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00:00 *Générique*
00:05 Bonsoir, la pêche est à nouveau autorisée depuis ce matin dans le golfe de Gascogne.
00:09 Elle était interdite depuis un mois de la Bretagne aux Pyrénées-Atlantiques,
00:14 sur décision du Conseil d'État, saisie par des associations environnementales.
00:17 Alors pourquoi ?
00:18 Eh bien pour épargner les dauphins et les marsouins, victimes involontairement des pêcheurs,
00:23 mais victimes de captures accidentelles.
00:26 Bonsoir Olivier Lenezet.
00:27 Bonsoir.
00:28 Vous êtes président du Comité National des Pêches,
00:31 on vous dit l'homme fort de la pêche, vous venez de l'Orient, une famille de pêcheurs.
00:35 Mais on va commencer par parler météo.
00:37 Elle n'est pas du côté des pêcheurs aujourd'hui dans le golfe de Gascogne.
00:40 Est-ce qu'ils ont pu sortir enfin du port ?
00:43 Écoutez, non.
00:45 Au moment où on se parle, aujourd'hui malheureusement il y a une tempête sur nos côtes Atlantiques.
00:49 Et donc c'est une peine supplémentaire qui s'ajoute à celle déjà de l'arrêt d'un mois d'interdiction
00:56 pour certains types d'engins de pêche à risque, pour éviter les captures accidentelles.
01:02 Alors dès que le ciel le permettra, qu'est-ce qu'ils vont aller pêcher ?
01:05 Ils vont aller pêcher des espèces de saison, qui sont la sol, du bar,
01:09 des espèces qu'apprécient nos consommateurs,
01:11 qui pendant un mois n'ont pas pu en déguster avec la même quantité
01:17 qu'ils trouvent régulièrement dans les poissonneries,
01:20 dû à cette fermeture qui est injuste, injuste pour plusieurs raisons.
01:25 Et surtout avec une profession qui avait à cœur de trouver des solutions technologiques
01:31 et aussi de connaissances pour éviter ces captures accidentelles de petits cétacés.
01:36 Encore un mot sur les étals, les prix ont augmenté pendant ce mois de pause ?
01:41 Oui, les prix ont augmenté évidemment,
01:43 et donc le consommateur paye aussi un lourd tribut de cette décision de justice
01:49 d'interdire à certains types de navires et de métiers de pouvoir aller en mer.
01:54 Et ces conséquences sont multiples, elles sont multiples pourquoi ?
01:57 Parce qu'elles ont un impact certes, comme vous l'avez dit,
02:00 pour le consommateur pour trouver ses produits,
02:02 mais ça augmente aussi les produits de pays tiers,
02:05 qui eux ne sont moins respectueux de l'environnement,
02:08 mais aussi du volet social et donc des marins pêcheurs aussi.
02:12 Et les conséquences pour les marins pêcheurs, le manque à gagner,
02:15 vous l'évaluez dès maintenant ?
02:17 Oui, les conséquences sont très importantes.
02:20 Les premiers chiffres que l'on peut avoir, qui ne sont pas tout à fait stabilisés,
02:24 parce que la fermeture vient de se terminer,
02:27 il reste encore à voir, à consolider ces chiffres.
02:30 Mais ce qu'on peut déjà estimer, c'est que le chiffre d'affaires
02:35 a diminué d'à peu près de 60% dans les criers, les ports de pêche,
02:40 mais on a perdu à peu près aussi 50% des volumes.
02:43 Donc c'est colossal en termes de perte de chiffre d'affaires et de volume.
02:47 Alors le gouvernement a promis d'indemniser et vite tous les pêcheurs cloués à quai.
02:52 Où est-ce qu'on en est ? Est-ce qu'il y a d'ailleurs urgence pour certains professionnels ?
02:56 Oui, l'urgence est totale. On ne peut pas avoir une fermeture pendant un mois
03:00 sans qu'il y ait une prise en compte.
03:02 Et la décision de justice a été de prendre en compte l'impact sur les pêcheurs.
03:06 Donc là, aujourd'hui, ça fait deux mois, jour pour jour, que la décision est tombée.
03:11 Le guichet n'est toujours pas ouvert.
03:13 Les modalités, nous ne les connaissons pas non plus.
03:16 Donc l'urgence est totale. L'anxiété, elle est encore plus.
03:20 Je dirais même qu'il y a des entreprises qui sont dans une approche
03:24 de ne pas pouvoir continuer leur activité, de la reprendre après la fermeture,
03:29 des entreprises de pêche.
03:30 Mais aussi l'impact sur la filière aval, le mariage, les poissonniers,
03:34 mais aussi les transporteurs.
03:36 Donc c'est toute une filière qui a été touchée.
03:38 Et cet impact, il se chiffrera certainement avec neuf chiffres,
03:42 avec plusieurs centaines de millions.
03:44 Et donc l'État, là aussi, devra faire un état des lieux
03:47 de l'impact, que ce soit économique, de cette fermeture pendant un mois.
03:51 L'État, précisément, Paris, a d'ores et déjà annoncé des aides
03:54 entre 80 et 85% du chiffre d'affaires perdu.
03:57 Mais est-ce que Bruxelles a d'ores et déjà dit oui ?
04:00 Aujourd'hui, on attend cette décision.
04:02 Je vous ai dit, les modalités, nous ne les connaissons pas.
04:04 Nous n'avons pas encore la réponse du ministre sur le sujet totalement définitive.
04:09 Et puis, surtout, c'est qu'il y a déjà des voies qui circulent.
04:13 Et entre autres à Bruxelles, qui mettent en avant
04:15 qu'il y aurait, justement, cette fermeture aurait été une réussite.
04:18 Je regarde ces compléments absurdes de la part de la Commission,
04:21 déjà avant même que nous-mêmes, ou alors que la Commission nous cache peut-être des choses.
04:25 Mais il est très clair qu'à aujourd'hui, faire des propos comme on a pu l'entendre
04:30 aujourd'hui dans certains médias de la Commission européenne,
04:32 ne sont pas acceptables, ne sont pas entendables.
04:34 Le Comité national des pêches ira, justement, et prendra aussi
04:38 les mesures qui s'imposent auprès de la Commission européenne
04:40 pour pouvoir, justement, aussi s'exprimer auprès d'eux
04:43 et leur demander des justifications.
04:45 Car les premiers chiffres que l'on a sur les échouements, les échoages de petits cétacés,
04:50 ils sont en augmentation.
04:52 Donc, oui, ils sont en augmentation, alors que les navires sont,
04:55 les 450 navires touchés par cette interdiction,
04:58 et à peu près 1 500 marins qui sont le long du quai depuis un mois,
05:02 font qu'à aujourd'hui, on a une augmentation.
05:04 Donc, il faut étudier ces chiffres.
05:05 Il faut aussi que les autopsies soient vraiment approfondies,
05:09 pour qu'on puisse déterminer les causes de ces échouements le long de nos littoraux.
05:15 - Et pourtant, vous avez échappé à 3 ou 4 mois de fermeture du golfe de Gascogne,
05:19 c'est ce que demandaient les associations de défense de l'environnement
05:22 pour sauver ces dauphins sur la façade atlantique française.
05:26 J'en rappelle qu'il en meurt 9 000 dans vos eaux chaque année,
05:29 c'est deux fois trop pour la survie des cétacés.
05:32 Mais pour vous, c'est inenvisageable ?
05:34 C'est non aujourd'hui, ce sera non demain ?
05:36 - Quand on donne les chiffres de 9 000 décès de cétacés, c'est par extrapolation.
05:43 La réalité, les échouements sont inférieurs à ce chiffre qui est donné.
05:49 Là, aujourd'hui, ce que l'on peut constater,
05:52 c'est qu'il y en a plus pendant que les navires sont à l'arrêt.
05:56 Donc, nous, et moi, je souhaite que le plan d'action qui a été porté, mené et validé par la commission européenne
06:02 pour éviter ces captures accidentelles par de la technologie, mais aussi par de la connaissance,
06:08 puisse se mettre en œuvre dès l'année prochaine.
06:10 Ce n'est pas en mettant les navires à quai que nous allons trouver des solutions.
06:14 Je rappellerai un dernier point, sur la partie des cétacés,
06:19 il est très clair qu'à aujourd'hui, le pêcheur ne souhaite pas être indemnisé.
06:23 Il souhaite pouvoir continuer son métier et cohabiter avec sa propre biodiversité.
06:27 D'autres voix disent que ça marche, cette pause qu'il faudra renouveler l'an prochain et l'année suivante.
06:34 Merci Olivier Lenezet, vous êtes président, je le rappelle, du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins
06:40 et l'invité éco de France Info ce soir.
06:42 Merci à vous.