• il y a 7 mois
Avec Audrey Letellier, déléguée syndicale au Syndicat national des journalistes à La Provence

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Transcription
00:00 Il est parti et nous on est toujours là, c'est ce que semblait dire en une du journal La Provence jeudi dernier
00:06 deux jeunes de dos, des jeunes en capuchet face à des tours dans les quartiers nord de Marseille.
00:13 Ils faisaient allusion à la visite présidentielle surprise cette semaine dans la cité phocéenne.
00:19 Une une qui a fait polémique et qui a entraîné la mise à pied du directeur de la rédaction du journal La Provence.
00:27 L'Elysée a-t-il fait pression sur le journal après cette une qui aurait des plus au président ?
00:33 C'est ce que pense une partie ou une bonne partie plutôt des journalistes de La Provence.
00:37 On en parle avec l'une d'elles, Audrey Letellier. Bonjour à vous.
00:40 Et bienvenue à vous sur Sud Radio. Audrey Letellier, vous êtes déléguée syndicale au syndicat national des journalistes du journal La Provence.
00:48 Est-ce que vous nous entendez Audrey Letellier ?
00:50 Oui parfaitement.
00:51 Soyez la bienvenue. Grève illimitée déclenchée au journal La Provence.
00:56 Est-ce que vous accusez l'Elysée d'avoir poussé à la mise à pied de votre directeur de la rédaction ?
01:02 Non, moi je n'accuse absolument personne.
01:05 Simplement je constate qu'effectivement après l'apparition de cette une,
01:10 notre directeur de la rédaction Aurélien Viers a été mis à pied pour un temps d'une semaine
01:16 et convoqué vendredi pour un entretien préalable pouvant aller jusqu'à un licenciement.
01:22 Une une qui, la veille de sa parution, n'a ému personne.
01:27 Elle a été validée par toute la hiérarchie sans que ça ne pose le moindre problème
01:33 et sans qu'il n'y ait le moindre courrier de lecteur envoyé aux journalistes de la rédaction.
01:39 En revanche, c'est vrai que nous avons constaté quelques tweets et quelques remarques d'élus locaux
01:45 sur les réseaux sociaux plutôt proches du parti du président de la République.
01:51 Oui, de la majorité en tout cas et notamment de la majorité régionale
01:55 puisque Renaud Muselier s'en était ému lui-même, le patron de la région sud, c'est-à-dire votre région.
02:01 Alors on revient sur cette une, c'était au lendemain de la visite présidentielle,
02:04 opération "Place net XXL", ça c'était le terme utilisé par le président de la République
02:09 pour faire fuir les dealers.
02:12 Bon, cette une sous-entendait que les dealers disaient qu'ils étaient toujours là
02:15 au lendemain de la visite présidentielle.
02:18 En quoi ça a pu choquer cette une franchement ?
02:21 C'est la question qu'on se pose et, pardon je rectifie, mais cette une,
02:29 alors je l'ai là, je ne sais pas si vous pouvez la voir.
02:32 On l'a vue.
02:33 Voilà, donc ce sont deux jeunes assis sur un muret avec un agent de police qui leur fait face.
02:40 Deux jeunes pas encadoulés comme a pu le dire malheureusement le patron de notre filiale Média,
02:47 ce sont deux jeunes, ce sont deux habitants.
02:49 Et l'article auquel fait référence la une donne complètement la parole
02:54 et uniquement la parole aux habitants.
02:56 Parce que nous avons fait le choix de retourner dans la cité de Castellane,
03:00 24 heures après la visite du président,
03:02 pour voir comment ça se passait et comment eux avaient vécu cette visite présidentielle ultra médiatisée.
03:08 Oui, mais quand bien même d'ailleurs, on regarde cette une, si on la regarde de loin,
03:11 on peut très bien l'interpréter comme étant aussi les mots de deux dealers.
03:14 Mais en quoi ça même, ça, ce serait choquant ?
03:16 Je vous pose cette question parce que le lendemain, le vendredi,
03:19 un billet à nos lecteurs sur la une du vendredi disait
03:24 "Nous avons pu induire nos lecteurs en erreur
03:28 en laissant penser qu'on donnait la parole à des dealers de manière complaisante".
03:32 Mais après tout, on peut aussi donner la parole à tout le monde.
03:35 Exactement, ça relève complètement de la liberté de la presse.
03:39 C'est la question que nous avons posée à Jean-Christophe Tortora,
03:42 le patron de White Dot Media.
03:44 Est-ce que tout ce remue-ménage, cette tempête dans un verre d'eau,
03:49 parce qu'on aurait donné soi-disant la parole aux dealers,
03:52 ça veut dire que demain, moi journaliste, je ne peux pas tendre mon micro
03:56 à un dealer quand je fais un sujet sur le narcotrafic dans un quartier ?
04:02 Et la réponse m'a sidéré.
04:04 Non, il faut respecter une certaine temporalité.
04:07 La visite du président, vous laissez passer quelques jours
04:10 avant de donner la parole aux dealers,
04:11 parce que sinon vous donnez l'impression de narguer la visite présidentielle
04:15 et ça ne répond pas aux valeurs républicaines.
04:17 Mais moi, je suis journaliste.
04:18 Mon premier devoir, c'est d'informer le plus justement mes lecteurs.
04:21 Ce n'est pas de respecter des valeurs républicaines.
04:24 Il est vrai aussi que votre ville, malheureusement pour elle
04:27 et pour ses habitants, est frappée par une guerre des gangs,
04:30 notamment entre dealers absolument sanglantes.
04:33 C'est la raison aussi pour laquelle ce sujet n'est pas abordé avec légèreté
04:36 et peut parfois créer des remous dans l'opinion publique, ça peut s'entendre.
04:40 Concrètement, la grève illimitée aura quoi comme conséquence
04:43 pour les lecteurs de la Provence ?
04:45 Il n'y a pas de journal en kiosque ce matin, il n'y en aura pas demain,
04:50 il n'y en aura pas lundi.
04:52 Nous avons prévu lundi à 10h une action qui reste encore à définir,
04:57 on travaille dessus ce week-end, et une AG dans la foulée.
05:01 Nous, nous demandons la réintégration de notre directeur de la rédaction
05:04 qui n'a commis aucune erreur, puisque la rédaction n'a commis aucune erreur.
05:08 Et si jamais il venait à être débarqué, en tout cas licencié,
05:13 puisque c'est une des possibilités au terme de l'entretien auquel il est convoqué,
05:16 la grève continuerait ?
05:18 La rédaction sera souveraine, oui.
05:20 Merci d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio, Audrey Letellier.
05:24 Quoi qu'il arrive, on a hâte de relire les pages de nos confrères de la Provence.
05:28 Je rappelle que vous êtes déléguée syndicale du SNJ à la Provence.

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