• il y a 2 mois
Hier, elle donnait la première de son spectacle à Paris. Ca s’appelle « J'aimerais vous offrir des frites » et c’est plutôt une barquette de poèmes signés Cécile Coulon, qui explore si bien « la langue des choses cachées… La comédienne Margaux Vallé est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-mardi-08-octobre-2024-3346838

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00:00Place aux nouvelles têtes, Mathilde Serrel, ce matin, votre invitée est une actrice et
00:05metteuse en scène qui gronde doucement.
00:08Tandis que les longs sapins se penchent sur les collines comme de maigres vieillards sur
00:15des enfants joyeux.
00:17Tandis que les devantures des magasins me proposent une version améliorée de moi-même
00:27pour un prix tout à fait raisonnable.
00:29Tandis que certains rentrent chez eux, les yeux longs, et traversés par de rares éclairs
00:38d'éternité, je gronde.
00:42Bonjour Margot Vallée, bonjour, merci Mathilde de me recevoir.
00:48Vous grondez ce matin ? Alors non, non, non, je suis plutôt calme.
00:52Pour l'instant ? Oui.
00:56Vous montez au Théâtre du Chariot à Paris les poèmes de Cécile Coulon, autrice prodige
01:00dans un spectacle dont toutes les recettes sont reversées à la Fondation Marie Curie
01:03dans le cadre d'Octobre Rose.
01:05Vous êtes à la mise en scène, mais ce poème-là, je gronde, c'est le vôtre, c'est celui
01:09que vous portez sur scène, pourquoi lui ?
01:11Pourquoi lui ? Parce qu'à un moment donné, il y a quelque chose qui dit « j'apprends
01:19à vivre avec un nouveau soleil dans ma poitrine ».
01:23Et ça a fait écho parce qu'en fait, je suis tombée malade il y a trois ans d'un
01:29cancer du sein et quand j'ai lu ce texte qui m'a accompagnée d'ailleurs pendant
01:33toute ma maladie, ces poèmes m'ont accompagnée, et ce truc de nouveau soleil dans ma poitrine
01:40alors que j'avais plus de poitrine et que ma poitrine avait été reconstruite, je l'ai
01:46pris comme un nouveau soleil.
01:47Et c'est pour ça que c'est celui-là que vous avez choisi, vous en avez donné d'autres
01:51aussi parce que c'est un spectacle sororale, on pourrait le dire, ça plairait à Léa,
01:56au début on ne parle pas de spectacle, on parle de moment, c'est un cadeau pour vous,
02:00c'est une dédicace.
02:01C'est un moment de grâce.
02:02Et vous avez choisi, ça ressemble presque à une réunion entre femmes, non ?
02:06Exactement.
02:07Plus qu'une récitation, une séance de lecture.
02:09En fait, j'adore, bon déjà je viens d'une famille de filles, nous sommes quatre
02:14soeurs, je suis très très proche de ma mère, de ma grand-mère, de ma cousine qui
02:19vous a donné ce recueil.
02:20Exactement.
02:21Vous savez tout.
02:22On prépare quand même, service public ! Et du coup, je suis accompagnée de merveilleuses
02:30actrices qui sont aussi de grandes amies et j'avais envie de créer avec elles et oui,
02:37je parle de moment parce que ce n'est pas un spectacle, c'est un espèce de moment
02:43comme ça, suspendu, où on est encore avec nos cahiers, nos livres.
02:49Ah oui, c'est pas préparé chez vous ?
02:51Alors, c'est pas beaucoup répété, mais c'est très investi et comme mes comédiennes
03:01sont formidables, elles sont très très fortes, voilà.
03:05On peut parler de ses comédiennes, entre autres il y a Alice Delangsyn, vous aviez
03:09travaillé avec son père, Louis-Do Delangsyn, pour une mise en scène.
03:12On retrouve aussi Lou Delage, vous lui avez choisi un magnifique poème, je te demande
03:17pardon, je te demande pardon pour toutes les jolies choses que nous avons vécues ensemble.
03:22C'est contre-intuitif, c'est comme Volcan Noir, Noir-Volcan plutôt, le titre de ce
03:26recueil de poèmes de Cécile Coulombe qui est apparu au Castor Astral.
03:30Qu'est-ce qui vous a saisi dans l'écriture de Cécile Coulombe, au-delà de ce soleil
03:34qui rebrille dans le cœur ?
03:36Je trouve que la poésie de Cécile Coulombe est à la fois immédiate et profonde.
03:42Je trouve qu'elle est extrêmement accessible et que c'est comme des histoires qu'on
03:48raconterait avec un début, un milieu et une chute.
03:52Du coup, j'avais envie que la poésie soit accessible à tous.
03:56Au début, on me dit beaucoup « ah non, ton spectacle de poésie, la barbe, la poésie
04:00», et je dis « non, non, mais je te promets, tu te reconnaîtras ».
04:04Tu ne t'ennuieras pas.
04:05Il y aura un mot pour toi, à un moment.
04:07Exactement.
04:08Parce qu'à 34 ans, Cécile Coulombe, c'est déjà une très jeune autrice confirmée.
04:12Elle a commencé à 16 ans son premier roman « Le voleur de vie ». En janvier dernier,
04:16c'était « La langue des choses cachées ». J'adore ce titre.
04:19Elle explore tout ce qui est dit quand les gens ne parlent pas.
04:24Qu'est-ce qu'elle a permis de dire aux gens qui ont interprété des choses sur scène ?
04:29Qu'est-ce que les actrices à qui vous avez confié ce texte vous ont dit « là, il
04:31y a eu un mot pour moi » ou les spectateurs peut-être ?
04:33Oui, les spectateurs.
04:34Je me souviens du poème « Apprendre à tomber ».
04:38Qui est dit par Alice de Longsyn d'ailleurs.
04:40Exactement.
04:41Je me souviens de quelqu'un dans la salle, quand j'avais fait l'opération l'année
04:45dernière, qui m'a dit, il s'était fait quitter, et il m'a dit « ce poème a totalement
04:51résonné parce que j'ai appris à tomber ». Et moi aussi, en fait, d'une certaine façon,
04:58j'ai appris à tomber.
04:59Je n'étais jamais tombée.
05:01Comment on apprend à tomber ?
05:03Alors...
05:04Il faut retrouver les sensations de l'enfance, comme ce que Cécile Coulon le raconte à
05:09un escaladeur qui dit « je savais le faire avant pourtant ».
05:12C'est ça.
05:13Et il y a l'ami aussi qui dit « eh bien oui, moi aussi, de manière générale, il
05:18faut apprendre à tomber ». Et alors, comment on apprend ? Moi, j'ai l'impression que
05:24je suis tombée à ce moment-là, et j'ai tenté de transformer cette expérience qui
05:32était une très mauvaise aventure en un voyage.
05:36En me disant « ok, je pars dans un autre monde, j'ai appris beaucoup de choses d'ailleurs,
05:44des machines, des traitements, etc. ». Et du coup, c'est comme ça que j'ai l'impression,
05:50en acceptant aussi peut-être.
05:51Vous êtes tombée malade d'un cancer du sein, et vous êtes retombée malade aussi.
05:56Parce que quand vous étiez petite, vous étiez malade, et vous regardiez ça en boucle.
06:00J'ai remarqué que plus on est envahie par le doute, plus on s'attache à une fausse
06:05lucidité d'esprit, avec l'espoir d'éclaircir par le raisonnement ce que le sentiment a
06:10rendu trouble et obscur.
06:11J'avais souvent pensé depuis quelque temps que Camille pouvait me quitter, j'y pensais
06:16comme à une catastrophe possible, maintenant j'étais en pleine catastrophe.
06:20Depuis le CM2, vous rêvez d'être comédienne, et quand vous étiez enfant, le mépris de
06:24Godard, vous n'alliez pas à l'école parce que vous étiez malade, et c'est ce que votre
06:27père vous mettait tous les jours.
06:28Qu'est-ce que c'est que cette posologie étonnante ?
06:34Oui, après on s'étonne que je veuille faire du cinéma.
06:37Oui, à 5 ans, c'était très étrange, mais je connaissais les dialogues de la première
06:45scène par cœur.
06:46C'était un peu étrange, venant d'une petite fille qui dit…
06:51Vous aviez quoi quand vous étiez petite ? Quelle maladie ?
06:53Ah non, non, c'était quand j'avais une grippe.
06:55Oui, une grippe, hop, le mépris !
06:58Conseil parental, c'est pour vous !
07:03Merci beaucoup, le temps court.
07:05Allons voir tous ce spectacle, ça a démarré hier la première, c'est tout, les lundis
07:09et tout, les mardis, à Paris, au Théâtre du Chariot, repris par une petite bande, me
07:13dit-on, qui ressemble à celle du Splendide, et tous les fonds sont reversés à la Fondation
07:17Marie Curie pour Octobre Rose.
07:19Bonne route, Margot Vallée, c'est à Paris !

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