La majorité des blocages d’agriculteurs ont été levés ce vendredi, après l’appel des syndicats majoritaires (FNSEA et Jeunes Agriculteurs) qui a suivi les dernières annonces de Gabriel Attal. Une suspension néanmoins conditionnée à des "premiers résultats" d'ici le Salon de l'agriculture (24 février-3 mars) et à l'adoption d'une loi d'orientation agricole, ainsi que de mesures européennes avant le mois de juin
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00:00 M. Rousseau, il est président de la FNSEA, mais il est président d'un groupe agroalimentaire qui s'appelle Avril, avec une part d'investissement qui s'appelle Sophie Proteol.
00:09 Le groupe Avril, c'est 9 milliards de chiffres d'affaires, et un bénéfice net en 2022 de 138 millions, c'est-à-dire +45%.
00:18 – Attendez, je termine, M. Rousseau, quand il achète par exemple du tournesol à un petit producteur des Landes, il ne lui paie pas le prix que ça lui a coûté,
00:29 exactement comme Lactalis fait avec les producteurs de lait.
00:32 Et la FNSEA dans cette situation aujourd'hui, dans cette crise, a un rôle majeur, parce qu'en fait, elle cogère depuis les années 50,
00:41 la politique agricole de notre pays avec l'État.
00:45 Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'elle prétend représenter l'ensemble de l'agriculture française,
00:50 alors qu'en 2019, aux élections, elle a fait 55,3% de résultats, avec 53% d'abstention.
00:59 C'est-à-dire qu'elle ne représente qu'un quart des agriculteurs, mais par ailleurs, elle tient pratiquement toutes les chambres d'agriculture de France,
01:07 elle est à la tête de toutes les coopératives de France, celles qui produisent et qui fournissent les phytosanitaires,
01:14 et à la tête de toutes les commissions locales du crédit agricole.
01:16 Voilà, c'est un État dans l'État.
01:18 Et donc aujourd'hui, la FNSEA peut se frotter les mains, mais c'est une victoire à l'apirus, parce que ça ne change rien, rien, à la condition...
01:25 – Et la Confédération paysanne d'ailleurs dénonce cette décision, le troisième syndicat agricole.
01:29 – Mais ça ne change rien à la condition des agriculteurs qui n'ont rien vu d'annoncé sur les prix planchers,
01:33 sur les protections tarifaires qui pourraient leur permettre de vivre de manière décente.
01:36 – Donc vous dites qu'ils ont perdu sur toute la ligne, dans un enduramel.
01:38 – Vous ciblez Arnaud Rousseau et vous avez raison de rappeler sa double casquette,
01:41 d'ailleurs il y a un moment assez savoureux dans l'interview ce matin d'Apolline de Malherbe,
01:44 où il est interrogé sur le recours à des centrales d'achat hors de France,
01:48 notamment pour les négociations avec des distributeurs, et il est assez embêté, et encore je suis poli...
01:54 – Après il est présent dans 15 pays. – Absolument, mais simplement...
01:57 – C'est une multinationale.
01:58 – Si on prend les agriculteurs qu'on a interrogés ici sur nos plateaux Noël Mamère, sur nos plateaux à l'extérieur,
02:03 il n'y a pas que les membres de la FNSEA qui mettaient en avant des règles qui, selon eux, étaient trop difficiles à mettre en œuvre.
02:10 Donc est-ce que ce n'est pas un peu facile de simplement dire,
02:12 c'est les rois de l'agroalimentaire qui ne veulent pas réduire leur usage des pesticides ?
02:18 La réalité c'est qu'il y a aussi en France des contraintes qui n'existent pas dans d'autres pays.
02:25 Est-ce qu'au fond, il ne vaut pas mieux, comme c'est le cas dans le plan éco-phyto,
02:29 dire on prend un mois pour se mettre autour de la table pour essayer de faire en sorte que ce soit plus facilement applicable,
02:34 plutôt que de mettre en œuvre un projet qui de toute façon met toute une série d'agriculteurs de côté ?
02:39 - Je vais respecter vos arguments, mais quand vous dites on va mettre un mois pour régler le problème,
02:43 le problème a commencé en 2008, donc ça ne fait pas un mois.
02:46 - Oui mais vous savez, ce qui est dit, c'est que pendant un mois, l'idée c'est de changer notamment les instruments de mesure pour baisser l'usage des pesticides.
02:53 - Sauf que les instruments de mesure vont s'aligner sur ce qu'il y a de plus bas,
02:56 c'est le moins disant en matière de protection,
02:59 puisqu'on va s'aligner sur des études qui ne sont pas celles de ceux qui disent aujourd'hui que par exemple le glyphosate peut être un cancérogène.
03:08 Mais évidemment qu'il faut des simplifications administratives dans le fonctionnement de l'agriculture française, personne ne renie ça.
03:17 Mais ce qui ressort aujourd'hui des reculs du Premier ministre et du gouvernement,
03:23 c'est que c'est encore un cadeau à ceux qui sont les plus importants dans ce système.
03:28 C'est 18% des agriculteurs qui aujourd'hui vivent en dessous du seuil de pauvreté,
03:34 qui ont beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts. Ceux-là, ils ne sont pas servis dans cette affaire.
03:40 Et je pense que mettre le doigt, mettre les lumières, les spotlights sur la question écologique et sur tout ce qui aurait nuit,
03:48 - On se trompe de combat, M. Gilles.
03:49 - Tout ce qui aurait freiné la production, c'est un leurre.
03:52 C'est un leurre pour mieux maquiller les responsabilités à la fois du gouvernement,
03:56 mais je le répète, du syndicat majoritaire, la FNSEA, dans la situation dans laquelle on est.
04:01 Donc c'est une défaite pour une partie de l'agriculture, mais c'est aussi une défaite pour l'Union européenne,
04:05 qui n'a pas été capable de réguler, et comme vous le disiez tout à l'heure,
04:09 avec à l'intérieur de l'Union européenne, des disparités qui sont inacceptables.