• il y a 8 mois
Benoît Lambert, metteur en scène, présente sa version de L'Avare de Molière, créée en 2022 à la Comédie de Saint-Étienne.

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Amusant
Transcription
00:00 Il est 8h16, il a repéré pour nous une sortie côté spectacle, bonjour Patrice Cayet !
00:06 Bonjour Philippe, bonjour à tous !
00:07 Alors un grand classique sera joué demain soir à Val-Soleil-Bain
00:10 Si je vous dis Arpagon, Marianne, Cléante, voilà, c'est la vare !
00:15 C'est la vare de Molière !
00:17 Mais qu'est-ce qu'il va faire dans cette galère ?
00:18 Ma cassette ! Il m'a volé ma cassette !
00:21 On voit qu'on l'a appris à une époque !
00:23 Oui, on l'a joué peut-être à une certaine époque !
00:25 Dans la version du metteur en scène, Benoît Lambert qui est avec nous, bonjour !
00:31 Bonjour !
00:32 On peut affirmer sans se tromper que vous êtes vraiment un spécialiste de Molière
00:37 C'est la quatrième pièce de Molière que je monte, ce qui est significatif quand même
00:41 dans un parcours de metteur en scène aujourd'hui en tout cas
00:44 et on a eu envie de se pencher sur cette comédie noire et grimaçante
00:50 qui est une des pièces les plus connues de Molière
00:52 mais qui n'est pas forcément la plus aimée d'ailleurs
00:54 parce que c'est une pièce bizarre, un peu chaotique, un peu étrange
00:58 mais évidemment très réjouissante, c'est une très grande et très belle comédie
01:02 Alors, on a connu beaucoup d'avare, je veux dire au théâtre !
01:05 Oui, au théâtre !
01:07 Vous avez dit ça en me regardant !
01:08 Et au cinéma d'ailleurs avec Louis de Funès !
01:10 C'est vrai !
01:11 Très très belle version au cinéma !
01:12 Belle adaptation !
01:13 Alors, qu'est-ce qui, Benoît Lambert, caractérise votre Arpagon ?
01:18 Quand on monte un classique, l'objectif ce n'est pas forcément de montrer
01:22 qu'on a compris sur la pièce une chose que personne n'avait compris
01:24 La pièce, elle a quatre ans, elle a été beaucoup jouée, beaucoup montée
01:28 Louis de Funès était un bel Arpagon d'ailleurs
01:31 Le film n'est pas forcément formidable à tout point de vue
01:34 mais lui, c'était un bel Arpagon, il avait des intuitions très fortes dans le personnage
01:39 Donc je crois que ce qui se passe surtout, c'est qu'on a envie de raconter cette histoire
01:42 de la faire entendre à nouveau, de faire entendre cette langue
01:44 Je vous aime trop pour cela, et mon amour pour vous durera autant que ma vie !
01:49 Ce qui est très fort chez Molière au fond, c'est que
01:51 tout ce qui fait rire dans notre pays encore aujourd'hui, lui doit quelque chose
01:54 Donc il y a une sorte de familiarité étrange quand on redécouvre les pièces de Molière
01:59 parce qu'au fond, on les redécouvre, on a une idée vague de la part
02:02 on sait qu'il va faire voler une cassette et qu'il y aura une scène où il va en parler
02:05 mais toute l'intrigue, ce qui se passe, comment ça se déroule, qui sont les personnages secondaires
02:10 tout ça, ce n'est pas très clair dans la tête du public et c'est bien normal au fond
02:12 C'est de mariage, mon père, que nous désirons vous parler
02:16 Et c'est de mariage aussi que je veux vous entretenir
02:19 Donc il y a toujours un plaisir à re-raconter l'histoire, à se replonger à nouveau dans l'histoire
02:24 à comprendre comment elle fonctionne et à montrer le mouvement de la pièce
02:28 et moi je ne sens pas la nécessité ni d'actualiser, ni de moderniser
02:32 ni de prétendre que ça parle absolument d'aujourd'hui
02:34 Je crois que c'est intéressant simplement de se mettre à l'écoute d'un grand dramaturge
02:39 et de retrouver le plaisir de cette langue, de ces situations, de ces quiproquos
02:46 de ces gags presque, comme on pourrait le dire, et de retrouver l'énergie d'un grand truteur
02:51 Benoît Lambert, la critique sociale reste la même aujourd'hui qu'il y a 400 ans ?
02:56 Moi je crois à l'histoire, je pense que les situations ne sont jamais les mêmes d'une époque à l'autre
03:01 Je crois que ce qui est intéressant quand on montre une pièce qui a 400 ans
03:03 c'est justement de mesurer à la fois tout ce qui a changé et tout ce qui est resté pareil
03:08 Il y a plein de choses qui ont changé, le monde de Molière n'est pas le nôtre
03:11 les relations entre les parents et les enfants, entre les serviteurs et les maîtres
03:17 tout ça n'est pas absolument identique
03:19 Je ne l'épouserai pas !
03:20 Je suis votre très humble valet, mais avec votre permission vous l'épouserez !
03:23 Dès ce soir !
03:25 Dès ce soir !
03:26 Dès ce soir !
03:26 Mais tout de même, oui, il y a des structures de pouvoir qui sont, si ce n'est invariantes dans le temps
03:31 en tout cas qui ont une forme de permanence, c'est-à-dire oui, à toute époque, à tout moment
03:36 il y a ceux qui ont le pouvoir et ceux qui le subissent
03:39 et de savoir comment est-ce que ceux qui le subissent se dénèment
03:42 pour essayer justement de ne plus le subir autant
03:44 ou en tout cas essayer de le subir moins et un peu aussi au cœur de la pièce
03:48 et là ça recoupe en plus une question, encore une fois, de génération
03:51 c'est-à-dire comment est-ce qu'on se débat avec ses parents
03:54 il y a des choses qui restent et peut-être éternellement les mêmes
03:57 mais il y a aussi des choses qui bougent et des choses qui changent
03:59 c'est intéressant d'avoir ce double mouvement
04:01 Ce n'est pas une chose épouvantable qu'un fils qui veut entrer en concurrence avec son père
04:06 Quand on monte une pièce ancienne, au fond, on fait toujours une sorte de voyage dans un pays lointain
04:10 et il y a un plaisir aussi du dépaysement, moi j'y tiens beaucoup
04:13 on n'a pas fait une version classique, enfin, ce ne sont pas vraiment des costumes d'époque
04:19 mais on a quand même essayé de marquer dans le décor, dans les costumes, dans les maquillages
04:23 l'idée qu'une distance nous séparait de cette pièce
04:26 et cette distance elle est aussi source d'une forme de plaisir
04:28 c'est-à-dire non, ça ne parle pas d'ici et maintenant, ça résonne avec notre époque
04:33 mais ça n'en parle pas directement et c'est au fond dans ce jeu de va-et-vient
04:36 que se construit aussi, j'espère, le plaisir des spectateurs
04:39 L'avare de Molière par la comédie de Saint-Etienne
04:43 Merci Benoît Lambert et à demain !
04:45 Merci à vous !
04:46 Demain 20h30, au Quinconce, De Valse-les-Bains
04:49 Avec vos tickets !
04:50 Et parce que vous y serez, oui !

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