Galthié : « Les mots peuvent faire mal, comme des coups de poing » - Rugby - Tournoi - Bleus

  • il y a 7 mois
Fabien Galthié a dévoilé ce vendredi la composition du quinze de France pour affronter l'Italie dimanche à Lille (16h). Le sélectionneur des Bleus est ensuite longuement revenu sur les critiques qu'il a reçues à propos de sa communication positive après la difficile victoire en Écosse.
Transcript
00:00 Avant de rentrer dans le sujet, j'aurais aimé faire un pas de côté si tu veux,
00:03 par exemple ta communication qui a été pas mal critiquée par les plusieurs anciens joueurs, par des observateurs.
00:09 Je voulais savoir comment tu avais vécu ça, et puis dans la foulée,
00:12 est-ce que cette communication positive, d'insister sur le fait que le contenu était parfait,
00:16 est-ce que c'était une manière de protéger tes joueurs ?
00:19 Bonjour et merci pour votre question.
00:22 Bien évidemment, j'entends ce qu'on dit de bien, j'entends ce qu'on dit de mal.
00:29 Je suis très ouvert au retour, puisque nous on est dans la lumière, on est très exposé,
00:35 et tout ce qu'on dit, tout ce qu'on fait, c'est commenté de bonne manière, de mauvaise manière,
00:40 et chacun est responsable de ses paroles, de ses pensées, de ses mots.
00:45 Et les mots ont un sens, les mots sont très importants.
00:49 Les mots, comme dans les apoies, sont à la fois très positifs, parfois ils peuvent faire mal,
00:54 ils peuvent être aussi forts que des coups de poing, mais chacun est responsable de ce qu'il dit.
01:01 Concernant la façon de m'exprimer, de commenter des matchs, ou de répondre aux questions,
01:10 moi j'essaie de faire le mieux possible, j'essaie d'apporter une vision, une objectivité,
01:17 j'essaie de comprendre les questions qui se posent, parce que je fais attention à qui je m'adresse.
01:24 Sur le dernier match, je le répète, et je vous l'avais dit en conférence de presse, ici même,
01:32 avant de partir à l'écorce, qu'à ce niveau-là, on doit être en capacité de supporter les grands moments
01:42 comme les moments difficiles, comme les moments douloureux.
01:45 L'enchaînement, fin de Coupe du Monde, quart de finale de Coupe du Monde,
01:50 match à Marseille face à Guerland, et défaite à Marseille, était un moment douloureux pour nous,
01:57 mais aussi pour nos supporters, pour les gens qui croient en nous, pour les gens qui nous suivent.
02:02 Et ce que je vous ai dit durant cette conférence de presse, c'est qu'on allait se concentrer sur l'essentiel,
02:08 c'est-à-dire les hommes, le cœur des hommes.
02:13 Et toute la préparation de ce match en écorce, c'était comment on fait après avoir chuté aussi lourdement
02:20 avec cette douleur qui était présente, cette responsabilité, cette critique envers nous qui est très forte,
02:27 nous sommes très exigeants envers nous, comment on fait pour prendre l'avion et partir en écorce
02:32 et représenter dignement le maillot bleu ?
02:35 En fait, on s'est recentré sur l'essentiel, c'est les hommes et le cœur des hommes.
02:40 Cette équipe, depuis cinq ans, l'a déjà montré et remontré, et va encore montrer que les joueurs qui la composent,
02:49 que le groupe France a des vertus, des vertus qu'on nous a apprises à l'école de rugby, qu'on nous a transmises.
02:57 C'est pour ça que je prends le temps à chaque fois de remercier les familles, parce que nous, on sait,
03:02 vous savez, on est soutenus par nos proches, toujours, par nos familles et par nos supporters.
03:10 Et j'en profite pour remercier dans ce moment difficile tous les gens qui nous ont soutenus,
03:13 sûrement encore plus puissamment que dans les moments où l'équipe de France a pu triompher.
03:21 Et c'est dans ce moment-là qu'on se révèle, en fait, je reviens à l'école de rugby,
03:25 une notion, ce que j'avais évoqué, une notion de solidarité, de courage, d'engagement.
03:30 La douleur que l'on vivait durant cette semaine était aussi un grand bonheur.
03:35 Ce que j'ai toujours dit aux joueurs, se rassembler pour préparer un match avec l'équipe de France et partir en écorce,
03:40 c'est un grand bonheur.
03:41 Et je l'ai maintenu et je l'ai dit toute la semaine et on l'a vécu comme ça.
03:45 Ensuite, le déroulement du match a été très complexe.
03:50 Ça faisait trois jours qu'il pleuvait en écorce.
03:53 Donc, jouer sous la pluie en écorce, c'est complexe.
03:57 Jouer face à une équipe d'écorce qui est depuis maintenant 3, 4 ans,
04:02 une des 5, 6 meilleures équipes au monde, c'est complexe.
04:06 Jouer là-bas, c'est complexe.
04:08 Eux, on venait de gagner au pays de Galles.
04:12 Nous, on venait de perdre lourdement face à l'Irlande à 14.
04:17 Nous, on a un effectif qui est à remobiliser parce que beaucoup de blessures, parce que des suspendus.
04:26 Et lorsque le match commence, on est modé jusqu'à la 69e minute.
04:31 A la 50e, on a coché quasiment toute l'équipe et on a perdu notre capitaine, Gregor Litt.
04:36 Rentre des joueurs comme Nolan Le Garrec, comme Ponsolo Kudaghi,
04:43 comme Sébastien Taoum, comme Alexandre Roumat, comme Paul Poudéan.
04:50 Donc, beaucoup de jeunesse, peu d'expérience, mais ayant vécu avec nous cette préparation de match.
04:58 Et on reprend le match, on reprend le score à la 60e.
05:02 Après cette annonce, après ce mêlée, après ce mêlée qui suivait une forte pression collective,
05:07 on sentait que l'énergie était là. On sentait que la résilience était en cours.
05:13 Nous sommes dans une période de résilience. Elle a commencé depuis un certain temps et nous y sommes encore.
05:18 Et dans la résilience, il y a le cœur des hommes et la capacité de se transcender, de visualiser,
05:24 de se projeter à nouveau sur la suite. Et lorsque les joueurs apportent leur énergie,
05:30 poussent cette mêlée, jouent le côté fermé, lorsque Louis Bielbaret marque cet essai,
05:35 qu'on prend le score, il y a une énergie folle dans cette équipe.
05:39 Évidemment, on est loin de la data. On est loin de la data, je le répète.
05:45 On est loin de la stratégie, même si elle est importante.
05:48 On est loin de la tactique, même si elle est importante.
05:51 Mais on est au plus profond des valeurs du rugby que nous portons
05:56 et que nous voulons démontrer à nos supporters, à nos familles, à nos éducateurs.
06:02 À la 75e minute, on déclenche un ballon porté.
06:07 D'abord, on contre un ballon très important, un touch au 50 mètres.
06:11 Puis on prend un ballon porté. On porte le ballon sur 20 mètres. On a avantage en cours.
06:18 Évidemment, à la 75e, s'il y en a un peu plus d'expérience, un peu plus de maturité,
06:23 on peut tenir le ballon pendant 3 minutes, ce qui a fait qu'on a marqué un décès en premier mi-temps.
06:28 On est dans la zone conclusion. On sait faire. On a beaucoup d'énergie.
06:32 Mais on se précipite en vue de chasse. Et finalement, on va jouer cette pénalité qu'on a marquée.
06:37 Mais si on a cette expérience, peut-être que ça fait 3 minutes de possession.
06:45 Ça fait encore un avantage en cours. Ça fait peut-être un décès.
06:48 En tout cas, ça nous amène vers la 78e ou la 79e. Et c'est pas la même fin de match.
06:52 Tout ça, ce qui est formidable dans cette équipe, c'est qu'on sent que malgré les erreurs qu'on a commises,
07:01 malgré cette fragilité défensive qui nous ramène près de nos lignes et à défendre la ligne de but pour la 3e fois,
07:08 on va défendre encore ce qu'on appelle un turnover de renvoi d'un but intelligemment, très intelligemment,
07:13 sur lequel on s'entraîne toutes les semaines et qui nous permet d'arracher ce match.
07:18 Donc en fait, quand Greg dit que c'est une des plus belles victoires et que moi, je dis que je suis heureux du contenu,
07:25 je suis tellement heureux, je sors du vestiaire, on vient de partager un moment tellement puissant,
07:30 tellement fort après cette semaine que oui, je suis heureux. Mais le contenu, il est ailleurs que dans la data.
07:36 Il est ailleurs que dans la démonstration de domination face à une équipe écosse chez elle sous l'appui.
07:44 Il est dans la victoire et dans le fait que ces 8 joueurs, ces joueurs peu expérimentés,
07:49 nous ont apporté toute leur puissance, toute leur détermination.
07:56 Souvent, parfois, à juste titre, on peut critiquer le coaching.
08:02 Et là, personne n'a parlé du coaching, c'est dommage. Personne n'a mis en valeur les finisseurs, c'est dommage.
08:08 Ben nous, oui, en même temps, on l'a mis en valeur. C'est ça qui est magnifique. C'est que ces jeunes joueurs
08:14 qui sont rentrés dans ce vestiaire, qui les fait rêver depuis un certain temps, qui rentrent dans ce vestiaire,
08:19 qui voient que cette équipe est sous pression, que cette équipe est dans un moment de résilience,
08:24 dans un moment difficile, eh bien, ils rentrent tout de suite et disent nous, on est capables de porter le maillot.
08:31 Nous, on est capables de faire ce que vous avez fait pendant 4 ans et on va le faire. Ils le font. Ils le font.
08:37 Et c'est un grand bonheur. Donc, c'est vrai qu'il y a plusieurs lectures sur le contenu, mais c'est sûrement le plus beau.
08:48 Et c'est la base du rugby, ce que nos éducateurs, ceux qui nous soutiennent, ceux qui nous encouragent,
08:53 nos clubs, nos familles, c'est dans la difficulté, on ne tourne pas le regard. On regarde la tête haute.
08:59 Même si on court de l'échine, on regarde la tête haute et on regarde en face. C'est ce qu'a fait l'équipe de France à Edinburgh.
09:06 Voilà, c'était un peu long, mais je crois que c'était nécessaire.

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