Le professeur de management Omar Aktouf, dans son fameux ouvrage « La stratégie de l’Autruche » a montré ô combien penser le management sans penser l’économie est une incurie. Il a ainsi introduit sa fameuse notion d’économie-management. Cependant, il y a un autre couple à ne pas perdre de vue si nous voulons transformer avec justesse dans le temps et dans l’espace, c’est le couple éducation-management. On ne peut pas penser la pratique managériale sans penser l’hérésie d’un pan entier de ce qui est appelé « formation en management ». [...]
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00:08 Professeur de management Omar Aktouf, dans son fameux ouvrage "La stratégie de l'autruche",
00:13 a montré ô combien penser le management sans penser l'économie est une incurie.
00:17 Il a ainsi introduit sa fameuse notion d'économie-management.
00:21 Cependant, il y a un autre couple à ne pas perdre de vue
00:24 si nous voulons transformer avec justesse dans le temps et dans l'espace.
00:28 C'est le couple éducation-management.
00:31 On ne peut pas penser la pratique managériale sans penser l'hérésie d'un pan entier
00:36 de ce qui est appelé formation en management.
00:39 En effet, on inculque souvent aux ouailles rien d'autre qu'une illusion managériale
00:45 quand une idée avait bien décrite.
00:47 "Celui qui est victime d'une telle illusion", dit-il,
00:50 "considère les gens qui sont sous ses ordres comme les instruments avec lesquels
00:55 il lui faut accomplir sa tâche et réaliser ses projets".
00:58 Chacun a un rôle particulier, peut-être une aptitude particulière,
01:03 et son rôle de manager consiste à l'utiliser comme un charpentier utilise sa scie,
01:08 son ciseau et sa foreuse pour transformer une idée en produit chine.
01:14 De la même manière, il se considère inconsciemment
01:17 comme un des instruments de son supérieur hiérarchique.
01:22 Malgré tous les travaux, toutes les disciplines,
01:25 notamment les sciences du travail,
01:27 critiquant ou dénonçant un tel mythe, la pratique ne change guère.
01:32 Le questionnement du couple éducation-management
01:35 doit donc être au cœur de toute velléité de transformation,
01:39 car il permet de remonter à la raison des effets,
01:43 et ainsi remettre au centre quelques idées-forces fondamentales
01:47 face à la complexité des systèmes sociaux.
01:51 Comprendre une fois pour toutes que penser,
01:54 c'est ne jamais se satisfaire d'une connaissance partielle,
01:58 même précise, et du présent même si lumineuse,
02:02 comme disait André Gros.
02:04 Il faut donc de la compétition argumentative pour ajuster les perspectives,
02:09 ainsi que des enquêtes pour se rapprocher d'une compréhension fine du réel.
02:14 Rappelons-nous cette fameuse phrase de Georges Canguilhem,
02:18 "On calcule des résultats, on enquête sur des jugements et des actes".
02:24 Comprendre qu'aucune discipline seule
02:26 ne permet de saisir toute la complexité de l'action collective.
02:29 Dès lors, sans diplomatie des disciplines,
02:32 difficile d'envisager de véritables transformations
02:35 dans l'espace et dans le temps pour obtenir le plus en sacrifiant le moins.
02:42 Sortir du mythe du travail exact,
02:45 c'est dans le jeu J-E-U, entre le travail prescrit et le travail réel,
02:50 que se glisse le jeu J-E qui travaille,
02:53 la créativité, le dépassement de soi et donc la joie.
02:58 Savoir qu'aucun système social n'est entièrement programmable ou contrôlable.
03:03 Les hommes ne seront jamais des ressources,
03:06 mais demeurent toujours des acteurs,
03:09 malgré l'étendue des contraintes autour d'eux.
03:12 Comprendre enfin que l'innovation technologique, l'IA ou toute autre technique,
03:18 sans les infrastructures sociales et politiques adéquates,
03:22 dans l'entreprise, bien sûr, n'est qu'un facteur de routinisation de plus du travail,
03:27 c'est-à-dire d'augmentation du travail de machine.
03:32 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]