L'édito de Jérôme Béglé : «Européennes : des intérêts divers sur le continent»
Dans son édito du 12/03/2024, Jérôme Béglé revient sur les élections européennes.
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00:00 Oui Romain, et dans toute l'Europe. D'abord, ce sont les premières élections post-Brexit.
00:04 On verra si l'expérience britannique est en d'autres pays.
00:06 Il faut également jauger l'influence de la guerre en Ukraine,
00:09 notamment sur les élections en Europe de l'Est, en Pologne, Hongrie,
00:12 dans les États issus de l'ex-Yougoslavie, en Roumanie, en Bulgarie,
00:16 des pays quand même qui envoient 180 députés sur 720
00:20 que comptera le Parlement de Strasbourg au mois de juin.
00:22 En Allemagne, l'élection servira de test à la majorité de Olaf Scholz,
00:25 le pays pèse 96 députés.
00:28 En France, chez nous, pour la majorité,
00:30 ces élections revêtent aussi une double importance, nationale et continentale.
00:34 Les sondages donnent en ce moment entre 9 et 13 points de retard
00:37 pour Valérie Ayer face à Jordan Bardella.
00:39 Et à Strasbourg, le groupe Renew, auquel appartient Renaissance,
00:43 n'est que la troisième force politique de l'hémicycle.
00:46 On touche ici d'ailleurs à une des raisons du manque d'influence
00:48 de la France au niveau européen, le PPE,
00:51 qui est la première force politique de l'hémicycle, 177 députés,
00:54 compte seulement 8 élus français.
00:57 L'Alliance progressiste des socialistes et démocratiques pour le Parlement européen,
01:01 la deuxième force, compte 141 personnes,
01:03 parmi lesquelles seulement 7 français.
01:06 Bref, la France est quasiment absente
01:08 des deux grandes formations politiques de Strasbourg.
01:11 La troisième Renew donc a 101 députés, dont 23 français, ici de notre pays,
01:15 mais elle n'est pas ou peu en mesure de faire entendre sa voix.
01:18 Pour peser sur la scène continentale,
01:20 et quel que soit le résultat du scrutin du 9 juin,
01:23 il faudra que nos futurs élus s'inscrivent dans des formations
01:26 qui feront au sens propre la loi.
01:29 Alors, la question qu'on se pose ce matin également, Jérôme,
01:31 c'est que risquent Emmanuel Macron et ses alliés
01:33 si les européennes sont, pour son groupe, une lourde défaite ?
01:37 En France, les élections sont de véritables midterms pour la majorité,
01:40 une sorte de référendum sur l'adhésion des électeurs
01:43 au second mandat d'Emmanuel Macron.
01:45 Sachez que notre pays est le deuxième plus gros pourvoyeur d'élus à Strasbourg,
01:48 avec 81 sièges.
01:49 Un éparpillement des voix ou un enrôlement du parti
01:52 arrivé en tête dans une formation politique
01:54 que je pourrais qualifier de second rang,
01:56 accentuerait encore notre marginalisation.
01:59 Par ailleurs, les élections européennes
02:00 sont la répétition générale de la présidentielle.
02:03 Jordan Bardella veut accéder au premier rôle.
02:06 S'il l'emporte avec 10 points d'avance,
02:09 il fera de sa formation politique
02:11 une indiscutable favorite pour 2027.
02:13 Une lourde défaite de renaissance
02:16 enclencherait ce qu'on pourrait appeler le début de la fin,
02:18 en tout cas le crépuscule politique du président.
02:20 Son autorité commence déjà à être contestée,
02:22 chez ses alliés, à l'Assemblée nationale,
02:25 dans les autres capitales européennes
02:26 et même dans la haute administration.
02:27 Chacun pense déjà à 2027 et à l'après-2027.
02:30 Cette attitude qui jusqu'ici discrète, mesurée,
02:33 pourrait prendre de l'ampleur et compliquer un peu plus
02:35 les réformes et le cap fixé par le chef de l'État.
02:38 Une victoire lui donnerait un peu d'air,
02:40 une défaite l'affaiblirait non seulement en France,
02:43 mais aussi dans toute l'Europe et rendrait vaine
02:46 sa tentative d'imprimer une autre stratégie
02:48 face à la Russie de Vladimir Poutine.
02:50 C'est pour cela que Emmanuel Macron et Gabriel Attal
02:52 sont contraints de s'engager personnellement
02:54 dans la bataille.
02:55 Une lourde défaite s'apprêt le fondement
02:58 de leur autorité au moment où la situation
03:00 politique intérieure et géopolitique impose
03:02 qu'ils usent de cette autorité.
03:04 Merci beaucoup Jérôme.
03:05 Et la campagne de Valérie Hayé,
03:08 comment la qualifier ?
03:09 Pour l'instant, compliquée.
03:10 Elle est assez peu connue.
03:14 Il va falloir voir si elle imprime,
03:16 comme on dit dans les sondages,
03:17 dans les semaines qui viennent.
03:18 Il faudra qu'elle gagne et être connue.
03:20 Qu'elle gagne et être connue, oui.
03:21 Et qu'elle soit connue.
03:23 On la connaît assez peu.
03:24 Et ses prestations médiatiques
03:27 peuvent être, voilà, sont perfectibles.
03:30 Merci beaucoup Jérôme Béglé.
03:32 Je vous invite.
03:33 [Musique]
03:35 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]