Sur BFMTV, Éric Dupond-Moretti a assuré que la lutte contre le trafic de drogue était "l'affaire de tout le monde" et notamment du consommateur "qui fume son petit pétard le samedi", qui a, selon le garde des Sceaux, "le goût du sang séché sur les trottoirs"
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00:00 Le cannabis, c'est pas seulement les petits bourgeois, je reprends son expression, les quelques bobos, c'est toute la société.
00:06 Il y a 4-5 millions de consommateurs de cannabis en France, donc ça touche tous les milieux, quasiment tous les âges.
00:12 Oui, le problème c'est ça, c'est qu'on a 5 millions de consommateurs occasionnels, un Français sur deux qui dit avoir consommé du cannabis,
00:19 et les gros consommateurs, ceux qui vraiment consomment tous les jours, c'est pratiquement un million.
00:23 Et la cocaïne ?
00:24 Ça fait beaucoup de monde.
00:26 C'est le deuxième produit stupéfiant que l'on peut consommer ?
00:28 Oui, on est sur des chiffres qui sont bien en-deçà de ça.
00:32 Mais donc on a une consommation qui est en effet massive en France, qui concerne tous les milieux, tous les âges,
00:38 et pour lesquels d'ailleurs la France est sur le haut du podium.
00:41 Et pourquoi ? Parce qu'on a banalisé ce produit ? C'est pas légal mais presque ?
00:46 Parce qu'on a une approche qui est celle de la prohibition, c'est-à-dire que ça fait 50 ans qu'on a une loi qui régit la consommation et la production de cannabis,
00:54 qui est interdite avec un an de prison pour les consommateurs, 20 ans pour ceux qui produisent,
00:59 et qu'on voit bien que ça ne débouche sur rien de concret, puisqu'on a une consommation qui est importante, qui est parmi les plus importantes.
01:08 Donc la prohibition ça ne marche pas ?
01:10 Non, ça ne fonctionne pas.
01:12 Et moi je voudrais faire un parallèle avec ce qui s'est passé aux Etats-Unis au moment où vous avez considéré qu'interdire l'alcool allait résoudre les problèmes liés à la consommation d'alcool,
01:22 et en réalité on en a créé d'autres.
01:24 On a créé, déjà on a eu une consommation de produits qui étaient dangereux, on a eu des organisations mafieuses qui se sont mises à distribuer.
01:32 Ce qui se passe pour la drogue.
01:33 Voilà, et c'est ce qui se passe en réalité pour le cannabis.
01:34 Donc il faudrait légaliser ?
01:35 Donc moi je suis favorable à une légalisation encadrée, c'est-à-dire à faire ce que fait le Canada depuis 2018,
01:41 un Canada qui a vu la consommation des 15-17 ans baisser.
01:44 Oui, mais c'est le seul exemple positif, parce que dans d'autres pays où on a légalisé ou dépénalisé, comme les Pays-Bas par exemple,
01:53 les Pays-Bas beaucoup disent que c'est devenu un narcopays.
01:57 Alors les Pays-Bas n'ont pas dépénalisé.
01:59 Ils ont légalisé.
02:00 Ils n'ont pas non plus légalisé.
02:01 Bah, le Cerdam alors, qu'est-ce qui se passe ?
02:03 Je vais vous dire, en théorie, la consommation de drogue est interdite.
02:06 Oui, mais la vente est autorisée.
02:07 Dans la réalité des faits elle est tolérée.
02:09 Oui, mais c'est bien tout le problème, c'est-à-dire qu'on a des organisations mafieuses qui continuent à produire,
02:14 et c'est le cas aussi au Portugal, qui lui a dépénalisé, mais qui donc considèrent qu'on peut encore,
02:20 on a le droit de consommer de la drogue qui est produite par des organisations mafieuses.
02:24 Donc il faut légaliser.
02:25 Il faut aller au bout.
02:26 Et organiser une production légale aussi, une distribution légale de cela.
02:30 Mais alors qu'est-ce que vous faites dans la majorité ?
02:32 En fait l'idée c'est que l'État reprenne la main de toute la chaîne, donc de la production, de la transformation, de la distribution, de la consommation.
02:37 Comme au Canada.
02:38 Comme au Canada, comme dans un certain nombre d'États américains,
02:40 qui ont légalisé, pas à l'échelle fédérale, mais au niveau des États, et qui ont vu la criminalité baisser.