C’est un nom qui grimpe en flèche dans la toplist des influenceurs, une créatrice de contenu qui réussit le pari de combiner décryptage d’actualité, enquêtes, et conseils beautés ! Crazy Sally est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-jeudi-15-fevrier-2024-2694809
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00:00 Tout de suite la nouvelle tête de Mathilde Serrel, c'est une créatrice de contenu hybride,
00:05 crazy Sally dans notre studio, portrait sonore.
00:08 « Quand on veut saisir l'Alsace dans son âme profonde, il faut suivre les chemins
00:13 de la montagne, contempler la beauté prestigieuse des cimes, des vallons et des forêts. »
00:18 De son enfance en Alsace, à Strasbourg, elle a le souvenir de cette ressentie un peu seule
00:25 dans sa différence.
00:26 Un père camerounais, une mère marocaine et des modèles à la télé qui ne lui correspondent
00:30 pas, c'est néanmoins devant des séries qu'elle trouve sa vocation.
00:34 Attention, New York Police Judiciaire.
00:42 Et shoots, avocat sur mesure.
00:45 Lui donne envie de faire du droit.
00:46 Après avoir sauté deux classes et obtenu son bac à 15 ans tout de même.
00:50 Rapidement engagée pour un poste de juriste à Londres, c'est là qu'elle décide un
00:54 jour de 2018 de poster une vidéo YouTube sur sa propre expérience des cheveux afro.
00:58 « Bonjour à tous, moi c'est Salima et aujourd'hui je vais répondre à une question
01:01 qu'on me pose très souvent, à savoir comment est-ce que j'ai fait pour avoir mes cheveux
01:05 aussi longs ? Vous n'avez pas besoin d'attendre d'avoir une afro parfaite pour commencer
01:10 à sortir avec une afro en fait.
01:12 Il faut commencer à assumer vos cheveux dès le départ, donc portez-les.
01:15 »
01:16 Portez vos cheveux.
01:17 Elle ne se voyait pas créatrice de contenu, mais ça marche.
01:20 La voilà qui poste désormais 4 vidéos par semaine et passe le cap des 100 000 abonnés.
01:24 Elle diversifie, ou les followers, elle diversifie les sujets auprès d'une communauté en ligne
01:29 qui en redemande et se lance même dans une série documentaire sur Brut X, Motherland,
01:34 pour déconstruire les clichés sur l'Afrique.
01:36 De retour à Douala pour une de nos dernières journées.
01:39 « Alors Douala pour moi c'est la ville très dynamique, très jeune, très art aussi,
01:45 il y a beaucoup de galeries d'art.
01:46 Ils ont pour moi les meilleurs cabarets.
01:48 C'est là-bas où j'ai vraiment passé mes meilleures soirées.
01:50 »
01:51 Troisième épisode, le Cameroun et la rencontre avec la terre paternelle.
01:58 L'expérience est un déclit depuis.
02:00 Elle combine les enquêtes, les décryptages avec des contenus plus lifestyle.
02:04 Un nouveau modèle qui réunit aujourd'hui plus d'un million de personnes sur Instagram,
02:08 près de 700 000 sur Youtube.
02:10 Crécy Sally, bonjour !
02:11 Bonjour !
02:12 J'ai dit lifestyle, attention ! Vous auriez une traduction française pour faire plaisir.
02:17 Comment on dit ça en français ?
02:19 A nos auditeurs, lifestyle, c'est ça ? Mode de vie.
02:21 Et des contenus plus mode de vie.
02:23 Il y a un slogan toujours en anglais qui dit « Don't hate the media, become the media ».
02:27 C'est ce que vous avez fait ? Non, vous êtes devenue un média.
02:30 Crécy Sally ?
02:31 Franchement, sans arrogance, je pense qu'aujourd'hui oui.
02:34 Aujourd'hui, j'imagine qu'un média c'est une plateforme où une voix est entendue,
02:38 où du moins une voix peut faire passer des messages.
02:40 Et donc aujourd'hui je pense que je peux dire que je suis devenue un néomédia, un
02:44 média 2.0.
02:45 Parce qu'il y a du contenu, ce n'est pas simplement une prise de parole.
02:49 Vous pouvez publier une enquête sur l'exploitation des mineurs par la plateforme OnlyFans, comme
02:53 le décryptage de la guerre d'influence entre la France et la Russie au Niger, ou
02:57 la dernière campagne Jean-Paul Gaultier, Gaultier divine.
03:01 Donc vous êtes les génies.
03:02 C'est un positionnement rare, audacieux aussi.
03:05 Comment c'est venu ?
03:06 C'est un positionnement compliqué en plus à tenir, parce qu'il y a malheureusement
03:11 souvent ce côté un peu manichéen où une femme doit être soit intelligente, soit jolie
03:16 et on ne s'attend pas à ce qu'elle puisse en tout cas mixer les deux.
03:19 Ou du moins son message par exemple va être un petit peu amoindri parce qu'on va la
03:23 voir comme une femme un peu superficielle.
03:24 Donc ça, ça a été un petit peu difficile.
03:26 Le travail d'influenceuse, on va dire, Gauthier, etc.
03:29 va décrédibiliser une certaine prise de parole sur des sujets très sérieux.
03:33 Et votre passion pour le droit pénal ?
03:35 Exactement, ma passion pour le droit pénal et les sciences criminelles aussi, et le droit
03:38 pénal international particulièrement.
03:40 Mais justement, je pense que grâce à ma rigueur et ma discipline dans mon travail,
03:44 petit à petit ça s'est essoufflé.
03:46 Je ne reçois plus tellement ce genre de commentaire, du genre "oui mais pourquoi est-ce que vous
03:50 l'écoutez ? Elle, c'est une influenceuse".
03:52 Parce que c'est vrai que je suis arrivée d'abord sur les plateformes avec du contenu
03:55 très sérieux.
03:56 Et en fait, c'est par la suite que j'ai commencé à proposer du contenu un peu plus
03:58 "lifestyle", un peu plus "mode de vie".
04:01 Donc c'est comme ça que ça s'est fait.
04:04 Donc il y a eu les deux, il y a eu le mouvement sérieux, le mouvement lifestyle, et puis
04:08 de nouveau, quand même un vrai travail d'enquête.
04:10 Je voulais savoir comment vous fonctionnez, puisque vous avez énormément de faits.
04:13 C'est très vérifié.
04:15 Il y a un côté Hugo Descripts, Hugo Travert, rencontre l'ENA Situation et la youtubeuse
04:20 afro-américaine qui est devenue productrice de série Hollywood, que vous adorez Issa Rael.
04:25 Exactement, c'est très vrai.
04:26 Je pense que le côté vérification fait, source, ça c'est...
04:31 Je dois donner le crédit à tous mes profs de droit de la fac qui étaient intraitables
04:36 là-dessus.
04:37 Donc en tout cas, moi j'estime qu'il y a une responsabilité quand on poste quelque
04:40 chose sur internet et surtout quand on sait qu'il va y avoir des vues derrière, avec
04:44 toute l'apogée des fake news.
04:46 Je trouve que c'est très important.
04:47 Et de la désinformation en fait, c'est important quand on assène un fait d'apporter des sources,
04:53 que ce soit vérifié, qu'on voit que le travail a été correctement réalisé.
04:55 Donc en fait, ma méthode pour travailler, c'est tout simplement quand j'ai un sujet
04:59 que j'aime, qui me passionne et j'ai envie en tout cas de le partager à une grande échelle,
05:04 je vais m'entourer très souvent de personnes qui sont calées dans ce domaine-là.
05:09 On va écrire la vidéo, moi je vais avoir les sources, je vais beaucoup chercher dans
05:13 les livres.
05:14 C'est une source que les jeunes oublient un peu.
05:17 Le livre !
05:18 Il y a des bouquins ! Il y a des bouquins sur tout.
05:21 Non mais sincèrement en plus, on l'oublie, mais il y a vraiment des bouquins, des ouvrages
05:25 sur tout.
05:26 Et au lieu de chercher tout le temps sur Google ou sur Wikipédia, il n'y a rien de mieux
05:29 que d'aller en bibliothèque et de prendre des ressources écrites, une belle bibliographie
05:34 et on a une super enquête bien vérifiée.
05:35 Et une fois que c'est au point, là vous écrivez la narration de la vidéo, vous avez
05:40 tout appris sur le tard pour le coup.
05:42 Exactement.
05:43 L'algorithme, le narratif, comment ça s'est passé cette initiation au réseau ?
05:48 On apprend en faisant.
05:50 Franchement les réseaux, ça reste toujours aujourd'hui quelque chose de parfois incompréhensible.
05:57 L'algorithme on ne connaît pas.
05:58 On l'a beaucoup développé sur Instagram.
05:59 Instagram a un algorithme bien à lui, bien particulier qu'on ne peut pas connaître
06:04 parfaitement.
06:05 Et en fait, c'est en l'utilisant, en postant, en essayant des nouvelles horaires, en essayant
06:09 des nouveaux contenus, qu'on finit par trouver son créneau, sa communauté et son rythme.
06:15 Aussi tout simplement, il ne faut pas essayer de copier ce que les autres font ou de regarder
06:20 vers l'assiette du voisin.
06:21 Il faut juste se concentrer sur ce qu'on fait et le faire au feeling aussi.
06:24 Très souvent les publications qui ont bien fonctionné, c'était des publications au
06:29 feeling.
06:30 C'est un sujet que j'aime, que j'ai envie de traiter et je le poste au moment opportun
06:33 pour moi et let's go.
06:34 Et il y a quand même un double fonctionnement chez vous parce que TikTok, OnlyFans ou récemment
06:40 les influenceurs d'extrême droite, ça a été signalé à l'ONU, Rocaya Diallo en
06:45 France, c'est une militante qui est trop surveillée, trop harcelée d'après l'ONU.
06:50 Alors vous diriez pour vous que les réseaux c'est autant une plateforme qu'une vraie
06:53 matière à enquête.
06:54 Vous êtes un peu des deux côtés, vous êtes derrière l'ordinateur aussi.
06:59 Vous fouillez dans cette matière que vous connaissez bien.
07:02 Exactement.
07:03 Exactement parce que comme je suis sur les réseaux, je vois encore mieux les dérives
07:08 et je les comprends aussi beaucoup plus rapidement.
07:11 C'est vrai que quand j'ai fait mon enquête sur TikTok, j'ai pas mal de gens qui ne
07:15 connaissaient pas forcément les réseaux sociaux qui étaient juste choqués.
07:18 Mais effectivement, moi avec l'œil de la créatrice de contenu sur les réseaux sociaux,
07:22 c'est vrai que je détecte toutes ces problématiques beaucoup plus rapidement.
07:26 Alors il y a aussi des interviews de stars.
07:28 Il y a eu Omar Sy entre autres, ou Bigolberg.
07:31 Le next step pour vous c'est le président Macron, c'est ça ? Vous voulez lui parler
07:35 de la jeunesse ?
07:36 Ce serait top.
07:37 Ce n'est pas forcément mon next step.
07:40 J'en ai d'autres en train de faire.
07:42 Pardon votre prochaine étape ?
07:44 Next step !
07:45 C'est bon ça ? Non ce serait à part le président.
07:50 Donc quelle est la prochaine étape ?
07:51 La prochaine étape, ce serait mon idole.
07:57 Mon idole, ma plus grande inspiration, c'est vrai que ce serait un interviewee Issa Rae,
08:01 un interviewee Oprah Winfrey.
08:02 Les femmes qui m'ont donné envie.
08:05 Pas forcément qui m'ont donné envie, mais qui m'ont permis de me sentir un peu légitime
08:10 dans le milieu de l'audiovisuel.
08:11 C'est toujours le problème du syndrome de l'imposteur, quand tu ne vois pas d'autres
08:15 personnes qui l'ont fait.
08:16 Tu peux douter de toi.
08:17 En France, on a quand même Rokhaya par exemple qui est très présent dans l'audiovisuel
08:21 et je pense qu'il est une figure très inspirationnelle.
08:24 C'est vrai, c'est exactement ce qu'il disait.
08:27 On a tendance à regarder ce qui se passe aux Etats-Unis.
08:32 Donc c'est vrai que mes inspirations principales c'était Oprah et Issa et ce serait un plaisir
08:36 de les avoir en interview.
08:37 Merci infiniment.
08:38 Crazy Sally, on vous retrouve sur les réseaux.
08:40 Et aujourd'hui avec d'autres influenceurs en tournoi de foot.
08:44 Un plus star.
08:45 Et grand merci à toute l'équipe de Nouvelle Tête, Lucie Lemarchand, la réalisation,
08:48 Marion Philippe à la préparation.