Stratégie de Trump : Jouer la montre le plus possible, repousser ses procès après novembre
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00:00 Direction les Etats-Unis où Joe Biden et Donald Trump ont obtenu hier l'un et l'autre un nombre suffisant de délégués pour devenir
00:06 candidats de leurs partis respectifs à la présidentielle de novembre.
00:09 Ils doivent néanmoins attendre la convention de leur parti cet été avant d'être nommés officiellement.
00:15 Mais la campagne est lancée. Joe Biden se rend ces deux prochains jours dans deux états-clés, deux swing states, le Wisconsin puis le Michigan.
00:24 Deux états gagnés par Biden en 2020 mais par Trump en 2016.
00:29 On fait d'abord un point en image.
00:31 Joe Biden et Donald Trump désormais certains de décrocher l'investiture de leur parti pour l'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis.
00:42 En remportant la primaire démocrate en Géorgie, Joe Biden franchit le seuil des 1968 délégués nécessaires à son investiture.
00:50 De son côté Donald Trump vainqueur dans l'état de Washington dépasse la barre des 1215 délégués républicains.
00:57 Les conventions des deux partis devraient enterriner cet été leurs investitures.
01:02 Mais les deux rivaux peuvent d'ores et déjà consacrer toute leur énergie à leur face à face.
01:07 Mardi soir Donald Trump dégaine et attaque son rival en réitérant ses accusations incendiaires sur l'immigration, thème clé de sa campagne.
01:15 Des millions de gens envahissent notre pays.
01:18 Beaucoup viennent de prison et d'institutions psychiatriques d'autres pays.
01:23 De son côté Joe Biden pointe le risque existentiel que fait selon lui courir Donald Trump à la démocratie américaine.
01:31 Allons-nous résister et défendre notre démocratie ou allons-nous laisser d'autres personnes la détruire ?
01:38 Allons-nous rétablir le droit de décider et protéger nos libertés ou allons-nous laisser des extrémistes les confisquer ?
01:45 À huit mois de l'élection du futur pensionnaire de la Maison-Blanche,
01:50 les deux candidats se dirigent vers l'un des plus longs face à face électoraux de l'histoire des Etats-Unis.
01:55 On en parle avec Simon Grieve, historien des Etats-Unis et maître de conférence à l'université de Lille.
02:02 Bonsoir à vous, merci d'être avec nous ce soir.
02:04 Biden et Trump seront donc a priori les candidats de leurs partis respectifs,
02:09 mais il faut attendre, je le disais, la convention du parti républicain et du parti démocrate qui a lieu cet été
02:15 avant que leur candidature soit officielle.
02:18 On parle donc de candidature probable, comme ils disent aux Etats-Unis,
02:22 mais est-ce qu'on peut dire qu'ils utilisent déjà la machine de guerre de chacun de leurs partis ?
02:27 Oui, bien sûr, il y a effectivement formellement la question de la convention qui aura lieu cet été,
02:33 mais la campagne, comme on l'appelle, d'automne, celle qui commence normalement en septembre, a déjà commencé.
02:39 On est donc dans cette configuration tout à fait unique.
02:43 D'abord, c'est un match retour, ce qui n'a quasiment jamais eu lieu dans l'histoire des Etats-Unis,
02:46 puisque ce sont les deux mêmes adversaires qu'en 2020.
02:50 Et puis, effectivement, elle commence dès le mois de mars,
02:53 donc on va avoir huit mois de campagne, ce qui ne s'est jamais vu.
02:56 Ce qui est donc très long, la campagne dont vous disiez.
02:59 Elle a commencé, donc Joe Biden, lui, se rend ces deux prochains jours,
03:02 d'abord dans ses deux swing states, le Wisconsin et le Michigan,
03:06 ces deux Etats gagnés par Biden en 2020, mais par Trump en 2016.
03:11 Cette élection va véritablement se jouer dans ces quelques Etats clés.
03:15 Comment va-t-il faire pour convaincre ses électeurs ?
03:17 Sur quel terrain ? L'économie ? Le plan de relance ?
03:20 Alors, pour Joe Biden, il semble que le défi, ça soit de recomposer la coalition,
03:26 la majorité qui lui avait permis de l'emporter en 2020.
03:32 Donc, il faut qu'il mobilise largement l'électorat démocrate, les femmes, les minorités, les plus jeunes.
03:38 Et bien sûr, les très bons résultats économiques sont importants,
03:41 mais il va aussi beaucoup s'appuyer sur la question de l'avortement,
03:44 qui a été très favorable aux démocrates, notamment lors des élections de mi-mandat en 2022.
03:49 Et puis, sur la question plus générale de la défense de la démocratie,
03:54 c'est-à-dire en s'appuyant sur les propres termes de Trump,
03:58 qui dit vouloir être dictateur pour un jour seulement,
04:00 qui dit vouloir punir ses adversaires, qui qualifie ses adversaires de vermines.
04:05 Donc, tous les mots de Trump sont utilisés pour surmobiliser l'électorat démocrate
04:10 et essayer de le revitaliser après une certaine déception ces derniers mois, ces dernières années.
04:17 Quel sera l'impact des votes des non-engagés qui se sont exprimés, notamment dans le Michigan ?
04:21 Il s'agit d'un électorat opposé à la politique de Biden à l'égard d'Israël
04:26 et qui n'a voté donc ni pour Trump, en tout cas, n'a pas voté pour Biden aux primaires,
04:32 mais ne votera peut-être pas non plus pour Trump.
04:34 Mais c'est un peu la question, en tout cas.
04:36 Est-ce qu'il va voter pour Biden ou pas au moment de la présidentielle ?
04:40 Alors, effectivement, il y a cette question de la situation dramatique au Proche-Orient,
04:49 de la guerre que mène Israël au Hamas à Gaza et des massacres qui en découlent.
04:54 Elle est d'abord et avant tout avancée par la communauté arabe-américaine,
04:58 qui est assez nombreuse dans l'État du Michigan et dans d'autres États,
05:01 mais elle est aussi reprise dans la communauté africaine-américaine
05:04 et plus généralement dans la gauche du Parti démocrate.
05:07 Et une pression est mise sur l'administration Biden pour obtenir un cessez-le-feu.
05:12 Biden sait qu'il doit montrer des progrès là-dessus.
05:14 Et clairement, le fait de ne pas pouvoir arriver à un cessez-le-feu pour le Ramadan
05:18 a été perçu comme un échec.
05:20 Donc, on sent le ton de l'administration Biden qui est en train d'évoluer vis-à-vis d'Israël,
05:24 vis-à-vis de Netanyahou.
05:27 Et si les choses continuent sur cette même dynamique, ça peut lui jouer des tours.
05:33 Donc, on peut s'attendre à ce que l'administration Biden soit très attentive
05:38 à ce qui se passe au Proche-Orient, justement pour essayer de se réconcilier
05:41 avec cette gauche du Parti démocrate, dont elle a absolument besoin.
05:44 Côté Trump, quel est l'impact des procès sur sa campagne ?
05:47 Il comparait pour le procès de Stormy Daniel lundi.
05:52 Paradoxalement, pour l'instant, ses mises en accusation,
05:55 ses incupations lui ont été bénéfiques,
05:57 puisqu'elles l'ont renforcée dans son image préférée, celle de la victime du système.
06:02 Il a beaucoup joué là-dessus pour lever énormément d'argent
06:06 et pour faire payer par ses soutiens ces énormes frais d'avocats.
06:11 Et puis aujourd'hui, on a appris que certains chefs d'accusation étaient abandonnés en Géorgie.
06:16 Jusqu'ici, tout va bien, si j'ose dire.
06:18 Ce procès à New York va probablement lui poser quelques difficultés,
06:23 mais le vrai défi, ça va être si un procès fédéral est organisé sur l'affaire du 6 janvier.
06:28 Donc ça, il faudra attendre, effectivement, l'avis de la Cour suprême
06:30 sur la question de l'immunité présidentielle qu'il a levée.
06:32 Et si un procès fédéral est organisé avant l'élection
06:35 sur la question des documents confidentiels qu'il aurait gardés dans sa résidence.
06:39 Dans les deux cas, la stratégie de Trump est très claire,
06:42 elle est de jouer la montre le plus possible
06:44 avec l'espoir de repousser ces procès après novembre.
06:49 Merci beaucoup, Simon Gris, maître de conférence à l'Université de Lille.
06:54 Merci.