Sénégal : "ce qu'il s'est passé est un coup d'Etat constitutionnel" (opposition)

  • il y a 6 mois

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Transcript
00:00 - Mme Kordiouf, maire du Golfe Nord et membre du cabinet du président du PASTEF Ousmane Sonko,
00:06 est notre invitée ce soir.
00:07 Bonsoir, merci beaucoup d'être avec nous sur ce plateau pour commenter cette actualité.
00:11 Dans votre pays, le Sénégal, tout d'abord votre réaction sur le vote d'hier.
00:15 - Alors, je vous remercie de m'avoir invitée sur cette émission.
00:19 Je crois qu'aujourd'hui le Sénégal, malheureusement,
00:23 est en train d'écrire les pages les plus sombres de son histoire démocratique.
00:26 Ce qui s'est passé hier est un coup d'État constitutionnel, il faut le dire.
00:30 Hier, l'Assemblée nationale a enterré une loi pour reporter des élections présidentielles.
00:38 Pour un pays comme le Sénégal, qui vote depuis 1848, depuis 1960,
00:43 jamais au Sénégal nous n'avons assisté à un report d'une élection présidentielle.
00:47 Autant dire que c'est un coup de massue sur la tête des Sénégalais
00:51 et que c'est la démocratie sénégalaise qui a été attaquée hier par ce vote,
00:55 que nous allons contester parce qu'il est anticonstitutionnel.
00:58 - Alors, nous allons y revenir, mais tout d'abord,
01:00 Macky Sall, le président en poste, reste au pouvoir dix mois de plus.
01:03 Est-ce que cela vous inquiète ?
01:05 - Cela ne nous inquiète pas parce que nous sommes convaincus
01:07 que le vote aura bien lieu le 25 février 2024.
01:11 Tout simplement parce que le président de la République, à partir du 2 avril,
01:17 ne peut plus être président de la République du Sénégal.
01:20 La loi est claire, la constitution est claire.
01:24 Aucun président n'a le droit, ni les prérogatives,
01:27 d'allonger son mandat ou de réduire son mandat.
01:30 Cela a été dit par le Conseil constitutionnel en 2016.
01:32 Donc aujourd'hui, nous considérons que cette loi anticonstitutionnelle
01:36 que nous allons attaquer sera une loi qui va bientôt être dans les oubliettes
01:41 et que les Sénégalais, dans quelques jours, le 25 février exactement, iront aux élections.
01:47 En tout cas, nous appelons tous nos partisans qui sont aujourd'hui au Sénégal
01:50 et dans la diaspora de continuer la campagne
01:53 parce que nous considérons que cette loi n'a pas été une loi.
01:56 Seul le Conseil constitutionnel a le droit et les prérogatives de repousser une élection.
02:02 Aucune autre instance, aucune autre institution n'a le droit de le faire.
02:05 Alors on va y revenir.
02:06 Et justement, quel recours vous avez l'intention de déposer
02:10 pour que l'élection ait bien lieu le 25 février ?
02:14 Mais nous allons attaquer cette loi.
02:17 Sur quelle base ?
02:18 Sur la base du fait que le président n'a aucune prérogative.
02:23 Ni constitutionnelle.
02:24 Aucune loi de la République du Sénégal ne lui donne le droit
02:27 ni les prérogatives de pouvoir se prononcer sur les élections.
02:30 Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles de qu'on recourt.
02:34 Et je crois qu'il l'a dit…
02:35 Quelle valeur a ce vote à l'Assemblée nationale ?
02:38 Il n'a aucune valeur.
02:39 Aujourd'hui, le président de la République, en faisant ce qu'il a fait,
02:42 vient de créer un problème constitutionnel, institutionnel que nous n'avions pas.
02:49 Aujourd'hui, le Sénégal est un pays où les institutions marchent.
02:52 La preuve, on a voté hier à l'Assemblée nationale.
02:54 L'exécutif fonctionne, le pouvoir judiciaire fonctionne.
02:57 Nous ne sommes pas dans un pays où nous avons des problèmes sécuritaires.
03:00 Donc il n'y a aucune raison valable.
03:01 La seule et unique raison aujourd'hui qui fait que le président de la République
03:06 s'est permis de repousser ces élections, parce qu'il sait qu'il va perdre.
03:09 Il va perdre ces élections face à la coalition que nous avons l'honneur d'appartenir,
03:14 la coalition Baciru-Djamaé-Faye, où le président Ousmane Sonko, à sa tête,
03:18 plus tous les leaders de l'opposition se sont réunis pour lui donner une sévère défaite au premier tour.
03:25 Donc voilà justement les raisons valables sur lesquelles il s'est appuyé
03:28 pour repousser ces élections, ce que nous n'accepterons pas.
03:31 – Alors, si j'ai bien compris, pour vous, c'est le Conseil constitutionnel qui devra trancher.
03:36 – C'est le Conseil constitutionnel qui devra trancher.
03:38 Et nous sommes persuadés et convaincus que dans les jours qui viennent,
03:42 le Conseil constitutionnel va se prononcer, en tout cas nous l'espérons.
03:44 – Mais c'est justement le Conseil constitutionnel qui est pointé du doigt pour…
03:47 – Le Conseil constitutionnel.
03:48 – Par rapport à la disqualification du candidat Karimouade, entre autres.
03:55 Donc comment vous en sortir de cet imroglio ?
03:58 – Il n'y a pas d'imroglio, c'est très clair et net.
04:01 Aujourd'hui, ces accusations sont fallacieuses, elles ne basent sur aucune preuve réelle.
04:06 Donc c'est justement une création toute faite du parti présidentiel,
04:12 tout simplement, comme je l'ai dit tout à l'heure, pour repousser les élections.
04:15 Parce qu'ils savent qu'ils vont perdre au premier tour.
04:18 Donc nous aujourd'hui, nous sommes convaincus que le constitutionnel,
04:21 qui a le droit, le pouvoir de décider sur des élections au Sénégal,
04:26 va se prononcer et que ces élections auront lieu à date échue,
04:29 c'est-à-dire le 25 février 2024.
04:31 Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, notre coalition est en train de battre campagne.
04:35 Nous allons continuer à battre campagne.
04:37 Vous me permettrez juste de regretter les arrestations qui ont eu lieu aujourd'hui encore,
04:42 qui viennent aujourd'hui encore une fois se retrouver avec ces 1500 détenus
04:48 que nous avons aujourd'hui dans notre parti, le parti de Ousmane Sonko, qui est persécuté.
04:54 Mais il faut savoir que ces élections et l'avenir du Sénégal ne se fera pas sans nous.
04:59 Nous le disons très haut.
05:00 Le Sénégal est une république qui a une tradition démocratique très stable.
05:04 Le Sénégal est réputé pour sa démocratie.
05:07 Et nous nous battrons bête et ongle pour que cette démocratie continue à être un modèle en Afrique de l'Ouest.
05:12 Est-ce que l'opposition est unie aujourd'hui face à cette situation ?
05:15 L'opposition est unie et parle d'une seule voix.
05:18 La voix à laquelle nous nous appartenons, Bassirou Dioumaéfeï, la coalition Bassirou Dioumaéfeï,
05:24 autour de laquelle nous avons les leaders significatifs de l'opposition.
05:27 Et toute l'opposition, les 19 autres candidats, se sont mis ensemble ce dimanche pour lancer la campagne.
05:33 Et chaque candidat aujourd'hui a donné le même mot d'ordre à sa coalition pour aller battre campagne.
05:39 Donc c'est ça votre mobilisation ? La mobilisation de l'opposition, ce n'est pas à appeler à des manifestations, c'est à battre campagne ?
05:46 Nous nous mobilisons pour battre campagne.
05:48 Nous nous mobilisons pour aller retirer les cartes.
05:51 Nous nous mobilisons pour que les élections se tiennent.
05:53 Et nous nous mobiliserons aussi pour dénoncer cette forfaiture
05:57 et que le Conseil constitutionnel puisse rétablir le droit.
06:00 Je dirais juste aux Sénégalais que l'heure n'est plus à la démobilisation.
06:04 Au contraire, je suis sûre que nous avons le droit avec nous.
06:07 Je suis sûre qu'aujourd'hui le peuple sénégalais, ce grand peuple démocratique,
06:10 va continuer à marquer l'histoire de l'Afrique.
06:13 Et que dans quelques jours, nous allons passer à une élection où la page de ce régime en place,
06:18 ce régime malheureusement qui n'a qu'un bilan assez macabre,
06:21 plus de 100 morts dans les manifestations précédentes, plus de 1500 détenus,
06:26 dont des femmes qui sont détenues plus d'un an sans raison valable,
06:29 tout simplement parce qu'elles ont exprimé leur opinion.
06:32 Une presse qui est baïonnée.
06:33 Et ce qui s'est passé hier, l'internet qui a été coupé.
06:36 Notre plus grand média, Walfajri, qui a été coupé.
06:39 Voilà un peu le triste sort du Sénégal avec le gouvernement de Makisal.
06:44 J'ai une dernière question à vous poser par rapport à la CDAO qui a réagi
06:49 et qui a appelé le Sénégal à maintenir cette date et à revenir sur la première date,
06:54 c'est-à-dire du 25 février.
06:56 Quelle valeur a cette réaction de la CDAO alors que l'instance est fortement affaiblie,
07:01 notamment par le départ du Mali, du Niger, du Burkina Faso,
07:05 avec le contexte que vous avez évoqué aussi en Afrique de l'Ouest ?
07:09 La CDAO n'avait pas le choix.
07:11 Je crois qu'ils sont dos au mur et qu'ils ne peuvent pas aujourd'hui avoir reproché au Mali,
07:17 au Burkina, un putsch et ne pas faire la même chose au Sénégal.
07:20 Parce que c'est vraiment de cela qu'il s'agit.
07:22 Aujourd'hui, le Sénégal est en train de vivre un coup d'État constitutionnel.
07:25 Et la CDAO avait le devoir de rétablir la vérité.
07:30 Et la vérité est que les élections doivent se tenir le 25 février 2024
07:34 pour qu'on dise enfin au revoir à ce régime de Macky Sall,
07:37 qui n'a comme bilan que des morts, qui n'a comme bilan que des prisonniers,
07:42 mais surtout une dette aujourd'hui qui avoisine les 16 000 milliards
07:46 et enfin une démocratie à terre.
07:49 On espère que les élections vont se tenir ce 25 février 2024.
07:53 En tout cas, nous lançons un appel à tous les Sénégalais,
07:55 qu'ils restent mobilisés, qu'ils aillent récupérer leurs cartes
07:58 pour que ces élections puissent se passer dans le calme.
08:00 Et nous appelons la paix au Sénégal.
08:02 Merci beaucoup. Votre message est passé.
08:03 Merci Khadija Meikhor, diouf, maire et membre du cabinet
08:08 du président du PASTEF Ousmane Sonko. Merci.

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