Alerte au baby-crash : un effet à double tranchant [Alexandre Mirlicourtois]

  • il y a 7 mois
L'expression « il n'y a de richesse que d'hommes » prend tout son sens face au « baby-crash ». Pourtant, à court terme, c'est une bénédiction pour les finances de l'État et des collectivités locales qui ont besoin de moins dépenser en aides diverses et d'investir en faveur de l'enfance aussi bien dans le système de santé que dans le système scolaire : les écoles maternelles et primaires du secteur public ou privé sous contrat ont ainsi perdu près de 427 000 élèves depuis 2016 et vont en perdre de nouveau ces prochaines années. Les fermetures de classes ne sont certes pas à proportion de la diminution du nombre d'enfants, mais elles s'accompagnent d'une hausse de la qualité du service rendu avec une baisse du nombre d'élèves par enseignant et son corollaire, une amélioration du suivi pédagogique. [...]

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00:00 [Générique]
00:09 L'expression "il n'y a de richesse que d'hommes" prend tout son sens face au baby crash.
00:14 Pourtant, à court terme, c'est une bénédiction pour les finances de l'État et des collectivités locales
00:19 qui ont besoin de moins dépenser en aides diverses et moins d'investir en faveur de l'enfance,
00:23 aussi bien dans le système de santé que dans le système scolaire.
00:27 Les écoles maternelles et primaires du secteur public ou privé sous contrat
00:30 ont ainsi perdu près de 427 000 élèves depuis 2016 et vont en perdre de nouveau ces prochaines années.
00:36 Les fermetures de classes ne sont certes pas à proportion de la diminution du nombre d'enfants,
00:41 mais elles s'accompagnent d'une hausse de la qualité du service rendu
00:44 avec une baisse du nombre d'élèves par enseignant et son corollaire,
00:47 une amélioration du suivi pédagogique.
00:50 Toujours sur un horizon court, l'impact général de la baisse de la natalité sur l'activité économique est relativement neutre.
00:57 L'arrivée d'un nouveau-né entraîne plus une réorientation des priorités budgétaires
01:01 qu'elle ne modifie de l'enveloppe globale des dépenses des ménages.
01:05 Il y a incontestablement de gros perdants.
01:07 Moins de nourrissons, c'est mécaniquement moins de consommation de produits pour bébés,
01:11 un marché à plus de 4,5 milliards d'euros.
01:14 Autre domaine bousculé, la garde d'enfants, mais aussi l'immobilier construction,
01:18 les familles des ménages quand elles s'agrandissent, tout comme elles changent de véhicule.
01:22 En revanche, les ménages sans enfants dépensent tout autant, mais différemment ou allouent des budgets plus importants
01:27 sur certains postes de consommation comme les voyages, les loisirs, les services récréatifs et culturels, etc.
01:33 Pris dans sa globalité, l'impact à court terme de la baisse de la natalité est donc plutôt positif.
01:39 En revanche, à plus longue échéance, de profondes difficultés s'annoncent.
01:43 Premier volet, les besoins de consommation et de logement futur, notamment leurs composantes incompressibles,
01:48 sont indexés sur la dynamique de la population totale.
01:51 Alors certes, moins de consommateurs peuvent faciliter le rééquilibrage spontané du commerce extérieur à population active constante.
01:58 Mais à long terme, le déclin démographique se transforme en un choc de demande préjudiciable à la croissance,
02:04 l'emploi et les rentrées fiscales et sociales qui y sont attachées.
02:07 Second volet, la capacité à produire des richesses est en partie indexée sur le réservoir de la population en âge de travail.
02:14 Moins de naissances aujourd'hui, c'est moins d'actifs demain.
02:17 Cela peut faciliter la résorption du chômage, mais c'est un second coup de canif dans la capacité du pays à générer des richesses.
02:24 Directement parce que la population active diminue, indirectement parce qu'elle vieillit.
02:28 Si la controverse anime toujours la littérature sur le lien entre productivité et âge, un consensus semble se dessiner.
02:34 Il est résumé dans une note de l'OFCE de 2015.
02:38 Sur les 48 études empiriques alors compilées, la moitié mettait en évidence une relation en U inversée.
02:44 En d'autres termes, la productivité augmente jusqu'à un certain âge, puis décline ensuite.
02:49 25% des modèles concluaient sur une relation concave croissante.
02:53 La productivité augmente avec l'âge, mais de moins en moins vite.
02:56 Seuls 25% ne détectaient pas de relation significative.
03:00 Ces impacts de la dépopulation sont assez communs à tous les pays.
03:03 Mais en France plus qu'ailleurs, il faut rajouter les conséquences sur un état de providence reposant sur la solidarité intergénérationnelle.
03:10 C'est un défi pour le financement du système des retraites avec un nombre de seniors toujours plus important par rapport aux actifs.
03:17 Plus la fécondité est faible, plus la part des retraites dans le PIB est importante.
03:21 Certes, le nombre de jeunes diminuant, leur coût pour la collectivité aussi.
03:26 Mais cela ne le compense pas.
03:27 Le taux de dépendance générale ne cesse d'augmenter.
03:30 L'équilibre des comptes sociaux est menacé.
03:32 À court terme, pas de panique.
03:34 Mais si la baisse des naissances se prolonge, c'est une menace pour la croissance future et pour l'équilibre des comptes publics.
03:39 [Musique]

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