Pierre-Guillaume, agriculteur, a forcé un barrage au Salon de l'agriculture : il s'explique

  • il y a 7 mois
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00:00 - Bravo Eliott, merci Alexandre Benalla d'être avec nous, merci Alexandre.
00:04 On va revenir sur la sécurité du président parce que c'est vrai que c'est incroyable.
00:07 Et Pierre Guillaume, merci d'être là parce qu'on va revenir sur cette image qui est incroyable.
00:10 Plus d'un million de vues sur cette vidéo.
00:12 C'est vrai que vous ne vouliez pas du tout faire le buzz en plus,
00:14 mais c'est juste votre manière de fendre la foule qui est incroyable.
00:17 Regardez.
00:19 *Bruits de foule*
00:40 - Wow.
00:41 - "On tape pas", c'est énorme d'entendre ça.
00:43 C'est fou.
00:44 - Bah le but c'était pas la violence.
00:46 Nous on n'a rien contre les forces de l'ordre.
00:48 - Ça c'est important de le dire Pierre Guillaume.
00:50 Les agriculteurs, ils veulent tout sauf la violence.
00:52 Vraiment, et à chaque fois, c'est ça.
00:55 - Se faire accuser de récupération d'extrême droite, mais c'est complètement lunaire.
01:00 On était tous unis, quels que soient les syndicats, on était des centaines.
01:04 Et ce qu'on voulait c'était parler avec M. Macron,
01:06 qui techniquement nous a quand même bien méprisé,
01:08 qui est arrivé des heures avant le salon pour essayer de filer...
01:13 - Mais il a été au contact après, non ?
01:15 - Ah non, ça c'est entièrement faux.
01:17 Il a jamais été au contact et la totalité des personnes qui étaient sur place pourront le confirmer.
01:22 Jamais.
01:23 - Justement, Alexandre Benalla, le président, est-ce qu'il pouvait aller au contact là,
01:27 ou est-ce que vous pensez que c'était trop dangereux ?
01:29 - C'était assez difficile j'ai l'impression, au vu des images qu'on a vues.
01:32 Il y a eu une perte de contrôle à un moment de la situation.
01:35 Au moment où il était enfermé avec des syndicalistes paysans agriculteurs.
01:41 Il y avait une tension qui était exacerbée entre les forces de l'ordre et quelques manifestants.
01:45 Et ça me paraissait difficile, en tout cas pour son entourage et pour son service de sécurité,
01:50 de faire ça en toute sérénité.
01:52 - Pierre Guillaume, aujourd'hui vous êtes éleveur de cochons dans le Tarn.
01:55 - Tarn-et-Garonne.
01:56 - Exactement, Tarn-et-Garonne, d'accord.
01:57 Qu'est-ce que vous attendiez de ce salon de l'agriculture ?
01:59 Et qu'est-ce que vous attendiez ?
02:01 - Alors déjà je dois dire qu'on n'a jamais voulu le bloquer,
02:03 parce que nous on est heureux qu'il y ait le salon de l'agriculture.
02:05 Il y a plein de collègues qui préparent ça depuis un an, ça a son importance.
02:09 Nous ce qu'on voulait c'était passer un message au président et pouvoir discuter avec lui.
02:13 Et ce qu'on attendait c'était qu'on arrête de nous détruire et de nous laisser mourir, tout simplement.
02:19 - Aujourd'hui, les mesures qui ont été prises, elles sont insuffisantes pour vous ?
02:23 - Je dirais même que c'est plus une plaisanterie qu'autre chose.
02:27 Ça ressemble plus au dernier repas du condamné à mort
02:30 que des mesures concrètes pour nous aider, entre les importations ukrainiennes,
02:36 les accords de libre-change.
02:38 On n'a rien contre le fait que la France importe des produits.
02:40 Ce qu'on ne produit pas, il n'y a pas de problème.
02:42 Mais qu'on nous mette en concurrence déloyale face à des gens qui n'ont pas les normes qu'on a appliquées,
02:46 ce n'est pas le problème de bien travailler et d'avoir des normes.
02:48 Moi je suis en bio, ça ne me pose aucun souci.
02:49 - C'est le principal souci, ça on le sait.
02:51 On le dit, on ne cesse de le répéter dans cette émission, c'est bien que vous le redisiez ce soir.
02:54 Sur le salon de l'agriculture, vous n'en vouliez pas du tout, force de l'ordre ?
02:58 - Absolument pas.
02:59 Je leur ai même amené de l'eau à un moment donné au CRS.
03:02 On a de bons rapports avec eux, nous on n'est pas du tout...
03:04 - Vous disiez quoi les CRS ?
03:05 - Les CRS, par respect pour ces messieurs, je ne dirais rien des échanges qu'on a eus.
03:10 Mais techniquement, ils comprennent ce qu'on ressent.
03:12 Et vous savez, le premier maillon de la société, c'est les paysans, parce qu'on nourrit.
03:15 Le deuxième, c'est l'ordre.
03:16 On ne peut pas vivre sans eux, ils ne peuvent pas vivre sans nous de toute façon.
03:20 - Justement, je suis allé sur des carrefours où il y avait des agriculteurs il y a quelques semaines.
03:25 Il y avait souvent des gendarmes, etc.
03:28 Et tous me disaient soutenir les agriculteurs.
03:31 Ils disaient que pour eux c'est très compliqué.
03:34 Et donc ce qu'on essaie de faire, c'est plus protéger les agriculteurs qu'autre chose.
03:37 - De toute façon, vous voyez bien que nous aussi avec eux, on n'est pas dans l'injure.
03:41 On a poussé certes, mais on n'allait pas pour les frapper.
03:45 - Pourquoi vous poussiez comme ça ?
03:46 - Pour essayer d'accéder au président.
03:51 Vous regardez derrière moi, il n'y a que des paysans de tous les syndicats différents.
03:56 Alors on voit des bonnets jaunes, on a dit la coordination rurale dont je fais partie.
04:00 On a expliqué extrême droite, mais c'est n'importe quoi.
04:02 Aujourd'hui on a reçu même Éric Coquerel par exemple.
04:04 Nous le problème ce n'est pas la couleur politique.
04:06 Nous ce qu'on veut c'est quelqu'un qui est, vous excuserez mon langage,
04:09 mais les couilles de vouloir sauver le monde paysan et la souveraineté alimentaire de la France.
04:12 C'est tout ce qu'on demande.
04:13 - Alors vous avez entendu le président, il dit que c'est légitime votre colère.
04:16 Donc si votre colère est légitime, c'est qu'il va aller dans votre sens. Non ?
04:21 - Vous m'excuserez d'avoir des petits soucis de confiance.
04:25 Enfin je veux dire, on n'est pas la seule corporation à avoir des problèmes.
04:29 Et pour le moment, il n'y a pas grand monde qui a été entendu,
04:31 ne serait-ce qu'avec le prix de l'électricité, de tout ce qu'on peut voir,
04:34 tout ce que vivent les Français au quotidien.
04:36 C'est très très très compliqué.
04:39 Vous savez, on dit qu'il y a un paysan qui se suicide tous les deux jours,
04:41 mais ça c'est ceux qui réussissent.
04:43 Les autres on n'en parle pas.
04:44 Il faut réaliser la détresse des gens qui sont là.
04:46 C'est à nos frais qu'on vient. Il n'y a personne qui nous rembourse.
04:48 - C'est grave ce qui se passe chez les agriculteurs, on le sait.
04:50 - C'est très grave, oui.
04:51 - A quel moment vous avez pensé à mettre l'élément en l'air comme ça ?
04:54 - D'entrée, parce que je ne voulais pas avoir de mauvais gestes avec eux.
04:57 Si vous levez les mains, vous démontrez bien que vous ne voulez pas leur mettre une tarte.
05:01 Nous on était là pacifiquement, on voulait juste avancer pacifiquement.
05:06 Pour moi, ce n'est pas un non-sens.
05:08 On voulait aller à sa rencontre sans blesser les gens, sans injurier.
05:14 Mais on ne peut pas accepter, nous, d'être invisibilisés.
05:17 Excusez-moi, mais quand M. Macron dit que notre colère est légitime,
05:20 et qu'il dit que le salon de l'agriculture a été perturbé par des imposteurs,
05:23 c'est de l'inversion accusatoire.
05:25 Il vient avec 7 compagnies de CRS au salon de l'agriculture,
05:28 c'est la première fois que ça arrive.
05:30 Nous en face, on est tous paysans, on est des centaines,
05:32 on est de tous les syndicats, on est tous d'accord sur l'entièreté du problème.
05:35 On est tous maintenant dans la main et c'est nous les imposteurs.
05:37 - Mais de ce qu'on sait, on sait que le gouvernement entend vraiment vos...
05:41 et Gabriel Attal notamment, entend vos demandes.
05:45 Est-ce que...
05:46 Moi, je ne peux pas croire que ça ne va pas bouger dans les prochains jours
05:48 et que ça ne va pas aller dans le bon sens.
05:50 Ce n'est pas possible puisque tout le monde est d'accord avec vous, en fait.
05:52 - Si tout le monde... Au niveau de la population, oui,
05:54 mais eux, est-ce qu'ils sont d'accord avec nous ? Vous savez...
05:56 - Mais moi, quand je discute avec des responsables politiques,
05:59 puisque je parle énormément des agriculteurs, sachez-le,
06:01 ils essaient vraiment d'essayer d'aller dans votre sens
06:03 et d'essayer que ça bouge pour vous.
06:05 Quand j'ai le contact avec quelqu'un, tout le monde me dit,
06:07 on le sait et on va bouger pour les agriculteurs,
06:09 on ne peut pas les laisser comme ça.
06:11 Et là, j'entends encore le président de la République le dire,
06:13 donc je me dis, tout le monde le dit,
06:15 donc en fait, il faut que ça se fasse maintenant.
06:17 - Il faut que ça se fasse.
06:18 Il faut qu'à un moment donné, il nous...
06:20 Je ne sais pas, qu'il se mette un carnet de route concret.
06:22 Enfin, nous, ce qu'on demande, ce n'est pas compliqué.
06:24 - Oui, c'est ça.
06:25 - Les mesures, il s'est permis de dire aussi
06:27 qu'il fallait 4 ou 5 mesures, pas 150,
06:29 mais on lui en demande, justement, 4 ou 5.
06:31 - La première, c'est ce qu'on a dit tout à l'heure,
06:33 et c'est le plus important, il faut qu'elle arrive très vite,
06:35 en fait, c'est celle-là.
06:36 - Il faut que ça arrive très vite, parce que les gens meurent.
06:38 - Il faut que vous vous battiez avec les mêmes âmes que les autres.
06:40 - Exactement, c'est tout ce qu'on demande,
06:41 pas se battre les mains attachées dans l'eau.
06:43 - Ce serait vraiment formidable. - Ce serait formidable, effectivement.
06:45 - Voilà, ça, dans les prochains jours, si on peut le débloquer,
06:47 même symboliquement, pendant le salon de l'agriculture,
06:50 ce serait vraiment incroyable, ça, vraiment.
06:52 - Si je peux me permettre aussi, vous imaginez...
06:54 Alors, j'ai... Comment dire ?
06:56 J'ai absolument rien contre le peuple ukrainien et contre...
06:59 Vous voyez ce que je veux dire par rapport à ce conflit ?
07:01 Mais qu'on donne encore 13 milliards,
07:02 puisqu'on en donne 3 et 10 à l'Europe
07:04 pour 50 milliards d'aides à l'Ukraine,
07:07 et nous, on nous propose quelques petites centaines
07:10 de millions d'euros pour...
07:12 Ça représenterait, même si c'était versé aux agriculteurs,
07:15 ça ferait un demi-smic...
07:18 Ça ferait 700 ou 800 balles à chaque fois.
07:19 On va sauver des exploitations avec 700 ou 800 euros ?
07:22 - Bien sûr, je sais. Non, mais je sais.
07:24 Il faut que ça aille vite, en tout cas.
07:25 - Oui, il faut que ça aille vite.
07:26 Et les propositions, il les a toutes sur la table.
07:28 Et puis, bon, je tiens aussi à défendre,
07:31 je me permets, la coordination rurale,
07:33 parce que non seulement on nous accuse d'être d'extrême droite,
07:36 mais en plus de ça...
07:37 - Mais en plus, je vais vous dire quelque chose, moi.
07:39 Excusez-moi de vous dire ça.
07:41 Moi, je m'en fous de votre bord politique.
07:44 Je m'en fous de la totale.
07:45 - Oui, tout à fait.
07:46 - Là, je parle pas d'un truc politique.
07:47 Je parle d'hommes et je parle de familles
07:49 et je parle d'exploitation.
07:51 Je parle de gens qui...
07:52 Je m'en fous, en fait, de quel bord politique vous êtes.
07:55 - Non, mais c'est parce qu'on se fait salir dans les médias.
07:57 Alors, vu que je suis chez vous,
07:58 j'en profite pour rétablir le fait que nous,
08:00 la couleur politique aussi, on s'en fout.
08:01 Nous, ce qu'on veut, c'est sauver l'agriculture.
08:03 - Exactement.
08:04 - Le bord politique des gens, on s'en fout.
08:05 - Je vous dis, ça, ce sont des gens qui veulent pas que ça avance.
08:07 Donc, ils vont trouver la petite bête pour dire
08:09 "On s'en a rien à foutre".
08:10 En fait, moi, je vous demanderai jamais pour qui vous votez.
08:12 - Je me permets de vous dire une dernière chose
08:13 par rapport au gouvernement.
08:15 La porte-parole a déclaré ce matin
08:16 qu'on était du Rassemblement national
08:18 parce qu'on avait crié "On est chez nous".
08:21 Mais si les paysans, ils peuvent pas dire
08:22 "On est chez nous au Salon de l'agriculture",
08:24 on le dit où ?
08:25 Mais enfin, ça n'a rien à voir avec du racisme
08:27 ou ce que vous voulez.
08:28 - C'est comme si Raymond pouvait pas crier
08:29 "On est chez nous au Salon de l'érotisme".
08:30 - Non mais voilà, c'est vrai.
08:32 C'est vrai, voilà, c'est vraiment là.
08:34 Ce serait quand même bizarre.
08:36 Non, non, mais je vais essayer de vous faire un peu rire,
08:38 Pierre-Guillaume.
08:39 Et je vous dis, j'entends tout à fait ce que vous dites.
08:41 Et moi, je vous dis, ça, je m'en fous total.
08:43 C'est pas une question politique.
08:44 Et ça, je suis d'accord avec le président
08:46 quand il a dit "Il y en a qui font de la politique".
08:47 Là-dessus, il n'y a pas de politique.
08:49 Pour moi, c'est des hommes, des femmes, des familles
08:51 qui sont en train de mourir.
08:53 Voilà, c'est tout.
08:54 Donc, on en a rien à foutre pour qui il vote.
08:56 On veut juste sauver ces gens.
08:57 C'est tout. Je m'en fous total.
08:59 Je vous dis, je suis désolé.
09:00 Moi, je ne suis pas là-dedans.
09:01 C'est juste qu'ils sont en train de mourir.
09:03 Et que moi, je suis sûr.
09:05 Je vous jure, c'est un crève-cœur pour moi.
09:07 Et l'agriculture, on en parle depuis 4 ans dans cette émission.
09:09 4 ans, on se dit que ça va péter.
09:11 Et là, ça pète aujourd'hui.
09:12 Mais je ne peux pas croire que le gouvernement ne fasse rien.
09:14 Je n'arrive pas à y croire.
09:15 Je suis sûr. Je suis sûr.
09:17 Après, vraiment, j'espère ne pas me tromper.
09:19 Pierre-Guillaume, je suis sûr que ça va bouger.
09:20 - Que je vous entende.
09:21 - Bon sens pour vous.
09:22 Et on va tout faire ici pour que ça bouge dans le bon sens pour vous.
09:24 En tout cas, à notre petite échelle, d'essayer de faire bouger les choses.
09:28 Alexandre Benalla, merci d'être avec nous.
09:30 On va parler de la sécurité du président.
09:32 Parce que vous avez travaillé combien de temps déjà avec Emmanuel Macron au niveau de la sécurité ?
09:35 - Plus de 2 ans.
09:36 - D'accord.
09:37 Vos missions près du président, c'était quoi ?
09:39 - L'organisation des déplacements, l'organisation de la sécurité.
09:42 - Donc là, par exemple, c'était vous qui avez organisé le salon de l'agriculture ?
09:45 - Alors, le salon de l'agriculture, j'en ai fait 6.
09:47 3 avec Martine Aubry.
09:48 2 avec François Hollande.
09:49 Enfin, 1 avec François Hollande et 2 avec Emmanuel Macron.
09:52 - Vous étiez là quand il a pris l'œuf ?
09:54 - Oui.
09:55 J'étais à côté de lui.
09:56 - On s'en rappelle de la vidéo.
09:57 Alors, qu'est-ce qui s'est passé quand il a pris l'œuf, Emmanuel Macron, au salon de l'agriculture ?
10:01 - Je crois qu'on a été un peu surpris.
10:03 C'est des jeunes qui avaient envoyé un œuf un peu pour s'amuser, faire des images.
10:07 C'est malheureux, mais ça, on ne peut pas l'éviter.
10:10 - Et ça, on se dit quoi ?
10:11 Parce qu'en vrai, on se dit là, c'est un œuf, mais ça peut être n'importe quoi d'autre.
10:14 - Ça aurait pu être une pierre.
10:15 - En vrai, de vrai, la sécurité du président, si un mec...
10:20 Parce que je vois le président, et je l'ai dit la dernière fois, il va énormément, il va beaucoup au contact.
10:25 Là, il va beaucoup au contact, etc.
10:27 Là, si le mec...
10:29 C'est compliqué.
10:30 - Il n'y a pas de sécurité à 100 %.
10:32 On fait le maximum, on essaye d'anticiper.
10:34 Moi, les images que j'ai vues par rapport à ce week-end, elles sont dramatiques.
10:37 Je retiens ce que monsieur a dit sur le fait qu'il y avait les enfants du peuple,
10:41 un peu les policiers face aux enfants de la Terre.
10:43 Et ça donnait des images absolument ahurissantes.
10:48 Et ce que je déplore, c'est sans doute un manque d'anticipation.
10:51 Parce que c'est la première fois en six Salons de l'Agriculture que je vois des policiers casqués,
10:54 avec des boucliers, à l'intérieur du hall,
10:56 et sans possibilité de faire autre chose qu'une mêlée de rugby.
11:00 C'est la seule fois qu'on a assisté.
11:02 - Vous pensez que ce n'était pas anticipé, ça ?
11:04 - Je pense qu'il y a eu un problème quelque part.
11:05 Parce que théoriquement, l'inauguration du Salon de l'Agriculture,
11:08 elle se fait avant l'ouverture au public.
11:10 Donc qu'il y ait des gens extérieurs, qu'ils ne soient pas des exposants,
11:13 pas des journalistes, etc.
11:15 qui réussissent à rentrer, à forcer les barrages, etc.
11:17 C'est qu'il y a eu un manque d'anticipation quelque part, ça c'est flagrant.
11:20 Et qu'on se retrouve dans des situations, avec la CRS 8,
11:23 qui a été quand même créée pour aller au pire des violences urbaines
11:27 qu'on peut rencontrer dans notre pays, face à des agriculteurs.
11:30 Ça donne une image assez déplorable, catastrophique.
11:33 Et il y a une erreur quelque part, je ne sais pas où,
11:36 en tout cas ça m'interroge de savoir comment on en arrive à des situations comme ça.
11:39 Comment 400 à 500 personnes, alors qu'il y a 6 compagnies
11:42 ou 7 compagnies de CRS autour, réussissent à rentrer,
11:45 et avec des images d'affrontements absolument…
11:48 Enfin d'affrontements, c'était plus de l'ordre de la mêlée de rugby,
11:51 même si il y a eu… – Pas d'affrontements, c'était plutôt du rugby.
11:55 – Du rugby, avec une mêlée gagnée.
11:57 – Il n'y avait pas de volonté de haine, ni de notre part, ni de la leur.
11:59 – Après il y a quand même eu 8 blessés chez les policiers,
12:01 dont 2 assez sérieusement, il aurait pu y avoir pire,
12:04 parce qu'il y avait des exposants, des enfants d'exposants, des animaux.
12:07 Je trouve que ça…
12:10 – Combien il faut d'agents pour aller dans ce type d'événement ?
12:13 – Théoriquement, les compagnies de CRS, c'est pas ce qui me choque,
12:15 sur une visite présidentielle ou une visite d'État,
12:17 il y a toujours un certain nombre de compagnies de CRS.
12:19 Là, il y en a 2 qui sont arrivées en renfort, visiblement, en milieu de matinée.
12:22 – Les gendarmes mobiles après.
12:23 – Exactement, quand ils ont compris que la situation échappait un peu au contrôle.
12:27 Théoriquement, 3 jours avant, il y a un déplacement du chef de cabinet du président,
12:31 du responsable de la sécurité du président,
12:33 d'un responsable de la préfecture de police,
12:35 et ils font le tour sur tous les angles du trajet du président,
12:38 de l'arrivée du président, des plans de sécurisation autour du hall,
12:42 et ensuite, on met un certain nombre de couches.
12:44 Généralement, les gens qu'on voit casquer, les CRS, les gendarmes
12:47 et les compagnies d'intervention, ils sont à l'extérieur,
12:49 ils sécurisent les accès, et à l'intérieur, il y a 3 cercles
12:53 autour du président de la République.
12:54 Du plus large, on a ce qu'on appelle les compagnies d'intervention
12:57 qui sont en civil, et qui sont là pour gérer un peu la foule.
13:00 Il y a, en 2e cercle, le GIP, le groupe d'intervention et de protection
13:04 qui est un service de la préfecture de police,
13:06 qui gère tous les voyages officiels des ministres et du président.
13:08 - Compagnie du GIP ?
13:10 - Bruno Pommard, oui.
13:12 - Et ensuite, il y a le GSPR.
13:14 - Compagnie du GSPR ?
13:15 - Exactement, qui sont au premier cercle.
13:17 - Je m'embrasse sur Jean-Loup, d'ailleurs.
13:18 - Et là, on a assisté, c'est la première fois que je voyais
13:21 un 4e cercle avec des boucliers, des casques, à l'intérieur du salon.
13:24 - Est-ce que le président était en danger pour vous, ce week-end ?
13:27 - Non, il n'y a pas de...
13:28 - Non ?
13:29 - Ce n'est pas une question de danger, c'est une question que c'est difficile
13:31 de contrôler, c'est un contact avec une foule qui est difficilement maîtrisable.
13:34 On est dans un endroit confiné, donc il y a l'impossibilité
13:37 pour les forces de l'ordre, et heureusement d'ailleurs,
13:39 parce que ça aurait donné des images encore plus déplorables,
13:41 d'utiliser du gaz acrymogène ou la force, parce qu'on est dans un endroit
13:45 confiné avec des allées assez serrées.
13:47 Donc, il n'y avait pas de danger particulier, dès lors qu'il était en sécurité.
13:50 - Vous l'auriez ramené à l'Elysée, vous auriez continué ?
13:52 - Non, il ne peut pas ouvrir le salon et ne pas déambuler.
13:55 C'est le président de la République, on est en France.
13:57 - Il est resté 12 heures en plus, après.
13:58 - Est-ce que ça lui pose une question ?
14:00 - Sur l'Elysée, Pierre Guillaume.
14:01 - Parce que j'entends ce que vous dites, qu'il est à venir en tant que président, ok,
14:04 mais l'après-midi, c'était une mascarade.
14:07 Le hall 4, c'était un village Potemkin.
14:09 C'est-à-dire qu'il y avait des gens qui ont été pris, en fait,
14:12 ils ne pouvaient plus sortir, les exposants, techniquement, de ces stands.
14:15 Il y avait zéro public, zéro public, moi j'y étais tout le long, je peux vous le dire.
14:19 Il y avait zéro public et on avait un quadruple cordon de CRS
14:22 et de gendarmes mobiles.
14:24 Ça n'avait aucun sens.
14:26 C'est une opération de communication désastreuse à des millions d'euros.
14:30 Qu'il vienne d'accord, je ne sais pas si je vais être d'accord ou pas, c'est le président.
14:34 - Vous l'auriez eu devant lui, vous lui auriez dit quoi au président ?
14:39 - Moi, qu'est-ce que je lui aurais dit ?
14:42 Je lui aurais demandé, si je suis tout à fait honnête avec vous,
14:45 qu'il m'explique si ce qu'il fait, c'est autre chose que de la trahison, tout simplement.
14:49 Parce que pour moi, les accords de libre-échange, quand on les signe,
14:52 on ne peut pas savoir qu'on ne va pas tuer l'agriculture.
14:54 Je pense que M. Macron est quelqu'un de très intelligent,
14:56 qu'il n'y a pas trop de simplet dans ses conseillers.
14:59 Donc, ils savent très bien ce qu'ils font. Ils le savent parfaitement.
15:03 - Est-ce que vous lui aurez demandé ?
15:04 - Oui, je lui aurais demandé ça.
15:05 Je lui aurais demandé pourquoi ces accords de libre-échange,
15:07 pourquoi il n'en sort pas.
15:08 Parce qu'on sait très bien que oui, c'est l'Europe peut-être qui décide,
15:11 mais on est la France.
15:12 Si M. Macron a vraiment envie d'agir en grand chef d'État,
15:17 il tape du poing sur la table à l'Union européenne
15:19 et il leur dit que maintenant, il faut que les choses se passent
15:21 dans un certain sens ou que c'est fini.
15:23 Et pour information, c'est quand même le cas
15:25 chez tous nos voisins frontaliers.
15:28 Il y a les mêmes problèmes partout.
15:30 Je ne sais pas si vous avez vu la Belgique aujourd'hui,
15:31 mais c'était quelque chose.
15:32 - Oui, c'est normal.
15:33 Est-ce que vous diriez, pour vous, ça a été bien géré ?
15:37 - On peut difficilement dire que ça a été bien géré.
15:40 Le président est parti au contact.
15:42 Après, s'il y avait du public, pas de public, moi, je n'étais pas là.
15:44 - Non, il n'est pas venu au contact, je vous le certifie.
15:46 - Il est resté sur place.
15:47 Il était dans son rôle d'inauguration.
15:49 Il a essayé de dialoguer.
15:50 Malheureusement, il y a des gens qui n'étaient pas là pour ça.
15:53 Ce n'est pas une réussite d'un point de vue sécuritaire.
15:55 C'est sûr que les personnes qu'on voit à l'intérieur,
15:57 elles auraient dû rester à l'extérieur.
15:58 Sur chaque déplacement du président de la République,
16:01 il y a des manifestations.
16:02 Il y a des gens qui ne sont pas contents,
16:03 où que ce soit en France,
16:04 que ce soit le salon de l'agriculture,
16:05 le salon de l'automobile ou un déplacement en province.
16:08 Et généralement, quand c'est bien anticipé,
16:10 on essaye de recevoir une délégation.
16:12 On tient un peu à l'écart les personnes qui sont véhémentes
16:14 de manière à ce que les choses se passent bien
16:16 et qu'il y ait un dialogue constructif qui s'établisse.
16:18 - Vous avez dit que vous avez fait la sécurité de François Hollande,
16:20 d'Emmanuel Macron, de Martine Aubry.
16:22 - Oui.
16:23 - C'est-à-dire que c'est comme un avocat,
16:26 vous pouvez faire la sécurité de tout le monde ?
16:28 C'est-à-dire que demain, c'est, je ne sais pas moi,
16:31 Jean-Luc Mélenchon ?
16:32 - Oh, pfff !
16:33 [Rires]
16:36 - Joker.
16:37 - Vraiment, Joker ?
16:38 C'est-à-dire pas sur vous le...
16:39 - Non, je pense qu'il faut quand même avoir
16:41 un minimum de respect pour la personne.
16:43 - Ah oui, d'accord.
16:44 [Rires]
16:46 - OK.
16:47 - D'accord, donc vous ne le feriez pas.
16:48 Donc vraiment, c'est ça.
16:49 Parce que François Hollande...
16:50 - C'est une des seules exceptions.
16:51 - C'est une des seules exceptions ?
16:52 - Peut-être.
16:53 - Gérard Larcher ?
16:54 - Il n'a pas besoin de sécurité.
16:56 - D'accord.
16:57 D'accord, très bien.
16:58 Sinon, vous le faites tout le monde.
16:59 Vous feriez Nicolas Sarkozy, bien entendu.
17:02 - Il a une protection policière, il n'a pas besoin.
17:04 - D'accord, très bien.
17:05 Très bien.
17:06 Passepartout de Fort Boyard.
17:08 [Rires]
17:10 Merci, Alexandre Vénal.
17:12 Je voudrais remercier Pierre Guillaume d'avoir été avec nous.
17:14 Et Pierre Guillaume, sachez-le, les Français vous aiment.
17:16 - On n'en doute pas.
17:17 - N'oubliez pas ça.
17:18 Les Français vous aiment.
17:19 Les Français sont avec vous à fond.
17:20 Et moi, je suis sûr que ce n'est pas possible
17:22 que le gouvernement vous laisse mourir.
17:24 Donc je suis sûr que ça va vite trouver des solutions.
17:27 D'accord ?
17:28 - On vous aime fort.
17:29 - On vous aime fort.
17:30 Il faut aller au Salon de l'agriculture, les chéris.
17:31 Vraiment, merci à tous.
17:32 Merci d'avoir été avec nous.
17:33 [Musique]

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