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Les sénateurs se prononcent ce mercredi 28 février sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Pourtant, la droite s'y oppose, en expliquant que l'IVG n'est pas menacé. Les explications de l'éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau. 

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Transcription
00:00 Le Sénat se prononce aujourd'hui sur l'inscription de l'IVG à l'interruption de volontaire de grossesse dans la Constitution.
00:07 Là aussi, le résultat du vote est incertain.
00:11 Oui, au fond la question pourrait se résumer, l'idée c'est de savoir si la droite va de nouveau passer à côté de son histoire et de son temps.
00:17 On rappelle l'enjeu, depuis un an, le Parlement débat de la nécessité de sécuriser le droit à l'avortement en l'inscrivant dans notre Constitution.
00:25 C'est à la fois un symbole et une protection. Il y a eu une première proposition de loi qui a été adoptée l'an dernier par l'Assemblée, puis le Sénat, laissant entendre qu'il y avait un large consensus.
00:33 Du coup, Emmanuel Macron avait proposé en octobre un projet de loi constitutionnel. L'Assemblée l'a adopté le mois dernier.
00:39 Et c'est au tour du Sénat de le faire dans les mêmes termes, c'est-à-dire sans modifier le texte, afin qu'on puisse passer à la dernière étape, l'adoption en Congrès qui est prévue début mars.
00:47 Or, il y a suspense parce que les trois chefs de la majorité sénatoriale, Gérard Larcher, le président du Sénat, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, Hervé Marseille, celui des centristes, y sont opposés.
00:58 Pourquoi ?
00:59 Pour des raisons qui ne tiennent pas la route. Ça finance, ça tourne autour du pot, mais quand on regarde, ça ne tient pas la route.
01:03 L'IVG n'est pas menacé dans notre pays, disent-ils. C'est vrai, aucun parti ne réclame l'abolition de la loi Veil. Mais raison de plus pour s'y mettre.
01:11 On ne va pas attendre que des partis commencent à menacer la loi Veil, que le consensus y soit fragilisé pour la voter.
01:17 Quand Jacques Chirac a fait rentrer l'abolition de la peine de mort dans la Constitution, là pour le coup, la droite ne disait pas "c'est un problème, personne ne s'y oppose".
01:23 Second argument, la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux, a dit Gérard Larcher, ce qui témoigne quand même d'une curieuse conception de l'avortement.
01:31 L'IVG, on rappelle, ce n'est pas un caprice, ce n'est pas un gadget qu'on commande sur catalogue, c'est un droit, c'est une liberté fondamentale pour les femmes.
01:39 Et puis, il y a un problème de préséance, paraît-il, parce que le gouvernement a fixé à l'avance la date du Congrès, ce qui reviendrait à dire qu'on fait fi des sénateurs et qu'on commet un crime de lèse-majesté.
01:49 Il y a quelques arrières-pensées politiques aussi, la volonté de pas froisser la frange la plus catholique, la plus conservatrice de l'électorat.
01:55 Tiens, comme la tête de liste aux européennes, par exemple, François-Xavier Benhamy, la tête qui avait, en 2019, expliqué qu'il était opposé à l'IVG sur un plan personnel.
02:03 Donc ça veut dire que pour certains à droite, l'IVG reste un problème.
02:07 Oui, mais c'est plus large que ça, en fait. La droite est toujours à côté de la plaque face aux grands enjeux sociétaux.
02:13 C'est simple, c'est la boussole qui indique le sud. Vous me direz la loi Veil, c'est Giscard, c'est la droite.
02:17 Oui, mais la loi Veil, il n'y avait que 90 députés de droite qui avaient voté à l'époque. Elle a été adoptée par les députés de gauche.
02:23 Prenez le Pax, prenez le mariage pour tous. À chaque fois, c'est la même rengaine.
02:27 On a droit à un concert de cimagrées, de prophéties apocalyptiques, de grands combats civilisationnels.
02:32 À chaque fois, la droite dit "on la brochera", et puis à chaque fois, quand la droite se retrouve au pouvoir, elle se déballonne.
02:37 Et puis dix ans après, ils viennent la main sur le cœur en disant "non, en fait, on s'est trompé, on ne pensait pas à ça".
02:42 On va leur faire gagner du temps. On va leur faire gagner dix ans cet après-midi. Votez l'IVG.

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