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00:00 Faut-il défendre davantage le breton et de façon générale les langues régionales ?
00:04 Pensez-vous qu'elles soient menacées de disparition ?
00:06 Parlez-vous breton ou l'avez-vous appris ?
00:09 Vous nous le dites ce matin au 02 99 67 35 35.
00:13 Et on s'intéresse ce matin à nos langues régionales
00:16 puisqu'une vingtaine de lycéens bretons se retrouvent à Paris
00:19 ce midi devant le ministère de l'éducation nationale
00:22 avec des corses, des basques, des alsaciens, des occitans
00:25 deux ans après le vote de la loi Mollac
00:27 sur la protection justement de ces langues régionales.
00:30 Il s'agit à la fois de demander plus de moyens pour la défense de ces langues
00:34 de rencontrer aussi des parlementaires pour témoigner de leur parcours.
00:37 Parmi ceux qui font le déplacement aujourd'hui à Paris
00:40 Anna Boulard, MASSA, élève en filière bilingue au lycée Jean Massé de Rennes.
00:46 Bonjour à vous.
00:47 Bonjour.
00:47 Merci d'être avec nous ce matin.
00:49 Alors je vais rappeler qu'on compte 19 000 élèves en filière bretonne dans notre région
00:54 10 000 dans le public, 5 000 dans le privé catholique
00:56 et 4 000 en école privée d'Iwan.
00:58 Vous, quel a été votre parcours pour apprendre le breton Anna ?
01:03 Alors moi je suis en duïés depuis, donc dans le public depuis la maternelle.
01:09 Je suis passée par les Gantelles puis le collège Anne de Bretagne
01:12 et maintenant je suis au lycée Jean Massé en terminale.
01:14 Et qu'est-ce qui vous a décidé en maternelle ?
01:16 Est-ce que c'est d'ailleurs vous qui l'avez décidé d'apprendre le breton ?
01:19 Pas en maternelle, je suis trop petite.
01:20 C'est mes parents parce que mon père c'est une langue qui lui tient à cœur
01:25 et il ne le parle pas mais il voulait que ses enfants le parlent
01:28 donc il nous a mis dans le breton et moi je suis très contente d'y être.
01:32 C'est une langue qui lui tient à cœur parce que sa famille le parlait,
01:35 il l'a entendu petit, ses grands-parents.
01:37 Ses grands-parents le parlaient mais ses parents non
01:40 et donc ça ne lui a pas été transmis et il voulait que par contre ce soit transmis à ses enfants.
01:44 Et alors à un moment vous avez quand même décidé de continuer,
01:47 ça vous a semblé aussi vous évident une fois que vous aviez plus de maturité pour le décider ?
01:52 Oui, au lycée notamment, au passage au lycée je voulais absolument continuer
01:57 parce que maintenant c'est une langue qui fait partie de moi
02:00 et que pour rien au monde je vais arrêter de parler.
02:03 Et pourquoi vous dites ça fait partie de vous ?
02:05 Dans quelle mesure ?
02:07 C'est devenu mon identité, c'est ma langue, c'est quelque chose que j'aime.
02:14 C'est votre langue plus que le français vous diriez ?
02:16 Non, je parle plus français que breton mais c'est une langue que j'aime beaucoup
02:21 et que je ne veux surtout pas qu'elle meure.
02:24 Et alors aujourd'hui vous la pratiquez comment ce breton ?
02:27 Alors en cours on le comprend bien mais aussi est-ce que vous avez avec vos amis et en famille
02:31 même si votre papa ne le parle pas, lui ?
02:33 Vous avez d'autres membres de votre famille avec qui parler breton ?
02:37 Alors je n'ai pas de personnes dans ma famille avec qui parler breton,
02:40 j'essaye un peu avec mon frère qui est aussi...
02:43 Qui apprend aussi le breton en direct.
02:46 Et malheureusement avec mes amis je n'arrive pas trop à parler breton
02:51 parce qu'on est parti dans une mécanique parler français.
02:55 Et aussi au collège notamment on était un peu mis de côté parce qu'on faisait breton
03:00 alors si on s'était mis à parler breton dans la cour ça ne l'aurait pas fait.
03:03 Vous voulez dire que c'est discriminant en Bretagne d'apprendre et de parler le breton ?
03:07 En 6ème, 5ème on était montré du doigt en disant "ah c'est les bretons".
03:12 Ça ne leur plaisait pas.
03:13 Et malgré tout vous avez voulu continuer à apprendre cette langue
03:16 ou peut-être justement à cause de ça vous avez voulu poursuivre cet apprentissage ?
03:20 C'est ma langue, je suis fière de la parler malgré ce qu'en pensent les autres.
03:24 Dites-nous, donc Anna Boulermassa, je le disais, il y a une vingtaine de lycéens bretons
03:28 qui vont à Paris aujourd'hui pour défendre ces langues régionales et donc notamment le breton.
03:33 Pourquoi est-ce que vous avez décidé, vous, d'aller à Paris aujourd'hui
03:37 et pour dire quoi, à qui précisément ?
03:40 Eh bien on pense que notamment si le breton il a du mal à être enseigné aujourd'hui
03:44 c'est notamment parce que l'article 2 de la constitution il bloque beaucoup de choses.
03:48 L'article 2 il dit que la langue de France c'est le français.
03:52 Or on le voit en France il y a plus de langues que juste le français.
03:57 Et donc on voudrait parler notamment aux députés pour leur dire que cet article doit être changé,
04:02 que la loi Moulak doit être appliquée parce que ce n'est pas tant le cas que ça.
04:06 Et on veut leur demander plus de moyens pour avoir plus de profs, plus de livres, de médias en breton
04:12 pour pouvoir transmettre, que cette langue continue de vivre.
04:16 Oui parce que donc effectivement depuis 2021 il y a cette loi Moulak,
04:20 du nom de notre député breton Paul Moulak qui a été voté,
04:24 mais qui n'est pas effectivement appliquée.
04:26 Vous comment vous le ressentez finalement parfois quand vos profs sont absents,
04:29 ils ne sont pas remplacés ou parfois même ils ne sont pas nommés parce que c'est ça,
04:32 en fait il manque des moyens pour développer le breton même dans notre région ?
04:37 Par exemple à Jean Macé cette année, les premières et les secondes n'ont pas de prof d'histoire en breton.
04:43 Donc ils sont en filière bilingue mais ils n'ont que 3 heures de breton par semaine
04:47 parce qu'ils n'ont pas d'histoire en breton.
04:49 Donc pour une filière bilingue ça ne fait pas le cas.
04:53 Donc le manque de profs aussi pour l'enseignement du breton.
04:56 Et pour le bac aussi je crois, il y a des épreuves, enfin c'est des options qui sont passées aujourd'hui,
05:03 vous voudriez que ça aille plus loin, qu'on reconnaisse plus votre apprentissage ?
05:06 Oui qu'on puisse passer plus d'épreuves en breton.
05:09 Là cette année une épreuve de DNL, d'histoire géo en breton a été mise en place,
05:13 mais certains élèves ne pourront pas la passer parce que leur inscription,
05:18 le formulaire d'inscription au lycée était très mal fait,
05:20 et donc du coup ils se sont coché la mauvaise case et ils ne pourront pas passer leur épreuve de bac en breton
05:26 puisque leur rectorat ne veut pas changer.
05:27 Voilà donc on comprend qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour défendre notre langue régionale,
05:31 pour défendre ce breton.
05:32 Merci à vous Anna Boulermassa d'avoir été notre invitée ce matin.
05:36 Vous êtes donc en filière bilingue breton au lycée Jean Massé de Rennes
05:40 et vous partez dans une heure pour Paris, donc pour défendre les langues régionales.
05:44 Merci à vous.

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