Les Vraies Voix responsables avec Jean Pierre Luminet, astrophysicien, Olivier Sanguy, responsable actualités spatiales à la cité de l’espace, Philippe Mathias, astronome au Pic du Midi, Karl Antier, géophysicien et collaborateur au programme Vigie-ciel
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2024-01-31##
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2024-01-31##
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06 On vous souhaite la bienvenue avec Philippe David dans les vraies voies responsables
00:09 et ce soir on vous emmène dans les étoiles jusqu'à 20h avec Philippe David.
00:15 Observez l'univers, c'est regarder vers le passé et l'avenir de l'exploitation minière des astéroïdes
00:22 nous projette dans une épopée scientifique et industrielle sans précédent.
00:25 Nous voilà donc au seuil d'une ère où les ressources terrestres pourraient être suppléées par celles de l'espace.
00:32 On va faire le point avec Jean-Pierre Luminet sur plein de choses, astrophysicien que nous sommes très heureux d'accueillir dans quelques instants.
00:40 Une dizaine d'engins devraient visiter la Lune en 2024, y tourner autour, se poser ou y rouler,
00:44 incluant une mission habitée en orbite qui a été repoussée à 2025.
00:48 On a marché sur la Lune, c'était le titre d'un Tintin et ça s'était passé pour la première fois en 1969.
00:53 On va remarcher sur la Lune, c'est a priori pour le début des années 2030 et on en parlera avec Olivier Sanguy,
00:58 responsable d'actualité spatiale à la Cité de l'Espace.
01:01 Et puis l'Observatoire du Pic du Midi se distingue dans un domaine de l'étude du Soleil et des planètes,
01:05 reconnu aussi pour son excellence scientifique, en particulier grâce au télescope Bernard Elliot,
01:10 le premier observatoire au monde dédié à l'étude du magnétisme des étoiles,
01:16 avec Philippe Mathias qui sera avec nous, astronome de ce Pic du Midi.
01:20 Et Vigisciel est un programme de science participative conçu pour encourager le public
01:24 à observer les étoiles filantes, à rechercher des météorites et à identifier des cratères d'impact.
01:29 Il s'appuie sur le programme FRIPON qui vise à détecter les bolides pénétrant dans notre atmosphère,
01:34 à en déterminer l'origine et à localiser les zones où d'éventuels météorites pourraient tomber.
01:39 On en parlera avec Carl Entier, géophysicien et collaborateur au programme Vigisciel.
01:43 On vous souhaite la bienvenue dans les vraies voies responsables spécial espace.
01:49 Et c'est un invité de Marc, Jean-Pierre Luminet, avec nous, astrophysicien.
01:53 Bonsoir, merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio.
01:58 On parle avec vous de plein de choses parce que c'est fascinant, d'astéroïdes, de planètes.
02:03 Qu'est-ce qu'un astéroïde déjà ?
02:05 Les astéroïdes ce sont ces millions de petits corps rocheux
02:13 qui gravitent essentiellement entre les orbites des planètes Mars et Jupiter.
02:18 Ce sont probablement des vestiges du système solaire primitif.
02:24 Normalement, ils auraient dû s'agglomérer pour former une planète entre Mars et Jupiter.
02:29 Cela n'a pas été le cas, pour différentes raisons que je n'ai pas le temps d'expliquer.
02:33 Ce sont des objets absolument fascinants à plusieurs égards.
02:36 Pour une petite anecdote, l'un d'entre eux porte mon nom.
02:39 Il a été baptisé du nom de Luminet.
02:41 C'est un très bel hommage que la communauté internationale m'a rendu pour mes travaux
02:46 qui n'ont pas à voir avec les astéroïdes, mais mes travaux théoriques sur les trous noirs et le Big Bang.
02:51 C'est un astéroïde qui avait été découvert en 1991 au Mont Palomar.
02:55 Il porte le numéro 5523.
02:58 On sait où il est ou pas ?
03:00 Tout à fait, oui.
03:02 Il y a un site officiel de la NASA sur lequel, en rentrant le nom de l'astéroïde,
03:08 on visualise exactement la trajectoire, l'endroit où il se trouve.
03:13 De temps en temps, je regarde où mon petit astéroïde se trouve dans le système.
03:19 C'est un caillou un peu plus gros que celui du petit prince.
03:22 Il doit faire une dizaine de kilomètres, mais il ne présente aucun danger.
03:26 Pourquoi je dis ça ?
03:27 Parce que les deux aspects des astéroïdes, il y a un aspect positif,
03:31 j'en vais en parler, mais également un aspect éventuellement inquiétant.
03:34 Ce sont une catégorie d'astéroïdes qui quittent leur trajectoire entre Mars et Jupiter
03:38 et qui peuvent croiser l'orbite de la Terre.
03:41 On les appelle des géocroiseurs.
03:42 Il y en a à peu près 10 000.
03:44 En fait, ce n'est pas beaucoup, sur plusieurs millions.
03:46 On sait que dans le passé, il y a eu une collision, il y a 65 millions d'années,
03:51 entre un gros astéroïde de 10 kilomètres et la Terre qui a provoqué l'extinction des dinosaures.
03:56 Donc, il est normal de se poser la question,
03:59 est-ce que des astéroïdes géocroiseurs peuvent menacer la Terre dans un proche futur ?
04:05 Je rassure tout de suite les auditeurs, non.
04:07 Ils sont quasiment tous répertoriés.
04:10 Les trajectoires sont calculées à l'avance.
04:12 Il n'y a pas de danger, mais à terme, il pourrait y en avoir.
04:15 Quand je dis à terme, c'est des centaines, voire des milliers d'années.
04:18 Figurez-vous que les scientifiques ont commencé déjà à réfléchir
04:22 sur des moyens de dévier les astéroïdes de leur trajectoire
04:25 pour éviter effectivement une collision.
04:27 Alors Jean-Pierre Luminet, vous nous avez appris
04:29 qu'il y a des projets d'exploitation des ressources minières des astéroïdes
04:33 entre 2050 et 2100.
04:35 C'est incroyable.
04:36 Voilà, alors ça c'est le projet, c'est la partie plus sympathique des astéroïdes.
04:40 Les astéroïdes sont bourrés effectivement de ressources naturelles
04:44 que la Terre a également, mais qui ne sont pas distribuées de la même façon.
04:47 Beaucoup d'éléments extrêmement précieux sur Terre
04:50 ne sont pas vraiment en surface.
04:53 Ils ne sont pas en bon temps en surface.
04:55 Donc il faut creuser, il faut les extraire.
04:57 Ils sont dans des alliages, etc.
04:58 Ils sont au centre de la Terre.
05:00 Et puis, ils se rarifient aujourd'hui sur la Terre.
05:04 Et absolument, bien entendu, l'exploitation,
05:06 on ne pense pas sur lithium,
05:07 mais sur les terres,
05:08 c'est un ensemble d'éléments extrêmement précieux pour l'industrie.
05:10 Ces éléments se trouvent en abondance dans les astéroïdes,
05:13 mais surtout sur les astéroïdes, à la surface.
05:16 Et donc il y a des projets, mais qui n'en relèvent plus de la science-fiction,
05:19 qui consistent à aller gratter par des robots, évidemment,
05:22 la surface des astéroïdes,
05:24 pour ramener des matières premières dont on a besoin.
05:27 C'est un marché potentiel absolument incroyable
05:30 qui devrait démarrer, de façon effective j'entends,
05:33 dans la deuxième moitié de ce siècle,
05:35 même s'il y a déjà quelques start-up qui se sont créées
05:38 dans les années 2010,
05:40 pour ce projet à très très long terme.
05:42 Alors évidemment, ça chargerait,
05:44 ça serait énormément le marché des matières premières.
05:47 Ce pourrait être pour le bien-être de l'humanité,
05:50 à condition toutefois que les ressources soient réparties.
05:53 Il y a toujours un revers de la médaille.
05:55 Les premiers...
05:56 Est-ce qu'il y a des conventions internationales
05:59 pour protéger l'espace ?
06:02 Est-ce que ça va être premier arrivé, premier servi ?
06:06 Malheureusement, dès qu'il y a des enjeux financiers
06:09 derrière extrêmement importants,
06:11 je crains que ce soit plutôt cette politique-là
06:13 qui s'a choisi, premier arrivé, premier servi,
06:15 ce qui ne ferait évidemment qu'augmenter le fossé
06:18 entre les pays riches, capables, évidemment,
06:20 on parle évidemment de l'Europe des États-Unis,
06:23 de l'Europe de la Chine, des grandes puissances,
06:26 s'ils s'approprient pour eux-mêmes les matières premières
06:30 et ne la redisocupent pas dans l'ensemble du pays,
06:33 ça augmentera le fossé entre les pays riches et les pays pauvres.
06:36 Alors, une question, on peut difficilement aujourd'hui
06:39 extraire ces métaux dans l'État,
06:42 est-ce qu'on est capable de le faire aujourd'hui ?
06:44 Et j'imagine que ces métaux ne vont pas être ramenés sur Terre
06:47 parce qu'il faudra, en tout cas, des matériaux,
06:51 des parachutes, parce que si on extrait tout ça,
06:54 il va bien falloir le transporter d'une manière ou d'une autre.
06:56 Est-ce qu'aujourd'hui on en est capable ?
06:58 Il ne s'agit pas, même si beaucoup de projets
07:01 plus ou moins science-fictionnels se sont imaginés,
07:03 il ne s'agit pas d'aller capturer un astéroïde
07:06 pour en faire une sorte de mine volante à notre disposition
07:09 pour le mettre en orbite autour de la Terre, par exemple,
07:11 non, il s'agit de l'exploiter pendant quelques semaines
07:14 que dure son passage dans les parages de la Terre.
07:18 Donc ça se fait évidemment avec des gros appareils
07:21 qui ne sont pas encore au point, j'entends,
07:22 c'est pour ça que je dis que ça ne débarrera probablement pas
07:25 sur le plan de la réussite technologique,
07:27 de la faisabilité technologique avant la deuxième moitié de ce siècle-là,
07:31 mais les études sont sérieusement en cours
07:34 et donc des sortes de mineurs robotisés
07:39 pourront effectivement gratter la surface d'astéroïdes
07:42 et les ramener sur Terre.
07:44 Jean-Pierre Luminet, il n'y a pas que les astéroïdes,
07:46 il y a la Lune et on pourrait exploiter les roches de Lune.
07:49 Je rappelle que lors de la dernière mission Habité Apollo,
07:51 en décembre 1972, on avait rapporté 111 kg de roches lunaires.
07:54 Il y a des matériaux très intéressants sur la Lune ?
07:58 Oui, alors bon, les roches lunaires nous ont appris beaucoup de choses
08:02 sur l'origine de la Lune,
08:03 mais il y a autre chose sur la Lune que des roches,
08:05 il y a simplement de la poussière.
08:07 Il y a énormément de poussière lunaire,
08:09 on s'appelle régolithe,
08:10 enfin peu importe le terme technique.
08:12 Dans cette poussière lunaire,
08:13 il y a un élément extraordinairement rare
08:15 et quasiment inexistant sur Terre,
08:18 c'est un élément qui est produit par le soleil.
08:20 Vous savez que le soleil brille
08:24 parce qu'il convertit une partie de sa matière,
08:27 qu'on appelle de l'hydrogène,
08:29 à un élément plus plus lourd qui s'appelle de l'hélium,
08:31 et il se trouve qu'il y a un élément,
08:33 on l'appelle un isotope de l'hélium,
08:35 c'est une variante de l'hélium,
08:37 qui s'appelle l'hélium 3,
08:39 qui fait partie, qui est évacuée en permanence
08:41 par la lumière du soleil,
08:42 on appelle ça le vent solaire.
08:44 La Terre est protégée du vent solaire,
08:46 heureusement pour nous,
08:47 par son bouclier magnétique.
08:49 La Lune n'a pas de bouclier magnétique,
08:51 donc elle reçoit en permanence le vent solaire.
08:54 Et donc les particules d'hélium 3
08:56 qui sont dans le vent solaire
08:57 s'incrustent dans la poussière lunaire.
08:59 Alors quel est l'intérêt de l'hélium 3 ?
09:01 Eh bien, fierez-vous, dans les grands projets
09:03 qui pourraient sauver l'humanité
09:05 sur le plan énergétique,
09:06 qui consistent à contrôler la fusion nucléaire
09:10 dans les futures centrales nucléaires,
09:12 la filière énergétique la plus intéressante,
09:14 c'est celle qui fait intervenir de l'hélium 3.
09:17 Donc l'idée, c'est d'installer des bases
09:19 d'exploitation de la poussière lunaire
09:21 qui extrairaient la petite partie
09:25 constituée d'hélium 3
09:27 pour les ramener par wagon sur Terre
09:29 et alimenter les futures centrales à fusion,
09:33 comme ITER et d'autres centrales.
09:35 Là encore, ce n'est pas avant la deuxième moitié
09:37 du XXe siècle,
09:38 mais vous savez, en astronomie et en astrophysique,
09:40 on a toujours des perspectives temporelles très...
09:43 Des années-lumière.
09:44 Très vastes.
09:45 C'est vrai que ces infos sont assez lunaires, effectivement.
09:48 Sur les astéroïdes,
09:51 il y a de l'eau aussi peut-être,
09:53 qu'on peut trouver de l'eau pour faire de l'hydrogène ?
09:56 Les astéroïdes sont relativement pauvres à nous.
10:00 En revanche, il y a une autre catégorie de corps
10:03 qui sont des vagabonds aussi du système solaire,
10:05 un peu comme les astéroïdes,
10:06 qui sont les comètes.
10:07 Et les comètes, elles, sont effectivement
10:09 bourrées d'eau.
10:10 Ce projet d'exploitation industrielle
10:13 ou pas, des comètes et des astéroïdes,
10:16 j'en parle brièvement dans plusieurs ouvrages,
10:18 notamment, si je me permets de présenter le tout dernier...
10:21 Absolument.
10:22 ...qui s'appelle "Le journal idéoclaste",
10:24 dans lequel, justement, je discute un petit peu
10:26 du revers de la médaille possible
10:29 sur l'exploitation.
10:31 Je répète, effectivement,
10:32 si c'est les grandes puissances
10:34 qui commencent l'exploitation
10:36 et gardent les richesses pour elles,
10:38 ça ne fera qu'augmenter le fossé
10:41 entre les pays pauvres et les pays riches.
10:42 Jean-Pierre Luminet, une dernière question,
10:44 il nous reste une minute trente.
10:45 Les trous noirs, vous avez écrit des livres dessus.
10:47 Qu'est-ce qu'un trou noir ?
10:48 Parce qu'on en parle, mais on ne sait pas ce que c'est.
10:50 Oui, alors il faut dire quand même
10:52 que les trous noirs, c'est ma grande spécialité,
10:53 parce qu'il se trouve qu'il y a plus de 40 ans maintenant,
10:56 j'ai été le premier à faire un calcul
10:59 par ordinateur,
11:00 de l'aspect d'un trou noir
11:02 et calcul qui a été vérifié
11:04 40 ans plus tard
11:05 par les premières images télescopiques.
11:07 Alors, un trou noir, c'est quoi ?
11:09 C'est une sorte de pièce gravitationnelle,
11:11 c'est-à-dire c'est un objet, un corps céleste
11:13 tellement dense et massif
11:15 qui va emprisonner par sa force de gravitation
11:18 la matière et la lumière.
11:20 Donc, par construction, on ne le voit pas
11:22 puisque la lumière ne peut pas sortir d'un trou noir.
11:24 Et alors, on se dit, comment on a réussi
11:27 à prendre une image télescopique ?
11:29 On a pris une image télescopique
11:31 de l'environnement d'un trou noir.
11:32 Un trou noir est entouré d'étoiles, de gaz, etc.
11:35 Et tout ça, ça se calcule à l'avance.
11:37 Moi, c'est mon travail de physicien-théoricien.
11:39 Je ne suis pas astronome.
11:41 Je fais des calculs.
11:43 Et c'est comme ça que les trous noirs
11:45 sont très abondants dans l'univers
11:48 et sont amenés à en jouer un rôle de plus en plus important
11:51 au cours de l'évolution cosmique.
11:53 C'est passionnant. En tout cas, merci mille fois.
11:57 Donc, votre livre, Jean-Pierre Luminet,
11:59 s'appelle "Journal Idéoclaste".
12:01 Et c'est aux éditions du Chien qui passe.
12:03 En tout cas, on sera très heureux de le lire.
12:06 Il faut le lire parce que c'est passionnant.
12:08 Vous êtes passionnant.
12:09 Et on prendra un peu plus le temps la prochaine fois
12:11 de parler avec vous.
12:12 On espère que vous viendrez chez nous,
12:14 en direct, dans le studio.
12:16 Et dans un instant, on vous emmène à la cité de l'espace.
12:20 - L'espace, à Toulouse, la plus belle ville du monde, de l'univers.
12:22 - Merci beaucoup, en tout cas, d'avoir été avec nous.
12:25 Et on revient dans un instant.
12:26 On fait une petite pause.
12:27 On reste dans l'espace avec Philippe David
12:28 et les vraies voix responsables.
12:29 A tout de suite.
12:30 Et les vraies voix responsables, ce soir,
12:32 vous emmènent dans l'espace,
12:34 au plus près de nos planètes,
12:36 avec nos amis, en tout cas,
12:39 nos spécialistes et nos experts, aujourd'hui.
12:42 Direction la cité de l'espace,
12:45 avec Olivier Sanguy, qui est avec nous,
12:47 responsable d'actualité spatiale.
12:49 Bonsoir, merci d'être avec nous.
12:53 Et on va revenir, finalement, sur cette opération Lune.
12:58 - Absolument.
12:59 - Prévue en 2024, à la base.
13:00 - On a marché sur la Lune, c'était un album de Tintin.
13:02 On a marché sur la Lune en 69 pour la première fois,
13:05 la dernière en 72.
13:06 Mais on va retourner sur la Lune
13:08 avec une mission Artemis.
13:10 C'était prévu, un premier voyage autour de la Lune, en 2024,
13:13 qui a été reporté en 2025.
13:15 Une mission habitée appelée Orion.
13:17 En quoi est-ce que ça consiste
13:18 et pourquoi se retarde Olivier Sanguy ?
13:21 - Alors, c'est une mission, en effet,
13:22 qui consiste à aller autour de la Lune.
13:24 C'est la capsule Orion,
13:25 qui va être lancée par le lanceur Space Launch System SLS,
13:28 qui a déjà fait un vol avec la mission Artemis 1,
13:30 donc c'est la mission Artemis 2.
13:31 Et on fait un tour de Lune.
13:32 En gros, on continue de tester le matériel.
13:34 On ne se pose pas.
13:36 Et on revient.
13:37 Et ça a été reporté
13:38 parce que la NASA a notamment des petites insécurités,
13:41 on va dire.
13:42 C'est-à-dire qu'on ajoute de la prudence sur la prudence.
13:44 Essentiellement, le bouclier thermique,
13:45 c'est ce qui protège les occupants d'un capsule au retour.
13:48 Il fait très chaud quand la capsule se frotte contre l'atmosphère.
13:50 Il y a plusieurs milliers de degrés dehors.
13:52 Et ils ont trouvé que le bouclier thermique
13:53 c'était un petit peu trop érodé.
13:55 Donc, ils veulent vraiment être certains
13:56 que ça marchera pour la mission habitée.
13:58 - Elle sera habitée par qui, cette capsule ?
14:01 - Il y a trois Américains et un Canadien.
14:04 Il y a surtout la première femme autour de la Lune,
14:06 Christina Koch,
14:07 qui est une astronaute américaine.
14:08 Premier Canadien, Jérémie Hansen.
14:10 Donc, il faut se dire que ce sont les premiers humains
14:15 autour de la Lune au 21e siècle.
14:17 Donc, ça va être une grande étape.
14:19 - Alors, le but, c'est d'amarrer Orion
14:21 à la station spatiale lunaire Gateway.
14:24 Quel est le but de cette station spatiale ?
14:26 Où est-ce qu'elle en est aujourd'hui ?
14:27 Expliquez-nous tout ça.
14:28 Faites-nous encore rêver.
14:29 - Alors, l'amarrage à la station Gateway,
14:31 ce ne sera pas pour Artemis II,
14:32 parce qu'il n'y aura pas encore ce station Gateway.
14:34 - Non, ce sera après.
14:35 - Ce sera après.
14:36 Alors, la station Gateway,
14:37 ou même plus tôt, Artemis IV, V.
14:39 - D'accord.
14:40 - Parce qu'il faut l'assembler avant.
14:42 Ce n'est pas tout de suite.
14:43 Donc, cette station Gateway,
14:44 imaginez, c'est une mini ISS.
14:46 C'est une ISS en plus petit.
14:47 C'est une station internationale.
14:49 - C'est une station spatiale internationale
14:50 pour les auditeurs qui l'auraient oubliée.
14:52 - Voilà.
14:53 Et la Gateway va être également internationale,
14:54 parce qu'il faut savoir qu'Artemis
14:55 n'est pas un programme américano-américain.
14:57 C'est un programme qui se fait avec l'Europe,
14:59 avec le Japon, le Canada
15:01 et récemment les Émirats Arabes Unis.
15:02 Donc, chacun va amener un module,
15:03 un bras robotique, etc.
15:05 Et dans cette station,
15:06 les astronautes vont tourner autour de la Lune.
15:08 Ils vont pouvoir faire une science très particulière
15:10 dans l'environnement lunaire.
15:11 Et elle va servir plus tard de relais
15:13 pour aller sur la surface de la Lune.
15:15 Donc, en gros, c'est l'étape lunaire
15:18 avant la surface lunaire.
15:20 - Olivier Sanguy,
15:21 on en est où, nous, en France, de l'espace ?
15:24 C'est-à-dire par rapport à nos concurrents étrangers ?
15:27 - Et par rapport à ce projet aussi ?
15:29 - Bien sûr.
15:30 - Par rapport à ce projet, c'est très simple.
15:32 La France a son agence spatiale, le CNES,
15:34 qui est un des contributeurs majeurs
15:36 de l'agence spatiale européenne,
15:37 qui est partenaire du programme Artemis.
15:39 Et là, il faut savoir que la participation
15:41 est assez extraordinaire.
15:42 Si vous vous rappelez bien, à Pôlo,
15:43 les Américains allaient tout seuls sur la Lune,
15:45 autour de la Lune.
15:46 Et bien là, la capsule Orion américaine,
15:48 elle ne peut pas aller autour de la Lune
15:50 sans un module de service
15:52 de l'agence spatiale européenne.
15:53 Donc dites-vous bien que les Américains
15:55 ne peuvent pas aller autour de la Lune
15:56 sans l'Europe.
15:57 - Ah oui ?
15:58 - Voilà, c'est tout simple.
15:59 On fournit le module de service.
16:00 En gros, le module de service,
16:01 c'est l'énergie et la propulsion.
16:03 C'est quand même indispensable.
16:04 - Excusez-nous, mais le premier homme
16:06 qui a marché sur la Lune,
16:07 c'était un Belge avec Tintin.
16:08 Est-ce qu'on peut espérer qu'avec ce programme,
16:10 on va re-marcher sur la Lune ?
16:12 Un Français, ou une Française,
16:13 ce serait très bien, marchera sur la Lune.
16:15 Et d'ailleurs, c'est à quel horizon
16:17 qu'on va re-marcher sur la Lune,
16:18 Olivier Sangui ?
16:19 - Alors en théorie, maintenant,
16:21 c'est annoncé plutôt pour 2025,
16:23 enfin 2026.
16:24 Ça glissera probablement à 2027-2028.
16:27 Ça, c'est pas moi qui le dis,
16:29 c'est même la Cour des comptes américaines
16:30 qui trouve que...
16:31 - Ça coûte trop cher.
16:32 - C'est pas trop cher.
16:33 Parce que vous savez,
16:34 le budget de la NASA,
16:35 ce n'est que 0,5% du budget fédéral américain.
16:39 - Ah oui ?
16:40 - Voilà, c'est pas grand-chose finalement.
16:42 Il faut pas oublier
16:43 qu'il n'y a pas que le programme lunaire là-dedans.
16:44 Ce qu'il faut savoir,
16:45 c'est que l'Europe,
16:46 avec ce qu'elle fait,
16:47 c'est-à-dire le module de service
16:49 plus les modules de la station,
16:50 on a droit à trois Européens
16:52 autour de la Lune pour le moment.
16:54 Et si on donne plus,
16:55 on aura forcément un Européen
16:56 ou une Européenne,
16:57 d'ailleurs je tiens à le souligner,
16:58 sur la Lune à un moment.
17:00 - Absolument.
17:01 Et qu'est-ce qu'on va chercher finalement
17:02 en retournant,
17:03 en remettant le pied sur la Lune ?
17:05 - On parlait tout à l'heure
17:06 avec Jean-Pierre Luminet,
17:07 notamment, de l'hélium 3
17:08 qui pourrait à horizon
17:10 deuxième moitié du 21e siècle
17:12 servir dans les centrales,
17:13 les nouvelles centrales nucléaires par exemple.
17:15 - Parce qu'on l'observe depuis des années,
17:16 cette Lune,
17:17 qu'est-ce qu'on peut encore
17:18 en apprendre aujourd'hui ?
17:19 - Alors pour l'hélium 3,
17:20 ça pourrait même être
17:21 le 22e siècle,
17:22 selon des gens moins optimistes.
17:23 On verra.
17:24 Il faut d'abord que ce soit faisable.
17:26 Alors ce qu'on cherche d'abord,
17:27 on cherche un défi technologique
17:29 pour apprendre de nouvelles technologies
17:31 et aller plus tard vers Mars.
17:32 Ça c'est...
17:33 Bien sûr, il y a un côté géopolitique,
17:36 démonstration de ce qu'on sait faire,
17:37 et il y a la science,
17:38 parce que finalement la Lune,
17:39 c'est l'astre le plus proche,
17:41 mais c'est la grande inconnue,
17:43 c'est-à-dire on connaît en gros
17:44 le principe général,
17:46 mais la Lune, il faut imaginer,
17:47 la surface de la Lune,
17:48 c'est la surface du continent africain.
17:49 On dirait jamais qu'on connaît
17:50 le continent africain,
17:51 parce qu'il y a 12 personnes
17:52 qui sont allées marcher sur la Lune.
17:54 Voilà, je grossis un peu le trait,
17:55 mais c'est ça.
17:56 Et la Lune, en fait,
17:57 c'est l'histoire de la Terre.
17:58 C'est un morceau de terre
17:59 arraché à la Terre
18:00 il y a 4 milliards et demi d'années.
18:01 Donc on étudie la Lune,
18:02 on comprend mieux l'histoire de la Terre,
18:04 on comprend mieux la Terre aussi.
18:05 - Et la dernière mission,
18:06 Apollo, on en parlait,
18:07 c'était Apollo 17 décembre 1972,
18:10 avait ramené 111 kg de roches lunaires.
18:12 On pourrait faire une Noria de matériaux
18:15 qui reviendraient de la Lune ?
18:16 - Oui, ce ne serait pas très intéressant,
18:19 parce qu'à l'heure actuelle,
18:20 même si avec le programme Artemis,
18:22 la NASA veut faire un programme,
18:23 il dit "sustainable",
18:24 c'est-à-dire durable,
18:25 en gros, qui ne coûte pas trop cher.
18:26 Même si on allait sur la Lune
18:27 et qu'il y avait du platine en barre,
18:29 le ramener sur Terre
18:30 serait plus cher que l'extraire.
18:31 En revanche, ce qui est intéressant,
18:33 c'est arriver à utiliser les ressources
18:36 là-bas, sur place,
18:37 pour faire quelque chose là-bas.
18:39 Exemple, il y a de la glace d'eau,
18:41 peut-être qu'on peut utiliser l'eau.
18:42 Pour boire, on va beaucoup
18:43 prendre de précaution, bien sûr,
18:45 mais surtout, l'eau,
18:46 vous avez de l'hydrogène et de l'oxygène.
18:47 Il se trouve que l'hydrogène et l'oxygène,
18:48 c'est un carburant pour fuser.
18:50 On pourra peut-être faire le plein
18:52 des engins spatiaux sur place,
18:55 plutôt que l'amener depuis la Terre.
18:57 C'est à long terme,
18:58 là on parle en décennie.
18:59 - Ah oui, d'accord.
19:00 - Est-ce qu'on va laisser
19:01 quelque chose sur place,
19:02 à part, effectivement, cette capsule ?
19:06 Enfin, pas cette capsule,
19:07 mais une base.
19:08 Est-ce qu'on va laisser quelque chose ?
19:10 Est-ce qu'on va déposer un objet
19:11 en se disant,
19:12 on va voir ce qui va devenir ?
19:13 Est-ce que ça,
19:14 c'est totalement crétin comme question ?
19:18 - Non, non, non,
19:19 parce qu'à long terme,
19:20 d'abord, le grand changement
19:22 par rapport au programme Apollo,
19:23 c'est que pour le côté NASA,
19:24 ils veulent que les atterrisseurs lunaires
19:26 soient réutilisables.
19:27 C'est un énorme défi.
19:28 Alors, sans doute pas les premiers vols,
19:30 mais il y a deux atterrisseurs lunaires
19:32 qui ont été sélectionnés par la NASA.
19:33 C'est le fameux Starship de SpaceX,
19:36 avec Elon Musk derrière.
19:37 Et le Blue Moon de Blue Origin,
19:39 et là, c'est Jeff Bezos qui est derrière.
19:41 Et le but, c'est que ces atterrisseurs-là
19:43 vont faire la navette
19:44 entre la station Gateway dont on a parlé
19:46 et la surface lunaire.
19:47 Mais on fera des habitats au sol.
19:49 Et là, par exemple,
19:50 la France a la société Spartan Space
19:52 qui étudie des habitats.
19:54 Et vous avez comme ça
19:55 des tas d'entreprises
19:56 qui ont des solutions
19:57 et ils espèrent être tenus par la NASA.
19:58 En gros, imaginez,
19:59 c'est une sorte de gîte.
20:00 Parce qu'on se pose là où c'est plat,
20:03 là où c'est facile de se poser.
20:05 Mais la science, souvent,
20:06 elle est dans les crevasses,
20:07 dans les rochers,
20:08 là où c'est dangereux.
20:09 Donc on se pose là où c'est,
20:10 pas de problème.
20:11 On marche, on fait une nuit dans un gîte,
20:12 on marche encore,
20:13 on atteint le site scientifique.
20:14 Voilà, par exemple,
20:15 ce que pourrait être
20:16 le programme Artemis dans les années à venir.
20:18 C'est la loi et c'est rouge.
20:19 C'est ça !
20:20 Olivier Sangui,
20:21 vous êtes devant une image de la Lune.
20:23 Il faut en parler,
20:24 vous êtes à la Cité de l'Espace.
20:25 Et là,
20:26 il y a deux nouvelles expériences,
20:27 vivre un décollage en fusée
20:29 et visiter une base lunaire.
20:31 Vous parliez des bases lunaires.
20:32 Expliquez-nous ces deux nouvelles expériences
20:34 à la Cité de l'Espace.
20:35 On a l'exposition Lune, épisode 2,
20:38 qui montre ce que peut être
20:39 habiter sur la Lune dans le futur.
20:42 Donc en fait,
20:43 on montre pas seulement à quoi ça ressemble,
20:44 on montre comment on pourra le faire.
20:45 Notamment,
20:46 on va cultiver des salades
20:47 pour avoir une autonomie alimentaire.
20:48 On va utiliser la poussière lunaire,
20:50 M. Luminier en a parlé tout à l'heure,
20:52 le régolithe,
20:53 peut-être pour fabriquer des briques
20:54 qui permettront de faire des bases.
20:56 Et on a, bien sûr,
20:57 le Lune Explorer,
20:58 où là, vous avez un briefing
20:59 avec des astronautes,
21:00 Thomas Pesquet notamment,
21:01 - Ah, Thomas, je te connais bien !
21:03 - Bien sûr, en vidéo.
21:04 Et après, vous décollez,
21:06 parce qu'on utilise une centrifugeuse,
21:08 c'est-à-dire ce qu'on utilise
21:09 pour entraîner les astronautes.
21:10 Et là, vous avez 2G,
21:11 deux fois votre poids.
21:12 Vous décollez,
21:13 alors le voyage de 4 jours,
21:14 on l'a réduit, bien sûr,
21:15 et on se pose sur la Lune.
21:17 Et là, c'est l'inverse,
21:18 on ralentit et à nouveau,
21:21 des G,
21:22 et on se pose sur la Lune.
21:23 Donc en fait,
21:24 vous avez une mission lunaire,
21:25 en accéléré,
21:26 et vous ressentez dans votre corps
21:27 un petit peu ce que ressentent
21:28 les astronautes en mission.
21:29 - Voilà.
21:30 - C'est absolument génial.
21:31 - Et bien en tout cas,
21:32 ça fait terriblement envie.
21:34 Merci,
21:35 mille fois en tout cas,
21:36 de nous avoir éclairés
21:38 sur cette belle cité de l'espace.
21:39 Et on n'arrête pas de dire avec Philippe
21:41 qu'on va venir,
21:42 mais on va venir,
21:43 je vous assure.
21:44 - Je vous refuse,
21:45 avec vous, je suis partant.
21:46 - Non, bah c'est pareil,
21:47 si ça ne vous dérange pas,
21:48 parce que si vous ne tenez pas le choc...
21:50 - Non, c'est accessible à tout le monde.
21:52 On vous accueille,
21:53 vous allez sur la Lune avec nous,
21:54 vous ne risquez rien.
21:55 - Il faudrait qu'on aille faire une émission
21:56 à la cité de l'espace,
21:57 tellement c'est génial.
21:58 - Absolument,
21:59 j'adorerais ça en tout cas.
22:00 - Excellent idée.
22:01 - Merci beaucoup Olivier Sanguy
22:02 d'avoir été avec nous,
22:03 responsable d'actualité spatiale
22:04 à la cité de l'espace.
22:05 Vous restez avec nous dans un instant,
22:07 on vous emmène au Pic du Midi,
22:09 à l'observatoire avec Philippe Macias
22:11 qui nous attend dans un instant.
22:12 A tout de suite,
22:13 on fait une petite pause.
22:14 - Ah bon ?
22:15 - Tendez la main,
22:16 mettez le doigt,
22:17 on vous apporte l'espace
22:18 à portée de main,
22:19 ce soir dans les vraies voix responsables
22:21 avec Philippe David.
22:22 Et on vous emmène
22:23 à l'observatoire du Pic du Midi,
22:25 le télescope Bernard Lyot
22:27 qui est le premier observatoire du monde
22:29 dédié à l'étude du magnétisme des étoiles.
22:32 Philippe Macias est avec nous,
22:34 astronome,
22:35 déjà j'adore ce titre
22:36 et ce nom de métier,
22:38 c'est formidable.
22:39 Il y avait astronome
22:40 et maintenant astronome,
22:41 on va demander la différence.
22:42 Bonsoir Philippe Macias,
22:43 merci d'être avec nous.
22:44 - Bonsoir.
22:45 - Donc forcément on a envie de vous dire
22:47 la différence entre astronome et astronaute.
22:49 J'imagine que vous,
22:50 vous ne montez pas.
22:51 - Non,
22:52 effectivement,
22:53 les astronautes vont dans l'espace,
22:55 nous en général on reste sur Terre.
22:57 - Enfin vous montez au Pic du Midi,
22:59 2877 mètres,
23:00 c'est déjà pas mal.
23:01 - Votre métier,
23:02 c'est quoi en tant qu'astronome ?
23:05 - Alors mon métier,
23:07 c'est de faire de la recherche
23:09 de la physique fondamentale
23:10 appliquée à des conditions un peu particulières
23:12 des astres qu'on trouve dans l'univers
23:14 et qui ne sont pas des conditions
23:15 que l'on rencontre tous les jours sur Terre.
23:17 - Alors Philippe Macias,
23:18 qu'est-ce qu'on découvre encore dans l'espace
23:20 quand on est au télescope du Pic du Midi ?
23:22 Et puis vous collaborez avec les autres,
23:24 Palomar aux Etats-Unis, etc.
23:26 - Oui, bien sûr,
23:28 c'est une vaste famille,
23:29 très complémentaire.
23:30 Alors au Pic du Midi,
23:31 en particulier sur le télescope Bernard Lyault,
23:33 vous l'avez dit,
23:34 on y fait des études sur le magnétisme
23:36 solaire,
23:37 pas solaire,
23:38 pardon,
23:39 stellaire,
23:40 magnétisme des étoiles,
23:41 où on essaye de comprendre
23:42 comment ça fonctionne dans les autres étoiles.
23:44 On sait que le Soleil a un champ magnétique.
23:46 On essaye de comprendre sur d'autres étoiles
23:48 comment ça fonctionne,
23:49 quels sont les mécanismes
23:50 qui le mettent en œuvre,
23:52 est-ce qu'il y a des cycles,
23:53 comment on trouve sur le Soleil ?
23:55 Tout ça peut avoir une influence
23:57 à long terme sur la vie de l'étoile elle-même,
23:59 et puis donc à long terme,
24:00 à encore plus long terme,
24:01 sur la vie d'une galaxie, etc.
24:03 - On connaît combien d'étoiles aujourd'hui,
24:05 à peu près ?
24:06 - Je pense qu'il n'y a pas de chiffres réels.
24:10 On connaît les étoiles les plus brillantes,
24:12 on leur donne des petits noms,
24:13 éventuellement des noms de catalogue,
24:15 mais on ne perd pas,
24:16 ce sont des chiffres incommensurables.
24:18 - Je crois qu'à l'époque,
24:20 quand j'étais jeune,
24:21 il y a longtemps,
24:22 on disait que la plus grosse étoile qu'on connaissait,
24:23 c'était Béthelgeuse,
24:24 c'est encore le cas ou pas ?
24:26 - Alors elle a été rattrapée.
24:28 Béthelgeuse, c'est déjà effectivement
24:29 une grosse étoile,
24:30 puisqu'elle fait environ 700 fois
24:33 le rayon du Soleil,
24:34 qui lui-même fait 110 fois
24:36 le rayon de la Terre.
24:37 Donc c'est effectivement déjà une grosse étoile,
24:39 mais elle a été rattrapée,
24:41 dépassée par d'autres de la même catégorie,
24:43 des étoiles qu'on appelle
24:44 des super géantes rouges,
24:45 et qui peuvent faire jusqu'à 1600,
24:47 1700 fois la taille du Soleil.
24:49 - Oh, c'est impressionnant !
24:51 - Combien de galaxies aujourd'hui,
24:53 on connaît en tout cas,
24:54 en connaissance ?
24:55 - C'est un peu le même problème
24:57 que pour les étoiles.
24:58 Il suffit de faire une photo du ciel
25:00 où l'on pose assez longtemps,
25:02 ce qu'a fait Hubble plusieurs fois,
25:04 ce qu'a fait le JWST,
25:06 et pour que chaque point,
25:08 plus ou moins éloigné de la forme sphérique,
25:11 soit une galaxie.
25:12 Donc c'est là aussi incommensurable.
25:15 - Oui, c'est ça.
25:16 - Ah oui, c'est...
25:17 Tiens, justement,
25:18 une question de philosophie
25:19 qu'on posait au Sir Thorinstein tout à l'heure,
25:21 on a une idée,
25:22 l'univers c'est infini ou ça l'est pas ?
25:24 Vous avez une philosophie,
25:26 vous avez 4 heures.
25:27 - Oui, alors l'univers...
25:30 On ne sait pas.
25:32 On peut remonter dans le temps,
25:34 jusqu'à certains faits,
25:36 qui peuvent être scientifiques,
25:38 qu'on peut vérifier scientifiquement.
25:40 L'expérience la plus connue,
25:42 c'est le rayonnement à 3K de l'univers,
25:45 le rayonnement à grande longueur d'onde,
25:47 qui donne la température de l'univers,
25:49 mais on n'est pas capable de remonter beaucoup plus tôt.
25:53 Et donc, comme on n'est pas capable de remonter beaucoup plus tôt,
25:55 on ne peut pas savoir.
25:56 Donc on quitte le domaine de la science
25:58 pour entrer dans le domaine de la métaphysique.
26:00 - Oui, c'est ça.
26:01 Mais qu'est-ce qu'on a découvert depuis 10 ans dans le ciel ?
26:04 Est-ce qu'on fait régulièrement des découvertes étonnantes ?
26:07 Ou alors il faut remonter à plus de 50 ans ?
26:11 - Non, alors je pense que même tous les jours,
26:14 on fait des découvertes plus ou moins intéressantes.
26:17 Effectivement, ça peut intéresser des domaines un peu pointus,
26:20 mais parmi les grandes découvertes de ces dernières années,
26:24 ça a été amené notamment par le satellite Gaia,
26:27 qui a montré que notre galaxie, celle où on habite,
26:30 a pu avaler un certain nombre de galaxies elle-même.
26:32 - Ah oui !
26:33 - Elle a pu envoyer en dehors de notre galaxie d'autres étoiles.
26:36 Et c'est une discipline qu'on appelle l'archéoastronomie
26:39 qui est en plein boom grâce à ce satellite.
26:41 Et c'est vraiment des résultats extraordinaires.
26:43 - On va rêver...
26:45 - Mais qui mène à quoi ?
26:46 Parce que c'est un bon point de part dans...
26:47 Qui mène à quoi de savoir ?
26:48 Qu'est-ce que ça peut nous donner comme indication
26:50 de dire qu'on a avalé des planètes ou qu'on en a rejetées ?
26:53 - Des galaxies ?
26:55 - Oui.
26:56 - On a pu absorber des galaxies.
26:57 - Des galaxies ou rejetées ?
26:59 Qu'est-ce que ça peut dire ?
27:00 - Alors là, en fait, ça rejoint des questions philosophiques
27:03 d'où on vient, où on va.
27:05 Donc ça permet de mieux comprendre notre environnement,
27:07 savoir que l'étoile d'à côté,
27:09 elle n'est pas forcément née dans notre galaxie.
27:12 Bon, c'est le cas pour les étoiles qui sont autour du Soleil.
27:14 Mais voilà, ce sont des questions comme ça
27:17 auxquelles on essaye de répondre
27:19 pour mieux comprendre le monde qui nous entoure sur Terre,
27:24 mais aussi dans l'espace.
27:26 C'est pour nous donner notre vraie place.
27:28 - C'est-à-dire au stade de la poussière,
27:31 mais même de la micropoussière,
27:33 notre taille dans l'espace.
27:35 - C'est quand même complètement négligeable.
27:38 - On arrive à voir à quelle distance,
27:40 avec des télescopes comme au Pic du Midi,
27:42 ou s'il y en a des plus gros, il y en a des plus gros,
27:44 à quelle distance de la Terre ?
27:46 C'est même pas en kilomètres, c'est en années-lumière.
27:48 - Ah oui, bien sûr.
27:50 Alors avec le télescope du Pic du Midi,
27:52 on peut voir le plus gros télescope,
27:55 qui fait 2 mètres de diamètre pour son miroir,
27:57 on peut voir jusqu'à une distance d'environ 1 millier d'années-lumière.
28:01 - Et c'est 300 000 km/s, je crois, une année-lumière.
28:04 - Voilà. Donc une année-lumière, c'est environ 10 puissance 13 km.
28:08 Donc c'est quelque chose qu'il ne faut pas essayer de se représenter,
28:11 parce qu'on n'a pas de réel modèle.
28:13 Mais pour situer, ça représente 1/100ème de la taille de notre galaxie.
28:19 - C'est incroyable.
28:22 - C'est incroyable.
28:23 Qu'est-ce qu'on pourrait, enfin, qu'est-ce qu'on peut chercher d'autre
28:26 à découvrir finalement en observant le ciel ?
28:30 En quoi ça peut aider, par exemple, notre quotidien ?
28:33 Peut-être sur la météo, peut-être sur, je dis n'importe quoi, mais...
28:37 - Non. Alors, on sait depuis Galilée que le Soleil, il a des cycles, par exemple.
28:43 Ces cycles sont de 11 ans, on ne sait pas très bien les expliquer.
28:46 Donc connaître ces cycles sur d'autres étoiles, ça permet de mieux contraindre
28:50 les paramètres et donc de mieux estimer comment peut évoluer le Soleil de ce côté-là.
28:56 C'est une chose. Ensuite, il y a des choses plus, pareil, un peu philosophiques.
29:01 C'est qu'un autre domaine qui a apporté beaucoup de résultats ces dernières années,
29:06 c'est la découverte d'exoplanètes.
29:09 Et on a ainsi pu montrer que le système solaire...
29:12 - C'est des planètes hors du système solaire, les exoplanètes, c'est ça ?
29:14 - Voilà, ce sont des planètes hors du système solaire
29:16 qui tournent autour d'autres étoiles que le Soleil.
29:18 - D'accord.
29:19 - Donc, on a découvert, on connaît maintenant quasiment 6000 planètes.
29:23 Donc c'est un nombre qui va vite devenir incommensurable, lui aussi.
29:27 Et chaque cas est différent. Il n'y a pas de règles bien établies.
29:31 Et donc, ça aussi, il y a des mécanismes qui sont à l'œuvre et qu'on connaît encore très mal.
29:35 - Est-ce qu'il y a une planète parmi les 6000 où on pourrait supputer qu'il y aurait une forme de vie ?
29:41 - Alors, le terme à la mode, c'est de dire qu'une planète est dans la zone habitable.
29:44 Alors ça, ça ne veut pas dire grand-chose.
29:47 - Ça dépend du plan d'occupation des sols.
29:51 - Voilà, c'est ça.
29:52 Ça veut juste dire que la planète n'est ni trop proche de son étoile, ni trop loin de son étoile.
29:57 C'est tout ce que ça veut dire.
29:58 Mais ça ne préjuge en rien de l'habitabilité réelle de la planète.
30:02 C'est très difficile d'analyser l'atmosphère de ces planètes, déjà.
30:07 Et ensuite, encore plus, de connaître la pression à la surface de ces planètes
30:11 pour savoir si de l'eau liquide peut exister,
30:13 puisque l'eau liquide, on considère que c'est un phénomène important, fondamental pour l'apparition de la vie.
30:17 - Mais donc, on est incapable aujourd'hui de déterminer la matière de ces planètes ?
30:23 - Alors, on peut connaître leur densité.
30:26 Donc, à partir de leur densité et de leur taille, on peut connaître,
30:29 on peut savoir si elles ont de l'eau, effectivement.
30:32 Mais connaître leur composition chimique complète, non.
30:36 Mais c'est pour ça qu'il y a des satellites qui vont être lancés dans les années à venir.
30:39 Je pense notamment aux satellites Ariel à la fin de la décennie.
30:42 - Alors, vous avez parlé de Hubble.
30:43 Est-ce que les télescopes terrestres, c'est complémentaire,
30:46 des télescopes comme Hubble, par exemple ?
30:48 Ou est-ce que les satellites vont nous permettre d'observer plus loin ?
30:51 Comment ça fonctionne ?
30:52 Philippe Mathias.
30:53 - Alors, les satellites sont totalement complémentaires des observations terrestres.
30:58 Alors, les uns et les autres ont leurs défauts et leurs qualités.
31:01 Donc, aller dans l'espace, la première qualité,
31:04 c'est de s'affranchir éventuellement de l'alternance jour/nuit.
31:06 Donc, on peut observer en continu.
31:08 On peut observer même s'il fait mauvais sur Terre.
31:10 Donc, ça, c'était une grosse qualité.
31:12 Un des défauts de l'observation spatiale, c'est que pour pointer,
31:17 il faut du carburant et au bout d'un certain temps,
31:19 il n'y a plus de carburant pour maintenir le pointage
31:21 ou même pour faire fonctionner les instruments à l'intérieur.
31:24 Un autre petit défaut de l'espace, c'est que tout coûte cher.
31:29 L'encombrement et la masse des instruments que l'on envoie.
31:32 Donc, on peut construire des instruments qui vont un peu plus loin
31:38 dans certains domaines sur Terre, accrochés à des satellites,
31:40 parce que ce sont des instruments qui remplissent facilement,
31:43 qui peuvent remplir facilement un petit immeuble.
31:46 - Est-ce que, j'imagine que vous voyez les astéroïdes
31:50 qui pourraient passer à côté de nous ?
31:53 Est-ce que vous êtes une sorte de vigie aussi ?
31:56 - Alors, il y a deux instruments pour ça, qui fonctionnent au pic du midi.
32:02 Il y a un télescope de 1 m qui est dédié aux objets du système solaire en particulier
32:05 et notamment la détection et le suivi des astéroïdes.
32:09 Et puis, il y a un réseau de caméras qui existe un peu partout en France,
32:12 voire en Europe, qu'on appelle FRIPON,
32:14 et qui permet de déterminer la trajectoire de ces petits corps
32:18 qui rentrent dans l'atmosphère de la Terre,
32:21 qui brûlent, ce qu'on appelle les étoiles philanthes,
32:24 les météorites, pour reconstituer leur trajectoire
32:27 et savoir où elles tombent, pour les récupérer et les analyser.
32:31 Comme l'a dit Jean-Pierre Luminet, mon prédécesseur,
32:34 la mode est le fait de ramener des échantillons d'objets étrangers au système solaire
32:41 et c'est ce qu'on essaye de faire indirectement pour beaucoup moins cher.
32:45 - Merci beaucoup Philippe Mathias, astronome à l'Observatoire du Pic du Midi.
32:49 Ma question forcément sur la Vigie n'était pas complètement dénuée d'intérêt.
32:53 - Quelle belle transition !
32:55 - Oui, vous connaissez peut-être pas le réseau Vigie-Ciel,
32:58 c'est formidable aussi, Karl Anttier sera avec nous,
33:01 géophysicien et membre de ce réseau, et on vous expliquera que parfois,
33:05 lorsque vous dites "Tiens, je crois avoir vu quelque chose de bizarre dans le ciel",
33:10 et bien ça peut se connecter avec eux.
33:12 Allez, on en parle dans un instant.
33:14 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France.
33:16 19h20, les vraies voies responsables.
33:19 - Les vraies voies responsables avec Philippe David, on est ensemble jusqu'à 20h.
33:23 On parle de l'espace.
33:26 Alors, écoutez-moi bien, si vous avez vu quelque chose dans le ciel,
33:30 il y a moins de 10 minutes ou un quart d'heure,
33:32 vous pouvez éventuellement nous intéresser.
33:35 On va en parler avec notre invité Karl Anttier qui est avec nous,
33:38 géophysicien et membre du réseau Vigie-Ciel.
33:42 Bonsoir, merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio.
33:46 Alors, l'important déjà, c'est de bien comprendre ce qu'est un géophysicien.
33:51 Parce que ça aussi, on découvre des métiers ce soir.
33:54 Qu'est-ce que c'est que le géophysicien ?
33:56 Déjà, est-ce qu'il range sa chambre ?
33:59 - Le géophysicien, il peut ranger sa chambre, mais ce n'est pas ça qui va le définir.
34:05 Le géophysicien, en fait, c'est celui qui va étudier la Terre.
34:08 Géo, c'est la Terre. Physicien, c'est le physicien de la Terre.
34:10 C'est ceux qui vont faire des sciences de la Terre.
34:12 Donc là, il faut imaginer, le géophysicien, il a une palette de métiers qu'il va pouvoir faire.
34:16 Il va pouvoir étudier les séismes, par exemple.
34:18 Il va pouvoir étudier les volcans.
34:19 Il va pouvoir étudier... Il va aussi pouvoir exploiter le pétrole, malheureusement.
34:22 - Alors, qu'est-ce que Vigie-Ciel expliquez-nous ?
34:25 - Vigie-Ciel, c'est un projet de science participative.
34:28 Donc, de la même manière qu'il y a Vigie-Nature,
34:30 où les gens peuvent aller, par exemple, recenser les insectes ou les oiseaux
34:34 qu'il y a dans leur jardin,
34:35 nous, Vigie-Ciel, c'est la même chose.
34:37 Tout le monde peut le faire, sauf qu'on va s'attarder au ciel.
34:40 Donc, on va surtout s'attarder aux étoiles filantes, aux météores.
34:42 Donc, en gros, l'objectif, c'est que les gens qui observent,
34:44 comme vous l'avez dit tout à l'heure,
34:45 qui observent une étoile filante relativement brillante dans le ciel,
34:48 ils peuvent nous le dire, ils peuvent nous envoyer un rapport d'observation.
34:50 Et après, si jamais on a vraiment un phénomène exceptionnel,
34:53 comme on a eu il y a un an,
34:54 ou comme on a eu aussi il y a deux semaines au-dessus de l'Allemagne,
34:57 on peut éventuellement les inviter à participer à des battues de recherche de météorites,
35:01 et puis même à chercher des cratères d'impact.
35:03 C'est fou ça.
35:04 D'accord, mais ça veut dire que la "pierre" est forcément tombée,
35:08 si on va chercher des...
35:10 C'est ça, hein ?
35:11 Oui, alors en fait, la plupart des étoiles filantes,
35:13 il faut imaginer que les pierres ne tombent pas.
35:15 Et elles se... on dit qu'elles subliment.
35:17 C'est comme si elles fondaient directement dans l'atmosphère.
35:19 Par contre, les grosses pierres, celles qui font taille d'un mètre,
35:22 ou même des fois un petit peu moins,
35:23 il y a une partie qui va survivre, qui va pouvoir arriver au sol.
35:25 C'est ce qu'on appelle des météorites.
35:26 Il y a toute une tonne de termes.
35:29 "Météore", c'est l'étoile filante.
35:30 "Météorite", c'est la pierre qu'on retrouve au sol.
35:32 Si on a une grosse pierre à l'entrée,
35:34 ça rentre dans l'atmosphère, ça arrive au sol.
35:36 Une fois que c'est au sol, on appelle ça une météorite,
35:37 et là, on peut aller la chercher.
35:38 Et bon, c'est pas le cas pour toutes les météorites.
35:40 Est-ce que c'est très courant quand même
35:42 qu'on arrive à retrouver des météorites sur le sol français ?
35:46 C'est pas très courant.
35:48 Alors là où c'est intéressant,
35:49 c'est qu'on en a plus retrouvés au 19e siècle qu'au 20e siècle.
35:52 Ah bon ? Pourquoi ? Comment on l'explique ?
35:54 Parce qu'avant, en fait, les gens étaient dehors.
35:55 Ils avaient pas de télé.
35:56 Donc en fait, ça veut dire que le soir, la nuit,
35:58 ils passaient beaucoup plus de temps dehors que nous.
36:00 Et donc en fait, on a beaucoup plus trouvé de météorites
36:02 au 19e siècle qu'au 20e siècle.
36:04 L'année dernière, c'était une année un peu exceptionnelle
36:06 parce qu'on en a trouvé deux sur le sol français.
36:08 Ah oui ?
36:09 Une en Normandie et une en Sologne.
36:11 Alors pourquoi ?
36:12 Pour des raisons.
36:13 Déjà, on a le projet FRIPON
36:14 qui nous permet de détecter toutes les étoiles brillantes
36:16 qui passent au-dessus de la France
36:17 et qui potentiellement peuvent donner des météorites.
36:20 Et la deuxième chose,
36:21 on a Vigisiel qui nous alerte quand même
36:23 quand il y a quelque chose de brillant
36:24 qui passe au-dessus de la tête.
36:25 Donc on a des gens qui nous envoient des rapports.
36:26 Nous, ça nous met un petit étincelle en disant
36:29 "Attention, il y a quelque chose qui est passé au-dessus de nos têtes.
36:31 On va aller fouiller."
36:32 Et puis, en même temps,
36:34 on a tout ce qu'il faut aujourd'hui
36:35 pour aller chercher les météorites
36:36 et de savoir s'il y a une météorite
36:37 potentiellement qui est tombée en France ou pas.
36:39 Comment partant, Philippe,
36:41 à quoi ça ressemble en fait ?
36:42 Parce que moi, je vais y aller ce week-end, je vous le dis direct.
36:45 Je vais aller voir si j'en trouve une.
36:47 Je veux mon caillou.
36:49 Justement, un des buts de Vigisiel,
36:53 c'est justement de former des gens à trouver des météorites.
36:55 Aussi bien parce qu'ils sont en train de se promener
36:57 et puis ils voient un caillou bizarre
36:58 et ils pensent que c'est une météorite.
36:59 Nous, on peut les renseigner dessus.
37:00 Si jamais ils ont des questions, ils peuvent nous contacter.
37:02 Mais surtout sur des battus,
37:03 arriver à retrouver des météorites.
37:05 Donc une météorite,
37:06 alors là, on tombe super mal.
37:08 Parce qu'en temps normal,
37:10 on définit un objet qui ressemble à une météorite,
37:12 c'est un caillou qui est noir sur le dessus.
37:15 Parce qu'en fait, en rentrant dans l'atmosphère,
37:17 il y a une toute petite fine pellicule qui est en surface
37:19 et qui va fondre et qui va donner cette coloration noire
37:21 et qui en même temps est arrondie.
37:23 Si vous trouvez un caillou,
37:24 parce qu'il y a beaucoup de trucs qui sont noirs en surface,
37:26 mais qui est un petit peu anguleux
37:28 ou qui a des trous dedans,
37:29 ce n'est pas une météorite.
37:30 Une météorite, comme elle est lissée au moment où elle rentre dans l'atmosphère,
37:33 en fait, quand elle arrive au sol,
37:35 elle n'a pas de rugosité.
37:36 Tout a été lissé par la vitesse quand elle est rentrée.
37:39 Normalement, c'est ça.
37:41 Je vous dis normalement parce qu'en fait,
37:42 on a eu une météorite qui est tombée le 21 janvier.
37:45 Donc il y a six jours dans l'Allemagne.
37:48 En fait, sur les premiers jours,
37:50 on n'arrivait pas à la trouver.
37:51 Et une des raisons pour lesquelles on ne la trouvait pas,
37:53 c'est qu'on s'attendait justement à une météorite noire.
37:55 Et celle-là, comme elle est relativement rare,
37:57 en fait, elle n'était pas noire.
37:58 Elle était blanche, un peu grise à la surface.
38:01 On a mis beaucoup plus de temps à la trouver,
38:03 notamment parce qu'en fait,
38:04 on ne s'attendait pas du tout à ce type de météorite-là
38:06 et donc à cette couleur-là.
38:07 Donc dans 98 % des cas, elles sont noires.
38:10 Bon, si vous avez de la chance sur les 2 % qui y a,
38:12 mais pour les retrouver et les reconnaître,
38:14 c'est compliqué, elles peuvent être d'une autre couleur.
38:16 Alors vous avez dit le mot "fripon".
38:17 Qu'est-ce que le projet Fripon ?
38:19 Alors le projet Fripon,
38:21 alors Vigisiel, c'est un projet de science participative.
38:23 Donc là, n'importe quel citoyen peut participer.
38:25 Fripon, c'est un projet professionnel.
38:27 Donc en fait, ça a été organisé par l'Observatoire de Paris,
38:31 notamment, et plus d'autres organismes.
38:33 Et en fait, ce projet-là,
38:34 c'est qu'on a aujourd'hui une centaine de caméras
38:36 réparties partout sur le territoire français.
38:38 Donc des caméras, ce qu'on appelle les caméras "all sky",
38:40 c'est-à-dire qu'elles enregistrent tout le ciel.
38:42 C'est des caméras de très grand angle.
38:43 On voit tout l'horizon tout autour, et on voit vraiment entre 60 degrés.
38:46 Et en fait, elles vont enregistrer les météores,
38:48 donc les étoiles filantes les plus brillantes,
38:49 celles qui potentiellement peuvent donner des météorites à la fin.
38:52 Et comme on en a une centaine,
38:53 la chance qu'on a, c'est qu'on peut enregistrer un météore,
38:56 une étoile filante, avec deux, trois, des fois dix.
38:59 C'est même arrivé qu'on enregistre avec 15 caméras simultanément.
39:01 Ah génial !
39:02 Et en combinant ces 15 enregistrements,
39:04 on est capable de reconstruire très précisément
39:06 la trajectoire de l'objet dans l'atmosphère,
39:08 et donc savoir où c'est potentiellement tombé au sol,
39:11 s'il reste quelque chose, et surtout d'où ça vient dans l'espace.
39:14 Donc comme le disait Philippe tout à l'heure,
39:16 c'est un moyen à moindre coût d'étudier les astéroïdes
39:19 sans envoyer de sondes dans l'espace,
39:21 en récupérant directement le caillou au sol.
39:23 C'est dingue !
39:24 Question peut-être stupide, pardon de vous poser cette question,
39:26 mais elles arrivent d'abord à combien de kilomètres/heure ?
39:30 Et comment... c'est quoi ?
39:32 On ne percute jamais d'avion, par exemple ?
39:35 Bonne question !
39:37 Alors pour la vitesse...
39:38 Ah merci, merci, enfin une ! Au bout d'une heure !
39:40 Mais c'était une question qui volait haut, c'est normal vu le débat !
39:44 Ça ne vole pas si haut, c'est un truc...
39:46 Alors justement, par rapport à tout ce qu'on a vu de l'astronomie et de l'astrophysique avant,
39:50 où c'est très éloigné, on a parlé d'années-lumière,
39:52 on a parlé de distance qui était en centaines de milliers de milliards de kilomètres,
39:55 là on est à une échelle qui est terrestre,
39:57 parce que même si les astéroïdes sont loin, c'est pas très très loin,
40:00 et alors les étoiles filantes, j'en parle pas, parce que là c'est dans l'atmosphère.
40:02 Donc c'est à moins de 100 kilomètres d'altitude.
40:04 Ah oui !
40:05 Donc c'est de l'astronomie proche pour nous.
40:07 Mais la vitesse par contre, elle est loin d'être proche,
40:09 parce que la poussière qui va donner naissance à une étoile filante,
40:13 sa vitesse est comprise entre 12 et 72 kilomètres par seconde.
40:17 Par seconde, on n'est pas en kilomètres/heure.
40:19 En converti en kilomètres/heure, ça fait à peu près entre 40 000 et 250 000 kilomètres/heure.
40:24 Donc c'est très très rapide.
40:25 Et c'est pour ça que la plupart des étoiles filantes que vous voyez,
40:27 c'est plus petit qu'un grain de sable,
40:29 mais ça va tellement vite que ça crée cette traînée lumineuse qu'on voit dans le ciel.
40:32 Donc ça c'est pour les vitesses.
40:34 La deuxième question, je ne me rappelle plus.
40:36 Non mais ça veut dire qu'elles percutent le sol à cette vitesse-là ?
40:40 Non, elles sont ralenties.
40:42 Ah oui, c'est ça.
40:43 C'est toute la complexité.
40:44 Elles sont ralenties par les avions, parce que c'était ma deuxième question.
40:46 Voilà.
40:47 Pour percuter un avion, en fait, les probabilités sont faibles.
40:49 D'accord.
40:50 Déjà, ça ne percute jamais un être humain.
40:52 Dans l'histoire, même s'il y a des rumeurs ou des théories qui disent que
40:56 machin s'est fait percuter par une météorite et il est mort ou il a été blessé,
40:59 on n'a pas de preuves physiques que ce soit arrivé.
41:01 Proche des gens, clairement, en Sologne, il s'est tombé sur une table de jardin,
41:04 par exemple.
41:05 Par contre, on n'a pas de victimes liées à des impacts récents.
41:07 On a eu des victimes il y a 66 millions d'années avec pas mal de dinosaures.
41:11 Mais aujourd'hui, ça n'existe plus.
41:13 En tout cas, on ne l'a pas eu.
41:14 Donc pour que ça percute un avion, en fait, c'est tout petit.
41:16 Et quand ça arrive à basse altitude, déjà celles qu'on survécu,
41:19 elles étaient grosses, mais elles deviennent petites.
41:21 Il faut imaginer que l'astéroïde qui est rentré en Allemagne,
41:23 il faisait un mètre de diamètre à peu près à l'entrée.
41:26 À l'arrivée, les cailloux que les gens ramassent,
41:28 c'est entre la taille d'un de ces quelques millimètres
41:30 à quelques centimètres de diamètre.
41:32 Ah mais quelle déception !
41:34 L'autre point, c'est qu'il y a quand même deux tiers de la surface de la Terre
41:38 qui est recouverte par les océans.
41:39 Donc il y a plus de risques que ça tombe dans l'eau que sur Terre.
41:42 Et même sur Terre, il y a plus de déserts que de zones habitées.
41:45 Donc avant que ça percute un avion ou un être humain,
41:47 il y a quand même beaucoup de chemin à faire.
41:49 Donc les probabilités sont non nulles, mais très faibles.
41:53 Eh bien, j'en trouverai une quand même ce week-end.
41:55 Je vais me débrouiller.
41:56 Merci beaucoup, Carl Antier, d'avoir été avec nous.
41:58 Géophysicien et membre de ce réseau Vigisciel.
42:01 C'était passionnant. J'ai adoré cette émission.
42:04 Moi aussi, passionnant.
42:05 Merci Philippe de l'avoir préparée.
42:07 Merci à vous.
42:08 Merci beaucoup à nos équipes.
42:09 On vous retrouve demain.
42:11 On espère que vous avez passé un bon moment avec nous depuis 17h.