Christophe Duprat, conseiller de Bordeaux métropole, délégué au projet GPSO

  • il y a 7 mois
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00:00 - Il est 8h moins le quart, c'est donc un dossier qui cristallise de fortes oppositions.
00:04 Celui des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux, le fameux GPSO,
00:07 et de la future LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax.
00:10 Nouveau rassemblement des opposants aujourd'hui à la réole,
00:13 alors que les chantiers préparatoires sont lancés.
00:15 On en parle avec Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc,
00:18 et conseiller métropolitain délégué au projet de GPSO.
00:21 Il répond à vos questions Stéphanie Brossard.
00:23 - Bonjour Christophe Duprat. - Bonjour.
00:25 - Le chantier est donc lancé, on l'a entendu notamment à Saint-Médard-des-Rends ce matin sur France Bleu-Gironde,
00:30 et pourtant les opposants ne désarment pas.
00:32 Vous leur dites quoi ? Que c'est un combat perdu d'avance ?
00:35 - Non, je crois que ce serait pas malin de leur dire ça.
00:37 Je crois que dans tout projet aujourd'hui, il y a des opposants.
00:40 On a bien été placés sur l'agglomération de Bordelaise pour connaître ça.
00:43 Ce sont des chantiers préparatoires certes,
00:46 il s'agit de déviation de réseau d'assainissement dans le cas de Cadeau-Jacques,
00:51 et ce sont des maisons qui ont fait l'objet d'acquisitions foncières par la SNCF,
00:55 qui sont aujourd'hui démolies.
00:57 Les travaux d'infrastructure ne démarreront que lorsque tous les documents
01:01 administratifs, juridiques et techniques auront été validés,
01:04 et dont les recours ont été purgés.
01:06 - Alors certains disent qu'ils ne sont pas prêts de désarmer,
01:09 qu'ils vont potentiellement, ils y pensent en tout cas, installer une ZAD.
01:13 Vous y croyez à ça ? Vous n'y croyez pas ?
01:15 Ça peut se radicaliser ?
01:17 Comme ça s'est passé par exemple pour les bassines du côtier du Sud de Sèvres ?
01:22 - La France est un beau pays démocratique, où tout le monde a le droit de s'exprimer,
01:26 il y a des pour, il y a des contre,
01:28 dès l'instant où ça se fait dans un principe républicain,
01:31 et bien les choses sont tout à fait normales.
01:32 Je comprends qu'il y ait des gens qui ne soient pas d'accord,
01:34 mais on donne souvent la parole ou s'exprime souvent,
01:37 en parlant fort ceux qui sont contre.
01:39 Moi je rencontre aujourd'hui à Villeneuve-d'Ornon,
01:42 à Bec, je suis allé à Cadeau-Jacques,
01:44 et j'ai rencontré des gens qui étaient heureux d'avoir,
01:47 non plus le train qui passait au bout de leur jardin,
01:49 mais d'avoir un mur anti-bruit.
01:50 Il y a 10 km de mur anti-bruit qui vont être financés dans le cadre de ce projet.
01:53 Alors je pense qu'il faut rassurer les gens, discuter avec eux, les écouter,
01:58 je pense que c'est indispensable,
01:59 les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse
02:01 ont apporté des réponses environnementales,
02:03 nous allons au sud de Bordeaux de la même manière,
02:05 donc il faut parler, discuter avec eux, c'est extrêmement important.
02:08 Les convaincre, je ne sais pas,
02:10 mais en tout cas, leur apporter un certain nombre de réponses qu'ils attendent.
02:13 - Et sur Facebook ce matin, vous a demandé si ce combat des opposants n'était pas perdu d'avance.
02:17 Vos réactions nombreuses, comme celle de Didier qui nous dit
02:19 "Non, le combat n'est pas perdu, la justice n'a pas rendu toutes ses décisions,
02:23 et le financement n'est pas bouclé".
02:24 Annie également réagit en disant "Rien n'est jamais perdu d'avance,
02:27 et surtout pas l'opposition à un projet anachronique ressorti des cartons.
02:31 Ce n'est pas parce que nous avons tous commencé à contribuer financièrement,
02:34 et contre notre gré que ce truc là ira jusqu'au bout".
02:37 Voilà les réactions sur nos réseaux sociaux.
02:39 - C'est pas un projet à marche forcée justement,
02:41 alors que les recours devant la justice ne sont pas tous épuisés,
02:44 et que le financement n'est pas totalement bouclé ?
02:46 - En fait, on a deux volets dans ce dossier.
02:48 On a les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux,
02:51 et on a la ligne à lente vitesse.
02:53 Ce sont deux sujets qui ont été rapprochés pour faire des économies d'échelle,
02:57 et que ça coûte moins cher.
02:58 Bon, quand on vous répète matin, midi et soir,
03:00 les financements ne sont pas bouclés, ça ne veut pas dire que ce soit vrai.
03:03 Les collectivités se sont engagées,
03:05 je remarque au passage que l'Europe a donné des signes très positifs.
03:09 - A donné des signes ?
03:10 - Très positifs, y compris sur une partie des écoles qui sont déjà financées.
03:13 - On n'a pas signé le chèque encore ?
03:14 - Non, mais l'Europe ne signe jamais un chèque en blanc,
03:16 elle met du temps pour le faire.
03:17 Je remarque qu'aujourd'hui, il y a des dossiers qui avancent,
03:20 au point de vue de la région, du département,
03:22 tout le monde a amené sa cote-part pour pouvoir que ça puisse être financé.
03:26 Donc dire que ce n'est pas financé, c'est faux.
03:28 On ne peut pas raconter n'importe quoi.
03:30 Des personnes manifestées samedi dernier à Saint-Macquer,
03:34 pour dire "il n'y a pas assez de trains",
03:36 elles vont manifester cet après-midi en disant
03:39 "il faut faire quelque chose, parce qu'il ne faut pas faire cette ligne à grande vitesse".
03:42 On ne peut pas faire tout et son contraire.
03:44 Ce qui laisse penser qu'on pourrait faire davantage de trains sur les lignes existantes
03:48 est un mensonge.
03:50 Aujourd'hui, on a un objectif, c'est d'avoir un train du quotidien
03:54 et un train qui relie les grandes capitales régionales.
03:56 Le train du quotidien, c'est un objectif.
03:58 30 puis 15 minutes sur l'état actuel de la voie,
04:01 avec des travaux tels que certains,
04:03 qui sont des apprentis sorciers,
04:05 qui lancent des idées qui ne sont pas valables,
04:07 ça ne pourra pas marcher.
04:08 - Sans ces aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux,
04:10 financés en lien avec ce TLGV,
04:13 les trains du quotidien ne pourraient pas être améliorés ?
04:16 On ne pourrait pas avoir de RER métropolitain en développement non plus ?
04:19 - On pourrait avoir un RER métropolitain de deuxième classe,
04:22 pas un RER métropolitain de première classe.
04:24 Aujourd'hui, nous avons une fréquence qui peut être assurée à 30 minutes,
04:27 mais pas à 15.
04:29 Le bouchon ferroviaire au nord de Bordeaux a sauté il y a quelques années.
04:32 Le bouchon ferroviaire au sud de Bordeaux doit sauter.
04:34 On a tenu compte des avis des habitants,
04:36 puisqu'au lieu de faire 4 voies, on n'en fait plus que 3.
04:38 Donc on a moins d'emprises qui sont faites.
04:40 Et de plus, est-ce que l'habitant d'Agen,
04:43 qui aura une ligne à grande vitesse,
04:45 qui mettra 41 minutes pour faire Agen-Bordeaux,
04:48 au lieu d'une heure 40 aujourd'hui en voiture ou en train,
04:50 est-ce que ce n'est pas ça un train du quotidien aussi ?
04:52 L'habitant de Mont-de-Marsan,
04:54 qui met une heure 50 aujourd'hui en voiture pour venir à Bordeaux,
04:57 et qui mettra 50 minutes,
04:58 est-ce que ce n'est pas ça aussi un train du quotidien ?
05:00 - On va écouter Frédéric,
05:02 qui est lui un habitant de Cap-Cieux.
05:04 Bonjour Frédéric !
05:05 - Bonjour Frédéric !
05:06 Vous avez un témoignage à porter ce matin.
05:08 On vous écoute.
05:09 - Oui, bonjour à toutes et à tous.
05:11 J'attends M. Dupas et je ne partage pas du tout son analyse.
05:16 Notre problème aujourd'hui,
05:18 c'est la concentration des activités économiques
05:21 sur certaines de grandes métropoles ou grandes villes,
05:24 qui font qu'on a des problèmes de mobilité.
05:30 Ce n'est pas en créant une LGV,
05:33 soi-disant pour un aménagement quelconque,
05:37 que ça n'aménagera pas les territoires ruraux.
05:40 Les territoires ruraux ont besoin que les entreprises
05:42 se viennent vers ces territoires-là,
05:45 et on évitera d'avoir autant de monde dans les trains et sur la route.
05:50 Donc la LGV en soi, elle ne sert à rien aujourd'hui.
05:54 C'est un autre...
05:56 Surtout aujourd'hui, on pense à l'écologie,
06:00 aux problèmes de transport, pollution, etc.
06:02 Il faut rapprocher le travail des gens là où ils vivent.
06:05 Et ça, c'est le sujet principal.
06:07 On prend le sujet à l'envers,
06:08 et tant qu'on continuera comme ça,
06:10 c'est de la dépension utile,
06:11 et on met de plus en plus de monde sur les routes.
06:13 - Merci Frédéric pour ce témoignage.
06:15 Qu'est-ce que vous répondez, Christophe Dépras,
06:16 à Frédéric Yabit-Capsieux ?
06:18 - Très simplement, on va créer une gare dans le Sud-Gironde.
06:21 Ça veut dire qu'aujourd'hui,
06:22 ce secteur non desservi par les trains,
06:25 ce secteur mal desservi par les moyens de communication,
06:27 ne verra aucune entreprise venir s'installer,
06:29 parce qu'il n'y a pas de moyens de communication.
06:32 On va créer dans ce Sud-Gironde,
06:34 une gare qui sera très bien desservie,
06:36 puisqu'elle sera dans le fameux Y,
06:37 qui ira d'un côté vers Dax,
06:39 et de l'autre côté vers Toulouse.
06:42 Donc aujourd'hui, ils ont une chance historique
06:45 d'avoir des moyens de se développer localement,
06:49 avec l'arrivée de cette LGV.
06:51 Sauf qu'il faut l'expliquer.
06:53 J'entends ce monsieur qui dit
06:55 "je m'embête pour aller travailler à Bordeaux",
06:57 mais si des entreprises s'installent à proximité de cette gare,
06:59 comme ça se fait dans beaucoup d'endroits,
07:01 parce qu'on aura des sillons pour pouvoir desservir en train,
07:03 il n'aura peut-être pas plus l'occasion
07:05 de venir travailler à Bordeaux.
07:07 Donc il faut travailler avec les territoires,
07:09 accompagner d'ailleurs un fonds,
07:11 qui a été dédié de 56 millions d'euros.
07:14 56 millions d'euros, c'est pas rien !
07:16 Il a été dédié spécifiquement pour accompagner les communes
07:19 dans des projets qu'ils auraient,
07:20 connexes, concomitants,
07:22 accompagnants autour de la livraison
07:24 de cette Ligne à Grande Vitesse.
07:26 - En deux mots, c'est quoi le calendrier maintenant, Christophe Duprat ?
07:28 - Alors, c'est toujours difficile de tourner un calendrier.
07:31 - D'autant qu'il y a des recours en cours, toujours ?
07:33 - Voilà, on est plutôt sur une livraison en 2032,
07:35 il y aura quelques mois d'écart entre les deux branches,
07:38 mais elles vont être concomitantes.
07:40 C'est autour de 2032 suivant, bien évidemment,
07:43 il faudra que tous les recours soient épuisés.
07:46 Vous savez, il y a des projets d'intérêt généraux
07:48 très importants, la ligne D du tram,
07:51 elle a fait l'objet de nombreux recours,
07:52 ça n'a pas empêché que ça soit fait.
07:54 Peut-être qu'on a amélioré le projet
07:55 par rapport à ce qu'on avait prévu au départ.
07:57 - Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc,
08:00 conseiller métropolitain, délégué au projet de GPSO,
08:04 merci d'avoir été notre invité ce matin.
08:06 - Merci, bonne journée.
08:07 - Vous retrouverez cette interview également en vidéo
08:08 sur notre site francebleu.fr.

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