• il y a 9 mois
Victime d’un viol le 11 novembre dernier à Paris, Claire Geronimi tente difficilement de se reconstruire depuis le drame, une agression qui s’est déroulée dans le hall de son immeuble dans le VIIIe arrondissement de la capitale, en plein milieu d’après-midi. Pour Yahoo, la jeune femme de 26 ans s’est livrée sur cette sordide agression et a tenu à dénoncer la non-execution des OQPF (obligation de quitter le territoire) en France.
Pour rappel, il y a viol lorsqu'un acte de pénétration sexuelle ou un acte bucco-génital est commis sur une personne, avec violence, contrainte, menace ou surprise, c'est-à-dire sans son consentement. L'agresseur encourt une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle, une peine qui peut être alourdie lorsque l'agression a été commise avec des circonstances aggravantes. En 2021, selon le ministère de l'Intérieur, 34 300 viols ont été enregistrés en France.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Je me réfugie chez moi.
00:01 Première chose que je fais, c'est j'appelle la police.
00:03 Après, il y a toute la police judiciaire qui est arrivée chez moi.
00:06 Ça a duré au moins une heure et demie, deux heures.
00:10 Et après, on est allé au commissariat.
00:12 La police, entre-temps, m'indique que cet agresseur a violé une fille
00:18 à un kilomètre de chez moi, une heure avant moi.
00:22 Qu'ils étaient déjà en train de le chercher.
00:24 Pendant que j'étais en train de faire ma déposition, du coup,
00:27 il l'avait retrouvé en fait, il était en train de se promener, tout simplement,
00:30 sur les Champs-Elysées, normal.
00:32 Du coup, quand j'apprends que la police vient de l'arrêter
00:36 et qu'en plus de ça, il avait violé une autre fille avant moi, je me dis...
00:41 Ah oui, OK.
00:44 Il est complètement fou.
00:46 Quand les policiers l'arrêtent,
00:48 il m'indique qu'il est sous octef,
00:50 donc une octef, c'est une obligation de quitter le territoire.
00:55 Et en plus, qu'il était sous octef depuis 2021.
00:58 En fait, savoir que cet individu était sous octef,
01:02 ça fait un peu froid dans le dos.
01:04 En fait, on se dit que cette personne n'aurait pas dû être là,
01:06 donc il n'aurait pas dû, justement, me violer et violer l'autre personne juste avant moi.
01:11 J'ai parlé avec l'autre fille.
01:12 En fait, quand on est arrivé au commissariat, du coup, nos regards se sont croisés.
01:15 On s'est fait "Ah, OK.
01:19 C'est toi, oui, c'est toi."
01:20 Et puis après, bon, bien sûr, de fil en aiguille,
01:23 je pense qu'il faut se soutenir et du coup, on a pris des cafés ensemble.
01:27 Dans le malheur, en fait, il y a quand même une certaine forme de réconfort
01:30 de se dire qu'on n'est pas seule avec cet agresseur.
01:32 J'ai beaucoup de haine en tout cas contre cette personne parce que,
01:36 forcément, au-delà de ces 30 minutes, il y a eu énormément de conséquences derrière.
01:41 Et c'est pas qu'il a pourri nos vies,
01:45 mais c'est très compliqué de se reconstruire derrière en tout cas.
01:49 Du coup, depuis le 11 novembre, déjà, ça va mieux.
01:52 Mais en fait, la reconstruction, elle n'est pas linéaire.
01:57 C'est un énorme problème parce qu'il y a beaucoup de moments où tout peut très bien aller
02:02 et d'autres moments où ça ne va vraiment pas.
02:04 Et c'est des périodes plus ou moins variables,
02:06 donc c'est assez compliqué dans la vie de tous les jours.
02:09 Forcément, je ne peux plus prendre les transports en commun.
02:12 Je ne peux pas prendre de beurre.
02:13 Je suis obligée de prendre des taxis parce que c'est plus sécurisé.
02:17 Sortir toute seule dehors, dans la rue, c'est assez compliqué aussi.
02:22 Sortir en boîte, n'en parlons pas.
02:25 Prendre des cafés avec des amis, oui c'est possible,
02:27 mais souvent j'ai beaucoup de moments d'absence aussi,
02:29 où pas forcément je repense à ce qui se passe,
02:31 mais j'ai du mal à me concentrer.
02:34 Et d'autant plus que ça empiète beaucoup sur mon travail.
02:36 Aujourd'hui, j'ai repris mon travail en mi-temps thérapeutique,
02:41 mais je le sens que je suis beaucoup moins efficace.
02:43 Et en plus, je suis en période d'essai, donc c'est compliqué.
02:48 Je pense qu'aujourd'hui, je suis encore dissociée.
02:50 J'ai des phases de dissociation et de réappropriation de mon corps,
02:54 c'est assez particulier.
02:56 En tout cas, j'ai essayé de commencer à faire des traitements
03:00 avec les psychologues, une thérapie un peu spécialisée,
03:03 qui s'appelle le MDR,
03:06 justement pour permettre d'enlever tous les traumas.
03:10 Sauf que je pense que c'est encore un peu trop tôt,
03:14 parce que justement, je suis trop dissociée.
03:16 Au moment du viol, j'avais un copain,
03:17 mais soit ça a renforcé les relations, soit ça a justement les détruit.
03:22 Et à ce moment-là, je pense que c'est très compliqué
03:25 pour une personne d'être totalement présente
03:27 quand il se passe ce genre de choses.
03:28 Et en tout cas, aujourd'hui, on n'est plus ensemble.
03:30 Je ne sais pas si c'est lié à ça, mais ça a accéléré la chose.
03:33 Mais du coup, je suis toujours dans cet appartement
03:35 et c'est aussi une volonté de vouloir rester.
03:39 Parce que même si tous les jours, c'est très compliqué
03:41 de passer dans ce hall d'entrée et à chaque fois se remémorer cette scène,
03:45 moi ce que je veux, ce n'est pas donner raison justement à cet agresseur
03:48 du fait qu'il a en tout cas essayé de détruire ma vie,
03:51 mais en tout cas, il ne va pas la détruire complètement.
03:54 En tout cas, aujourd'hui, ce que je souhaite de la part de la justice,
03:58 il y a vraiment trois points.
03:59 Dans un premier temps, pouvoir déclencher un fonds
04:02 qui permette en tout cas d'aider les femmes
04:04 qui sont victimes de ce genre d'agression,
04:05 pour les aider à avoir un vrai suivi psychologique en tout cas.
04:09 Je pense, le second point, que la justice soit vraiment bien faite,
04:13 que la peine soit vraiment bien exécutée et aussi,
04:16 une de mes questions, c'est pourquoi le procès ne sera que dans environ deux ans ?
04:24 Ce qui est très long et ce qui permet en fait,
04:26 pas de pouvoir se reconstruire à 100%.
04:28 Parce que tant qu'il n'y a pas le procès,
04:29 on ne peut pas se reconstruire et passer à autre chose,
04:31 c'est très compliqué.
04:33 Et le troisième point, c'est également,
04:35 pourquoi le QTF n'avait pas été appliqué
04:38 alors qu'en plus de ça, il avait fait de la prison avant ?
04:40 Déjà, il était sorti au mois de février
04:43 et en fait, il recommence au mois de novembre.
04:45 Le pire, c'est qu'il soit vraiment expulsé de France
04:48 et pas jugé et qu'il rentre dans son pays et qu'il n'y ait pas de procès.
04:52 Je n'aurais jamais cru qu'un viol c'était possible en plein milieu d'après-midi
04:55 et d'autant plus que pour moi, la définition de viol,
04:58 c'était vraiment pénétration anale et vaginale
05:01 et pas forcément fellation, parce qu'en soi, il n'y a eu que fellation.
05:06 Mais ce n'est pas quelque chose à minimiser et justement,
05:08 pour moi, un viol, je l'ai appris après,
05:11 c'est toute pénétration, que ce soit fellation, vaginale ou anale.
05:17 C'est vrai qu'en tant que femme, quand on se sent violée,
05:21 je pense que le rapport avec son corps est assez compliqué,
05:23 j'ai jamais eu forcément de problème avec mon corps,
05:26 mais c'est vrai que juste le fait de se dire qu'on s'est fait souiller,
05:33 pour retrouver confiance en soi, en tout cas, c'est assez compliqué
05:35 parce qu'en fait, c'est juste quelque chose qu'on ne désirait pas.
05:39 C'est quelque chose de non consenti, malheureusement.
05:41 Mon rapport, en tout cas, aujourd'hui avec l'homme est très compliqué et très biaisé.
05:45 Ce ne sera pas tout de suite que je vais pouvoir retomber amoureuse de quelqu'un.
05:49 Physiquement, je ne peux pas du tout regarder un garçon.
05:52 Avoir un rapport physique avec un garçon, ce n'est pas possible.
05:56 T'as peur que ça dure ?
05:58 Salut !

Recommandations