Décryptage : le Niger rompt la coopération militaire avec les États-Unis

  • il y a 6 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00 L'indulgence américaine n'aura donc servi à rien. La junte nigérienne montre la porte de sortie aux quelques mille GI stationnés à Agadez.
00:07 La présence des soldats américains est qualifiée d'illégale par les militaires. Une nouvelle stratégie, un retournement d'alliance comme l'ont fait les Maliens
00:15 ou encore les Burkinabés. Bonjour Wassim Nasr. - Bonjour. - Vous disiez ici, même sur ce plateau,
00:20 que ce départ du Niger était inévitable. D'abord, comment résumer cette présence américaine au Niger ?
00:27 - Bah déjà, c'était effectivement inévitable parce qu'on a vu au Niger, ça s'est passé exactement comme au Mali et au Burkina, mais en accéléré.
00:34 Il y a même eu quelques signaux. Quand les Américains avaient repris leurs opérations militaires au Niger après le coup d'État, le jour même,
00:42 il y avait une délégation nigérienne à Bamako en train de rencontrer les Russes. Mais articulons qu'est-ce que ça voulait dire cette
00:49 alliance ou cet accord de défense entre Niger et États-Unis. Donc ça remonte à 2012,
00:54 sous la présidence Issoufou, et ça s'est matérialisé avec plusieurs aspects, mais surtout donc la base de drones
01:01 américaines à Gardez. Donc c'est une base de drones la plus importante de l'Africom,
01:06 donc de l'armée américaine, et qui rayonne bien au-delà du Niger, donc au-dessus de la Libye, au-dessus du Mali et du Burkina,
01:14 quand c'était encore possible. Donc il y a des drones d'attaque et de drones de surveillance,
01:18 sachant que c'est plutôt de la surveillance de laquelle bénéficiaient en tout cas les Nigériens, mais aussi les Français quand ils étaient actifs là-bas.
01:26 Il y a aussi une aide au niveau de l'équipement, au niveau de l'entraînement, au niveau de la construction
01:31 d'infrastructures. Il y a même eu un centre de planification et de conduite d'opérations militaires qui a coûté 18 millions de dollars,
01:37 sans oublier que la base elle-même a coûté 100 millions aux Américains, et qui a été ouverte en
01:41 2019. Il y a eu des dons d'avions de transport américains,
01:45 réparation de certains d'autres. On parle de trois avions de transport militaire très importants dans cette zone, qui ont été donnés par les
01:52 Américains. Il y a la formation des forces spéciales,
01:55 plusieurs endroits, à Difa ou à Lame, donc des endroits où aussi les Français ont formé les gens. Il y a aussi eu le prix du sang payé
02:02 par les Américains, dans une confrontation à Tongo-Tongo avec l'État islamique, où quatre militaires nigériens et quatre berets verts, en octobre 2017,
02:10 ont été tués. Donc les Américains étaient impliqués, très impliqués,
02:15 au Niger, même si ça ne faisait pas la une des journaux, on va dire,
02:19 tous les jours. - Et pourquoi cette rupture alors, Wassim ? - Cette rupture vient dans la suite logique
02:25 de l'accarparement des pouvoirs par les Jeunes, parce que les Américains, la délégation américaine qui était venue,
02:32 a demandé quand est-ce qu'il y aura des élections, a demandé
02:35 des dates pour que la Jeune quitte le pouvoir, et quand il y a des demandes de cette sorte,
02:41 de la part des pays occidentaux, et bien les Jeunes préfèrent se tourner vers d'autres. On l'a dit tout à l'heure,
02:47 les Maliens ont pris quelques un an et demi, deux ans, les Burkinabés c'était beaucoup plus rapide, et l'Ingérien, on en parle de quelques mois,
02:54 parce qu'ils se tournent vers ceux qui peuvent sécuriser leur pouvoir avant tout. Les priorités ne sont pas les mêmes.
03:00 Donc la priorité des Américains et d'Occidentaux, c'est le contre-terrorisme, ce n'est pas la priorité des Jeunes, leur priorité est de s'accaparer du pouvoir,
03:08 de combattre les terroristes, ça devient une seconde, une priorité qui vient au deuxième rang.
03:13 Mais ce n'est pas la priorité ultime, et ceux qui leur donnent cette sécurité de pouvoir, ce sont les Russes, donc ils se tournent vers les Russes.
03:19 - Et ce retrait américain qui est annoncé, il y aura quelles conséquences pour le Niger et pour le Sahel en matière sécuritaire ?
03:26 - On l'a vu très clairement, donc il y aura des conséquences pour le Niger, c'est sûr, c'est devenu un terrain de compétition entre l'État islamique et Al-Qaïda,
03:35 depuis plusieurs mois, il y a eu plusieurs attaques contre les forces arménégiennes qui ne bénéficient plus de la force de frappe, ni française, ni de renseignements américains.
03:43 Mais si on recule un petit peu, on regarde comment ça s'est passé par exemple au Mali, on va voir une carte par exemple des victimes au Mali du conflit,
03:53 que ce soit civile, militaire, donc toutes les victimes. Là on est pour le mois de février, 374 morts à travers le Mali.
04:03 On sait que la situation à Ménaka, qu'on voit ici sur la carte à l'est, est très compliquée, où la ville est ensaclée par l'État islamique.
04:10 Donc tout ce qui rentre, tout ce qui sort est contrôlé par l'État islamique, parfois ils prennent des dîmes, et la situation de la ville de Ménaka est complexe,
04:18 parce que cette zone où Al-Qaïda n'a pas réussi à dégager l'État islamique est aussi sous blocus d'Al-Qaïda.
04:24 Donc Al-Qaïda essaye d'empêcher les vifs d'arriver à l'État islamique au Ménaka, et l'État islamique ensaque la ville de Ménaka et empêche les vifs d'y arriver aussi.
04:31 Donc situation inextricable, on va dire, pour les populations civiles, et le Mali, on va voir sur une vidéo, est devenu un territoire d'affrontement en tout cas,
04:40 à Unzongo et à Ménaka, entre l'État islamique et Al-Qaïda.
04:43 Ça c'est un rassemblement d'Al-Qaïda, vous voyez le nombre de véhicules, mais pour une bataille contre l'État islamique.
04:48 C'était en juillet dernier. Pendant cette bataille, un commandant important de l'État islamique, Loukman, a été tué par Al-Qaïda.
04:55 Sauf que, il y a quelques jours, le chef d'Al-Qaïda qui dirigeait cette attaque, contre l'État islamique, a été tué lui-même par l'État islamique, attrapé et exécuté par balles.
05:06 Donc c'est un terrain d'affrontement ouvert entre Al-Qaïda et l'État islamique, et les autorités maliennes semblent absentes de cette équation.
05:14 Parce qu'eux aussi, ils n'ont pas les moyens, et parce qu'encore une fois, ils n'ont pas la volonté.
05:17 Ils ont eu la volonté de prendre Kidal pour faire un coup politique, pour éliminer toute opposition et toute rébellion,
05:23 mais pour qu'ils deviennent eux-mêmes seuls face aux djihadistes.
05:27 Donc pas d'option politique viable en face, on l'a dit plusieurs fois ici.
05:32 Et on va voir aussi, là, une attaque d'Al-Qaïda hier, qui a eu lieu dans la région de Sikasso, on va voir sur notre vidéo.
05:40 Ça, c'est les prises de guerre. On se demande toujours comment se ravitaillent les djihadistes.
05:44 Et bien voilà, c'est une base à côté de Sikasso. Voilà comment les djihadistes se ravitaillent.
05:48 Et ce qui est intéressant dans cela, c'est que ça s'est calmé à Sikasso contre les autorités,
05:54 parce que, comme on disait tout à l'heure, Al-Qaïda était très occupé à combattre l'État islamique.
05:58 Donc la guerre entre les deux les occupait.
06:00 Mais maintenant, Al-Qaïda se retourne, encore une fois, vers les autorités, vers les forces de l'ordre,
06:05 à Sikasso, à la frontière avec le Burkina Faso, et à la frontière avec la Côte d'Ivoire.
06:10 On l'a dit ici, il y a eu plusieurs camps d'entraînement d'Al-Qaïda qui ont été créés dans cette zone,
06:15 mais qui étaient tous dirigés vers la guerre avec l'État islamique.
06:18 Maintenant, les choses reprennent contre les autorités locales.
06:23 Un petit mot sur le Burkina Faso.
06:25 On a aussi une carte pour voir la situation des victimes du conflit au Burkina Faso,
06:30 aussi pour le mois de février.
06:32 Et on voit les chiffres. Les chiffres ont doublé.
06:35 On a fait une chronique ici pour parler de janvier.
06:37 Le nombre de morts était à moitié.
06:38 Là, on est à 807 morts pour le mois de février.
06:41 Et vous voyez, c'est à travers le pays.
06:44 Donc la situation est similaire.
06:45 Donc l'alliance avec les Russes ou leurs mercenaires comme ceux de Wagner
06:50 ne porte pas de résultats sur le terrain,
06:53 à part un nombre de morts qui augmente en flèche.
06:55 On va voir aussi une dernière vidéo de la dernière attaque la plus importante,
06:59 on va dire, d'Al-Qaïda au Burkina.
07:01 C'était à Soleil et on voit une caserne de l'armée qui a été complètement prise par les djihadistes,
07:07 où ils se ravitaillent encore une fois.
07:09 Ça veut dire qu'il y a une réponse des forces armées maliennes,
07:11 il y a une réponse des forces armées burkinabées,
07:13 mais elle n'a pas de résultats, ne serait-ce que faire monter le nombre de morts parmi les civils.
07:18 Il n'y a pas de contrôle territorial quand il s'agit de Bamako ou de Ouaga.
07:23 Et pour terminer, parce qu'on a commencé avec l'Uniger,
07:26 et l'Uniger est en train de prendre ce même chemin.
07:30 Toujours aussi édifiant. Merci beaucoup Wassim.

Recommandée