Avec Mathieu Souquière, politologue expert associé à la Fondation Jean Jaurès.
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00:00 Avec notre invité Mathieu Soukrière, bonjour à vous.
00:03 - Bonjour, bonjour à tous.
00:05 - Et bienvenue sur Sud Radio, politologue, expert associé à la Fondation Jean Jaurès.
00:10 Emmanuel Macron qui réunissait tous les chefs de parti hier.
00:15 Il se trouve qu'il a été boycotté par trois d'entre eux, Olivier Faure pour le PS, Manuel Bompard pour la France Insoumise,
00:19 Eric Ciotti pour Les Républicains. Est-ce que ces rencontres de Saint-Denis étaient vouées à l'échec ?
00:24 - Alors, ce qui est sûr, c'est qu'après la première édition de ces rencontres, on avait cru au contraire qu'on était face à un nouveau format,
00:31 une nouvelle initiative politique qui pouvait produire des résultats un peu différents de ce qu'on observait par ailleurs.
00:37 Alors, parce que le format était inédit, c'est le président de la République qui seul réunit l'ensemble des responsables de partis politiques,
00:44 et un format inédit, et un format qui, encore une fois, tranchait dans sa symbolique, avec en particulier le jeu parlementaire
00:51 tel qu'on l'observe à l'Assemblée Nationale, qui est bien souvent cacophonique et conflictuel.
00:55 Là, précisément, c'était créer un espace de discussion, d'échange et peut-être même de co-construction avec l'ensemble des forces politiques.
01:03 Les forces politiques de la majorité, mais aussi les forces politiques de l'opposition.
01:07 Et on sait que l'opinion est assez sensible, précisément, à ces images, si ce n'est de l'union nationale,
01:13 en tout cas de concorde nationale suffisante pour créer les conditions d'un débat un peu moins, encore une fois, un peu moins éruptif,
01:20 et un peu moins polémique qu'on ne l'observe d'habitude.
01:23 Et de ce point de vue-là, la première édition de ces rencontres, le 30 août, avait produit les effets escomptés.
01:29 Ces rencontres avaient permis de remettre le président de la République au centre du jeu,
01:34 alors qu'il sortait quand même d'un hiver et d'un printemps politiquement très durs pour lui.
01:38 Ça le remettait au centre du jeu, ça donnait donc cette image d'union nationale, ou en tout cas de capacité à s'écouter et à débattre.
01:45 Et par ailleurs, la première rencontre avait quand même, après une durée très très longue,
01:50 permis de déboucher, si ce n'est sur des propositions très concrètes, en tout cas se mettre d'accord sur l'intérêt du dispositif,
01:56 échanger sur les questions de politique internationale, et de là aussi constater, dans un contexte assez complexe,
02:01 que les différentes forces politiques étaient plutôt alignées, et d'afficher quelques propositions un peu concrètes.
02:07 On se souvient qu'à la sortie, il y avait notamment l'annonce d'une conférence sociale, d'une conférence salariale.
02:12 On ne sait pas trop ce qu'il en est désormais, mais quand même cette adresse-là avait été faite.
02:16 Et l'idée, précisément, de réfléchir collectivement à la réforme de nos institutions et à l'élargissement du champ du référendum.
02:22 Par contraste, évidemment, cette deuxième édition ne semble pas produire autant de succès.
02:28 Mais justement, parce que tout ce que vous venez de dire, c'était avant. C'était avant, hier soir.
02:33 Consensus sur rien, si j'ose dire, hier. Beaucoup de choses ont été évoquées.
02:38 Effectivement, cet élargissement possible du référendum aux questions de l'immigration,
02:42 personne n'en voulait, sauf Jordan Bardella du Rassemblement National.
02:45 Ça a donc été abandonné. On a même à un moment envisagé une réforme des élections sénatoriales,
02:50 pour faire une chambre un peu plus à l'allemande, comme le Bundesrat.
02:53 Même pas en rêve, a tonné le président du Sénat, Gérard Larcher, qui était présent.
02:58 En bref, il n'est rien sorti de ces rencontres.
03:01 Alors, effectivement, je dirais que si le contraste est très net par rapport à l'édition du Tronc de Toute,
03:06 c'est parce que, un, le tour de table était très incomplet,
03:09 et parce que, deux, il y a une absence totale de propositions et de débouchés.
03:14 Mais je crois déjà que le fait que le tour de table soit tout à fait incomplet pose question.
03:19 Que la France Insoumise décide de boycotter...
03:21 Alors, encore une fois, à l'issue de la rencontre du 30 août,
03:24 tous les partis politiques étaient sortis, en se satisfaisant plutôt, quand même,
03:28 du format et de ce qu'il s'était passé,
03:30 et en annonçant qu'ils étaient plutôt ouverts à l'idée de reproduire l'exercice.
03:34 Donc, on n'a pas très bien compris ce qui s'était passé en un mois ou un peu plus,
03:38 justifiant que, alors qu'ils avaient annoncé qu'ils reviendraient,
03:41 finalement, ils ont fait le choix inverse.
03:43 Pour Elle et Phil, je dirais que c'est peut-être moins étonnant.
03:45 Elle et Phil, par principe, est dans une posture politique contestataire
03:49 qui ne respecte pas toujours le code de bonne conduite républicaine.
03:53 Je ne parle pas de jugement de valeur,
03:55 mais c'est une posture politique de contestation qui peut s'entendre.
03:58 Venant de la part du PS comme des Républicains, c'est beaucoup plus étonnant.
04:02 On parle quand même des deux partis qui ont été les deux grands partis de gouvernement
04:06 dans ce pays pendant les cinquante dernières années.
04:08 Alors, que le PS soit dans une posture, là encore, en ce moment, contestataire,
04:12 on peut peut-être l'admettre, s'agissant d'une politique gouvernementale
04:16 qui penche de plus en plus à droite,
04:18 mais venant précisément des Républicains, l'affaire est infiniment plus étonnante.
04:22 C'est le moment, sans doute, où la convergence est la plus marquée
04:26 entre l'orientation politique gouvernementale et les préconisations des Républicains.
04:30 Et à priori, au moment où on débat précisément de l'immigration,
04:36 on constate que c'est normalement le sujet sur lequel ils peuvent s'entendre.
04:40 Et c'est le moment que choisit Eric Ciotti pour, symboliquement,
04:43 couper la ligne, couper la discussion avec l'exécutif.
04:47 Ce qui nous amène à cette question, en guise de conclusion,
04:53 ces rencontres de Saint-Denis devaient permettre à Emmanuel Macron
04:57 de contourner l'absence de majorité à l'Assemblée nationale,
05:01 trouver un consensus avec les autres partis, malgré la cacophonie parlementaire.
05:06 Est-ce que ça signifie qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron n'a plus aucune solution
05:10 pour avancer pendant son quinquennat, sauf à convoquer de nouvelles élections ?
05:14 Oui, alors je dirais même que ce format avait aussi une autre vertu,
05:18 qui était le pouvoir échanger, dans un contexte, je dirais, un peu serein et confidentiel,
05:23 sur certains grands sujets d'intérêt national.
05:26 Et en particulier sur les questions internationales.
05:29 Et donc que le Président de la République, à cette occasion,
05:32 puisse expliciter de façon un peu précise, en réalité, la position de la France,
05:36 les discussions avec un certain nombre de partenaires,
05:38 et en partageant même quelques informations à caractère confidentiel.
05:42 Dans le contexte international qui est le nôtre, et qui se passe au Proche-Orient,
05:45 je dirais que le besoin était encore plus marqué qu'à la fin de l'été dernier.
05:50 Donc on le comprend d'autant moins.
05:52 Ça dit, effectivement, qu'Emmanuel Macron est globalement tout à fait affaibli.
05:55 Alors, ça clôture une séquence politique où les positions de la France
05:58 et les propos du Président de la République sur le Proche-Orient
06:01 ont suscité un certain nombre d'interrogations.
06:03 Ça clôt une séquence aussi où sa non-participation à la marche sur l'antisémitisme la semaine dernière
06:08 a là aussi suscité beaucoup de questions et même un certain nombre de polémiques.
06:11 Personne n'a très bien compris pourquoi le Président de la République
06:14 avait dans le contexte fait le choix de cesser cette marche nationale.
06:18 Et effectivement, comme vous le dites par ailleurs,
06:20 ça vient couronner une séquence politique qui est faite au Parlement en tout cas,
06:26 d'enlisements parlementaires et même de cacophonie parlementaire
06:29 qui démontre que le Président de la République dispose de peu de levier d'action
06:32 pour continuer à gouverner.
06:34 Donc oui, incontestablement, ça l'affaiblit.
06:36 Et en d'autres termes, Emmanuel Macron étant bourbé dans l'automne,
06:39 en tout cas cet automne 2023.
06:41 Merci Mathieu Souquier d'être intervenu sur Sud Radio pour cet éclairage.
06:44 Politologue, expert associé à la Fondation Jean Jaurès.