SMART BOURSE - Emission du lundi 4 mars

  • il y a 6 mois
Lundi 4 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) et John Plassard (Spécialiste en investissements, Mirabaud & Cie)

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Transcript
00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés
00:12 chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV
00:18 et le lundi en supplément pendant une demi-heure à partir de 13h30 là aussi en direct
00:23 mais toutes ces émissions sont à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr
00:27 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:31 Au sommaire de cette édition du lundi, des marchés qui sont dans une attente plutôt positive
00:37 avec un déluge d'événements prévus dans les prochains jours,
00:40 des marchés actions notamment qui tiennent les records atteints ces derniers jours ou ces dernières heures
00:46 puisqu'on a vu le Nikkei ce matin franchir pour la première fois de son histoire le seuil des 40 000 points,
00:51 des niveaux records atteints également en Europe et aux Etats-Unis ces dernières séances
00:56 au démarrage d'une semaine qui sera marquée par la réunion de la Banque Centrale Européenne
01:02 ce jeudi avec les nouvelles projections économiques du staff de la BCE
01:05 et un discours qui devrait avoir changé par rapport aux précédents meetings.
01:08 On attend de la part de Christine Lagarde qu'elle affiche ou qu'elle affirme
01:13 que la discussion sur la baisse des taux a bien commencé au sein du Conseil des Gouverneurs.
01:19 Côté américain, la semaine sera marquée par différentes données d'emploi
01:23 avant le rapport mensuel sur l'emploi pour février qui sera publié ce vendredi
01:27 et le témoignage semi-annuel de Jerome Powell qui se déroulera mercredi et jeudi
01:32 devant différentes commissions bancaires et financières du Congrès américain,
01:36 le Sénat et la Chambre des représentants.
01:39 Dans ce contexte, nous évoquerons l'homme qui monte au sein de la Fed,
01:43 le gouverneur Chris Waller qui depuis deux ans a plutôt vu juste quand beaucoup d'autres se sont trompés
01:50 sur l'idée d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine.
01:53 Chris Waller est donc l'homme qui a pris du galon au sein du board de la Réserve fédérale américaine
01:59 ces deux dernières années, nous en parlerons avec Pierre-Yves Dugas.
02:02 Et puis autre gros sujet qui animera les marchés globaux,
02:06 la tenue à partir d'aujourd'hui du Congrès national du peuple en Chine,
02:10 la réunion annuelle du Parlement avec un congrès plus que jamais verrouillé
02:15 puisqu'on a appris aujourd'hui que le Premier ministre chinois qui avait l'habitude
02:19 à la fin de ce congrès de tenir une grande conférence de presse,
02:22 notamment sur les objectifs économiques de l'année pour le pays,
02:25 le Premier ministre chinois Li Qiang aujourd'hui en l'occurrence
02:29 ne s'exprimera pas à l'occasion de ces meetings, en tout cas devant la presse.
02:34 Ce rendez-vous a été annulé et pas uniquement pour cette année mais pour les prochaines années
02:40 et pour l'ensemble du mandat du Premier ministre Li Qiang,
02:43 un signe de plus que le pouvoir est plus que jamais verrouillé au sommet en Chine,
02:48 désormais un pays de plus en plus opaque pour les investisseurs globaux.
02:53 Les enjeux de la semaine sur les marchés, nous en parlons le lundi à 13h30 en direct
03:08 et c'est John Placard qui est avec nous en visioconférence pour entamer ce rendez-vous,
03:11 spécialiste en investissement de la banque Mirabeau.
03:13 Bonjour et bienvenue John.
03:15 Merci beaucoup d'être avec nous, assez intéressant de constater que les marchés d'actifs risqués
03:21 débutent ce mois de mars sur des niveaux records quand on regarde les grands indices des marchés développés notamment
03:27 et si on prend un peu de recul sur ces deux premiers mois de l'année, ce qui est encore plus impressionnant
03:31 c'est que les investisseurs n'ont eu de cesse d'effacer un certain nombre de baisses de taux
03:36 qui étaient anticipées pour 2024 et que malgré cela, la course des actifs risqués et des indices actions
03:43 n'a jamais été entravée.
03:46 Oui exactement Grégoire, bonjour.
03:48 C'était la question, en fait je crois que c'était la question principale depuis ce début de l'année
03:53 puisqu'on avait eu un sous-brosseau avec une consolidation des marchés en octobre de l'année passée
03:59 qui était due à un rééchelonnement je dirais du consensus sur les prévisions de la réserve fédérale américaine notamment
04:10 et on a vu dernièrement la semaine passée, c'était assez important pour noter que le consensus maintenant
04:18 pariait comme l'a fait pour trois baisses de taux cette année, évidemment ça va encore évoluer, on le sait
04:23 mais ils sont en phase et on se disait que lorsqu'ils seraient en phase, on aurait une consolidation de marché
04:30 et bien pas du tout, vous l'avez dit Grégoire, on a eu des nouveaux records historiques sur le S&P 500
04:37 sur le Nasdaq 100 notamment et en fait on se dit que malgré des rendements élevés, les marchés peuvent quand même
04:44 continuer à progresser, ce qui laisse pas mal d'espoir pour la suite de l'année
04:48 et la question c'est bien évidemment de savoir pourquoi, pour moi il y a trois raisons spécifiques
04:52 la première c'est les bons résultats des entreprises, sur le dernier trimestre de l'année dernière
04:57 on a vu qu'on était au-dessus du consensus, on a vu aussi que l'enthousiasme pour l'intelligence artificielle
05:05 excusez-moi Grégoire, il fallait bien que je le sorte, a continué d'être très important
05:12 notamment après la publication des résultats de Nvidia et puis d'un autre côté on a une croissance économique
05:20 aux Etats-Unis qui est extrêmement robuste, on l'a vu que pour le dernier trimestre même avec une légère révision à la baisse
05:26 on est quand même à 3,2% sur le quatrième trimestre, donc on voit que les consommateurs américains
05:33 continuent de consommer, on voit qu'on a une croissance supérieure à ce qu'on avait historiquement
05:40 lorsqu'on arrivait dans des périodes où potentiellement on pourrait avoir une récession, on l'a tous effacé
05:46 vous vous souvenez tout le monde parlait du soft lending, et bien maintenant presque tout le monde parle du no lending
05:53 on en avait parlé d'ailleurs ensemble Grégoire et on est dans une situation où même la situation de l'emploi
06:01 aux Etats-Unis tient toujours, donc ça vient alimenter évidemment cette croissance folle américaine
06:07 oui et donc ça veut dire que les marchés repoussent l'idée des baisses de taux mais pour de bonnes raisons
06:12 c'est bien parce qu'il y a de la croissance qui alimente les résultats des entreprises
06:16 que les marchés d'acti, les marchés actions peuvent continuer leur course en avant
06:20 oui exactement et puis en fait ce qu'on se dit avec ces données qui sont bonnes, on se dit aussi que
06:26 le redressement des conditions de prêt et la contraction de l'activité manufacturière semble être derrière nous en fait
06:33 c'est à dire que le point bas qu'on aurait eu, en fait c'est ce que se dit le consensus, commence à se dire le consensus
06:39 le point bas qu'on aurait eu au niveau économique et bien est derrière nous
06:43 et donc la lumière est au bout du tunnel et lorsque la lumière est au bout du tunnel on peut commencer
06:49 à reconstituer ses portefeuilles, ce qui est très intéressant de regarder
06:54 alors il faut voir si ça va se confirmer, ça c'est une autre chose
06:57 mais ce qui est intéressant de voir c'est sur ces dernières semaines on a même les small and mid caps américaines
07:03 qui ont progressé, normalement ces valeurs lorsqu'elles progressent c'est lorsque vous arrivez dans une situation
07:10 où le marché repart et historiquement c'est ces valeurs qui bénéficient le plus de l'attrait des investisseurs
07:20 c'est vraiment effectivement le point clé, si le marché voit vraiment un no landing à l'horizon pour l'économie américaine
07:27 il faudra en toute cohérence qu'il y ait quand même une forme de rotation sectorielle
07:31 qui se mette en place au sein des marchés actions et notamment pour les parties les plus cycliques
07:37 vous avez cité l'exemple des small caps
07:39 côté zone euro, l'enjeu de la semaine évidemment va tourner autour de la réunion de la banque centrale européenne
07:45 John, réunion importante puisqu'on aura comme tous les trois mois les nouvelles projections économiques du staff de la banque centrale européenne
07:52 nouvelles projections en matière de croissance et d'inflation
07:56 et un discours qui devrait quand même s'ajuster par rapport aux réunions précédentes, côté baissé John ?
08:03 Oui tout à fait et puis ce qui est très intéressant c'est que le discours qu'on va avoir
08:07 alors bien évidemment Christine Lagarde ne va pas dire qu'ils vont baisser les taux lors de la prochaine réunion
08:12 mais comme vous l'aviez dit en préambule elle va très certainement ouvrir légèrement la porte à une discussion
08:18 et potentiellement une baisse de taux lors des prochaines réunions
08:23 ce qui va être très intéressant de noter surtout ça va être les baisses d'estimation dans les nouvelles projections économiques de l'inflation
08:31 on pense que les nouvelles projections économiques devraient être de 0,3 à 0,4%
08:38 en dessous de ce qui était les dernières qui étaient de 2,7% pour l'inflation cette année
08:45 qu'est ce que ça veut dire ? ça veut dire très concrètement que l'inflation cette année
08:49 dont les projections qui vont être données devraient être d'environ 2,3%
08:53 donc on s'aligne sur ce fameux mandat des 2%
08:58 donc effectivement selon ce qu'elle va nous dire
09:01 et bien on peut penser qu'une grosse partie du travail de la banque centrale européenne a été fait
09:07 et donc qu'on peut à un moment ou à un autre baisser ces taux
09:12 et puis il y a une autre chose c'est que concernant la croissance puisque c'est l'autre variable qui va être raboté
09:21 et bien là on pourrait voir aussi une petite baisse des estimations de croissance
09:26 où on pourrait être à 2% contre 2,1% cette année
09:30 mais ça va être très important parce que si Christine Lagarde n'ouvre pas cette fameuse porte
09:36 et bien on va directement aller vers juin voire plus tôt dans l'année
09:41 on sait qu'en été bien évidemment il se passe absolument rien
09:45 donc si vous repoussez à juin potentiellement vous pouvez repousser les anticipations de baisse de taux à septembre
09:53 et ça c'est totalement différent de ce que pense le consensus aujourd'hui
09:57 parce qu'une certaine partie du consensus dont nous pensons que la banque centrale européenne
10:03 va baisser ses taux avant la réserve fédérale américaine
10:06 alors il faut absolument que ce jeudi Christine Lagarde dise quelque chose d'un peu plus concret que la dernière fois
10:12 qui se traduira comme je l'ai dit évidemment par la baisse des estimations économiques
10:18 mais aussi par une ouverture dans la discussion qui fait part normalement qui est au sein des membres du comité de la BCE.
10:28 Bon, Christine Lagarde sera peut-être interrogée par les journalistes sur ce lien pratique qui peut exister
10:35 entre les décisions de la Fed et de la banque centrale européenne
10:37 mais qui ne fait absolument pas partie du mandat de la BCE
10:39 à savoir la BCE prend des décisions indépendantes sur le plan politique
10:44 et y compris vis-à-vis des autres banques centrales
10:46 on verra comment le sujet émerge ce jeudi à l'occasion de la conférence de presse de Christine Lagarde
10:51 à la suite de la communication de la banque centrale européenne
10:55 et puis le sujet chinois nous accompagne également cette semaine
10:59 John, alors il faut déjà noter quand même que depuis quelques semaines
11:01 les marchés actions chinois ont plutôt eu tendance à rebondir
11:05 avec cet événement très politique en ligne de mire désormais
11:08 le congrès annuel du parlement
11:11 et est-ce qu'il faut en attendre ?
11:14 Et là aussi en termes de communication
11:16 on comprend quand même que la communication de la Chine vis-à-vis du reste du monde
11:19 est de plus en plus opaque, John.
11:22 Oui, c'est absolument incroyable ce qui est en train de se passer en Chine
11:26 on n'en parle pas assez
11:28 mais on voit que le président Xi est vraiment en train d'être la seule voix à écouter
11:33 déjà qu'il l'était avant
11:34 mais là il va empêcher très concrètement le Premier ministre
11:38 de participer à la conférence de presse
11:41 conférence de presse qui existe depuis 1993
11:45 donc ça fait depuis près de 30 ans
11:48 qu'il y avait une conférence de presse lors de cette réunion
11:51 et là le Premier ministre ne pourra pas parler
11:54 et ne pourra pas parler comme vous l'avez dit ces prochaines années
11:58 à moins qu'il y ait des circonstances particulières
12:02 c'est dans le texte, c'est assez étonnant pour le noter
12:05 alors qu'est-ce que ça veut dire ?
12:06 ça veut dire très concrètement qu'il faut être
12:09 il faut que tout le monde soit sur la même ligne directrice que le président
12:14 il ne faut pas parler des problèmes concernant l'immobilier
12:17 il ne faut pas parler des problèmes concernant la dette
12:21 et il ne faut pas parler des problèmes concernant l'évolution des indices
12:26 très important de le noter ici
12:28 parce qu'on va voir quelle va être la réaction des investisseurs
12:32 déjà qu'avant ils n'y voyaient pas grand chose
12:35 et on avait vu la baisse des indices était entre autres due par les injections
12:40 et les interventions de l'État dans des sphères plus ou moins privées
12:45 et là ce sera complètement différent
12:46 mais qu'est-ce que ça veut dire ?
12:48 ça veut dire ici que si le message qui n'en sera pas fondamentalement passe
12:54 eh bien on pourra potentiellement voir les indices chinois continuer à progresser
12:59 ce qui pourrait être assez intéressant pour ceux qui ne parient pas
13:04 sur un effondrement des indices
13:06 et là ce qui va être très intéressant aussi de noter
13:09 et ça c'est un petit truc qu'on peut se dire chaque année
13:11 c'est que le chiffre qui va nous être donné demain
13:15 concernant la croissance chinoise qui doit être autour de 5% cette année
13:19 je peux vous garantir Grégoire ce sera le chiffre qui aura lieu
13:23 voire il sera peut-être un petit peu meilleur à la fin de l'année
13:26 parce que évidemment il n'y a pas énormément de surprises de ce côté-là
13:30 maintenant ce qu'il faut aussi regarder
13:33 c'est s'il va y avoir des annonces
13:36 alors je ne pense pas
13:37 mais des annonces de nouvelles interventions du gouvernement
13:41 ce qu'on appelle la grosse Bertha
13:43 on l'a, tout le monde l'attend
13:45 que le gouvernement prenne une certaine forme de panique
13:49 et investisse à tout va beaucoup plus qu'il ne l'a fait avant
13:53 eh bien on va voir s'il y aura des annonces dans ce sens-là
13:55 mais malheureusement ou peut-être heureusement
13:59 s'il y a une maîtrise de la croissance future
14:03 eh bien ce ne sera pas fait
14:06 effectivement on suivra ça
14:08 et quand on parle de l'opacité chinoise pour des investisseurs globaux
14:12 c'est évidemment le fait qu'il n'y ait plus de conférences de presse du Premier ministre à l'issue de ce congrès
14:16 c'est aussi le fait qu'un grand nombre de statistiques qui étaient publiées jusqu'aux années 2010
14:22 ont complètement disparu des radars
14:24 et qu'on n'a jamais aussi peu publié de statistiques provenant de Chine
14:28 que sous le régime de Xi Jinping aujourd'hui
14:31 ce qui donne l'idée quand même d'une boîte noire pour des investisseurs globaux aujourd'hui
14:36 merci beaucoup John, John Plassard avec nous
14:38 pour ce rendez-vous du lundi dans Smart Bourse spécialiste en investissement chez Mirabeau
14:43 le lundi consacré également à l'actualité américaine
14:51 sur le front politique et sur le front économique
14:53 et c'est notre rendez-vous ce quart d'heure américain
14:56 avec notre correspondant américain Pierre-Yves Dugas en visioconférence avec nous
14:59 bonjour Pierre-Yves, merci beaucoup
15:01 ravi de redémarrer cette semaine à vos côtés pour évoquer l'actualité américaine
15:07 je le disais en introduction, Chris Waller est donc ce gouverneur de la réserve fédérale américaine
15:12 qui aura gagné des galons au cours des deux dernières années
15:15 c'est décidément l'homme qui monte au sein du board des gouverneurs
15:20 pour le moment, tant que sa prise de position, son pari assez osé se vérifie
15:27 il est en train de marquer des points mais attention ses adversaires
15:32 adversaires en tout cas, ceux qui ne sont pas tout à fait d'accord avec son approche
15:36 et pensent qu'il a pris des risques, ne manquent pas de souligner
15:39 on va le voir, que le match n'est pas terminé, de quoi s'agit-il ?
15:43 alors, est-ce que vous connaissez William Beveridge ?
15:48 oui alors je connais la courbe de Beveridge donc j'imagine que c'est l'auteur de cette théorie
15:53 sur la relation entre le travail et l'inflation
15:57 ça n'est pas le nouvel arrière-droit de Manchester City
16:01 c'est un économiste britannique qui a formalisé la relation intuitive d'ailleurs
16:06 entre les offres d'emploi non pourvues, relation inverse, avec le taux de chômage
16:12 et l'interprétation de cette courbe qui s'est vérifiée dans les travaux de William Beveridge
16:16 dans les années 30 et dans les années 40, employé depuis
16:20 le problème c'est que plus rien ne se passe vraiment normalement dans l'économie américaine
16:24 avec la sortie du confinement et que, pour revenir à lui
16:29 Christopher Waller a osé dire début 2022, et bien vous savez quoi
16:34 il y a tellement d'offres d'emploi non pourvues
16:38 le volume est tellement élevé, on était je dirais dans la mémoire au-delà de 12 millions
16:43 qu'il est probable que même une forte remontée des taux d'intérêt
16:48 n'ait pas pour effet à moyen terme de relancer fortement le chômage
16:54 c'était un pari qui pour l'instant est un pari qui semble gagner
16:59 puisque le chômage aux Etats-Unis, en dépit d'un relèvement massif des taux d'intérêt
17:03 depuis mars 2022, est autour de 3,7%
17:08 et qu'on est dans une période toujours de quasi plein emploi
17:12 ce pari a été adopté par Jerome Powell
17:18 qui a dit "Banco, relevons les taux d'intérêt massivement, corrigeons
17:23 ce qu'ils ne veulent pas admettre comme une erreur
17:27 mais ce qui apparaît tout de même comme un manque d'anticipation
17:32 de la forte poussée de l'inflation, pour le moment ça marche
17:36 le taux de chômage reste extrêmement faible, la désinflation est engagée
17:40 et le nombre d'offres d'emploi non pourvues a baissé
17:44 encore qu'il n'est pas tellement baissé, il est même un petit peu
17:48 remonté depuis quelque temps. Alors le match n'est pas fini
17:52 c'est ce que disent des gens tout aussi éminents que Christopher Waller
17:56 je pense notamment à Olivier Blanchard, ancien professeur d'économie à MIT
18:00 ancien patron de la recherche économique au FMI
18:04 c'est ce que dit Larry Summers, il avait d'ailleurs
18:08 avec M. Blanchard publié un paper à ce propos en août 2022
18:12 un paper dans lequel il soulignait des erreurs probables
18:16 selon eux, commises par la réserve fédérale dans ses calculs
18:20 sur cette courbe de beverage. Pour l'instant ils reconnaissent
18:24 que Christopher Waller a tout bon, mais que le match n'est pas fini
18:28 d'abord on a vu qu'au mois de janvier on a eu des chiffres
18:32 de l'inflation qui étaient un petit peu décevant, alors attendons
18:36 de voir ce qui va se passer en février. Christopher Waller, âgé de 64 ans
18:40 économiste du Minnesota qui a enseigné l'économie
18:44 à l'université de Notre Dame dans l'Indiana
18:48 qui est un personnage qui a été choisi comme gouverneur par Donald Trump
18:52 il y en a quelques-uns comme ça, Jerome Powell par exemple
18:56 qui comme il semble avoir eu tout bon dans ce pari
19:00 osé jusqu'à présent, voit son étoile monter
19:04 et on commence à mentionner son nom comme un éventuel successeur
19:08 de M. Jerome Powell, dont le mandat en tant que président du Conseil des Gouverneurs
19:14 expire en mai 2026. Christopher Waller est un républicain
19:20 et il a deux qualités très importantes chez les économistes américains
19:24 d'abord il a beaucoup d'humour, ensuite c'est quelqu'un qui ne se cache pas
19:30 systématiquement derrière des équations pour s'exprimer
19:34 mais c'est un professeur d'économie aussi, il a beaucoup enseigné
19:38 il enseignait sans notes, les mains dans les poches
19:42 et c'est quelque chose qui a marqué ses étudiants et qui facilite
19:46 la transmission du message de la réserve fédérale, notamment au Congrès
19:50 mais aussi aux économistes et au public et aux marchés financiers.
19:54 Vous avez vu que le dernier pari de certains économistes de Wall Street,
19:57 je cite le chef économiste d'Apollo Global Management, Thornton Slocke
20:00 qui est passé lui aussi par le FMI, grand économiste réputé
20:04 en tout cas économiste de marché, le dernier call à la mode
20:08 c'est de dire que la fête ne baissera pas c'est tôt cette année.
20:12 Écoutez, si l'économie américaine continue de se porter aussi bien
20:16 Christopher Weller dans son intervention il y a une quinzaine de jours l'a dit
20:20 moi je veux encore quelques mois pour vérifier que l'inflation
20:24 est bien en train de se calmer. Il est le premier à faire preuve de prudence
20:30 il est loin de crier victoire. La surprise de cette économie américaine
20:36 en croissance de l'ordre de 3% semble-t-il encore au cours des derniers mois
20:40 est quelque chose qui rend tout à fait probable de mauvaise surprise
20:44 sur le plan d'inflation ne serait-ce qu'un simple arrêt de la désinflation
20:50 serait une surprise désagréable. Donc le match est loin d'être terminé
20:57 et cela encourage beaucoup d'investisseurs à continuer d'acheter des obligations courtes
21:03 qui vous produisent toujours du 5,3% plutôt que d'aller au-delà à 5, 6, 7 ans.
21:10 Très bien payé pour attendre effectivement sur la courbe des taux aujourd'hui
21:15 le CPI de janvier a été un peu plus inquiétant. Le Corp PCE n'a pas franchement rassuré
21:22 donc les prochaines données d'inflation pour le mois de février seront évidemment
21:26 des données toujours aussi importantes pour la réserve fédérale américaine
21:29 rappelons que cette semaine c'est l'emploi qui sera à la une
21:31 on aura toutes les données d'emploi, les ouvertures de postes
21:33 et le rapport mensuel sur l'emploi qui sera publié ce vendredi pour le mois de février
21:38 Pierre-Yves, on sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne
21:41 est-ce que c'est ce que pensent les démocrates du Sénat
21:44 après que Mitch McConnell, le leader des républicains au Sénat
21:48 a annoncé son départ après l'élection de novembre ?
21:51 Non Dieu, qu'il est détesté Mitch McConnell, qu'il est détesté de la presse bien pensante
21:58 au pléonasme que vous me pardonnerez, qu'il est détesté des démocrates
22:01 et pourtant il est respecté, il est respecté par le président Biden
22:06 qui a été sénateur Biden pendant des années, qui connaît très très bien Mitch McConnell
22:11 qui dirige le groupe républicain au Sénat depuis 2007
22:15 mais qui a été élu sénateur de Kentucky en 1984
22:22 j'étais là, je m'en souviens
22:25 Mitch McConnell est une personnalité qui a 82 ans aujourd'hui
22:30 et qui nous a annoncé la semaine dernière qu'elle renoncerait à son poste de leader du groupe républicain au Sénat en novembre
22:41 c'est-à-dire au terme des élections législatives de novembre
22:45 alors c'est très très important
22:47 parce que Mitch McConnell était la plus grande personnalité républicaine élu d'autorité
22:55 qui était ouvertement anti-Trumpiste
22:59 et le parti républicain qui est en train de se trumpiser massivement
23:04 vous pouvez encore se référer à Mitch McConnell
23:07 et Mitch McConnell est en train de vous annoncer qu'il va passer la main
23:12 ce qui nous ouvre la possibilité en cas de victoire de Donald Trump le 5 novembre
23:17 d'avoir un parti républicain qui aurait non seulement la Maison Blanche
23:21 mais probablement aussi, et je vais vous expliquer pourquoi, la majorité au Sénat
23:27 et qui serait un parti encore plus trumpiste qu'il ne l'est devenu depuis quelques mois
23:33 ce qui fait très peur aux démocrates et aux New York Times
23:38 qui vont en venir à regretter Mitch McConnell
23:41 qui était un atlantiste, qui était un libre-échangeiste, qui était un conservateur bon teint
23:47 mais sur lequel on pouvait compter parce qu'en gros c'était un régalien, ça n'était pas un populiste
23:53 et en cela il s'oppose radicalement à cette nouvelle vague trumpiste des républicains
24:00 N'oublions pas que le 5 novembre, un tiers du Sénat est renouvelé
24:06 20 sièges de sénateurs démocrates doivent être renouvelés
24:10 mais 10 sièges de républicains seulement doivent être renouvelés
24:14 Or sur ces 10 sièges, tous sont dans des états qui ont déjà voté largement pour Donald Trump il y a 4 ans
24:23 Tandis que pour les 20 sièges démocrates, ça n'est pas le cas
24:27 la mâche de victoire de Biden dans ces états-là était très faible
24:31 Donc les démocrates ont peur de perdre le Sénat
24:34 et le renoncement de Mitch McConnell à son poste extrêmement important
24:39 On a beaucoup de pouvoir quand on est président même de la minorité du Sénat
24:44 et encore plus quand on est président de la majorité du Sénat
24:48 Cette vacance ouvre la possibilité qu'il se passe des choses au Sénat qui rendent le Sénat encore plus trumpiste
24:56 Oui, d'une certaine manière ce que dit Mitch McConnell, c'est que les trumpistes l'ont emporté au sein du grand parti
25:04 C'est à la fois une manière de tourner la page d'un point de vue idéologique
25:12 mais aussi de tourner la page d'un point de vue générationnel
25:16 La nouvelle génération de républicains n'est plus régalienne systématiquement par défaut
25:21 comme elle l'a été depuis les années 80
25:24 Maintenant les nouveaux républicains sont plutôt populistes et plutôt trumpistes
25:28 Qui pourrait succéder à Mitch McConnell ? Il y a 3 "Johns" que l'on donne
25:32 2 d'entre eux ne sont pas des trumpistes de la première heure
25:36 mais se sont ralliés à Donald Trump parce que ce sont des pragmatistes
25:39 et qu'ils ont compris que Donald Trump faisait voter des gens pour les républicains
25:43 et qu'on a besoin de Donald Trump pour se faire élire comme républicain aujourd'hui
25:46 Et puis M. Barroso qui est sénateur du Wyoming, lui est ouvertement trumpiste
25:55 et donc un de ces 3 "Johns" John Cornyn, John Barroso et John Thune
26:01 pourraient succéder à Mitch McConnell dans des degrés de trumpisme plus ou moins affichés
26:07 mais d'autres successeurs sont possibles
26:10 Tim Scott qui ne cesse de clamer les louanges de Donald Trump
26:15 qui est sénateur de Caroline du Sud
26:17 s'il n'était pas choisi comme colistier de Donald Trump
26:20 pourrait faire aux yeux de Donald Trump un excellent président d'une majorité républicaine au Sénat
26:25 Bon, l'emploi américain cette semaine sur le terrain économique
26:29 et le super Tuesday demain sur le terrain politique
26:32 bien sûr, même si je crois que tout le monde a un avis assez tranché
26:36 sur qui sera le candidat républicain pour cette élection présidentielle
26:40 Merci beaucoup Pierre-Yves, Pierre-Yves Dugas avec nous chaque lundi
26:43 pour ce quart d'heure américain retrouvé en replay sur bsmart.fr
26:46 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées
26:49 Merci à vous
26:51 [Musique]

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