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Crise du logement, colère des associations : le nouveau ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 12 février 2024 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL Matin
00:06 7h43 comment régler la fameuse crise du logement ? Amandine vous recevez ce matin bien le ministre délégué au logement Guillaume Casparian.
00:13 Une crise profonde, on en parle régulièrement sur RTL, les associations et les professionnels parlent même de bombe économique, sociale et sociétale.
00:20 Avant de vous donner la parole monsieur le ministre, je voudrais juste rappeler quelques chiffres.
00:25 330 000 sans domicile fixe aujourd'hui en France, c'est deux fois plus qu'il y a dix ans, plus de 4 millions de mal logés,
00:31 2,6 millions de personnes en attente de logement social, là encore c'est un record.
00:35 Il y a aussi ceux qui voudraient acheter mais qui ne peuvent plus parce que les banques leur refusent des prêts.
00:40 Résultat, les ventes de logements ont chuté, -21% dans l'ancien, les constructions neuves également -22%
00:47 et la fédération française du bâtiment redoute la suppression de 150 000 emplois en 2025, c'est colossal !
00:54 Et on a l'impression que le système est grippé à tous les étages, il n'y a pas une catégorie de français qui est épargnée par cette crise.
01:00 Concrètement, quelle va être votre priorité ?
01:02 Vous avez raison de dire que c'est une crise qui est profonde, qui est multifactorielle, qui touche énormément de français,
01:08 avec des personnes qui aujourd'hui voudraient acheter l'appartement et leur maison de leur rêve mais ne peuvent pas parce que la banque dit non, parce
01:14 que les taux d'intérêt ont quadruplé en quelques années,
01:16 avec des personnes qui voudraient louer un bien mais qui
01:19 sont obligées de faire la queue en réalité puisqu'il y a très peu d'offres sur le marché locatique. -Et donc de tricher parfois sur les
01:25 dossiers, on l'a encore vu l'année dernière. -Exactement, voilà,
01:27 exactement, et aussi
01:29 une offre nouvelle, une construction qui est à l'arrêt avec des chiffres de la construction qui sont catastrophiques,
01:34 et donc on se retrouve avec une crise à la fois de la demande et de l'offre
01:37 qui est très profonde et que les acteurs
01:39 bien évidemment alertent sur le sujet et constatent, et je le constate moi aussi, la crise est très profonde.
01:45 Donc la priorité qui a été fixée par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale est très claire et j'adhère
01:51 totalement à cette feuille de route, c'est de l'offre, de l'offre, de l'offre. Il faut un choc d'offres pour permettre de débloquer la situation sur le marché
01:57 de l'offre locative
01:59 mais aussi sur l'offre de construction neuve et donc on va s'employer dans les semaines et dans les mois qui viennent à simplifier les choses,
02:05 à simplifier au maximum le parcours pour pouvoir avoir plus d'offres locatives sur le marché,
02:10 pour pouvoir débloquer la construction là où c'est possible, là où c'est intéressant et donc avoir une politique
02:15 résolument de l'offre tout en aidant sur la demande bien sûr à débloquer les situations en cherchant des outils de financement un peu
02:21 innovants avec les banques sur le sujet.
02:23 Alors si vous le voulez bien, Guillaume Kasparian, on va essayer d'être très concret pour nos auditeurs.
02:27 Simplification notamment pour le fameux DPE, le diagnostic de performance énergétique.
02:32 C'est Christophe Béchut, votre ministre de tutelle, qui l'annonce ce matin dans le journal Le Parisien. Concrètement, qu'est-ce qui va changer ?
02:38 Alors le choc d'offres commence aujourd'hui et vous avez raison de dire qu'avec Christophe Béchut, nous annonçons aujourd'hui que sur le DPE, il va y
02:44 avoir une correction d'un biais de calcul sur le DPE.
02:48 Donc je rappelle le DPE, ce sont les fameuses lettres A, B, C, D, E, F, G.
02:52 Exactement, le diagnostic énergétique et donc il y avait un problème qui était que les petites surfaces étaient très pénalisées
02:56 et il y avait un biais de calcul. Là, cette semaine, nous lançons un arrêté qui va permettre de corriger ce biais statistique pour sortir
03:04 140 000 logements qui aujourd'hui sont classés F et G, les sortir de ce biais de calcul et
03:10 lever l'interdiction de louer qui pourrait s'appliquer à ces logements-là.
03:13 Donc ça veut dire 140 000 logements supplémentaires qui vont revenir sur le marché.
03:16 Grâce à cette correction de biais statistique sur le DPE. Toujours sur le DPE, à la fin du mois au Sénat,
03:23 sur le projet de loi qui est en cours de discussion au Parlement sur l'écopropriété, je porterai là aussi des amendements de simplification
03:30 sur la question du DPE.
03:32 Notamment quand un locataire, par exemple, ne peut pas sortir du lieu pour faire les travaux.
03:36 Notamment quand il y a des questions autour des copropriétés qui votent éventuellement des travaux mais qui n'ont pas eu le temps de le faire
03:41 pour donner un peu de mou, un peu de flexibilité pour
03:45 se donner le temps de faire les travaux.
03:48 L'objectif de ce DPE, pardon, c'était de lutter contre les passoires thermiques.
03:51 C'est pas un recul, un recul sur l'écologie, j'ai envie de dire une fois de plus.
03:54 Si c'était un recul, on changerait le calendrier et on leverait le crayon et on dirait aux uns et aux autres arrêter de faire les travaux.
03:58 Ce n'est pas ce que l'on dit. Ce que l'on dit c'est qu'avec les professionnels nous constatons un biais sur les petites surfaces
04:03 et donc nous corrigeons ce biais statistique.
04:05 Ce que nous disons aussi c'est qu'il peut y avoir des cas particuliers dans les copropriétés ou avec les locataires
04:10 ou qui ne peuvent pas sortir de leur logement pour les travaux, où nous allons
04:13 éviter du contentieux, simplifier la tâche des propriétaires de bonne foi qui voudraient réaliser les travaux
04:19 mais ne peuvent pas dans l'immédiat le faire. C'est redonner un peu de flexibilité
04:23 et apporter des solutions concrètes en réalité pour éviter de mettre quiconque en difficulté
04:27 au 1er janvier de l'année prochaine.
04:29 Et donc ça c'est déjà une première mesure de simplification qui est très importante
04:32 mais il y en a d'autres. Nous allons simplifier pour une vingtaine de territoires
04:36 qui sont engagés pour l'accélération de la construction de logements.
04:39 Nous allons simplifier les règles et nous allons sélectionner 20 territoires dans les jours qui viennent.
04:42 Je vous annonce qu'il y a une soixantaine de territoires candidats, nous allons en sélectionner une vingtaine
04:46 qui vont accélérer les procédures de construction.
04:49 30 000 nouveaux logements dans 20 territoires d'ici 3 ans, c'était l'une des promesses de Gabriel Appel.
04:54 Elle sera réalisée dans les semaines qui viennent avec une sélection concrète de ces territoires.
04:59 Sur MaPrimeRénov' qui est un dernier exemple de simplification que nous lançons.
05:02 MaPrimeRénov' qui est un formidable outil qui a permis de rénover depuis 2020 plus de 2 millions de logements
05:07 qui a coûté 10 milliards d'euros d'ailleurs à l'État.
05:09 Mais c'est un outil qui fonctionne bien et en même temps qui est un peu compliqué.
05:12 Les acteurs du bâtiment, la KPM, nous disent que c'est parfois compliqué.
05:16 Mercredi avec Christophe Béchut, nous recevons les acteurs du bâtiment
05:19 pour simplifier MaPrimeRénov' et là encore permettre que la rénovation se fasse de façon la plus simple possible.
05:24 Vous voyez ce sont des mesures de simplification, que ce soit sur le DPE, sur MaPrimeRénov'
05:28 sur la construction de l'électricité.
05:30 - Et on va en voir la couleur dans les 3 mois qui viennent.
05:32 - Écoutez, je vais faire le maximum. Je suis arrivé il y a 72 heures.
05:35 Donc on va faire le maximum avec Christophe Béchut, avec Gabriel Appel
05:38 pour apporter des mesures de simplification.
05:40 Et effectivement nous espérons des résultats rapides, bien évidemment on va tout faire pour,
05:44 pour sortir de cette crise qui pénalise durement les ménages en France.
05:48 - 30 000 nouveaux logements dans 20 territoires d'ici 3 ans,
05:51 si je compte bien ça fait 600 000 nouveaux logements d'ici 3 ans.
05:54 Sauf que d'après l'Union Sociale pour l'Habitat, c'est pas de 600 000 logements sur 3 ans dont on a besoin,
05:59 mais d'au moins 500 000 par an jusqu'en 2040.
06:03 - Bien sûr. - On est loin du compte.
06:05 - Après, bien sûr qu'il y a un besoin de construction et il faut réamorcer la construction dans le pays.
06:09 Mais il y a des territoires qui sont encore plus dans l'urgence que d'autres.
06:12 Parce qu'il y a des usines qui s'installent sur le territoire,
06:14 parce qu'on va construire de nouveaux EPR qui vont amener énormément de travailleurs sur le territoire.
06:17 - Donc la priorité elle sera donnée dans ces territoires-là ?
06:20 - En tout cas, on veut donner un coup de boost, un accélérateur à une vingtaine de territoires
06:24 qui ont besoin cruellement d'une nouvelle offre de logements,
06:27 parce qu'il n'y a pas assez de logements pour accueillir les nouveaux travailleurs
06:29 qui s'installent dans ces territoires.
06:31 Et donc on a besoin d'accélérer encore plus sur ces zones-là.
06:33 Ça ne veut pas dire qu'on ne construira pas ailleurs.
06:35 Ça veut dire que ce dispositif de boost sur ces territoires,
06:39 il sera réservé à ceux qui ont le plus besoin de nouvelles offres de logements.
06:43 Après on peut construire partout en France, qu'on soit dans ces territoires d'accélération ou pas.
06:47 Mais en tout cas, l'État mettra un effort particulier dans ces territoires d'accélération.
06:50 - Guillaume Cazmarian, il y a aussi de nombreux logements vacants.
06:53 3 millions, c'est 60% de plus, j'ai découvert ça hier, que dans les années 90.
06:57 Est-ce qu'on peut contraindre, inciter les propriétaires à les remettre sur le marché ? Comment ?
07:02 - Alors, vous parlez de deux choses différentes, contraindre et inciter.
07:05 - Oui, justement. Mais vous voulez contraindre ou inciter ?
07:07 - Moi, je suis plutôt favorable de l'incitation.
07:09 - Mais comment on fait ?
07:10 - Aujourd'hui, vous avez un certain nombre de propriétaires qui ne veulent plus louer.
07:14 Parce que c'est beaucoup parfois de complexité, d'embêtement,
07:20 parfois des impayés locatifs qui arrivent, etc.
07:22 Et donc la rentabilité est parfois plus faible que d'autres types d'investissements.
07:26 Et donc si je me mets deux secondes à la place d'un propriétaire,
07:29 je comprends que certains d'entre eux disent "moi je renonce à louer, je préfère laisser vide le logement".
07:33 Et c'est un problème.
07:34 Donc il faut redonner confiance aux propriétaires bailleurs,
07:37 pour qu'ils puissent se dire "c'est plus simple, c'est un peu plus rentable,
07:41 j'ai moins d'embêtement éventuellement en cas d'impayés".
07:43 - Donc plus rentable, ça veut dire qu'on taxe moins ?
07:45 - Sur les impayés, c'est exactement le sens de la loi que j'ai portée,
07:49 la loi anti-squat et anti-impayés,
07:52 que j'assume et que je revendique.
07:55 Et dont l'esprit était le suivant, c'était de se dire "sur les squatteurs, il n'y a pas de débat,
07:59 il faut les sortir le plus vite possible, parce qu'il n'est pas normal que quand vous êtes au boulot
08:02 et que quelqu'un s'introduit chez vous, qu'il reste dans votre logement,
08:05 ça il faut avoir une procédure express, et sur la question des impayés,
08:08 on ne peut plus avoir des années et des années de procédures
08:12 qui font qu'un propriétaire, s'il tombe sur un locataire qui ne paye plus,
08:15 ne peut plus retrouver sa propriété et doit attendre 4 ou 5 ans pour le faire.
08:19 Si j'ai porté cette loi, c'est justement pour redonner confiance aux propriétaires
08:23 en leur disant que oui, il y a un sujet d'impayés,
08:25 et que nous souhaitons les libérer, les rassurer, leur redonner confiance dans l'offre locative.
08:30 - Cette loi, c'est la plus répressive sur les expulsions depuis des décennies,
08:33 ce n'est pas moi qui le dis, mais l'adjoint au logement à la mairie de Paris,
08:35 et elle vous avalue beaucoup de critiques, et votre arrivée,
08:37 elle a été très largement commentée, pour ne pas dire critiquée,
08:40 la gauche parle d'une provocation, d'une gifle même à tout le secteur du logement.
08:44 Qu'est-ce que vous leur dites ce matin ? Vous ne serez pas le défenseur des propriétaires ?
08:47 - Mais personne ne peut comprendre parmi vos auditeurs que l'on tolère le squat,
08:51 et qu'on accepte que des gens s'introduisent dans le logement d'autrui,
08:55 et squat le canapé alors que c'est chez vous.
08:58 Personne parmi vos auditeurs ne peut comprendre qu'un locataire qui s'arrête de payer
09:02 puisse rester pendant 3, 4, 5 ans dans un logement.
09:05 Et donc c'est fort de ce constat qu'une immense majorité de parlementaires
09:08 a voté la loi que j'ai proposée l'année dernière, qu'elle a été adoptée massivement,
09:12 que je l'assume, que je la revendique, et que je persiste et que je signe.
09:17 Parce que nous avons besoin à la fois de lutter plus fermement contre les squats,
09:20 et en même temps redonner confiance aux propriétaires,
09:23 parce que sinon ils vont arrêter de louer, et on va avoir des logements vacants partout en France.
09:26 Moi ce que je veux, c'est leur redonner confiance dans la location,
09:30 parce qu'un propriétaire qui est rassuré, c'est plus d'offres pour les locataires.
09:34 A l'inverse, un propriétaire qui n'a plus confiance dans la location,
09:37 c'est un effondrement de l'offre locative.
09:39 Donc cette loi, je l'assume, et je ne suis pas le seul, le parlement l'a adoptée largement,
09:43 et je le dis à certaines bonnes âmes, le squat est un délit,
09:46 et le squat n'est pas, et ne sera jamais, une solution aux mal-logements.
09:51 Merci beaucoup monsieur le ministre.
09:53 Merci.
09:54 Le retour de 140 000 logements sur le marché via le diagnostic de performance énergétique.
09:58 [SILENCE]

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