Le spécialiste de l'IA David Brunwald était notre invité dans le Carrefour de l'info pour nous expliquer la portée et et les limites de l'IA
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00:05 Et tout de suite les principaux titres de votre Carrefour de l'information.
00:09 Tout d'abord en Belgique, les jeunes de 16-17 ans obligés de voter aux élections européennes.
00:15 Ces électeurs seront forcés donc de participer au scrutin du 9 juin.
00:19 C'est ce qu'a estimé en tout cas la Cour constitutionnelle belge,
00:22 alignant leur situation sur celle des électeurs majeurs.
00:26 L'intelligence artificielle qui prend de plus en plus de place, on le sait, dans notre société,
00:30 est utilisée dans différents domaines. Dans ce Carrefour de l'info, nous allons nous y intéresser
00:35 avec notre invité dans quelques instants, David Grunewald, spécialiste des questions sur l'intelligence artificielle
00:40 et professeur de stratégie numérique en communication à l'ULB.
00:44 Au chapitre international, le nucléaire au cœur d'un sommet mondial chez nous à Bruxelles,
00:49 les industriels qui insistent pour que l'atome fasse partie de la réponse énergétique du futur.
00:55 Depuis, comme tous les jours, en deuxième partie d'émission, nous irons au Maghreb,
00:58 notamment en Algérie. Elle aura lieu le 7 septembre prochain.
01:01 Teboun décide la tenue d'une élection présidentielle.
01:04 Les Algériens vont donc retourner aux urnes plus tôt que prévu, le 7 septembre,
01:08 soit trois mois avant la date initialement prévue.
01:12 Voilà donc pour l'essentiel du Carrefour de l'information qui démarre dans quelques instants.
01:16 Sur Arabelle
01:19 Voilà, je vous le disais, il y a quelques instants, l'intelligence artificielle
01:23 qui prend de plus en plus de place dans notre société,
01:26 utilisée aussi dans pas mal de domaines. Dans ce Carrefour de l'info,
01:29 on va s'y intéresser avec notre invité aujourd'hui, David Grunewald,
01:33 spécialiste des questions sur l'intelligence artificielle
01:35 et professeur de stratégie numérique en communication à l'ULB.
01:38 Bonjour.
01:39 Bonjour Thierry.
01:40 Merci d'être avec nous sur Arabelle.
01:42 Alors, une question que je pose généralement à nos invités avant d'aller plus loin,
01:45 peut-être une carte de visite pour commencer, pour faire connaissance.
01:48 Certains vous connaissent, d'autres vous ne connaissent pas.
01:50 Avec David Grunewald, un peu qui est David, un petit peu sa formation, son parcours.
01:55 Alors, merci pour l'invitation.
01:56 Et puis, mon parcours, c'est 28 ans dans la communication et le marketing,
01:59 et plus principalement dans les agences de pub.
02:01 J'ai commencé ma carrière en 1995, ça remonte,
02:04 dans une des premières agences qui s'appelait Ogilvy Interactive,
02:08 où j'ai commencé à développer des sites web et faire de la publicité sur les bannères.
02:12 D'accord. Alors, on va commencer par le commencement.
02:14 Une définition, peut-être.
02:16 Qu'est-ce que l'intelligence artificielle et à quoi sert-elle d'une manière plus générale,
02:21 avant de rentrer dans les détails tout à l'heure ?
02:23 L'intelligence artificielle, c'est une science,
02:25 et c'est une branche de la science informatique,
02:28 qui vise à développer des algorithmes et des machines
02:30 qui vont pouvoir, à un certain moment, exécuter des tâches,
02:34 qui normalement, ces tâches, nécessitent une intervention d'intelligence humaine.
02:39 Donc, j'ai envie de dire, ce n'est pas neuf.
02:42 Ça existe depuis quand même pas mal d'années.
02:44 On en parle beaucoup, là, depuis l'arrivée de Chats JPT, depuis novembre 2022.
02:49 Mais c'est une discipline qui existe depuis les années 50.
02:53 D'accord. Et justement, ça a commencé par quoi ?
02:55 Son histoire, pour regarder un petit peu dans le rétroviseur,
02:58 comment ça a commencé, un petit peu, cette aventure de l'intelligence artificielle ?
03:01 Alors, je pense que la genèse vient de l'imagination d'auteurs, de science-fiction,
03:07 d'écrivains et de gens qui réalisaient des films,
03:12 et qui avaient imaginé cette forme d'humanoïdes qui allaient aider l'humanité.
03:17 C'étaient les gentils robots, à l'époque.
03:19 Et certains scientifiques, dans les années 50, se sont mis au challenge en disant,
03:23 et si c'était possible de créer des robots qui allaient pouvoir aider,
03:27 donc répliquer cette intelligence humaine.
03:29 Et donc, en 56, il y a eu une réunion entre une vingtaine de mathématiciens,
03:34 de scientifiques, qui ont réfléchi, qui se sont penchés sur la question,
03:37 est-ce qu'il est possible de développer cette machine
03:39 pour pouvoir réfléchir et aider l'être humain dans différentes tâches ?
03:42 Donc, ce n'est pas neuf.
03:43 Donc, à l'époque, j'imagine, c'était de grosses machines, de grosses bécanes, comme on dit.
03:46 C'était des grosses bécanes, avec une puissance de calcul
03:48 qui n'est pas du tout comparable avec ce qu'on a aujourd'hui.
03:51 Et puis, c'était une manière aussi d'analyser les choses,
03:53 ce qui a complètement changé.
03:55 Mais, voilà, c'est une discipline et une obsession qui datent aujourd'hui.
04:02 Alors, on en parle beaucoup parce que les choses se sont améliorées,
04:04 se sont accélérées, avec une augmentation de la puissance de calcul des machines,
04:08 mais aussi la disposition d'énormément de données qui peuvent être analysées,
04:12 donc pour avoir une performance dans ce que la machine nous permet d'analyser,
04:16 qui est supérieure.
04:17 Alors, on va enchaîner avec les portées et les limites,
04:20 s'il y en a à présent, de cette intelligence artificielle.
04:24 D'abord, si vous voulez bien, David Grunwald, nous parler de cette "plus-value",
04:29 de cette intelligence artificielle, disons, dans la vie de tous les jours,
04:32 la vie domestique et aussi un peu professionnelle.
04:34 Oui, alors, on ne va pas parler que de Chad J. Petey.
04:38 Chad J. Petey a eu l'avantage, évidemment, d'ouvrir un peu les yeux à l'ensemble du monde
04:43 sur l'existence de l'IA et ce que ça pouvait apporter.
04:46 Mais c'est clair que, nous, dans notre quotidien aujourd'hui,
04:49 l'intelligence artificielle peut se constituer en une sorte d'assistant personnel
04:53 dans l'exécution de différentes tâches.
04:56 Vous ouvrez la porte de votre frigo, vous faites une photo et vous demandez à Chad J. Petey,
05:01 à partir des ingrédients qui sont dans mon frigo,
05:04 qu'est-ce que je peux faire comme menu ce soir ?
05:06 C'est une aide assez simple que l'intelligence artificielle peut vous apporter.
05:10 Vous avez du mal à répéter les leçons et les devoirs ou à travailler sur les devoirs de votre enfant,
05:15 vous pouvez demander de l'aide à l'intelligence artificielle
05:18 de réfléchir à comment solutionner le problème mathématique.
05:21 Ce sont des simples exemples, mais après, il y a des sociétés aujourd'hui
05:25 qui ont nommé un co-CEO à partir d'un chatbot
05:29 qui permet non pas de prendre des décisions à la place,
05:31 mais de challenger certaines décisions et de permettre de pousser les réflexions
05:36 au niveau de l'évolution de l'entreprise un petit peu plus loin.
05:40 Vous parlez de co-CEOs, c'est-à-dire en Asie,
05:43 j'ai l'impression qu'ils sont toujours un petit peu en avance sur nous.
05:45 Tout à fait.
05:46 Alors, est-ce que cette intelligence artificielle a des limites ou au contraire,
05:51 est-ce qu'on doit avoir peur, disons honnêtement aujourd'hui, de l'intelligence artificielle ?
05:55 C'est un grand débat et je ne vais pas pouvoir neutraliser le débat.
06:00 C'est ce que cette évolution très rapide finalement fait peur
06:04 et on va arriver dans une société un peu dystopique
06:06 où la machine va prendre le pouvoir sur l'homme
06:08 parce qu'elle va développer des systèmes et des langages qui seront tellement utiles
06:12 et qui vont réguler notre économie, la bourse, les systèmes de transport, etc.
06:18 et où finalement, on n'aura plus, on ne va plus rien pouvoir contrôler
06:22 à l'inverse de ce qu'on peut être au dépens de ces robots et ces machines.
06:27 Et puis l'autre version, c'est une version un peu utopique en disant
06:30 en fait, on aura des machines et des algorithmes tellement performants
06:32 que l'homme va les mettre au travail et que finalement, on passera du bon temps,
06:36 on sera rémunéré pour avoir mis en place des machines.
06:39 Je pense que la vérité, elle se situe un petit peu entre les deux.
06:42 Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, on est rentré dans l'ère de l'intelligence collective.
06:45 Et l'intelligence collective, c'est quoi ?
06:47 C'est apprendre à travailler en partenariat avec un algorithme
06:51 d'augmenter nos capacités, qui va nous permettre de nous challenger,
06:56 d'améliorer ce qu'on fait et donc d'interagir.
07:00 Ça veut dire que l'homme et l'intelligence humaine restent supérieures,
07:05 mais qu'on utilise l'intelligence artificielle pour ce qu'elle fait très bien,
07:08 c'est-à-dire lire et analyser une énorme quantité de données,
07:12 où il faudrait beaucoup plus qu'une vie pour pouvoir lire toutes ces données,
07:16 faire des modèles prédictifs en disant à l'intelligence artificielle
07:20 "Fais-moi un résumé de ce que tu as appris dans toutes tes lectures,
07:23 qu'est-ce qui pourrait arriver ? Fais-moi des scénarios de ce qui pourrait arriver
07:27 ou fais-moi simplement un résumé de ça."
07:29 C'est un point de départ qui est en fait plus riche pour l'humain,
07:33 pour développer son esprit critique, pour commencer à réfléchir à de nouvelles solutions.
07:38 Cette intelligence collective, cette collaboration-là,
07:42 me paraît vraiment essentielle dans l'évolution de l'enseignement,
07:45 dans l'évolution des problématiques internationales, géopolitiques, environnementales.
07:50 Beaucoup de scientifiques disent en fait, peut-être que la nouvelle génération
07:53 qui arrive et qui va avoir l'habitude de travailler main dans la main avec ces algorithmes,
07:58 va peut-être arriver à solutionner des problèmes que jusqu'à présent,
08:01 nous n'avons pas réussi à solutionner seuls.
08:03 - Alors vous parliez tout à l'heure de cette peur de perdre le contrôle
08:07 sur cette intelligence artificielle. J'ai vu un peu dans la presse
08:10 la vulnérabilité de l'intelligence face par exemple aux cyberattaques.
08:14 On peut imaginer cette évolution d'une intelligence artificielle
08:17 qui pourra finalement avoir des pare-feux pour faire face à tout cela ?
08:21 - Oui, mais là on va... Alors chaque fois qu'il y aura des pare-feux,
08:24 il y aura d'autres systèmes qui vont pouvoir les contrer.
08:28 Donc il est clair que c'est la face un petit peu plus cachée
08:31 de l'évolution de l'intelligence artificielle qui va être utilisée également
08:35 par les hackers et à mauvais escient. On ne va pas y échapper.
08:39 Aujourd'hui déjà, de par les deepfakes ou le clonage des voix,
08:43 il y a eu des situations assez embêtantes.
08:46 Une société, je pense américaine, où le CFO a reçu un appel via Teams
08:51 ou via Zoom de son CEO et d'autres managers en lui demandant
08:56 de faire un versement de quelques millions de dollars
09:00 pour l'acquisition totalement secrète d'une société.
09:03 En fait, il se fait que c'était un deepfake vidéo avec le clonage des voix
09:06 et que le CFO a exécuté l'ordre de son CEO en ayant été manipulé
09:12 par l'intelligence artificielle. Donc on va devoir s'habituer à ça.
09:15 - David Runevald, une question à présent qui va sans doute intéresser
09:18 toutes les étudiantes et tous les étudiants.
09:20 On en a beaucoup parlé dans la presse dernièrement,
09:22 les incidences et les implications de cet IA dans les milieux de l'enseignement.
09:26 Alors, une question qui ne fait pas plaisir à pas mal de profs,
09:29 l'utilisation de cette intelligence peut-elle être considérée comme du plagiat ?
09:34 - C'est une question vraiment brûlante.
09:37 Je tiens à dire que je suis également professeur à l'ULB,
09:40 je suis également professeur à l'ECS, European Communication School,
09:45 et je suis vraiment passionné depuis une quinzaine d'années.
09:49 L'enseignement me passionne, ce que j'ai toujours fait en parallèle
09:52 par rapport à mon métier.
09:54 Clairement, aujourd'hui, dans les grandes universités,
09:57 que ce soit en Europe ou à l'international,
09:59 le premier réflexe était de bannir l'utilisation de chatbots.
10:03 La plupart des grandes écoles commencent à revenir sur cette décision,
10:09 parce que le plagiat ou la tricherie, qu'est-ce que la tricherie d'abord ?
10:14 Si on met ça sur une échelle en disant
10:17 que si l'étudiant ou l'étudiante fait juste un copier-coller
10:20 en ayant posé une question au chatbot,
10:23 et puis en copiant seulement ce que le chatbot lui répond,
10:26 c'est en effet de la tricherie, c'est de la fainéantise,
10:28 ça n'apporte pas grand-chose.
10:30 Par contre, si on commence à demander aux étudiants
10:33 de développer leur esprit critique et d'interagir
10:35 dans cet esprit d'intelligence collective avec le chatbot,
10:39 et d'être l'être humain et le pilote,
10:42 mais à une sorte de "sparing partner"
10:44 qui permet de l'alimenter sur certaines sources,
10:47 de réfléchir à certains scénarios et de pousser la réflexion plus loin,
10:51 je trouve que ça, ça devient intéressant.
10:53 Et je dis souvent, dans les différentes écoles où j'enseigne,
10:58 notre mission en tant que professeur,
11:00 c'est de préparer nos étudiants à leur futur,
11:04 et pas uniquement basé sur des méthodes, nos anciennes méthodes.
11:07 Et leur futur, c'est quoi ?
11:09 Un étudiant ou une étudiante qui rentre en septembre 2024 en bachelier
11:15 sortira quelque part en 2029.
11:17 Imaginez, vu l'intégration et la courbe d'accélération de l'IA,
11:22 de mettre sur le marché des étudiants
11:24 qui se seront un peu débrouillés de leur côté
11:26 en manipulant l'IA,
11:28 mais en ne maîtrisant pas correctement les outils,
11:30 dans un monde professionnel où la différence sera importante.
11:34 Vous savez, vous connaissez l'adage,
11:35 c'est pas l'IA qui va vous remplacer au boulot,
11:38 c'est quelqu'un qui maîtrise l'IA.
11:40 Comment les préparer au mieux pour être armés,
11:43 être très efficaces dans un monde professionnel ?
11:46 Et je pense que ça, c'est la mission de toutes les écoles.
11:48 Apprendre à l'utiliser plus intelligemment.
11:51 Est-ce que vous pensez qu'on devrait l'enseigner
11:53 peut-être encore un peu plus jeune,
11:56 avant même les grandes écoles, les universités ?
11:59 Oui, oui, oui. Alors, pour deux raisons.
12:01 Je pense que dans l'ensemble de nos écoles,
12:05 dans notre pays, mais un petit peu partout,
12:07 on se plaint d'une pénurie de professeurs.
12:09 Il y a un manque d'encadrement de certains étudiants,
12:13 il y a des classes qui sont trop nombreuses.
12:15 Et donc, le but n'est pas de remplacer le professeur
12:17 par l'intelligence artificielle.
12:19 Le but est d'assister le professeur
12:21 avec un tuteur virtuel,
12:23 qui permet peut-être de répéter certaines matières
12:27 si l'étudiant n'a pas compris,
12:28 et en relisant les notes de cours,
12:30 se dit "j'ai toujours pas compris,
12:31 mais je vais demander à l'intelligence artificielle
12:32 de rephraser, de me donner d'autres exemples
12:34 pour que je le comprenne".
12:36 Peut-être de mieux se préparer à certains examens
12:38 ou à certaines interrogations,
12:41 en demandant de se baser sur le syllabus
12:43 ou sur la matière vue au cours,
12:45 et de lui préparer une sorte d'interro
12:50 et puis de l'aider dans les matières
12:52 qu'il aurait moins comprises.
12:54 Donc, je trouve que là,
12:56 on n'est pas en train de parler de tricherie et de plagiat.
12:59 On est en train d'utiliser l'outil
13:01 basé sur des connaissances
13:02 qui ont été définies par le professeur,
13:04 mais où l'intelligence artificielle
13:06 va pouvoir un petit peu jongler
13:07 et faire répéter ou aider,
13:09 épauler les étudiants et les étudiantes.
13:11 Et donc, ça, je pense que c'est une chose
13:13 qu'on pourrait faire dès l'école primaire.
13:15 Et de nouveau, pas dans une logique de remplacement,
13:18 mais dans une logique d'accompagnement.
13:20 Normalement, l'intelligence artificielle
13:23 va également pouvoir s'inviter
13:24 pour améliorer la qualité des cours,
13:26 puisqu'on va pouvoir développer du contenu,
13:28 de nouveau, sur les professeurs et sur les instituts
13:30 qui vont décider de la matière,
13:32 mais avec un encadrement
13:34 et peut-être un développement de matériaux
13:37 beaucoup plus pédagogiques
13:39 qui vont permettre d'améliorer l'apprentissage,
13:41 faciliter l'apprentissage.
13:43 Alors, on va s'intéresser à présent,
13:45 si vous le voulez bien,
13:46 à l'actualité, disons, immédiate
13:48 qui concerne l'intelligence artificielle.
13:50 On a relevé l'apparition de ce nouvel puce NVIDIA.
13:54 De quoi s'agit-il ?
13:56 Et puis, quel impact, justement,
13:57 sur l'intelligence artificielle ?
13:59 On parle d'une évolution, chaque fois,
14:01 à VV prime de cette intelligence.
14:02 Est-ce que ça va dans ce sens ?
14:03 Oui. Alors, NVIDIA, il faut savoir,
14:05 ce n'est pas du tout une intelligence artificielle.
14:07 C'est un fournisseur, c'est une entreprise
14:09 qui fabrique des chips, des puces,
14:12 qui équipe des ordinateurs.
14:15 La particularité, c'est qu'il y a quelques années,
14:17 NVIDIA fabriquait des puces
14:19 qui étaient plutôt focalisées
14:21 sur tous les ordinateurs pour le gaming,
14:23 l'univers du gaming.
14:24 Et ces puces se sont trouvées, en fait,
14:26 beaucoup plus performantes que des puces
14:28 fabriquées par, on va dire, Intel,
14:30 pour les chatbots et les moteurs
14:34 d'intelligence artificielle.
14:36 Et donc, depuis l'apparition de chat GPT
14:38 de manière publique,
14:40 le cours de la bourse de NVIDIA a augmenté de 450 %.
14:44 C'est aujourd'hui une des trois entreprises
14:47 les plus valorisées au niveau boursier,
14:49 à côté de Microsoft, Apple.
14:51 Alors, il y en a parfois un qui dépasse l'autre,
14:53 mais c'est le top 3.
14:54 Et clairement, il continue à évoluer
14:57 dans l'optimisation de ces puces
15:00 pour améliorer la puissance de calcul,
15:04 la rapidité de calcul,
15:06 à la fois pour deux choses.
15:07 En fait, un chatbot va permettre,
15:09 va d'abord devoir analyser ce qu'on appelle
15:11 un dataset, c'est-à-dire qu'on va mettre
15:12 à disposition énormément de données
15:15 que cette intelligence artificielle
15:18 va devoir scanner, lire,
15:20 constituer des liens entre les données.
15:23 Ça demande une puissance de calcul importante.
15:27 Et puis après, il va devoir,
15:29 une fois qu'il aura analysé ça,
15:31 on appelle ça l'inférence,
15:33 il va devoir répondre à vos questions.
15:36 Basé sur ce qu'il aura étudié auparavant,
15:39 il va devoir pouvoir interagir rapidement avec vous.
15:41 Donc ça, c'est l'optimisation à la fois
15:43 de la partie, on va dire, de l'apprentissage
15:45 de l'IA, qui va demander
15:50 une grande puissance de calcul,
15:52 mais après aussi une rapidité
15:53 dans l'interaction avec l'être humain.
15:55 Et ces puces-là permettent, en fait,
15:58 voilà, elles sont essentielles.
16:00 NVIDIA, aujourd'hui, c'est 80% du marché
16:03 des puces qui équipent tous les outils en IA.
16:07 Alors, le temps passe très, très vite, professeur.
16:09 Pour finir, encore deux petites choses.
16:11 Comment voyez-vous, justement, cet avenir
16:13 à l'intelligence artificielle
16:15 et comment vous voyez son évolution ?
16:17 Vous parlez de rapidité, de progression.
16:19 On peut se rejoindre la fiction ?
16:22 Alors, je ne pense pas qu'on va rejoindre la fiction.
16:24 Je pense qu'on va peut-être rentrer,
16:26 au niveau professionnel,
16:28 dans une approche à deux tendances.
16:34 On va pouvoir d'abord automatiser certaines tâches
16:37 qui nous prennent du temps, qui sont rébarbatives
16:39 et qui nous pourrissent de temps en temps la vie
16:41 dans notre quotidien, où on aime notre métier,
16:44 mais il y a plein de choses dans notre métier
16:46 qu'on doit faire et qui nous ennuient.
16:49 Je pense qu'à partir du moment où ça va pouvoir
16:51 être pris en charge par l'intelligence artificielle,
16:53 ça va nous reconcentrer sur le cœur de notre métier
16:56 qu'on aime exercer.
16:58 Donc, je pense qu'on va pouvoir rentrer peut-être
17:00 dans des environnements professionnels
17:02 un peu plus sereins.
17:04 Et puis, ça va aussi...
17:06 Il y a la partie automatisation de certaines tâches,
17:08 mais il y a aussi la partie augmentation
17:10 de nos capacités.
17:12 Parce qu'en travaillant de manière collaborative,
17:15 on va pouvoir travailler peut-être plus vite
17:17 sur certaines tâches, mais peut-être aller plus loin.
17:19 Et donc, ce qu'on va produire
17:21 va être de meilleure qualité,
17:24 pour plus de satisfaction en ce qui nous concerne,
17:26 mais aussi pour le bien de l'entreprise,
17:28 ce qui va peut-être permettre également
17:30 de mieux vendre, d'avoir plus de profitabilité.
17:32 Donc, j'ai envie de dire que, normalement,
17:34 par rapport à tout ce qu'on dépeint en disant
17:36 qu'il y aura énormément de pertes d'emplois,
17:38 et c'est vrai qu'il y aura des emplois qui vont être remplacés,
17:40 mais l'intelligence artificielle
17:42 va permettre également de créer des nouveaux emplois.
17:45 Il y a une vingtaine d'années, si je vous disais
17:47 à quoi sert un "sustainability manager"
17:50 ou quelqu'un qui est responsable des réseaux sociaux
17:54 et qui devient essentiel aujourd'hui,
17:56 qui est essentiel dans les entreprises,
17:58 on ne savait pas que ça pouvait exister.
18:00 Donc, quels sont les métiers de demain ?
18:02 Le "prompt engineer", c'est-à-dire la personne
18:04 qui va bien formuler les requêtes dans le chatbot
18:07 pour avoir des réponses très efficaces,
18:10 va devenir essentiel dans différents départements,
18:13 certainement. Est-ce que des gens qui vont permettre
18:15 de mieux classer, de mieux clarifier la data
18:17 dans l'entreprise, pour que le chatbot puisse
18:20 également mieux travailler, seront essentiels ?
18:22 Certainement. Et peut-être d'autres métiers
18:24 dont on ne connaît pas aujourd'hui l'existence.
18:26 Un "chief artificial intelligence officer"
18:30 rentre dans la configuration parce que
18:32 l'intégration de l'IA se fait dans différents départements
18:36 et ce n'est pas juste un problème informatique.
18:39 Il reste encore une petite minute,
18:42 un petit message, un conseil à faire passer ?
18:45 Je pense notamment qu'on en parlait beaucoup
18:47 des étudiantes et des étudiants,
18:49 concernant le chat GPT par exemple, c'est d'actualité.
18:51 Oui, je pense qu'il faut tester.
18:53 On a souvent peur, on appréhende un peu
18:55 l'utilisation de l'intelligence artificielle.
18:59 Faites des tests, il n'y a pas que chat GPT,
19:01 il y en a beaucoup d'autres, il y a beaucoup de choses
19:03 qui sont gratuites et disponibles.
19:05 Faites vos premiers pas, voyez comment
19:07 l'intelligence artificielle peut vous aider
19:09 à résoudre certains problèmes, pas juste en se satisfaisant
19:12 de ce qu'elle régurgite,
19:15 mais en partant de ça comme une nouvelle matière,
19:18 plutôt que de partir d'une feuille blanche,
19:20 de partir d'une première matière qui permet de nouveau
19:22 de pousser la réflexion plus loin.
19:24 Je pense qu'on est amené à le faire,
19:26 c'est presque un devoir, parce que la société
19:28 dans laquelle on va s'inscrire va fonctionner avec ça
19:31 et les personnes les plus performantes
19:33 seront celles qui pourront jongler
19:35 avec différents outils.
19:37 C'est un peu le conseil que je donne à tous mes étudiants,
19:39 c'est de s'y intéresser, mais peut-être pas
19:42 de manière critique, comme on peut l'entendre.
19:46 Il faut néanmoins garder un œil vigilant,
19:48 puisque tout ce que l'intelligence artificielle nous donne,
19:51 il y a des biais, il y a des erreurs,
19:53 il y a parfois un phénomène d'hallucination,
19:55 donc il faut toujours, on va appeler ça "fact-checker",
19:58 vérifier les sources, vérifier ce qui est dit,
20:01 mais par contre c'est un fantastique
20:03 "sparing partner" qui nous permet de brainstormer
20:06 et de pousser la réflexion humaine plus loin.
20:09 - Voilà, c'était donc la conclusion de David Grenval,
20:12 je rappelle que vous êtes spécialiste des questions
20:14 sur l'intelligence artificielle,
20:16 et professeur de stratégie numérique en communication à l'ULB.
20:19 Merci d'avoir été avec nous sur Arabelle.
20:21 - Merci.
20:22 - On se retrouve dans quelques instants
20:23 de votre émission.