Noémie Halioua est l'invitée de Punchline pour son livre «La terreur jusque sous nos draps»
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari reçoit Noémie Halioua, journaliste sur i24 news et auteure du livre "la terreur jusque sous nos draps".
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
Transcript
00:00 Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:08 18h40 de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:12 Noémie Alioa est notre invitée.
00:13 Bonsoir Noémie.
00:14 Vous êtes journaliste, vous êtes auteur aussi de ce livre "La terreur jusque sous nos draps,
00:19 sauver l'amour des nouvelles morales".
00:20 Aux éditions Plouf, c'est un livre absolument passionnant dont on va parler dans un instant.
00:24 Mais vous êtes aussi journaliste notamment pour Yvan 4 News.
00:26 Vous étiez en Israël en octobre et au mois de décembre et vous avez suivi de près ce
00:32 qui s'y passe.
00:33 J'aimerais juste qu'on regarde évidemment la pression que met en ce moment Israël pour
00:37 la libération des otages avant le ramadan.
00:39 On en parlait dans le petit JT il y a quelques instants avec évidemment la question de l'offensive
00:44 armée.
00:45 Explication Corentin Brouillaud et je vous passe la parole ensuite.
00:47 Un nouvel avertissement de la part d'Israël.
00:51 Si les otages israéliens détenus à Gaza ne sont pas libérés d'ici le début du ramadan,
00:56 l'armée continuera son offensive sur Rafa.
00:59 C'est ce qu'a déclaré Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou.
01:05 Le monde doit savoir et les dirigeants du Hamas doivent savoir que si d'ici au ramadan
01:10 les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région
01:15 de Rafa.
01:16 Une menace qui plane au-dessus des presque un million et demi de personnes entassées
01:23 dans la ville de Rafa qui se trouve à la frontière fermée de l'Egypte.
01:27 La majorité des déplacés vivent dans des conditions très dures, comme l'explique
01:32 Sigrid Kaag, coordinatrice de l'aide humanitaire et de la reconstruction à Gaza.
01:37 Les conséquences potentielles d'une telle opération à l'heure actuelle seraient désastreuses.
01:46 Plus d'un million de personnes sont entassées à Rafa, qui n'est pas prévu pour un million
01:50 de personnes.
01:51 Dans les abris, dans des sortes de constructions aléatoires recouvertes de bâches en plastique,
01:56 les conditions sanitaires sont très préoccupantes.
01:59 Face à la pression diplomatique et internationale, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou
02:08 a affirmé que l'armée israélienne assurerait un passage sécurisé aux civils en cas d'assaut
02:14 sur la ville de Rafa.
02:15 Voilà pour la situation en Israël.
02:17 La société israélienne est déchirée par la question des otages.
02:20 Oui, elle est déchirée depuis le début de cette guerre.
02:23 Elle est traumatisée, même si une nation qui a été traumatisée depuis le 7 octobre
02:26 qui ne s'en remet pas.
02:27 Et lorsque vous allez sur place, vous vous en rendez compte.
02:30 Cette question des otages, elle est centrale depuis le début de la guerre et elle continuera
02:32 à l'être.
02:33 Israël ne renoncera pas à ses otages.
02:35 Une vie est une vie.
02:36 Et puis, on met toujours, si vous voulez, on pointe toujours la responsabilité d'Israël
02:40 dans cette situation qui s'envenime à mesure que le temps passe.
02:44 Mais je rappelle que si le Hamas libérait les otages du jour au lendemain, la guerre
02:48 s'arrêterait.
02:49 Absolument.
02:50 Et on a une question de la chaîne sur cette question de cette pression qui est mise jusqu'au
02:54 bout pour la libération de ces otages, dont on rappelle le nom chaque soir sur notre antenne.
02:57 Oui, et merci de le faire.
02:59 Une vie égale une vie.
03:02 Et après, il y a aussi une philosophie de vie en Israël qui est de ne rien céder sur
03:10 chaque vie humaine aussi.
03:12 Donc, il y a évidemment les familles, mais dans toute l'histoire de ce peuple-là,
03:21 l'individu aussi a un prix.
03:23 Et je crois que c'est une grosse différence aussi, ça, politiquement et philosophiquement.
03:30 Vous avez aussi été l'auteur, Noémie, de l'affaire Sarah Alimi et le nouvel antisémitisme
03:34 en France il y a quelques années.
03:35 Il existe ce nouvel antisémitisme, il est très présent.
03:38 Les chiffres des actes antisémites ont explosé dans notre pays.
03:41 Ça ne vous surprend pas, j'imagine ?
03:42 Ça ne me surprend pas.
03:44 Peut-être le premier à avoir vraiment dénoncé ça, c'est Georges Ben Toussaint, dans les
03:47 années 2000, avec les territoires perdus de la République.
03:49 Il parlait bien de ce nouvel antisémitisme, pas en ce qu'il était nouveau, mais en ce
03:52 qu'il était importé en France.
03:54 Pendant des siècles, il y avait une sorte d'antisémitisme chrétien lié à l'idée
03:59 du déicide.
04:00 Mais aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas.
04:02 On sait pourquoi Sarah Alimi a été assassinée, pourquoi Hélène Alimi a été assassinée,
04:05 pourquoi les Juifs ont été assassinés aussi à l'hyper-Kasher.
04:09 C'est à chaque fois cette idée d'un antisémitisme qui est importé, et très souvent, malheureusement,
04:16 au nom d'un islam dévoyé.
04:17 Joseph-Mathies Caron, est-ce que ça vous inspire ?
04:21 Oui, moi ça m'inspire beaucoup, parce qu'évidemment, on a raison de situer Ben Toussaint.
04:26 Moi, je pense à Pierre-André Taguieff, qui aussi a écrit "La nouvelle judéophobie".
04:30 Quand il l'a publié en 2002, 2003, si ma mémoire est bonne, qu'est-ce qu'on n'a
04:34 pas dit ?
04:35 Un procès en sorcellerie a été fait à son encontre.
04:38 Donc oui, bien sûr, moi, ce qui m'a toujours frappé réellement, c'est le monde qu'il
04:45 y avait après Carpentras et aussi après Alimi, l'absence, justement.
04:53 Il y avait trop d'absence, beaucoup trop d'absence.
04:56 La République a été absente, pour vous.
04:58 Ah oui, c'est-à-dire que lorsqu'il s'agissait de dénoncer l'extrême droite, la République
05:03 était là, et puis, lorsqu'on s'est aperçu progressivement que les choses étaient nettement
05:07 plus complexes, avec, en effet, les travaux de Ben Toussaint ou de Taguieff, alors là,
05:12 pour le coup, il y a beaucoup de gens qui étaient aux abonnés absents.
05:14 Et c'est là, je crois, enfin, vous connaissez mieux ça que moi, mais c'est là où on s'aperçoit
05:20 qu'il y a eu une sorte de cassure, c'est-à-dire qu'on a finalement accepté par petits bouts
05:26 des choses l'inacceptable, c'est-à-dire on a accepté la barbarie ordinaire.
05:31 Vous êtes d'accord avec ça, Noémie ?
05:32 Oui, avec cette idée que ce qui est très intéressant de dire, c'est que cet antisémitisme
05:36 qui s'attaque aux Juifs s'attaque aussi à la France.
05:38 Quelque part, la France et les Juifs sont dans le même bateau.
05:41 Et d'ailleurs, tous les musulmans aussi qui ne veulent pas de cette radicalité, si vous
05:45 voulez.
05:46 Il faut qu'on comprenne qu'on est tous ensemble contre la barbarie, contre la radicalité,
05:50 et donc on doit créer des alliances.
05:51 Et quand on entend le président Lula, le président brésilien, icône d'un certain nombre de
05:56 personnalités de gauche, comparer aujourd'hui les attaques menées par Israël à la solution
05:59 finale, il était au sommet de l'Union africaine qui se tenait à Bébar en Éthiopie, on se
06:05 dit que toutes les digues sautent, Jean-Sébastien Ferjou.
06:08 Oui, mais finalement, vous savez, c'est devenu un élément assez fondateur de la politique
06:12 des pays dits du Sud ou des BRICS.
06:15 Alors on pourrait rétorquer des tas de choses à monsieur Lula, déjà commencer par lui
06:18 poser des questions sur la manière dont le Brésil traite les peuples premiers qui vivent
06:22 toujours au Brésil.
06:23 Et vous pouvez regarder toutes les dictatures d'extrême gauche latino-américaine, elles
06:27 ont rarement, rarement respecté les droits des populations qui vivaient, je ne dis pas
06:32 que pré-colombiennes.
06:33 Oui, mais ce n'est pas neutre quand même, parce que ça montre bien l'hypocrisie absolue
06:36 du système international.
06:38 Après, moi ce que je voyais, c'est qu'il y a, pour la première fois aujourd'hui, un
06:42 responsable du Hamas a donné un nombre de morts de combattants du Hamas.
06:45 Et c'est très intéressant.
06:46 Alors, non pas le bilan global des victimes, mais le nombre de combattants morts.
06:52 Mais jusqu'à présent, le Hamas ne faisait jamais la distinction.
06:55 Donc à chaque fois qu'il communiquait sur le nombre de morts, on avait l'impression
06:57 que c'était 100% de morts civiles.
07:00 Là, il dit 6 000 morts combattants du Hamas.
07:04 Donc, même à supposer qu'on prenne les chiffres au premier degré, qu'ils ne soient pas minimisés,
07:09 ça montre bien qu'on n'est pas dans une politique de génocide, justement, parce que c'est
07:13 un ratio.
07:14 Alors, c'est atroce, c'est une tragédie pour les civils palestiniens.
07:16 Il y a bien d'autres gens, malheureusement, qui vivent des conflits ailleurs sur la planète.
07:20 C'est plus ou moins le ratio de ce qui s'est passé entre le nombre de morts combattants
07:23 et le nombre de morts civiles.
07:25 Par exemple, la Mossoul, quand la coalition occidentale s'est battue pour reprendre la
07:28 ville aux mains de l'État islamique.
07:30 Et c'est infiniment moins, par exemple, que le ratio de nombre de morts civiles en Syrie,
07:35 pour ne pas aller très loin d'Israël, quand Bachar al-Assad bombardait un certain nombre
07:40 de villes.
07:41 Donc, on peut évidemment poser des questions sur la stratégie menée par l'armée israélienne.
07:46 On peut évidemment se préoccuper de la tragédie que vivent les civils palestiniens.
07:49 Mais c'est très important parce que ça montre que toute cette rhétorique, qui s'installe
07:53 aussi en Europe, qui s'installe aussi en France, parce que c'est ce que les gens répètent
07:56 en permanence, Israël est en train de mener un génocide.
07:59 Non, on peut contester, on peut critiquer, on peut poser des questions sur la manière
08:03 dont se comporte l'armée israélienne.
08:05 Mais non, et vous parliez de la philosophie de la vie israélienne, non, il n'y a pas
08:09 d'intention génocidaire de l'armée israélienne à Gaza.
08:12 C'est toujours mieux de les dire.
08:13 Et les chiffres, justement, c'est triste d'en arriver là.
08:16 Vous avez évoqué ces chiffres.
08:17 Je vous ai demandé de venir pour ce livre, "La terreur jusqu'au sous-mes bras".
08:21 Alors, c'est un essai sur un féminisme totalitaire, dites-vous, actuel, qui entend réjonter notre
08:27 intimité, celle du couple en particulier, et diaboliser le masculin et victimiser le
08:31 féminin pour en finir avec la liberté d'aimer.
08:33 Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce constat ?
08:34 Alors, vraiment, que je crois que nous évoquons assez régulièrement dans cette émission
08:38 avec Rachel Kahn.
08:39 Écoutez, je suis tombée sur une interview des réalisateurs du dessin animé "Vayana",
08:45 donc du Disney "Vayana", et les réalisateurs étaient très fiers d'annoncer que ça allait
08:49 être la première princesse Disney sans histoire d'amour, et donc que ce serait le summum
08:53 du féminisme.
08:54 Donc, je me suis dit, qu'est-ce qui se passe ? Ça veut dire que pour être totalement
08:57 féministe, il faut être libérée de l'amour.
08:58 Ça veut dire que l'amour est un poids pour la femme.
09:00 Et donc, j'ai commencé à lire, si vous voulez, un petit peu toutes les théoriciennes
09:03 de cette idée-là chez les féministes dites radicales, qui s'attellent à attaquer ce
09:08 sentiment amoureux entre l'homme et la femme.
09:10 Et je me suis rendue compte que c'était tout à fait pensé, c'était tout à fait réfléchi,
09:14 et que cet amour-là, l'amour de la part de la femme, est considéré comme une servitude
09:20 et qu'il faut s'en libérer pour être totalement libre.
09:22 Et donc, je me suis dit, il faut sauver l'amour.
09:23 Un asservissement quasiment de la femme envers l'homme.
09:27 Et alors, la semaine dernière, on a évoqué Sandrine Rousseau, qui affirmait que dans
09:30 le combat contre les violences faites aux femmes, on ne pouvait compter sur aucun homme.
09:34 Quand elle dit "on ne peut compter sur aucun homme", la phrase est terrible.
09:38 Et c'est très intéressant, moi j'appelle ça le "Reductio ad porsum", j'ai créé
09:41 ce concept dans mon livre.
09:42 Vous savez, c'est le philosophe allemand Léostraus qui parlait de "Reductio ad hitlerum",
09:46 c'est un procès-derritorium qui consiste à disqualifier son adversaire en l'associant
09:50 à Adolf Hitler.
09:51 En gros, il s'agit de ne pas avoir à argumenter en l'associant directement au mâle.
09:56 Et bien, il me semble qu'aujourd'hui, on fait du "Reductio ad porsum", c'est-à-dire
09:59 qu'on réduit tous les hommes à des agresseurs sexuels, malheureusement.
10:02 C'est ce que fait exactement la députée écologiste Sandrine Rousseau, en expliquant
10:06 qu'en gros, il n'y a aucun homme qui pourrait se tenir aux côtés d'elle pour défendre
10:10 le féminisme.
10:11 Et donc, c'est mettre tous les hommes dans le même bateau et mettre en danger l'amour.
10:14 Absolument.
10:15 En danger l'amour, ça vous fait réagir.
10:17 Oui, j'adore.
10:18 Non mais merci pour ce...
10:20 Je trouve le concept génial.
10:22 Utilisez-le, il appartient à tout le monde maintenant.
10:24 Non, mais c'est surtout à quel point on a un degré de victimisation et de victimocratie
10:30 que même l'amour devient un instrument pour se victimiser.
10:35 Donc, on part dans des endroits là, au-delà du réel, à mon sens.
10:39 Et puis, toujours, de manière incessante, de mettre les personnes dans des cases, de
10:45 les déshumaniser.
10:46 Et ça, c'est le ressort d'à peu près tout aujourd'hui et qui nous pollue en réalité
10:50 et qui pollue l'ensemble de nos relations.
10:51 Alors, les hommes, ils disent quoi ? Joséphe-François Scarron, Jean-Sébastien Ferjou, accusé, répondez.
10:57 Non mais je trouve ça effectivement très intéressant.
11:00 Je pense que ça passerait mal.
11:01 Je vais laisser Jean-Sébastien d'abord répondre et après Joséphe.
11:03 Allez-y, Jean-Sébastien.
11:04 Je trouve ça très intéressant et surtout, ce qui est complètement vain, me semble-t-il,
11:07 dans les campagnes auxquelles on assiste à l'heure actuelle, c'est d'imaginer que ça
11:10 pourrait effectivement défaire les violences, enfin, nous permettre de vaincre la bataille
11:15 contre les violences sexuelles et sexistes.
11:17 Parce que oui, certainement, il y a des composantes culturelles.
11:20 On voit bien que d'ailleurs, certaines sociétés ou certaines cultures sont plus porteuses
11:23 d'une vision de la domination masculine ou d'une supposée infériorité féminine.
11:27 Mais au bout du bout, ça n'empêche pas qu'en tant qu'individus, ce qui est important, c'est
11:31 quand même d'armer les individus pour détecter les êtres pervers face à eux.
11:35 Il y a des hommes pervers, il y a des femmes pervers.
11:37 Oui, les femmes ne sont pas exemptes de perversité.
11:40 Quand on surpolitise tout, on élimine totalement la dimension.
11:44 Alors que ce que nous devons apprendre à nos enfants aussi, c'est que oui, le mal, ça existe.
11:49 Ça fait partie de la nature humaine.
11:50 Il faut apprendre à le détecter.
11:52 Parce que sinon, on a l'impression que c'est juste un système politique et que si on en est débarrassé,
11:56 c'est exactement les mêmes illusions que toutes celles des totalitarismes du XXe siècle.
12:00 Créer un homme nouveau.
12:01 Il a réfléchi.
12:02 Il a bien réfléchi.
12:03 Il va dire un truc absolument acceptable.
12:05 - À part l'anoïme. - Non, il y a un féminisme radical
12:10 qui a été, à mon sens, pollué par un lesbianisme radical.
12:16 - Ah, en route chose. - Qui fait que toute figure masculine doit être annihilée.
12:22 Tout ce qui représente l'homme doit être éradiqué systématiquement.
12:26 Et là, pour le coup, pardon de parler, je parle en tant que gay.
12:30 Parce que ça, également, les gays le vivent, cette situation.
12:33 Donc, il y a une sorte de...
12:36 Comment dire ?
12:37 Je ne sais pas, de pollinisation de la pensée radicale lesbienne
12:44 qui a touché le féminisme radical.
12:50 - D'accord. - Alors, ça a eu, à une époque,
12:52 - ça a eu des vertus. - C'est pas synonyme, d'accord.
12:53 Ça a eu des vertus.
12:54 C'est-à-dire, à la fin du XIXe, au début du XXe,
12:57 avec des poètes comme René Vivien ou autres, ça a eu des vertus.
13:00 Mais aujourd'hui, ça n'a plus du tout cet aspect-là.
13:02 Bon, vous êtes d'accord, Noemi Alioa, ou pas ?
13:04 C'est intéressant, mais ce n'est pas exactement mon point de vue.
13:07 C'est-à-dire que lorsque vous lisez les féministes radicales,
13:10 on sent qu'il y a une forme de romantisme rentré.
13:12 Elles affirment qu'elles haïssent les hommes, qu'elles veulent vivre sans eux,
13:16 mais quelque part, on lit entre les lignes une sorte d'amour déçu.
13:19 Il y a une sorte de passion triste, avec cet esprit revanchard
13:22 qui est très caractéristique de l'époque.
13:23 Donc, sans doute qu'il y a aussi ce que vous annoncez là.
13:26 - Mais moi, ce que je lis beaucoup, c'est... - Ah oui, c'est ce que je vois.
13:29 Une déception immense, en fait.
13:30 Une déception immense et faire de cas particuliers,
13:33 une généralité sur les hommes, et ça, c'est problématique.
13:35 Je ne crois même pas que sur une partie, justement, il n'y a pas de déception.
13:39 Il y a le fait de se dire, peut-être qu'on peut se passer carrément des hommes.
13:42 C'est pour argumenter, en tout cas, dans les ouvrages.
13:44 Dans votre livre, vous parlez de la déconstruction des comptes pour enfants.
13:47 C'est un peu ce que vous venez d'évoquer avec le petit film de Disney,
13:50 enfin, le grand film de Disney.
13:52 La fin de la galanterie, c'est terminé.
13:54 Quiconque est galant avec une femme est suspect, c'est ça ?
13:56 Oui, parce qu'on vous explique que la galanterie, si vous voulez,
13:59 c'est du sexisme bienveillant.
14:00 À partir du moment où vous tenez la porte d'une femme,
14:03 à partir du moment où vous l'invitez au restaurant,
14:05 là, c'est le début, si vous voulez, c'est le début de l'agression,
14:08 puisque, par exemple, l'actrice Isabelle Adjani
14:11 parle des 3G, galanterie, grivoiserie, goujaterie.
14:15 Donc, à partir du moment où vous ouvrez la porte à une femme,
14:17 vous êtes déjà presque...
14:18 Vous avez, en tout cas, l'ADN d'un violeur, malheureusement.
14:20 Et c'est vrai que ce continuum-là,
14:23 pour parler des violences qui partent de la galanterie
14:26 et qui va jusqu'au pire,
14:28 il faut casser ce continuum pour sauver l'amour
14:30 et, au contraire, pouvoir dénoncer beaucoup plus durement
14:34 les agresseurs qu'on appelle aujourd'hui les porcs,
14:37 depuis le mouvement "Balance ton porc".
14:38 Et vous dites aussi que l'amour est devenu l'emprise amoureuse.
14:41 En réalité, on ne le voit que par ce prisme-là, c'est ça ?
14:43 Oui, c'est ça. Et puis, il faut défendre une forme d'emprise.
14:47 Je m'explique, c'est un concept flou qui n'a pas de définition juridique.
14:50 L'emprise qui est utilisée à tort et à travers aujourd'hui
14:53 pour pathologiser et pour psychiatriser le sentiment amoureux.
14:56 Or, que disent les spécialistes à chaque fois qu'il est question d'emprise ?
14:58 Qu'il y a un rapport de subordination, d'asymétrie,
15:02 de vulnérabilité, d'inégalité.
15:04 Mais qu'est-ce que la passion amoureuse, si ce n'est un peu tout ça également ?
15:07 Donc, je ne dis pas que toutes les formes d'emprise sont défendables.
15:10 Je dis qu'il y a une différence de degré et non de nature
15:13 entre ces emprises qui sont dangereuses,
15:15 qu'il faut dénoncer, et ces emprises qui font partie du jeu amoureux,
15:18 qui font souffrir, mais qui doivent être défendues en tant que telles.
15:22 Et il y a aussi, dans ce recours permanent à l'emprise,
15:25 ça peut exister, bien sûr, une forme de déresponsabilisation.
15:27 C'est-à-dire ne plus assumer ses responsabilités.
15:30 Parfois, on fait des choix qui se révèlent être des erreurs.
15:32 Eh bien, oui, il faut savoir assumer ses erreurs
15:34 plutôt que de considérer que c'était forcément l'autre qui était en cause.
15:38 - Rachel Kahn ? - Non, mais quand je vous entends,
15:40 et notamment sur les portes, la galanterie,
15:42 parce qu'en fait, après, ça devient aussi le tremplin pour la goujaterie
15:46 et des mecs qui vous balancent la porte à la figure.
15:49 - C'est à dire, il vaut mieux qu'ils la tiennent plutôt qu'ils la regardent.
15:52 - Et je ne peux pas ne pas vous parler des femmes israéliennes
15:57 qui ont été prises en otage et ce qu'elles ont pu vivre.
16:00 Et effectivement, ce décalage entre les néo-féministes
16:04 qui n'arrêtent pas, justement, de sortir des tribunes sur les micro-agressions
16:10 et ce qui se passe dans le réel par rapport à ces femmes.
16:12 - Et leur silence assourdissant sur les massacres du 7 octobre.
16:15 - C'est ça. - Et le fait que les femmes yézidies...
16:17 - Les femmes yézidies, vous savez, cette même femme yézidie,
16:19 prise en otage, convertie de force par l'État islamique,
16:22 vous vous souvenez, à l'époque, des féministes occidentales...
16:26 - Familles iraniennes aussi, silence.
16:27 - Oui, exactement. - Afghanistan.
16:29 - Mais parce que les femmes victimes de l'Israël...
16:30 - Et rendons hommage aux familles iraniennes.
16:31 - Parce que malheureusement, le féminisme est instrumentalisé
16:34 politiquement, dans un certain sens,
16:37 et donc, il y a des affaires qu'on va plus mettre en avant,
16:39 comme l'affaire Depardieu,
16:40 et d'autres qu'on va un peu plus passer au silence,
16:42 malheureusement, comme l'affaire Miller.
16:43 Donc, vous avez une sorte de féminisme rouge qui va politiser
16:46 et qui va se servir de certaines affaires
16:48 et qui va essayer d'en passer d'autres sous silence.
16:51 Il faut dénoncer ça parce qu'évidemment,
16:52 ce n'est pas la question de la femme qui est défendue là,
16:55 c'est un objectif politique.
16:57 "La terreur jusque sous nos draps,
16:59 sauver l'amour des nouvelles morales",
17:00 formidable livre, aux éditions Plomb.
17:02 Merci beaucoup, Noemi Alioa, d'être venue ce soir
17:04 dans "Punchline" sur CNews et sur Europe 1.
17:06 Merci, Jean-Sébastien, Joseph et Rachel.
17:08 Dans un instant, sur Europe 1,
17:10 vous aurez le plaisir de retrouver Thomas Chenel
17:12 pour "Europe 1 Soir" et Christine Kelly pour "Face à l'info".
17:14 Bonne soirée sur nos deux antennes.
17:16 À demain.
17:17 18h-19h sur CNews et Europe 1.
17:20 Punchline. Laurence Ferrari.