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00:00 -Judith Godrech, la parole se libère.
00:02 -Vraiment, ce que j'ai entendu ce matin, c'est glaçant.
00:05 Absolument glaçant.
00:07 C'est une jeune femme, à l'époque, 14 ans, 15 ans,
00:11 qui raconte sa relation avec Benoît Jacot,
00:15 qui est un réalisateur extrêmement connu, apprécié, césarisé
00:19 du monde du cinéma.
00:21 Et que dit-elle ?
00:24 Qu'elle a été maltraitée.
00:27 Et quand je dis "maltraitée",
00:29 elle la porte et plainte.
00:31 Le Parquet de Paris a ouvert une enquête
00:33 après la plainte de l'actrice Judith Godrech.
00:36 Viol sur mineur.
00:38 On est sur viol sur mineur de 15 ans.
00:41 Pourquoi parle-t-elle plus tard ?
00:43 Tout le monde explique ça assez facilement.
00:46 C'est la mémoire traumatique que certains nient.
00:49 Je ne souhaite pas entrer dans la polémique.
00:52 Mais Mme Salmona, notamment, explique ça particulièrement.
00:57 - Je ne dis plus rien.
00:59 - Tout le monde sait ça, la mémoire traumatique.
01:02 - Bien sûr.
01:03 - Pourquoi vous dites "bien sûr" ?
01:05 - C'est une évidence qu'on porte plainte 40 ans après,
01:09 plutôt que 4 ou 5 ou 10 ans après.
01:11 - Ecoutons Mme Godrech, comme elle parle de sa relation.
01:15 - J'essayais de réfléchir et de me dire
01:19 "A quel moment j'ai regardé cet homme ?
01:22 "J'ai envie de sortir avec lui.
01:25 "Il est super beau."
01:27 Mais jamais.
01:28 Je regardais cet homme comme une figure paternelle,
01:32 comme l'autorité sur le tournage,
01:34 comme quelqu'un que tout le monde respectait,
01:37 qui faisait des grandes phrases définitives,
01:40 qui vous parlait de vous comme si vous n'aviez jamais été vue.
01:44 Comme si vous naissiez à travers les remarques qu'il faisait
01:49 sur votre beauté, sur les livres qu'il vous offrait,
01:52 les films qu'il vous montrait.
01:55 C'est comme toute une construction psychique
01:58 qui se reconstruit à travers ses yeux.
02:01 C'est comme s'il créait un portrait d'une fille, d'un enfant,
02:07 qui va devenir le vôtre.
02:09 Et pour résister à ça,
02:11 il faudrait une armée d'adultes.
02:16 Il aurait fallu une armée d'adultes.
02:19 Et donc, pour répondre à ça,
02:22 je ne peux pas vous dire, parce que je n'ai jamais été attirée
02:26 par Benoît Jacot, mais je me suis retrouvée avec lui.
02:30 Et je me suis retrouvée dans son lit.
02:33 Et je me suis retrouvée être sa petite femme, son enfant-femme.
02:37 - Son objet sexuel. - Voilà.
02:39 - Il faut entendre ce qu'il dit.
02:42 "Je n'ai jamais été attirée par lui et je me suis retrouvée
02:46 dans son lit."
02:48 Cette phrase est juste, mais pour certains,
02:51 on va écouter les 3 ou 4 passages,
02:53 et après, on pourra commencer la discussion.
02:56 Elle parle des sévices sexuels, à 14 ans et demi.
03:00 A chaque fois qu'on l'entend, on se dit "mais où sont ses parents ?"
03:04 C'est ça qu'on entend, ses parents qui sont psys,
03:08 psychothérapeutes, les deux.
03:10 On se dit "où étaient ses parents ?"
03:12 Elle a 14 ans et demi, que fait l'entourage ?
03:16 - C'était des psys à l'école de Gérard Miller.
03:19 - Ils vivaient ensemble, c'est ça qui est extraordinaire.
03:22 Ils habitaient ensemble, elle avait 14 ans et demi.
03:25 Le même toit, le même appartement.
03:27 - Ecoutez les sévices sexuels dont elle parle.
03:31 - Les sévices sexuels et le sadisme sexuel, oui.
03:35 Immédiatement.
03:37 - C'est-à-dire dès l'âge de 14 ans ?
03:40 - Oui, bien sûr.
03:42 - Il vous dit qu'il est votre maison,
03:46 et il crée un système de manque où je me suis sentie
03:49 complètement dépendante, où il met en scène des absences,
03:52 il s'invente tout un passé.
03:54 Je n'avais pas Google, je ne pouvais pas vérifier
03:57 si Ava Gardner était morte ou pas, ou quel âge elle avait.
04:00 C'était mon actrice préférée, il me racontait toute une histoire
04:04 d'amour avec elle, une autre avec Isabelle Adjani,
04:07 Anna Karina, Brooke Shield, dont il n'aimait pas la mère
04:12 parce qu'elle les empêchait d'être ensemble.
04:15 Tous les livres que j'aimais étaient des amis à lui.
04:20 J'aimais un peintre qui s'appelle Facianos,
04:24 il connaissait Facianos.
04:26 C'était comme si tout d'un coup j'avais rencontré quelqu'un
04:29 qui était le meilleur ami de tous mes écrivains préférés,
04:32 qui avait couché avec toutes mes actrices préférées.
04:35 C'est très particulier, c'est comme une main
04:39 qui se referme sur votre coeur et qui serre,
04:42 et après, il est impossible de s'en dégager.
04:45 - Elle a également évoqué la vie quotidienne qui était la sienne.
04:48 - Tout est sacré, tout est de l'ordre du fétiche,
04:53 c'est-à-dire qu'on ne s'habille que comme ça,
04:57 on met que cette... les chemises doivent venir de tel endroit,
05:00 le briquet doit être de telle marque, les chaussures c'est comme ça,
05:03 les cheveux, à moi, il fallait qu'ils soient à cette longueur,
05:06 la nourriture, ils ne mangent que ça.
05:10 Il fallait des carottes râpées, un avocat, des œufs à la coque.
05:13 On mange debout, on ne mange pas assis.
05:16 J'avais peur, puis d'abord j'avais peur pour des bonnes raisons,
05:19 il y avait aussi tout un fantasme des histoires qu'il racontait.
05:22 Il disait qu'il avait tué quelqu'un,
05:25 qu'il avait un pistolet dans le placard de l'entrée, rue Bourbon-le-Château.
05:31 Des histoires d'ailleurs qu'il a racontées à d'autres personnes que moi,
05:35 mais visiblement, à chaque fois, la manière dont il a tué des gens
05:38 est différente, chaque histoire, il réinvente les histoires à chaque fois.
05:41 Parce qu'au début, dans le fond, j'étais tellement docile.
05:44 Au début, j'étais complètement endoctrinée,
05:48 c'est comme si j'avais joué un joint, une secte,
05:51 et que j'étais la préférée de toutes les filles de la secte.
05:54 Je suivais complètement les règles de mon gourou.
05:57 - Et le dernier passage que je voulais vous faire écouter
06:00 concerne Jacques Doyon, et depuis, il y a eu une enquête
06:04 qui a été ouverte, depuis ce qu'elle a dit ce matin,
06:07 parce que ça a moins de 24 heures.
06:10 Jacques Doyon, c'est un réalisateur extrêmement connu.
06:13 Il l'engage pour faire un film qui s'appelle "La fille de 15 ans", je crois,
06:16 et Jacques Doyon va jouer le rôle
06:20 qui était au départ prévu pour un autre acteur.
06:23 Il a viré l'acteur. Et il y a une scène
06:26 qui va être reprise 45 fois, dit-elle,
06:29 où Jacques Doyon, effectivement, l'agresse sexuellement
06:32 sous le regard, dit-elle, de Jen Birkin,
06:36 de Jacques Doyon. Et ça se passe dans la maison
06:39 de Jen Birkin. Écoutez ce passage.
06:42 - En fait, il a viré l'acteur.
06:45 Il a recherché un acteur.
06:48 J'espérais que ce soit Alain Bachung.
06:52 D'abord, il a pris mes écrits pour en faire un film.
06:55 Il les a réadaptés, etc., mais il a engagé
06:58 un acteur qui s'appelle Rudiger Hauer.
07:01 On a commencé le tournage et il l'a viré.
07:05 Après, à Ibiza, il me faisait écrire des scènes
07:08 la veille pour le lendemain. Et tout d'un coup,
07:11 il décide qu'il y a une scène d'amour, une scène de sexe
07:14 entre lui et moi. Et là, on fait 45 prises.
07:17 J'enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote,
07:20 il me roule l'épelle. Et il y a Jane qui est là
07:24 derrière le combo. - C'est Jane Birkin ?
07:27 - Oui. Une situation extrêmement douloureuse pour elle,
07:30 qui, moi, me met... - Parce qu'elle est sa femme
07:33 ? - Voilà. - Après, chacun
07:36 fait son opinion. - Je peux donner la mienne ?
07:40 - Bien sûr. - Indépendamment de...
07:43 Peut-être que je parle aussi en tant qu'avocat,
07:46 mais je ne peux pas séparer l'homme de l'avocat dans cette histoire.
07:49 Il y a plusieurs choses qui me gênent. Je vais vous dire
07:52 les choses qui me gênent. La première, c'est évidemment,
07:56 comme je vous l'ai dit hier, c'est la durée.
07:59 Elle aurait pu porter plainte il y a 10 ans, ou il y a 20 ans,
08:02 alors vos explications psychologiques, je vous avoue,
08:05 madame je ne sais plus comment... - C'est Muriel Sanmonnet
08:08 qui a fait des travaux très importants là-dessus, sur Muriel,
08:12 sur la mémoire trompette. - C'est une femme sans doute
08:15 formidable, mais je maintiens... - Elle est psychiatre.
08:18 - Oui, elle est psychiatre, j'ai plus rien à dire.
08:21 D'autre part... - Mais ne traitez-vous pas ça comme ça ?
08:24 - Ecoutez, vous n'allez pas m'imposer comme toute réponse
08:28 le nom d'une psychiatre que je ne connais pas.
08:31 C'est un peu juridique. Bon, ça, c'est la première.
08:34 Deuxièmement, j'aimerais bien connaître l'avis
08:37 de M. Doyon. J'aimerais bien qu'il me donne son opinion
08:40 dans le cadre du contrat d'éditoire.
08:44 Elle parle de Jeanne Birkin, qui était l'épouse de Doyon,
08:47 elle n'est plus là pour en parler. Et je vais vous dire autre chose
08:50 qui est très importante pour moi, parce que j'ai entendu
08:53 cette émission, c'est la France Inter, donc il ne vous étonnera pas.
08:56 Il y a quelque chose qui m'a profondément énervé.
09:00 Une demi-heure avant, on avait parlé de Thomas Piketty,
09:03 qui est chroniqueur de temps en temps à France Inter.
09:06 D'accord ? On avait parlé en biais de Thomas Piketty.
09:09 Il se trouve que Thomas Piketty a été...
09:12 Un jugement très récent acte que Thomas Piketty
09:16 a été violent envers son ex-compagne,
09:19 Aurélie Filippetti.
09:22 Alors, si vous voulez, ça me gêne un peu
09:25 qu'on entende ça et qu'on le prenne en considération,
09:29 et qu'en même temps, on ne dise rien sur Thomas Piketty.
09:32 Excusez-moi, et c'est une affaire qui date de 3-4 ans.
09:35 Il y a quelque chose qui me gêne dans le temps.
09:38 - Là où vous avez 100 % raison, c'est vrai aussi pour Gérard Miller.
09:41 - Oui, bien sûr. - Gérard Miller, toute la gauche
09:44 n'en parle pas. Il y a une photo qu'on peut montrer à l'instant
09:48 où on voit Sandrine Rousseau à côté de Gérard Miller.
09:51 Voilà, on en est aujourd'hui à 41 femmes
09:54 qui accusent Gérard Miller ou d'agression ou de viol
09:57 ou d'attouchement que sèche sous hypnose.
10:00 Toute la gauche féministe ferme les yeux parce que Gérard Miller
10:04 est de gauche. Vous avez raison. - Le privilège rouge
10:07 l'emporte sur la détestation du mal blanc.
10:10 - Vous avez parfaitement raison.
10:13 - Ce qui est écœurant, et plus encore après avoir entendu
10:16 le témoignage de Judith Godrech, c'est précisément quand on entend
10:20 Benoît Jacquot, dans le reportage de Gérard Miller, dire
10:23 "mais ça l'excitait, elle était excitée vis-à-vis de tout cela".
10:26 Et il le dit avec une sorte de sourire, il a presque la bave
10:29 qui coule, le fait d'y repenser l'excite encore.
10:32 C'est écœurant au plus haut point, en fait.
10:36 - Oui, mais dans ce passage,
10:39 il y a beaucoup de choses.
10:42 D'abord parce qu'il dit tout à fait cyniquement
10:45 que le cinéma c'est bien, parce que c'est une couverture.
10:48 - Vous parlez de Jacquot, on est reparti sur Jacquot, sur Doyon.
10:52 - Oui, Jacquot. - Mais on parle pas de la même chose.
10:55 - Je vais vous préciser pour ceux qui parlent de Jacquot.
10:58 - Oui, tout à fait, il parle de Jacquot, interviewé par Miller.
11:01 C'est ce qui est quand même d'ailleurs une...
11:04 - Si on peut bien revenir sur le témoignage de Judith Godrech,
11:08 parce qu'on vient de le voir. - Oui, mais on va arriver à ça.
11:11 Le témoignage de Judith Godrech est justement sur Jacquot.
11:14 Moi, ce qui me frappe, c'est que là, en fait,
11:17 il y a pratiquement 40 ans, et le hasard,
11:20 et c'est pas un hasard, parce qu'il y a 40 ans
11:24 qu'on voit ça auprès de Miller, ça paraissait, pour une certaine gauche,
11:27 tout à fait normal. - Le film était pas il y a 40 ans.
11:30 Il y a 40 ans, c'est des agressions sexuelles,
11:33 mais le film, il a 15 ans, je crois, ou un peu moins que ça,
11:36 il a 2000 ans. - C'est récent. - Mais qu'aujourd'hui,
11:40 ce qui s'est passé également, les années, c'est qu'il y a un retournement,
11:43 il y a une sorte de révolution qui s'est faisée,
11:46 et que les mêmes qui autrefois trouvaient ça totalement normal,
11:49 aujourd'hui, partent en croisade,
11:53 et qui sont beaucoup, sans que les personnes qui sont accusées
11:56 ont la possibilité de se défendre.
11:59 Il y a quand même un retournement, je suis désolé,
12:02 c'est plutôt cool, on ne l'a pas constaté. - Il se défend, M. Jacot,
12:05 et Gérard Miller aussi, d'ailleurs. Il dit qu'il ne se souvient pas
12:08 et qu'il nie, parfaitement, voilà, c'est ce qu'il dit.
12:12 "Oui, c'était une transgression, ne serait-ce que regard de la loi
12:15 "telle qu'elle se dit, on n'a pas le droit, en principe, je crois,
12:18 "une fille comme elle, comme cette Judith, qui avait en effet 15 ans
12:21 "et ça, elle n'en avait rien à foutre, et même, ça l'excitait beaucoup,
12:24 "je dirais." - Ah ! - Le "je"...
12:28 - Et il nie autrement, effectivement, les accusations de Judith.
12:31 - Non, ce que je voulais vous dire, c'est que je garde quand même
12:34 un petit regret, en ce qui me concerne, lorsque nous avions modifié
12:37 les régimes de prescription, j'étais le rapporteur,
12:40 on avait doublé les délais de prescription,
12:44 il y avait énormément de demandes d'associations, de femmes,
12:47 d'avocats, qui militaient pour l'abolition de toute prescription
12:50 dans cette matière-là. Et moi, je suis resté fixé
12:53 sur une prescription, voilà. Je le regrette.
12:56 Parce que je crois qu'effectivement, dans ce type d'affaires,
13:00 surtout quand ça se passe dans la minorité, il y a des souvenirs
13:03 enfouis qui peuvent ressurgir à n'importe quel moment.
13:06 - Mais comment est-ce qu'on enquête 40 ans plus tard ?
13:09 - Après, c'est la question d'impreuve. - C'est très compliqué, quand même,
13:12 40 ans après, de trouver des preuves, des témoignages,
13:16 des personnes sont sans doute décédées entre-temps,
13:19 mais c'est impossible. Mais ces femmes,
13:22 ce que je peux comprendre d'ailleurs, elles arrivent quand même
13:25 à leur but, c'est que l'indignité est désormais jetée.
13:28 - Oui, vous avez raison.
13:32 - Et quand vous avez 41 personnes, comme Géraldine Miller,
13:35 41 ! Parce que s'il n'y en a qu'une...
13:38 Là, par exemple, pour M. Jacot, visiblement, maintenant,
13:41 il y a deux ou trois comédiennes qui parlent.
13:44 C'est toujours pareil, s'il n'y a qu'une personne.
13:48 - Mais la société ne les reconnaîtra pas dans le statut de victime.
13:51 - Oui, il y en a, ils ne peuvent plus sortir.
13:54 La vie sociale est terminée.
13:57 Là, M. Jacot, il devait sortir un film qui s'appelle "Belle",
14:00 avec Guillaume Canet d'ailleurs qui va sortir, le film ne va pas sortir.
14:04 Si tu es producteur, tu dis "je ne sors pas le film".
14:07 Parce que autrement, tu es effectivement mise...
14:10 On va te dire que tu es complice de ça. Donc le film,
14:13 je pense qu'il aura du mal à sortir.
14:17 - Je vais vous dire qu'il y a des acteurs qui sont bannis à mauvais titre,
14:20 alors qu'ils n'étaient pas coupables. Je prends l'exemple d'Ari Abitan,
14:23 qui est devenu témoin assisté dans une affaire où il ne sera pas condamné.
14:26 Moi, ce qui me gêne, Pascal, c'est que vous dites que l'indignité frappe ses hommes.
14:29 - Oui, mais elle ne frappe pas ses hommes, elle frappe les hommes.
14:32 - Il s'est passé quelque chose depuis la libération de la parole sur ce sujet,
14:36 c'est qu'on est arrivé des témoignages particuliers,
14:39 notamment dans ce milieu médiatico-artistique,
14:42 à une vérité générale selon laquelle il y a eu une réaction
14:45 et une époque où tout le monde s'est comporté comme un porc.
14:48 Et moi, je suis désolé... - Non, pas tout le monde.
14:52 - C'est le discours... - Il a raison, Miller.
14:55 - Il a raison, M. Miller. - Il a raison.
14:58 - Miller dit que ce n'était pas choquant, mais aujourd'hui, ça l'est devenu...
15:01 - C'est un scandale de dire ça. - Oui, parce qu'il n'y a pas que Miller.
15:04 Aujourd'hui, médiatiquement, l'idée s'est installée
15:08 qu'à une époque, les hommes croyaient avoir une impunité
15:11 et qu'aujourd'hui, c'est terminé grâce à MeToo.
15:14 - C'est vrai pour la politique aussi.
15:17 - Ce qui me choque dans cette histoire, c'est qu'en réalité,
15:20 je sais qu'il y a des violences sexuelles et des viols dans tous les domaines,
15:24 mais ce qu'on est en train de découvrir en ce moment
15:27 dans le témoignage de Judith Gaudrech, à savoir un système
15:30 qui ne dérangeait personne, une complaisance et une vraie impunité
15:33 de celui qui va s'en vanter des années plus tard,
15:36 ça n'existait que dans le milieu culturel.
15:40 Que dans le milieu de la gauche culturelle, des gens qui s'en vantaient
15:43 parce que ces gens sont les héritiers de la période de 1968
15:46 où il fallait libérer la sexualité, il n'y avait plus aucune limite
15:49 ou alors il fallait aller la tester, ils l'ont testée et leur seul malheur,
15:52 c'est que l'époque a changé. Donc aujourd'hui, on trouve condamnable
15:56 ce qu'on a toléré parfaitement à l'époque, mais comment vous croyez
15:59 qu'il s'en est vanté à l'époque devant ses amis ?
16:02 Dans l'affaire Vanessa Springora, c'était exactement la même chose,
16:05 plein de gens étaient au courant, personne ne disait rien.
16:08 Dans l'affaire d'Olivier Duhamel, il y avait une maison de vacances
16:12 dans le milieu culturel qui aujourd'hui est en train de se faire fracasser
16:15 par ces histoires. Mais moi, si je dis aujourd'hui à mes parents
16:18 qui sont nés dans les années 60, vous savez à l'époque c'était comme ça,
16:21 ils vont me dire "mais t'es fou, jamais on connaissait personne
16:24 qui faisait comme ça". - Personne ?
16:28 - Je porte à votre connaissance quand même que pendant que France Inter
16:31 fait toute une émission là-dessus, il m'étonnerait beaucoup
16:34 que demain, France Inter consacre une seconde à cette affaire
16:37 qui montre qu'un EQTF a vraiment un rôle important
16:41 à violer une femme de 91 ans.
16:45 D'accord ? - À Lille.
16:48 - À Lille. Personne n'en parle. Là, il n'y a pas de spéculation intellectuelle,
16:51 il n'y a pas à gloser sur la période de prescription.
16:54 - Je voulais juste vous faire écouter ce que disait Juny Godrej,
16:57 j'essaie toujours évidemment d'avancer avec le plus d'honnêteté possible,
17:01 sur 30 secondes, ce qu'elle disait sur 30 secondes,
17:04 il y a quelques années, ce qu'elle disait de sa relation à l'époque
17:07 avec Benoît Jacot.
17:10 - Benoît Jacot, c'est un homme qui est très bien connu dans le romanès,
17:13 dans le roman antique, et lui représentait tout ça.
17:17 C'était quelqu'un de très habité, de très intelligent,
17:20 de brillant et qui rendait la vie...
17:23 C'est quelqu'un qui réinventait la vie, vraiment.
17:26 Alors ensuite, évidemment qu'il avait énormément d'influence sur moi
17:29 et que j'étais quand même sous son emprise, en quelque sorte,
17:33 mais c'était une emprise extrêmement inspirante,
17:36 extrêmement inspirante,
17:39 extrêmement...
17:42 - Un Pygmalion.
17:45 - Un Pygmalion, oui.
17:49 - C'est quand ça ? - 2010.
17:52 - Oui. - Non mais c'est intéressant.
17:55 - C'est une autre version. - C'est avant Me Too.
17:58 - C'est avant Me Too et elle explique effectivement
18:01 qu'il y a une manière d'emprise qui est faite par le charme et l'intelligence.
18:05 Si on va maintenant considérer que le charme et l'intelligence
18:08 peuvent tenir quelques faveurs, on va avoir quelques problèmes.
18:11 - En 10 ans, on est passé des Pygmalions à Nord-Allemand.
18:14 - C'est pour ça que ces sujets sont très intéressants.
18:17 - Oui, oui.
18:21 - Nous essayons avec Benjamin Nôtre
18:24 d'apporter tous les éléments.
18:27 Parce que là, elle l'a quitté depuis 15 ans.
18:30 Alors évidemment, on entre dans ces cas-là
18:33 dans la vie privée, en parlant de cela ce soir,
18:37 mais au-delà de Judith Godrech et de ce couple-là,
18:40 ce qui nous intéresse, c'est effectivement ce type de relation.
18:43 - Le simple fait de dire qu'elle avait 14 ans devrait clore le débat.
18:46 - Mais je suis d'accord avec vous. - C'est le plus important.
18:49 Elle avait 14 ans, il n'y a plus rien à ajouter.
18:53 - Je suis d'accord avec vous. C'est la conversation que j'ai eue hier
18:56 et que je ne veux pas retrouver avec M. Golnadel
18:59 puisque pour moi, ça clôt la conversation.
19:02 - Mais pas pour Jérémy. - M. Golnadel aurait dit tout de suite
19:06 qu'à qui on aurait déféré cette affaire
19:09 dans un délai normal de prescription,
19:12 il aurait été peut-être encore plus sévère que vous, M. Pompon.
19:15 - C'est marrant parce qu'il y a beaucoup de gens qui réagissent.
19:18 Il y a une dame qui me dit
19:21 "Judith Godrech était consciente et consentante".
19:25 Je ne crois pas. - Non.
19:28 - Je ne dirais pas ça.
19:31 Et c'est bien le souci de ce sujet.
19:34 - C'est égal à 14 ans. - Oui.
19:37 [Musique]
19:39 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]