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Il apporte son soutien aux agriculteurs à la veille du Salon de l'Agriculture. Le chef étoilé et président de l'UMIH Thierry Marx est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 23 février 2024 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43 pour lui les agriculteurs ne demandent pas d'argent mais la reconnaissance de leur travail.
00:12 Amandine Bégaud vous recevez ce matin notre chef étoilé Thierry Marx.
00:15 Thierry Marx président également je le rappelle de l'UMI, l'union des métiers et industries de l'hôtellerie.
00:20 Le salon de l'agriculture ouvre ses portes donc demain.
00:22 Les agriculteurs on les entendait dans le journal de 7h30 sont en route en ce moment même sur le périphérique parisien
00:29 avec leur tracteur.
00:31 Manifestation, action, coup de poing.
00:33 Vous comprenez la démarche même si ça doit bloquer vous les soutenez ?
00:37 On les soutient bien sûr que ça a bloqué nos activités.
00:40 Mais pourquoi les français sont derrière ? Parce que on s'aperçoit que c'est pas conjoncturel c'est structurel et qu'il faut faire maintenant
00:47 le travail de fond pour avoir l'idée de ce qui est un bon produit agricole
00:51 agréable à manger mais aussi agréable à payer et tout ça faire rentrer ça dans une mécanique cohérente.
00:57 Nous c'est ce qu'on fait chez Bleu Blanquer depuis 20 ans. Il a fallu 20 ans pour installer Bleu Blanquer.
01:01 Donc c'est un label on le rappelle ?
01:03 C'est un label qui définit ce qui est un bon produit.
01:05 Son impact social, son impact environnemental et son impact nutritionnel vérifiable, mesurable.
01:11 Et aujourd'hui on a mis ça en place.
01:13 Donc c'est 7000 agriculteurs qui nous rejoignent qui aujourd'hui ne se plaignent pas finalement mais sont solidaires bien évidemment
01:17 des autres agriculteurs.
01:19 Mais il y a quand même des solutions.
01:21 Il y a des solutions, Bleu Blanquer le prouve c'est ce que vous nous dites ce matin.
01:25 Nos agriculteurs demandent à être payés au juste prix et ils dénoncent la concurrence des doyelles d'un certain nombre de produits étrangers.
01:32 La question du produit en France, de l'origine de ce que nous mangeons,
01:36 quand on tend un micro dans la rue, là si on y allait ce matin, je suis sûre que tous les gens qu'on rencontrerait nous disaient
01:42 "mais bien sûr je veux acheter français".
01:44 Sauf que quand on est dans les allées de notre supermarché, je prends l'exemple du poulet, un poulet français 7 euros en moyenne,
01:51 un poulet ukrainien par exemple il est vendu 3 euros, il y a beaucoup de gens qui vont prendre le moins cher.
01:56 Mais bien sûr c'est toute l'ambiguïté de nos discours, y compris de nos discours du monde politique.
02:02 Aujourd'hui il y a une fracture sociale, elle n'a échappé à personne, elle date de le président Chirac en parlait déjà.
02:07 Sur cette fracture sociale s'est construit une alimentation à deux vitesses.
02:10 Une alimentation pour ceux qui ont un reste à vivre suffisant et qui peuvent dire
02:14 "oui je suis prêt à mettre un euro de plus sur un produit de qualité"
02:17 et puis les autres qui ont un reste à vivre insuffisant, qui sont sur des produits ultra transformés
02:21 et le moins cher possible et le prix et la valeur.
02:24 C'est tout ça qu'il faut définir, redéfinir, dire "qu'est-ce que c'est qu'un bon produit"
02:28 et puis d'arrêter de faire du pouvoir d'achat sur l'alimentaire.
02:32 L'alimentaire c'est notre santé, manger c'est plaisir, bien-être, santé.
02:36 Et on oublie trop souvent ça et redonner du pouvoir d'achat aux gens,
02:40 ça nous va passer par d'écraser les marges de l'agriculteur.
02:43 Cette théorie du low-cost qui date des années 70 quand même,
02:47 "vous renoncez à la qualité, on vous fera des petits prix"
02:49 à longueur de rhétorique de plateau on entend ça.
02:52 "C'est nous qui sommes les moins chers, c'est nous qui sommes les meilleurs"
02:54 mais vous écrasez forcément la marge de quelqu'un et celle de l'agriculteur.
02:57 Donc il faut changer cette rhétorique finalement
03:00 et pour aller vers des choses qui défendent l'économie de la qualité.
03:04 Et ça, chez Bleu Blancœur, nous l'avons mis en place.
03:07 Ça a été long, fastidieux, mais en tout cas...
03:09 - Sauf que j'ai envie de vous dire Thierry Marx, on a bien sûr tous envie de cette société
03:13 en quelque sorte que vous décrivez, mais il y a quand même 16% par exemple des Français
03:16 qui déclarent aujourd'hui ne pas avoir les moyens de se nourrir.
03:18 24% des moins de 40 ans.
03:20 Eux concrètement, aujourd'hui, on les culpabilise en disant
03:25 "bah c'est un peu à cause de vous, parce que vous faites le choix du petit prix
03:29 si nos agriculteurs vont pas bien".
03:30 - Mais vous ne pouvez pas vous interroger simplement sur l'agriculture
03:34 et sur le coût de l'alimentation.
03:36 Il faut s'interroger sur le fond de notre société.
03:39 Pourquoi aujourd'hui le travail n'y mentit plus ?
03:41 Quand vous avez un SMIC ou deux SMIC dans un foyer,
03:44 vous ne pouvez pas effectivement vous nourrir et vous loger correctement.
03:47 Il y a un dysfonctionnement qui a plus de 40 ans dans notre société.
03:50 On ne veut pas voir le travail de fond qu'il y a à faire.
03:52 Là, on est sur un maillon de la chaîne, qui est l'alimentation,
03:55 qui est un maillon fort, mais c'est structurellement que notre société est dérégulée.
04:00 Donc il faut remettre les choses en face des cases
04:02 pour que les gens aient du pouvoir d'achat, monter les minima sociaux,
04:05 défendre l'idée qu'il faut monter les salaires.
04:08 Mais on s'aperçoit que quand vous dites cela,
04:10 les salaires sont beaucoup trop taxés en France.
04:13 Donc il faut remettre tout à plat pour se dire
04:16 "L'agriculture fait partie de notre alimentation".
04:19 C'est extrêmement important parce qu'il y a un impact sur la santé qui est colossal.
04:23 Aujourd'hui, quand vous voyez sur cette fracture sociale et cette alimentation à vitesse,
04:27 le marqueur fort de la pauvreté dans notre pays, c'est l'obésité et le diabète de type 2.
04:32 - Qui représente effectivement chez des personnes pour moins payantes.
04:35 - C'est lié à notre alimentation.
04:36 Mais en même temps, tout s'est dérégulé.
04:38 Le prix de l'énergie, le coût de production que nous avons dans nos entreprises aujourd'hui,
04:42 nous ne pouvons pas le répercuter.
04:43 Donc aujourd'hui, on écrase des marges en permanence.
04:46 Et à la sortie du Covid, on s'était dit "Non, non, plus jamais ça, on va changer le monde".
04:50 On n'a rien fait. On est reparti sur la guerre des prix.
04:53 Et quand vous faites une guerre des prix, bien évidemment,
04:55 vous écrasez la marge de quelqu'un et notamment celle de l'agriculteur.
04:58 Donc c'est le dysfonctionnement de société qu'il faut remettre en question.
05:01 - Mais c'est un chantier colossal.
05:02 - Énorme.
05:03 C'est pour ça que dans l'ambiguïté de ce que vous parliez du micro-trottoir,
05:08 qu'on pourrait faire sur "Est-ce que je veux manger français ?"
05:10 Oui et non.
05:11 Mais il faut aussi que nous, citoyens, nous acceptions de dire "Non, il y a un vrai chantier".
05:15 Il y a un vrai chantier de société.
05:16 Je pourrais développer beaucoup de choses, mais il y a un vrai chantier.
05:18 Et j'accepte qu'il y ait un programme sur 10 ans pour qu'on puisse restaurer
05:23 une politique agricole intéressante pour que les agriculteurs retrouvent l'épanouissement.
05:27 Mais aussi le monde de l'entreprise.
05:28 Aujourd'hui, je suis là parce que je suis le président de l'UMI,
05:32 mais je pourrais vous faire remonter toutes les problématiques de ces petites entreprises
05:35 qui aujourd'hui n'y arrivent plus parce qu'elles ont un coût de production qui est beaucoup trop élevé.
05:39 Donc pourquoi on se sent solidaires de ces agriculteurs ?
05:42 Parce qu'on vit les mêmes choses.
05:43 - Mais parce que quand vous dites "il faudrait par exemple augmenter les salaires, baisser les charges",
05:47 les entreprises que vous représentez aujourd'hui, elles n'en ont pas les moyens.
05:50 Parce que c'est vers eux qu'on va se tourner.
05:51 - Elles n'en ont pas les moyens quand on le fait.
05:53 Quand vous donnez 100 euros à un collaborateur.
05:57 Vous vous rappelez, ce n'est pas grand chose.
05:58 100 euros, ça nous coûte 238 euros.
06:01 Et dans la poche du collaborateur, il reste 39 euros.
06:04 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
06:05 On va vers une ubérisation du travail.
06:07 C'est-à-dire que les gens s'inscrivent sur des plateformes,
06:09 deviennent auto-entrepreneurs,
06:11 et évidemment gèrent eux-mêmes leurs revenus bruts,
06:15 et payent, ou ne payent pas d'ailleurs, leurs protections santé.
06:18 C'est une ubérisation du travail.
06:19 C'est un dérèglement total de notre société.
06:22 Quid du modèle social français ?
06:23 Et c'est ça qu'il faut interroger.
06:25 C'est-à-dire, quelles sociétés nous voulons pour dans 10 ans,
06:28 c'est tirer quelque chose...
06:30 Changer le paradigme d'un agriculteur, c'est 10 ans de travail.
06:33 Ce n'est pas une start-up de la tech.
06:35 Il faut vraiment mettre en perspective les choses.
06:37 Tant qu'on n'accepte pas de mettre à plat les choses,
06:39 et de les mettre en perspective, c'est compliqué.
06:41 Et cette théorie du low-cost, qui est mortifère,
06:44 elle a dérégulé notre artisanat,
06:47 on n'a plus d'industrie quasiment,
06:49 même si aujourd'hui on parle de réindustrialisation,
06:51 et on a une agriculture qui est exsangue.
06:54 Mais admettons que...
06:56 Moi je reprends le cas de Bleu Blanquer,
06:58 que j'étais fan depuis de nombreuses années,
07:00 qui ont défini les choses, en définissant ce qui était un bon produit,
07:03 l'impact social, environnemental, industriel,
07:05 il y a des choses qui marchent.
07:06 Mais il faut les mettre en perspective.
07:08 Bleu Blanquer, c'est 22 ans de travail.
07:10 22 ans de travail !
07:11 Mais quand je vous écoute, c'est quand même très inquiétant.
07:13 Parce que, on comprend que le chantier, je le disais,
07:16 est colossal et qu'il faudra, et vous le disiez,
07:18 des années, c'est au moins sur 10 ans.
07:20 Là, on voit que le gouvernement, depuis des semaines,
07:24 essaye d'apaiser cette colère des agriculteurs.
07:26 Si tant est qu'ils y arrivent, ça ne règle pas le problème.
07:29 Exactement, moi je pense qu'aujourd'hui,
07:31 on attend que les choses arrivent en forme de crise.
07:34 Et quand il y a une crise, je prends les propos,
07:37 c'est symptômes, diagnostics, traitements.
07:40 Mais il y a des traitements qui sont longs.
07:42 Et le traitement sur l'agriculture, il est long.
07:44 On ne peut pas répondre à l'urgence.
07:45 Mais on ne peut pas répondre à l'urgence.
07:46 D'abord, l'urgence, c'est qu'on n'a pas anticipé suffisamment.
07:49 Un urgentiste va vous dire ça.
07:51 On est d'abord dans l'anticipation avant de traiter une urgence.
07:54 Là, on a attendu une crise, mais encore une fois,
07:57 les crises, moi je suis né en 59,
07:59 j'ai dû partir chaque année en vacances
08:01 avec une crise d'agriculteurs.
08:03 C'est ça la réalité.
08:04 Donc, on a laissé s'accumuler un certain nombre de choses.
08:06 La société est en plein changement.
08:08 C'est d'une brutalité absolue.
08:10 C'est un capitalisme nouveau même qui arrive,
08:12 pratiquement sans visage.
08:14 Donc, il faut remettre les choses en perspective
08:16 pour définir la société que nous voulons.
08:18 Le frais, le fait français,
08:20 le fait en France et de transformer en France,
08:22 c'est extrêmement important.
08:24 Mais il faut redimensionner les choses.
08:26 Et aujourd'hui, on ne peut pas...
08:28 J'entends ces agriculteurs qui disent
08:29 "Nous, on ne demande pas d'aide,
08:30 on demande de vivre de nos exploitations."
08:32 Mais c'est parfaitement légitime.
08:33 C'est vrai pour chaque chef d'entreprise
08:35 de se dire "On doit vivre de notre travail,
08:37 on n'a pas à attendre de l'État."
08:39 Mais aujourd'hui, quand vous voyez le coût de l'énergie
08:41 dans votre assiette,
08:42 ce sera quasiment 20% de votre assiette.
08:44 20% aujourd'hui de ce qu'on paye au restaurant ?
08:46 La grande inquiétude de 88% des chefs d'entreprise
08:49 dans mon secteur d'activité aujourd'hui,
08:51 88% c'est pas rien,
08:52 c'est que leur trésorerie fond
08:54 avec le paiement des charges qu'ils ont sur l'électricité.
08:56 C'est pour ça que nous avons demandé
08:58 une audience aversive que nous avons obtenue d'Olivia Grégoire.
09:00 Et avec des baisses promises ?
09:02 Non, mais on a promis de regarder les dossiers.
09:04 Et surtout de nous aider à négocier
09:06 avec les fournisseurs d'énergie
09:08 pour qu'on ait l'appui de l'État pour négocier avec eux.
09:10 La sortie d'un contrat énergétique
09:12 chez Total, EDF ou Enedis,
09:14 il est empirique.
09:16 Juste un dernier mot Thierry Marx,
09:18 on a reçu tous les acteurs de cette crise
09:20 ici à RTL, que ce soit bien sûr
09:22 les agriculteurs, mais aussi les industriels,
09:24 la grande distribution, et quand on est des interroges
09:26 à la fois sur les prix, à la fois sur les questions d'origine,
09:28 chacun nous dit "c'est pas moi, c'est l'autre".
09:30 Qui est-ce qui se moque du consommateur aujourd'hui ?
09:32 C'est un petit peu tout le monde je dirais.
09:34 À un moment donné il faut,
09:36 je ne veux pas reciter Bleu Blanquer,
09:38 mais nous on dit "il faut arrêter de chercher des coupables,
09:40 il faut trouver des solutions, qui payent ?"
09:42 Donc nous on a trouvé
09:44 dans la grande distribution des gens qui ont accepté
09:46 de mettre la main au portefeuille, et on peut leur rendre
09:48 hommage, moi je pense à Monsieur Slecher
09:50 qui a aidé, à un système EU,
09:52 on a eu Intermarché à une époque aussi,
09:54 qui ont dit "Bleu Blanquer c'est bien,
09:56 alors on y va aussi". Et quand on a sorti le panier
09:58 du bon, contre le
10:00 panier anti-inflation, j'étais invité
10:02 sur ce plateau, et je vous en remercie,
10:04 et bien j'avais pu le dire, regardez,
10:06 un panier du bon, par rapport à le panier
10:08 intérieur, on était à 1,50€ de plus,
10:10 et on était arrivé à avoir de bons produits.
10:12 Donc ça veut dire que, si on s'y met
10:14 tous, si on cherche des solutions,
10:16 on y arrive. Mais il faut une transparence.
10:18 - Et il faut que tout le monde mette la main à la porte. - Bien sûr, et puis arrêter
10:20 de dire aux citoyens qu'on a fait des lois,
10:22 qu'on ne fait pas appliquer, ou qu'on va définir des choses
10:24 sans mesurer l'impact de ce qu'on a
10:26 décidé. C'est ça que le chef d'entreprise,
10:28 qui est un agriculteur aussi, ne comprend pas.
10:30 On a fait une loi égalime, la loi 1,
10:32 mais il faut en faire une quatrième, parce qu'on
10:34 n'a pas vérifié la première.
10:36 - On marche sur la tête. - C'est un irritant !
10:38 - Le slogan des agriculteurs.
10:40 Merci beaucoup, M. Gettemard. - Merci de notre accueil.
10:42 Je précise pour nos auditeurs que le logo...
10:44 [SILENCE]

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