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00:00 Le 6/9, France Bleu Med.
00:03 Grégory Régnier.
00:05 Nous sommes le jeudi 1er février 2024
00:08 et il y a 70 ans, retentissait sur les ondes de Radio Luxembourg cette voix.
00:13 Mes amis, au secours !
00:16 Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3h,
00:21 sur le trottoir du boulevard Sébastopol,
00:24 serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier,
00:29 on l'avait expulsée.
00:31 Cette voix, c'est celle de l'abbé Pierre qui lançait ce fameux appel
00:34 lors de l'hiver 54 qui était terrible.
00:36 70 ans après, il fait beaucoup moins froid,
00:38 mais la pauvreté reste bien sûr et malheureusement d'actualité.
00:42 Michel Lopez, bonjour.
00:43 Bonjour.
00:44 Vous êtes le président de la communauté Emmaüs, ici en Sarthe.
00:47 Vous êtes accompagné ce matin par Armel Walton.
00:49 Bonjour Armel.
00:50 Bonjour.
00:51 Co-responsable de cette communauté.
00:52 70 ans après, est-ce qu'on pourrait refaire le même appel sur les ondes ?
00:57 Tout à fait. En fait, je pense que c'est l'occasion aussi,
01:01 pour ces 70 ans, de s'interroger, un double questionnement,
01:05 à la fois sur le sens qu'on peut donner à cet appel,
01:09 et puis une autre interrogation, est-il toujours d'actualité ?
01:13 Alors je répondrais que pour moi, cet appel sur les 70 ans,
01:17 c'est l'appel du désespoir et de l'espoir.
01:21 Puisque le désespoir, puisqu'il y avait en 54 des gens
01:26 qui mourraient de froid, et puis de l'espoir,
01:30 puisqu'il y a cette insurrection de la bonté,
01:33 à laquelle, d'une manière massive, les gens vont répondre.
01:37 Voilà. Alors la deuxième question, est-il toujours d'actualité ?
01:41 Il suffit de se tourner vers notre société,
01:45 et est-ce que la misère a disparu ?
01:47 Est-ce que l'exclusion a disparu ?
01:49 Et puis force est de constater que non.
01:51 Du désespoir, on passait à l'espoir en 54,
01:53 est-ce que ce n'est pas l'inverse maintenant, en 2024, Armel ?
01:57 Est-ce que ce n'est pas le désespoir qui, finalement, gangrène cette société,
02:01 cette situation ?
02:03 Le désespoir est surtout,
02:05 je vais faire un petit discours un petit peu anticapitaliste,
02:09 mais néanmoins, c'est un peu ce qui se passe avec l'augmentation
02:13 des richesses de certains et certaines,
02:16 l'hyper-précarité des autres.
02:18 Rappelons-nous quand même que là, on a quand même beaucoup
02:21 de travailleurs précaires qui ont des contrats,
02:24 qui vivent dans leur voiture.
02:26 On a de plus en plus d'enfants dans les rues,
02:28 donc en effet, il y a un petit peu désespoir.
02:30 Néanmoins, dans les personnes qu'on reçoit tous les jours,
02:34 qui veulent devenir, qui essayent de devenir compagnons-compagnes,
02:37 parce qu'on reste quand même un des derniers lieux,
02:39 j'ai l'impression de pouvoir retrouver de l'espoir,
02:41 c'était d'ailleurs le discours de l'abbé Pierre,
02:44 c'est d'avoir de l'espoir ici.
02:48 - Eh bien, moi tous les jours, je dois dire non à certaines personnes,
02:52 parce qu'on doit accueillir les personnes dans la dignité.
02:55 On est conditionné par un nombre de places,
02:57 qui est structurel dans la communauté.
02:59 Donc là, je vois des personnes repartir désespérées.
03:03 Je vois d'autres qui reprennent de l'espoir,
03:05 parce qu'on essaie de les orienter ailleurs.
03:08 Et puis on a toutes celles qui sont dans la communauté.
03:10 Dans toutes les communautés en France,
03:12 il y en a plus de 120, il y a 5000 personnes
03:14 qui reprennent de l'espoir, qui sont formées,
03:17 et qui sont ensemble.
03:19 - Et puis l'espoir, c'est également grâce aux donateurs,
03:21 Michel Lopez et Karka M,
03:23 heureusement que la solidarité existe encore en 2024.
03:27 - Ah ben c'est bien évident qu'on a des principes,
03:32 j'aurais bien envie de les rappeler,
03:34 parce que quand même, le principe pour moi,
03:36 qui me paraît fondamental, c'est le regard
03:38 que l'abbé Pierre porte sur l'homme.
03:40 Et ça c'est intéressant.
03:42 Le discours de 54, je voudrais y revenir,
03:45 sa conclusion c'est de dire
03:47 "Qui que tu sois, entre, dort, mange et reprend espoir,
03:51 ici on t'aime."
03:53 Et d'actualité, on parle de désespoir,
03:55 moi actuellement, l'espoir on l'a toujours,
03:57 parce que ce regard sur l'homme, on l'a toujours.
03:59 Et pour moi, c'est effectivement,
04:01 c'est le véritable fond de notre démarche.
04:05 Tant qu'on aura ce regard humain sur l'homme,
04:09 cette acceptation de l'homme comme il est,
04:11 quel qu'il soit, sans condition,
04:13 on aura bien compris ce que t'est l'avisage de l'abbé Pierre.
04:17 Alors pour en revenir au donateur,
04:19 effectivement, des principes c'est beau,
04:21 mais il nous faut un modèle économique,
04:23 et c'est grâce au don des uns et des autres,
04:26 des donateurs et aussi de nos acheteurs solidaires.
04:29 - D'où l'importance de sensibiliser à votre cause,
04:32 ça sera le cas cet après-midi, place de la République,
04:34 comment à partir de 13h, c'est bien cela Armel ?
04:36 - De 13h à 18h, nous appelons à toutes les personnes
04:39 qui le souhaitent, pour un geste, un grand élan de solidarité,
04:44 de nous apporter des couvertures, des sacs de couchage,
04:47 des tentes, car nous les redistribuons aux personnes
04:49 qui sont dans la rue, au Mans, mais aussi ailleurs,
04:52 partout au niveau national,
04:55 de venir, il y aura de la soupe, du café,
04:58 on sera là pour discuter avec eux, avec elles,
05:01 il y aura les compagnes, les compagnons, enfin voilà.
05:03 - De la convivialité également, de l'entraide,
05:05 de l'écoute et du soutien, c'est un petit peu le principe également,
05:08 on souhaitait mettre un coup de projecteur ce matin,
05:10 même si c'était assez court, mais on vous réinvitera,
05:12 à n'en pas douter, dans les prochaines semaines.
05:14 Merci beaucoup Armel, merci beaucoup Michel Lopez,
05:16 vous qui êtes le président d'Emmaüs ici en Sarthe,
05:18 à 70 ans après, il convient toujours et encore
05:21 d'aider son prochain, c'est pas l'abbé Pierre
05:23 qui aurait dit le contraire, merci à vous.
05:25 On va enchaîner tout de suite avec la musique,
05:27 je dis ça pour Maxime qui réalise cette émission,
05:29 car le titre en plus, il a une résonance particulière,
05:32 retient les rêves, c'est pas mal ça comme message
05:34 à faire passer, surtout avec la voix chaude
05:36 de grands corps malades en ce jeudi matin. Il est 7h25.