• il y a 10 mois
Mais alors est-ce qu’il faut laisser tomber l’aspect générationnel/transgénérationnel/intergénérationnel dans les pratiques psychothérapeutiques ?

BAH NON. L’approche systémique et le travail avec les familles et l’environnement social est toujours hyper important quand on prend en charge quelqu’un. Parce que dans les familles il se passe beaucoup de choses : attachement, liens affectifs, normes sociales, systèmes familiaux particuliers, conflits de loyauté, séparation, recompositions etc. Donc il ne faut pas diaboliser non plus l’utilisation d’outils comme le génogramme, sociogramme ou autre pour autant. Du moment qu’on est dans une démarche soit exploratoire et réflexive (pour mieux comprendre l’environnement du patient et en dégager des pistes thérapeutiques) et qui se base sur la preuve, c’est ok.

Par contre l’utilisation de ce genre d’outils pour chercher des corrélations, des anniversaires, des événements ou prénoms qui se répètent, des secrets de famille, bref pour interpréter des événements d’origines multifactorielles par le biais d’un lien inconscient transgénérationnel, là c’est non. C’est hyper réducteur et c’est une approche qui est déterministe, en plus d’être invérifiable et irréfutable (si vous êtes contre ce post, c’est sûrement car vos arrières grands-parents étaient en conflit avec un psy, tout comme vos arrières grands-parents…)

SOURCES (on vous invite à aller tout lire, vraiment) :

N. Gaillard (2022) Les illusions de la psychogénéalogie : Nos ancêtres ont bon dos ! (Dispo gratis sur Cairn avec compte de la fac)

Association Française pour l’Information Scientifique (2023) La psychogénéalogie peut-elle sortir de son statut de pseudo-science grâce à l’épigénétique ?

E. Birney (2015) Why I'm sceptical about the idea of genetically inherited trauma.

Post de “je prends soin de mon cerveau” sur la psychogénéalogie sur insta qui reprend l’historicité + les principales critiques

Pour comprendre l’épigénétique : : https://www.inserm.fr/dossier/epigenetique/

Etude sur l’épigénétique (qui dit page 9 que les études chez l’humain sont purement corrélationnelles et non causales ) : Schiele et al. (2020) The applied implications of epigenetics in anxiety, affective and stress-related disorders - A review and synthesis on psychosocial stress, psychotherapy and prevention

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Amusant
Transcription
00:00 Aujourd'hui, on va s'attaquer à un gros morceau qui est la psychogénéalogie.
00:03 Mais déjà, qu'est-ce que c'est ?
00:05 La psychogénéalogie, c'est une théorie et des pratiques
00:08 qui affirment l'existence d'un lien transgénérationnel inconscient
00:11 qui transmettrait des informations de génération en génération.
00:15 Autrement dit, ça signifierait que les traumatismes,
00:18 les secrets de famille, les morts de nos ancêtres
00:21 génèreraient inconsciemment chez leurs descendants
00:24 des formes de maladies, de somatisation,
00:26 de comportements problématiques, etc.
00:29 Donc si vous faites maintenant une dépression,
00:31 c'est que vous portez certainement un secret de famille
00:33 qui est là depuis des générations.
00:35 Et le seul moyen de conjurer ces malédictions familiales,
00:37 ce serait de faire un travail psychanalytique sur soi
00:39 en utilisant des outils comme le psychodrame, le génogramme ou le sociogramme.
00:42 Bon, qu'on se le dise tout de suite, la psychogénéalogie, c'est une pseudoscience
00:47 qui fait appel à de nombreux biais de raisonnement
00:49 comme par exemple l'effet Barnum
00:51 ou encore le fait de confondre corrélation et causalité
00:55 quant à des événements qui relèvent bien souvent du hasard.
00:59 Alors on sait qu'un des arguments qui revient souvent des psychogénéalogistes, c'est de dire
01:03 "Oui, mais regardez les études scientifiques,
01:05 on sait que les enfants et petits-enfants des personnes traumatisées
01:07 ont des modifications épigénétiques dans l'ADN.
01:10 Donc, ça veut dire qu'il y a transmission transgénérationnelle."
01:12 Alors, on va pas rentrer dans les détails parce que ça serait long et chiant,
01:16 mais pour faire simple, il n'y a aucune preuve à l'heure actuelle
01:20 de l'hérédité épigénétique chez l'humain.
01:22 En gros, oui, les enfants de personnes traumatisées
01:25 peuvent avoir des modifications épigénétiques,
01:27 mais il y a plein de raisons,
01:29 comme par exemple les conditions de vie,
01:31 les transmissions culturelles,
01:33 l'apprentissage vicarien
01:35 ou encore le comportement des parents.
01:37 Et pas forcément un lien inconscient
01:39 qui s'inscrirait dans une certaine mémoire cellulaire.
01:42 Bref, le sujet est complexe,
01:44 et surtout n'hésite pas à aller checker la description
01:46 parce qu'on met plein d'infos complémentaires
01:48 et de sources pour te faire ton propre avis.

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