• l’année dernière
Terres de Mission reçoit Erick Audouard, écrivain et traducteur du Père Leonardo Castellani, jésuite argentin à l'immense talent d'écriture (et à la curiosité encyclopédique), à l'occasion de la nouvelle édition (revue et augmentée) du "Verbe dans le sang", recueil d'une cinquantaine de chroniques du prêtre.
Puis, Philippe Maxence, directeur de L'Homme Nouveau, présente ce bimensuel fondé peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale et toujours très assidu à la réflexion sur le Magistère et notamment sur la doctrine sociale de l'Eglise.
Enfin, le Père Jean-François Thomas, jésuite, parle du dernier volume (le volume d'été) de ses "Méditations quotidiennes" parues chez Via Romana.

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01:24 Bonjour chers amis téléspectateurs.
01:26 Très heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition de Terre de Mission, l'émission
01:30 religieuse de TV Liberté.
01:32 Nous allons d'abord commencer par recevoir Eric Audouard qui vient de publier une nouvelle
01:37 édition du Verbe dans le Sang, recueil de chroniques du père Leonardo Castellani, grand
01:43 prêtre argentin, qui a été un grand écrivain sud-américain.
01:48 Le Verbe dans le Sang, un recueil d'une cinquantaine de chroniques de ce grand jésuite argentin.
01:54 Puis nous parlerons avec Philippe Maxence du bimensuel qu'il dirige qui s'appelle L'Homme
02:00 Nouveau.
02:01 Et enfin nous parlerons avec Jean-François Thomas, jésuite lui aussi mais français,
02:07 du dernier volume de ses Méditations quotidiennes, le volume d'été, Méditations quotidiennes
02:12 qui viennent de paraître chez Vier Romana.
02:14 Nous revenons sur le plateau de Terre de Mission et j'ai le plaisir d'accueillir par Skype
02:32 Eric Audouard.
02:33 Bonjour Eric.
02:34 Bonjour.
02:35 Vous venez de publier un nouveau volume de chroniques de Leonardo Castellani, prêtre
02:42 argentin au style flamboyant.
02:45 Le recueil s'appelle Le Verbe dans le Sang.
02:48 Mais d'abord, est-ce que vous pourriez nous dire un mot de l'avis de Leonardo Castellani ?
02:52 Oui, je voudrais d'abord dire qu'il s'agit d'une réédition et pas d'une édition originale
02:59 et qu'elle est le fruit quand même d'une amitié entre plusieurs hommes.
03:04 Puisque les ouvrages étaient épuisés depuis la disparition de Pierre-Guillaume de Roux
03:09 en 2021 et que Pierre-Hébrou Géron a décidé de lancer cette réédition et que, à cette
03:17 occasion, j'ai augmenté l'édition originale de 16 textes, ce qui nous fait encore plus
03:22 de 53-54 textes assez représentatifs de l'esprit de ce prêtre argentin qu'on va présenter
03:30 assez rapidement.
03:32 C'était un prêtre argentin né à la fin du 19e siècle, 1899, mort en 1981, donc il
03:40 couvre presque tout le 20e siècle.
03:43 Son destin est assez lié au destin de son pays, l'Argentine était en plein essor
03:49 jusque dans les années 30 et après il y a eu ce qu'on appelle la décade infâme,
03:53 il y a eu un tas de problèmes politiques, de la corruption, un état qui ressemble
03:57 beaucoup d'ailleurs à l'état de notre pays actuel.
03:59 Et Castellani a été un des, disons, fers de lance du nationalisme argentin, on peut
04:08 le dire.
04:09 Il a connu des problèmes importants avec l'Église puisqu'il a essayé d'avertir
04:19 les autorités hiérarchiques des problèmes qu'il voyait dans les séminaires d'abord,
04:23 puis dans l'enseignement religieux en général.
04:26 C'était déjà l'envahissement du modernisme théologique qui était très important bien
04:31 avant Vatican II.
04:33 Donc il a écrit tout un tas de choses pour fortifier à la fois le bon sens des patriotes,
04:45 le bon sens populaire, que les gens ne s'égarent pas dans les nouvelles offres du marché idéologique.
04:53 Et il a payé très cher d'avoir notamment froissé quelques évêques argentins qui
05:01 ne tenaient pas tellement à ce qu'on dénonce ou relève les manquements dans l'enseignement.
05:07 Et il a payé tellement cher qu'il a été exilé en Espagne pendant deux ans, en 47,
05:15 47 et 49, qu'il a fini par s'évader parce que les traitements étaient particulièrement
05:21 douloureux.
05:22 C'était un isolement total.
05:24 Et il est revenu et il a connu, pour faire évidemment très bref, il a connu une période
05:30 jusqu'à la fin de sa vie d'assez grande pauvreté, de difficultés à éditer, alors
05:35 qu'il était quelqu'un de très prometteur dans les années 40.
05:39 Parce que les autorités ecclésiastiques, encore une fois, n'ont pas les pouvoirs politiques
05:44 malgré le changement de régime très important en Argentine depuis entre 45 et les années
05:50 80.
05:51 Ce n'est pas le pouvoir politique qui l'a cassé, c'est vraiment les...
05:55 Les ecclésiastiques.
05:56 C'est le monde religieux, ce sont ses frères catholiques.
05:58 Comment il était situé ecclésiastiquement ? Il était membre d'une congrégation ? Il
06:06 était prêtre diocésain ?
06:07 Alors, il était jésuite déjà et il était éducateur.
06:14 Donc il a eu d'éducateurs, professeurs.
06:16 Son métier était professeur.
06:17 D'ailleurs, il ne comprenait pas trop pourquoi les prêtres ne travaillaient pas.
06:20 Ce n'était pas un prêtre ouvrier, mais pour lui l'important était quand même que les
06:25 prêtres aient une fonction autre que sacramentelle.
06:29 Ça c'est très important dans son rapport justement à la vie réelle des sociétés
06:36 qui est l'objet des chroniques dont vous avez parlé, dont le recueil est plein.
06:41 Son activité principale était l'enseignement.
06:47 Il a été professeur de 5, 6 jusqu'à 7 matières.
06:51 Il était diplômé en psychologie.
06:53 C'est le premier diplômé en psychologie de toute l'Amérique du Sud d'ailleurs.
06:57 Il a diplômé à la Sorbonne.
06:59 Il a travaillé avec Dumas.
07:02 Il a travaillé avec des gens qui étaient très importants dans la psychiatrie en France.
07:07 C'est là qu'il s'est éduqué.
07:09 Il a aussi une formation thomiste.
07:12 C'est un des grands thomistes argentins, sinon sud-américains.
07:17 Il a traduit les 5 premiers tomes de la Somme théologique.
07:21 Mais sa spécificité a été vraiment d'inventer un genre tout à fait nouveau
07:29 qui serait ce que j'ai appelé le journalisme théologal.
07:32 C'est-à-dire qu'il a été contraint, et aussi par goût puisqu'il avait un talent littéraire très développé,
07:38 d'écrire des articles dans les journaux, dans tous les journaux qu'il acceptait sa plume.
07:45 Ça a été dans la grande presse.
07:48 Puis après, quand on l'a empêché de publier dans des petites feuilles de choux,
07:52 quelques revues nationalistes l'ont...
07:56 Et puis il a fondé lui-même à la fin de sa vie une revue d'ailleurs qui s'appelait Raouha.
08:00 Ça veut dire "cocagne" en français.
08:03 Très très belle revue d'ailleurs, qu'on n'a pas l'équivalent aujourd'hui.
08:07 Vraiment très très belle.
08:10 Et donc sa plume, que vous appelez flamboyante, qui a d'autres qualités d'ailleurs, à mon avis,
08:17 de vitesse, de fantaisie, au service du sens commun,
08:25 au service même du thomisme le plus aristotélicien possible,
08:30 mais avec énormément d'humour, de percussions,
08:35 et aussi une économie de moyens assez grande.
08:40 C'était pas quelqu'un qui posait par stylisme, formalisme, si vous voulez.
08:46 Il avait un énorme amour de la littérature,
08:49 mais elle était évidemment au service d'une vision,
08:53 et aussi, il faut bien le dire, pour une grande partie de son oeuvre journalistique,
09:01 d'un amour pour son pays, pour sa patrie, un désir de convaincre,
09:07 disons d'empêcher les égarments et les confusions,
09:12 nés des hérésies, des dernières hérésies qu'il voyait envahir le monde moderne.
09:18 J'imagine que le titre est choisi par vous, "Le Verbe dans le Sang",
09:23 qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
09:26 Qu'il l'avait dans le sang !
09:29 C'est un verbe avec majuscule, évidemment.
09:31 Je l'ai expliqué un petit peu dans la longue introduction,
09:35 qui est assez complète sur ma vision de Castellani, c'est la mienne,
09:39 il y a d'autres façons peut-être de le voir.
09:42 En Argentine, beaucoup de gens se disputent un petit peu son oeuvre,
09:47 même s'il n'est pas très très connu là-bas.
09:50 Qu'est-ce que je veux dire par "Le Verbe dans le Sang" ?
09:52 Vous savez, il y a une expression en français, c'est "la sagesse dans le sang".
09:56 Je pense qu'il avait, c'était quelqu'un qui était très sage,
09:59 mais je pense qu'il avait un peu plus que la sagesse des hommes,
10:02 il avait la sagesse de Dieu, qui est évidemment folie pour les hommes.
10:05 C'est pour ça que je l'ai appelé ça "Le Verbe dans le Sang",
10:07 qui à mon avis me semble contenir à peu près tout le message.
10:12 Absolument ! Donc, Leonardo Castellani, "Le Verbe dans le Sang",
10:16 c'est un recueil d'une cinquantaine de chroniques traduites et sélectionnées par Éric Audouard.
10:24 C'est paru chez Perspectives Libres, ça fait à peu près 500 pages,
10:27 et c'est une superbe introduction à Leonardo Castellani.
10:33 Merci beaucoup cher Éric Audouard, d'abord pour avoir accepté notre invitation,
10:37 et surtout pour avoir traduit et sélectionné ces chroniques
10:42 qui rendent Castellani extraordinairement contemporain,
10:46 extraordinairement puissant dans notre débat public,
10:50 et pas dans le débat public argentin des années 30,
10:52 mais dans notre débat public d'aujourd'hui.
10:54 Oui, j'espère qu'il sera utile aux chrétiens pour leur faire comprendre
10:58 qu'ils sont les soldats les mieux armés pour affronter les temps qui viennent.
11:02 Absolument ! Merci beaucoup !
11:04 Voilà, au revoir !
11:06 [Musique]
11:18 Bien, retour sur le plateau de Terre de Mission,
11:20 et j'ai le plaisir d'accueillir de nouveau Philippe Maxence,
11:22 le rédacteur en chef de l'Homme Nouveau. Bonjour Philippe !
11:25 Bonjour Guillaume de Tulloy, et merci de votre invitation renouvelée.
11:29 On parlait la semaine dernière du livre de Jean-Baptiste Diran que vous veniez de republier.
11:34 Je voulais qu'on parle un peu du journal que vous dirigez, l'Homme Nouveau,
11:38 qui est un grand titre de la presse catholique.
11:42 C'est un titre ancien au moins.
11:44 Un titre installé, et qui a un positionnement important dans la presse catholique,
11:54 notamment, en tout cas pour moi qui suis un "consommateur", un "lecteur",
11:59 un positionnement important sur la partie doctrine sociale de l'Église.
12:04 Il n'y a pas beaucoup d'organes de la presse catholique qui s'intéressent,
12:08 autant que l'Homme Nouveau, à ce que les papes disent sur la société, sur la politique.
12:14 Je pense en particulier à l'action, on en a parlé un peu brièvement la semaine dernière,
12:21 mais en particulier à l'action de Marcel Clément,
12:23 mais ça revient, pour un moment, plus loin encore de votre fondateur.
12:27 – Ça vient de l'origine, effectivement, l'Homme Nouveau,
12:30 si je peux dire quelques mots de l'origine, a été fondé en 1946 par un prêtre,
12:35 le père Filaire, qui était un homme très charismatique,
12:38 avec une grosse présence, comme vous dites,
12:42 et qui en même temps était professeur à l'Institut catholique de Paris,
12:46 professeur de philosophie, qui avait créé un mouvement avant-guerre
12:50 qui s'appelle "Pour l'unité", alors ce n'est pas pour l'unité des chrétiens,
12:53 mais pour l'unité du monde, autour de la papauté.
12:55 Enfin voilà, il y avait un engagement très fort de ce côté-là,
12:59 une lutte contre tous les pouvoirs totalitaires,
13:02 qui était la grande menace de l'époque.
13:05 Et quand il a créé l'Homme Nouveau, qui, à l'origine,
13:09 ne s'appelait pas l'Homme Nouveau, d'ailleurs,
13:11 s'appelait l'Humanité Nouvelle.
13:12 – L'Humanité Nouvelle, qui était vraiment une déclaration de guerre.
13:14 – Voilà, qui était une déclaration de guerre,
13:15 puisque les communistes avaient une politique dite de la main tendue envers les catholiques,
13:19 tout le monde s'était confronté ensemble,
13:21 enfin avait eu des combats communs dans la résistance,
13:23 mais doctrinalement, il y avait quelques problèmes.
13:27 – Il y avait des pressions.
13:28 – Donc le père Filaire voulait répondre aux communistes de cette manière-là.
13:33 L'archevêque de Paris était un peu effrayé,
13:36 il y a un ou deux numéros qui portent ce titre,
13:38 mais voilà, en 1946, ça devient l'Homme Nouveau, qui est un peu plus polinière.
13:43 – Polinière, c'est ça, exactement.
13:45 Moins polémique et plus polinière.
13:47 – Mais donc, très tôt, il y a eu cette idée que l'Église avait quelque chose à dire,
13:53 non seulement sur la vie des individus,
13:55 mais aussi, elle est enseignée à la nation, sur la vie des nations et des pays.
14:00 Et que pour cela, elle avait une doctrine sociale,
14:04 ce qui s'appelle la doctrine sociale de l'Église.
14:06 Alors le mot "sociale" est un peu équivoque,
14:09 il faut vraiment l'entendre au sens large, ce qui implique un aspect politique,
14:14 pas simplement la vie des ouvriers, etc.
14:18 – Et qui n'est pas un truc qui a débuté avec Léon XIII, mais qui est…
14:21 – Et qui n'est pas, voilà, ça aussi c'est une espèce de "si" qu'on nous répète.
14:25 Léon XIII s'intéresse à la question ouvrière,
14:29 et le Premier Pape a s'y intéressé de manière formelle.
14:33 Mais évidemment, il y a tout un enseignement qui parle d'ailleurs du Christ,
14:36 qui est transmis par les apôtres, et ensuite par les pères,
14:39 par les docteurs, etc., par les papes,
14:41 et qui forment tout le patrimoine doctrinal de ce qu'on appelle aujourd'hui
14:46 la doctrine sociale de l'Église.
14:48 Et l'homme nouveau va donner, enfin, cette présence de la doctrine sociale de l'Église
14:54 est là dès l'origine, et en 1962 arrive un jeune professeur aussi,
15:00 Marcel Clément, – Professeur au Canada.
15:03 – Alors qui lui est professeur au Canada, qui enseigne aussi un peu à l'époque
15:06 à l'Institut Catholique de Paris, et qui donne une impulsion très très très forte,
15:10 non seulement au journal en tant qu'entreprise, en tant qu'organe de presse, etc.,
15:15 mais qui l'oriente très particulièrement dans cette direction.
15:19 Nous continuons plus modestement, mais nous continuons,
15:22 c'est-à-dire que pour nous, la doctrine sociale de l'Église
15:26 sert surtout de grille d'analyse à tous les faits de société
15:31 que nous sommes amenés à commenter dans le journal.
15:35 On nous demande souvent si nous sommes de droite, si nous sommes de gauche, du centre, etc.
15:39 – Nous sommes de Rome.
15:41 – En fait, ni de droite, ni de gauche, pardon, je suis désolé, ça fait aussi un peu si,
15:44 mais nous ne sommes pas un journal d'opinion, nous sommes un journal qui essayons
15:48 de regarder ce qui se passe dans le monde, – Au prisme de…
15:51 – Au prisme de cette doctrine sociale de l'Église,
15:54 qui elle-même s'insère dans l'ensemble de l'enseignement de l'Église, en fait.
15:58 – Et vous avez aussi une coloration qui vient, en particulier de Marcel Clément,
16:02 mais une coloration un peu plus philosophique que beaucoup d'autres regardent.
16:06 Le lien entre l'Homme Nouveau et l'IPC est assez…
16:10 alors c'est probablement plus personnel qu'institutionnel, mais…
16:14 – Il y a eu des liens institutionnels, effectivement,
16:16 comme il reposait sur des personnes, Marcel Clément est l'un des co-fondateurs
16:20 de l'Institut de Philosophie Comparée, qui a d'abord été dirigé par son frère,
16:24 donc il y avait des liens évidemment très forts, et personnels et institutionnels,
16:28 ces liens se sont un peu… – Distendus.
16:31 – Distendus, parce que chacun a pris sa route.
16:34 Nous avons toujours des liens avec l'IPC, mais c'est vrai que nous restons attentifs
16:40 à une approche qui s'enracine dans l'aristotélicisme et dans le…
16:46 – Et dans le thomisme en particulier.
16:48 – Et dans le thomisme, dans la philosophie de Saint Thomas,
16:50 et dans la théologie de Saint Thomas, oui.
16:52 C'est une particularité, effectivement.
16:54 – Oui, c'est ça, c'est quand même pas tous les journaux d'opinion générale
16:57 qui se réfèrent régulièrement à Saint Thomas d'Aquin, c'est…
17:00 – Tout à fait, oui, oui, oui, et là, c'est là.
17:02 – C'est là, c'est là.
17:04 Alors, de fait, vous parliez de la doctrine sociale de l'Église,
17:06 c'est notre grille de lecture, je vais dire quotidienne,
17:09 mais à côté du bimensuel que l'Homme nouveau,
17:12 nous avons créé une lettre mensuelle consacrée spécifiquement
17:17 à la doctrine sociale de l'Église, qui a une feuille modeste,
17:21 quatre pages, qui tous les mois aborde des aspects doctrinaux
17:26 ou d'histoire de la doctrine sociale de l'Église,
17:28 ou les deux d'ailleurs, qui s'appelle "Reconstruire",
17:32 et vous m'aviez invité pour présenter le livre de Jean-Madiran,
17:35 "Du bien commun", qui est publié dans le cadre d'une collection "Reconstruire".
17:38 – D'accord.
17:39 – Le terme "Reconstruire" laisse un peu…
17:41 – Rebâtir la chrétienté, en fait.
17:43 – Un peu nos ambitions, voilà.
17:45 – C'était le projet des néo-thomistes dans les années 1920 et 1930,
17:49 et je pense que ça devrait rester notre projet.
17:51 – Oui, ça reste notre projet en prenant en compte les difficultés actuelles.
17:57 – Les fondrements, évidemment.
17:59 – Qui n'étaient pas tout à fait les mêmes que ceux des néo-thomistes des années 1930.
18:02 – C'est très clair.
18:04 Quand vous dites "bimensuel", ça veut dire que vous paraissez deux fois par mois…
18:07 – Nous paraissons tous les quinze jours.
18:09 – Donc, ça veut dire à la fois prise de distance par rapport à l'actualité
18:14 et suivi précis de l'actualité, quand même, les deux à la fois.
18:17 – Voilà, c'est une espèce de jonglerie, toujours sans raciner dans l'actualité,
18:22 parce que c'est ce que le lecteur, ce dont le lecteur a besoin,
18:25 avec suffisamment de distance pour ne pas répondre à chaud,
18:29 se laisser entraîner par l'opinion ou par les passions, ou par la victime, etc.
18:36 Essayer d'analyser les choses, le tout dans un équilibre
18:43 entre actualité et analyse de l'action.
18:46 – Merci beaucoup cher Philippe, longue vie à Rome Nouveau.
18:50 – Merci.
18:52 – Tout neveu accompagne cette prestigieuse, vraiment, je le dis sans moquerie,
18:59 prestigieuse publication qui a vraiment tenu un rôle important dans l'après-guerre
19:06 et qui continue à jouer un rôle important dans le débat public.
19:10 Quoi qu'on pense par ailleurs des médias dits "mainstream",
19:14 je pense que c'est fondamental d'avoir un bimensuel qui réfléchit sérieusement
19:19 à partir de ce que disent les papes, à partir de ce que disent les docteurs de l'Église,
19:23 à notre actualité politique. Merci Philippe.
19:25 – Merci beaucoup Guillaume de Stuart.
19:27 [Musique]
19:38 – Bien, nous revenons sur le plateau de Terre de Mission
19:40 et j'ai le plaisir d'accueillir de nouveau le père Jean-François Thomas-Jésuite.
19:44 Bonjour mon père. – Bonjour cher monsieur.
19:46 – Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
19:48 La dernière fois, je pense que vous étiez pour votre dernière méditation quotidienne
19:52 et là, vous êtes pour la dernière de l'année.
19:55 Le petit volume de méditations quotidiennes de l'été,
19:58 paru chez Via Romana comme les trois précédentes.
20:02 On va recommencer le même genre de questions que les fois précédentes.
20:06 Quel est le principe de ces méditations quotidiennes ? À quoi ça sert ?
20:10 – Alors c'est un principe qui est très simple, peut-être trop simpliste, je ne sais pas.
20:14 C'est simplement proposer aux fidèles et aussi à tous les hommes de bonne volonté
20:19 qui sont intéressés, quelques pistes de méditation,
20:23 de temps où on se pose et où on se repose aussi, chaque jour,
20:29 donc sur un thème spirituel, souvent à partir des saintes écritures,
20:33 mais également avec l'aide parfois de poètes ou de philosophes ou d'écrivains
20:41 qui ont pu aussi être inspirés, pas de la même façon évidemment
20:46 que ceux qui ont composé les saintes écritures.
20:49 Voilà, donc c'est simplement une petite aide.
20:52 Ceci s'inscrit dans la grande tradition de l'Église depuis des siècles.
20:57 – Et donc l'idée c'est vraiment, jour par jour, tout l'été,
21:01 du 21 au 22 juin jusqu'au 20 septembre,
21:05 donc tout l'été, chaque jour, 2-3 pages de l'écriture dit que,
21:13 qu'est-ce que, enfin voilà, ce que ça vous inspire,
21:16 ou le poète ou Bernanos ou je ne sais pas qui vous dit que,
21:20 comment vous vous positionnez par rapport ?
21:22 – Oui, donc ce sera peut-être plus facile de l'utiliser pendant l'été,
21:27 y compris quand on est sur la plage, pourquoi pas.
21:30 – Absolument.
21:31 – C'est peut-être un lieu qui invite aussi à la contemplation,
21:34 regarder la mer qui va, qui vient et qui revient.
21:40 Donc pendant l'été, évidemment, il y a plus de temps disponible
21:43 pour les personnes, pour une contemplation, pour une méditation.
21:48 Et le but est en effet de se laisser porter
21:52 dans une sorte de composition de lieu, en utilisant tous ses sens,
21:57 pas uniquement lire un texte, mais essayer aussi,
22:01 lorsque tel passage du Saint-Escriture est cité,
22:06 de se mettre dans le contexte.
22:08 – De vieille tactique jésuite, si je puis dire.
22:10 – Vieille tactique jésuite, oui.
22:11 Mais ça c'est de la bonne tactique jésuite.
22:13 – Oui, absolument.
22:15 [Rires]
22:17 Et si, parlons de l'expression,
22:20 mais quelle est la coloration des méditations d'été
22:23 par rapport aux méditations d'hiver ?
22:25 Est-ce que l'atmosphère change ? Comment vous voyez les choses ?
22:28 – Alors je ne pense pas qu'il y ait un changement de saison
22:31 dans la vie intérieure.
22:33 Il y a évidemment des saisons dans la vie intérieure,
22:36 mais qui sont propres à chacun,
22:38 quand on passe par exemple par des désolations ou des consolations.
22:42 Donc c'est pour cela que pour des méditations de cette sorte,
22:46 il vaut mieux s'en tenir souvent à des textes
22:48 qui sont proposés par la liturgie de l'Église,
22:51 qui a la sagesse en fait de proposer des cycles
22:54 qui sont ancestraux, qui datent depuis des siècles.
22:58 Donc il y a une logique, il suffit de se laisser porter.
23:02 Et ainsi notre vie intérieure personnelle peut également s'éclairer.
23:06 – Et donc dans vos méditations quotidiennes,
23:08 toutes les saisons ont des cycles,
23:10 enfin il y a des méditations de désolation
23:12 et des méditations de consolation à toutes les saisons.
23:14 – Oui, alors chacun ensuite évidemment trouve ce qu'il veut ou ce qu'il peut.
23:19 C'est comme lorsqu'on lit simplement un texte des Saintes Écritures,
23:24 chacun lit bien les mêmes mots,
23:26 mais ça ne va pas résonner de la même façon.
23:29 Parce que tout dépend aussi, hélas,
23:31 de nos émotions et de nos passions du moment.
23:35 – Pas forcément hélas d'ailleurs,
23:36 parce que nos émotions et nos passions peuvent nous entraîner vers Dieu.
23:40 – Bien sûr, mais enfin il est quand même préférable
23:43 de les contrôler un petit peu.
23:45 – Absolument, c'est très juste.
23:49 Comment est-ce que vous écrivez, vous, vos méditations quotidiennes ?
23:54 Est-ce que vous vous laissez porter par la liturgie
23:58 ou est-ce que la liturgie résonne avec vos propres passions ?
24:02 Évidemment je n'ai pas l'intention de vous confesser en public,
24:05 d'abord parce que je n'ai même pas la possibilité de vous confesser en privé,
24:09 mais plus sérieusement,
24:12 qu'est-ce qui vous porte à choisir pour le 20 septembre
24:16 telle méditation plutôt que telle autre ?
24:19 – Alors en rédigeant ces méditations sur les quatre saisons,
24:22 j'ai toujours essayé de rédiger chaque texte jour par jour,
24:26 correspondant d'ailleurs aux jours en question.
24:30 Je n'ai pas fait ça dans le désordre ou au hasard,
24:32 mais toujours après la célébration de la Sainte Messe,
24:35 tôt le matin et le temps de méditation.
24:38 Donc c'était aussi parfois, pas toujours,
24:41 et puis il y a aussi à certains moments l'inspiration
24:44 qui n'est pas toujours présente.
24:46 – Il y a de l'angoisse de la passe blanche aussi pour vous.
24:48 – Voilà, donc c'était aussi le fruit,
24:50 un fruit qui vaut ce qu'il vaut, de mes propres contemplations.
24:55 – D'accord, mais ça veut dire que le 20 septembre,
24:57 vous avez créé la méditation du 20 septembre ?
24:59 – Exactement. – Ah oui c'est très intéressant, d'accord.
25:01 Je pensais que vous aviez prévu les choses un peu à l'avance.
25:04 – Non, en fait j'ai commencé, si je me souviens bien,
25:07 j'ai commencé un 1er juin, il y a deux ans.
25:09 – D'accord. – Et donc voilà, j'ai commencé
25:11 par la méditation du 1er juin, et quand j'ai terminé
25:14 le 31 mai de l'année suivante les méditations,
25:18 je les ai proposées à mon éditeur, qui les a à ce moment-là,
25:21 qui a jugé bon, je pense qu'il a eu raison.
25:24 – De le saisonnaliser. – Voilà, mais au départ
25:27 je n'avais pas pensé à ça, je pensais que ça ferait un seul volume,
25:29 mais en fait il est préférable d'avoir un volume par saison.
25:32 – Oui absolument, et c'est très agréable en fait,
25:34 ce petit livre en plus, le livre est très bien en main,
25:38 c'est vraiment un petit livre mutatis mutandis,
25:41 comme l'Imitation de Jésus Christ, c'est un livre qu'on feuillette
25:44 et qu'on peut laisser pendant deux semaines
25:47 sans péril particulier, et reprendre, c'est très agréable.
25:51 – Et donc j'ai demandé à un ami peintre, qui est le père Réginald Pic,
25:55 un peintre très inspiré, de me permettre de reproduire
26:01 pour la couverture à chaque fois un de ses tableaux.
26:04 – Un de ses tableaux. – Et donc c'est un peintre
26:06 qui est très inspiré par Maurice Denis par exemple,
26:09 et voilà, des peintres du type. – Oui bien sûr, très la bible.
26:11 – C'est un peintre qui est réaliste mais très intériorisé,
26:16 donc c'est toujours le fruit de sa propre contemplation aussi, sa peinture.
26:20 – Et là c'est, j'allais dire, presque encore plus contemplatif,
26:24 parce que c'est la muse qui chuchote ou qui ne dit rien d'ailleurs
26:28 à l'oreille du peintre.
26:30 – Oui c'est le peintre qui attend l'inspiration,
26:33 donc il est dans une position qui est quasi une position de prière aussi,
26:38 comme un prêtre qui, lors de la célébration de la messe,
26:42 s'assoit pour un certain nombre de parties de la messe,
26:45 par exemple Gloria ou le Credo, et qui pose ses mains sur ses genoux
26:51 et qui attend l'inspiration.
26:53 – Et la muse est presque un ange qui murmure à son oreille.
26:58 – Qui murmure à son oreille et qui l'invite à la fois au silence
27:01 et à la contemplation.
27:03 – Écoutez, mon cher père, merci beaucoup d'être une nouvelle fois venu
27:08 présenter ces Méditations quotidiennes.
27:10 Donc le cycle est terminé, on a les quatre volumes
27:12 de Méditations quotidiennes par saison.
27:14 – Il y aura d'autres livres par la suite,
27:16 donc vous aurez l'occasion de m'inviter.
27:18 – Ça sera avec grand plaisir.
27:20 Mais alors des méditations non saisonnières ?
27:23 – Non, le prochain livre qui va sortir, c'est un livre de chroniques,
27:26 en fait, sur différents thèmes.
27:28 – D'accord, très bien.
27:29 Écoutez, vous serez évidemment le bienvenu dès que ça sera paru.
27:31 En attendant, donc Méditations quotidiennes par saison,
27:34 hiver, printemps, été, automne.
27:38 Père Jean-François Thomas Jésuite, c'est paru chez Via Romana.
27:42 Chacun des petits volumes est à 12 euros
27:45 et c'est une très belle stimulation au silence,
27:50 à la méditation, à la contemplation.
27:52 Merci mon cher père.
27:53 – Merci beaucoup cher monsieur.
27:54 – Et donc la semaine prochaine,
27:56 ce sera Jean-Pierre Maugendre qui animera l'émission.
27:59 Nous nous retrouvons quant à nous dans 3 semaines.
28:01 D'ici là, que Dieu nous garde.
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