Second degré - Anniversaire des 60 ans de l'immigration turque et marocaine

  • il y a 7 mois
Transcript
00:00 *Générique*
00:08 Salam, bonsoir, vous écoutez Arabel, tout de suite votre émission du vendredi second degré.
00:12 Alors ce soir, nous parlons des 60 ans de l'immigration turque et marocaine.
00:16 60 ans, c'est beaucoup pour certains, peu pour d'autres, mais en tout cas, c'est assez pour en faire un bilan.
00:21 Le bilan de ces 60 ans, c'est tout de suite, mais avant ça, le Flash Info.
00:25 *Générique*
00:34 Rassalam, bonsoir, vous êtes dans le second degré, on est à nouveau jusqu'à 20h60, 60 ans, 60 ans, qui l'eût cru, on est encore là.
00:42 On devait partir après quelques mois, mais non, c'était une blague, un prank, une caméra cachée.
00:48 60 ans après, on est encore là, et incha'Allah, encore pour 60 ans de plus.
00:53 Incha'Allah, alors ce soir, c'est une spéciale, on fait le bilan, ou alors une sorte de "que sont-ils devenus".
00:59 Je parle des immigrés, des fils d'immigrés, des petits-fils et même des arrières-petits-fils.
01:04 Pour m'accompagner avec vous, jusqu'à 20h dans cette spéciale 60 ans, Fatenouahebeh, Salam alaikum, comment tu vas ?
01:11 Bien, très bien, merci.
01:12 Alors, tu es auteur, avec un "e" bien sûr, et passionné de culture maghrébine.
01:17 Tu as sorti un recueil au nom de "Retour aux sources", qui est ici à l'écran.
01:23 Vous pouvez nous voir aussi, sur le www.arabel.fm, on va en parler.
01:26 C'est un recueil, voilà, il est là, je le montre.
01:29 C'est un recueil où tu écris que des proverbes en dahlija, c'est-à-dire en dialecte marocain.
01:37 Oui, c'est ça, donc c'est une compilation d'une centaine de proverbes marocains, en phonétique, donc en dahlija, et puis à l'interprétation.
01:44 Ça, ça va faire plaisir à ma mère et à tous les mamans qui nous regardent, parce qu'il y en a des pas mal.
01:49 On va en citer durant toute cette émission.
01:53 En face de toi, Safa, comment tu vas ?
01:56 Très bien, Osama.
01:57 Juste parle devant le micro, Safa, pour que ça s'entende, parce que tu as des choses à dire très intéressantes.
02:02 Safa, toi, tu es conseiller communal à Saint-Jos, tu es le fruit de l'immigration, l'un des fruits bien sûr de l'immigration turque en Belgique.
02:11 Pour le moment, je ne suis pas le seul, hein.
02:13 Tu n'es pas le seul, non, non, non.
02:15 J'imagine qu'il y a beaucoup de tes compatriotes turcs qui t'écoutent ce soir parce que tu fais un live aussi.
02:23 J'imagine que tu n'es pas le seul.
02:25 Alors, Safa, ça me fait super plaisir de te recevoir.
02:27 On va parler de l'immigration marocaine, mais aussi de l'immigration turque.
02:30 Alors, moi, j'ai une question avant d'entrer dans le vif du sujet.
02:33 On va faire le bilan, on va parler de retour aux sources, on va parler, on fait le bilan.
02:38 On va parler bien sûr des écoles, des premières boucheries, des premières mosquées.
02:41 Alors, si vous deviez noter, on va dire, l'immigration après 60 ans,
02:46 quelle note metteriez-vous pour cette immigration 60 ans après ?
02:50 Une note de 1 à 20.
02:52 On va commencer par Fatine.
02:54 Alors, moi, je mettrais la note de 15.
02:57 15 sur 20.
02:58 Pourquoi 15 ?
02:59 Alors, je pense que c'est une bonne note.
03:00 C'est plus que la moyenne, 15 ?
03:01 Oui, c'est beaucoup plus que la moyenne parce que je pense que ça a été une immigration réussie.
03:05 On a vraiment eu un impact positif sur la société belge, je pense.
03:09 Je le crois fortement.
03:10 Après, il y a eu quelques loupés, évidemment.
03:12 Comme dans tout, il y a eu quelques ratés.
03:14 J'imagine qu'on en parlera encore un petit peu après, mais je donne la note de 15.
03:18 Safa ?
03:19 Moi, je donne 14,5.
03:20 14,5.
03:21 C'est très bien, c'est très bien.
03:22 On a cinq mois de retard sur vous.
03:24 C'est ça qui fait la différence.
03:26 Pourquoi 14,5 ?
03:27 14,5.
03:28 Avant que tu me dises sur 20, quand tu m'avais dit de noter, j'avais pensé 7,5 sur 10, donc 15.
03:35 Mais voilà, comme elle a dit 15, j'ai dit, je dois être un peu différent, mais bon.
03:38 Blague à part, la communauté de Tchour, franchement, comme elle a dit,
03:43 vous l'avez dit aussi pour la communauté marocaine, on a eu des réussites.
03:47 On a aussi quelques ratés, malheureusement, mais on a apporté beaucoup,
03:50 que ce soit dans le plan socio-économique ou socio-culturel.
03:53 Avant de parler, bien sûr, de rentrer dans le bilan, de parler du bilan,
03:58 parlez-moi un peu de votre histoire.
04:00 Toi, Fatine, ta maman est marocaine et ton papa est libanais.
04:05 C'est encore une autre immigration.
04:07 Ça peut arriver beaucoup plus tard.
04:09 Ce soir, on va se concentrer sur l'immigration marocaine et turque.
04:12 Parle-moi un peu de ton histoire, comment ta maman est venue.
04:15 Mais toi, c'est un peu spécial, parce que c'est pas ton papa qui est venu, c'est ta maman.
04:18 - C'est ma grand-mère. - Ta grand-mère.
04:19 Donc, en fait, on parle souvent de la main-d'oeuvre masculine qui est arrivée dans les années 60.
04:26 Moi, c'est un peu une histoire un peu atypique.
04:28 Donc, c'est ma grand-mère qui est venue en premier, ici, en Belgique.
04:31 - C'est rare, ça. - C'est très rare.
04:33 Et je crois que c'est important de le souligner, parce qu'on parle toujours des hommes, des hommes, des hommes.
04:36 Mais il y a aussi beaucoup de femmes qui ont dû, évidemment, quitter leur pays pour suivre leur mari.
04:40 Ici, dans notre cas, en tout cas dans notre histoire familiale, c'est ma grand-mère qui a quitté la ville de Tangier
04:45 pour venir travailler ici avec un permis de travail dans un grand hôtel comme femme de chambre.
04:50 Et après quelques mois, elle a ramené, en regroupement familial, son mari et ses cinq enfants.
04:55 C'est magnifique. Justement, on va parler... C'est vrai qu'on parle beaucoup de ces héros qui sont venus, à juste titre.
05:00 Il faut parler aussi de ces héroïnes qui sont venues par après, pour beaucoup d'entre elles, justement, élever ses enfants
05:07 et continuer, en tout cas, le travail qu'ont fait nos parents et nos grands-parents.
05:12 Il est 19h09, bientôt 10h00. On est à nouveau jusqu'à 20h00 pour cette spéciale 60 ans de l'immigration turque et marocaine en Belgique.
05:20 À tout de suite.
05:24 19h19, toujours dans cette spéciale 60 ans de l'immigration marocaine et turque. On fait le bilan.
05:32 Toujours avec mes invités spéciaux, avec Fatine. Fatine Ouahabi, on disait ça. Fatine Ouahabi, c'est ton nom de papa.
05:48 - Oui, c'est mon nom de papa. - Ton nom de papa.
05:50 - Fatine Ouahabi, Safa et Badi qui vient de nous rejoindre. Badi, comment tu vas ?
05:54 - Ça va bien et toi ? - T'es aussi tel fruit, et ça va moi, ça va.
05:56 - Alhamdoulilah, t'es le fruit de l'immigration, t'es le fruit confit, t'es... - C'est ça, moi.
06:01 - T'es jalo. - Exactement.
06:03 - Alors Badi, toi, tu as été, comme souvent, chaque semaine, tu as été interviewé des jeunes concernant l'immigration.
06:09 C'est ça, on n'entend pas beaucoup les jeunes. Justement, c'est important d'entendre ces jeunes, la nouvelle génération,
06:15 qu'est-ce qu'elles pensent de l'immigration, des premières générations. T'as été interviewé des jeunes, c'est ça ?
06:19 - Exactement. - On s'écoute l'audio tout de suite, l'interview ?
06:21 - On peut envoyer. En fait, moi, ma question, c'était qu'est-ce qu'a apporté l'immigration dans ce pays ?
06:25 - C'est tout de suite. - Qu'est-ce qu'a apporté l'immigration dans ce pays, selon toi ?
06:29 - Selon moi, l'immigration a apporté énormément de changements, en bien, bien sûr.
06:33 Bon, il y a aussi le mauvais, mais bon, le bien prend le dessus.
06:37 En fait, ça a donné l'opportunité aux Marocains de pouvoir se refaire, de pouvoir bâtir quelque chose,
06:42 afin de pouvoir fonder une famille, se marier, et faire ce qu'ils n'ont pas pu faire dans leur pays d'origine, qui est le Maroc.
06:48 Ou le Maghreb, généralement.
06:50 Ceux qui sont ici des pays immigrés, et voilà, pour moi, je trouve qu'il y a vraiment une évolution,
06:56 et que voilà, ils ont aussi leur place parmi la Belgique.
07:00 - Alors selon moi, ça a apporté une aide qui était plus que nécessaire à la reconstruction de la Belgique après la Deuxième Guerre mondiale.
07:08 Le sale boulot, malheureusement, a été fait par les immigrés, et non pas par les Belges même.
07:14 - Beaucoup de choses, déjà la diversité, ça ramène beaucoup de culture, et aussi, on va pas se mentir, l'économie, elle marche plutôt bien avec les étrangers.
07:26 - Moi j'ai bien, c'est intéressant ce genre de réaction.
07:33 C'est vrai que les jeunes sont impliqués directement dans cette, ce sont les fruits de cette immigration.
07:39 Qu'est-ce que tu en as pensé, Fatine ?
07:41 - Bah écoute, c'était... - C'était très premier degré en tout cas.
07:45 - Voilà, très premier degré, et je pense que c'est très bien de faire ce genre d'émission,
07:49 parce que ça leur permet de savoir quel a été l'impact positif de cette immigration.
07:53 Et c'est vrai, ils l'ont cité, diversité culturelle, la contribution socio-économique de la société belge, voilà, et puis c'était intéressant.
08:03 - Merci Badié pour cette telle interview, toi de l'émission.
08:06 Alors, bien sûr l'immigration marocaine, qui a commencé le 17 février 1964, après une signature d'une convention, un accord bilatéral, en Turquie, et quelques mois après...
08:19 - En juillet. - En juillet, c'est ça.
08:21 Comment c'est passé ? Est-ce que, il y a des similitudes avec, parce qu'on parle beaucoup de l'immigration marocaine,
08:26 comment c'est passé concrètement cet accord, ce traité, cette convention ?
08:30 - C'est plus ou moins la même chose que le Maroc, c'est la demande de main d'oeuvre par rapport à la Turquie.
08:35 Et ce ne sont pas des Turcs qui sont venus, ce sont juste des citoyens d'Emirdag.
08:42 - Ok, c'est vrai, j'ai une question que je voulais poser, ça fait très longtemps que je voulais poser cette question,
08:46 et j'ai pas eu l'occasion, parce qu'en plus c'est fou, je suis fréquent... moi j'habite Saint-Jos, donc à un moment donné je suis quasi Turc.
08:52 - Boulangerie Emirdag, pizzeria Emirdag, snack Emirdag.
08:58 - Moi j'ai une question, pourquoi Emirdag ? Parce que Emirdag c'est où ? C'est le centre de la Turquie, c'est ça ?
09:03 - C'est près de la capitale, c'est au centre. - Pourquoi Emirdag spécialement ?
09:06 - D'abord, comme on peut voir la plaque sur Emirdag, il y a 30-40 ans de ça,
09:12 beaucoup de Belges pensaient que Emirdag était une zone géographique plus grande que la Turquie.
09:17 Ils demandaient aux Turcs, est-ce que Emirdag est plus grand que la Turquie ?
09:21 - Ah d'accord, elle est très peuplée cette région ?
09:25 - Pas du tout, il n'y a plus personne. - Ah, ils sont tous à Saint-Jos, c'est normal.
09:31 - Ils sont tous à l'étranger. Vous savez, à Emirdag, si vous allez maintenant, vous avez plus ou moins 20 000 habitants.
09:37 Quand vous allez en été, vous avez plus ou moins 100 000 personnes en plus qui viennent dans ce petit village.
09:42 Donc, ça a fait qu'à Emirdag, à un moment donné, il n'y avait plus personne.
09:48 Tout le monde était à l'étranger, en France, en Turquie, en Belgique, d'Emirdag en Belgique, et surtout en France.
09:55 C'est vraiment les deux pays où l'immigration s'est faite d'Emirdag.
09:59 Et pourquoi Emirdag ? Parce que, selon des historiens, selon des dits, ce n'est pas vraiment confirmé,
10:06 mais une personne est venue d'Emirdag. - Parce qu'elle était forte, c'est des hommes forts,
10:10 ils ont dit "voilà, nous, on veut des hommes d'Emirdag comme ça pour aller dans les mines".
10:14 - Comme le disait dans l'interview, on ne pouvait pas se marier là-bas, il fallait se marier,
10:20 donc ils sont venus ici pour se marier. Non, blague à part, la communauté d'Emirdag est une communauté
10:27 qui migrait beaucoup, donc c'est une communauté migratoire, donc elle n'était pas d'Emirdag.
10:34 Emirdag, qui veut dire "les montagnes d'Emir". - Ah oui, c'est ça la signification ?
10:39 - C'est ça la signification. "Emir", "dag", "dag" c'est "montagne". - Ok, rien à voir avec "Emirkir",
10:44 c'est pas les montagnes d'Emirkir. - Il vient de là, mais c'est pas ce qu'il a.
10:47 - Je pose la question !
10:49 - Non, voilà, c'est vraiment, ça s'est passé dans les années 60, même avant la migration,
10:58 que la première personne est venue en Belgique. - Ah ouais ? Tu connais son nom ?
11:02 - J'avais noté son nom, c'était Ahmed Öztürk. - Ah, c'est très bien !
11:08 - Ahmed Öztürk, une des premières personnes, et son surnom c'était "Le Méchant".
11:13 - Le Méchant ? Ok. Pourquoi "Le Méchant" ? - Parce qu'il n'était pas gentil.
11:17 - Pourquoi "Le Méchant" ? On va se faire une petite pause, et tu vas répondre juste après.
11:21 - De retour ici dans les studios d'Arabel, vous pouvez nous voir aussi,
11:31 vous pouvez réagir ici sur, toujours le même numéro, 0488 106 800, 0488 106 800,
11:38 et nous voir aussi sur le www.arabel.fm en live stream.
11:44 - Bah dis, tu as posé des questions aux jeunes, et toi en tant que jeune, moi je te pose la question,
11:47 on n'a pas eu ton avis, pour toi qu'est-ce qu'elle a apporté l'immigration après 60 ans ?
11:53 - Déjà l'immigration, ça a apporté déjà les gares, tout ça, parce que c'est nous, les Marocains,
12:00 on est venus, on a construit les gares, on a apporté, je trouve que l'économie maintenant
12:05 elle se porte plutôt bien en Belgique, et je pense que c'est en partie grâce aux immigrés.
12:10 - Alors à la base, c'était, on va parler, "parti pour rester", donc à la base c'était juste pour travailler,
12:16 d'ailleurs c'était une discrète convention, ils appellent ça "d'occupation de travailleurs marocains",
12:23 et ensuite, Fatine, qu'est-ce qui s'est passé ? Ils sont restés, pourquoi ?
12:28 Est-ce que tu as une signification à ce niveau ?
12:31 Toi ta grand-mère elle est venue, bon c'est différent, l'histoire est différente,
12:34 mais est-ce qu'elle t'a raconté qu'elle voulait repartir, ou bien elle est arrivée pour rester ?
12:38 - Il y a toujours eu ce fantasme de rentrer au pays, de construire un avenir meilleur,
12:42 et puis de rentrer au pays, mais évidemment, comme on a dit, on vient ici, on a une famille,
12:47 on a des enfants, puis les enfants commencent leur scolarité, puis ils font des études supérieures,
12:52 et puis eux-mêmes se marient, et puis il y a des petits-enfants,
12:55 et donc le retour devient une possibilité d'une seconde déchirure, donc c'est quand même compliqué.
13:00 Même si maintenant nos grands-parents pensent à rentrer au pays, le papa dit "oui, on y va, on y va",
13:05 et puis la grand-mère elle dit "bah non, moi il y a mes enfants, il y a mes petits-enfants,
13:08 je n'ai pas envie de les laisser", donc il y a vraiment une deuxième déchirure, et un peu compliqué.
13:13 - Vous savez, moi ce que je pense, le moment où ils ont décidé de rester, c'est mon avis, je ne suis pas historien,
13:19 le moment où ils ont décidé de rester, je pense que c'est après l'ouverture de la première boucherie,
13:25 parce que, boucherie halal bien sûr, je dis ça, ça c'est un signe,
13:30 s'il y a une boucherie halal, on va tous rester, je pense qu'ils avaient tous leur valise,
13:34 alors s'il y a une boucherie halal, non on va rester, parce que c'est ce qu'il nous fallait.
13:38 Qu'est-ce que tu en penses toi Safa ?
13:40 - Tout d'abord, je dois me rectifier sur la communauté turque qui vient des merdas,
13:44 parce que j'ai beaucoup de commentaires qui viennent...
13:46 - Ouh là là !
13:48 - Tu sais, attends, attends, Safa, moi je te dis, si tu as besoin d'une naturalisation,
13:54 j'ai des contacts au consulat,
13:58 - J'espère que ça ne va pas coûter trop cher.
14:00 - Non, bien sûr, mais on fait tous des erreurs, sur moi j'en ai fait pas mal aussi depuis le début.
14:03 - Ce qui est très chère, c'est qu'on dit qu'on vient des merdas,
14:06 mais aussi il y a une grande communauté présente à Bruxelles,
14:09 c'est ceux qui viennent de Cogna, la ville des dervish-tourneurs.
14:13 - J'étais il y a quelques années à Cogna, magnifique, c'est là les montagnes,
14:17 avec de la neige et tout, très belle petite ville.
14:20 - Elle est connue pour les dervish-tourneurs.
14:22 - Exactement, les dervish-tourneurs c'est cette espèce de toupie humaine,
14:26 avec un chapeau, c'est très beau.
14:28 - C'est magnifique, c'est pour ça que d'abord je devais me rectifier,
14:31 sinon ils ne vont pas me récifier.
14:33 - Pourquoi la communauté, les premiers turcs, les premiers arrivants,
14:37 pourquoi ils ont décidé de rester ?
14:39 Est-ce que c'est pareil, ils se sont dit "on va travailler et puis retourner au pays" ?
14:45 Est-ce qu'il y avait la même optique ?
14:47 - Il y avait la même optique, je peux donner l'exemple de mon grand-père,
14:51 il est venu 5 ans après les conventions, c'était aussi un des premiers arrivés,
14:57 c'était le plus jeune à l'époque, il avait 18 ans, il récolte l'argent qu'il avait travaillé,
15:05 il ne gaspille rien pour retourner.
15:07 Mais à un moment donné, ils ont vu qu'il y avait un ami qui s'est fait naturaliser,
15:11 "ah, s'il s'est fait naturaliser, pourquoi pas nous ?"
15:14 Ils ont dit "ah, pourquoi pas acheter une maison par après ?"
15:16 Ils ont acheté, puis ils ont dit "ah, on va ramener la femme, elle nous manque,
15:20 puis on va retourner", et puis des enfants, et voilà.
15:22 - Alors justement après ils sont restés, puis le regroupement familial,
15:25 et je pense que même après le regroupement familial,
15:28 ils avaient cette optique encore d'y retourner à Fatin.
15:32 - Mais je crois qu'il y en a encore aujourd'hui qui ont cette optique de retourner,
15:36 - Ah, c'est quand même un peu trop tard quand même !
15:38 Après 60 ans, monsieur !
15:40 - Les plus âgés ont envie de rentrer, mais c'est la difficulté justement de laisser,
15:44 c'est devenu, la Belgique est devenue le pays d'accueil,
15:48 ça devient notre pays, on a aussi du mal à le quitter,
15:51 donc comme j'ai dit, c'est une seconde déchirure, et ça c'est difficile.
15:54 - Exactement, j'imagine, j'imagine.
15:56 Bah dis-toi, ce que tu parles, c'est plutôt quoi, tes grands-parents ?
15:58 - Ouais.
15:59 - Est-ce que tes grands-parents te parlent justement du moment où ils sont venus ?
16:04 - On m'a pas spécialement raconté, mais je sais que...
16:07 - Ton père peut-être t'a raconté, ton père ?
16:09 - Ouais.
16:10 On avait fait une vidéo avec Amara Cartier justement,
16:12 pour retracer toute l'histoire de l'immigration en Belgique,
16:16 que j'ai jouée dedans, et franchement, c'est une très bonne vidéo,
16:20 elle m'a bien expliqué, que j'ai bien pu comprendre,
16:23 et franchement, mon père me l'a raconté, on va dire, par cette manière.
16:28 - D'accord, qu'Amara Cartier bien sûr, qui est ce groupe qui fait des vues,
16:32 et dans lequel tu joues aussi.
16:34 Alors, regroupement familial, après, il y a eu les enfants,
16:40 et la scolarité, là, je pense qu'ils se sont dit,
16:43 bon, on va pas peut-être retourner,
16:45 parce qu'une fois que l'enfant est à l'école,
16:47 ça c'est un pied, on va dire, c'est l'encre qui est déposée au fond du pays.
16:54 La scolarité, Safa, comment ça s'est passé en tant que fils d'immigré ?
17:00 - La scolarité, pour moi, comme je suis né ici, ça a pas été difficile.
17:04 Voilà, on a subi quelques problèmes, et tout le monde subit ça,
17:08 on va pas directement parler de racisme, de problèmes,
17:11 voilà, on a tous subi des petits couacs dans notre scolarité,
17:15 et ça a été le problème de la communauté belgo-turque,
17:18 c'est peut-être que nous sommes trop turcophones,
17:22 donc on parle trop le turc chez nous,
17:24 qui est magnifique, parce qu'on doit apprendre d'abord la langue maternelle
17:27 pour apprendre une deuxième langue, qui est la langue turque,
17:29 mais après on a un peu plus difficile avec le français.
17:31 - Oui, bien sûr, on va parler justement de la langue avec Fatine,
17:34 mais tu as dit qu'il y a eu des difficultés au début dans ta scolarité,
17:38 est-ce que c'est normal ?
17:40 Est-ce que tu penses que c'est normal d'avoir autant de difficultés au début ?
17:43 - Malheureusement ce n'est pas normal,
17:45 c'est qu'on nous renvoie toujours à nos racines,
17:47 nous sommes fiers d'être turcs,
17:49 nous sommes fiers d'avoir des racines en Turquie,
17:52 mais malheureusement, quand on part en Turquie,
17:54 on est vu comme des belges, on n'est pas vu comme des turcs à 100%.
17:57 On vient ici, on ne nous voit pas comme des belges,
17:59 on nous voit comme des turcs,
18:00 après il y a une manque, il y a une identité qui s'est créée chez nous,
18:03 donc les belgo-turcs, c'est vraiment, c'est devenu une identité,
18:07 et donc on a difficile à faire accepter,
18:10 des deux côtés, je parle des deux côtés, notre identité.
18:13 - C'est vrai, il y a un problème identitaire,
18:15 surtout la deuxième génération, parce qu'on parle,
18:17 encore maintenant, quand je vais au Maroc,
18:19 on m'appelle le Belgigo, à Tangier, c'est-à-dire le belge,
18:22 et ici, moins, mais avant, voilà, t'es de quel pays ?
18:27 T'es marocain, t'es marocain.
18:29 Mais quand je parlais de difficultés à l'école,
18:30 c'est aussi nos parents qui disaient toujours oui,
18:32 parce qu'il y avait la barrière de la langue aussi, Fatine.
18:34 - Moi je crois qu'il faut, avec ces commémorations,
18:37 il faut quand même reconnaître qu'on a dû faire face à de nombreux défis,
18:40 notamment nos grands-parents, quand ils sont arrivés,
18:43 et nos mamans, qui ont eu des problèmes linguistiques,
18:46 dans un pays qu'ils ne connaissent pas,
18:48 donc il y a eu vraiment des problèmes au niveau de la langue,
18:50 et je pense que c'est pour ça qu'on se replie vraiment sur ce qu'on connaît,
18:52 et donc on parle, nous les marocains, c'est la derija,
18:55 on essaye de la transmettre à nos enfants,
18:57 moi j'ai grandi avec une grand-mère et une maman,
19:00 et on ne parlait que cette langue-là à la maison.
19:02 Aujourd'hui, ça devient plus difficile,
19:04 et c'est vrai que les troisième, quatrième génération,
19:05 ont un peu plus de difficultés avec la langue,
19:07 et vraiment, moi, je supplie tous les auditeurs
19:11 de parler la derija à la maison.
19:13 - Justement, parler de derija,
19:14 on parlait, tu as fait une bonne...
19:15 tu as anticipé ma prochaine question,
19:17 qu'on serait dans la langue, juste un petit point.
19:19 - Moi par exemple, je suis de la troisième génération,
19:21 donc ma mère était née déjà ici,
19:22 donc moi j'avais plus facile à l'école,
19:24 j'ai pas eu ce problème, c'est...
19:25 quand j'avais des problèmes, je devais...
19:27 je dois pas le dire, mais quand je devais lire des livres,
19:29 par exemple, je donnais à ma mère, c'est elle qui lisait,
19:31 elle me faisait des résumés.
19:32 - Ah, c'est très bien, c'est très bien, elle t'a aidé.
19:34 C'est vrai que le derija, le dialecte marocain,
19:36 c'est une langue qui ne s'écrit pas.
19:38 - Tout à fait.
19:39 C'est une langue qui se transmet, donc, de bouche à oreille,
19:41 de génération en génération, mais elle ne s'écrit pas.
19:43 C'est pas comme l'arabe classique, l'arabe littéraire,
19:45 ou l'arabe du Coran, qui est donc une langue qui s'écrit.
19:48 Et c'est pour ça que c'est très important de la transmettre.
19:51 - On me dit, si... bon, je dis pas qui c'est,
19:53 on me dit comme le riff, mais...
19:55 le riff, il s'écrit, mais...
19:57 - Il s'écrit, mais voilà...
19:58 - Avec des dessins, avec des dessins.
20:00 Voilà, je suis riff, donc je sais de quoi je parle.
20:02 De tanger, bien sûr.
20:04 La langue, c'est très important.
20:05 C'est vrai que, vous, chez les Turcs,
20:08 la langue, c'est quasi une institution.
20:11 Vous parlez turc entre vous.
20:12 C'est justement pour ça, pour préserver ce patrimoine ?
20:15 - C'est pour préserver ce patrimoine.
20:17 Peut-être qu'au tout début, c'était pas inné,
20:20 donc on n'était pas là pour dire,
20:22 on doit garder la langue, on doit garder la culture,
20:25 mais la télé, donc les séries turques,
20:28 la politique qui est suivie, les journaux,
20:30 ça a fait comme quoi que les Turcs, ici,
20:33 parlent couramment, donc le turc à la maison,
20:35 et donc ont la langue gardée.
20:37 - 19h30, parti pour rester,
20:39 et dans quelques instants, on va parler de l'âge d'or
20:41 de l'immigration.
20:42 On est avec vous jusqu'à 20h dans cette spéciale
20:44 60 ans d'immigration turque et marocaine en Belgique.
20:52 19h33, ici, de retour dans les studios d'Arabel.
20:56 Vous nous écoutez depuis le 106.8 FM
21:01 sur le 3xw.arabel.fm.
21:03 Alors on parlait de la langue fatale,
21:05 qui voulait répondre sur la langue parlée,
21:07 le darija.
21:09 - Oui, effectivement, je voulais juste dire que,
21:11 nous, l'immigration marocaine,
21:13 on a vraiment voulu, on a tenté de s'intégrer au maximum,
21:16 et qu'est-ce qu'on a fait pour nos enfants
21:18 et nos petits-enfants ?
21:19 On les a mis dans des écoles néerlandophones,
21:21 francophones, en se disant,
21:23 non, non, il ne faut pas trop les perturber avec la darija.
21:25 Et donc, malheureusement, on a perdu cette langue à la maison.
21:27 Et on se rend compte que les 3e, 4e générations
21:30 ne parlent plus la darija.
21:32 Parce qu'ils se sont mis aux néerlandais,
21:34 à l'anglais, au français, pour pouvoir travailler, etc.
21:37 Et donc, je trouve ça dommage.
21:39 - Bah dis, par exemple, avec tes parents,
21:41 tu parles en darija ou tu parles en français ?
21:44 - Vraiment pas.
21:45 - Tu fais partie de la 3e génération, précisément.
21:47 - Justement, avec mes parents, il n'y avait que le français.
21:49 Français, français à la maison.
21:51 Et des fois, ma mère me donnait quelques mots
21:53 par-ci par-là,
21:55 "Eftah el beb", tout ça, la base, on va dire.
21:57 Et finalement, oui, on m'a mis dans une école néerlandophone aussi.
22:00 Donc, je parle le néerlandais, le français, et c'est tout.
22:03 - Et ça ne te manque pas ?
22:04 Ce n'est pas quelque chose que tu regrettes, maintenant ?
22:06 - Justement, oui. J'ai envie d'apprendre le darija,
22:08 parce que j'ai du mal, maintenant, quand on va en voyage au Maroc,
22:10 parler avec la famille, tout ça.
22:12 C'est pour ça que j'aimerais bien apprendre le darija.
22:14 - Ça, c'est vrai, parce que, et ce n'est pas une blague,
22:16 je suis, il n'y a pas très longtemps, une belge,
22:19 une belgo-belge, qui m'a posé la question,
22:22 "Oussama, est-ce que tu connais des endroits
22:25 où apprendre le darija ?"
22:27 C'est vrai, ce n'est pas... Normalement, on apprend l'arabe,
22:29 l'arabe classique, mais le darija.
22:31 Parce que, voilà, c'est le Maroc, ils aiment bien aller au Maroc,
22:34 et ils voudraient parler en dialecte marocain.
22:37 Et je trouve qu'avec, justement, on va parler de ton recueil,
22:40 ça se propage de plus en plus.
22:43 - Oui, je crois qu'il y a un vrai retour aux sources,
22:46 d'où le titre du recueil.
22:48 Je crois qu'on a envie, vraiment viscéralement,
22:50 de retrouver ses origines et de garder ce lien
22:53 avec notre pays et notre langue.
22:55 La langue fait notre identité, donc c'est important de la conserver.
22:58 - Alors, on va parler de l'âge d'or, maintenant.
23:00 L'âge d'or de l'immigration.
23:02 Il y a des auteurs, comme Fatin,
23:05 des hommes politiques aussi, comme Safa,
23:07 des sportifs, je ne parle pas pour moi,
23:09 des policiers et des scientifiques.
23:11 Alors l'âge d'or, il y a un âge d'or extraordinaire.
23:14 Il y a beaucoup de personnalités, maintenant,
23:16 issues de la troisième, maintenant de la quatrième génération même.
23:19 Et il y a un message ici, la reconstruction rapide de l'Europe,
23:22 après la guerre, n'a pas été possible
23:25 sans les travailleurs migrants.
23:27 Oui, ça on parle bien sûr, la Belgique a eu besoin de l'Inde-Europe
23:30 après la seconde guerre mondiale, mais de l'âge d'or,
23:32 il y a une belle génération.
23:34 - Franchement, c'est vraiment l'âge d'or.
23:37 On a des médecins, des cardiologues reconnus et nommés,
23:40 des jeunes médecins qui viennent de sortir,
23:43 des avocats reconnus et des jeunes.
23:46 Mais je suis surtout fier, moi, des hommes d'affaires,
23:50 des indépendants, des jeunes et des plus vieux,
23:53 qui ramènent un surplus à l'économie bruxellois et belge,
23:58 qui donne l'oxygène.
24:00 Parce que franchement, c'est des emplois en plus,
24:03 c'est de l'argent en plus, c'est des impôts payés en plus,
24:05 c'est des taxes payées en plus.
24:06 Et franchement, moi, je trouve que les enfants d'immigrés,
24:10 donc nous, que ce soit la communauté belgo-turque
24:12 ou que ce soit de la communauté belgo-marocaine,
24:14 côté socio-économique, on est un surplus pour la Belgique.
24:18 - Et maintenant, qu'est-ce qui est tendance ?
24:19 C'est l'entreprenariat.
24:20 On voit beaucoup, beaucoup de petits-fils d'immigrés,
24:23 qui sont belges, bien sûr,
24:25 mais qui ont vu leurs grands, leurs arrière-grands-parents
24:27 venir ici faire des boulots très difficiles,
24:31 même qu'ils ont détruit leur santé.
24:34 Et maintenant qu'ils sont entrepreneurs,
24:36 c'est beau de voir ça, n'est-ce pas ?
24:37 - Oui, moi, je pense que c'est très important.
24:39 Comme tu as dit, on rayonne un petit peu partout.
24:41 Et on ne rayonne pas qu'en Belgique,
24:43 on rayonne vraiment à travers toute l'Europe.
24:45 Et c'est vraiment très positif.
24:47 - Juillet-août, les rues sont vides.
24:49 - Tout à fait.
24:50 - Les magasins sont fermés.
24:51 - Tu vas te promener à la chaussée de Gant.
24:52 - On ne trouve pas de coiffeur, on ne trouve pas...
24:54 - Pourquoi, ton avis, c'est quoi ?
24:55 - On part tous en vacances.
24:56 - Retour au Blesse.
24:58 - On part tous en vacances.
24:59 - Ça prouve que l'économie, l'immigration, en tout cas...
25:04 - En tout cas, on consomme énormément.
25:06 On est des grands consommateurs.
25:07 Et c'est vrai que l'économie, grâce à ça, ça tourne.
25:09 - Juste avec le nombre de snacks, je peux dire qu'on est présents.
25:12 - C'est vrai, c'est vrai.
25:13 Et pourquoi autant de snacks ?
25:14 Il y a une explication par rapport à ça ?
25:16 Est-ce qu'Amyrdax était une spécialité ?
25:18 Non, c'est une vraie question.
25:19 - Non, non, c'est vraiment pas une spécialité.
25:21 Les snacks, c'est devenu vraiment un truc bruxellois.
25:23 C'est comme le Cap Salon qui vient du Limbourg.
25:27 Pourquoi Cap Salon ?
25:28 Parce qu'un coiffeur demandait le Cap Salon,
25:31 qui est fait maintenant avec cette spécialité, de cette manière-là.
25:34 Et donc, on l'a appelé Cap Salon.
25:35 Et c'est devenu à Bruxelles.
25:36 Au Limbourg, ça fait huit ans maintenant qu'il y a ce truc.
25:38 Mais maintenant, ça fait quelques années que c'est à Bruxelles.
25:40 - Et le premier snack, tu sais...
25:42 - J'ai pas envie de dire de bêtises.
25:44 - Sans citer de nom, mais c'est à Bruxelles ?
25:46 - C'est à Bruxelles.
25:47 C'est à Bruxelles, c'est bruxellois.
25:48 C'est surtout la crudité, la sauce.
25:51 Parce qu'on n'a pas...
25:52 - On ferait une mission culinaire, on est là.
25:54 - C'est surtout savoir que la sauce est vraiment belge.
25:57 Quand tu vas en Turquie, tu manges un döner kebab, t'as pas de sauce.
26:00 - On mange bien, bien sûr, en Turquie.
26:01 - On mange au maire, on a pas de sauce.
26:02 C'est vraiment...
26:03 Les frites, les frites sont belges aussi.
26:05 Donc, on a vraiment fait un mix.
26:06 On a créé le snack, les hamburgers, le poulet.
26:08 C'est vraiment créé.
26:09 Et maintenant, on a des snacks connus, comme par exemple,
26:12 Serre d'Ars.
26:13 - Il y en a beaucoup, il y en a beaucoup.
26:15 Badi, Badi, toi, j'imagine que tu consommes...
26:19 D'ailleurs, tu as préparé un quiz.
26:20 On va pas le dire tout de suite, mais en fin d'émission,
26:22 tu as préparé un quiz, justement.
26:23 Il est basé sur quoi, ton quiz ?
26:25 - Il est basé sur la culture marocaine et turque.
26:28 - Parce qu'on parle de l'immigration,
26:29 on parle de ces communautés-là, mais est-ce qu'on les connaît vraiment ?
26:32 Donc, n'hésitez pas à rester avec nous jusqu'à la fin de l'émission
26:34 pour essayer de répondre à ce quiz.
26:38 Alors, pourquoi il est si important, Fatine,
26:40 avant de parler, bien sûr, de ton livre,
26:44 pourquoi il est si important, enfin, ce devoir de mémoire,
26:46 de parler, justement, à ces nouvelles générations,
26:49 de parler, de dire qu'il y a 60 ans, il y a tes grands-parents,
26:52 ton arrière-grand-père qui est venu, qui a fait ceci, qui a fait cela.
26:55 - Mais je pense que c'est important de leur expliquer
26:57 leur légitimité ici sur le territoire,
26:59 parce que, justement, ils font face à plein de défis,
27:01 les stéréotypes, les préjugés, la discrimination au travail,
27:05 on va pas se mentir, ça a bien évolué,
27:07 mais il y a encore du travail.
27:10 Donc, c'est très important de savoir pourquoi ils sont là
27:13 et qu'est-ce qui s'est passé, pourquoi leurs grands-parents sont venus,
27:16 quel est l'impact, qu'est-ce que ça a amené, cette immigration marocaine.
27:19 C'est très important d'être reconnu, en tout cas, dans ce qu'on a fait.
27:23 Donc, je pense que c'est très bien de faire ce genre d'émission,
27:25 parce que c'est un hommage et une sorte de reconnaissance
27:27 de nos grands-parents et de nos parents.
27:29 - Bien sûr. Et on est avec vous jusqu'à 20h dans cette spéciale
27:32 "60 ans de l'immigration turque et marocaine".
27:35 À tout de suite.
27:36 19h41, de retour ici dans les studios d'Arabel.
27:45 - On est avec vous jusqu'à 20h.
27:46 On m'a dit qu'il y a même des comptes TikTok pour apprendre le darija.
27:51 Alors ça, si ça, c'est pas de l'évolution, ça.
27:54 Si ça, c'est pas de l'évolution.
27:57 Alors justement, Badi, on va parler de cuise,
28:00 mais juste avant, j'aimerais rebondir sur ce que tu as dit, Fatine,
28:03 sur le fait que c'est un devoir de mémoire, justement,
28:07 pour les enfants de la nouvelle génération turque et marocaine,
28:11 de pouvoir leur expliquer un peu leurs histoires, leur patrimoine,
28:14 parce que c'est un patrimoine.
28:15 C'est vrai que maintenant, c'est triste à dire,
28:17 mais après, ils ont certainement le raison.
28:19 Il y a beaucoup d'enfants qui ne vont plus au pays,
28:22 au bled, comme on dit, le pays de leur grand-père ou de leurs arrière-grands-parents.
28:27 - Oui, moi, je pense que c'est aussi un devoir des parents
28:30 d'inculquer ça à leurs enfants, de les éduquer de cette manière-là
28:33 et de leur apprendre l'importance de leurs origines.
28:37 C'est vrai, on est des Belgos marocains.
28:39 On s'est adaptés ici à la culture belge,
28:41 mais on a quand même des origines.
28:42 Et c'est très important.
28:44 Moi, je dis toujours, on ne peut pas devenir quelqu'un de bien
28:46 si on ne sait pas d'où l'on vient.
28:48 Parce que là, on est perdu, sinon.
28:50 Et c'est très important de reconnaître ses racines et ses origines.
28:52 - Bien sûr, parce qu'ils pourraient dire,
28:54 "Moi, je n'ai plus personne au pays, il n'y a plus personne,
28:56 il n'y a plus de famille.
28:57 Pourquoi je vais aller au Maroc ou en Turquie ?
28:59 Je vais en Espagne ou un peu partout dans le monde.
29:02 Le monde est assez grand."
29:04 Mais ce n'est pas seulement pour visiter la famille, c'est pour justement...
29:06 - C'est un lien émotionnel, je pense, qu'il faut garder.
29:09 - Moi, je le dis toujours, et on m'a appris,
29:11 mes parents m'ont toujours dit,
29:13 "Ti-Fiston, il faut que tu arroses tes racines
29:17 pour donner des fruits, pour donner des feuilles,
29:20 et pour pouvoir faire profiter aux autres.
29:24 N'oublie pas d'où tu viens,
29:26 pour que les autres, où tu es venu, puissent bénéficier de toi."
29:30 Donc, pour moi, c'est très important.
29:32 Dans la communauté turque, on a ça.
29:34 Le retour, par exemple, Emir Dag, c'est le pèlerinage.
29:36 Tu es obligé d'aller une fois par an.
29:38 C'est le pèlerinage.
29:40 Tu dois mettre un pied, même s'il n'y a rien.
29:42 Franchement, je t'invite une fois à venir à Emir Dag.
29:44 Tu es le bienvenu.
29:46 Tu vas voir qu'il n'y a rien.
29:48 - Mais c'est la campagne.
29:50 - C'est la campagne.
29:52 - Pour moi, c'est tout.
29:54 - Je parle bien pour la jeunesse.
29:56 - Il faut leur faire aimer la campagne.
29:58 - Je voulais juste rebondir, Oussama,
30:00 parce qu'on se rend compte que les 3e, 4e générations
30:02 ont un désir de retour au pays.
30:04 On a un désir d'aller contribuer à l'économie marocaine.
30:06 Donc, moi, dans mon entourage et dans ma famille,
30:08 j'ai plein de cousines, de cousins
30:10 qui sont rentrés au pays pour travailler là-bas.
30:12 Donc, je pense qu'il y a quand même un retour aux sources
30:14 qui est assez intéressant.
30:16 - C'est encore une fois le rôle des parents pour pouvoir inculquer
30:18 ces valeurs à leurs enfants.
30:20 Leur dire, voilà, c'est ton pays,
30:22 c'est tes racines.
30:24 N'oublie pas d'où tes parents, tes grands-parents
30:26 et tes avec grands-parents viennent.
30:28 Bah dis, justement, parler de la culture.
30:30 On parlait de la culture turque et marocaine,
30:32 ces communautés lamesques.
30:34 On les connaît vraiment.
30:36 Donc justement, tu vas nous tester,
30:38 tu vas tester aussi nos chers auditeurs et auditrices.
30:42 Alors, je te laisse la parole.
30:44 - OK. On va commencer directement.
30:46 On ne va pas attendre.
30:48 Est-ce que vous connaissez vraiment la culture marocaine turque ?
30:50 Première question.
30:52 Combien de pays doit-on traverser pour arriver en Turquie ?
30:54 - Ça, tu t'es rallisé, Fatine.
30:56 Réponds. Combien de pays ?
30:58 - J'ai aucune idée.
31:00 Je dirais trois.
31:02 - Trois pays ?
31:04 - La réponse,
31:06 déjà, c'est la mauvaise réponse.
31:08 - Il a commencé par ça, déjà.
31:10 C'est une mauvaise réponse, déjà.
31:12 - Peut-être que tu veux bien répondre, on ne sait jamais.
31:14 - Non, ça dépend.
31:16 - Il y a des merdogs.
31:18 - Si c'est en avion, tu ne passes pas de pays.
31:20 - Non, en voiture.
31:22 - Est-ce que tu prends le bateau ? Parce que par l'Italie aussi, c'est possible.
31:24 - Tu ne prends pas le bateau.
31:26 - Donc, on passe par l'Allemagne.
31:28 Après l'Allemagne, tu as l'Autriche.
31:32 Après l'Autriche, tu as la Hongrie et la Serbie.
31:38 Et puis, tu as la Bulgarie.
31:40 Et puis, tu as la Turquie.
31:42 - Donc, cinq.
31:44 - Oussama, il t'a envoyé des questions avant de...
31:46 - Non, parce que je fais...
31:48 - Il a fait 40 000 fois ce voyage.
31:50 - Avec la fameuse camionnette.
31:52 - Est-ce que dans votre camionnette, chez les Turcs,
31:54 il y a le fameux rideau aussi ?
31:56 - Ça, je n'ai pas connu, malheureusement.
31:58 J'aurais bien voulu.
32:00 - Malheureusement, ça, je n'ai pas connu.
32:02 On rentre au Kuik pour manger.
32:04 - À nous, c'était...
32:06 - Quoi tu lui as dit ?
32:08 - Prochaine question.
32:10 Quel est le plat national du Maroc ?
32:12 Alors, on a plusieurs...
32:14 - Il n'y a que des plats nationaux au Maroc.
32:16 - Tout est bon.
32:18 - Mais là, on va en choisir une.
32:20 - Je ne sais pas, moi.
32:22 - Si je ne sais pas répondre à ça,
32:24 je ne peux plus rentrer à Saint-Jos.
32:26 Tagine, couscous ?
32:28 - C'est le couscous.
32:30 - On continue, Badi.
32:32 - Quel est le nom du café traditionnel turc ?
32:34 - Café traditionnel turc ?
32:36 - J'ai plusieurs possibilités, si vous voulez.
32:38 On a le Turkish delight.
32:40 - Turkish delight ?
32:42 - Je ne sais pas comment on dit.
32:44 Le kv, l'espresso,
32:46 ou le cappuccino.
32:48 - À mon avis, c'est le second.
32:50 - C'est le kv.
32:52 - C'est l'accent des Mirdecks, ça ?
32:54 - C'est un accent des Mirdecks.
32:56 - C'est un accent des Mirdecks.
32:58 - C'est pas l'accent des Mirdecks.
33:00 - C'est le kv.
33:02 - C'est vrai.
33:04 - On continue, Badi.
33:06 - Quel est le nom de la célèbre place
33:08 au cœur de Marrakech ?
33:10 - Ça, on va laisser.
33:12 Ça, peut-être.
33:14 Tu ne connais pas ?
33:16 - Là, c'est Jamal Elfna.
33:18 - Très simple, très facile.
33:20 Là, je veux que vous soyez rapide.
33:22 - Quel est le nom du plat turc
33:24 où on met des pièces de viande grillées
33:26 sur une broche ?
33:28 - Le kebab.
33:30 - Le kebab, c'est simple.
33:32 - Comment dit-on "t'es à la menthe"
33:34 en arabe ?
33:36 - "Nana".
33:38 - Justement, il y a un cours
33:40 de prononciation.
33:42 Une dernière, allez.
33:44 - Quelle est la capitale
33:46 de la Turquie ?
33:48 - Ça, il y a un piège.
33:50 - Il y a un gros piège.
33:52 - C'est un peu l'Australie.
33:54 - Je dirais Ankara.
33:56 - Pourquoi on se trompe ?
33:58 - Istanbul, c'est une ville
34:00 que je connais.
34:02 La capitale économique, c'est énorme.
34:04 Ankara, c'est que les paperas.
34:06 - Moi, j'allais dire Emirdag.
34:08 - On a la même chose avec le Maroc.
34:10 Souvent, on pense que la capitale,
34:12 c'est Casablanca.
34:14 - Je crois que j'ai fait une erreur
34:16 en ne disant pas Emirdag.
34:18 - Tu ne vas plus rentrer à Saint-Jean ce soir.
34:20 - Je pense que dans l'ensemble,
34:22 on se connaît un peu plus ou moins.
34:24 Justement, on parlait
34:26 de la langue d'Arija.
34:28 C'est le dialecte marocain
34:30 qui ne s'écrit pas.
34:32 On ne sait pas écrire d'Arija,
34:34 même si on l'écrit,
34:36 mais elle n'a pas une langue
34:38 institutionnelle, un verbe, etc.
34:40 On présente le retour aux sources.
34:42 C'est un recueil de proverbes marocains.
34:44 C'est Fatine Ouébé
34:46 qui nous parle de ça.
34:48 Il y a plein de citations,
34:50 plein de proverbes.
34:52 Les mamans qui nous écoutent,
34:54 ça me rappelle beaucoup ma mère.
34:56 Est-ce que tu peux en sortir quelques-uns ?
34:58 Ce qui est bien dans ce livre,
35:00 vous allez me dire que je ne parle pas
35:02 l'arabe. Il est en arabe,
35:04 il est en français, en phonétique.
35:06 - En fait, il est écrit en phonétique.
35:08 En d'Arija, mais phonétique.
35:10 - La traduction.
35:12 - J'ai fait une traduction littérale mot à mot
35:14 et j'ai mis l'interprétation.
35:16 Je te laisse en citer
35:18 quelques-uns.
35:20 - Moi, j'aime beaucoup
35:22 "l'ifatmet". - C'est connu, ça ?
35:24 - Non, pas désolé. - Ça veut dire
35:26 "ce qui est passé est mort".
35:28 Il faut se focaliser sur le présent et le futur
35:30 et arrêter de pleurer sur ce qui est passé.
35:32 - Maintenant que tu vas l'entendre,
35:34 sur les rues de Scarbax, tu vas l'attendre.
35:36 "L'ifatmet ! Ah ouais, j'ai déjà entendu ça."
35:38 Une autre, peut-être ?
35:40 Je t'en ai dit avant de préparer
35:42 l'émission, avant de lire ton livre.
35:44 Ma mère, souvent,
35:46 en rue, des fois,
35:48 tu peux trouver des pièces,
35:50 des petites pièces, 5 centimes.
35:52 Des fois, ma mère, elle le ramasse,
35:54 parce que ça fait de l'argent.
35:56 "Maman, tu ramasses que des pièces en rue."
35:58 Elle me disait toujours
36:00 "l'oued qui amarre ben le côte".
36:02 Je traduis "le fleuve se remplit
36:04 avec des gouttes".
36:06 C'est une façon de voir les choses
36:08 extraordinaires. - En fait, les proverbes,
36:10 c'est vraiment quelque chose d'universel.
36:12 C'est des mots de bon sens,
36:14 des petites morales de vie,
36:16 qu'on peut dire dans différents contextes
36:18 de notre quotidien.
36:20 Ce qui était intéressant, c'était de les compiler.
36:22 On les cite, on les dit, on les transmet
36:24 de bouche à oreille. L'idée, c'était de les compiler
36:26 dans un livre pour ne pas les perdre.
36:28 J'ai vraiment peur que ça se perde.
36:30 J'ai eu un déclic,
36:32 parce que j'ai grandi avec une grand-mère
36:34 qui ne savait ni lire ni écrire.
36:36 C'est vraiment des préceptes éducatifs.
36:38 Elle nous a éduqués avec ça.
36:40 - Les proverbes, ça peut être un conseil,
36:42 un avertissement, une morale, une sagesse,
36:44 une philosophie, parce que les Marocains
36:46 sont des grands philosophes. - Exactement.
36:48 Ma mère a ramassé tellement de pièces,
36:50 pour l'instant, elle a récolté un petit bassin,
36:52 pas encore un fleuve, mais ça viendra.
36:54 - C'est déjà pas mal.
36:56 - Il est 19h50, on est avec vous jusqu'à 20h
36:58 dans cette spéciale des "60 ans de l'immigration turque
37:00 et marocaine en Belgique".
37:02 (musique)
37:04 (musique)
37:06 Il est 19h53, on est avec vous jusqu'à 20h.
37:08 On va finir, on va clôturer tout doucement cette émission
37:10 dans cette spéciale "60 ans
37:12 de l'immigration turque et marocaine en Belgique".
37:14 (musique)
37:16 (musique)
37:18 (musique)
37:20 Nous restons ici dans le studio
37:22 d'Arabelle. Alors, Fatine,
37:24 on parlait, on parle bien sûr
37:26 de ces hommes qui sont venus, mais on
37:28 parle aussi des femmes, de ces
37:30 héroïnes qui ont levé
37:32 des enfants, qui ont fait un travail extraordinaire
37:34 pour pouvoir
37:36 élever toutes ces
37:38 pépites qu'on voit aujourd'hui, l'âge d'or
37:40 de l'immigration. Il faut mettre en valeur
37:42 ces femmes-là, comme l'a
37:44 été ta grand-mère. - Oui, moi je crois
37:46 que c'est important de parler de ces femmes qui ont accompagné
37:48 leur mari, qui sont venues dans un pays inconnu.
37:50 C'est connu
37:52 et reconnu que c'était le patriarcat.
37:54 Le mari a dit "on y va", elle a pris son bébé
37:56 et elle a suivi. Et donc on a encore
37:58 cette image de la femme soumise qui a suivi son
38:00 mari. Mais non, pas du tout. Les femmes,
38:02 après quelques années, les femmes sont
38:04 devenues les piliers du foyer.
38:06 C'est elles qui ont éduqué des générations et des générations
38:08 d'enfants. C'est elles qui ont commencé à
38:10 gérer l'administratif,
38:12 l'école. C'est elles qui allaient avec
38:14 leur bébé aux consultations au
38:16 aîné. Et donc c'est elles qui avaient vraiment
38:18 un contact avec la société belge. Le
38:20 papa ne faisait que travailler, ramener un salaire
38:22 et la maman était là en soutien. - C'est triste encore aujourd'hui
38:24 de voir encore ces préjugés.
38:26 Moi je prends l'exemple
38:28 de ma mère, mais ce n'est pas un cas isolé. Toutes nos mamans
38:30 en tout cas de la
38:32 première génération, c'est
38:34 elle encore maman. C'est ma mère qui tient à la maison,
38:36 l'économie. - On dit "elle porte la culotte"
38:38 mais c'est vrai. - Exactement. - C'est vrai. Elles étaient
38:40 vraiment le
38:42 centre, le cœur de la maison, c'était les mamans.
38:44 Et ça on n'en parle pas beaucoup. - Il faut le hommage à ces
38:46 enfants-là. - Elles ont une place très très importante dans
38:48 cette histoire qui fait partie de la nôtre. Et il faut
38:50 le reconnaître. - Exactement.
38:52 On va parler, justement, on va continuer à parler de ces fameuses
38:54 expressions en darija qui sont
38:56 traduites et bien sûr avec le sens
38:58 aussi. Tu en as d'autres,
39:00 Fatine ?
39:02 - "Yiddu h'da maqad suf farkchi"
39:04 ça veut dire "on ne peut pas faire
39:06 des choses seules". C'est vrai, on arrive
39:08 à faire... ça veut dire "il faut deux mains
39:10 pour avancer". - Il faut deux mains pour applaudir.
39:12 - Pour applaudir, exactement. Donc ça, ça veut dire
39:14 justement, seuls, on avance, mais
39:16 à deux, quand il y a des projets communs, ça va
39:18 beaucoup plus vite. - Une avec le fer qui
39:20 est collue. - Oui.
39:22 "Darab l'h'di ma haddusron" ça veut dire "battre le
39:24 fer tant qu'il est chaud". Et ça, elle
39:26 est dans toutes les cultures, dans toutes les
39:28 langues, c'est vraiment une... - Elle est plus
39:30 "qasah", elle est plus durante. - C'est un
39:32 proverbe qui est universel et "darab l'h'di
39:34 ma haddusron" ça veut dire "il faut saisir les
39:36 opportunités quand elles se présentent à nous".
39:38 - Il dit "le sabr"
39:40 qui est pas mal.
39:42 Il en a pas mal, il en a pas mal.
39:44 - Il y en a évidemment qui sont beaucoup plus marrantes que
39:46 d'autres, qui sont un peu des petites piques,
39:48 donc voilà, ça est utilisé
39:50 vraiment dans les contextes et moi je le dis
39:52 bien dans le début du livre, les proverbes
39:54 ils sont vraiment... ils peuvent changer de
39:56 signification en fonction du contexte dans lequel
39:58 ils sont dits. - Et c'est un recueil
40:00 justement qui n'est pas destiné
40:02 aux personnes qui parlent d'Arabie Marocaine
40:04 parce qu'il est
40:06 traduit dans
40:08 ses sens. - Moi j'ai
40:10 écrit ce recueil essentiellement pour des jeunes
40:12 comme Badi, parce que moi j'ai aussi des
40:14 enfants et je trouve que c'est très important
40:16 de lire ce genre de trucs pour comprendre
40:18 un petit peu aussi parce que quand je les traduis
40:20 et quand je les explique, ça explique aussi notre
40:22 culture et comment on vit et comment on perçoit
40:24 les choses. - Est-ce que par exemple si moi je ne parle pas
40:26 d'arabe ou je ne parle pas d'alija, je prends quelques expressions,
40:28 est-ce que ça peut me servir en tant que guide,
40:30 un peu de guide comme ça,
40:32 de langue au Maroc, si je sors
40:34 des expressions comme ça en marocain ?
40:36 - Oui, on va voir que t'es bien cultivé
40:38 et que t'es très philosophe. - Je vais parler
40:40 que d'expressions maintenant, c'est bon.
40:42 - J'imagine,
40:44 Safa et Jimanika, vous avez beaucoup d'expressions aussi
40:46 - Non, pas mal. - J'imagine.
40:48 Autant pour en faire
40:50 un recueil, la prochaine fois tu viens avec un recueil.
40:52 - J'en ai pas mal, mais je connais
40:54 un peu les marrons, donc je ne connais pas trop les...
40:56 - Pas d'insultes.
40:58 - Pas d'insultes, non.
41:00 - Fatine, comment tu as eu l'idée
41:02 d'écrire ce recueil justement ?
41:04 Parce que c'est un constat, c'est parti d'un constat.
41:06 - C'est parti d'un constat avec mes enfants,
41:08 je me disais que c'était intéressant de transmettre
41:10 et de leur expliquer ces choses-là.
41:12 C'est aussi, comme je t'ai dit tout à l'heure, j'ai grandi
41:14 avec des proverbes qui ont été des préceptes
41:16 éducatifs de ma grand-mère, et je trouve
41:18 que c'est hyper important. Et en même temps,
41:20 il y a un petit côté ludique. Je pense que
41:22 le lire avec sa maman, ou le lire
41:24 avec ses parents, ou le lire avec ses enfants,
41:26 c'est toujours chouette. On essaye
41:28 de comprendre et on essaye d'aller plus loin dans la réflexion.
41:30 - On parle des expressions, mais surtout qu'il y a des mots
41:32 qui sont encrits dans la langue française maintenant.
41:34 Il y a beaucoup de mots, comme algèbre,
41:36 café, on parle du café.
41:38 - Kif-kif, un kawa. Avoir le seum.
41:40 - Le seum, bien sûr, qui sont vraiment dans le...
41:42 - Ils sont rentrés dans le dictionnaire.
41:44 - Ah ben !
41:48 - Merci, Fatene, d'avoir été avec nous.
41:50 - Merci à vous. - Où est-ce qu'on peut le...
41:52 le trouver ? Où est-ce qu'on peut l'acheter ?
41:54 - Pour l'instant, il faut aller me suivre
41:56 sur les réseaux. Sur Instagram,
41:58 c'est fatene.web.
42:00 Et donc, il y a le lien qui est disponible
42:02 pour commander le livre. - OK, n'hésitez pas. Allez-y.
42:04 Le commandez, franchement,
42:06 et on peut le lire partout. En tout cas, il fait sourire.
42:08 Vous pouvez le feuilleter, et franchement, ça fait sourire
42:10 parce que vous allez vous reconnaître dans pas mal
42:12 d'expressions. - Mais je pense que ce sera comme une petite
42:14 Madeleine de Proust pour les gens. - Exactement.
42:16 - Elle fera vraiment réfléchir et sourire. - Merci, Badi.
42:18 Merci, Badi, d'avoir été avec nous. Badi, tu dois,
42:20 franchement, tu dois lire ce livre.
42:22 - Comme ça, je vais parler en expression avec ma grand-mère.
42:24 - Elle sera très contente.
42:26 Elle aimera bien. - Le Derija, que ce soit le Derija
42:28 ou une autre langue, la langue de vos...
42:30 de vos origines, de vos racines est importante.
42:32 C'est votre patrimoine. Ça fait partie de vous.
42:34 Donc, n'hésitez pas.
42:36 Apprenez-la et propagez-la.
42:38 C'est une partie de vous.
42:40 Merci, Safa, d'avoir été avec nous. - Avec plaisir.
42:42 - On parlait, bien sûr, des générations.
42:44 Bien sûr, la communauté turque
42:46 est ancrée, justement, dans ce milieu d'entrepreneurialité
42:48 depuis très longtemps, depuis petit.
42:50 - Très longtemps, très petit. Et je suis fier de cette
42:52 communauté, surtout en Belgique,
42:54 qui, depuis des années, contribue énormément
42:56 et qui, en même temps, garde sa culture.
42:58 C'est pas comme en Allemagne,
43:00 par exemple, qui, au fur et à mesure,
43:02 perd un peu leur culture, ne savent plus parler
43:04 le turc en Allemagne et donc
43:06 en Belgique, tous les jeunes savent parler
43:08 et surtout ont encore
43:10 cette envie de contribuer
43:12 à l'économie belge. - Merci, Safa, merci,
43:14 Fathine, merci, Badi. Merci à vous, chers auditeurs et auditrices.
43:16 Malheureusement, j'ai eu plein de commentaires.
43:18 J'ai pas pu tous les citer.
43:20 Mais on se donne rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle
43:22 édition de Seconde Grèze. D'ici là, portez-vous bien
43:24 et un bon week-end à vous.