carte.
01:11:53 (bruit d'un avion)
01:11:56 (bruit d'un avion)
01:11:59 (bruit d'un avion)
01:12:02 (bruit d'un avion)
01:12:05 Les terres des Badlands, au Canada,
01:12:08 sont comme l'immense cimetière de ce monde disparu.
01:12:11 (bruit d'un avion)
01:12:14 Les sols regorgent de fossiles de dinosaures.
01:12:17 (bruit d'un avion)
01:12:20 (bruit d'un avion)
01:12:23 Ces eaux que déterre l'équipe de François Thérien
01:12:26 sont probablement ceux d'un hypacrosaure,
01:12:29 un membre de la famille des dinosaures à bec de canard.
01:12:32 (souffle)
01:12:35 Chaque fouille témoigne de la luxuriance d'un monde
01:12:40 que les dinosaures dominés s'empartagent.
01:12:44 (bruit de la bouche)
01:12:47 - Si les dinosaures avaient survécu à leur extinction
01:12:50 vers les 66 millions d'années,
01:12:52 sûrement qu'ils auraient continué à régner sur la Terre
01:12:55 pendant des millions d'années.
01:12:57 Ils auraient maintenu une grande pression sur les mammifères
01:13:00 et les auraient empêchés d'évoluer.
01:13:02 (musique douce)
01:13:04 Mais les mammifères, à la fin du Crétacé,
01:13:06 étaient tous très petits, de la grosseur d'une souris.
01:13:09 Donc, c'est certain que les gros prédateurs,
01:13:11 comme le tyrannosaure rex,
01:13:13 ne se nourrissaient pas de ces mammifères-là.
01:13:15 (musique douce)
01:13:17 Donc, c'est certain que les mammifères
01:13:19 ont eu la liberté de pouvoir évoluer
01:13:21 et de pouvoir s'adapter à toutes les niches écologiques
01:13:24 qu'ils ont libérées lors de l'extinction des dinosaures.
01:13:27 (musique douce)
01:13:29 - Le Musée royal Tyrell, au Canada,
01:13:39 conserve une des plus importantes collections de dinosaures au monde,
01:13:43 dont le plus redoutable d'entre eux, le tyrannosaure rex.
01:13:49 (musique douce)
01:13:52 Mais les scientifiques étudient aussi les animaux qui leur ont succédé.
01:13:57 (musique douce)
01:13:59 Craig Scott, directeur de la préservation et de la recherche du musée,
01:14:09 est spécialisé dans l'étude des mammifères du paléocène.
01:14:13 - Je suis principalement paléodentiste,
01:14:19 car la grande majorité des spécimens que j'examine sont des dents.
01:14:23 Les fossiles de mammifères que nous avons répertoriés
01:14:31 sont en grande partie des dents.
01:14:33 Vous avez parfois des mâchoires et parfois des restes postcraniens.
01:14:37 Mais pour les mammifères de cet âge et plus vieux,
01:14:40 on ne trouve que des dents.
01:14:46 En regardant ces dents et leur forme,
01:14:49 on voit que cet animal mangeait probablement des aliments résistants,
01:14:53 peut-être des insectes à carapace dure ou même des mollusques,
01:14:57 c'est-à-dire des coquilles d'escargots ou des crabes.
01:15:01 Et je peux aussi dire, en regardant ces dents,
01:15:06 qu'elles ressemblent beaucoup à celles de hérissons ou de musaraignes adultes.
01:15:11 (musique douce)
01:15:14 Les mammifères qui ont survécu à la 5e extinction de masse
01:15:18 avaient la taille d'un rat.
01:15:20 Mais les fossiles que Craig Scott a découverts
01:15:23 montrent la vitesse avec laquelle ils vont évoluer,
01:15:26 se diversifier et grandir,
01:15:28 en profitant des niches écologiques laissées vacantes par les dinosaures.
01:15:33 Il s'agit du crâne d'un animal appelé le crâne de la terre.
01:15:41 Il s'agit du crâne d'un animal appelé le pantodonte.
01:15:45 Les pantodontes étaient de grands herbivores ressemblant à des hippopotames.
01:15:49 Ils vivaient au Paléocène et à l'Éocène.
01:15:52 Ils représentent le groupe de mammifères ayant atteint la plus grande taille au Paléocène.
01:15:59 Certains d'entre eux ont atteint la taille d'une très grosse vache.
01:16:03 Les canines très élargies, que vous voyez là,
01:16:08 sont plus généralement chez les mammifères carnivores.
01:16:11 Mais en fait, cet animal était un herbivore.
01:16:14 Ses prémolaires et ses molaires ont une grosse couronne
01:16:17 et leurs crêtes très tranchantes.
01:16:19 Il est donc probable que cet animal se nourrissait de végétation.
01:16:23 Dans les 15 ou 20 millions d'années qui ont suivi l'extinction,
01:16:34 les mammifères sont passés d'animaux de taille moyenne,
01:16:37 probablement celles d'un petit lapin,
01:16:39 à des animaux semblables aux hippopotames actuels.
01:16:43 C'est un écart énorme.
01:16:45 Et à peine 10 millions d'années plus tard,
01:16:47 les mammifères sont devenus encore plus grands
01:16:49 et ont atteint une taille équivalente à celle des éléphants et des rhinocéros actuels.
01:16:54 Les grandes extinctions sont les révolutions de l'histoire de la vie.
01:17:01 Jamais le fil ne s'est totalement rompu.
01:17:04 Mais à cinq reprises, les bouleversements ont été si violents
01:17:09 qu'une nouvelle ère s'est ouverte.
01:17:11 De nouvelles branches de l'arbre de la vie se sont déployées
01:17:26 pour donner naissance à des mondes nouveaux.
01:17:29 [Musique]
01:17:49 Aujourd'hui, les requins sont toujours les super-prédateurs des océans
01:17:54 depuis que le fameux Dunclosteus s'est éteint.
01:17:58 Quelques crinoïdes sont encore visibles.
01:18:02 Ils ont d'ailleurs appris à se déplacer.
01:18:05 Les oursins, quant à eux, sont plus variés que jamais.
01:18:22 Et sur les terres, issues d'un petit animal survivant d'une apocalypse,
01:18:28 les mammifères occupent tous les espaces.
01:18:32 Certains retournent même dans les mers.
01:18:40 Ils évoluent dans des formes variées, adaptées à tous les climats, à tous les environnements.
01:18:49 C'est une diversification rapide et abondante.
01:18:54 65 millions d'années après la dernière extinction,
01:19:00 le monde sauvage a retrouvé la même diversité.
01:19:04 C'est un sixième paradis terrestre à nul autre pareil.
01:19:14 Et parmi cette multitude, un jour,
01:19:18 une espèce de primate s'est dressée sur ses pattes arrières.
01:19:23 Après les dinosaures, les êtres humains vont dominer la Terre
01:19:28 comme nul autre espèce avant eux.
01:19:32 Certaines lignées importantes par le passé ont disparu.
01:19:37 Elles n'ont pas survécu, mais elles ont été détruites.
01:19:41 Elles n'ont pas survécu aux extinctions.
01:19:44 Aujourd'hui pourtant, nous vivons dans un monde composite,
01:19:48 peuplé d'humains, d'arbres, de poissons, d'oiseaux, de primates.
01:19:52 On peut remonter chacune de ces lignées et trouver à quel moment la chance leur a souri.
01:19:57 À quel moment leurs ancêtres ont survécu aux grandes extinctions.
01:20:01 À quel moment ils se sont diversifiés.
01:20:04 Nous sommes tous des survivants.
01:20:09 Les êtres humains ont appris à comprendre la fragilité du monde.
01:20:14 Ils observent la planète et son évolution.
01:20:20 Ils surveillent les écosystèmes parce qu'ils savent qu'ils en dépendent.
01:20:25 Ils scrutent le ciel et la trajectoire d'astéroïdes menaçants.
01:20:35 Peut-être un jour seront-ils capables de les détourner.
01:20:39 Mais la prochaine grande extinction pourrait venir d'ailleurs.
01:20:46 [Musique]
01:21:09 Il est indéniable que nous vivons une crise de la biodiversité
01:21:13 dont le rythme n'a pas été vu sur Terre depuis des millions d'années.
01:21:18 Ce qui est alarmant aujourd'hui, c'est qu'on se rendra compte
01:21:25 qu'il s'agit bien d'une extinction de masse qu'après coup.
01:21:28 Et il sera bien trop tard.
01:21:31 Toutes les crises précédentes ont eu des causes naturelles,
01:21:39 que ce soit le volcanisme, des changements climatiques ou même des impacts météoritiques.
01:21:43 Mais la différence avec la crise actuelle, c'est qu'elle est exclusivement créée par l'homme.
01:21:47 Donc elle est beaucoup plus imprévisible et beaucoup plus dramatique.
01:21:50 À chaque extinction, on voit qu'une ou deux espèces deviennent dominantes.
01:21:55 Et c'est ce que nous constatons aujourd'hui.
01:21:57 L'humanité se développe au détriment des autres animaux de la planète.
01:22:01 [Musique]
01:22:13 L'échelle temporelle dont nous parlons pour la crise actuelle est incroyablement rapide.
01:22:17 Bien plus que tout ce que nous avons connu auparavant.
01:22:20 L'homme détruit sa planète à une vitesse absolument phénoménale.
01:22:24 Puisqu'on voit, nous, à notre échelle humaine, disparaître des espèces.
01:22:28 [Musique]
01:22:33 Les plantes, les mousses, les oiseaux, les poissons, les abeilles, la liste est longue.
01:22:38 Le fait de ne pas comprendre que nous sommes en étroits liens avec tous ces organismes-là,
01:22:45 va amener à terme potentiellement la disparition de l'homme lui-même.
01:22:48 [Musique]
01:22:53 Dire que nous nous ferons partie des survivants, je n'en suis pas du tout convaincue.
01:22:59 Mais la vie va perdurer, bien sûr, sous d'autres formes.
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01:23:11 Quoi qu'il arrive, la vie va se régénérer sur Terre et cela ne prendra que quelques millions d'années.
01:23:16 Mais qui seront les acteurs du prochain chapitre de l'histoire de la vie sur cette planète ?
01:23:21 Personne ne le sait.
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