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Pour le dimanche des Rameaux, "Terres de Mission" reçoit l'abbé Hervé Benoît, prêtre du diocèse de Bourges et chapelain du sanctuaire Notre-Dame des Enfants, à l'occasion de la sortie de son livre "Maître Ignace : Un coeur chaste et violent" (Via Romana), pour évoquer le rôle qu'ont joué les jésuites, fondés par saint Ignace de Loyola, dans la diffusion des humanités et, plus généralement, dans la création du système scolaire moderne.
Puis, Gabriel Faugloire, ancien directeur d'EHPAD, présente son livre "L'Eglise et la crise sanitaire" (St Léger éditions). L'occasion de revenir sur les innombrables contradictions gouvernementales dans la gestion de la crise sanitaire, mais aussi sur l'attitude de l'Eglise dans cette crise.
Enfin, Arnaud Boüan présente son dernier livre: "L'évangélisation de la Bretagne au Ier siècle" (Editions Trésors de nos pères), dans lequel il défend la thèse d'une évangélisation précoce de la Bretagne par des contemporains des Apôtres.

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00:41 Bonjour chers amis téléspectateurs, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition de Terre de Mission,
00:47 l'émission religieuse de TV Liberté.
00:49 Et tout d'abord, tous mes voeux pour les Rameaux et pour cette entrée dans la semaine sainte,
00:54 la grande semaine qui nous amène à Pâques, le sommet de l'année liturgique pour les chrétiens.
01:01 Au programme aujourd'hui, nous allons discuter de nouveau avec l'AV Hervé Benoît,
01:06 nous le recevions la semaine dernière pour parler de Saint-Ignace,
01:09 nous allons parler ensemble de la postérité de Saint-Ignace et du rôle qu'ont joué les jésuites dans la transmission,
01:18 notamment la pédagogie jésuite, le fait de créer des écoles.
01:22 Puis nous parlerons avec Gabriel Fogloire de l'Église et de la crise sanitaire.
01:28 Gabriel Fogloire a dirigé une maison de retraite pendant la crise sanitaire
01:33 et a été contraint à démissionner pour éviter d'appliquer des méthodes un peu radicales.
01:39 En tout cas, il a voulu aider au maximum ses pensionnaires et ça n'a pas été très bien vu.
01:45 Et enfin, nous recevrons Arnaud Bouan pour parler de l'évangélisation de la Bretagne,
01:51 l'évangélisation précoce de la Bretagne.
01:53 [Musique]
02:08 Retour sur le plateau de Terre de Mission et j'ai le plaisir d'accueillir de nouveau l'abbé Benoît.
02:13 Bonjour M. Lallet.
02:14 Bonjour cher Guillaume.
02:15 Nous parlions la semaine dernière de votre ouvrage sur Saint-Ignace,
02:19 "Maître Ignace, un coeur chaste et violent" dont je rappelle qu'il est paru chez Via Romana.
02:24 Je rappelle aussi que vous êtes recteur dans l'Iosses de Bourges
02:27 d'un merveilleux sanctuaire qui s'appelle Notre-Dame des Enfants
02:30 et que par les temps qui courent, comme Marianne V à l'air de détester les enfants
02:37 et a décidé de constitutionnaliser l'assassinat, c'est un moment...
02:41 Enfin voilà, on confie au chaplain de Notre-Dame des Enfants
02:45 nos intentions pour les enfants et pour la France.
02:48 Mais je voulais qu'on parle un peu, parce qu'on a parlé la semaine dernière de Saint-Ignace,
02:54 Saint-Ignace c'est Saint-Ignace lui-même, mais c'est aussi une extraordinaire filiation,
02:58 les Jésuites, qui ont eu une légende noire, pardon, et une légende dorée aussi d'ailleurs.
03:05 Mais par ailleurs, les Jésuites, pour nous Français,
03:09 les Jésuites c'est peut-être d'abord cette extraordinaire capacité de transmission,
03:16 donc les écoles jésuites, enfin... – Les fameux collèges.
03:21 – Les fameux collèges, et donc tous ceux aujourd'hui encore en France qui disent
03:25 "j'ai été un élève des Jésuites", c'est qu'ils sont passés dans des écoles
03:28 qui ont été fondées par la compagnie.
03:30 Et donc je voulais qu'on parle un peu de la pédagogie jésuite.
03:34 D'abord, vous la définiriez comment ?
03:36 Par rapport à d'autres pédagogies comme l'oratorienne
03:39 ou par rapport à la jenseniste par exemple ?
03:41 – Elles sont à la fois proches et lointaines.
03:43 Alors évidemment je vais employer un mot qui est très piégé,
03:47 mais c'est une pédagogie humaniste.
03:50 Alors évidemment là il faudrait 14 émissions.
03:53 – Moyennement franc-maçonne mais humaniste.
03:55 – Non mais vraiment humaniste au sens profond de ce mot,
03:58 sans la manière dont était golvaudé après,
04:00 sans les critiques un peu étroites et injustes que l'on peut faire à ce mot-là aujourd'hui.
04:05 Écoutez, pour comme point de départ, si vous voulez,
04:08 parce que moi j'aime bien partir de choses concrètes
04:10 mais en principe j'ai un peu plus de mal.
04:13 En 1538, lorsque les premiers compagnons de Saint-Ignace arrivent avec Saint-Ignace à Rome,
04:20 ils ne sont rien, et même moins que rien parce qu'ils vont être accusés,
04:25 ils vont avoir un procès en hérésie, etc.
04:28 Ils ne sont rien, ils ne sont même pas un groupe constitué.
04:32 Ils s'installent à Rome et ils font ce qu'ils veulent faire
04:36 depuis le premier jour de leur rencontre à Paris,
04:38 c'est se mettre au service des âmes.
04:40 Et parmi les choses qu'ils entreprennent, ils ouvrent une école, une petite école.
04:45 Alors pour ceux qui connaissent Rome, c'est au pied du Capitole,
04:48 il y a la station de bus juste en face, à côté du Palais de Venise.
04:52 Vous voyez, il y a encore quelques baraques noirâtres, etc.
04:55 Et sur la porte de cette école, ils ont écrit la chose suivante, nous sommes en 1538,
05:01 je cite texto, "école de grammaire, humanité et doctrine chrétienne, point, gratuit".
05:09 Et je crois qu'il y a là l'intégralité du programme, tout est dit.
05:15 Alors qu'ils ne pensent absolument pas à devenir ni les éducateurs de l'Europe,
05:19 ni des terres nouvelles, ni des colonies d'Extrême-Orient.
05:23 Parce que, voilà, pour le salut des âmes, en vertu de la loi de l'incarnation,
05:29 – Il faut parler aux enfants.
05:31 – Il faut parler aux enfants, il faut se faire comprendre des enfants,
05:34 il faut parler leur langue.
05:36 Donc s'il faut parler leur langue, il faut la connaître,
05:39 il faut la manier avec talent, il faut connaître l'histoire de cette langue,
05:45 il faut connaître donc la culture.
05:47 Au fond, les humanités, c'est ça.
05:49 Donc la grammaire, c'est la base, B-A-B-A.
05:52 Les humanités, c'est tout ce qui va avec, c'est la culture.
05:55 – C'est le langage qui est autour.
05:57 – C'est la culture et qui, dans l'héritage même de l'Antiquité gréco-latine,
06:01 est très large, puisque ça englobe la géométrie, la musique, l'astronomie.
06:05 Les sciences n'en sont pas exclues, elles sont à leur place,
06:08 mais pas exclues du tout, contrairement là aussi à la légende.
06:12 Et on termine par la doctrine chrétienne,
06:15 c'est-à-dire tout ceci dans la perspective de Dieu.
06:19 Saint Ignace rappelle au début des exercices
06:22 que nous sommes faits pour louer et adorer Dieu.
06:25 C'est la seule vocation de l'homme, c'est son seul chemin.
06:28 Le reste n'est que, passez-moi l'expression, que littérature.
06:32 Ce n'est qu'un chemin, un pèlerinage.
06:35 Et donc tout cela est au service de l'homme,
06:38 donc les humanités, mais d'un homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.
06:42 Et du coup, tout prend sa perspective.
06:45 Et le petit plus que j'aime beaucoup aussi, c'est "gratuit".
06:48 Alors attention, "gratuit", ça ne veut pas dire…
06:52 comment dirais-je ?
06:55 Ça ne veut pas dire qu'on ne paye pas.
06:58 Ça veut dire qu'on n'est pas dans l'utilitarisme.
07:01 Les enseignants comme les élèves font ça "ad maiorem de gloria",
07:05 pour la plus grande gloire de Dieu,
07:07 pour devenir des êtres humains dignes de leur vocation.
07:11 Et donc, il n'est pas question d'argent, pas question d'utilité.
07:14 On n'est pas là pour apprendre un métier.
07:16 On est là pour apprendre à être des hommes, des chrétiens, des catholiques,
07:20 catholiques romains de préférence,
07:23 même si les jésuites vont être aussi…
07:26 vont avoir quelques collèges en terre d'orthodoxie.
07:29 – Ah oui, c'est une grande chose.
07:31 – Ce qui d'ailleurs, parenthèse aussi de la Providence,
07:33 lorsque la Sainte Église catholique apostolique et romaine
07:35 aura supprimé la compagnie,
07:37 c'est sur les instances de l'impératrice de Russie,
07:40 de la grande Catherine, que le pape sera contraint
07:43 à faire renaître la compagnie.
07:46 – D'accord.
07:47 – À partir des collèges qui avaient subsisté en terre russe.
07:50 – D'accord.
07:51 – Je laisse à nos téléspectateurs de tient tout, de broder.
07:55 – Mais alors, dans cette terre d'orthodoxie,
07:58 ils étaient quand même catholiques romains, les jésuites en question.
08:01 – Oui, oui, ils étaient au service des chrétiens polonais, galiciens, etc.
08:05 – Mais comment, par exemple, comment l'impératrice orthodoxe de Russie gérait la crise ?
08:09 – Parce que l'excellence de leur éducation…
08:13 – Les rendait incontournables.
08:14 – Les a rendus surtout incontournables, et surtout un modèle.
08:16 – D'accord.
08:17 – Et donc, il y a même des ecclésiastiques de haut rang de l'église orthodoxe
08:20 qui ont copié carrément.
08:21 – D'accord.
08:22 – Et là, il y a eu la première, l'embryon de l'université de Moscou,
08:26 est une copie du collège jésuite, alors j'ai oublié le nom,
08:32 ukrainien ou galicien, je ne sais plus, moïla ou moguila, un nom comme ça,
08:36 et l'académie de Moscou en est une copie.
08:40 – D'accord.
08:41 – On apprenait le latin, les ecclésiastiques orthodoxes du temps de la grande Catherine,
08:44 dans leurs études, le cursus de latin était obligatoire, voyez,
08:47 donc bref, enfin, voilà, on s'est un peu éloigné mais…
08:50 – Alors, revenons par exemple à Paris, où on sait que,
08:54 enfin typiquement le 18ème a été un affrontement très dur
08:57 entre la pédagogie janseniste et la pédagogie jésuite, pas uniquement,
09:01 mais enfin ça a été entre autres un sujet autour de…
09:03 et une partie de la révolution naît de cet affrontement.
09:07 – Alors, est-ce qu'il y a eu une opposition pédagogiste ?
09:10 Là, je suis relativement…
09:11 – Et alors, là, vous me coincez.
09:12 – Justement, ma question c'était, est-ce que les jansenistes
09:15 ont fait la même chose que les jésuites,
09:17 et simplement parce que leur idéologie était différente…
09:19 – Moi, je le croirais volontiers, d'autant plus que
09:23 beaucoup d'entre eux ont été d'anciens élèves des jésuites,
09:25 donc je pense, au point de vue de la méthode d'enseignement,
09:29 des langues anciennes, etc., je ne suis pas certain…
09:33 – On est d'accord que…
09:34 – Il faudrait interroger de plus savants que moi là-dessus.
09:36 – L'idée générale, c'est que les jésuites ont donné le modèle
09:40 de ce que c'était qu'un lycée, et tout le monde s'est appliqué
09:43 à copier le modèle.
09:44 – Y compris les protestants, parce que je vous ai parlé de l'orthodoxie,
09:47 mais à Genève, le premier lycée de Genève est une copie
09:53 des collèges parisiens, qui eux, sont aussi le modèle pour Saint-Ignace.
09:58 Parce qu'en fait, si vous voulez, pour faire très court,
10:00 la généalogie est la suivante.
10:02 À la naissance du monde moderne, dans la vallée qui va
10:05 de l'embouchure du Rhin jusqu'à la plaine du Pau,
10:08 dans les régions qu'on appelle "rhéno-flamande",
10:11 naît la société bourgeoise, naît la banque,
10:14 naît le crédit international, le capitalisme international, etc.
10:17 Et cette bourgeoisie demande une éducation,
10:20 que ni les ordres monastiques, ni les congrégations traditionnelles
10:24 comme les dominicains ne peuvent leur fournir.
10:27 Et ils prennent sur place, dans une petite expérience spirituelle
10:31 qui naît, qui s'appelle la "Devotion moderna".
10:33 Pour faire court, nous a donné l'imitation.
10:35 Et ces personnes qui sont là pour l'oraison,
10:38 pour la Lectio Divina, voulant vivre une vie chrétienne fervente,
10:44 eh bien, ils apprennent à lire.
10:46 Et ils apprennent le grec et le latin pour lire l'écriture.
10:50 Pour lire l'écriture et les paix.
10:53 Et comme ils sont savants, quand les bourgeois de Rotterdam
10:56 ou d'Amsterdam ou d'Anvers ont besoin d'éducateurs pour leurs enfants,
11:01 – C'est eux qui s'adressent.
11:02 – Alors, ils ne veulent pas forcément qu'ils apprennent
11:04 le grec et le latin pour lire Cicéron ou l'Iliade dans le texte.
11:07 Mais en tout cas, ils prennent ces gens qui sont sérieux,
11:11 qui sont des intéressés, d'où la fameuse gratuité,
11:15 qui ne sont pas là pour faire du chiffre en termes de réussite au bac,
11:18 et qui sont sérieux et qui proposent aussi une éducation chrétienne.
11:23 Et ce sont eux, en fait, c'est dans les Pays-Bas actuels
11:26 qu'est inventé le système des classes de niveau,
11:29 de préparation à l'université, de répétition,
11:32 du maître unique dans une classe unique, etc.
11:36 Tout un système qu'on va retrouver, même le nom des classes,
11:39 première, deuxième, troisième, etc.
11:41 Tout cela naît à ce moment-là.
11:43 Il est transposé à Paris, dans les collèges,
11:46 c'est-à-dire les maisons où vivent les étudiants,
11:49 qui entourent l'université, au quartier latin,
11:52 dans lequel le système est peu à peu copié et développé.
11:57 Et c'est là que des étudiants espagnols, savoyards, portugais, etc.,
12:02 qui deviendront les fondateurs de la Compagnie de Jésus,
12:05 reçoivent eux-mêmes leur propre éducation.
12:07 Et lorsque eux-mêmes sont contraints à former leurs propres disciples,
12:13 les premiers novices qui arrivent,
12:15 plus les frères et les cousins et les petits cousins de leurs novices
12:20 qui disent "Ah mais c'est la meilleure éducation, c'est chez les bons pères,
12:23 on vous cofie vos enfants, tenez, mon bon père, voilà pour vos œuvres",
12:26 ainsi naissent ces institutions d'éducation.
12:31 Avec toute cette tradition, encore une fois,
12:34 de grammaire, d'humanité, de doctrine chrétienne et de gratuité.
12:38 – Et de gratuité. Merci beaucoup cher M. Labbé.
12:41 Je rappelle que vous venez de publier "Maitre Ignace, un cœur chaste et violent"
12:46 chez Via Romana, avec une préface du cher père Jean-François Thomas.
12:50 – Que je remercie beaucoup.
12:52 – C'est une préface qui est elle aussi très intéressante.
12:57 "Jésuites" commente la critique, pas la critique,
13:01 le regard décalé du clair diocésain sur Saint Ignace.
13:06 Très sérieusement, c'est un ouvrage, chers amis téléspectateurs,
13:11 que vous devriez absolument lire.
13:13 Je pense que votre idée de Saint Ignace,
13:15 et donc des Jésuites par ricochet, va un peu changer.
13:18 En tout cas la mienne a changé. Merci M. Labbé.
13:20 – Merci beaucoup.
13:21 [Musique]
13:37 – Retour sur le plateau de Terre de Mission.
13:39 J'ai le plaisir d'accueillir Gabriel Fogloire.
13:41 Bonjour Gabriel. – Bonjour Léon.
13:43 – Vous venez, il y a quelques semaines ou mois,
13:45 vous avez publié "L'Église et la crise sanitaire".
13:48 Ça fait quelques temps qu'on est un peu sortis
13:51 d'une n'importe quoi gouvernementale sur le Covid.
13:55 Donc c'est peut-être le moment de commencer à réfléchir un peu
13:58 à ce qui nous est arrivé.
13:59 Privation de liberté, privation de culte,
14:03 propagande parfois délirante et contradictoire.
14:08 Votre livre est un très précieux outil pour se poser la question
14:13 "Qu'est-ce qui s'est passé ?
14:15 Comment est-ce qu'on pourrait éviter ça la prochaine fois ?" etc.
14:17 Je voulais qu'on parle un peu, tous les deux, de cet ouvrage.
14:22 Alors juste pour fixer le débat, vous étiez, si je puis dire,
14:26 aux premières loges puisque vous étiez directeur d'EHPAD,
14:28 maison de retraite ? – Absolument.
14:31 – Et donc vous avez vu le n'importe quoi Covidique,
14:36 en première loge, parce qu'on vous a demandé de dire aux petits vieux
14:39 "Maintenant vous n'avez plus le droit de sortir de votre chambre".
14:42 – Exactement. Ça a commencé par une sidération
14:48 et le premier discours d'Emmanuel Macron
14:52 qui annonce l'instauration d'un confinement de manière inédite
14:57 et surtout l'enfermement de nos aînés dans leur chambre.
15:03 Et puis après, comme vous dites, tout un tas de mesures ont suivi.
15:08 Mais voilà, donc je n'ai pas accepté ce message
15:16 et donc j'ai tout bien neuf pour sauvegarder la dignité
15:19 et la liberté de nos aînés.
15:21 – Et notamment les relations sociales, en quelque sorte.
15:24 On sent que, un des enjeux c'était de faire en sorte
15:27 qu'on puisse continuer à parler à nos aînés.
15:29 – Absolument, donc je n'ai pas fermé les portes,
15:32 donc chacun était libre, voilà, s'il voulait fermer sa porte
15:34 il n'y avait aucun souci.
15:36 On a mis en place des petits salons sale à manger
15:40 où les résidents pouvaient se retrouver.
15:43 Je n'ai pas posé le port du masque,
15:46 je n'ai jamais mis de plexiglas dans l'établissement.
15:49 Et j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de signer
15:54 des autorisations exceptionnelles de visite
15:56 pour que les familles viennent voir leurs parents.
15:59 – Et alors, le livre commence, enfin, ce n'est pas le tout début,
16:04 mais il y a plusieurs pages ou dizaines de pages
16:07 sur la chronologie de cette crise sanitaire.
16:10 Et en fait, quand on relit ça avec le recul,
16:13 on se dit "mais c'est dingue ce qu'on a pu accepter".
16:16 Parce que d'une semaine sur l'autre, on nous dit le contraire
16:19 avec le même aplomb, on nous dit "le vaccin ne sera pas obligatoire,
16:23 il devient obligatoire", on nous dit "le masque ne sert à rien,
16:26 il devient obligatoire", etc.
16:28 Et quand on vous lit, évidemment, moi je suis assez peu dévot
16:35 de la gestion macronienne de la crise,
16:38 mais je veux dire que la lecture, j'allais dire,
16:43 d'un seul coup, de deux ans de crise, on se dit "mais c'est dingue,
16:47 comment ça s'est passé ?"
16:49 – C'est dingue, c'est exactement ça.
16:52 – Et alors, peut-être, maintenant, on va en venir, j'allais dire,
16:56 au gras, l'Église et la christianité, parce que que le gouvernement
17:01 fasse n'importe quoi, on commence à avoir une certaine expertise de ça,
17:04 mais ce qui est beaucoup plus problématique, de mon point de vue,
17:08 c'est que l'Église n'a pas été non plus très alerte
17:12 sur la défense des libertés publiques, la défense de la dignité
17:17 des plus vieux, des malades, le simple fait de réclamer
17:21 la liberté du culte, le simple fait de réclamer qu'un mort,
17:25 ça se traite comme un mort humain et pas comme un chien, etc.
17:29 Enfin, ce genre de choses, là aussi, dans votre livre,
17:33 c'est très frappant de voir qu'il n'y a pas eu d'autorité ecclésiale
17:36 disant "ça suffit".
17:38 – Absolument, donc, c'est clair que moi, j'attendais rien
17:41 du gouvernement d'Emmanuel Macron pour améliorer les choses,
17:45 par contre, j'attendais une parole, une parole d'autorité
17:50 au niveau de l'Église, et non seulement elle n'est pas arrivée,
17:54 mais il y a eu aussi des paroles partisaines.
17:57 – Bien sûr.
17:58 – Donc, je me souviens, je relis mes notes pour avoir les dates,
18:04 donc, le 21 décembre 2020, la Congrégation pour la Doctrine
18:08 de la Foi au Vatican estime que le recours à des vaccins
18:11 conçus à partir de cellules de fœtus spontanément avortées
18:14 étaient acceptables en cas de danger grave.
18:18 – Les victimes, c'est ça.
18:20 – Le 22 juillet 2021, à la Conférence des évêques de France,
18:23 on revient chez nous, qui indique dans une tribune
18:26 qu'il est logique d'accepter le principe du pass sanitaire,
18:32 et se positionne clairement du côté des pouvoirs publics.
18:36 Et puis le 18 août 2021, notre pape François,
18:39 qui déclare dans un message vidéo que se vacciner est un acte d'amour.
18:44 Voilà, tous ces messages, en fait, de ce que renvoyait l'Église,
18:49 c'était aussi "il faut qu'on soit responsable les uns des autres".
18:53 Néanmoins, je trouve que ce n'est pas juste de voir la chose de cette façon-là,
19:01 parce que Jésus n'a jamais dit qu'il fallait qu'on soit responsable des uns des autres.
19:05 On n'est pas responsable de la santé de l'autre, de son hygiène de vie.
19:08 Par contre, Jésus a dit "aimez-vous les uns les autres",
19:11 donc je dois prendre soin… – Et qu'as-tu fait de ton frère ?
19:13 – Et qu'as-tu fait de son frère, je dois prendre soin de mon prochain.
19:17 Là, je crois que c'est triste de penser que l'Église,
19:20 elle a un peu joué le rôle du prêtre et du lévite dans la parabole du monstre de Maritain.
19:24 – Non, elle n'était pas un saint-vétère, c'est ça, tout à fait.
19:27 – Et ce qui m'a beaucoup étonné, c'est que j'avais l'impression
19:31 que l'Église, en dehors de BFM et des médias dominants,
19:36 n'avait pas d'autres informations.
19:39 Donc, tous les mensonges qui ont été proclamés n'ont jamais été démentis,
19:44 ou au moins on peut avoir le doute, je pense notamment aux traitements précoces.
19:50 C'était évident qu'il y avait des choses qui pouvaient marcher.
19:54 L'hydroxychloroquine qui a été tant attaquée avec le professeur Raoult,
19:58 elle avait marché à l'épidémie de SARS-CoV-1 en 2002,
20:04 donc c'est normal que le gars, il se dise "on va le ressortir, on va essayer".
20:08 – Bien sûr.
20:09 – Non, et là, au tout début, après le discours de Macron,
20:14 ce qui m'a sidéré aussi, je crois que c'est le 25 mars 2020,
20:19 on reçoit un décret, les directeurs, puis dans les hôpitaux,
20:23 "interdiction de prescrire de l'hydroxychloroquine".
20:26 Le lendemain, le 26, un décret qui l'a autorisé en EHPAD,
20:31 l'usage du rivotril, qui est un puissant sédatif,
20:35 dont on sait qu'il amène la mort,
20:38 qui était possiblement utilisable par les médecins,
20:41 parce que de toute façon, ils n'avaient rien d'autre à faire
20:45 à part le paracétamol à donner, et le paracétamol, ça ne guérit pas du Covid.
20:49 – Bien sûr.
20:50 – Donc, beaucoup de scandales, beaucoup de mensonges,
20:53 et derrière sont arrivés les vaccins pour nos aînés,
20:57 donc moi je l'ai vécu, je suis parti juste après,
21:00 puisque je suis parti le 1er février 2021,
21:04 et que mon conseil d'administration considérait que je prenais trop de risques.
21:11 Ils m'ont dit "Gabriel, soit tu optes en paire, tu dégages".
21:18 Bon, voilà, ça a mis fin à mon parcours.
21:22 – Peut-être pour revenir à la situation de l'Église,
21:25 vous dites quand même, parce qu'il y a l'Église à institutions,
21:28 évidemment, et qui n'a pas été très glorieuse dans cette affaire,
21:31 mais vous citez quand même plusieurs prêtres, je pense à l'abbé Demestre,
21:34 il y a quand même plusieurs prêtres qui ont eu le courage de célébrer des messes,
21:39 qui ont eu le courage de prendre parti, de parler, et vous en parlez aussi,
21:43 ça fait partie aussi de l'Église et de la Césarité.
21:45 – Et quelle bulle d'oxygène ça a été, quoi.
21:47 – Exactement.
21:48 – Donc il y a vraiment eu…
21:49 – On avait l'impression de ne pas être tout seul, quoi.
21:51 – Voilà, c'est ça.
21:52 – Et d'avoir un père.
21:53 – Oui, à la fois chez les prêtres, donc vous l'avez cité,
21:58 une prêche extra de l'abbé Philippe Demestre,
22:01 mais il y a aussi le frère Jean-Marie Bozo, du priori de la Sainte-Bôme,
22:07 qui a écrit une très belle lettre pour tous les pasteurs,
22:11 et puis j'ai aussi vraiment été enchanté de la lettre de Monseigneur Hayé,
22:17 l'évêque de Bayonne et de Laurent,
22:22 qui a fait une lettre ouverte à ces diocésains,
22:27 qui levaient toutes les bonnes questions.
22:30 Et ça, ça fait du bien.
22:32 Ensuite, il y a aussi eu des collectifs de chrétiens,
22:35 le collectif Saint-Antipas, qui est partenaire du livre,
22:38 qui s'est réuni autour d'un manifeste.
22:42 – On peut rappeler que Saint-Antipas a vraiment existé.
22:45 – Alors, en plus, voilà, tout à fait.
22:47 – C'est passé un jeu de mots, mais ce n'est pas uniquement un jeu de mots.
22:50 – C'est un des premiers martyrs, qui est cité dans les actes des apôtres, absolument.
22:54 – C'était, voilà, le clin d'yeux.
22:57 – Oui, c'est un titre très charmant.
22:59 – Saint-Antipas, oui.
23:01 – Mais allez-y, continue, c'est resté.
23:03 – Voilà, et puis également, il y a eu des philosophes chrétiens,
23:08 je pense à Martin Siffens aussi, qui a écrit sur le pass sanitaire,
23:14 en disant "une défaite de la morale".
23:18 – Puis une défaite de l'humanité, en fait.
23:20 – Ce n'est pas tellement le comportement moral à l'égard des plus anciens,
23:23 à l'égard de ceux-ci ou de ceux-là, ou à l'égard des fétus apportés,
23:26 c'est aussi simplement le fait de regarder mon voisin comme un être humain.
23:29 On avait l'impression que mon voisin était devenu mon pire ennemi,
23:32 parce qu'il allait me transmettre le virus.
23:34 – Un danger.
23:35 – Un danger.
23:36 – Tout ça basé sur un mensonge, parce que c'était faux.
23:39 Et aujourd'hui, avec le recul, il y a des statisticiens qui ont travaillé les chiffres,
23:43 même s'ils ne sont pas reconnus par nos autorités, évidemment,
23:47 mais enfin, la létalité n'était pas plus forte qu'une grippe classique.
23:51 Donc, il y a eu une distance qui a été mise entre les gens,
23:55 et qui a créé énormément de dégâts.
23:59 Et toute la gestion de la crise, globalement, pour moi,
24:03 elle a tué beaucoup de gens, en tout cas, elle a rendu malade plein de gens.
24:07 Parce que ne pas traiter, laisser chez soi, ne pas voir les gens, ne pas sortir,
24:13 ce n'était plus la vie, en fait.
24:15 – Oui, c'est pas la vie, c'est ça, la chirurgie c'est autre chose.
24:17 – C'est ça, voilà.
24:18 Donc, en fait, du coup, les gens étaient amenés à chercher,
24:21 à gagner des jours sur leur mort plutôt que gagner des jours de vie, quoi.
24:25 Donc, ça ne va pas, ça ne va pas.
24:27 – Gabriel Fogloire, "L'Église et la crise sanitaire",
24:30 c'est paru aux éditions Saint-Léger.
24:32 Merci beaucoup, Gabriel.
24:33 C'est vraiment un très beau témoignage de cette époque absurde,
24:37 que nous avons vraiment vécue, mais si on ne l'avait pas vécue,
24:41 on croira que c'est du roman, et du mauvais roman.
24:43 Mais en l'occurrence, c'est vrai, et je trouve que vous posez
24:46 des bonnes questions et vous invitez à redécouvrir la vérité,
24:51 le côté libérateur de la vérité, je trouve que c'est…
24:54 Et en particulier, vous citez beaucoup la Sainte Écriture
24:57 comme une façon de répondre à la propagande,
25:00 et je trouve que c'est tout à fait sanitaire.
25:02 – Oui, c'est ce qu'il faut, voilà.
25:04 – Merci, cher Gabriel, donc "L'Église et la crise sanitaire".
25:06 – Merci à vous, William, merci beaucoup.
25:08 [Musique]
25:23 – Bien, retour sur le plateau de Terre d'émission,
25:26 et j'ai le plaisir d'accueillir Arnaud Bouan.
25:28 Je ne sais pas si vous vous souvenez, chers amis téléspectateurs,
25:31 nous l'avions reçu ici pour parler de l'évangile de Clovis,
25:35 titre un peu provocateur.
25:37 Nous allons parler aujourd'hui de l'évangélisation de la Bretagne
25:40 au 1er siècle, titre quasi aussi provocateur,
25:43 parce que, évidemment, beaucoup de critiques historiques
25:47 ne croient pas que ce soit le cas,
25:50 enfin, beaucoup de critiques historiques pensent
25:53 que le sud de la France a été évangélisé au 1er siècle,
25:56 jusqu'à Aix, Marseille, Arles,
25:58 mais la Bretagne paraît un peu lointaine,
26:01 éloignée de ce foyer gréco-latin,
26:05 et donc Arnaud Bouan, lui, défend la thèse
26:10 d'une évangélisation précoce de la Bretagne.
26:13 Alors, expliquez-nous, Arnaud, bonjour d'abord.
26:16 – Bonjour.
26:17 – Expliquez-nous, qu'est-ce qui vous fait penser
26:19 que la Bretagne a été évangélisée au 1er siècle ?
26:21 – Eh bien, d'abord, j'ai lu dans de vieux livres
26:23 un vieil historien qui s'appelle Albert Le Grand,
26:25 qui était un jacobin, et qui prêchait des missions dans les petites paroisses.
26:27 – Alors, jacobin au sens dominicain, pas Robespierre.
26:30 – C'est ça, et dominicain qui prêchait des missions
26:32 dans les paroisses, un petit peu comme le père Maunoir, plus tard.
26:35 Et il avait l'habitude de prêcher la vie des saints
26:38 de la paroisse dans laquelle il se trouvait,
26:40 parce qu'il avait remarqué que les Bretons étaient particulièrement attentifs.
26:42 Et donc, il a fouillé quantité de paperasse,
26:44 il demandait tous les renseignements d'une paroisse,
26:46 et puis il préparait son serment.
26:48 Et un jour, ses supérieurs ont regardé, ont dit,
26:50 c'est intéressant comme document, il faudrait publier ça.
26:52 Il s'est mis à publier ça, et on est au 17e siècle,
26:54 avant la Révolution, et comme chacun sait,
26:56 à la Révolution, ils ont brûlé plein de papiers.
26:58 Mais on a gardé ce texte de Albert Le Grand,
27:00 qui raconte ces trois histoires dont je parle dans ce livre,
27:03 à savoir de trois traditions du 1er siècle,
27:06 par lesquelles l'Évangile est arrivé dans ces contrées.
27:10 Et ça a été une découverte pour moi,
27:12 je croyais comme vous, comme la plupart des Français et des Bretons,
27:14 que l'Évangile est arrivé tardivement.
27:16 Et non, là, on découvrait ça.
27:18 Du coup, j'ai voulu faire une quête,
27:20 me rendre sur place à partir du livre.
27:22 Et là, j'ai trouvé quantité d'éléments, de documents,
27:25 des vitraux, des reliques, des quantiques,
27:29 des histoires, et puis des gens qui croyaient à ces traditions.
27:32 Je me suis dit, c'est un trésor, il faut approfondir.
27:34 Et pendant trois ans...
27:36 – Il y a encore des gens qui croient à ces légendes ?
27:38 – Il y a encore des gens qui croient à ça, oui.
27:40 Très peu, très peu, surtout pour celui du Nord,
27:42 qui s'appelle Drénalus.
27:44 Mais j'ai trouvé le Carmel de Morlaix,
27:46 et une sœur, l'ancienne prieure, m'a dit,
27:48 j'ai appris cette histoire le jour où je suis rentré
27:50 au Carmel de Morlaix.
27:52 Elle n'était pas dans les livres, mais les sœurs anciennes
27:54 avaient transmis cette histoire.
27:56 – Racontez-nous un peu ces trois histoires,
27:59 pour en devenir dans le vice du sujet, si je puis dire.
28:02 – En très bref, il y a trois apôtres qui viennent.
28:04 Le premier, c'est Saint-Maximin,
28:06 le Saint-Maximin de Provence, que vous avez vécu tout à l'heure,
28:08 qui a été quarante ans évêque d'Aix.
28:10 On sait ça quand on ouvre les documents en Provence.
28:13 Mais ce qu'on ne sait pas, c'est qu'un jour,
28:15 Saint-Pierre lui a dit, c'est bien d'être à Aix,
28:17 il va falloir étendre le Règne du Christ.
28:19 Et en l'an 63, dit donc cet Albert de Grand,
28:21 il a été envoyé, et il est désigné comme le premier évêque de Règne.
28:25 En 63, il bâtit Notre-Dame-de-la-Cité.
28:27 Aujourd'hui, c'est Saint-Melen, Notre-Dame-de-la-Cité.
28:29 Tous les rennais connaissent, mais ils ont oublié que c'était en 63,
28:31 et que c'était Saint-Clair.
28:33 Et que c'était le même Saint-Clair que le compagnon,
28:35 l'intendant de Bétanie, de Sainte-Marie-Madeleine.
28:37 Donc lui, c'est le premier.
28:39 Et le second, c'est en 69, donc là, Saint-Pierre est mort,
28:42 martyrisé, puisqu'il est mort en 67.
28:45 Et en 69, son successeur, Saint-Lin,
28:47 comme on dit dans la messe, Lin, Cla, Clément, c'est ça ?
28:50 Lin, c'est celui juste après Saint-Pierre,
28:52 envoie en mission ce Clair, Clarousse,
28:55 donc un romain, à Nantes, premier révèque de Nantes.
28:58 Et il lui donne, parce que c'est Saint-Pierre qu'il avait converti,
29:00 il lui donne le clou qui avait servi à crucifier la main droite de Saint-Pierre.
29:04 Si bien qu'on a dit en Bretagne longtemps, autrefois,
29:07 que la foi des Bretons était attachée à Rome,
29:09 comme ce clou avait servi à accrocher la main droite de Saint-Pierre.
29:12 C'était tout un symbole.
29:13 - Une jolie histoire.
29:14 - Et quand les protestants...
29:15 - Donc ça, c'est pour Saint-Clair qui est le premier révèque de Nantes.
29:17 - De Nantes, en 69.
29:18 - Et le premier révèque de Rennes, j'ai pas entendu son nom.
29:20 - Saint-Maximin.
29:21 - Ah oui, d'accord, c'est le Maximin.
29:23 - Oui, on a du mal à faire de la conjonction, mais c'est bien lui.
29:26 - Et le troisième ?
29:27 - Juste avant le troisième, quand les protestants ont vu ce clou,
29:30 ils se sont dit "c'est pas possible, ce rattachement de la Bretagne à Rome,
29:33 ils ont pris le clou et ils l'ont jeté dans la Loire".
29:35 Mais l'histoire du clou demeure.
29:37 Et le troisième, c'est Drénalus, encore plus stupéfiant et plus inconnu,
29:40 parce que tout le monde connaît Saint-Clair de Nantes, sans savoir son histoire,
29:43 tandis que Drénalus, même le nom a été perdu.
29:45 Et en fait, lui, il s'agit d'un disciple de Saint-Joseph d'Arimacie,
29:48 figurez-vous, qui était lui qui avait établi son siège à Glastonbury,
29:52 en Cornouailles anglaise, avec 12 disciples.
29:54 Et un jour, il envoie deux de ses disciples,
29:56 donc Drénalus et son diacre, Congal, ils partaient toujours à deux,
29:59 et il l'envoie en Armorique, étendre le règne de cette chrétienté,
30:04 du coup, beaucoup plus celtique qu'à Nantes.
30:06 On comprend plein de choses comme ça.
30:07 Et ils arrivent au port Selyocane, près de la pointe de Saint-Mathieu,
30:10 c'est-à-dire tout au bout, vraiment, près de Brest.
30:12 Il remonte à Morlaix, et là, on est en 72,
30:14 pendant un an, il évangélise Morlaix,
30:16 et on dit que toute la ville a été convertie,
30:18 d'où le Carmel de Morlaix, qui est fondé au XVIIe siècle,
30:21 par un évêque qui croyait encore à cette histoire,
30:23 sur la source présumée de Drénalus.
30:25 Source qui se trouve encore sur les lieux, etc.,
30:27 avec plein de traditions que je raconte un petit peu.
30:30 Et au bout de cette année, il déplace son siège épiscopal,
30:34 parce qu'il cherche la capitale des Romains et des Druides,
30:37 et à ce moment-là, c'est le Iaudet, qui n'est plus du tout connu maintenant,
30:39 c'est un petit village, à côté de Lagnon,
30:42 et c'est là qu'il va planter son siège épiscopal,
30:45 et convertir les Druides, et planter le premier évêché,
30:48 jusqu'à ce que les Normands viennent et ravagent tout,
30:53 et à partir de quoi l'évêché va être transporté à Tréguier.
30:56 Mais pendant neuf siècles, l'évêché était au Iaudet,
30:58 et il y a dans ce petit sanctuaire, cette petite chapelle qui existe encore,
31:01 une vierge couchée, vraiment dans son lit,
31:03 c'est tout à fait stupéfiant, il y en a très peu,
31:05 il y en a quelques-unes en Bretagne,
31:06 mais c'est là l'origine de cette dévotion de la vierge couchée du Iaudet,
31:09 parce que les Druides attendaient une vierge,
31:12 mystérieusement les païens étaient préparés à l'annonce du Christ par cette vierge.
31:16 – D'accord, et donc c'est la vierge en dormition ?
31:19 – Non, c'est la vierge qui va enfanter, disaient les Druides.
31:22 Et donc quand les prédicateurs missionnaires arrivent,
31:24 ils disent, cette vierge que vous attendiez, ça y est, elle est venue,
31:26 elle est de Galilée, etc., ils ont ajouté l'enfant Jésus,
31:29 et on a toujours deux mille ans après cette configuration.
31:32 – D'accord.
31:33 – Donc tous ces éléments-là font que je suis maintenant vraiment convaincu que cette…
31:37 – Et alors, comment est-ce que ça se situe ?
31:39 Donc j'entends bien le récit du Dominicain du XVIIe siècle,
31:45 par rapport à la critique historique, comment ça résiste ?
31:51 Qu'est-ce qui est assuré, qu'est-ce qui ne l'est pas ?
31:54 – À mon avis, ce qui est assuré, c'est ce que l'Église a prêché,
31:57 jusqu'à ce Albert le Grand, on a, lui c'est XVIe, XVIIe siècle,
32:02 on a XVIIe siècle, à peu près d'unanimité, il n'y a pas de contestation.
32:04 – D'accord.
32:05 – Mais à partir du moment où les protestants vont dire,
32:07 oui mais vous les catholiques, vous croyez n'importe quoi parce qu'on vous le dit,
32:10 il y a beaucoup de catholiques, y compris des bénédictins,
32:12 en Bretagne c'est Dom Maurice et Dom Lobino,
32:14 qui ont accepté les principes de cette critique historique,
32:17 et qui ont commencé à contester, à mettre un petit peu de l'eau dans leur vin,
32:20 en disant, oui c'est vrai qu'il y a une partie mythologique, légende, fable,
32:24 et puis une partie vraie, historique,
32:26 et chacun a commencé à faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui est faux.
32:29 Et moi j'aime rappeler l'origine du mot légende, c'est du latin,
32:32 "legendaire", ce qui doit être lu liturgiquement,
32:35 c'est-à-dire c'est ce qui est le plus précieux en fait,
32:38 et maintenant dans le sens, légende c'est devenu ce qui est le plus fabuleux,
32:41 comme si on était des grecs qui a inventé des mythes,
32:44 alors que notre foi elle est basée sur une histoire vraie.
32:46 C'est comme si on disait, Sainte Jeanne d'Arc en fait c'est un mythe,
32:49 c'est un beau mythe, c'est à la gloire de la France, etc.
32:51 Ben non, moi je crois Jeanne d'Arc, et je crois Drénalus,
32:53 Maxima et Claire de la même manière.
32:55 – D'accord.
32:56 Écoutez, chers amis téléspectateurs,
32:59 l'évangélisation de la Bretagne au 1er siècle,
33:01 c'est Arnaud Bouan du chef du BOS,
33:03 il s'est paru aux éditions "Les Trésors de nos Pères",
33:06 trois de fait très belles légendes,
33:10 et en fait ce qui est fascinant,
33:12 enfin légende au sens historique du mot, et étymologique du mot,
33:15 ce que je trouve très frappant c'est que ces légendes,
33:19 où que vous alliez, dans n'importe quel sanctuaire,
33:22 elles surgissent en quelque sorte,
33:25 vous n'avez même pas besoin de creuser,
33:27 ça vous saute à la figure, on vous dit tiens, ben il y a machin,
33:30 en fait cette déformation-là, c'est le nom de machin
33:33 qui est dans le canon romain, qui est dans…
33:36 – Absolument.
33:37 – Voilà, je trouve que c'est une très jolie histoire,
33:40 et puis alors la quatrième découverture,
33:42 moi j'avoue que je ne suis pas breton, mais je suis très sensible à ça,
33:45 "à la vieille foi de nos pères, foi et Bretagne",
33:48 je trouve que c'est très catholique dans la mesure où c'est très incarné,
33:54 et notre histoire, ce n'est pas mythologique,
33:58 c'est enraciné dans quelque chose de concret.
34:03 Merci beaucoup cher Arnaud, la semaine prochaine,
34:06 ce sera Jean-Pierre Mojandre qui animera l'émission "Terre de Mission",
34:10 nous nous retrouvons quant à nous dans trois semaines,
34:13 d'ici là je vous souhaite évidemment de très saintes fêtes de Pâques,
34:17 une très belle semaine sainte,
34:19 et d'ici trois semaines, que Dieu nous garde.
34:21 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
34:24 ♪ ♪ ♪

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