Ça vous regarde - CNews sous contrôle : la liberté d'expression en danger ?

  • il y a 7 mois
Grand témoin : Abnousse Shalmani, écrivain et chroniqueuse, autrice de « J'ai péché, péché dans le plaisir » (Grasset)

GRAND DÉBAT / CNews sous contrôle : la liberté d'expression en danger ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Reporters Sans Frontières a saisi le Conseil d'Etat pour qu'il statue sur la représentation du pluralisme politique sur les plateaux de la chaine CNews. L'ONG souhaite que les temps de parole des chroniqueurs et des éditorialistes soient comptabilisés comme des temps d'antenne de partis politiques. Dès lors, la chaine s'est insurgée et a dénoncé une censure et une atteinte à la liberté d'expression. Le Conseil d'Etat a rendu sa décision le mardi 13 février : il demande à l'Arcom (l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) de réexaminer le respect des obligations de pluralisme politique de la chaine dont Vincent Bolloré est le propriétaire. CNews et la plupart des éditorialistes de droite ont réclamé que les mêmes exigences soient appliquées aux chaines publiques. Cette extension potentielle du champ de contrôle de l'Arcom est-elle liberticide ?

Invités :
- Aurélien Saintoul, député LFI des Hauts-de-Seine,
- Alexis Lévrier, historien des médias, maître de conférences à l'université de Reims,
- Etienne Gernelle, directeur de la rédaction du Point.

GRAND ENTRETIEN / Abnousse Shalmani : ode à la liberté et au plaisir

Jeune femme de 21 ans, Forough Farrokhzad est à rebours des moeurs iraniennes des années 50. Sa liberté sexuelle et son talent littéraire sont loin d'être acceptés par la société patriarcale dans laquelle elle vit à Téhéran et dont le plaisir est contrôlé. Au détour d'une conférence qu'elle anime, un spectateur lui présente un recueil libertin traduit de Pierre Louÿs, écrivain français. À travers cette figure, Forough découvre et s'immerge dans la vie de Marie de Régnier, femme d'influence parisienne de la Belle Epoque, dont l'entourage et le cadre de vie sont aux antipodes de ceux de l'Iranienne. Dans « J'ai péché, péché dans le plaisir », Abnousse Shalmani croise les destins de deux femmes séparées de 60 ans et de 4000 kilomètres. Une plongée dans deux civilisations qui traduisent deux courants de pensée sur l'émancipation de la femme.

Grand témoin : Abnousse Shalmani, écrivain et chroniqueuse, autrice de « J'ai péché, péché dans le plaisir » (Grasset)

LES AFFRANCHIS

- Bertrand Périer, avocat,
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- « Action planète » : Léa Falco, membre du collectif « Pour un réveil écologique ».

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 ...
00:04 -Bonsoir à tous.
00:07 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde" ce soir.
00:10 Abnous Chalmany viendra nous parler de son dernier roman,
00:14 "J'ai pêché, pêché dans le plaisir",
00:17 chez Grasset, l'autrice franco-iranienne.
00:20 Entre mêle le destin de deux femmes poétesses,
00:23 Marie Doregnée, qui vécut durant la Belle Époque,
00:26 et Foroukh Farrokhzad, poétesse des années 50.
00:29 Une note, vous allez le voir,
00:30 insolente à la liberté et à la sensualité.
00:33 Notre grand débat ce soir.
00:35 Faut-il mieux respecter le pluralisme
00:39 sur la chaîne CNews ?
00:40 Le Conseil d'Etat, saisi par Reporters sans frontières,
00:43 jette un pavé dans la mare pour la première fois.
00:46 La justice administrative impose au régulateur de l'audiovisuel
00:49 de renforcer son contrôle de la chaîne d'information
00:52 du groupe Bolloré.
00:53 Décision bienvenue ou atteinte à la liberté d'expression ?
00:58 Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:00 Enfin, nos affranchis ce soir, le billet d'humeur de Bertrand Perrier,
01:04 le mot de la semaine de Mariette Darigrand,
01:06 et Action Planète, la chronique écolo de Léa Falco.
01:09 Voilà pour le sommaire.
01:11 Soyez les bienvenus. Ca commence tout de suite.
01:13 (Générique)
01:14 ---
01:24 -C'est la plus haute juridiction administrative du pays
01:28 et sa décision n'en finit pas de susciter la polémique.
01:31 Le Conseil d'Etat a donc enjuin l'arcomme
01:34 de réexaminer le respect par CNews
01:37 de ses obligations en matière de pluralisme
01:40 et d'indépendance de l'information.
01:42 A bon entendeur, le régulateur a six mois
01:45 pour être plus intransigeant dans la prise en compte
01:48 de tous les courants de pensée représentés
01:50 par tous les participants au plateau de la chaîne du groupe Canal+.
01:55 Bonsoir, Aurélien Saint-Aoul. -Bonsoir.
01:57 -Vous êtes député de la France insoumise des Hauts-de-Seine
02:01 et vous êtes le rapporteur d'une commission d'enquête
02:04 à l'Assemblée sur l'attribution des fréquences télé sur la TNT.
02:07 On en dira un mot à la fin de ce débat.
02:09 Bonsoir, Etienne Gernel. -Bonsoir.
02:11 -Bienvenue, directeur de la rédaction du Point.
02:14 Vous venez de signer un édito au vitriol
02:16 sur cette décision du Conseil d'Etat,
02:18 qui est folle et liberticide pour vous.
02:21 Le titre du papier, "La France est mûre
02:23 "pour un régime autoritaire", rien que ça, vous nous direz pourquoi.
02:27 -Pas rien que ça. C'est la réalité, je suis désolé.
02:30 Vous avez l'air de dire que c'est au vitriol.
02:32 C'est argumenté. -On va y venir.
02:34 Bonsoir, Alexis Lévrier. -Bonsoir.
02:36 -Vous êtes historien des médias
02:38 et maître de conférences à l'université de Reims.
02:41 Je vous donne la parole dans un instant,
02:43 mais avant, on va planter le décor,
02:45 et on va voir ce que dit le Conseil d'Etat,
02:48 quelles sont les réactions.
02:49 C'est dans le récap de Bruno Denay.
02:51 Et bonsoir, mon cher Bruno. -Bonsoir, Myriam.
02:54 Bonsoir à tous.
02:55 -Alors, au programme de votre récap,
02:57 ce soir, une dérive et un naufrage.
03:00 -Oui, j'ai choisi de filer ce soir une métaphore marine,
03:03 car le grand bateau sur lequel sont embarqués tous les médias
03:06 tangue et paque un peu.
03:08 La dérive, d'abord, c'est celle que l'association
03:10 "Reporteurs sans frontières" a pointée
03:13 à propos de la chaîne CNews.
03:14 -J'ai dit que CNews,
03:17 le type de télévision, de chaîne de télévision,
03:20 qui est CNews, teste, en effet,
03:22 les protections démocratiques
03:24 en matière de droit à l'information,
03:26 et notamment en matière d'indépendance éditoriale
03:29 et de pluralisme de l'information.
03:31 -D'après Christophe Delohar,
03:33 le vaisseau amiral de l'empire bolloré
03:35 tangue sur sa droite.
03:37 "Faux", lui a immédiatement répondu le quartiermaître à bord,
03:41 Pascal Prot, pas content d'être ainsi torpillé.
03:44 -CNews, c'est une déflagration.
03:45 CNews permet d'entendre des voix
03:47 qu'on n'entendait pas dans le PAF.
03:50 CNews applique le pluralisme,
03:52 puisque toutes les voix s'entendent,
03:54 et je passe mon temps à dire que c'est les gens que j'invite
03:57 qui veulent pas venir, et ça les rend fous.
04:00 -Le cap politique de CNews donnerait donc à certains
04:03 le mal de mer.
04:04 Mais alors, comment mesure-t-on aujourd'hui
04:07 l'orientation du paquebot médiatique ?
04:09 Eh bien, aujourd'hui, pour garantir le pluralisme,
04:12 c'est une loi qui s'applique. Elle date de 1986
04:15 et elle calcule à la seconde près le temps de parole
04:18 dont bénéficient sur chaque antenne les politiques.
04:21 Or, CNews respecte scrupuleusement cette loi.
04:24 -Où est le problème ? Pourquoi vous parlez d'un naufrage ?
04:28 -Le problème, Myriam, c'est que "Reporteurs sans frontières"
04:31 a saisi le Conseil d'Etat parce qu'elle estime
04:34 que les chroniqueurs et les éditorialistes de CNews
04:37 sont tous de droite à l'extrême.
04:40 "OK", a répondu le Conseil d'Etat,
04:42 qui réclame désormais que l'on classe,
04:44 que l'on répertorie politiquement tous les journalistes
04:48 qui s'expriment. C'est l'Arkom,
04:50 qui est chargé d'affronter l'énorme tempête
04:52 qui s'annonce seulement il y a neuf mois.
04:55 Son capitaine a expliqué qu'il était farouchement opposé
04:58 à une telle décision.
05:00 -Les éditorialistes, c'est des journalistes.
05:02 Ils ont des cartes de presse.
05:04 Jusqu'à Nouvelle-Orde, je ne connais pas
05:06 d'autorité administrative dans une démocratie
05:09 qui contrôle les journalistes.
05:11 Je suis obligé, à chaque chaîne de télévision,
05:14 de me communiquer la liste de ces éditorialistes
05:16 tous les ans à France Inter.
05:18 Donnez-moi la liste de vos états de parole.
05:21 Et ensuite, comment je les classe ?
05:22 A droite, à gauche ? Celui-ci, celui-là ?
05:25 -Ce serait trop complexe.
05:26 -Ca relève de la liberté éditoriale d'une chaîne
05:29 dans le cadre du format de la chaîne.
05:31 -Vous l'avez compris, le bateau craque de la coque au pont.
05:35 Mais si j'ai choisi d'évoquer également un naufrage,
05:38 c'est parce que les méthodes de l'équipage
05:40 et le abordage de ces news m'ont paru totalement baroque.
05:43 Figurez-vous que "Reporteurs sans frontières"
05:46 a demandé à un prof de sémiologie d'aller compter
05:49 les temps de parole des intervenants de la chaîne.
05:52 Ca s'est passé il y a déjà fort longtemps.
05:55 -Il faut dire que cette étude a été menée il y a deux ans.
05:58 C'était il y a deux ans.
05:59 -Le Conseil d'Etat prend une décision
06:02 sur une étude qui a été faite il y a deux ans.
06:04 -Oui, je trouve que c'est dommage, effectivement.
06:07 -Effectivement, c'est fâcheux.
06:09 Mais le meilleur est à venir.
06:11 Comment celui qui estime qu'il est désormais impératif
06:14 de classer politiquement les journalistes et les invités
06:18 demande à être lui-même classé ?
06:20 -Je comptabilise à gauche ou à droite pour l'ARCOM.
06:25 Je vous comptabilise comment ?
06:26 -Comme un humaniste.
06:28 -Ah bah...
06:30 -Je... -Ah !
06:32 La voilà ! La voilà, la bouée de sauvetage, Myriam !
06:35 Rangez tous ceux qui causent dans le poste
06:37 de la catégorie "humaniste".
06:39 Une bonne idée pour éviter à la fois le naufrage
06:42 et surtout la galère.
06:43 -Merci, merci beaucoup, Bruno Donnet.
06:45 Alors, Aurélien Saint-Aul,
06:47 quand on écoute le patron d'RSF,
06:49 à l'origine de cette saisine du Conseil d'Etat,
06:52 Christophe Deloy, on est dans une grande victoire
06:55 pour la liberté d'information.
06:56 Il salue une décision historique, comme vous.
06:59 Elle est bienvenue ?
07:00 -Elle est extrêmement importante et très bienvenue.
07:03 En revanche, il faut bien la prendre pour ce qu'elle est.
07:07 Le Conseil d'Etat ne se prononce pas sur le fond
07:09 sur ce qu'est ces news.
07:10 Le Conseil d'Etat se prononce sur la méthode
07:13 employée par l'Arkom pour juger du pluralisme des médias.
07:16 Jusqu'à présent, l'Arkom considérait,
07:19 comme l'a dit le chroniqueur juste avant moi,
07:21 que pour juger du pluralisme,
07:23 il fallait regarder qui étaient les invités politiques.
07:26 Mais c'est une façon très pauvre d'évaluer les choses.
07:29 Dans un dispositif d'antenne, vous avez des historialistes,
07:33 des présentateurs qui ne ratent pas une occasion
07:36 pour interpeller, voire ouspiller.
07:38 On voit Pascal Praud, il est connu pour, en général,
07:41 ouspiller les personnes avec lesquelles il n'est pas d'accord.
07:44 -Il y a un problème de pluralisme ?
07:46 -Il y a une question de méthode.
07:48 Il faut réussir à définir comment le pluralisme va s'exercer.
07:52 La décision de l'Arkom et du Conseil d'Etat,
07:54 je vous le dis vite, elle formule,
07:56 "l'Arkom a fait une inexacte application
07:59 "des dispositions de la loi de 1986."
08:01 Ca veut dire que la loi de 1986 prévoit déjà
08:04 le pluralisme des chaînes.
08:05 Elle dit donc, en revanche,
08:07 "l'Arkom n'a pas utilisé une méthode adéquate
08:10 "pour le mesurer."
08:11 Ca n'est pas une révolution, contrairement à ce que prétendent.
08:15 C'est une loi qui fait consensus, la loi de 1986,
08:17 sur laquelle l'application mérite d'être révisée.
08:21 D'une certaine façon, ce qu'a fait CNews ces dernières années,
08:24 c'est jouer avec les limites et ils ont cassé le jouet.
08:27 -Ils ont cassé le jouet. On va voir les conséquences.
08:31 Une dernière question, Olivier Fordy, CNews,
08:33 c'est une chaîne d'extrême droite.
08:35 Vous êtes d'accord avec lui ?
08:37 -Je suis rapporteur d'une commission d'enquête
08:40 et je travaille sur le sujet.
08:41 Je vais attendre un rapport pour formuler un jugement
08:45 aussi catégorique, mais il y a de grands éléments
08:47 pour présumer que l'extrême droite y est bien représentée.
08:51 -On va venir au débat avec vous, Etienne Gernal,
08:54 mais la loi de 1986, c'est intéressant,
08:56 parce que dans une loi, il y a toujours la lettre,
08:59 et dans la loi, on essaye d'être équitable
09:02 dans le décompte des temps de parole
09:04 des personnalités politiques, qu'elles soient élues,
09:07 qu'elles soient cadres de partis, au prorata de leur poids
09:10 dans le paysage politique.
09:12 Là, est-ce que le Conseil d'Etat fait une interprétation
09:15 plus large de la loi ? Est-ce qu'il y a un tournant,
09:18 ne serait-ce que juridique, dans la manière dont il veut
09:21 que cette loi s'applique ? -Sur les principes,
09:24 il estime que l'Arkhom ne joue plus son rôle.
09:27 Ca correspond à une évolution du paysage médiatique.
09:30 La loi de 1986 est obsolète,
09:31 car le paysage médiatique a profondément changé.
09:34 Il n'y avait pas de chaîne d'information,
09:37 et surtout, elle n'avait pas évolué,
09:39 vers des médias d'opinion.
09:41 On écoutait, Rocco Olivier-Mestre,
09:43 président du CSA et désormais de l'Arkhom,
09:46 dire qu'on ne va pas comptabiliser les éditorialistes parmi...
09:50 Effectivement, il faut voir comment cette décision
09:53 va être appliquée, et pas que les journalistes
09:56 soient à leur place dans les médias.
09:58 C'est une profession qui est protégée depuis 1891.
10:01 -C'est compliqué, car les chroniqueurs
10:03 sont sur le plateau de CNews, et les animateurs,
10:06 les présentateurs, ceux qui font mon job.
10:08 Là, on a l'impression qu'à lire la décision,
10:11 il faudrait décompter, dans ces courants de pensée pluriels,
10:15 l'ensemble de tous ceux qui sont sur le plateau,
10:17 y compris les présentateurs.
10:19 -On parle des chroniqueurs et des invités.
10:21 -Ce sont souvent des journalistes.
10:24 Le mot "éditorialiste" est un des mots
10:26 les plus nobles de l'histoire de la presse.
10:28 Il faut lui rendre sa noblesse.
10:30 Il ne faut pas les comptabiliser, ils sont à leur place.
10:33 Le Conseil d'Etat était très intelligent
10:36 en rejetant une requête de RSF, qui était de considérer
10:39 que ce n'était plus un média d'information,
10:42 mais d'opinion. L'étude de François Josse
10:44 apparaît dans ses propres propos. Elle est peu fiable.
10:47 On ne va pas dire, ce n'est pas à nous, commentateur,
10:50 de dire à quel moment on passe de l'information à l'opinion.
10:54 -Pour vous, ça reste une chaîne d'information, ces news ?
10:57 -Je pense qu'on ne peut pas le dire aussi explicitement.
11:00 Pour revenir à cette décision,
11:02 elle invite l'Arkham à tenir compte de l'évolution
11:05 du paysage médiatique.
11:06 Entre les journalistes et les politiques,
11:09 dont il faut comptabiliser le temps de parole,
11:11 il y a une zone grise.
11:13 -Ca représente qui, la zone grise ?
11:15 -Moi. -Les experts, c'est ça ?
11:17 -Oui, c'est-à-dire des gens...
11:18 Ici, Étienne Vernel est journaliste,
11:21 il ne va pas comptabiliser sa parole.
11:23 Il est à sa place dans les médias.
11:25 Aurélien Saint-Aul représente les politiques.
11:28 C'est plutôt des gens qui viennent comme invités,
11:30 comme experts, éventuellement,
11:32 dont on peut se demander s'ils sont marqués politiquement.
11:36 -D'où ils parlent. -C'est un exercice de transparence
11:38 qui est salutaire. Si j'avais une carte politique...
11:41 Je me suis retrouvé dans des débats avec des universitaires,
11:45 dont je savais qu'ils étaient candidats,
11:47 qu'ils avaient été engagés dans des campagnes,
11:50 et je trouvais que c'était pas très clair
11:52 dans l'histoire. Si un jour, je bascule du côté de ce monde-là,
11:56 j'espère que j'aurai l'honnêteté de le dire.
11:58 -C'est la transparence vis-à-vis du téléspectateur.
12:01 Vous vous êtes empaillé très souvent sur les plateaux de CNews.
12:05 -Je suis pas là pour défendre CNews.
12:07 J'ai eu souvent des désaccords très violents avec eux.
12:10 Le sujet est pas là. Il y a une différence fondamentale,
12:13 entre le désaccord et la volonté de contraindre.
12:16 C'est pas du tout la même chose.
12:18 Là, ce qui se passe, c'est inédit dans une démocratie.
12:21 Il n'existe dans aucune démocratie
12:23 de vouloir comptabiliser, ficher et organiser
12:26 sur une télévision privée.
12:28 Je parle pas du public. Le public, c'est autre chose.
12:31 Il est normal qu'il y ait une forme de supervision publique.
12:34 Ca appartient à tout le monde.
12:36 Il faut faire respecter une forme d'équilibre
12:39 par une sorte de board.
12:40 -Mais là, la chaîne CNews, c'est 100 % privé,
12:43 c'est le groupe Bolloré. -Oui, et ils font ce qu'ils veulent.
12:46 C'est une chaîne d'opinion. -Attendez, vous allez répondre.
12:50 -Vous pouvez écouter les arguments.
12:52 -Ils font ce qu'ils veulent.
12:53 La loi de 1986, c'est une blague.
12:55 Souvenez-vous du paysage médiatique en 1986 ?
12:58 Il y avait TikTok, Google, quelque chose.
13:01 On parle des fréquences.
13:02 Mais marrons-nous !
13:04 -C'est pas le rapport. -J'ai le droit de parler ?
13:07 -Vous n'avez que trois, donc on a du temps.
13:09 Allez-y. -C'est le...
13:10 Je sais bien que vous avez des incoïtances avec Poutine,
13:14 mais là, ça suffit.
13:15 -Restons sur le fond du débat. -C'est pas sérieux.
13:18 -C'est sérieux, ce que je dis.
13:20 Les usines à mensonges, c'est un vrai sujet d'aujourd'hui.
13:23 Les fermes à troll de Poutine,
13:25 avec lesquelles vous avez une complaisance.
13:28 C'est ça, le danger.
13:29 -On revient sur le fond du débat.
13:31 On reverra au dossier du point.
13:33 -Soyez à la hauteur du propos, s'il vous plaît.
13:36 -Le jour de la mort de Navalny, on va essayer de rester dignes.
13:40 Etienne Gernel, vous répondez juste après, c'est promis.
13:43 -C'est formidable.
13:44 Vous montrez qui vous êtes,
13:46 parce que vous m'empêchez de parler.
13:49 La loi de 86, pardon, mais c'était pas le même paysage.
13:52 Quelle est la raison d'être de la réglementation
13:55 du contenu des chaînes de télévision privées ?
13:57 C'est la rareté des fréquences, l'occupation privative,
14:01 c'est ça, la formule, d'un domaine public rare.
14:03 Les fréquences, c'est rare.
14:05 Je vous demande où est la rareté aujourd'hui.
14:08 La télévision, nous la regrondons tous,
14:10 quasiment tous.
14:12 La TNT est très minoritaire,
14:13 mais pour la plupart, c'est par des box.
14:16 Donc par la DSL, par la fibre,
14:18 par la 5G, quand on regarde depuis un portable.
14:21 -L'offre a explosé.
14:22 -Et par ailleurs, il y a TikTok.
14:24 -Le pluralisme doit se juger, non pas dans chaque chaîne,
14:27 mais au regard du paysage global des médias.
14:30 -Ce qui garantit le pluralisme, c'est qu'il y ait des gens
14:33 qui soient variés des médias.
14:35 La ligne de CNew, c'est pas la mienne.
14:37 Ils ont le droit d'exister, de s'exprimer.
14:40 Je vais vous citer Clémenceau,
14:42 qui siégeait à l'extrême gauche, à la Chambre,
14:45 quand même, il disait, à mon sens,
14:47 "la liberté de la presse est moins la liberté de tout écrire
14:50 "que celle de tout lire."
14:51 C'est la liberté de tous les Français.
14:54 C'est comme ça qu'elle s'exprime.
14:56 L'idée qu'il y ait une autorité du pouvoir,
14:58 parce que c'est une autorité gouvernementale,
15:01 avec des nominations politiques,
15:03 qui viennent mettre son nez dans la qualité des intervenants,
15:07 je suis terrifié, terrifié.
15:09 Effectivement, vous, comment est-ce qu'on vous qualifie ?
15:12 Vous êtes député, vous avez une étiquette.
15:15 Très bien votre point.
15:16 Vous dites qu'on est face à une dérive,
15:18 une forme de censure très claire.
15:20 Réponse, Aurélien Saint-Aulp.
15:22 -D'abord, la première des réponses,
15:25 c'est que M. Gernel, manifestement,
15:27 adopte les dispositions, la façon de parler,
15:29 la faconde des gens de CNews.
15:31 Il cherche à lancer des procès d'intention.
15:34 On l'a noté. -Factuel, je dis.
15:36 -Pour le reste, et pour parler du fond,
15:39 la question qui se pose est de savoir
15:41 si on a le droit de tout faire
15:43 sur une entreprise privée de médias.
15:45 Non, on n'a pas le droit de tout faire.
15:48 -Ce que disait Gernel, c'est intéressant.
15:50 C'est vrai qu'aujourd'hui, l'offre a tellement augmenté
15:54 qu'au fond, avoir une chaîne d'opinion
15:56 marquée à droite, voire à l'extrême droite,
15:58 vous pouvez trouver d'autres médias à gauche,
16:01 voire à l'extrême gauche.
16:03 Vous avez aussi des médias
16:05 qui sont dans un espace plus central.
16:07 -Vous en connaissez sur la TNT ?
16:09 -Sur la TNT, la question audiovisuelle,
16:11 je n'en connais pas, en tout cas,
16:13 qui se revendiquent autant dans l'opinion.
16:15 -En réalité, ce dont il est question,
16:18 c'est de la liberté, non pas de la liberté en général,
16:21 mais de la liberté des riches.
16:23 Si vous êtes le propriétaire d'un groupe de médias,
16:26 vous pouvez arriver et dire "je fais ce que je veux,
16:29 "je suis chez moi", mais non, la loi dispose
16:31 que les riches n'ont pas tous les pouvoirs.
16:34 -Vous faites une distinction avec la télévision.
16:36 -Il n'y a pas de télévision d'opinion,
16:39 il y a une pièce écrite d'opinion.
16:41 -C'est dans la loi ? -Oui, c'est dans la loi.
16:43 -1986 ?
16:45 -C'est plutôt le pluralisme.
16:46 C'est le pluralisme de l'information que ça vit.
16:49 Le pluralisme doit pas être à l'échelle des médias,
16:52 mais au sein de chaque média audiovisuel.
16:55 Je suis pas d'accord avec Etienne Gernel.
16:57 Il y a un distinguo très net,
16:59 mais qui est dû à l'histoire des médias français,
17:02 qui sont associés au pouvoir politique.
17:04 "La presse est contre moi, la télévision est à moi."
17:07 En 1980, on se libère de ça.
17:09 On va créer des médias privés,
17:11 mais sur des fréquences qui appartiennent à l'Etat.
17:14 C'est le sens de la commission d'enquête.
17:16 On les concède pour une durée de données
17:18 et en échange de la signature de conventions
17:21 qui sont foulées au pied tous les jours.
17:24 Il faut lire. -Qu'est-ce qu'il y a écrit ?
17:26 -Notamment pas d'incitation à la haine raciale ou religieuse.
17:30 -Là, l'Arkham fait le boulot ?
17:32 La justice fait le boulot ?
17:33 -La justice doit faire le boulot.
17:35 -L'Arkham a un rôle de régulateur,
17:37 ce qui est terrible avec Roch-Olivier Mestre.
17:40 -Il faudrait arrêter ça. -Bah non.
17:42 Je trouve, avec tout respect que j'ai pour le point
17:45 et pour son directeur, je pense qu'il faut pas exagérer
17:48 quand on parle de risque de dictature.
17:50 Aujourd'hui, Navalny est mort, c'est une dictature.
17:53 On le mesure. On n'en est pas là.
17:55 -Je n'ai pas parlé de dictature, mais de régime autoritaire.
17:59 -L'article 11 de la DL et du Citoyen,
18:01 au moment même de la Révolution,
18:03 c'est un cas très précis.
18:05 Roch-Olivier Mestre cite toujours cet article
18:07 pour dire que l'Arkham est dans le prolongement de l'article 11.
18:11 La première phrase, c'est ce que vous dites,
18:13 "La libre communication des idées et des opinions
18:16 "est un des droits les plus précieux de l'homme."
18:19 Roch-Olivier Mestre cite ça.
18:20 Il oublie toujours la deuxième phrase,
18:23 "Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement,
18:26 "sauf à répondre de l'abus de cette liberté
18:29 "dans les cas déterminés par la loi."
18:31 -Absolument. -Et l'Arkham a pour rôle
18:33 de réguler cela. -Non.
18:35 Et pourquoi non ? C'est la justice qui doit faire appliquer la loi.
18:39 La liberté d'expression a des limites.
18:41 Elles sont dans la loi de 1881, qui est une loi de répression,
18:44 qui liste toutes les limites.
18:46 La diffamation, l'injure, il y en a eu d'autres,
18:49 les propos racistes, etc.
18:51 Et c'est à la justice de le faire.
18:53 -Et d'ailleurs, Éric Zemmour a été condamné plusieurs fois
18:56 par la justice, trois ans après.
18:58 -Avec des procédures et a posteriori.
19:00 C'est ça qui est bien. C'est ce que disait Clemenceau.
19:03 Quand il admirait le système américain,
19:06 il disait qu'on était libre de dire ce qu'on veut
19:08 à ses risques et périls.
19:10 Et c'est ce qui a permis, d'ailleurs,
19:12 de sortir des choses en France.
19:14 S'il y avait eu une Arkham en 1888,
19:16 aurait-on sorti le jacuzzi de Zola,
19:19 qui ne respectait aucune règle ?
19:21 -C'est la libre parole qui n'aurait pas sorti.
19:23 C'est la presse antisémite,
19:25 qui était tombée déjà sous le coup de la loi de 1881.
19:28 Il y a des procédures, des garanties.
19:30 -C'est intéressant. C'est un débat sur régulation
19:33 versure justice avec le temps que prend notre système.
19:37 -C'est la justice, pas l'administration,
19:39 pas le pouvoir. -Pas l'Etat.
19:41 J'aurais qu'on avance, il y a pas mal d'enjeux.
19:44 -C'est la clé de la loi de 1881.
19:46 Quand on oublie ça, on oublie la clé de ce qui fait l'Arkham.
19:49 -Il faut y avoir lieu dans l'instant,
19:51 c'est le rôle de l'Arkham. -Non.
19:53 Sinon, on n'est pas dans une démocratie.
19:56 -On ne voit pas vous mettre d'accord là-dessus
19:58 sur la légitimité du régulateur.
20:00 C'est ça, votre débat.
20:02 La question, c'est la faisabilité. On a une décision.
20:05 Est-ce que vous êtes d'accord pour dire
20:07 qu'il va falloir embaucher des gens à l'Arkham ?
20:10 En plus de ça, si j'ai bien compris la décision,
20:13 comme on classe pas les gens a priori,
20:15 il va falloir écouter la chaîne pour savoir d'où il parle.
20:18 C'est impossible, non ?
20:19 -Effectivement, l'Arkham va avoir à se gratter la tête
20:23 à un petit moment,
20:24 parce que la méthode va être difficile.
20:26 Sur ce point, il y a la question des éditorialistes
20:29 qui m'intéresse beaucoup,
20:31 parce que mon voisin dit que c'est un mot extrêmement noble.
20:34 Si vous considérez qu'Albert Camus
20:36 est éditorialiste dans "Combat",
20:38 vous vous dites que c'est une filiation
20:40 que tout le monde peut revendiquer.
20:42 En revanche, cette notion d'éditorialiste
20:45 est étroitement liée à l'idée de presse d'opinion.
20:47 La presse écrite est une presse d'opinion
20:50 car elle est liée à l'idée d'abonnement.
20:52 Une presse gratuite qui rentre dans tous les foyers,
20:55 qu'on le veuille ou non,
20:57 car elle a l'autorisation de le faire.
20:59 La question se pose si même la fonction d'éditorialiste
21:02 est vraiment légitime.
21:03 -A partir du moment où c'est l'audiovisuel,
21:06 vous considérez qu'il faudrait soumettre
21:08 à cette nouvelle décision, y compris les journalistes ?
21:11 -Je pose le distinguo entre journaliste et éditorialiste.
21:15 -Vous commencez dans une carrière de journaliste.
21:18 Un jour, on est, l'autre, on revient.
21:20 On n'est pas éditorialiste une vie complète.
21:22 -J'ai posé la question en commission d'enquête.
21:25 J'ai demandé, par exemple,
21:27 quelle est la spécificité, la compétence spécifique
21:29 d'un éditorialiste par rapport à un journaliste.
21:32 Qu'est-ce qu'il sait faire de plus ou de moins ?
21:35 C'est donner son opinion.
21:36 Je l'ai demandé au directeur de l'information de LCI.
21:40 In fine, c'était à ça que revenait la réponse.
21:43 Donc, il faut choisir.
21:45 Si on est un militant politique,
21:47 on peut avoir une carte de presse et être un militant politique.
21:50 -Vous ne serez pas d'accord ?
21:51 -La liberté de la presse, telle qu'elle était définie
21:54 par la loi de 1881, c'est pas la liberté des journalistes,
21:57 c'est la liberté des journaux.
21:59 L'imprimerie et la librairie sont libres.
22:02 -Ils sont comptabilisés, c'est tout ?
22:04 -Oui, on n'est pas très loin,
22:06 parce que ça revient à la même.
22:08 Si il y a une régulation, si on comptabilise les gens,
22:11 c'est bien pour en faire un usage, pour en faire un dosage.
22:14 Par ailleurs, je ne suis pas sûr que vous sachiez
22:17 comment ça fonctionne, un journal,
22:19 entre un éditorialiste et un journaliste,
22:21 c'est pas des natures différentes.
22:23 Quand je fais l'interview, c'est le semaine d'Arthur Mench.
22:26 -Nicamus a d'abord été reporter avant d'être éditorialiste.
22:30 -C'est la même chose pour Jean Daniel.
22:32 -Ca ne veut rien dire.
22:33 La distinction entre presse d'opinion et presse factuelle...
22:37 Mais quand on fait un flash info,
22:39 le fait de mettre une information au-dessus d'une autre,
22:42 c'est un choix éditorial.
22:43 Le fait de faire parler quelqu'un plus longuement...
22:47 -Ca existe partout, les choix éditoriaux.
22:49 -On a parlé de l'applicabilité,
22:51 je crois que vous êtes d'accord pour montrer que c'est compliqué.
22:54 La décision va assez loin.
22:56 Il y a aussi le contrôle sur l'ingérence de l'actionnaire,
22:59 en l'occurrence, Vincent Bolloré, sur la ligne éditoriale.
23:03 L'Arkom pourra tenir compte de l'ensemble des conditions
23:06 de fonctionnement et des caractéristiques
23:08 de la programmation des chaînes.
23:10 Ca veut dire que, d'une certaine façon,
23:13 l'influence de l'actionnaire,
23:15 et ça, ça existe dans tous les médias,
23:17 l'influence de l'actionnaire sera régulée.
23:20 Il y a quand même... Voilà des...
23:22 -Donnez-moi les... Enfin, en tout cas, pas chez moi.
23:25 -Le point, effectivement,
23:27 je pense pas qu'il y ait d'ingérence directe de Pinault.
23:30 En revanche, Bolloré a initié une dynamique
23:33 qui se permet de faire aux échos et aux parisiens
23:35 des choses qu'il ne faisait pas avant.
23:37 C'est ça qui rend très inquiétant dans la manière
23:40 dont Bolloré nous engage vers une évolution des médias
23:44 d'un point de vue démocratique.
23:45 -Le vrai sujet derrière, c'est un sujet économique.
23:48 Quand la presse est rentable,
23:50 son indépendance n'est jamais remise en cause.
23:53 C'est quand elle perd de l'argent que quelqu'un arrive
23:56 de l'extérieur ou de l'intérieur d'au-dessus.
23:59 C'est l'histoire du Point.
24:00 Le Point a été créé par des dissidents de l'Express.
24:03 Pourquoi ont-ils quitté l'Express ?
24:06 Servant Schreiber s'engageait en politique,
24:08 qui était le patron propriétaire du journal,
24:11 et même si c'était pas très disruptif,
24:13 c'était le centre par là, le centre droit, on va dire.
24:16 Malgré tout, ils voulaient pas rouler pour un politique.
24:19 Ils ont dit qu'ils s'en allaient.
24:21 Ils ont créé le Point, et le Point a été rentable
24:24 dès sa première année, ce qui est extraordinaire.
24:27 C'est ce qui lui a donné sa liberté.
24:29 La grande question, parce qu'on n'a pas parlé
24:31 dans les contraintes, la contrainte économique majeure,
24:35 c'est les GAFAM qui ont, en réalité,
24:37 piqué l'argent de la presse.
24:39 Le chiffre d'affaires de la presse...
24:41 -Il était sur les réseaux aujourd'hui.
24:43 -Il visait par deux en disant...
24:45 Je parle de la presse écrite,
24:47 je connais le mieux, je connais moins bien l'audiovisuel,
24:50 mais l'énorme sujet est là.
24:52 À partir du moment où on a la liberté,
24:54 les gens font leur choix,
24:56 et s'ils sont pas d'accord avec l'actionnaire,
24:59 ils vont créer quelque chose d'autre.
25:01 C'est le pluralisme du privé, de la masse,
25:03 que tout le monde puisse dire quelque chose.
25:06 -Alexis Lébrié ?
25:07 -Je suis d'accord avec Etienne Gernel
25:10 sur le fait qu'il y ait un pluralisme,
25:12 mais la presse écrite et l'audiovisuel,
25:14 c'est pas la même chose.
25:16 C'est pour ça qu'il y a l'Arkom.
25:18 -Il faudrait supprimer l'Arkom.
25:20 -Les ingérences de Vincent Molloré
25:22 sont difficiles à montrer,
25:24 parce que ça passe par Serge Neidjar.
25:26 J'ai vu ça, je suis beaucoup allé sur cette chaîne,
25:29 comment ça a évolué, comment on contourne progressivement
25:33 la convention. Il y avait de vrais journaux
25:35 qui duraient longtemps, des gens comme moi étaient invités.
25:39 Il y a une minute au début de chaque tranche d'informations
25:42 que personne n'écoute en plateau,
25:44 dont on se débarrasse pour faire le café du commerce
25:48 avec des gens d'extrême droite.
25:50 Ils ont contourné ça, mais je pense pas qu'on pourra montrer
25:53 une ingérence de l'actionnaire.
25:55 Il faudra une application souple et intelligente.
25:58 Il y a les Etats généraux de l'information en ce moment
26:01 qui vont vider à cette application.
26:03 -Présidé par Christophe Deloy,
26:05 qui est aussi le patron de "Reporter sans frontières".
26:09 Il est digne du fait que ce soit cet ONG-là
26:12 qui ait saisi le Conseil d'Etat.
26:15 Est-ce qu'il était dans son rôle ?
26:17 -Oui, pour moi, je vais essayer de répondre.
26:20 Les Etats généraux, ils les président,
26:22 mais il y a beaucoup de gens,
26:24 du monde universitaire, médiatique,
26:26 et il y aura une grande diversité,
26:28 des juristes, des universitaires, des gens respectables.
26:31 J'ai confiance dans leur capacité à mettre en application
26:35 cette décision.
26:36 -Il y a eu des conflits d'intérêts,
26:38 à être aux Etats généraux, à être à RSF...
26:41 -Je suis embêté, je l'aime beaucoup,
26:43 c'est un ancien du point.
26:44 Il a trahi la cause de la liberté d'expression.
26:47 Oui, il a trahi.
26:49 Quand une organisation non gouvernementale
26:52 demande à une juridiction administrative
26:55 de sévir contre une administration
26:57 pour qu'elle mette au pas une chaîne privée,
27:00 ça s'appelle une trahison.
27:02 Il est bien placé pour le savoir,
27:04 il y a une carte qui est très importante
27:06 sur les atteintes à la liberté de la presse.
27:08 Vous regardez la carte d'épée en noir,
27:11 c'est-à-dire là où la presse est la plus contrainte,
27:14 où les journalistes sont le plus emprisonnés.
27:17 Qui les emprisonne ? Les Etats.
27:18 La question, c'est de protéger la liberté des Etats,
27:21 et on fait l'inverse.
27:23 -Vous ne serez pas d'accord là-dessus.
27:25 Je revois votre papier,
27:27 puisque vous saluez le travail d'RSF,
27:29 qui a permis la libération de Nicolas Hénin,
27:32 qui était pris en otage.
27:33 Mais je renvoie à votre coup de griffe dans le point.
27:36 Je voudrais qu'on termine
27:38 avec cette commission d'enquête à l'Assemblée.
27:41 C'est l'autre enjeu, l'attribution des fréquences de la TNT.
27:44 Vous avez parlé de ça.
27:45 Le renouvellement des autorisations est géré par l'Arcom.
27:49 Vous pilotez cette commission d'enquête
27:51 qui s'apprête à recevoir tous les visages
27:53 du groupe Canal+ et de la chaîne CNews.
27:56 Pourquoi faire ? Explication, Marc Oponni.
27:58 ...
28:03 -Canal+, BFM TV, CNews, TMC ou W9.
28:08 En 2025, les autorisations de diffusion
28:11 de 15 chaînes de la TNT arriveront à échéance.
28:15 Elles devront convaincre l'Arcom,
28:17 l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle,
28:21 de renouveler leurs fréquences pour 10 ans maximum.
28:24 Décision cruciale pour le paysage audiovisuel français,
28:28 car d'autres concurrents sont en embuscade
28:30 pour récupérer ces fréquences.
28:32 Un appel à candidature a été ouvert.
28:35 Il s'agira de la plus importante vague d'attribution de fréquences
28:38 depuis le lancement de la TNT au début des années 2000.
28:41 A la demande de la France insoumise,
28:43 une commission d'enquête sur les autorisations de diffusion
28:47 de la TNT a été créée.
28:49 Début novembre, à l'Assemblée,
28:50 objectif, se mêler du processus d'attribution des fréquences
28:55 en vérifiant le respect des engagements
28:57 pris par les chaînes de télévision, notamment des chaînes d'information.
29:01 Racisme, sexisme, harcèlement, violence, vulgarité,
29:04 abrutissement sont des termes qui caractérisent la production.
29:08 Je suis sûr que des noms vous viennent à l'esprit.
29:11 Dans le collimateur de la commission,
29:13 les chaînes du groupe Canal+, du milliardaire Vincent Bolloré,
29:17 dont CNews, régulièrement accusés d'être un média d'opinion,
29:21 déjà mis en demeure pour manquement à ses obligations
29:24 en matière de pluralisme politique.
29:27 Obligation définie dans un cahier des charges
29:29 conclue avec l'Arkom en 2019.
29:32 L'éditeur assure le pluralisme de l'expression
29:35 des courants de pensée et d'opinion.
29:37 Il doit veiller à respecter les différentes sensibilités politiques,
29:41 à ne pas encourager des comportements discriminatoires
29:44 en raison de la race, de l'origine, de la religion ou de la nationalité.
29:48 Début janvier, CNews était condamné
29:50 par le gendarme de l'audiovisuel.
29:52 50 000 euros d'amende pour manquement à l'obligation
29:56 d'honnêteté et de rigueur de l'information.
29:58 Une décision rarissime.
30:00 L'Assemblée nationale devrait auditionner
30:03 dans les prochaines semaines
30:04 Vincent Bolloré et des figures de son groupe,
30:07 Pascal Praud, Laurence Ferrari ou encore Cyril Hanouna.
30:10 -Aurélien Fintool,
30:12 que voulez-vous faire avec cette commission ?
30:14 -C'est une mission d'audit.
30:16 Ca fait des années qu'il y a des groupes
30:18 qui ont le droit de diffuser des programmes.
30:21 C'est pas un droit qui s'acquiert une fois pour toutes.
30:24 Il y a des obligations à respecter.
30:26 La loi de 86 les pose pour la plupart.
30:29 Ensuite, il y a un processus de conventionnement.
30:32 Elle signe des contrats, en réalité, avec l'ARCOM.
30:34 Je cherche à vérifier que ces contrats ont été respectés.
30:38 On parle du pluralisme et de l'honnêteté de l'information.
30:41 C'est fondamental.
30:42 Il y a des sujets de protection de l'enfance.
30:45 Il y a des sujets concernant une chaîne
30:47 comme de programmes d'animation et à la distanciation des enfants.
30:51 Est-ce qu'ils sont protégés d'une influence publicitaire nocive,
30:54 par exemple sur les risques d'obésité ?
30:56 -Quels sont les pouvoirs de votre commission ?
30:59 -La commission d'enquête... -François Bolloré,
31:02 Laurence Ferrari, Cyril Hanouna, Pascal Praud,
31:04 commission d'enquête parlementaire, doivent venir.
31:07 Ils ne peuvent pas refuser cette audition.
31:10 -C'est une convocation, pas une invitation.
31:12 On leur demandera de prêter serment.
31:14 On cherche à établir des faits.
31:16 La question de l'immixion de Vincent Bolloré
31:18 dans le travail des rédactions est très importante.
31:21 Tout à l'heure, je disais que j'ai l'impression
31:24 que C News a cassé le jouet.
31:25 Il y a de nombreuses chaînes
31:27 pour lesquelles on voit une ligne éditeur.
31:30 -Pas ses audiences. -Une certaine sensibilité.
31:32 En revanche, le mécanisme,
31:34 c'est un élément mis en évidence par la commission d'enquête,
31:37 c'est que les audiences ne sont pas si importantes.
31:40 -Pour une chaîne d'information. -C'est pas mal.
31:43 Ce qui est intéressant, c'est de voir que c'est calculé
31:46 comme un fait de prescription ou d'influence du débat public.
31:49 C'est un choix et c'est manifeste.
31:51 Donc, la question de l'immixion de Bolloré,
31:54 on l'arrivera à l'établir.
31:55 J'ai demandé à Rodolphe Bellemère,
31:57 PDG de TF1, comment ça s'était passé
32:00 quand il avait eu affaire à Bolloré
32:02 à l'époque où il était à Canal+.
32:03 Il a choisi des mots particulièrement...
32:06 -Euphémisants. -Euphémisants, voilà.
32:08 Il a établi que Vincent Bolloré agit directement
32:11 sur le travail des rédactions.
32:12 -On verra. Les conclusions, vous suivrez ?
32:15 -D'un mot, la certification de Clémenceau,
32:17 la République vit de liberté. -Merci.
32:19 On s'arrête là. C'était vraiment intéressant
32:22 de vous entendre échanger sur ces sujets
32:24 et on a entendu les arguments de part et d'autre.
32:27 Dans une dizaine de minutes, les partis pris de nos affranchis
32:31 sont là, le trio du vendredi, ce soir, Bertrand Perrier,
32:34 qui va plaider contre les sénateurs
32:36 après le rejet de la loi sur le congé monstruel au Sénat.
32:39 "Conscience", c'est le mot de la semaine
32:42 de Mariette Darrigrand après l'hommage à Robert Badinter.
32:45 Léa Falco, au menu d'Action Planète, ce soir, c'est quoi ?
32:48 -En parlant de ce qu'on peut dire ou pas dans les médias,
32:51 on va parler de climato-scepticisme et de son évolution dans le temps.
32:55 -D'abord, on va retrouver Abnous Chalmany,
32:58 essayiste et romancière.
32:59 "Singh", vous l'avez lu ? -Elle est géniale.
33:02 -Un roman brûlant, un roman fougueux,
33:05 sensuel chez Grasset, une ode à l'amour et à la liberté
33:09 entre Paris et Théhérange et pêché,
33:12 pêché dans le plaisir, tout est dans le titre,
33:15 extrait d'un poème de Faurouk Farrokhzad,
33:18 une jeune femme iranienne des années 50
33:20 qui va braver les interdits et qui, en même temps,
33:23 va se retrouver avec un autre destin,
33:26 parallèle au sien, grâce, justement,
33:28 à un procédé littéraire génial.
33:30 On accueille Abnous Chalmany,
33:32 juste après l'invitation de Marco Pommier.
33:34 Musique de jazz
33:37 -Si on vous invite, Abnous Chalmany,
33:40 c'est pour entendre votre ode à la liberté et à la passion.
33:44 Vous qui avez vivement soutenu les soulèvements en Iran
33:48 après la mort de Mahsa Amini,
33:50 assassinée par la police des mœurs pour un voile mal ajusté,
33:53 vous, la Française née à Téhéran en 1977,
33:57 deux ans avant la prise de pouvoir de l'ayatollah Romini
34:00 et l'instauration de la République islamique,
34:03 vous, la rebelle qui avez refusé de porter le voile
34:06 à seulement six ans.
34:07 -Mon premier réflexe a été de montrer mon cul.
34:10 Je me suis déshabillée le premier jour d'école
34:13 après la sonnerie,
34:14 et les femmes corbeaux m'ont courue après,
34:17 se sont cassées la gueule,
34:18 et j'ai recommencé dès que je pouvais.
34:21 -Cette révolution islamique,
34:23 vous l'avez fuie en 1985 avec vos deux parents,
34:25 direction la France,
34:27 un aller-sans-retour très vite séduite
34:29 par la mélodie de la langue française,
34:32 pur produit de la méritocratie républicaine.
34:34 Vous êtes journaliste chroniqueuse sur LCI,
34:37 et à l'Express.
34:38 Écrivaine, pardon, écrivain,
34:40 vous réfutez la féminisation des fonctions,
34:43 dénonçant le naufrage du néo-féminisme,
34:46 le wauquisme ou l'islamisme.
34:48 -Aller comparer, aller parler de violence patriarcale,
34:51 systémique, systématique, ou je ne sais quoi,
34:55 aux femmes françaises,
34:56 alors que, concrètement,
34:58 ces définitions s'adaptent plus à l'Iran,
35:01 est problématique.
35:02 -La liberté de parole et de ton, l'insolence,
35:05 voilà deux caractéristiques que vous partagez,
35:08 Amnouchalmani, avec deux figures féminines
35:11 que vous mettez en regard dans votre livre,
35:13 Forouk Farouzade et Marie de Reynier,
35:16 deux poètes éprises de liberté, d'insouciance,
35:19 dépassant les carcans de l'époque,
35:21 sur la religion, l'amour ou le sexe.
35:23 -J'ai pêché, pêché dans le plaisir,
35:26 dans des bras chauds et enflammés.
35:28 J'ai pêché, pêché dans des bras de fer,
35:30 dans des bras brûlants et rancuniers.
35:33 -Alors, ce soir, on a une question, Amnouchalmani.
35:36 Que représente vraiment pour vous Forouk Farouzade ?
35:40 -Bonsoir. Bonsoir, Amnouchalmani.
35:44 Merci beaucoup d'être là. Parlez-nous d'elle.
35:46 Forouk Farouzade, qui est-elle ?
35:48 Et qui est-elle, pour vous, cette héroïne de votre pays natal ?
35:53 -Je crois que ça reste, et qu'elle est partie pour rester,
35:56 le bout d'Iran qui me reste.
35:58 C'est un joli bout que je me suis choisi,
36:01 parce que je la connaissais,
36:03 parce que mes parents l'ont récitée,
36:05 comme ils peuvent réciter Hofez ou Omar Khayyam,
36:08 mais moi, je la connaissais surtout par son film "La maison est noire",
36:12 ce film documentaire de 21 minutes et 22 secondes
36:15 sur un village de lépreux en Iran,
36:17 qui était une commande de l'UNESCO,
36:19 et qui, à travers son regard et le poème qu'elle y a à coller,
36:22 est un véritable chef-d'oeuvre du cinéma.
36:25 -Vous l'avez rencontrée ? -Elle est morte en 1967.
36:28 Je suis née en 77, je l'ai complètement ratée,
36:31 mais elle est... Et je l'ai redécouverte...
36:33 Je l'ai découverte à travers la France,
36:35 parce que j'ai découvert une interview d'elle
36:38 dans les années 50, où elle dit que son recueil
36:41 de poésie préférée, celui dont elle ne se lasse jamais,
36:45 celui qui est tout pour elle,
36:47 c'est les chansons de Mélitis de Pierre-Louis.
36:50 Et Pierre-Louis, c'est mon domaine, il est à moi,
36:53 je suis tombée amoureuse de Pierre-Louis il y a 13 ans,
36:56 donc comment une femme, dans les années 50,
37:00 a pu découvrir ce texte érotique extraordinaire
37:02 qui ne parle que de désir féminin,
37:04 Pierre-Louis a inventé ce personnage de Mélitis
37:07 qui vit sur l'île de Lesbos, qui est lesbienne,
37:10 et qui ne parle que de désir, de manque, de sensualité,
37:13 d'attente, et de là, comme les romans naissent
37:17 par une étrange alchimie du cerveau,
37:19 est née cette idée de "il faut que je raconte"
37:22 "Folukh Farzad", mais avec Marie Dreynier,
37:25 que je côtoie depuis l'âge de 13 ans,
37:28 c'est très étrange, mais beaucoup me disaient, d'amis,
37:31 parce que je passais mon temps à parler de Pierre-Louis,
37:34 de Marie Dreynier, cette histoire d'amour extraordinaire,
37:37 je disais "je ne sais pas comment la raconter,
37:40 "je ne veux pas que ce soit une bio classique",
37:42 et c'est Folukh qui m'a donné la main pour pouvoir raconter.
37:46 -Elle l'a traduit, Pierre-Louis, et vous avez ce personnage,
37:49 alors fictif, a priori, la tortue,
37:51 Cyrus, qui va lui permettre de tomber sur ce texte magnifique
37:55 de Pierre-Louis, "Les Livres de Mélitis",
37:57 pour son oeuvre. Comment vous est venue, au fond,
38:00 cette idée géniale, une forme de mise en abyme
38:04 pour se faire croiser ces deux destins ?
38:06 -Je trouvais qu'elles avaient, dès que j'ai commencé à m'intéresser
38:10 à Folukh Farzad, j'ai trouvé en elles des échos avec Marie,
38:13 deux échos qui ne sont pas rien, c'est une sensualité
38:16 extraordinaire et un désir de liberté
38:20 qui ne souffrait aucun interdit.
38:22 Il faut imaginer que ce soit la belle époque de Marie Dreynier
38:26 ou de l'année 50, pour Folukh Farzad,
38:28 c'est quand même deux sociétés où les femmes n'ont aucun droit,
38:32 ni droit politique, ni droit social, ni droit culturel,
38:35 ni droit économique, rien.
38:37 Et, par un instant, il est venu à l'esprit
38:39 de ces deux femmes-là, que ce soit à Teheran ou à Paris,
38:42 de dire "d'accord, je m'y adapte".
38:47 Elles ont dit non, mais pas en manifestant
38:49 ou en réclamant, elles ont dit non en vivant leur vie,
38:52 chacune avec un culot
38:56 qu'encore aujourd'hui est exceptionnel.
39:00 Même aujourd'hui, où nous avons tous nos droits,
39:03 elles paraissent encore exceptionnelles.
39:05 -On va revenir sur Marie Dreynier,
39:07 c'est la fille du grand poète José María Heredia.
39:10 Alors, elle, elle est étincelante.
39:12 -Totalement. -Indépendante,
39:15 extravagante, libertine.
39:18 Parlez-nous de cette audace.
39:20 -Elle, je pense qu'elle est...
39:22 Ca a commencé très peu, c'est quand elle est...
39:25 José María Heredia a eu trois filles,
39:27 qu'on appelait les yeux noirs de Paris.
39:29 Elle est la deuxième.
39:31 Il tombe littéralement amoureux de cette puinée qui arrive.
39:34 Il l'adore tout de suite.
39:36 Ca ne s'explique pas, c'est de la chimie filiale.
39:39 Il adore cette fille.
39:40 Elle va écrire des poèmes publiés à l'âge de 9 ans.
39:43 C'est vraiment une enfant de la balle.
39:45 Elle a grandi sous le regard adorateur d'un père,
39:48 et je pense que ça, c'est quelque chose
39:50 qui change énormément la donne pour les femmes.
39:53 Il y a deux catégories de femmes.
39:55 -Avec et sans père.
39:56 -Celles qui sont les filles de leur père et les autres.
39:59 Falonzade n'est pas la fille de son père.
40:02 Elle n'a la fille de personne, c'est pour son malheur.
40:05 Mais Marie Dreignet a eu la chance de bénéficier
40:07 de ce regard adorateur, de ce père qui...
40:10 Pour qui elle se sacrifie aussi.
40:12 Elle va faire un mariage de raison pour sauver son père
40:15 de ses dettes, mais elle n'en voudra jamais
40:17 à son père de continuer de jouer.
40:20 C'est son vice, c'est le sien, elle l'aime tel qu'il est,
40:22 avec ce sens d'absolu qu'elle avait.
40:25 Ce qui est extraordinaire avec Marie Dreignet,
40:27 c'est qu'elle prendra un mari à qui elle dira "je t'épouse",
40:31 mais il ne la touchera jamais.
40:32 Mais ils resteront en une forme de compagnonnage fascinant
40:36 jusqu'à la fin de la vie d'Henri Dreignet, de son mari.
40:39 Elle prendra des amants qu'elle quittera
40:41 quand elle se lassera.
40:43 Jamais, jamais, aucun homme ne lui a tourné le dos.
40:46 Jamais, aucun homme ne lui en a voulu
40:49 de ne plus l'aimer, de les quitter.
40:52 Et quand, dans une société,
40:54 qui était cette société de la Belle Époque
40:56 extrêmement antisémite, cet antisémitisme de salon,
40:59 on est antisémite, mais on a des amis juifs,
41:02 c'est vraiment cette idée-là, avant la Shoah,
41:05 on reçoit des amis juifs, mais les juifs, c'est pas trop ça.
41:08 Et Marie Dreignet va s'anticher,
41:10 tomber follement amoureuse d'Henri Bernstein,
41:13 ce qui fera dire à Henri Dreignet,
41:15 elle, qui ne s'est jamais intéressée à l'affaire,
41:18 qu'il s'antiche d'un juif.
41:19 Et cette société antisémite va la mettre au pas,
41:22 elle va décider que cette pièce doit être montrée
41:25 au théâtre français,
41:26 alors qu'il y a des manifestations,
41:28 les camelots du roi, l'armée est envoyée,
41:31 on est vraiment à deux doigts,
41:33 il y a des arrestations, Léon Dede est là,
41:35 on craint des morts,
41:37 et Marie Dreignet va lancer une pétition
41:39 que son mari, ses amants, tous les antisémites notoires,
41:42 vont signer pour la liberté de représentation.
41:45 Et un ne va manquer à l'appel le soir de la première.
41:48 -C'est une femme de pouvoir.
41:50 -C'est ça qu'il faut expliquer.
41:52 -Elle est magnifique sur la couverture.
41:54 -C'est une photo de Pierre-Louis, de 1897.
41:56 -Et son dos nu, mais en même temps,
41:59 elle fait et elle défait les prix littéraires,
42:01 elle pèse sur les nominations à l'Académie.
42:04 Ca n'est pas qu'une amante loin de là.
42:07 -Du tout, c'est vraiment ce qu'on appelle
42:10 une femme d'influence,
42:11 elle a été la première femme à avoir le prix
42:14 de l'Académie française en 1914,
42:17 si je me souviens bien, juste avant la guerre.
42:20 Elle a aidé Henri Dreignet à écrire son discours
42:23 d'entrée à l'Académie française,
42:25 mais c'est amusant, car dès le début,
42:27 elle savait où était sa place quand son père,
42:29 José Maria, rentre à l'Académie française.
42:32 Le jour même, elle crée l'Académie des Canacs,
42:34 où il y a le secrétaire perpétuel et Marcel Proust,
42:38 vous avez Paul Valéry, Pierre-Louis,
42:40 Léon Blum, tout ce beau monde-là qui se réunissent,
42:43 et en guise de discours, c'est un concours de grimaces,
42:46 et c'est toujours Léon Blum qui gagne.
42:48 C'est extraordinaire d'imaginer... -Le Léon Blum,
42:51 poète et écrivain, le premier Blum.
42:53 La différence fondamentale entre Marie et Fauloug,
42:56 est-ce qu'on a l'impression qu'il y en a une qui s'aime
42:59 et l'autre, beaucoup moins ?
43:01 -Il y en a une qu'on a tant aimée,
43:03 qu'on a continué à aimer,
43:05 donc qui ne voit aucune raison de ne pas s'aimer,
43:07 et qui est limite en adoration d'elle-même,
43:10 qui est Marie Dreignet, et Fauloug-Farozet,
43:13 et c'est ça qui est encore plus étrange,
43:15 c'est que Fauloug-Farozet publie son premier recueil de poésie
43:18 en Iran dans les années 50,
43:20 elle a moins de 20 ans,
43:22 c'est sublime.
43:24 Personne ne la censure.
43:25 Le recueil sort tel quel,
43:28 c'est un carton, comme on dirait aujourd'hui.
43:30 En tant que poète, elle est tout de suite reconnue.
43:33 Certains vont la jalouser, en disant qu'elle va trop loin.
43:36 -La question du corps, de la jouissance du corps,
43:39 on n'est pas dans la métaphore comme dans les poètes.
43:42 -C'est ça.
43:43 -Là, on est dans la vérité de la chair.
43:46 -Elle enlève les majuscules.
43:47 Quand on parle d'amour, il n'y a pas de A majuscule,
43:50 on est dans l'amour physique, l'amour humain.
43:53 Le vin n'est pas mystique pour trouver Dieu,
43:55 c'est le vin qui est dans le verre,
43:57 et quand le vin tremble dans le verre,
44:00 le lit tremble, et sur ce lit, deux personnes font l'amour.
44:03 Elle désacralise la poésie mystique.
44:05 -Elle a quand même de la culpabilité,
44:07 et elle subit la honte.
44:09 -En tant que femme, elle est rejetée.
44:11 En tant que poète, elle est tout de suite reconnue.
44:14 En tant que femme, elle est rejetée.
44:16 Elle n'arrivera jamais, parce qu'aucun homme n'arrivera
44:19 à l'aimer sans avoir honte de l'aimer,
44:22 donc il est quand même très difficile de s'aimer,
44:24 alors que dans le regard de l'autre,
44:26 vous voyez une certaine honte à vous aimer.
44:29 -Il y a forcément un peu de vous dans les deux.
44:32 Vous êtes plutôt mari, ou vous êtes plutôt faurogue ?
44:35 Vous dites que vous avez plutôt peur d'être faurogue
44:38 et vous rêvez d'être mari.
44:39 -Oui, depuis que j'ai 13 ans.
44:41 C'est compliqué d'être mari, parce que mari a été
44:44 une espèce d'étoile, d'inaccessible étoile.
44:46 Si je devais mettre les pas d'une femme,
44:48 ce serait Marie Dreynier,
44:50 parce que tant de culots, de liberté, de sensualité,
44:53 elle se refuse.
44:54 Elle a arraché ce qu'elle a voulu avec les dents.
44:57 Je tends à être mari, et il y a quelque chose,
45:00 je dis souvent, j'ai une boutade,
45:02 mais c'est pas si faux que ça,
45:03 que c'est l'Iran qui a inventé le concept de drama queen.
45:07 J'ai toujours peur de la drama queen
45:09 qui se meille génétiquement en moi,
45:11 et il y a quelque chose, chez Foulou,
45:14 qui me... Oui, qui peut me...
45:15 -Qui guette. -Oui, qui me guette,
45:17 mais qui guetterait n'importe qui.
45:19 C'est une tentation du noir, j'allais dire,
45:22 du sombre, de la mélancolie,
45:24 et j'essaye de l'éviter.
45:25 L'écriture, le fréquent d'écrire, c'est d'éviter.
45:28 -Il y a beaucoup de joie dans ce récit magnifique.
45:32 Vous restez avec moi, Abnous Chalmani.
45:34 J'ai pêché, pêché dans le plaisir.
45:37 J'ai couré dans les librairies séchées,
45:39 séchées, grassées.
45:40 On passe de la belle époque aux années 50 à Téhéran.
45:43 Vous restez avec moi.
45:45 On va accueillir nos affranchis pour leur parti pris.
45:48 Nos chroniqueurs vont vous faire réagir.
45:50 Musique rythmée
45:52 Bertrand Perrier, maître Bertrand Perrier,
45:55 installez-vous, Mariette Barry-Grand,
45:57 notre sémiologue du vendredi.
45:59 On va commencer avec vous, Léa Falco.
46:01 Action Planète, aujourd'hui.
46:03 Léa, aux Etats-Unis,
46:05 un climatologue a gagné un procès en diffamation
46:08 contre des blogueurs climato-sceptiques
46:11 qui dénigraient son travail
46:14 tout en le comparant à un pédophile.
46:16 -Rien que ça. Je voulais revenir un peu
46:19 sur le climato-scepticisme et la manière dont il avait évolué.
46:23 C'est né dans les années 80 aux Etats-Unis,
46:26 comme tout un tas de merveilleuses choses,
46:28 et ça s'est importé progressivement en Europe.
46:31 Initialement, le Noyau dur, c'était un groupe de physiciens
46:35 et des climato-scepticistes,
46:36 qui assimilaient l'écologie au communisme.
46:39 Sur le mot même, je trouve ça assez impropre
46:41 de parler de climato-scepticisme,
46:43 parce qu'en science, le scepticisme ou le doute,
46:46 c'est plutôt une bonne chose.
46:48 Là, on est face à un bloc d'individus
46:50 qui choisissent volontairement d'ignorer
46:52 une vérité scientifique établie.
46:54 J'utilise le vocabulaire de climato-dénialisme.
46:57 Pendant plusieurs décennies, en tout cas,
46:59 on a eu des débats dans les médias
47:02 de l'un côté des climatologues et de l'autre des climato-scepticistes.
47:05 On a essayé d'établir si le réchauffement climatique existait.
47:09 En France, c'est passé de mode, on n'invite plus de climato-sceptiques
47:13 et le personnel politique n'ose pas, au moins ouvertement,
47:16 dire qu'ils le sont.
47:17 On est passé à un autre niveau, du climato-relativisme.
47:20 Le réchauffement climatique existe, mais c'est pas si grave
47:23 et on va se débrouiller très bien.
47:25 -On y est encore dans ce relativisme-là, sur le climat ?
47:28 -On l'a un peu dépassé, parce qu'à la fin des années 2010,
47:32 on a eu les grèves pour le climat, la démission de Nicolas Hulot,
47:35 les accords de Paris, et donc, maintenant,
47:37 tous les acteurs économiques et politiques
47:40 sont obligés de se positionner sur ce sujet-là.
47:42 Ils ne peuvent plus faire l'autruche.
47:45 Vous avez deux groupes qui se créent.
47:47 D'un côté, les acteurs qui font plutôt du greenwashing,
47:50 de l'éco-blanchiment, ils voient un intérêt économique ou électoral
47:54 à dire qu'ils font tout ce qu'il faut pour le climat.
47:56 De l'autre côté, vous avez du greenblaming,
47:59 pour tous ces néologistes barbares anglicistes,
48:02 mais du greenblaming, c'est-à-dire accuser
48:04 la transition écologique de tous les maux,
48:06 y compris ceux dont elle n'est pas responsable,
48:09 parce qu'on se rend bien compte que c'est soit un obstacle économique,
48:13 soit une opportunité électorale de la repousser.
48:16 On est dans l'âge d'or du greenblaming.
48:18 -Avec la crise des agriculteurs, notamment.
48:20 On est en plein dans le greenblaming.
48:22 -C'est du greenblaming complet,
48:24 car c'est se placer sur le terrain des conséquences sociales.
48:28 On est dans une séquence médiatique
48:29 où tout est de la faute de la transformation écologique.
48:33 Le prix du logement, l'inflation, la crise agricole.
48:36 À bien y regarder, on est dans une espèce de proposition infernale.
48:40 D'un côté, soit on a une transition écologique
48:42 qui se fait plus ou moins en ce moment,
48:45 mais à un coût social très élevé et injuste,
48:47 ou alors vous avez en face une proposition
48:50 qui est "on arrête la transition écologique
48:52 "et on ne fait plus rien".
48:54 C'est ça, toute la difficulté,
48:55 mais on a, dans le concret, réussi à trouver la troisième voie,
48:59 une transformation écologique socialement juste
49:02 qui permet aux gens de vivre mieux.
49:04 -Le "green saving", on va l'appeler comme ça.
49:06 Je le prends et je le garde.
49:08 -Vous pensez que ces questions-là sont réconciliables ?
49:11 On peut trouver un discours positif
49:13 qui embarque une société malgré les contraintes ?
49:16 -C'est l'absence de discours positif
49:18 qui nous met dans cette situation-là.
49:20 Je pense que les militants écologistes
49:23 sont allés dans le discours,
49:25 dans le catastrophisme, dans l'apocalypse,
49:27 beaucoup trop loin, ce qui a eu une réaction,
49:29 ma foi, assez naturelle et humaine...
49:32 -De peur. -De peur.
49:33 Et avec un côté désespéré, "Foutu pour foutu,
49:35 "pourquoi faire tant d'efforts ?"
49:37 Et c'est très, très mauvais,
49:39 et qu'aujourd'hui, que ça soit toute forme de technologie,
49:42 toute forme de progrès aillent forcément contre l'écologie,
49:46 c'est assez exaspérant,
49:47 parce que je fais partie de ceux qui pensent
49:50 que c'est le progrès qui va nous aider
49:52 à sortir de la catastrophe climatique,
49:54 mais ça vaut pour tout.
49:56 Je pense qu'il faut avoir un discours positif
49:59 et il faut arrêter de faire peur aux gens,
50:01 car la peur n'a jamais engendré que des monstres.
50:04 -C'est la grande question du débat.
50:06 -Rien n'est perdu. -Voilà.
50:08 -On enchaîne avec vous, Bertrand.
50:10 Vous vouliez revenir sur le rejet par le Sénat
50:12 d'une proposition de loi visant à instaurer
50:15 le congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
50:19 -C'est un sujet important,
50:20 car il concerne 7 millions de femmes
50:22 qui déclarent souffrir de règles douloureuses et invalidantes.
50:27 Or, le monde du travail
50:29 est complètement insensible à ce sujet tabou.
50:33 Les douleurs des femmes sont invisibilisées, ignorées,
50:36 alors qu'une étude de l'IFOP en 2021 a montré
50:39 que deux femmes sur trois
50:41 avaient déjà été en difficulté dans le milieu professionnel
50:44 du fait de règles douloureuses.
50:46 Cette situation n'est évidemment pas tenable,
50:49 d'où la proposition de loi,
50:51 qui avait été déposée par la sénatrice des Français de l'étranger,
50:55 Hélène Cornoué, qui venait en débat hier au Sénat.
50:58 -Que disait le texte ? -Le texte permettait
51:00 à une femme, sur la base d'un certificat médical
51:03 valable un an et qui faisait état de règles douloureuses,
51:07 eh bien, si elle était dans l'incapacité de travailler,
51:11 d'avoir un arrêt de travail de un à deux jours par mois,
51:15 dans la limite de 13 jours par an,
51:18 indemnisé à 100 % par la Sécurité sociale,
51:22 évidemment sans délai de carence,
51:24 puisque ce sont des arrêts très brefs,
51:26 le tout pour un coût pour la collectivité
51:29 d'environ 100 millions d'euros par an.
51:31 -Les sénateurs ont dit non. Pourquoi ?
51:34 -Evidemment, une proposition comme celle-là
51:36 dans un Sénat majoritairement conservateur et masculin,
51:39 ça pouvait pas, et donc,
51:41 206 voix contre et 117 pour.
51:45 Plusieurs arguments ont été mobilisés.
51:48 Le nouveau ministre de la Santé, Frédéric Valtoux,
51:50 a expliqué qu'il fallait continuer à briser les tabous,
51:53 mais il a renvoyé plutôt qu'à la loi
51:55 aux conventions collectives et au dialogue social.
51:58 Et puis, des sénateurs, des sénatrices LR
52:01 ont invoqué d'autres arguments,
52:03 l'atteinte à l'intimité de la personne,
52:05 l'atteinte aux secrets médicaux, des risques d'abus,
52:08 des risques aussi de discrimination
52:10 à l'embauche des femmes si elles avaient un congé maternité,
52:14 et puis, ont été invoquées plus généralement
52:17 pour les risques de baisse de productivité
52:19 ou les risques de tension à l'embauche
52:22 dans des secteurs où on a du mal à recruter,
52:24 et donc, elle soulignait qu'il ne faudrait accorder ce congé
52:28 que si, en plus des règles douloureuses,
52:31 on avait une pathologie particulière.
52:33 -Et le parti pris de M. Perrier ?
52:35 -C'est bien dommage, en réalité.
52:37 C'est vraiment une occasion manquée
52:39 de faire avancer le droit des femmes dans les entreprises.
52:42 J'ai l'impression que c'est un sujet générationnel.
52:45 Il y a très longtemps, jusqu'à il y a quelques années,
52:48 ce sujet des règles, ce sujet des protections périodiques,
52:52 ce sujet de l'endométriose, des disménorés,
52:55 des inégalités sociales qui y sont attachées,
52:59 ça avait trait au corps, au fluide, on n'en parlait pas.
53:02 -C'était à vous, clairement.
53:04 -C'était à vous dans les politiques publiques.
53:07 Aujourd'hui, c'est un sujet de politique publique
53:09 et c'est normal.
53:11 C'est dommage qu'il y ait eu ce coup d'arrêt hier au Sénat,
53:14 alors que, par exemple, l'Espagne a connu,
53:16 a voté l'année dernière une loi, sous la pression de Podemos,
53:20 qui est exactement identique, sans qu'il y ait de dérive.
53:23 Je trouve regrettable qu'on doive de ce co-décider pyréné
53:27 attendre pour que les employeurs soient enfin obligés
53:30 à respecter les règles.
53:32 -Voilà un parti pris.
53:33 -On ne serait pas d'accord. -Mais quelle surprise !
53:36 -L'exemple de l'Espagne, je commence à paniquer,
53:39 car c'est cette même Espagne qui a voté la possibilité
53:42 de l'élection, d'aller à la mairie et de changer leur prénom
53:45 comme ils ne veulent pas,
53:47 Marie va s'appeler Paul, etc., sans demander aux parents.
53:50 -Mais sur les règles... -Sur les règles,
53:52 je trouve les arguments sur les règles douloureuses,
53:55 qu'il y ait un certificat médical, je trouve ça normal.
53:58 Les atteintes à l'intimité, c'est pareil.
54:01 Excusez-moi, c'est l'âge approchant,
54:03 je commence à penser à ce sujet-là,
54:05 même s'il ne me concerne pas encore,
54:07 les femmes en période de ménopause vivent des jours difficiles,
54:11 de se concentrer, les bouffées de chaleur,
54:13 j'ai des amis qui sont déjà passés,
54:15 ça vaut des règles douloureuses. -C'est pas la loi.
54:18 -Voilà, et je trouve que ça, il faudrait qu'il n'y ait pas
54:21 de carence, mais que c'est quelque chose
54:23 qui se voit avec son médecin, et pas quelque chose...
54:26 Je suis toujours gênée quand l'Etat vient mettre le nez,
54:29 encore plus l'employeur, et pareil, je trouve qu'une femme
54:32 ménopausée sans carence nécessiterait
54:35 deux ou trois jours d'arrêt. -C'est une longue réaction,
54:38 un peu courte, Mariette, pour vous écouter
54:40 sur le mot "conscience".
54:42 C'est votre mot de la semaine, évidemment,
54:45 suite au mot du président de la République
54:47 sur Robert Badinter, "une grande conscience morale".
54:50 -J'avais envie de prendre ce mot, un mot philosophique,
54:53 il y en a pas tout le temps, dans notre flux médiatique,
54:56 et c'est intéressant. Il n'y a pas tout le temps
54:59 de "grande conscience" comme Robert Badinter,
55:02 c'est exceptionnel, et pourtant, le mot circule beaucoup
55:05 dans notre espace médiatique, mais c'est pas être
55:08 "grande conscience" et faire prendre conscience.
55:10 Je voulais comparer ces deux énoncés,
55:13 parce qu'il y a deux grands sujets,
55:15 le féminisme et l'écologie.
55:16 Donc la prise de conscience, si vous voulez aller là-dessus,
55:20 et on a eu cette semaine, évidemment, si l'on veut,
55:23 vous ne serez peut-être pas d'accord,
55:25 mais quelque chose qui ressemblerait à "Me Too",
55:28 et puis aussi l'activisme écologique au musée.
55:31 -Oui, la soupe à la joconde.
55:32 -Voilà, donc je suis pas sûre d'être d'accord là-dessus,
55:36 mais ce qui m'intéresse, c'est de comparer les deux choses.
55:39 Avec Robert Badinter, la grande conscience,
55:42 on est dans une image de stabilité.
55:44 Avec l'activisme de la prise de conscience,
55:46 on est dans l'inverse, dans l'instabilité.
55:49 Qu'est-ce qui fait le lien entre ces deux choses ?
55:52 C'est l'étymologie. "Conscience" est ce qui récoume,
55:55 c'est-à-dire "savoir", c'est une science,
55:57 c'est un savoir avec, avec quelqu'un.
55:59 Ca me paraît absolument fondamental pour notre société.
56:03 -Donc on ne peut pas avoir une conscience tout seul.
56:06 -C'est clé, ça, Myriam.
56:07 On ne peut pas avoir une conscience tout seul.
56:10 Une conscience, une vraie, c'est toujours avec.
56:12 Ca, c'est absolument fondamental.
56:14 Certes, tout le monde ne peut pas être une conscience être,
56:18 mais tout le monde peut avoir une conscience
56:20 sous condition de l'altérité,
56:22 c'est-à-dire l'échange, parler, lire, échanger, etc.
56:26 Donc, pour finir, quand on dit,
56:28 "J'ai ma conscience pour moi",
56:30 c'est une terrible phrase d'Alibi, ça.
56:32 Non, c'est pas vrai.
56:34 On n'a jamais sa conscience pour soi,
56:36 on a sa conscience pour les autres, avec eux.
56:38 Et c'est là, Myriam, que ce mot philosophique
56:41 est éminemment politique.
56:42 -Absolument. C'est magnifique, cette idée de conscience,
56:46 je vous vois sourire, condition de l'altérité.
56:48 -Ca me va parfaitement. C'est exactement ça.
56:51 -Il y a plein de sujets pour poursuivre,
56:53 en dehors de ce studio autour de vos partis.
56:56 Merci à vous, merci, les Affranchis,
56:58 et merci à Bnou Cialmani d'être venu sur le plateau d'LCP.
57:02 "Faîcher dans le plaisir", c'est à lire chez Grasset.
57:05 C'est un texte magnifique,
57:07 à dimension politique, aussi.
57:10 C'est la fin de cette émission, c'est le week-end,
57:13 profitez bien.
57:14 "Ça vous regarde" prendra une semaine de vacances.
57:17 Je remercie toutes les équipes de la chaîne parlementaire.
57:20 A la semaine prochaine.
57:21 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
57:24 Générique
57:27 ...
57:31 [Générique de fin]

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