Qui est Fabrice Leggeri, ex-directeur exécutif de Frontex, qui rejoint le RN pour les Européennes ?

  • il y a 8 mois
Avec Patrick Martin-Genier, professeur à Sciences Po spécialiste de l’Europe

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Transcription
00:00 Et c'est un nom qu'on a beaucoup entendu ce week-end. Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex, on en parlait à l'instant, l'agence qui surveille les frontières européennes.
00:09 Il a annoncé qu'il rejoignait le RN pour les élections européennes, ce sera le 9 juin prochain.
00:14 Quelle est la portée de ce ralliement ? Pour en parler, je reçois Patrick Martin-Jeunier. Bonjour.
00:18 Bonjour.
00:19 Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Vous êtes professeur à Sciences Po, spécialiste de l'Europe.
00:24 Fabrice Leggeri qui rejoint la liste de Jordan Bardella pour les européennes en troisième position. C'est une bonne prise finalement pour le RN.
00:33 Je crois que M. Bardella et le RN veulent faire un coup politique. Pourquoi ? Parce qu'ils ont mis la thématique migratoire au cœur de leur campagne électorale.
00:43 Les migrations illégales, d'ailleurs M. Leggeri doit se rendre aujourd'hui je crois à Menton, à la frontière alienne.
00:48 Avec Jordan Bardella, c'est le thème migratoire. On parle de subversion migratoire.
00:54 Et évidemment, comme M. Leggeri a été directeur exécutif de l'agence Frontex, qui comme vous savez est chargée de contrôler les frontières contre les migrations illégales,
01:04 c'est évidemment une prise de guerre, si j'ose dire, pour le Rassemblement national.
01:07 C'est un gage finalement de crédibilité supplémentaire pour le RN sur les questions migratoires ?
01:13 Écoutez, je ne sais pas si c'est un gage de crédibilité, car comme vous savez, le personnage est quand même quelqu'un de très contesté.
01:20 Il a dû démissionner en 2022, au mois d'avril 2022, notamment à la suite d'une enquête de l'Office européen de lutte contre les fraudes.
01:32 Et donc effectivement, c'est quelqu'un qui par ailleurs n'est pas très connu du grand public,
01:37 mais c'est effectivement un gage de crédibilité en ce sens, qu'ils veulent montrer qu'ils sont capables de s'attirer des hauts fonctionnaires,
01:45 notamment des hauts fonctionnaires qui ont exercé au niveau de l'Union européenne, pour montrer qu'ils peuvent effectivement traiter de ce thème migratoire.
01:53 Quel est son bilan, Fabrice Leggeri ? Il est resté, vous l'avez dit, 7 ans à la tête de Frontex entre 2015 et 2022. C'est quoi son bilan ?
02:00 Écoutez, je crois que c'est une agence qui n'avait pas beaucoup de moyens avant et depuis le mandat d'Ursula von der Leyen,
02:07 il a été décidé avec les chefs d'État et de gouvernement de renforcer considérablement les moyens.
02:12 Avant, c'était un office qui n'avait pas les moyens, vous savez, qui s'entendent aller à Varsovie, ils ont des moyens financiers qui étaient limités,
02:19 mais depuis effectivement quelques années, la volonté est de renforcer les moyens financiers matériels humains,
02:25 qui doivent effectivement aller jusqu'à 10 000 personnels pour renforcer précisément le contrôle des frontières.
02:30 Donc c'est quelque chose, un instrument en quelque sorte, qui va monter en puissance pour contrôler cette immigration illégale.
02:37 Et on peut dire aujourd'hui que cet office est en voie de réussir son pari, sauf que son directeur, encore une fois, monsieur Leggeri, a été très contesté,
02:45 et notamment, il a été accusé de ne pas respecter les droits fondamentaux des migrants, des réfugiés,
02:51 et d'avoir pratiqué ce qu'on appelle le "push-back", c'est-à-dire le recrutement illégal des migrants en Méditerranée.
02:56 C'est en partie ce qui a provoqué sa chute.
02:58 - En somme, c'est pas surprenant finalement de voir rejoindre le Rassemblement National ?
03:03 - Ben, c'est pas surprenant. J'ai cru comprendre qu'il était allé démarcher d'autres responsables politiques,
03:10 il a rencontré les Républicains, monsieur Ciotti, il aurait rencontré également madame Moradeau, il aurait proposé sa candidature,
03:16 et on lui aurait opposé une sorte de fin de non-recevoir. Il a trouvé mieux au Rassemblement National,
03:21 qui manifestement veut faire de l'immigration le thème central de sa campagne électorale pour les élections du 9 juin au Parlement européen.
03:29 - Et pourtant, Jordan Bardella a beaucoup critiqué l'impuissance de Frontex, notamment à l'époque où Fabrice Leggeri était à la tête de l'agence.
03:37 C'est pas un peu surprenant de ce point de vue-là, finalement ?
03:39 - Oui, mais il va trouver un moyen pour instrumentaliser le thème migratoire.
03:44 En réalité, même s'il a critiqué l'OLAF, qui n'avait pas, pardon, l'office de contrôle de Frontex, s'il a critiqué cet organisme,
03:53 en réalité, aujourd'hui, ils sont en train d'instrumentaliser le thème migratoire, à savoir en disant que c'est parce qu'on ne lui a pas donné les moyens
04:02 de lutter contre l'immigration illégale que monsieur Leggeri a échoué en quelque sorte, et il est en train de dire qu'on ne lui a pas donné suffisamment les moyens,
04:11 et qu'aujourd'hui, la thématique, c'est bien de lutter contre cette immigration illégale. Je crois même qu'ils ont employé l'expression "subversion migratoire".
04:18 Donc on va dire qu'on est aujourd'hui dans l'instrumentalisation de ce thème migratoire.
04:22 - C'est-à-dire que quand tu le dis que, finalement, c'est pas un problème, cette question migratoire, pour la Commission européenne, mais c'est un projet ?
04:30 C'est-à-dire que là, on est, d'une certaine manière, déjà sur une forme de combat politique, quoi ?
04:35 - Bien évidemment, c'est d'une parfaite mauvaise foi, parce que la Commission européenne a eu du sel depuis quelques années de renforcer les moyens de contexte,
04:43 la direction des chefs d'État et de gouvernement. Bien évidemment qu'il n'y a pas d'objectif de faire en sorte que l'immigration soit un projet politique,
04:51 ça n'a jamais été le cas. Néanmoins, il y a une volonté de la Commission de lutter contre cette immigration illégale, on renforce les moyens,
04:58 et donc dire cela, c'est d'une parfaite mauvaise foi, en ce sens que, bien évidemment, que la lutte contre l'immigration illégale,
05:04 ça c'est parti des projets très importants de l'Union européenne, mais dans le respect des droits fondamentaux, dans le respect du principe de non-refoulement,
05:12 et c'est tout cela qu'il faut concilier aujourd'hui, la lutte contre l'immigration illégale, mais le respect des droits fondamentaux des migrants.
05:18 - Patrick Martin-Jolien, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Soudradio. Je rappelle, vous êtes professeur à Sciences Po et spécialiste de l'Europe.
05:25 7h52 sur Sudradio, dans un instant, c'est Guy Carlier qui nous rejoint. A tout de suite.

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