Surtout ne qualifiez pas Christelle d’Intorni de très ciottiste. La députée de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes déteste qu’on doute de son autonomie. Certes, l’élue Les Républicains est très proche de son président de parti, Éric Ciotti. L’ex-maire de Rimplas milite avec lui pour un puissant réarmement du régalien et partage ses convictions très droitières. Les deux conseillers départementaux du même canton de l’Est de la Tinée ont aussi le même ennemi politique : Christian Estrosi. Mais difficile de faire abstraction du fort tempérament qui rend cette avocate indocile et transparaît tout au long de l’entretien qu’elle nous a accordé. Christelle d’Intorni est l’invitée de L’Interview à la une, en partenariat avec Radio Émotion.
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00:00 [Musique]
00:14 Bonjour à tous et bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de Nice Matin, en partenariat avec Radio Emotions,
00:20 une émission que j'ai le plaisir de présenter aujourd'hui avec Frédéric Moris. Bonjour Frédéric.
00:24 Vous êtes le chef de l'édition Nice Métropole du groupe Nice Matin. Bonjour. Notre invité aujourd'hui pour l'interview à la une c'est Christelle Dintorny.
00:32 Bonjour. Bonjour Christelle Dintorny. Vous êtes la députée Les Républicains de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes.
00:37 Bienvenue sur ce plateau. Merci. Et nous allons tout de suite commencer avec une thématique sur l'immigration.
00:42 Jordan Bardella, président du Rassemblement National, tête de liste aux élections européennes du 9 juin, était lundi à Menton.
00:49 Est-ce qu'il est venu chasser sur les terres de la droite azurienne, Jordan Bardella ?
00:54 Alors, je ne suis pas là pour commenter les déplacements des futurs candidats aux élections européennes.
01:00 Jordan Bardella est candidat, comme vous naîtrez justement de le rappeler, aux élections européennes qui approchent, le scrutin est le 9 juin prochain.
01:07 C'est tout à fait logique et normal qu'il se déplace sur l'ensemble du territoire national.
01:11 Il a pris le prétexte de la décision du Conseil d'État du 2 février dernier pour se déplacer au poste aux frontières.
01:18 Je le rejoins, mais évidemment sur un point. Cette décision est une pure folie, puisque cela va entraver le travail de l'État.
01:26 Cela va alourdir considérablement les procédures d'expulsion.
01:31 Et je me joins à la demande d'Éric Ciotti pour demander à notre ministre Gérald Darmanin des moyens supplémentaires pour aider nos forces de l'ordre à gérer cette situation uguesque.
01:40 Même si finalement le ministre de l'Intérieur a dit "grâce à cette loi on expulse plus vite" et il a pris l'exemple de l'imam de Bagnole sur 16, Madjoub Madjoubi, qui l'a expulsé en moins de 24 heures.
01:49 Ce qui est complètement faux, puisque cela va, je vous dis, alourdir considérablement.
01:53 Pour prendre un exemple précis avec la frontière italienne, l'Italie aura jusqu'à 48 heures pour nous autoriser à renvoyer une personne sans papier.
02:00 Donc ça va alourdir les procédures, ça va les rendre beaucoup plus complexes, ça va nécessiter des moyens complémentaires et surtout ça va mobiliser beaucoup plus d'OPJ, d'officiers de poli judiciaire.
02:09 Juste un petit retour sur la présence de Jordan Bardella à la frontière menthonnaise quand même.
02:14 Il était accompagné pour la première fois de Fabrice Leggeri, l'ancien patron d'agence Frontex, qui était à ses côtés.
02:20 C'est quand même une belle prise de guerre pour l'URN, d'autant que je crois savoir que Les Républicains avaient à un moment donné essayé de la tirer aussi sur la liste de François-Xavier Bélani.
02:27 Alors encore une fois, je ne suis pas là pour commenter les candidats qui seront présents pour ces élections européennes sur les différentes listes.
02:38 Donc que ce soit l'URN ou Horizon, de notre côté pour les élections européennes, nous avons la chance d'avoir à la tête de notre liste François-Xavier Bélani,
02:46 qui est un candidat de grande qualité, qui a fait un formidable travail au sein du Parlement européen, qui a fait ses preuves, qui a une grande force de travail,
02:54 et qui sera accompagné de Céline Himard, qui est une jeune femme, une mère de famille, qui est sur le terrain, qui est porte-parole d'Intercéreal et qui représentera une partie de l'agriculture française.
03:03 Donc je pense qu'on a la chance véritablement d'avoir un duo qui incarne la jeunesse et qui incarne la compétence.
03:09 Donc il vaut avoir une agricultrice en seconde position sur la liste qu'un spécialiste des frontières européennes et de l'immigration, c'est ce que vous voulez dire ?
03:14 En tout cas, c'est le choix que nous avons fait et je suis très heureuse de ce choix qui a été fait.
03:18 Le préfet des Alpes-Maritimes se fait exemplaire en matière d'exécution d'obligation de quitter le territoire, les fameuses OQTF. Est-ce qu'il en fait assez, Ugmoutou, selon vous ?
03:28 Je pense que nous avons la chance d'avoir un préfet, encore une fois, vraiment de grande qualité.
03:33 Ugmoutou fait un formidable travail. Il a réalisé un très gros travail dans la vallée de la Vésubie suite au passage de la tempête Aline.
03:40 Il fait un formidable travail au niveau des OQTF. Il fait beaucoup de travail en matière de sécurité également, notamment dans le quartier des Moulins, où ce quartier est gangréné par le trafic de stupéfiants.
03:50 Et j'ai d'ailleurs moi-même pris mes responsabilités en rédigeant une proposition de loi pour lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants.
03:57 On pourrait y venir, effectivement.
03:58 Alors restons un peu sur la politique migratoire. On le voit à Mayotte avec les problématiques que cela pose.
04:03 Est-ce qu'il faut abroger le droit du sol dans tout le pays, comme souhaitent le faire les gouvernements, sur le territoire de Mayotte ?
04:10 Alors Mayotte aujourd'hui est plongée dans un véritable chaos migratoire qui a des conséquences sanitaires, des conséquences économiques, des conséquences terribles pour ce département français.
04:20 Alors je suis heureuse effectivement d'apprendre que Gérald Darmanin envisage de supprimer le droit du sol dans ce département français.
04:27 Simplement, Gérald Darmanin va aujourd'hui se heurter à un principe républicain, que la République est une et indivisible.
04:34 Et donc si on supprime le droit du sol dans ce département, il faudra à mon sens le supprimer sur l'intégralité du territoire.
04:40 Et j'y suis complètement favorable. J'avais d'ailleurs rédigé un amendement en ce sens.
04:45 Ce n'est pas risqué ? Emmanuel Valls a publié une tribune cette semaine dans Le Monde pour dire que c'était une catastrophe que de revenir sur cette disposition.
04:52 Ce n'est pas quelque chose, on n'ouvre pas la route de Pandore, comme il a dit.
04:54 Non, à mon sens, ce qui se passe malheureusement à Mayotte, plane aussi sur notre France métropolitaine et peut un jour se produire sur notre territoire.
05:01 Et je pense que c'est absolument nécessaire. Et je vous dis, j'avais rédigé d'ailleurs un amendement en ce sens, dans le cadre du projet de loi immigration.
05:07 Alors qu'il venait de se censurer un tiers du contenu de la loi immigration, vous avez déclaré, je cite,
05:14 "la décision du Conseil constitutionnel est un nouveau coup d'État politique contre la souveraineté nationale".
05:19 C'est une remise en question de l'État de droit ?
05:22 Nous avions obtenu de grandes avancées dans le cadre de cette loi immigration, qui nous aurait permis de contrôler véritablement l'immigration en France.
05:31 Malheureusement, le Conseil constitutionnel, comme vous venez de le rappeler, en a décidé autrement en janvier dernier,
05:36 en censurant bon nombre de dispositions que nous avions portées, plus d'un tiers.
05:39 Résultat, nous sommes revenus quasiment au texte initial qui était porté par la Macronie.
05:43 Les Français se sont sentis trahis et la démocratie a été bafouée.
05:46 Alors oui, effectivement, j'estime qu'aujourd'hui, le Conseil constitutionnel n'est plus au service de la Constitution, mais au service d'un président.
05:56 Et par ces petites frappes chirurgicales, eh bien, devient une arme de destruction législative.
06:02 C'est grave ce que vous dites. Il y a vraiment une remise en question totale de l'indépendance du Conseil constitutionnel ?
06:06 Alors, tout à fait. Le Conseil constitutionnel, ça a été créé sous la Vème République.
06:10 Il a pour vocation à contrôler la conformité de la loi par rapport à la norme supérieure qu'est la Constitution.
06:17 Donc, il a un rôle qui est primordial et bien évidemment qu'il doit perdurer. La question n'est pas là.
06:21 Néanmoins, au fil des années, il s'est arrogé le droit d'émettre un avis non plus sur le fond des dispositions législatives qui lui sont soumises,
06:31 mais bien sur la forme, par le truchement des cavaliers législatifs.
06:35 Et aujourd'hui, par les cavaliers législatifs, cela permet au Conseil constitutionnel d'écarter un texte, s'il estime qu'il est trop éloigné du texte initial.
06:43 C'est d'ailleurs ce qui a été le cas avec la loi Immigration.
06:45 Et le problème de cette subjectivité, elle est problématique, cette subjectivité, parce que le Conseil constitutionnel, il est politisé.
06:51 Pardonnez-moi le terme, mais dans sa Constitution, il a des personnes qui sont cooptées et il a, à cela se rajoute, les anciens présidents de la République.
06:58 Rappelons-le, le Conseil constitutionnel est formé de trois membres nommés par le Président de la République, trois membres nommés par le Sénat et trois membres nommés par l'Assemblée nationale.
07:06 – Mais ça a toujours été le cas, Christelle Dintormier. – Ça a toujours été le cas.
07:09 – Il n'y a jamais eu de suspicion à ce point, telle que vous l'énoncez aujourd'hui, vis-à-vis de son indépendance.
07:13 – Alors moi, ça fait un an et demi que je suis députée, que je suis parlementaire, donc j'ai deux exemples à mon actif.
07:19 La loi sur l'immigration et la réforme des retraites.
07:22 La réforme des retraites était adossée pour rappel au projet de loi de finances rectificatif pour pouvoir permettre l'utilisation d'un 49-3.
07:29 Et ça, ça a été validé par les sages. Et ensuite, tout a été censuré concernant la loi Immigration.
07:34 Alors oui, pour moi, ces deux exemples ont été frappants.
07:36 Et c'est pour cette raison que j'ai pris mes responsabilités et que j'ai rédigé une proposition de loi, qui est en deux temps.
07:42 La première, c'est encadrer le travail qui est réalisé par le Conseil constitutionnel.
07:48 Ne plus leur laisser la possibilité d'émettre un avis sur la forme, supprimer l'utilisation des cavaliers législatifs
07:55 et ne leur permettre que de travailler sur le fond des dispositions législatives qui leur sont soumises.
07:59 Et je veux revoir également la composition du Conseil constitutionnel.
08:02 J'estime qu'il faut maintenir, effectivement, déjà augmenter le nombre de membres à 10 pour permettre la parité.
08:09 Limiter le nombre de personnes que peut désigner le président de la République à deux.
08:13 Et ensuite, que les huit autres membres qu'ils soient élus.
08:16 Trois membres élus par la Cour de cassation, trois membres élus par le Conseil d'État,
08:20 un membre élu par l'Assemblée nationale et un membre élu par le Sénat pour dépolitiser cette institution
08:25 qui, je vous le dis, n'est plus au service de la Constitution, mais qui est devenue au service du président de la République.
08:32 En un mot, qu'est-ce qu'il faut faire avec tout ce qui a été censuré par le Conseil constitutionnel ?
08:38 Est-ce qu'il faut replancher sur une loi ? Est-ce qu'il faut aller vers un référendum d'initiative populaire ?
08:43 Alors moi, je suis tout à fait favorable à cette initiative de référendum d'initiative partagée.
08:48 Pour la simple et bonne raison que c'est un processus qui est complexe.
08:51 Aujourd'hui, c'est porté par notre président de notre famille politique, Éric Ciotti, par Olivier Marlex et Bruno Taillau,
08:57 qui portent ce projet pour les Républicains.
09:00 Alors ça se déroule en plusieurs étapes.
09:01 La première d'entre elles, c'est recueillir 185 signatures de parlementaires, qui ne sera pas l'étape la plus compliquée pour nous.
09:07 Ensuite, il faut que ce soit validé par le Conseil constitutionnel.
09:10 C'est pour cette raison que nous avons limité à cinq mesures,
09:14 qui sont rattachées aux questions économiques et sociales pour être conformes à l'article 11 de la Constitution.
09:19 Et ensuite, si c'est validé par le Conseil constitutionnel,
09:22 eh bien il faut maintenant valider par le vote de plus de 10% du corps électoral,
09:29 ce qui représente à peu près 5 millions d'électeurs.
09:31 Mais c'est une chance que l'on leur offre, puisque c'est la première fois qu'on peut demander aux Françaises et aux Français
09:36 de s'exprimer sur l'immigration.
09:38 On va passer maintenant à un chapitre lié à la sécurité, si vous le voulez bien,
09:42 avec une question qui vous est posée par Tristan Gasparro, de notre partenaire Radio-Emotions.
09:50 Bonjour Madame le député, j'ai une question pour vous.
09:52 J'ai vu que vous faisiez beaucoup de propositions de loi sur les stupéfiants,
09:56 sur le cyber-harcèlement et les forces de l'ordre.
10:00 Donc ma question, elle est simple.
10:01 Comment compteriez-vous agir sur nos polices municipales et aussi à Nice,
10:06 contre l'insécurité grandissante ?
10:08 Alors, la question étant très large, on va la décliner si vous le voulez bien.
10:12 Les trafics de drogue engrainent les quartiers, c'est un secret pour personne.
10:15 Des opérations place nette sont organisées régulièrement.
10:18 Est-ce que tout cela est efficace et suffisant d'après vous ?
10:21 D'après moi, ce n'est pas suffisant.
10:23 On a tout un arsenal législatif qui existe concernant les narcotrafiquants,
10:27 mais aujourd'hui très peu de dispositions à l'encontre des consommateurs.
10:30 Et c'est d'ailleurs ce que je propose dans ma proposition de loi,
10:33 c'est de lutter contre le trafic de stupéfiants sous un nouveau prisme,
10:37 en s'attaquant aux consommateurs, pour les responsabiliser.
10:40 Le fruit de ce travail, il est issu finalement d'une réunion à laquelle j'ai assisté l'année dernière,
10:45 dans le comité du quartier des Moulins,
10:48 où j'avais été véritablement sensible, ému et touché par les témoignages de ces pères,
10:54 de ces mères qui n'ont pouvé plus de vivre au rythme des dealers
10:57 et qui avaient peur pour leurs enfants.
10:59 Alors oui, il faut, à mon sens, aujourd'hui s'en prendre aux consommateurs.
11:03 Pourquoi ? Parce qu'il y a l'offre du marché.
11:05 La loi du marché, c'est l'offre et la demande.
11:09 S'il n'y a pas de demande, il n'y aura plus d'offre.
11:11 Alors aujourd'hui, il faut avoir conscience d'une chose,
11:14 c'est que les consommateurs touchent toute classe sociale et touche toute génération confondue.
11:19 Donc c'est tout l'objet de ma proposition de loi qui se décline en plusieurs mesures.
11:23 La première d'entre elles, c'est effectivement d'aggraver les sanctions à l'encontre des consommateurs
11:27 pour passer à deux ans d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende
11:32 et l'aggraver à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
11:35 La deuxième mesure que je prévois également, c'est d'augmenter le montant de l'amende forfaitaire
11:40 qui est fixé à 200 euros, ce qui est bien trop faible parce que cette amende forfaitaire,
11:45 elle sert à quoi ? Elle sert à éteindre l'action pénale, à arrêter les poursuites pénales.
11:50 Si on l'augmente à 10 000 euros, les personnes les plus aisées seront en difficulté
11:56 et donc poursuivies.
11:58 Ensuite, je prévois la confiscation des véhicules qui auront servi à aller acheter de la drogue.
12:04 Je prévois également la suppression des allocations familiales aux parents d'enfants mineurs
12:08 en état de récidive en matière de consommation.
12:10 De la même façon pour les étudiants boursiers.
12:13 Ça applique aussi au cannabis ?
12:15 Ah oui, toutes les drogues. Toutes drogues confondues.
12:17 Que ce soit le cannabis ou que ce soit les drogues dures.
12:20 Donc très clairement, vous n'êtes pas favorable du tout à une dépénalisation du cannabis.
12:23 Je suis totalement opposée. De toute façon, la dépénalisation,
12:26 elle ne pourrait se faire que de deux manières.
12:28 La première, ce serait dans le cadre concurrentiel avec une vente privée.
12:31 Sinon, ce serait encadré par l'État.
12:33 C'est-à-dire la production, la vente et la consommation encadrées par l'État.
12:37 Et si c'est encadré par l'État, tous les rapports et toutes les expertises
12:41 montrent que cela engendrerait une augmentation du tarif de plus de 40%.
12:44 40% !
12:46 Alors, vous pensez sincèrement que les jeunes ou que les mineurs
12:50 ou que les personnes qui ont des difficultés financières
12:53 vont aller acheter du cannabis dans des magasins 40% plus chers
12:59 alors qu'ils pourraient l'obtenir dans les rues par les narcotrafiquants à moindre coût ?
13:03 Ça ne réglera absolument pas le problème.
13:05 Et puis en plus, ça sous-entend qu'on veut réduire le trafic de stupéfiants
13:09 et tout le lot de drames qui sont assortis avec le trafic de stupéfiants au cannabis.
13:14 C'est une erreur. C'est se bercer d'illusion.
13:16 On le voit bien dans toutes les descentes de police qui sont réalisées dans les quartiers des Moulins,
13:20 dans le quartier de Marseille à Paris, on voit qu'il y a des drogues dures
13:24 comme le crack, l'héroïne, la cocaïne.
13:26 Donc c'est un faux problème.
13:28 Ou alors dans ce cas, il faut aussi dépénaliser la drogue dure, ce qui est une hérésie.
13:31 Et moi, l'objet de ma proposition de loi aujourd'hui,
13:33 c'est véritablement de mettre fin à ce sentiment d'impunité pour décourager la consommation
13:38 et surtout parce que derrière, il y a un véritable problème de santé publique
13:43 pour les enfants et pour les jeunes adultes qui pourraient avoir des conséquences terribles,
13:47 notamment des troubles cognitifs.
13:49 Vous le dites, on le constate, c'est vrai qu'on a l'impression que la consommation de drogue a explosé.
13:53 Est-ce que c'est le cas aussi en politique ?
13:55 Parce que dans tous les milieux compétitifs, on dit qu'aujourd'hui, on a recours à la cuisine,
13:59 dans tout un monde. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez aussi perçu ?
14:03 Alors moi, je ne l'ai jamais perçu personnellement.
14:05 Je ne vais pas vous parler d'une chose que je n'ai pas eu l'occasion de connaître.
14:09 Tout ce que je peux vous dire, c'est que oui, malheureusement, ce que vous dites est vrai.
14:12 C'est que ça touche toute génération et toute classe sociale confondue.
14:16 C'est bien pour ça que ma proposition de loi se décline en plusieurs mesures
14:20 et essaie effectivement de s'attaquer aux plus démunis, mais aussi aux personnes les plus aisées, pour décourager.
14:25 Alors Fred nous a emmené en politique et pas loin du Parlement.
14:28 Retournons au Parlement avec votre activité de parlementaire.
14:30 Qu'est-ce que vous avez découvert de positif sur le mandat de député ?
14:34 Et puis, à contrario, qu'est-ce qui vous paraît le plus difficile
14:36 ou qu'est-ce qui est le plus négatif dans ce job, j'ai envie de dire, cette fonction élective ?
14:40 Alors c'est une fonction qui est passionnante.
14:42 Ça a été un vrai chamboulement dans ma vie, qu'elle soit personnelle ou professionnelle.
14:47 Vous savez, j'ai deux enfants. Je suis une maman très impliquée dans l'éducation de mes enfants.
14:51 Donc il faut trouver du temps, il faut trouver l'équilibre.
14:53 Après, c'est un mandat qui est passionnant parce que je le divise entre une vie parisienne,
14:58 nécessairement pour mon travail législatif, et mon travail en circonscription.
15:02 J'estime qu'un député utile, c'est un député qui est proche de sa population,
15:06 c'est qui est proche du terrain, pour ensuite faire un vrai travail au sein de cette magnifique hémicycle.
15:13 Finalement, de négatif, très honnêtement, quasiment rien.
15:17 Non, rien. Parce que c'est passionnant.
15:19 À part trouver cet équilibre entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle,
15:24 à part ça, il n'y a rien de négatif parce que c'est passionnant.
15:27 Je me bats pour aider les gens, pour les défendre,
15:29 que ce soit d'un point de vue local ou d'un point de vue national.
15:32 Finalement, ça rejoint aussi mon métier initial qui était avocate et qui était de défendre mes clients.
15:37 Vous êtes l'auteur quand même de pas mal de propositions noires.
15:39 Est-ce que ça aboutit, ces propositions ?
15:42 Alors, c'est le côté un peu frustrant, effectivement.
15:44 Pourquoi ? Je me saisis de beaucoup de problématiques parce que j'ai une circonscription qui est très grande,
15:49 qui est très vaste, qui part du littoral de la promenade des Anglais,
15:52 qui remonte sur toute la partie ouest de Nice,
15:54 qui englobe tout le Moyen-Pays avec les communes comme Colomar, Tourette-Levins, Levins, Castanier,
16:00 qui remonte au plus haut sommet des montagnes, dans la Vésubie et dans la Tinnée.
16:06 Et donc les problématiques sont toutes aussi diversifiées,
16:08 que ce soit des questions concernant la ruralité, concernant la sécurité avec le quartier des Moulins,
16:13 concernant le Moyen-Pays avec des problématiques liées aux obligations de débroussaillement.
16:18 Donc c'est un spectre d'action très large, mais je ne veux laisser personne sur le côté
16:23 et je veux me saisir de l'intégralité des problématiques des habitants de ma circonscription.
16:27 Et c'est pour ça que je fais ce lourd travail.
16:29 Alors effectivement je suis dans l'opposition et pour le moment mes propositions de loi n'aboutissent pas réellement,
16:35 si ce n'est qu'on a des possibilités avec des niches parlementaires.
16:39 Et je me bats effectivement chaque année pour que mes propositions puissent intégrer ces niches parlementaires
16:43 et être traitées au sein de cet hémicycle.
16:45 Mais quoi qu'il arrive, par exemple pour reprendre l'exemple de ma proposition de loi sur les stupéfiants,
16:50 Gérald Darmanin, notre ministre, reprend mon argumentation et reprend mes éléments de langage
16:55 concernant ma proposition de loi que j'ai remise en main propre.
16:57 Vous avez vos entraves au gauvage d'impression.
16:59 Non, je n'irai pas jusque là, mais je me dis effectivement que mon travail porte.
17:03 Alors parmi vos sujets de prédilection et vos combats parlementaires, il y a le harcèlement.
17:07 La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet,
17:10 a reconnu récemment qu'au moins un élève par classe est victime de harcèlement scolaire, ce qui est énorme.
17:14 Le gouvernement a fait de ce sujet une priorité, c'est ce qu'avait mis en place le nouveau Premier ministre,
17:18 Gabriel Attal, de manière éphémère lors de ses trois mois passés au ministère.
17:23 Le gouvernement travaille là-dessus, mais est-ce que tout cela est suffisant ?
17:27 Le harcèlement est une notion qui n'est pas évidente à circonscrire, finalement, surtout chez les jeunes.
17:31 Est-ce qu'il y a un vrai risque de dérive ? Comment est-ce que vous percevez cette problématique ? Et que faire ?
17:36 Pour reprendre un chiffre, vous en avez donné un, mais je vais vous en donner un autre, c'est un million.
17:41 Un million d'élèves parents sont victimes de harcèlement scolaire.
17:44 Ce chiffre, il fait froid dans l'eau.
17:46 Vous l'avez été, vous ?
17:47 J'ai été victime d'harcèlement scolaire à l'âge de 13 ans,
17:49 quand j'ai été scolarisée dans un collège des Alpes-Maritimes.
17:53 Et ça a été extrêmement douloureux, extrêmement difficile, et ça laisse des traces.
17:57 Et nécessairement, en tant que députée, quand je prends connaissance de toutes ces nouvelles victimes,
18:02 je ne peux que réagir et me dire qu'il faut que je mette à disposition de toutes ces personnes
18:05 les outils qui me sont offerts en tant que parlementaire.
18:08 Donc c'est un véritable fléau mortifère contre lequel nous devons lutter de toutes nos forces.
18:12 Mais pour lutter efficacement, il faut mettre fin à l'omerta et à ce déni.
18:16 Pendant des années, le gouvernement, par lâcheté, a dissimulé cette cruelle réalité
18:22 par la doctrine du pas de vague.
18:25 Aujourd'hui, j'ai le sentiment...
18:26 Il a pris les choses un peu plus en main, quand même.
18:28 Voilà, le gouvernement a pris les choses en main.
18:30 J'ai le sentiment, effectivement, que c'est un sujet qui n'est plus tabou,
18:33 qui est largement abordé, que ce soit par notre gouvernement
18:36 et que ce soit au plan plus local par le recteur, par les inspecteurs académiques
18:40 et par les établissements eux-mêmes.
18:42 Néanmoins, les mesures qui sont proposées me semblent insuffisantes, encore une fois.
18:45 Quand on voit la réaction du gouvernement, de notre ancien ministre, Gabriel Attal,
18:50 de l'éducation suite au drame qui s'est déroulé à Poissy, en septembre dernier,
18:55 avec le jeune Nicolas, on nous parle d'illigenter un audit.
18:59 Un audit, c'est une enquête administrative avec simplement 5 questions que l'on pose au recteur.
19:04 C'est totalement insuffisant.
19:06 On nous parle de cours d'empathie.
19:07 Les cours d'empathie, très bien, mais ça ne doit pas être une mesure principale,
19:10 c'est peut-être une mesure complémentaire.
19:12 Et vous, alors, qu'est-ce que vous proposez ?
19:13 Moi, j'ai proposé bon nombre de dispositions.
19:16 La première d'entre elles, c'est que je souhaite qu'il y ait une commission d'enquête parlementaire.
19:19 Pourquoi ? Parce que c'est un spectre d'action beaucoup plus large.
19:23 Avec une commission d'enquête parlementaire, on pourrait auditionner des enfants victimes d'harcèlement,
19:28 des parents, d'élèves.
19:29 On pourrait auditionner les enseignants.
19:31 On pourrait également avoir accès aux documents administratifs, aux courriers qui auraient été envoyés,
19:35 pour avoir véritablement une vision globale de la difficulté
19:39 et savoir avec quels outils on doit répondre de la meilleure façon.
19:43 Et également, j'ai déposé une proposition de loi pour lutter contre le harcèlement scolaire,
19:47 parce que j'estime qu'il faut arrêter d'être dans la réaction et qu'il faut être dans la prévention.
19:51 Et qu'il faut également aider et surtout faire changer de camp la peur,
19:57 qu'elle ne soit plus du côté des enfants mais du côté des adultes.
19:59 Concrètement, je veux responsabiliser pénalement les recteurs et les inspecteurs académiques
20:04 qui auraient connaissance des faits de harcèlement et qui ne les dénonceraient pas par le biais d'un article 40.
20:09 Je souhaite également que soit diligentée systématiquement une expulsion d'établissement
20:14 quand des faits de harcèlement sont connus, en attendant la tenue d'un conseil de discipline.
20:21 Et une fois que le conseil de discipline aura eu lieu et que les faits auront été avérés,
20:25 qu'il y ait une expulsion temporaire voire définitive de l'élève s'il est en état de récidive.
20:30 Voilà, ça c'est les mesures principales parce que j'estime qu'aujourd'hui il faut prendre la mesure de ce fléau.
20:35 J'ai rencontré encore il y a quelques jours seulement un jeune filial qui est victime d'harcèlement,
20:39 qui a vécu un véritable enfer et calvaire pendant des mois ici dans un lycée professionnel.
20:45 Sur cette thématique, vous considérez qu'il doit y avoir une vraie cause nationale
20:47 et au-delà des conflits politiques et des postures, qu'il y ait une unité nationale
20:51 et que chaque parti, y compris le gouvernement, s'entraide pour aller de l'avant ?
20:55 Exactement, et qu'il y ait une vraie complémentarité d'action.
20:58 Vous êtes vous-même dans cet état d'esprit ?
20:59 Ah oui, complètement, complètement. C'est l'intérêt de nos enfants qui prime.
21:02 On va continuer parce que le temps passe et il y a beaucoup beaucoup de questions que vous posez.
21:06 Rapidement une petite question, pourquoi vous êtes la seule députée des Alpes-Maritimes
21:09 à ne pas avoir voté le 30 janvier, enfin à avoir voté contre le 30 janvier,
21:12 l'inscription de l'IVG dans la Constitution ? Est-ce que ça veut dire que vous êtes hostile à l'inscription ?
21:16 Ce n'est pas une petite question, c'est une question importante.
21:17 Oui, c'est une question qui est très importante.
21:19 Bien sûr qu'en tant que femme, je suis pour l'IVG, la question ne se pose même pas.
21:24 Mais par contre, je suis contre l'instrumentalisation des femmes dans un débat politique.
21:28 L'IVG est protégée par la jurisprudence du Conseil constitutionnel
21:33 qui est elle-même intégrée dans le bloc de constitutionnalité.
21:36 Le bloc de constitutionnalité, c'est quoi ?
21:38 C'est un ensemble de textes, un ensemble de normes qui a la même valeur que la Constitution.
21:42 Donc aujourd'hui, on américanise un débat qui n'a pas lieu d'être…
21:46 En fait, au moins, il n'y a pas besoin d'en passer par là.
21:47 Absolument pas, ça ne va conférer aucun droit supplémentaire
21:50 en votant l'intégration de l'IVG dans la Constitution.
21:53 Et pire encore, je vais vous donner un exemple tout simple…
21:55 Donc la valeur symbolique est forte par rapport à des pays qui aujourd'hui vestigent ces questions-là ?
21:59 On ne modifie pas la Constitution pour une valeur symbolique.
22:01 La valeur symbolique, elle était portée par Simone Veil.
22:04 Et on est allé au bout. Ce droit n'a jamais été remis en question en France.
22:09 Donc c'est une absurdité totale. C'est de l'instrumentalisation, c'est de la communication.
22:13 Et je ne voulais absolument pas, en tant que femme, accepter cela.
22:16 Voilà, mais bien évidemment que je suis pour l'IVG et la question ne se pose même pas.
22:21 On passe assez rapidement à la métropole, si vous voulez bien maintenant,
22:24 parce qu'on a beaucoup de choses à vous poser aussi au fonctionnement de la métropole.
22:27 Vous êtes opposante à Christian Estrosi, le président de la métropole.
22:31 Mardi, il y avait lieu le débat d'orientation budgétaire.
22:34 Finalement, celui-ci s'est avéré beaucoup plus positif que ce qu'on pouvait penser, espérer.
22:39 Est-ce que vous êtes soulagée en tant qu'opposante ?
22:41 Soulagée, pas du tout, parce que malheureusement, ce débat d'orientation budgétaire était totalement insincère.
22:46 Donc je ne suis absolument pas soulagée.
22:48 Ce sont des belles palabres. Maintenant, j'attends le vote du budget.
22:51 Vous ne croyez pas aux chiffres avancés ?
22:52 Ah non, absolument pas. On verra. Il n'y a pas de chiffres avancés.
22:55 Le débat d'orientation budgétaire, c'est un débat.
22:57 Voilà, des grandes orientations.
22:59 Voilà, c'est des grandes orientations. On sort des belles phrases, des beaux principes, des grandes valeurs.
23:03 Mais j'attends de voir le vote du budget où il y aura des chiffres.
23:06 Et malheureusement pour Christian Estrosi, à ce moment-là, il devra être beaucoup plus transparent.
23:10 Et c'est à ce moment-là que je porterai un avis.
23:13 Concernant la dette de 33 millions d'euros du groupement d'intérêt public du Grand Prix de France,
23:17 un sujet qui vous tient particulièrement à cœur,
23:19 Grand Prix de France de Formule 1, je précise, au Castelet.
23:21 Qu'est-ce que vous reprochez finalement exactement et précisément à Christian Estrosi, ad nominam ?
23:26 Alors, je vais être un peu longue, mais je suis obligée de reprendre l'historique.
23:28 Pas trop, quoi.
23:29 Pas trop, c'est promis.
23:30 Le GIP, c'est un groupement d'intérêt public.
23:33 C'est composé de partenaires privés et de collectivités publiques.
23:38 Le GIP de France est composé à 92% par des collectivités publiques
23:42 et donc financé par des subventions par dizaines de millions d'euros.
23:46 Quand Christian Estrosi nous a demandé en juillet dernier de voter pour la délibération,
23:51 en tant que président de la métropole,
23:54 de voter la délibération pour verser 5 millions d'euros au GIP de France
23:58 pour combler le passif qu'il a lui-même créé en tant que président du GIP,
24:02 je me suis opposée.
24:04 Je me suis opposée. Pourquoi ?
24:05 Lui-même, l'organisation arrive à 33 millions de déficits.
24:08 Ce n'est pas forcément lui qui l'a creusé.
24:10 C'est lui le président.
24:11 C'est lui le président.
24:12 C'est lui le président.
24:13 C'est lui qui en adosse la responsabilité.
24:15 Pourquoi je me suis opposée à cette délibération pour verser cette somme de 5 millions d'euros ?
24:19 Parce que j'estime, et on connaît tous l'état des finances de la métropole d'Iscote-d'Azur,
24:23 que ces 5 millions d'euros, c'est dans notre métropole qu'on en a besoin.
24:26 C'est dans nos villes, c'est dans nos villages.
24:28 Et non pas pour combler le passif d'un événement sportif qui a lieu à 150 km d'ici.
24:32 Ensuite, quand on m'a parlé de 33 millions d'euros de passif,
24:36 eh bien oui, je me suis interrogée.
24:37 On parle d'argent public.
24:39 Il n'existe pas d'argent public.
24:41 L'argent public, c'est quoi ?
24:42 C'est l'argent des contribuables.
24:43 Donc, comme tout contribuable, j'ai écrit à Christian Estrosi
24:46 et j'ai demandé la copie des comptes annuels, des rapports de commissaire aux comptes
24:50 et des frais de bouche, frais de bouche c'est frais de restauration,
24:53 et des frais de déplacement.
24:55 J'ai écrit le 14 août dernier.
24:57 Je n'ai pas eu de réponse.
24:58 J'ai saisi l'ACADA.
24:59 L'ACADA, c'est la Commission administrative d'accès aux documents.
25:02 Et c'est là que vous avez reçu les documents ?
25:04 Toujours pas de réponse.
25:05 J'ai reçu un avis favorable de l'ACADA, qui a été notifié à Christian Estrosi,
25:08 mais toujours pas de réponse.
25:09 J'ai réécrit un mois plus tard, en décembre,
25:11 toujours pas de réponse.
25:13 C'est là où j'ai été contrainte, de saisir face à ce mutisme assez particulier,
25:18 de saisir le tribunal administratif d'un double recours,
25:20 au fonds et en référé, pour demander la copie des éléments comptables.
25:24 Et c'est là où, premier signe de vie de la part du GIP.
25:27 J'ai obtenu quelques bribes d'éléments.
25:29 Alors quels sont-ils ? Qu'est-ce qu'ils vous laissent entendre ?
25:33 Alors, sincèrement, les chiffres partent d'eux-mêmes.
25:36 Quand on a certains montants mis en face de certaines dates, en face de certains lieux,
25:44 ça suscite chez moi de vives interrogations.
25:47 J'ai, pour exemple, un restaurant dans le domaine de la Bégude, à 850 euros,
25:54 un 1er juillet 2022, date d'anniversaire de Christian Estrosi.
25:58 J'ai une facture Mont-Blanc à plus de 10 000 euros, 10 800 euros, Mont-Blanc.
26:04 J'ai également une facture de plus de 9 000 euros de frais d'hébergement,
26:11 en janvier 2022, à Courchevel.
26:14 Ou encore 5 000 euros de frais d'hébergement à Mairie-Belle, dans un tel lieu.
26:18 Avez-vous des preuves de l'enrégissement personnel de Christian Estrosi par rapport à ces dates ?
26:22 Je n'ai rien dit de cela. Je vous dis, j'ai quelques bribes d'informations,
26:25 quelques éléments qui se mettent en face de certaines dates.
26:29 Encore une fois, une facture de quasiment 500 euros à l'Hôtel du Crion, date anniversaire de mariage du couple Estrosi.
26:36 J'ai des dates en face de chiffres, en face de lieux, qui m'interrogent et qui suscitent chez moi de vives interrogations.
26:42 Je me demande quel est le lien entre ces factures et le JIP, qui est un événement sportif qui a lieu dans le Var en juillet.
26:50 Je m'interroge sincèrement. Je n'ai reçu qu'une partie des éléments.
26:54 Ils se sont engagés auprès du Trimel à me fournir l'intégralité des éléments.
26:58 C'est pour cette raison d'ailleurs que je me suis désistée du recours en référé,
27:01 parce que j'avais cet acte positif, ces quelques pièces qui m'ont été confiées.
27:05 Néanmoins, je reste dans l'attente de tous les éléments comptables.
27:09 Il y a une grosse partie qui n'a pas été encore communiquée.
27:13 Et mon recours au fond est toujours pendant devant le tribunal administratif.
27:16 Et je n'hésiterai pas, bien évidemment, à les faire condamner, à me transmettre les éléments si tel est le cas.
27:21 Donc, je suis dans l'attente.
27:23 Alors, on reste sur la personnalité de Christian Estrosi.
27:27 Mercredi, la justice a imposé le retour du double sens de circulation automobile sur le quai des États-Unis à Nice.
27:32 Alors, ce n'est pas votre circonscription du tout, on est bien d'accord.
27:34 Mais qu'est-ce que vous pensez de sa réaction, lui qui a annoncé qu'il n'appliquerait pas cette décision de justice ?
27:39 Je pense que c'est irresponsable, venant d'un maire, que de dire ouvertement "je n'appliquerai pas la décision de justice".
27:44 Les décisions de justice, ça applique à tous les justiciables.
27:46 Donc, c'est un très mauvais signal, en tant que responsable politique, que d'annoncer une telle position.
27:53 Un responsable politique, il y a le mot "responsable".
27:55 On doit être responsable, on doit donner l'exemple.
27:57 Et pour moi, c'est complètement ubuesque de sa part que de répondre "oui, tout à fait".
28:02 Nice, première de toutes les communes de la région au dernier classement des villes et des villages où il fait bon vivre,
28:08 et quatrième des métropoles les plus attractives de France en 2023 selon le cabinet Arthur Lloyd.
28:13 Est-ce que vous êtes satisfaite de ces classements ?
28:15 Est-ce que ça veut dire que Nice est finalement bien gérée, puisque manifestement elle est attractive ?
28:19 Si on en croit les classements.
28:21 Moi, je donne peu d'importance à ces classements.
28:23 Moi, ce que je vois, c'est le terrain.
28:25 Et j'assiste en tant que députée à quasi, comme mon agenda me le permet,
28:29 à quasi intégralité de tous les comités de quartier.
28:31 Et de ce qui ressort de ces comités de quartier, c'est que les niceoises et les niceois sont oubliées.
28:36 On pense beaucoup aux touristes, on pense beaucoup au cœur de la ville de Nice,
28:41 mais on pense peu, malheureusement, à tous les quartiers aux alentours.
28:44 Et les habitants de ces quartiers de Nice Ouest, en tout cas, se sont oubliés.
28:48 Que ça soit pour des décorations de Noël, que ça soit pour l'entretien de la voirie,
28:51 que ça soit pour les desserts de bus, que ça soit pour les services publics.
28:55 Voilà, tous les niveaux confondus.
28:57 Et donc, je donne peu, effectivement, de crédit à ces sondages.
29:00 Et je me base sur ce que je vois, ce que je ressens et ce que j'entends de ces comités de quartier.
29:03 Mais la bonne image extérieure de la ville de Nice fait venir du tourisme,
29:06 fait donc venir l'économie. Elle est aussi profitable à l'ensemble de la population niceoise.
29:10 Là, je vous rejoins tout à fait. Nous avons besoin des touristes.
29:12 C'est une ville très touristique et nous en avons besoin.
29:14 Et de ce côté-là, c'est une très bonne chose.
29:16 Fred.
29:17 On va parler politique maintenant.
29:20 Il a été beaucoup question cette semaine de l'attitude à tenir vis-à-vis du RN.
29:24 Est-ce que le RN fait partie de l'arc républicain ?
29:27 C'est la question qui, notamment, divise le Premier ministre et le président de la République.
29:30 Oui, bien sûr qu'ils font partie de l'arc républicain. Pour moi, il n'y a pas de sujet là-dessus.
29:34 Ils ont été élus. Ils représentent une grande partie de nos électeurs.
29:37 Donc oui, bien évidemment, ils font partie de l'arc républicain.
29:40 Alors, beaucoup d'observateurs, beaucoup d'électeurs trouvent que la porosité est finalement assez grande maintenant
29:45 entre le RN et les partis de droite, et notamment les Républicains.
29:48 Quelle place il reste entre la Macronie et le RN ?
29:51 Comment les Républicains peuvent exister ?
29:53 Et puis, question subsidiaire, êtes-vous favorable à cette union des droites que beaucoup réclament ?
29:57 Y compris parmi certains de vos électeurs.
29:59 Nous sommes un vrai parti d'opposition.
30:01 Et nous avons toute notre place dans cet échec politique.
30:05 Et ce qui nous différencie, outre l'aspect effectivement sur les questions régaliennes et sur les questions économiques,
30:12 c'est que nous faisons un vrai travail. Nous ne sommes pas dans la communication.
30:15 Nous sommes force de proposition. Vous avez pu le voir depuis de nombreuses semaines,
30:20 que ce soit sur tout domaine qu'on s'en vue.
30:22 Mais il suffit pas d'avoir un positionnement idéologique relativement clair pour pouvoir attirer les électeurs chez vous.
30:26 Mais on a notre opposition, que ce soit sur les questions de l'immigration, que ce soit sur les questions de sécurité.
30:30 On est tout à fait constant et conforme à ce que nous avons toujours prôné.
30:34 Et à côté de cela, nous apportons de vraies solutions aux problèmes des Françaises et des Français.
30:38 Si demain une motion de censure est déposée contre le gouvernement, est-ce que vous la votez ?
30:43 Je me poserai la question au moment voulu. C'est un peu prématuré.
30:46 Une réponse courte.
30:48 Effectivement.
30:50 On va jouer un petit jeu si vous voulez bien maintenant.
30:52 On va vous donner des noms et si vous voulez bien nous répondre très rapidement ce que vous en pensez.
30:55 On va commencer par Eric Ciotti.
30:57 Qu'est-ce que vous pensez du président des Républicains, dont on dit que vous êtes très proche ?
31:01 C'est un président qui fait un travail remarquable à la tête de notre famille politique,
31:05 qui encore une fois est en campagne électorale pour ces élections européennes, aux côtés de nos deux candidats.
31:10 C'est beaucoup de travail, beaucoup de rigueur et beaucoup de proximité aussi.
31:14 Que diriez-vous de David Lysnard ?
31:17 Quelqu'un qui est toujours républicain, mais qui porte une voix parfois différente,
31:22 dont on prétend qu'il a des aspirations présidentielles.
31:26 C'est une personne de grande qualité aussi, avec laquelle j'ai d'excellents rapports.
31:30 C'est une personne de grande qualité pour vous alors ?
31:32 Mais je sais reconnaître les qualités.
31:34 Mais je sais, en tout cas, je sais reconnaître les qualités de chacun.
31:37 C'est une personne avec qui, comme avec Eric Ciotti, j'ai d'excellentes relations.
31:41 Trop libérale ?
31:42 C'est une personne très intelligente.
31:44 Non, pas trop libérale, c'est une personne très intelligente,
31:46 qui répond à bon nombre de problématiques, qui fait un travail remarquable,
31:49 qui a une force de travail sans précédent.
31:52 Il ferait un bon candidat à l'élection présidentielle pour les Républicains ?
31:54 Pourquoi pas, de toute façon c'est une chance pour nous de l'avoir dans notre famille politique.
31:58 Rachida Dati, qu'est-ce que vous pensez d'elle ?
32:01 Je pense aussi que c'était une femme de grande qualité.
32:04 C'est une femme de grande qualité.
32:06 Néanmoins, je regrette véritablement les choix qu'elle a faits dernièrement,
32:13 puisque pour l'avoir rencontrée il y a quelques semaines de cela,
32:16 sur une séquence à Paris, on avait pu échanger sur sa position
32:19 et ce qu'elle pensait réellement de la Macronie.
32:22 Je regrette qu'elle ait mis de côté et bafoué ses convictions à titre personnel.
32:27 Une de vos amies, Alexandra Martin, l'a traité de traître.
32:31 Rachida Dati, c'est un mot que vous reprendriez à votre compte ?
32:35 Je ne l'ai pas repris à mon compte, puisque je ne l'ai pas utilisé aujourd'hui.
32:38 Néanmoins, oui, je la rejoins bien sûr sur le fond, bien évidemment,
32:42 que je suis tout à fait d'accord avec ma collègue Alexandra Martin sur ce point.
32:44 Ça veut dire que les gens peuvent être brillants et intelligents et très compétents,
32:47 mais dès lors qu'ils changent de casac politique,
32:49 ils deviennent pas très compétents et pas très intelligents.
32:51 Ah non, non, non, moi j'ai bien reconnu que…
32:53 C'est moi qui s'en fous.
32:54 J'ai bien reconnu que Mme Rachida Dati…
32:56 Souvent on entend ça quand même, dans les postures politiques.
32:58 Néanmoins, quand on bafoue ses convictions pour une ambition personnelle,
33:03 effectivement, je trouve cela véritablement dommageable.
33:06 Et si à la place de l'ambition personnelle, il y a l'ambition de faire avancer la France
33:09 et de faire ce choix ?
33:10 Ça, vous ne pouvez pas le concevoir.
33:11 Pour vous, ce n'est pas ce qui s'est passé.
33:13 Pour moi, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
33:15 Après, oui, effectivement, si c'est dans ce cadre là précis, ça peut être positif.
33:18 Un mot sur une autre femme de l'Assemblée nationale, qui parle beaucoup,
33:21 la porte-parole et la responsable de groupe de LFI, Mathilde Pannot.
33:25 Qu'est-ce que vous en pensez ?
33:26 Moi, je n'ai absolument aucun rapport avec cette personne.
33:30 Je n'ai jamais échangé avec elle et je n'ai que très peu de respect pour cette personne.
33:33 Est-ce qu'on peut parler des policiers municipaux, comme avait posé la question ?
33:38 On peut en parler, bien sûr.
33:40 Parce que du coup, on n'a pas abordé la question des policiers municipaux.
33:43 Parce qu'on ne peut pas tout aborder.
33:44 Oui, j'ai juste…
33:45 Qu'est-ce que vous avez à dire sur les policiers municipaux en particulier ?
33:47 Effectivement, j'ai porté une résolution pour soutenir nos policiers municipaux,
33:51 qui sont la troisième force active de notre pays pour nous sécuriser.
33:56 Ce sont d'ailleurs les primo-intervenants, aux côtés des gendarmes, aux côtés des policiers.
34:00 Et j'ai rédigé une résolution pour permettre, effectivement,
34:03 de mettre en adéquation leur rémunération face à la dangerosité de leur métier,
34:09 pour créer un véritable régime spécifique à leur fonction.
34:13 Et je suis également aux côtés des policiers municipaux niçois,
34:17 qui, il faut le savoir, lorsqu'ils sont victimes d'une agression,
34:21 ont droit, malheureusement, à un préjudice qui est financé, normalement,
34:27 par la ville de Nice, par la collectivité employeur.
34:31 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, puisque la ville de Nice refuse de verser le moindre centime
34:35 pour indemniser ces préjudices de ces policiers municipaux.
34:39 J'ai donc écrit à Christian Estrosi en ce sens, et également à Gérald Darmanin,
34:43 pour que les dispositions de l'article du Code de la fonction publique soient appliquées.
34:47 On ne peut pas se prévaloir d'avoir la première police municipale en France
34:52 et ne pas assumer derrière sa responsabilité et ne pas indemniter les préjudices
34:56 de tous ces policiers municipaux qui font un travail remarquable sur le terrain tous les jours.
35:00 Ça, c'était votre carte blanche, la mienne.
35:01 Est-ce que Laurent Wauquiez reste le bon candidat des Républicains pour le présidentiel de 2027 ?
35:05 Laurent Wauquiez serait également un très bon candidat pour les élections.
35:08 Également, ça veut dire qui d'autre ?
35:10 Aujourd'hui, aucun candidat n'a été désigné.
35:13 Comme vous le savez, je ne fais pas partie des autres équipes dirigeantes de ma famille politique.
35:19 Je laisserai le soin à Éric Ciotti, à son président et à toute l'équipe dirigeante
35:23 de décider comment se dérouleront les élections présidentielles
35:26 et quel choix on fera s'il y aura des primaires, pas de primaires.
35:29 En tout cas, Laurent Wauquiez est encore une fois une personne de grande qualité
35:32 qui fait un formidable travail à la tête de la région.
35:35 J'ai un profond respect pour lui, j'ai d'excellentes relations
35:37 et on verra effectivement s'il sera un très grand candidat.
35:40 En tout cas, une chose est positive, c'est qu'on a potentiellement plusieurs candidats de grande qualité.
35:45 Avant de conclure l'édition, la traditionnelle question personnelle.
35:50 Fred, allons-y.
35:59 Pour cette question personnelle, on va voir une photo, si vous voulez bien.
36:01 Une photo que vous avez postée jeudi sur vos réseaux sociaux.
36:06 Vous êtes au stand de tir des douanes au Montchaux.
36:12 C'est moins l'action que vous menez que votre tenue qui m'interpelle.
36:16 Il est très rare qu'on vous voit en pantalon.
36:18 C'est la question que je voulais vous poser parce que c'est quelque chose qui revient beaucoup sur vous.
36:21 C'est-à-dire que vous êtes quelqu'un qui a du tempérament et un tempérament qu'on ressent aussi
36:25 dans votre apparence, dans la manière dont vous présentez aux gens.
36:28 Vous portez toujours des robes, c'est pour ça que j'étais très surpris de vous voir avec un pantalon.
36:32 Toujours des robes, toujours très féminine. Qu'est-ce que ça veut dire de vous ?
36:35 C'est vrai que dans les cérémonies officielles ou dans toutes les séquences que je peux faire d'ordre politique,
36:41 je porte des robes parce que je suis quelqu'un de très féminine.
36:44 J'aime beaucoup les vêtements, j'aime beaucoup les robes.
36:47 J'estime que c'est mettre en valeur en tout cas la féminité.
36:50 Après, dans ma vie personnelle, je porte beaucoup de pantalons.
36:53 C'est rare qu'on me voit sur des tenues officielles en pantalon.
36:58 Là, j'étais au stand de tir sur le Montchaux, accompagnée de la douane.
37:03 J'ai appris à tirer un pistolet mitrailleur et j'estimais effectivement
37:07 qu'une robe n'était peut-être pas tout à fait en adéquation avec l'action.
37:12 Quand on vous dit que vous avez du tempérament, c'est quelque chose que vous reconnaissez au fond de vous ?
37:18 Vous vous dites "je sais que j'ai un caractère très fort et c'est ce qui m'amène là où je suis aujourd'hui" ?
37:23 Disons que oui, j'ai du tempérament. Mon mari le subit tous les jours.
37:26 Mes enfants aussi. Après oui, je l'assume, je le reconnais.
37:29 Des fois, je n'en ai peut-être pas pleinement conscience.
37:32 Ça vous sert en politique ce tempérament ?
37:34 Oui, je pense bien évidemment que ça me sert.
37:36 Après, je pars du principe que ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
37:39 C'est vrai qu'en ayant commencé ma jeune vie avec du harcèlement scolaire,
37:42 en ayant subi des moments difficiles dans la vie, en ayant connu la politique locale
37:46 qui est avec son lot de pression, de stress et de coups bas, il faut le dire,
37:52 et de violence verbale, tout à fait, je pense que ça forge.
37:56 Et ça forge un caractère et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai cette force de caractère.
38:00 Ce sera le mot de la fin. Merci infiniment Christelle Natorni d'avoir accepté notre invitation.
38:04 Merci à vous de nous avoir suivis. Merci Fred pour ces brillantes questions.
38:08 Merci à Sophie Doncet, Philippe Bertigny pour la réalisation de l'émission.
38:11 Christelle Benjamin pour sa préparation.
38:13 Vous pouvez voir et revoir notre émission sur les chaînes YouTube du groupe Nice Matins,
38:17 sur les sites internet de Nice Matins et de Radio Emotions.
38:20 Et nous vous disons à très bientôt et une excellente journée.
38:23 [Musique]
38:30 [SILENCE]