• il y a 10 mois

Manuel Valls, ancien Premier ministre, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet du vote du Sénat en faveur de l'entrée de l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, du risque de troisième guerre mondiale, sur le nombre de places dans les prisons, du procès de l'attentat de Strasbourg et de la passe d'armes entre Marine Le Pen et Gabriel Attal.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres

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Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour Manuel Valls.
00:08 Bonjour.
00:09 C'est votre grande interview sur CNews et sur Europe 1.
00:12 Je voulais vous entendre sur beaucoup de sujets évidemment ce matin
00:16 et notamment sur l'IVG, cette décision qualifiée d'historique par le Président de la République.
00:22 Les sénateurs ont voté pour l'inscription du droit à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.
00:28 Est-ce que vous l'auriez voté ce texte si vous aviez été sénateur ?
00:31 Oui sans aucun problème.
00:32 Si j'avais été député ou sénateur, je l'aurais voté dans les termes identiques des deux assemblées,
00:38 ce qui permet en effet une réforme de la Constitution.
00:42 Je crois que c'était quelque chose qui était attendu.
00:44 Il y a une inquiétude générale dans le monde peut-être à partir de ce qui se passe notamment aux États-Unis
00:49 ou dans des pays comme la Pologne.
00:52 Donc il fallait mettre dans notre Constitution ce qui a été une grande réforme
00:57 et qui date évidemment de la loi Veil.
00:59 Le Président de la République, Emmanuel Macron, a parlé d'une victoire historique.
01:02 En quoi est-elle historique selon vous ?
01:03 Et pourquoi est-ce qu'il y avait urgence à graver le droit à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution ?
01:09 Parce qu'il y a ces inquiétudes.
01:11 Oui, il y a eu un débat à la fois juridique et politique sur la nécessité ou pas de la graver dans la Constitution.
01:17 Le droit n'est pas menacé en France à ce jour ?
01:19 Il peut être menacé par des retraites financement, par des mouvements anti-avortement.
01:25 Il est très ancré dans notre pays.
01:27 Le vote de hier soir en est évidemment la manifestation sur tous les bancs de l'Assemblée à part quelques extrêmes.
01:33 Il y a un accord sur cette avancée majeure qui a été représenté par la loi Veil et pour les femmes,
01:40 et pour la liberté des femmes.
01:42 Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que c'est un leurre pour détourner l'attention des Français de la crise que l'on vit ?
01:49 Non, heureusement on peut débattre de tous les sujets.
01:53 Évidemment, dans ce moment-là, nous y reviendrons des défis majeurs pour notre pays.
01:59 Mais la vie politique, la démocratie continue.
02:02 Et là, je trouve que le Parlement, avec ses votes très massifs à l'Assemblée comme au Sénat, s'honore et fait son travail aussi.
02:11 Manuel Valls, je voulais vous entendre bien sûr sur l'Ukraine, situation internationale inquiétante.
02:15 Les Français sont inquiets.
02:18 Emmanuel Macron ne veut pas exclure, n'a pas voulu exclure,
02:21 l'envoi de troupes au sol en Ukraine, il l'a dit en début de semaine.
02:24 Comment est-ce que vous avez réagi quand vous l'avez entendu ?
02:26 Il faut dire la vérité aux Français.
02:29 La guerre n'est pas impossible.
02:31 Et d'une manière ou d'une autre, il faut s'y préparer.
02:34 L'histoire, avec sa part tragique, est de nouveau là.
02:38 Et moi, je comprends l'inquiétude de nos compatriotes.
02:41 La guerre en Ukraine, des menaces, ce qui se passe évidemment en Israël et à Gaza,
02:48 la montée de l'antisémitisme, le tsunami qui a balayé le monde,
02:53 la menace terroriste qui est toujours là.
02:56 Donc il y a quelque chose de vertigineux quand on évoque ces sujets.
03:00 Mais ce que je veux dire avec beaucoup de force,
03:02 c'est ce que je comprends des propos du président de la République,
03:04 c'est que notre destin, celui des Français, celui des Européens,
03:08 est lié intimement au destin de Kiev, de l'Ukraine et des Ukrainiens.
03:15 Nous ne pouvons pas accepter l'hypothèse d'une victoire de Vladimir Poutine
03:21 qui représenterait la fin de la démocratie ukrainienne,
03:24 la défaite stratégique, militaire, politique, morale de l'Europe et de l'Occident.
03:30 Plus rien n'arrêterait Poutine, on le voit avec ce qui se passe aujourd'hui en Moldavie,
03:34 mais vis-à-vis des Pays-Baltes par exemple.
03:36 Et cela représenterait d'ailleurs un message aussi pour la Chine
03:40 d'agir à sa convenance à Taïwan.
03:43 Donc l'arrêt et la défaite de la Russie sont indispensables.
03:48 Et pour cela, il faut agir beaucoup plus fortement et vite.
03:52 Il ne faut rien s'interdire, il n'y a pas de tabou dans ce domaine-là.
03:55 Il faut en revanche des solutions et la solution d'urgence,
03:59 c'est le soutien militaire à l'Ukraine.
04:02 Manuel Valls, qu'est-ce que vous dites aux 76 % de Français
04:06 qui ne veulent pas que l'on envoie des troupes au sol en Ukraine ?
04:09 Sondage CSA pour CNews Europe 1, le JDD.
04:11 Les Français qui disent qu'on ne veut pas mourir pour Kiev,
04:14 ou en tout cas qu'on ne veut pas que nos enfants meurent pour Kiev.
04:16 Qu'est-ce que vous leur dites ?
04:17 Vous savez, nous sommes dans ces moments de bascule que...
04:20 Je ne fais pas de référence au passé,
04:23 parce que les situations sont forcément différentes,
04:26 mais nous sommes dans des moments où il faut dire la vérité aux Français,
04:29 et il faut leur donner une vision face au risque.
04:33 Parce que quand je dis qu'il faut se préparer à la guerre,
04:36 c'est à différents types de guerres.
04:37 Cela peut être une guerre classique, c'est ce qui se passe en Ukraine,
04:40 c'est la guerre hybride, celle de l'information,
04:43 de la déstabilisation que nous mène la Russie.
04:46 Toutes les notes de nos services de renseignement l'attestent.
04:49 La Russie intervient dans des processus électoraux
04:52 pour déstabiliser les États-Unis, la Catalogne en Espagne, la France.
04:56 Donc nous avons tous ces éléments.
04:59 Donc il faut leur dire la vérité, il faut leur dire que l'urgence,
05:02 c'est de fournir des munitions, des obus, des missiles,
05:07 des mirages sans doute aux Ukrainiens, pour qu'ils résistent.
05:12 C'est de convaincre les États-Unis de soutenir financièrement l'Ukraine.
05:17 Vous le savez que c'est un débat qui divise le Sénat et la Chambre des représentants américains.
05:22 Et c'est surtout, j'étais à Kiev il y a quelques mois,
05:26 c'est se préparer, c'est avoir un plan B si Trump l'emportait.
05:30 Donc l'Europe doit connaître une mobilisation particulière.
05:34 Trump dit "fermez le robinet d'aides américaines à l'Ukraine".
05:36 La présidente de la Commission européenne hier, Mme Van der Meyen,
05:39 a tenu un discours, je le trouve intéressant,
05:41 sur le fait que l'Europe doit avoir sa propre industrie
05:44 et produire ou acheter à des pays tiers des munitions pour l'Ukraine.
05:50 Mais comme il s'agit d'une guerre, qu'elle peut être longue,
05:54 que nous ne pouvons pas la perdre, qu'il faut une autonomie stratégique
05:57 pour l'Europe et qu'il faut préparer l'avenir,
06:00 toutes les déclarations, y compris celles du président de la République,
06:03 doivent faire oeuvre d'une très grande pédagogie pour convaincre les Français.
06:06 Moi, je comprends la réaction des Français à travers le sondage que vous citez.
06:10 Il faut bien expliquer les enjeux et il faut que le président de la République
06:15 se consacre à expliquer sa vision et quels sont les enjeux et les défis pour nous.
06:20 Mais, je le répète, c'est ma conviction profonde,
06:23 dans ces moments-là, notre destin est lié à celui de l'Ukraine.
06:27 Si les Européens venaient à se substituer aux Américains,
06:30 ça coûterait une fortune d'aider l'Ukraine.
06:32 Oui, mais c'est la démocratie, les valeurs universelles
06:38 que nous partageons avec les Ukrainiens.
06:40 Vladimir Poutine a perdu la première partie.
06:44 Il voulait convertir l'Ukraine dans un régime fantoche,
06:47 il testait la résistance des Européens et il ne voulait pas l'Otan à ses frontières.
06:53 L'Ukraine est une nation qui résiste avec un courage incroyable.
06:57 Les Ukrainiens meurent pour nous, 30 000 d'entre eux meurent pour leur liberté,
07:01 qui est aussi notre liberté.
07:04 La Suède et la Finlande, des pays neutres depuis des décennies,
07:08 c'est un signe majeur, viennent de rentrer dans l'Alliance Atlantique
07:12 et nous, nous sommes en train d'augmenter nos budgets militaires.
07:15 Donc, il ne s'agit pas de faire peur.
07:17 Pour faire peur, il ne s'agit pas d'exagérer, mais il ne faut rien s'interdire
07:22 et il faut expliquer à nos compatriotes que nous avons changé de monde,
07:25 qu'il y a de nouvelles menaces et qu'il faut s'y préparer.
07:28 Pour cela, il faut beaucoup d'explications et beaucoup d'unité nationale
07:32 sur un sujet aussi essentiel.
07:34 Manuel Valls, ancien Premier ministre,
07:36 invité de la grande interview sur CNews et sur Europe 1.
07:39 Je voulais vous entendre également sur ce procès qui va débuter aujourd'hui.
07:43 C'est aujourd'hui que s'ouvre le procès des accusés
07:45 de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en 2018.
07:47 Cinq morts, onze blessés, quatre hommes vont passer devant la justice
07:51 pour avoir aidé le terroriste.
07:52 Shérif Sheikhat, délinquant de 29 ans, devenu terroriste islamiste,
07:57 il leur a aidé à s'être procuré des armes.
08:02 L'une des questions au cœur de ce procès est le profil de ce délinquant
08:05 multirécidiviste qui avait déambulé dans les rues de Strasbourg
08:09 le 11 décembre 2018 et qui avait abattu cinq personnes.
08:13 Il était fiché, est-ce ? Ce profil l'interpelle.
08:16 Oui, mais parce que nous faisons face à cette menace.
08:19 - Un délinquant multirécidiviste ? - Oui.
08:21 Vous savez, en 2012, quand j'avais présenté comme ministre de l'Intérieur
08:25 la première loi antiterroriste du quinquennat de François Hollande,
08:28 j'avais évoqué un ennemi extérieur, Al-Qaïda,
08:32 ce qui n'était pas encore l'État islamique,
08:35 et d'autres organisations qui nous menaient une guerre depuis l'étranger,
08:38 mais aussi cet ennemi intérieur.
08:41 Avec tous ces jeunes gens qui sont partis au Levant, en Syrie, en Irak.
08:46 Souvent, on les fait passer par la délinquance,
08:48 ce sont les mêmes profils, et qui nous attaquent.
08:51 Ce sont des compatriotes, ce sont des concitoyens,
08:53 des gens qui vivent sur notre sol et qui nous attaquent.
08:55 Et cette menace, elle est toujours là.
08:58 - Et nous vivrons longtemps. - Elle est toujours là.
09:00 Est-ce qu'elle est plus importante qu'en 2012 ou moins importante ?
09:03 Est-ce que cet ennemi de l'intérieur, ses ennemis de l'intérieur,
09:05 sont plus nombreux qu'en 2012 aujourd'hui ?
09:07 Oui, puisque ce sont plusieurs milliers de personnes radicalisées
09:12 à travers les différents fichiers que nous connaissons.
09:15 Il y a toujours une menace extérieure.
09:17 Elle peut muter, elle peut changer.
09:19 Ça peut être le Hamas, le Hezbollah, l'Iran,
09:22 des organisations qui se reconstituent,
09:24 notamment l'État islamique en Afghanistan.
09:26 Mais il y a aussi cette menace extérieure.
09:28 Donc il ne faut pas mentir aux Français.
09:30 La menace islamique, celle de l'islam politique,
09:32 elle est toujours là, c'est un continuum.
09:34 Il y a malheureusement parfois des attentats,
09:36 nous l'avons vu tous ces derniers mois,
09:38 le procès de Strasbourg le rappelle.
09:40 Mais là aussi, il faut cette résilience,
09:42 il faut ce message de vérité aux Français.
09:46 Moi je suis souvent déçu par les divisions politiciennes
09:50 de notre pays face aux enjeux,
09:52 évidemment la crise économique, le pouvoir d'achat,
09:54 le réchauffement climatique,
09:55 mais face à ce qui se passe en Ukraine
09:57 et la menace islamique,
09:58 ce qui se passe aujourd'hui en Israël et à Gaza,
10:00 parce qu'au fond, les Israéliens sont confrontés
10:02 à la même menace à travers une guerre.
10:04 Le Hamas est une organisation créée par les frères musulmans
10:07 qui démontre tous les jours sa haine de l'Occident,
10:10 sa haine de la démocratie, sa haine des femmes,
10:12 des homosexuels, de tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
10:15 Et nous subissons, nous avons subi les mêmes attaques.
10:18 C'est le même combat, c'est celui que nous mène l'islamisme
10:21 et moi je le considérais, c'était l'un des défis majeurs
10:24 de ce début de 21e siècle.
10:26 L'imam Majoubi a déposé un référé liberté,
10:29 il pourrait donc revenir en France,
10:31 lui qui a tenu des propos contre le drapeau tricolore.
10:35 Quel serait le message s'il pouvait revenir en France ?
10:38 C'est un message de faiblesse,
10:40 nous sommes dans un état de droit,
10:42 donc chacun a droit à ses recours,
10:45 il faut que les dossiers soient bien ficelés
10:48 par le ministère de l'Intérieur.
10:50 Mais le message de fermeté qui était celui du ministre de l'Intérieur,
10:54 on ne peut pas tenir ce type de propos
10:56 quand on est un étranger, on n'a rien à faire dans notre pays.
11:00 C'est un message de haine vis-à-vis de la France et des Français.
11:04 Donc moi j'espère que la justice ira dans le sens
11:07 de la décision du ministre de l'Intérieur,
11:09 mais en tout cas il faut des messages très clairs,
11:12 ces messages de haine, de l'islamisme, de l'islam politique,
11:15 n'ont rien à faire dans notre pays.
11:17 Manuel Valls, la campagne des Européennes a commencé au salon de l'agriculture,
11:20 comment avez-vous vécu l'accueil réservé aux présidents de la République ?
11:23 Emmanuel Macron, samedi avec des huées.
11:26 J'étais hier, j'ai passé quelques heures au salon de l'agriculture,
11:29 discrètement, je parlais avec les agriculteurs,
11:32 avec les paysans, avec les responsables des filières,
11:35 la viande, le lait, les vignerons,
11:39 c'est toujours passionnant, c'était calme hier.
11:42 Bon, il y a une très grande inquiétude dans le monde agricole,
11:45 pas seulement en France, dans toute l'Europe,
11:49 notamment cette conciliation entre la nécessité de la lutte
11:52 contre le réchauffement climatique et la préservation évidemment
11:55 de filières qui sont tout à fait essentielles.
11:58 Je m'inquiète moi de ce climat de violence physique et verbale,
12:02 de ces tensions.
12:03 Je pense que le rôle du président de la République serait de se concentrer
12:06 sur l'essentiel, j'ai parlé de l'Ukraine,
12:08 et d'apaiser le salon de l'agriculture.
12:11 Ce n'est pas le lieu, me semble-t-il, pour la campagne des élections européennes.
12:14 J'ai trouvé que les propos du président et du Premier ministre
12:17 alimentaient trop la confrontation avec le Rassemblement national,
12:20 ce n'est pas le lieu.
12:21 Et on a fait le parallèle avec Jordan Bardella,
12:23 qui a été accueilli comme une rockstar.
12:24 Oui, mais ça nous verrons bien, parce qu'il faut aussi parfois
12:27 que le Rassemblement national sorte de ses ambiguïtés,
12:30 ses contradictions sur l'Europe, sur la Russie, évidemment,
12:33 sur ses solutions pour la crise agricole.
12:36 Le RN est ou pas dans l'arc républicain ?
12:39 Le débat revient régulièrement ?
12:41 Je ne suis pas sûr que ce soit un débat qui intéresse fondamentalement
12:44 les Français.
12:46 S'il faut parler de l'avenir, il faut que les propositions
12:49 des uns et des autres soient mises sur la table.
12:52 Quel est le projet du RN pour l'avenir de la France ?
12:56 Son projet économique est proche de celui de la France insoumise,
12:59 et il ruinerait notre pays.
13:01 Quelle est la vision du RN sur l'Europe et ses relations avec Poutine ?
13:05 Que dit-il sur une possibilité de guerre en Europe ?
13:09 Sinon tenir un message qui me semble défaitiste
13:12 et très loin de ce qu'il faut.
13:14 C'est sur ces sujets-là qu'il faut désormais que le débat ait lieu,
13:17 mais si possible, avec une certaine hauteur de vue,
13:20 parce que cette violence physique, verbale, ces noms d'oiseaux,
13:24 cette campagne permanente, nuit, me semble-t-il,
13:26 à la démocratie et à l'unité du pays.
13:28 83% des Français, Manuel Valls,
13:31 estiment qu'il faut construire plus de places de prison.
13:34 C'est un sondage qu'on révèle ce matin sur CNews et sur Europe 1,
13:38 avec le JDD. Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
13:41 Les Français ont raison, et il faut d'autant plus construire
13:44 de nouvelles places de prison qu'il faut des prisons
13:47 qui soient dignes de ce nom.
13:48 Parce que ce qui est insupportable, c'est qu'évidemment, on condamne,
13:51 et la justice, contrairement à ce qu'il dit souvent,
13:53 condamne sévèrement, mais les conditions d'accueil dans les prisons...
13:56 Mais où est le frein ? C'est un frein économique ou un frein idéologique
13:59 de certains magistrats qui ne veulent pas en être incarcérés ?
14:01 Ça peut arriver, mais le nombre de personnes incarcérées augmente,
14:05 la justice est dure, elle est sévère,
14:09 et la prison, elle est, me semble-t-il, très souvent indispensable,
14:13 y compris pour les primo-délinquants.
14:15 Mais il faut aussi que les conditions d'accueil et de réinsertion
14:18 soient au niveau qu'il faut. La prison, c'est une peine,
14:21 et puis il faut préparer, notamment, la sortie de prison aussi,
14:24 dans les meilleures conditions possibles.
14:25 - Manuel Valls, je voulais vous entendre également sur un sujet
14:28 dont on parle moins, mais qui est très important, la Corse.
14:30 Lundi soir, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
14:32 a reçu lors d'un dîner les responsables de Corse,
14:34 et on est ressorti une proposition d'écriture constitutionnelle
14:37 pour accroître une autonomie de l'île, accroître l'autonomie de l'île.
14:41 Ça suppose qu'on touche à nouveau à notre Constitution.
14:44 Qu'est-ce que vous y voyez là ?
14:45 - Je suis très inquiet, c'est vrai que ça n'est pas dans l'actualité.
14:48 Il y a des annonces de réformes de Constitution,
14:51 là nous sommes loin de l'IVG que nous avons évoqué
14:54 au début de notre conversation,
14:55 mais les textes que vous venez d'évoquer sont particulièrement inquiétants.
14:59 - Qu'est-ce qui vous inquiète ?
15:00 - J'accuse le gouvernement de vouloir mettre en cause,
15:03 à travers ce texte, l'universalisme républicain
15:06 et l'unité de la nation, et de jouer aux apprentis sorciers,
15:10 en proposant de reconnaître dans notre Constitution,
15:13 puisqu'il s'agit de cela, la Corse comme une communauté insulaire,
15:18 j'ouvre les guillemets, méditerranéenne,
15:20 historique, linguistique et culturelle,
15:22 ayant un lien singulier avec sa terre,
15:24 avec un pouvoir législatif au nom de ses particularités culturelles,
15:29 le pouvoir, l'exécutif, le président, le gouvernement,
15:31 ouvrent là une brèche dans laquelle peuvent s'engouffrer
15:34 des régions ou des communautés,
15:36 des formes de communautés dans notre pays.
15:39 On propose donc de constitutionnaliser le communautarisme.
15:43 Ce n'est jamais vu, il n'y a qu'une seule communauté,
15:46 c'est la communauté française.
15:48 Ce texte va à l'encontre de nos principes fondamentaux
15:52 et de ce qu'est la nation française.
15:54 D'autant plus, on a vu des textes, que les autonomistes
15:56 et les indépendants de Corse en profitent déjà
15:58 pour évoquer des lois organiques,
16:00 on parlerait du statut de résident,
16:02 de la co-officialité des langues, du bilinguisme.
16:05 Là, on est en train de défaire le pays,
16:08 la France, ce n'est pas une addition de tribut.
16:11 Je m'opposerai de toutes mes forces à cette idée
16:13 qui me paraît très dangereuse pour notre pays.
16:15 Là, on joue avec ce qu'est le pays
16:18 et l'essentiel de notre identité.
16:20 La France n'est pas une addition de tribut,
16:22 nous a dit Manuel Valls.
16:24 Merci beaucoup Monsieur le Premier ministre
16:26 d'être venu ce matin sur CNews et sur Europe.

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