Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur le recours déposé auprès de l'ARCOM par Reporters Sans Frontières contre CNEWS afin d'enquêter sur les manquements à ses obligations légales d’honnêteté, d’indépendance et de pluralisme de l’information.
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00:00 J'aimerais d'ailleurs évoquer le Conseil d'État qui a demandé aujourd'hui à l'ARCOM, le régulateur des médias, de renforcer son contrôle sur la chaîne d'information CNews.
00:08 Alors ce soir on est à la fois sur CNews et sur Europe 1.
00:10 À la suite du recours de l'organisation non-gouvernementale Reporters Sans Frontières, qui considère qu'il faut renforcer le contrôle sur notre antenne.
00:20 Yohann Uzay, vous êtes journaliste politique à CNews. Encore une fois, il faut faire attention à la liberté d'expression qui est notre ligne directrice aujourd'hui à CNews.
00:32 Mais la liberté d'expression dans un pays démocratique, c'est la base.
00:36 À quel moment dans un grand pays démocratique comme la France est-on obligé d'avoir un débat sur la liberté d'expression qui est un pilier fondamental de la République ?
00:44 Ça n'est pas possible. Le simple fait d'avoir ce débat-là montre que nous sommes en train de vivre une anomalie démocratique que tout le monde, et je dis bien tout le monde, devrait condamner.
00:52 Parce que ce qui se passe là est inacceptable. Il faut que les gens qui nous regardent et qui nous écoutent comprennent bien qu'on est à deux doigts d'avoir un ministre de la censure lors du prochain remaniement.
01:01 On en est quasiment là. Donc c'est absolument inacceptable et nous n'accepterons pas cela.
01:06 Celui qui compte me faire taire ou arrêter la lutte contre l'antisémitisme, la lutte contre le racisme...
01:15 Parce qu'effectivement, ce qui fait l'ADN de cette chaîne, c'est que nous donnons la parole à tout le monde, nous traitons de sujets dont les autres ne traitent pas toujours, et donc ça dérange naturellement.
01:24 Mais il faut dire à ces personnes-là que celui qui me fera... Je parle en mon nom.
01:29 Celui qui me fera taire et qui me fera arrêter mon métier, il n'est pas né.
01:33 Donc c'est un combat qui est dans...
01:36 Je signe votre déclaration, cher Johan. Louis Lragnel, rapidement, vous êtes d'Europe 1.
01:41 Pareil, de la même façon, vous êtes concerné par ce qui se fait à l'Arkom et au Conseil d'État.
01:47 Bien sûr. Non mais en fait, si on décrypte un tout petit peu cette décision, globalement, les relations entre l'Arkom et nos maisons sont bonnes.
01:55 Et puis on est chargé de comptabiliser les temps de parole des politiques et ça se passe bien.
02:00 On a des personnes qui sont recrutées, dédiées à temps plein, qui font ça.
02:04 Et honnêtement, ça demande un travail de précision parce que ce n'est pas facile.
02:07 Et puis parfois, il y a des gens qui sont difficiles à classer politiquement.
02:10 On demande à l'Arkom, il y a beaucoup d'aller-retour.
02:12 Il y a aussi des personnalités politiques qui refusent d'intervenir sur nos antennes.
02:16 Ça, c'est quelque chose qui existe et qui peut poser des questions.
02:19 Mais là, ce qui est choquant, c'est que tout va bien avec l'Arkom.
02:22 Et c'est sans doute ce qui pose problème à l'RSF, qui donc fait pression sur le Conseil d'État
02:27 pour enjoindre l'Arkom à faire quelque chose qui ne lui paraît pas du tout utile de faire.
02:33 Et c'est ça qui est complètement absurde.
02:35 Je rappelle aussi que M. Deloire est délégué général en charge des États généraux sur l'information.
02:42 Pour essayer de revitaliser, d'essayer de trouver des solutions pour aider les médias à avoir encore plus d'indépendance.
02:49 Donc, objectivement, ça fait poser quelques questions.
02:52 Et puis, dernière chose, comment est-ce qu'on va faire pour ficher ?
02:55 Parce qu'en fait, ce qu'on nous demande de faire, c'est du fichage politique.
02:57 Donc, comment est-ce qu'on va faire pour ficher Rachel Khan ?
03:00 Comment est-ce que... Non, mais on va devoir faire ça.
03:02 Alors, on en rigole, mais en fait, c'est très grave.
03:04 Je vais devoir demander à chacun des journalistes politiques de mon service à Europe 1 pour qu'ils votent.
03:08 Rien que ce terme "ficher", vous vous rendez compte ?
03:10 Mais bien sûr, il a fait en sorte que ce terme-là fichait.
03:12 Bien sûr. Mais on peut pas en voir.
03:14 Et je vais vous dire, je suis très heureux.
03:16 Je ne sais pas pour qui votent les journalistes du service politique d'Europe 1.
03:19 Et je ne veux jamais le savoir.
03:20 Je ne veux pas le savoir.
03:21 Et je ne veux surtout pas qu'on me contraigne à le savoir.
03:23 Parce que la diversité, la force d'une rédaction, sa vitalité,
03:27 ça repose aussi sur la diversité des profils qu'on recrute.
03:30 Rapidement, Alexandre de Vecchio, vous êtes du Figaro.
03:32 On parlait de fichage, on pourrait parler de "Macartisme".
03:34 En fait, c'est ce qu'on nous propose.
03:37 En réalité, faire taire des gens qui seraient soupçonnés d'avoir une opinion de droite ou d'extrême droite.
03:43 C'est dommage pour une association comme "Reportage sans frontières"
03:46 qui est censée défendre la liberté de la presse et la liberté d'expression.
03:49 Je pense que franchement, il y a d'autres combats à mener.
03:52 Il y a des journalistes dans le monde qui sont en prison.
03:54 Christophe Deloire, que je respecte, devra, je pense, plus s'en occuper.
03:58 Par ailleurs, j'ai eu l'occasion, on peut rappeler que l'AFP,
04:02 si vraiment il veut faire s'occuper de ce qui se passe en France,
04:05 ne classe pas le Hamas comme une organisation terroriste.
04:08 Je ne l'ai pas entendu réagir à ce moment-là.
04:10 Donc, on a l'impression que c'est spécifiquement CNews qui est visé.
04:13 Si ce n'est pas spécifiquement CNews, qui va encadrer cette usine à gaz ?
04:17 Est-ce que sérieusement, on va aller expliquer à France Télévisions
04:20 qu'ils doivent inviter telle ou telle personne,
04:22 choisir tel ou tel chroniqueur, choisir tel ou tel animateur,
04:26 choisir tel ou tel sujet ?
04:27 Et puis pourquoi il y aurait des sujets dont on ne devrait pas parler ?
04:31 Donc effectivement, il faut dire ce qu'il y a.
04:33 Sous prétexte de liberté de la presse, sous prétexte de pluralisme,
04:36 on est en train d'organiser la censure en pleine dérive autoritaire.
04:41 C'est la liberté d'expression, Rachel Caine, qui est en jeu, là, dans ce cas précis.
04:45 Oui, c'est la liberté d'expression qui est en jeu.
04:47 Et malheureusement, ça fait quelques années qu'on se bat
04:50 pour cette liberté d'expression.
04:52 Charlie Hebdo, mais on se bat pour écrire des livres,
04:55 pour justement être pleinement humain, faire avancer notre pensée.
05:00 Donc, en fait, mettre en œuvre cette liberté d'expression aujourd'hui,
05:04 qui est un droit fondamental, c'est remise en cause.
05:07 On est quand même sur une chaîne dont le slogan
05:09 est "la liberté d'expression n'a pas de prix".
05:11 Effectivement.
05:12 Et on est aussi sur Europe 1.
05:13 Et on est heureux d'avoir nos amis auditeurs d'Europe 1.
05:15 Petite pause.
05:16 On se retrouve dans un instant dans Punchline, sur CNews et donc sur l'antenne d'Europe 1.
05:19 On évoquera l'hommage à Robert Bannater,
05:21 qui aura lieu demain au ministère de la Justice.
05:23 Un hommage national.
05:25 Mais la famille de Robert Bannater
05:27 demande à ce que le Rassemblement National et la France Insoumise n'y participent pas.
05:31 On verra que la France Insoumise a décidé de maintenir sa présence.
05:35 A tout de suite.
05:36 Comme d'habitude.
05:38 18h-19h sur CNews et Europe 1.
05:41 Punchline.