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Jean-Marc Morandini sur CNews depuis un barrage d'agriculteurs: Les larmes d'une agricultrice qui craque en évoquant son quotidien et ses difficultés - Regardez

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Transcription
00:00 — Je sais pas si vous avez des enfants ? — Oui.
00:02 — Et ils veulent prendre la suite ou pas ? — J'en ai un qui veut suivre.
00:06 — Et vous faites la grimace en le disant ? — Ah oui, parce que je suis pas pour.
00:09 — Ah bon ? — Mais qu'est-ce que vous voulez qu'on leur donne, derrière ?
00:12 Si on continue comme ça, vous voulez qu'on leur donne quoi, derrière ? Bah rien, en fait.
00:18 Donc... Non, en fait, oui, il fait des études agricoles, mais... on sait pas où on va, quoi.
00:26 — Ça veut dire que vous êtes prêts à laisser tomber cette génération qui est la vôtre,
00:30 votre famille, qui a toujours fait l'agriculture. Aujourd'hui, vous vous dites
00:34 « Il faut arrêter, parce qu'on peut plus ». — Par dépit, oui. Pas par envie,
00:39 parce que l'envie de travailler en agricole, elle est toujours là. Mais en fait, ça devient plus possible.
00:45 — Et ils disent quoi, vos enfants, justement, quand ils voient le nombre d'heures que vous faites,
00:48 quand ils voient également le salaire que vous dégagez, qu'est-ce qu'ils vous disent ?
00:52 — Bah on pense les dégoûter, quand on fait ça, quand on a pas de week-end pour eux, quand...
01:01 Mais en fait, non, ils s'accrochent et ils veulent le faire, quoi. Parce que... Bah parce que c'est les racines,
01:07 parce que voilà. Ils sont nés dedans et ils veulent continuer. — Ça vous touche, quand vous en parlez ?
01:12 — Bah ouais, parce que c'est un métier qu'on adore, et ça serait dommage qu'il disparaisse.
01:19 — Qu'est-ce que vous leur dites, à vos enfants ? Vous êtes fiers d'eux ? — Ouais. Exactement. Tout à fait.
01:27 Non, c'est super beau, parce qu'on a... Bah ils ont pas toujours eu une vie facile.
01:32 Se lever tôt le matin parce que j'habitais loin, on n'est pas partis forcément tout le temps en vacances.
01:39 Et ils veulent quand même... Bah j'en ai un qui veut quand même le faire, quoi. C'est quand même beau.
01:44 — Vos larmes sont touchantes. Et franchement, c'est très émouvant de voir ces larmes.
01:50 Mais c'est quoi ? C'est des larmes de désespoir, en fait ? — Ouais. Exactement.
01:55 Comment voulez-vous qu'on s'en sorte à l'heure d'aujourd'hui ? C'est... En fait, c'est impossible.
02:03 — La faute à qui ? — Au gouvernement, à l'UE. Voilà, on a...
02:12 Si on avait les mêmes normes que tous les autres pays européens, déjà, on s'en sortirait peut-être un peu mieux.
02:17 C'est pas le cas à l'heure d'aujourd'hui, et je pense que ça sera jamais le cas.
02:20 Et on restera là tant qu'il aura pas fait ce qu'il faudra, quoi.
02:25 — On sent le désespoir, on sent la tristesse, la volonté de se battre, et en même temps, le désespoir,
02:30 y a un peu tout dans votre regard. — Bah en fait, on est là pour sauver notre métier, quoi.
02:36 Donc non, on restera jusqu'à temps qu'on obtienne ce qu'on veut.
02:42 — Vous pouvez nous montrer comment vous êtes installés ? Allez. On va venir avec vous, parce que c'est...
02:47 C'est vrai que c'est... Attendez, attendez. Hop, j'arrive avec vous et avec le micro. Allez-y.
02:51 — Y a rien qui a été déchargé, donc c'est compliqué de passer. — Ouais...
02:54 Ah oui, alors au fond, c'est votre lit, c'est ça ? — Palette et matelas. Et couettes pour dormir.
03:05 — Et... Bah, rien pour chauffer ? — Non, rien pour chauffer. On a les couettes, ça va, c'est bon.
03:10 Bien habillés, avec les couettes, ça passe. — C'est « roots », comme on dit.
03:15 — C'est bon. (Rires) — Aujourd'hui, vos enfants vous soutiennent, dans ce que vous faites, là, dans ce mouvement ?
03:21 — Mon grand, qui est en école agricole, il est là tous les soirs. Il vient, il passe tous les soirs, il nous soutient.
03:35 — Ça va aller ? — Il finit ses journées de travail et il m'enjoint. Voilà.
03:40 — Bon. Vous êtes super. Franchement, j'ai envie de vous embrasser. (Rires) Bon courage.

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