CRISE HOSPITALIERE / Comment s'en sortir ?

  • il y a 7 mois

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00:00 Zoom à présent dans ce journal sur la crise hospitalière.
00:03 Une vieille dame de 85 ans disparue des urgences d'Aix en Provence
00:07 est retrouvée morte dans une benne.
00:09 Un jeune de 25 ans mort d'une septicémie aux urgences d'hier dans l'indifférence générale.
00:14 Ou encore un patient de 45 ans qui se suicide après avoir passé 10 jours sur un brancard
00:19 aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse.
00:23 Les drames se succèdent, pointant du doigt les conditions d'accueil désastreuses des patients dans nos hôpitaux.
00:28 Alors, qui est responsable ? On en parle aujourd'hui avec notre invitée du jour.
00:34 Katia Molineri, bonjour.
00:36 Bonjour.
00:37 Vous êtes donc secrétaire du syndicat Force Ouvrière au CHRU de Tours.
00:42 Première question, est-ce que ce genre de drame dont je viens de parler pourrait également arriver chez nous ?
00:47 Oui, oui, oui, tout à fait.
00:49 On n'est pas à l'abri d'une erreur, on n'est pas à l'abri d'un oubli.
00:54 Ça peut arriver au CHRU de Tours.
00:57 Aujourd'hui, quel est l'état des lieux au CHRU de Tours ?
01:01 Combien de personnes en arrêt ? Combien de services en grève illimitées ?
01:04 Car ça perdure, il y en a toujours.
01:06 Alors, on peut dire qu'en 2022, il y avait entre 10 et 11 % d'absentéisme.
01:12 Les services en grève, il y a tout Clocheville, la Bibronnerie, la MIC, la MAG.
01:20 C'est quoi la MIC, la MAG ?
01:21 La MIC, c'est la médecine interne immunoclinique.
01:24 La MAG, c'est la médecine aiguë gériatrique.
01:27 Il y a la psychiatrie adulte, l'hermitage et la cardiologie.
01:30 J'aurais dû poser la question inverse.
01:31 Dans quels services il n'y a pas de grève illimitée ?
01:34 Est-ce qu'il y a des services où ça fonctionne bien ?
01:37 Il y a des services, mais il y en a très peu.
01:42 En fait, on met des services en grève, on les met en grève illimitée.
01:47 On est obligé d'arrêter la grève pour pouvoir renégocier avec notre direction.
01:51 C'est un message d'alerte, ces grèves illimitées ?
01:54 C'est ça, c'est un message d'alerte.
01:55 De toute façon, on est obligé de travailler à l'hôpital, malheureusement,
02:01 puisqu'il y a des patients.
02:03 Donc, en fait, la grève, elle ne sert pas à grand-chose.
02:06 Il y a un service minimum à assurer, c'est ça que vous nous expliquez.
02:09 Donc, une grève ne peut pas être suivie, ne peut pas aboutir,
02:13 puisqu'il n'y a pas de moyens de pression, c'est ça ?
02:15 C'est ça, donc on est obligé de l'arrêter.
02:17 Aujourd'hui, ça fait 32 ans que vous êtes dans le service hospitalier.
02:21 Quel regard vous portez sur l'état actuel de ce service hospitalier public ?
02:26 Moi, je n'ai pas connu l'hôpital qu'on a aujourd'hui.
02:32 Avant, on pouvait communiquer.
02:35 Il n'y avait pas autant d'absentéisme.
02:39 On avait des bras.
02:41 Maintenant, on s'aperçoit qu'il y a de moins en moins de personnel.
02:45 Le personnel fuit l'hôpital, le personnel change de métier.
02:49 On ne peut plus communiquer, la direction ne nous fait pas confiance.
02:53 Ça ne peut plus durer.
02:55 Et puis, les agents sont sous pression.
02:59 On ne peut pas se dire qu'une aide soignante doit laver 10 patients.
03:04 Ce n'est pas possible.
03:06 Aujourd'hui, l'un des principaux problèmes, c'est le manque de personnel.
03:09 C'est des personnes non remplacées, absentes, ou des postes vacants, clairement ?
03:13 Alors, des postes vacants, du personnel qui n'est pas remplacé.
03:16 Il y a eu quand même 70 embauches avec le Ségur.
03:19 Mais ça ne suffit pas. On n'arrête pas de dire que ça ne suffit pas.
03:22 Les 70 postes vont remplacer les agents qui sont déjà en arrêt.
03:25 Donc, les postes qui sont vacants, ils ne sont pas remplacés.
03:29 Les agents qui arrivent, les 70 postes, en fait, les agents qui étaient arrêtés vont revenir.
03:33 Et c'est un cercle vicieux, tout ça.
03:35 Tant qu'on n'aura pas comblé le nombre de postes, le nombre d'agents manquants,
03:39 l'hôpital ne fonctionnera pas bien.
03:41 Qu'est-ce que vous répond la direction quand vous l'alertez régulièrement sur fin ?
03:45 Elle est évidemment au courant des difficultés de personnel.
03:50 Qu'est-ce qu'elle vous répond ?
03:52 Alors, soit elle ne nous répond pas, elle fait la sourde oreille.
03:57 Ou alors, on embauche, on embauche, mais on n'en voit pas la couleur,
04:02 on ne voit pas les embauches à la hauteur du manque de personnel.
04:06 Qu'est-ce qui pourrait aujourd'hui sauver l'hôpital public, selon vous ?
04:09 Il faudrait que ce soit plus attractif, déjà.
04:15 Il faudrait augmenter les salaires. Ce serait beaucoup plus attractif.
04:18 Mais quand ils ont été revus, vous l'avez dit, après le Ségur de la santé ?
04:21 Mais ça n'a pas été suffisant. Avec l'augmentation de la vie, ça n'a pas été suffisant.
04:25 Et puis, il faut des bras. Il faudrait qu'il y ait un agent pour un patient.
04:31 En maison de retraite, en EHPAD, on ne peut pas se dire, à l'Hermitage, par exemple,
04:34 ou au MAG, qu'un agent soit obligé de faire 10 patients.
04:41 Ce n'est pas possible, ce n'est plus possible. Ce sont des patients dirigés.
04:44 Est-ce que la notion de vocation est morte, aujourd'hui, au sein du CHRU Tours,
04:48 et de manière générale, chez les soignants ?
04:51 Je pense que pour certains, oui. Il n'y a plus de vocation.
04:55 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
04:57 Il faut former les gens. Il faut former les nouveaux arrivants.
05:00 Il ne faut pas hésiter. Il faut faire de la formation.
05:06 On n'arrête pas de dire, il faut les former. On ne s'improvise pas soignant.
05:11 On ne peut pas faire une toilette quand on arrive à l'hôpital, quand on n'a jamais fait.
05:15 Ce n'est pas possible.
05:17 Merci. Merci, en tout cas, pour votre témoignage.
05:19 On espère que vos conditions s'amélioreront.
05:23 Merci.
05:25 [SILENCE]

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