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Classement des CHU : L'APHP en disgrâce ? La rédaction de What's up Doc en parle avec les anesth' réa, une spé sous le feu des projecteurs ! 

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00:00 L'APHP chute lentement au classement des CHU, mais sûrement.
00:08 WhatsAppdoc mène une enquête sur une des spées à la lumière des projecteurs pendant
00:12 la pandémie.
00:13 Y a-t-il une problématique propre à Paris ou non ?
00:15 Telle est la question.
00:16 Nous avons rencontré le Dr Adrien Bouglet, le Dr Emmanuel Dola et deux internes, Constance
00:21 Bougnou et Rita Hayash, à la Pitis Alpétrière.
00:23 Dr Adrien Bouglet, vous êtes MCUPH, responsable anesthésie et réanimation à l'Institut
00:28 de cardiologie de la Pitis Alpétrière.
00:30 L'APHP a perdu 4 points au classement des CHU par rapport à l'année dernière, 10e
00:34 sur 28.
00:35 Docteur, comment expliquez-vous ce résultat ?
00:37 Je pense qu'il faut rechercher beaucoup du côté des conditions de vie.
00:40 Il est très difficile de se loger à Paris, en tout cas avec des coûts réellement prohibitifs.
00:44 Et quand on a un salaire d'interne, je pense que c'est difficile.
00:47 Bien sûr, il y a beaucoup de gens qui sont en colocation.
00:50 Certaines villes, notamment de l'ouest de la France, je pense à Bordeaux, Toulouse,
00:53 Nantes, Montpellier, vont offrir des conditions de vie beaucoup plus favorables, quelle que
00:57 soit la qualité de la formation offerte à Paris ou dans ces villes.
01:01 Alors, je pense que l'explication est multifactorielle.
01:07 Je pense qu'évidemment, la crise sanitaire doit faire partie des causes expliquant la
01:12 baisse dans le classement des différents CHU.
01:15 Maintenant, il faut voir également si les critères de jugement qui ont été pris cette
01:18 année sont exactement superposables aux critères qui ont été pris l'année d'avant et si
01:23 ces critères de jugement ont pris en compte l'existence de la crise sanitaire que nous
01:27 vivons à l'heure actuelle.
01:28 Je pense que l'anesthésie-réanimation est une spécialité très attractive car en
01:38 effet, elle s'intéresse à l'anesthésie, comme son nom l'indique, la réanimation
01:43 et la médecine périopératoire.
01:45 Ce qui fait que nous suivons le patient qui va avoir une prise en charge chirurgicale
01:48 sur le long cours.
01:49 On va également avoir une spécificité qui est la prise en charge des urgences chirurgicales,
01:55 donc au bloc opératoire des urgences, mais aussi en réanimation, que ce soit en réanimation
02:00 polyvalente ou en réanimation chirurgicale.
02:02 Bref, c'est une spécialité complète, très intéressante, assez novatrice en termes de
02:08 qualité de vie des internes ou même des seniors qui la composent.
02:13 Donc, je pense que par ses différentes composantes, c'est une spécialité extrêmement attractive.
02:17 Parce que c'est une super spécialité, je ne vais pas être très objectif, on a vraiment
02:25 une variété d'exercices qui est extrêmement importante, à la fois pendant la formation
02:33 et ensuite.
02:34 Et puis, on ne va pas se mentir, l'anesthésie-réanimation permet aussi, lorsque les gens en ont assez
02:39 d'un exercice hospitalier, de repartir dans des conditions libérales.
02:43 Donc voilà, c'est une spécialité qui est très riche, très vaste, dont le champ de
02:48 compétence continue de s'élargir et qui offre vraiment une polyvalence très importante.
02:53 C'est sûr que les internes parisiens ont été extrêmement mis à contribution, je
03:04 pense que ce soit chez nos collègues MIR ou en anesthésia-réa.
03:08 Pour la pandémie, l'Île-de-France est extrêmement touchée depuis un an maintenant.
03:12 D'autres régions ont été touchées, mais on paye quand même un lourd tribut à cette
03:16 épidémie et les internes sont fatigués de ça.
03:19 Ils ont envie aussi de se former et c'est certain que quand on ne fait que du Covid
03:24 depuis un an, on ne se forme pas à la gestion des polytraumatisés, à la gestion de l'hémorragie
03:30 méningée, de la pneumonie communautaire ou de la pancréatite, pour parler de la réanimation.
03:35 Je comprends que les internes aillent chercher de la formation plus polyvalente peut-être
03:43 ailleurs pour l'instant.
03:44 Je ne sais pas si la pandémie a effrayé les internes, par contre ce que je sais c'est
03:52 que d'être moi-même externe provinciale venant de la Côte d'Azur qui est devenue
03:57 interne à Paris, arriver interne à Paris et être face au loyer parisien, à la vie
04:03 parisienne, a parfois des avantages et des inconvénients.
04:07 Un des avantages de la vie parisienne étant sa vie culturelle, sa vie hors les murs de
04:12 l'hôpital que nous avons perdu à l'heure actuelle eu égard à la crise sanitaire.
04:17 Je pense que cela est probablement une des explications.
04:20 Une autre des explications est les loyers parisiens parce qu'en effet il est extrêmement
04:25 difficile pour les internes à l'heure actuelle de se loger en intramuros.
04:30 Donc je pense que ceci fait partie des explications.
04:33 Je pense que ça dépend de ce qu'on aime, ce qu'on recherche et je pense qu'il n'y
04:39 a pas de bonne ou de mauvaise réponse.
04:41 Je pense qu'il faut choisir sa spécialité comme sa ville en fonction de ce qu'on aime
04:46 et de qui on est.
04:47 Alors je pense qu'il y a une discordance entre les déclarations de tels et tels responsables
04:57 nationaux des spécialités et la réalité sur le terrain.
05:02 On s'entend bien, on travaille en bonne intelligence et d'abord pour le bénéfice
05:06 des patients.
05:07 C'est la même chose finalement pour nos internes, pour les gens qui sont assistants
05:12 ou chefs de clinique et qui bien souvent vont aller faire un poste internat dans un service
05:17 de MIR, revenir ensuite dans un service d'anesthésie et réanimation et ça ne pose jamais aucun
05:23 problème à personne.
05:24 Dans mon service il y a plusieurs gens qui ont fait leur clinique en réanimation médicale
05:29 et qui ont ensuite pris un poste en DPH en réanimation chirurgicale.
05:32 C'est évident que ça ne nous pose pas de problème.
05:35 Maintenant il est certain qu'il y a des tensions importantes, un certain nombre de
05:38 corporatismes qui sont un peu exacerbés je trouve par la pandémie.
05:44 Je pense que Paris offre beaucoup de possibilités, un nombre de terrains de stage et de terrain
05:53 de stage de qualité vraiment important et là-dessus, je suis désolé pour nos amis
05:58 provinciaux mais c'est difficile de lutter.
06:01 Maintenant il y a plusieurs points, je pense qu'il peut être un peu au détriment de
06:06 Paris, il y a tout l'aspect extra-professionnel bien sûr, on en a déjà parlé, c'est difficile
06:11 de se loger à Paris, on est loin de la mer, il y a des temps de transport importants
06:14 et tout ça, ça compte quand on a fait une garde, un dimanche de garde, on est content
06:18 de pouvoir aller à la mer le lundi.
06:21 Je doute qu'on puisse vraiment progresser là-dessus.
06:24 Il y a peut-être un côté quand même à Paris, je pense pour les internes, c'est
06:28 le relatif anonyma, il y a beaucoup d'hôpitaux, il y a une quarantaine d'hôpitaux à la
06:33 PHP avec plusieurs terrains de stage dans chaque hôpital et ce qui fait que chaque
06:38 semestre l'interne doit refaire ses preuves, doit remontrer pas de blanche, montrer qu'il
06:43 est capable de faire et qu'on peut lui faire confiance et à chaque semestre, on le voit
06:47 très bien, ça prend plusieurs mois pour que l'interne puisse être en confiance et
06:51 que les gens aient confiance en lui et en fait, dès lors, c'est la fin du stage et
06:56 on repart à zéro.
06:57 Je pense qu'en province et notamment dans des villes peut-être de taille moyenne, il
07:02 y a vraiment une continuité, les internes passent plusieurs fois au même endroit,
07:05 on les connaît, on leur fait confiance peut-être plus rapidement et je pense qu'il y a probablement
07:09 cette proximité qui compte aussi dans l'attractivité de ces structures.
07:13 Constance Bougnoux, vous êtes interne à Paris en désert, pourquoi ce choix ?
07:16 Alors j'ai choisi à la NMCC réanimation parce que c'est un choix qui se fait petit
07:21 à petit, je suis passée en stage en tant qu'externe en réanimation, ça m'a beaucoup
07:25 plu, le côté, le fait de pouvoir garder le patient dans son entièreté, d'être
07:30 vraiment transversal, le côté de travailler en équipe multidisciplinaire avec à la fois
07:36 des sujets très physiopathes, de l'imagerie, ça m'a beaucoup intéressée.
07:41 L'aspect aussi, prendre des décisions en urgence avec une grosse gestion en amont,
07:46 les risques et la prise en charge, ça m'a aussi beaucoup plu.
07:49 Puis après j'ai appris à connaître l'anesthésie avec d'autres sujets mais toujours ce côté
07:54 de travailler en équipe, transversalité, interface avec les spécialités chirurgicales
07:59 et parfois des spécialités médicales.
08:01 Et puis après j'ai choisi Paris parce que c'est une ville qui a des terrains de stage
08:05 très diversifiés, on peut à la fois faire des stages en CHU très universitaires et
08:10 puis d'autres stages dans des services plus périphériques avec une ambiance plus familiale
08:15 et des patients un peu plus diversifiés.
08:17 Et puis c'est vrai qu'on a l'impression qu'aujourd'hui la médecine va de plus en
08:20 plus vers la sur-spécialisation, donc c'est intéressant de pouvoir passer dans des services
08:24 où il y a des vraies spécificités, des connaissances très pointues sur des sujets
08:28 précis.
08:29 Du coup ça permet d'avoir une formation diverse et d'arriver à l'intéressante.
08:32 Pourquoi Paris ? Parce que Paris c'est une ville pour moi qui nous permet vraiment d'expérimenter
08:45 et d'être dans des terrains de stage qui sont très variés, très polyvalents.
08:51 Vraiment on peut être à la fois dans des stages sur-spécialisés comme dans des stages
08:57 où on fait vraiment le tour de la spécialité, comme ici par exemple en anesthésie polyvalente
09:03 à la Pitié.
09:04 Ce qui est également intéressant à Paris c'est qu'il y a beaucoup de postes en post-internat,
09:10 on trouve toujours quelque chose qui nous permet de faire ce qu'on aime.
09:16 Et puis il y a aussi ce fait de pouvoir moduler un peu et personnaliser notre internat comme
09:21 on veut, étant donné qu'on a vraiment accès à des terrains de stage vraiment très différents
09:28 de l'un à l'autre.
09:29 Pour l'instant ça se passe bien.
09:34 Nous on n'est pas la première ligne avec les patients Covid en réanimation, vu qu'on
09:40 est au stage d'anesthésie, on a pu avoir un stage presque normal.
09:45 Oui, franchement je trouve aussi qu'on a pu bénéficier d'une formation assez classique,
09:51 un peu comme les internes qui étaient présents avant la vague du Covid.
09:56 On n'a pas vraiment été face à des situations de flux de patients Covid, on a dû gérer
10:04 des choses qui s'éloignent de l'anesthésie.
10:07 Donc vraiment je pense qu'on n'a pas été impacté du tout par ça.
10:13 Après sur un côté un peu moins professionnel, on va dire que la convivialité au début
10:19 de l'internat on a un peu pâti, mais on ne s'y rattrapera pas plus tard.
10:24 C'est sûr qu'on a une spécialité où ça reste important de se connaître, parce
10:30 qu'on est amené à se revoir souvent dans le cadre des stages, etc.
10:34 Donc ça a eu l'importance et c'est vrai que c'est dommage parce qu'il y a eu un
10:37 peu moins de possibilités de faire commune avec les autres internes.
10:42 Après malheureusement Paris ça vient aussi avec ses inconvénients, notamment des loyers
10:52 très chers, qui parfois ne sont pas forcément en équilibre avec la rémunération.
10:59 Je pense qu'on a beaucoup avancé en termes de salaire et de rémunération des internes,
11:05 mais il y a encore beaucoup de choses à faire.
11:06 Heureusement que l'internat ça ne dure que 5 ans, mais ça a resté long quand même.
11:14 Globalement on varie entre 0 garde à 1600 euros et un peu plus de 2000 euros quand on
11:21 fait vraiment 3-4 gardes par mois, avoir plus de son tâche.
11:25 C'est vrai que ça c'est aussi des combats qu'on devrait continuer à mener.
11:30 C'est une position un peu ambigüe d'être interne parce qu'on est à la fois en train
11:33 d'apprendre, donc du coup on dépend beaucoup des autres.
11:35 Puis en même temps on a de plus en plus d'inversabilité, dans beaucoup de services
11:39 les internes font un peu tourner les choses.
11:41 Donc c'est vrai que c'est parfois difficile de se positionner vis-à-vis des salaires.
11:47 Heureusement qu'il y a les gardes, ça s'assure de beaucoup d'entre nous.
11:52 Et puis même dans certaines spécialités où il n'y a pas de garde, parce que c'est
11:56 des spécialités où il n'y a pas nécessité de faire des gardes, il y a beaucoup d'internes
12:00 qui prennent des gardes aux urgences etc.
12:02 Pour pouvoir justement un peu gonfler leur rémunération et pouvoir vivre correctement.
12:10 Merci, merci parce que ça fait un an qu'ils se mobilisent, parce que c'est en grande
12:19 partie grâce à eux que nous avons pu surmonter cette crise.
12:22 Merci.
12:24 Merci.
12:25 Merci.
12:26 Merci.
12:27 *Musique*

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